recueil d'archives du poste de Ouahigouya (Haute Volta ... - IRD

Certaines annees, les documents présentent les événements d’une manière
telle que nous voyons apparaître sans ambiguïté les caracteres des hommes qui les
ont rédigés. Nous avons l’impression de les connaître, d’être sur place. A d’autres
moments, les textes reprennent les mêmes propos, aux mêmes dates : c’est la routine,
même dans un poste du bout du monde. C’est la monotonie parce que, très souvent,
le personnel de l’administration n”allait pas au-delà des apparences, des premières
impressions banales, soit qu’il n’en avait pas le temps, trop accaparé par la paperasse,
soit qu’il était trop rapidement muté d’un poste à l’autre. Ce personnel percevait
le pays au travers des propos que lui tenaient les informateurs locaux qui, eux,
savaient ce qu’il fallait dire ou ne pas dire au Commandant (1).
Parfois aussi, le manque d’informations couvre plusieurs mois ou plusieurs
années. Les documents ont disparu de Haute-Volta suite à la destruction d’archives
ou à leur expédition en France, au moment de l’Indépendance du pays.
Pour incomplète qu’elle soit, cette revue d’archives nous informe cependant
sur les principales options retenues par l’administration coloniale en Haute-Volta.
La période 190%1916 est celle du début de la colonisation pacifique.
L’administration civile prend en main la vie économique du cercle. Pour l’essentiel,
elle favorise le marché et l’école de Guahigouya, tous deux récemment créés, et
entame les travaux d’infrastructure routiére, lesquels necessitent le recours à la
main-d’œuvre prestataire depuis 1903. Elle fait recenser les populations afin d’asseoir
l’impôt de capitation.
La vie du cercle est profondément troublée par la famine de 1914 et par
les levées intensives et précipitées des tirailleurs du fait de l’ouverture des hostilités
en Europe.
Les années 1924-1932 correspondent à la période du «développement
économique» voulu par le Lieutenant-Gouverneur HESLING, depuis la création de
la colonie de Haute-Volta en 1919. Ce Gouverneur est convaincu de la possibilité
pour son territoire d’exporter des milliers de tonnes de coton. Pendant huit ans, de
1919 à 1927, il s’efforce de «rendre viable» la colonie qu’il administre. Mais l’échec
de cette politique cotonnière, qui se manifeste par une crise alimentaire grave en
1927, conduit le Gouvernement Général de l’A.0.F. à prendre une nouvelle option
économique. Faute de pouvoir produire du coton, la Haute-Volta devra produire
des hommes. Et le trafic de main-d’œuvre s’organise entre les cercles densément
peuplés du pays mossi et la colonie de la Côte d’ivoire, principalement. Les popu-
lations réagissent : des milliers d’hommes fuient en Gold Coast et vers les secteurs
sous-administrés de la Haute-Volta pour échapper aux réquisitions.
Le décret du 5 septembre 1932 demembre la colonie jugée non rentable.
Celui d’août 1933 dorme a la colonie du Soudan français les cercles de Ouahigouya
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(1) A ce sujet, le lecteur pourra se reporter à l’ouvrage cl’A. JX4MPATE BA :L’éOwzge destin
de TVan.@n ou les soueries d’un interprête &+icain. 1974, Ed. lO/l8.