La sorcière - Centrostudirpinia.It

136 CHARMES, PHILTRES.
plus de sa vie, » est le plus tragique exemple de
ces monstrueux sacrements de l'amour anthropo-
phage. Mais quand l'absent ne mourait pas, quand
c'était l'amour qui mourait en lui, la dame consul-
lait la sorcière, lui demandait les moyens de le lier,
le ramener.
Les chants de la magicienne de Théocrile et de
Virgile, employés même au moyen âge, étaient ra-
rement efficaces. On tâchait de le ressaisir par un
charme qui paraît aussi imité de l'antiquité. On
avait recours au gâteau, à la confarreatio, qui, de
l'Asie à l'Europe, fut toujours l'hostie de l'amour.
Mais ici on voulait lier plus que l'âme, — lier la
chair, créer l'identification, au point que, mort
pour toute femme, il n'eût de vie que pour une.
Dure était la cérémonie. « Mais, madame, disait la
sorcière, il ne faut pas marchander. » Elle trouvait
l'orgueilleuse tout à coup obéissante, qui se lais-
sait docilement ôler sa robe et le reste. Car il le
falLit ainsi.
Quel triomphe pour la sorcière I Et si la dame
était celle qui la lit courir jadis, quelle vengeance
et quelles représailles! La voilà nue sous sa main.
Ce n'est pas tout. Sur ses reins, elle établit une
planchette, un petit fourneau, et là fait cuire le
gâteau... « Oh! ma mie, je n'en peux plus. Dé-
pêchez, je ne puis rester ainsi. — C'est ce qu'il
I