recueil d'archives du poste de Ouahigouya (Haute Volta ... - IRD

1909
a demandé à ne plus dtkmais faire, parrie de cette juridiction, à cause de son grand
âge, nous avons jugé uhle de le remplacer pour l’année prochaine. Les derniers
pouvÔirs disparaissent donc de cette façon sans heurt et sans susciter d’obstacles.
Le grand Naba n’en continue .pas moins à jouir d’une certaine influence morale et
à être vénéré des indigènes. .Les chefs de cantons et de villages viennent encore le
saluer les jours de fête OU chaque fois qu ‘ils se rendent au chef lieu, mais on sent fort
bien qu’ils accomplissent cette cérémonie par déférence et par habitude plutôt que
pour rendre hommage à son autorité.
Les dignitaires placés auprès de ce chef : le Togo-Naba, le Baloum-Naba, le Widi-
Naba et le RassamiNaba également ne jouissent plus d’un bien gros prestige. Très
puissants autrefoiS,, ils se sont Vus peu à peu retirer leur autorité et sont employés
actuellement simplement pour porter les ordres du Cercle dans les provinces qu ‘ils
commandaient il y a quelques années. A diverses reprises, au cours de 1909, ils ont
bien eu quelques velléités de se considérer comme ayant toujours leurs attributions
d’antan, mais de sévères observations ou quelques punitions ont suffi pour les
ramener au rôle que’ nous voulions bien leur donner . . .
Les Mossis eux-mêmes, sentant qu’ils trouvent en nous des protecteurs leur rendant
la justice, vont de moins en moins trouver les Nabas de Ouahigouya. Le mossi est
essentiellement malléable et discipliné, à condition toutefois de ne pas le laisser
trop à lui-même et de vivre bien auprès de lui. De caractère craintif et soumis, il suit
facilement le chef qui manifeste fortement son autorité. C’est ce qui explique
d’ailleurs son obéissance passive de jadis aux Nabas et qui a rendu, depuis, notre
administration plus aisée.
Autant le Mossi est disciplinéet docile, autant le &mo est turbulent et indépendant.
Ne .supportant aucune autorité, les Samos n’obéissent, même pas à leurs chefs de
village et, à plus forte raison, ne veulent-ils pas admettre chez eux de Nabas mossi.
Jusqu ti ce jour, ils se sont montrés réfractaires à nos principes. Pour arriver à de
bons résultats avec cette race, ils nous faudra continuer à parcourir fréquemment
la région qu’elle habite. Au- cours de l’annee 1909, cinq tournées ont été effectuées
chez les Samos . . .
Les Pe&s du Yatenga ne nous ont pas créés de difficultés. Intelligents, mais hypo-
crites, ces indigènes ont parfaitement compnk, depuis longtemps, tous les avantages
qui résultaient pour eux de notre présence dans le pays. Gnîce à nous, ils peuvent,
en effet, parcourir tout le cercle, sans crainte d’être pillés par les Mossis et les Samos.
Si, pour les Mossis, nous avons depuis”fiusieurs années diminué jusqu’à la rendre
nulle, l’autorité des Grands Nabas, pour les Peuls, nous avons du suivre une politique
toute différente. Les Peuls sont, par leur genre de vie, essentiellement nomades, par-
courant tout le cercle et allant parfois dans les tem.toires voisins pour faire paître
leurs troupeaux et échappent ainsi à la surveillance que nous pouvons exercer sur
les autres races. D’autre part, ces indigènes sont fourbes et se plient fort diffici-
lement à une discipline étroite. Nous avons, par conséquent, été obligés de nous
servir de leurs chefs naturels dont nous avons confirmé l’autorité en la contrôlant
de très près. Et gnîce à ce procédé que nous employons encore, nous avons pu
amener à nous des gens qui, autrement, auraient échappé à notre influence.
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