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LE MARTEAU DES SORCIÈRES. 197
Cri sincère, cri de la peur, cri lamentable des
victimes, des pauvres ensorcelés. Sprenger en est
fort touché. Ne croyez pas que ce soit de ces scolas-
tiques insensibles, hommes de sèche abstraction. Il
a un cœur. C'est justement pour cela qu'il tue si fa-
cilement. Il est pitoyable, plein de charité. Il a pi-
tir de cette femme éplorée, naguère enceinte, dont
la sorcière étouffa l'enfant d'un regard. Il a pitié du
pauvre homme dont elle a fait grêler le champ. 11 a
pitié du mari qui, n'étant nullement sorcier, voit
bien que sa femme est sorcière, et la traîne, la corde
au cou, à Sprenger, qui la fait brûler.
Avec un homme cruel, on s'en tirerait peut-être ;
mais, avec ce bon Sprenger, il n'y a rien à espé-
rer. Trop forte est son humanité ;
on est brûlé sans
remède, ou bien il faut bien de l'adresse, une grande
présence d'esprit. Un jour, on lui porte plainte de
la part de trois bonnes dames de Strasbourg qui,
au même jour, à la même heure, ont été frappées
de coups invisibles. Comment? Elles ne peuvent ac-
cusc'i' qu'un homme de mauvaise mine qui leur
aura jeté nu ï-ort. Mandé devant l'inquii^ileur ,
r:iiiiiiionl Iniioceiil III, vt-is 1200, suiipiiino les f^aranlies de
V Accusa lion, jusiine-ià nécossairos (surloiU la peine de la ca-
lomnie que pouvait encourir laccusateur). On y sulislilue les
|)roc'dures ténébreuses, la dcnoncialion, Vlnqumlion. Voir
dans Suldan la léj,'érolé (errihio des dernifrcs i)rocédurt's. On
versa le sang coinuit» l'(\iu.