recueil d'archives du poste de Ouahigouya (Haute Volta ... - IRD

dépenses tombe sur les populations qui paient l’impôt de capitation dont le taux
est fmé annuellement par les administrateurs en poste.
Faute de cadres administratifs et d’une connaissance suffisante des
régions administrées, les .Français sont obligés de s’appuyer sur les autorités
locales traditionnelles. C’est ainsi que nous verrons le commandant de Ouahigouya
s’adresser aux chefs de provinces et chefs de cantons pour la perception des contri-
butions, les recrutements et la transmission de tous les ordres. Progressivement,
les chefs traditionnels deviennent des administratifs de second rang, des instru-
ments de commandement (5).
En fait, le système administratif est ambigii : il se veut direct mais utilise
comme courroie de transmission le réseau de chefferies. On enlève aux chefs tout
pouvoir politique et judiciaire et on les utilise comme de simples éléments : des
cantons seront supprimés, d’autres créés, des chefs seront directement nommés
par les administrateurs.
Par exemple, le Code de l’Indigénat, promulgué en 1887, revu et corrigé
en 1905, ‘1912, 1921, 1924, laisse peu de pouvoir judiciaire aux chefs. C’est le
Commandant de cercle qui a seul le droit de décider des peines disciplinaires
(amendes, prison). Quant à l’institution des Conseils de Notables (décret de 1919,
appliqué en 1920 à Ouahigouya), elle a pour but de donner à la chefferie un
simple rôle consultatif pour les décisions prises par le commandant de cercle. Le
Conseil des Notables est une chambre d’enregistrement.
LE YATENGA ET SES POPULATIONS
En Haute-Volta (274 OOOkm2), sur six millions d’habitants en 1975, plus
de 2 500 000 sont mossi. La «Terre des Mossi», au centre de la Haute-Volta, couvre
60 000 km2, de la frontière malienne, au nord, à la frontière ghanéenne au sud, et
les densités humaines y sont très élevées.
Les populations voisines du Mossi sont les Samo au nord-ouest, les
Gurunsi à l’ouest et au sud-ouest, les Bissa au sud, les Gurmantche à l’est et les
Peu1 au nord.
D’après la tradition, l’histoire du peuplement mossi est celle des conqué-
rants nakomse qui, partis du pays dagomba (Nord-Ghana) à la fm du XVe siècle, se
sont progressivement implantes dans le bassin de la Volta Blanche, en se surajoutant
aux populations autochtones : têg bisi («füs de la terre»). Dix neuf royaumes ont
été fondés dont ceux de Tenkodogo, de Ouagadougou et du Yatenga sont les plus
importants. Celui de Ouagadougou est reconnu comme «suzerains. Le Morho-Naba
est le ((chef du pays mossi» .
(5) Les décrets de juin et novembre 1903 autorisent les chefs indigènes à percevoir les impôts
et leur octroient une commission sur les recettes. Des chefs de cantons, de provin?es, et
le Yatenga-Naba touchent des appointements annuels variant selon l’importance de leurs
tâches : de 350 F à 1000 F pour un chef de canton, de 1800 à 2 000 F pour un chef de
province (en 1933).
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