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LE P. GIRARD ET LA CADIERE. 1750. 555
Ce qu'il disait sans cesse de Girard dut agir. Un
jour, elle le rencontra dans la rue; elle le \it, si
grave, mais si bon et si doux qu'une voix intérieure
lui dit Ecce homo (le voici, l'homme qui doit te con-
duire). Le samedi, elle alla se confesser à lui, et il
lui dit : « Mademoiselle, je vous attendais. » Elle
fut surprise et émue, ne songea nullement que son
frère eût pu l'avertir, mais pensa que la voix mys-
térieuse lui avait parlé aussi, et que tous deux par-
tageaient celte communion céleste des avertisse-
ments d'en haut (p. 81, 385).
Six mois d'été se passèrent sans que Girard, qui la
confessait le samedi, fît aucun pas vers elle. Le
scandale du vieux Sahatier l'avertissait assez. 11 eût
été de sa prudence de s'en tenir au plus obscur
attachement, à la Guiol, il est vrai, bien mûre, mais
ardente et diable incarné.
C'est la Cadière qui s'avança vers lui innocem-
ment. Son frère, l'étourdi Jacobin, s'était avisé de
prêter à une dame et de faire courir dans la ville
une satire intitulée La Morale des Jésuites. Ils en
furent bientôt avertis. Sabatier jure qu'il va écrire
en cour, obtenir une lettre de cachet pour enfer-
mer le jacobin. Sa sœur se trouble, s'effraye; elle
va, les larmes aux yeux, implorer le P. Girard, le
prier d'intervenir. Peu après, quand elle y re-
tourne, il lui dit : « Rassurez-vous; votre frère n'a