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recueil d'archives du poste de Ouahigouya (Haute Volta ... - IRD

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TRAVAUX ET DOCUMENTS DE L’O .R.S.T.O .M.<br />

No125<br />

0 .R .S .T .O .M .<br />

PARIS<br />

1980


c< La loi <strong>du</strong> 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes <strong>de</strong>s alinéas 2 et 3 <strong>de</strong> l’article 41, d’une<br />

« part, que les «copies ou repro<strong>du</strong>ctions strictement réservées à l’usage privé <strong>du</strong> copiste et non<br />

« <strong>de</strong>stinées à une utilisation collective» et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations<br />

« dans un but d’exemple et d’illustration, «toute représentation ou repro<strong>du</strong>ction intégrale, ou<br />

« partielle, faite sans le consentement <strong>de</strong> l’auteur ou <strong>de</strong> ses ayants droit ou ayant cause, est<br />

(( illicite» (alinéa ler <strong>de</strong> l’article 40).<br />

« Cette représentation ou repro<strong>du</strong>ction, par quelque procédé que ce soit, constituerait<br />

N donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants <strong>du</strong> Co<strong>de</strong> Pénal)>.<br />

ISBN : 2-7099-0581-7 @0~8T0M Pans, 1980


CHRONIQUES<br />

D'UN CERCLE DE L'A.0.F.<br />

Recueil d’archives <strong>du</strong> <strong>poste</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> (<strong>Haute</strong> <strong>Volta</strong>)<br />

- 1908 - 1941-<br />

présenté par J.Y. MARCHAL


A Maria, Le<strong>de</strong>a, Boukary et Michel<br />

Il y a cinquante ans, se tenait à Paris<br />

l’exposition coloniale.


Sommaire<br />

Avant-Propos.. . . . . .; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5<br />

Intro<strong>du</strong>ction ............................................ 11<br />

La conquête ........................................ 11<br />

Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> .............................. 12<br />

L’administration <strong>de</strong> l’A.0.F. ............................ 13<br />

Le Yatenga et ses populations ........................... 15<br />

Recueil d’archives ........ : ................................ 19<br />

Première pério<strong>de</strong> : 1908 . 1916 «La mise en condition» .......... 21<br />

Deuxiéme pério<strong>de</strong> : 1924 - 1932 «Une exploitation <strong>de</strong> grand style» . . 91<br />

Troisième pério<strong>de</strong> : 1933 . 1941 «Le temps <strong>de</strong>s bienfaits)) ........ 167<br />

En guise <strong>de</strong> conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205<br />

Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209<br />

Table <strong>de</strong>s illustrations<br />

Figure 1 - Localisation <strong>de</strong>s principaux lieux cités dans le texte . . . . . . . . . . . 9<br />

Figure 2 - Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . , . 10<br />

Photos :<br />

- Défilé militaire dans un <strong>poste</strong> <strong>du</strong> Haut Sénégal - Niger (1905) . . . . . 22<br />

- La récolte <strong>du</strong> mil sous la surveillance <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> village, près <strong>de</strong> Gurcy 46<br />

- Une mission en pays Mossi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

- Convoi d’ânes chargés <strong>de</strong> coton, sur la route <strong>de</strong> Mopti, 1923 . . . . . . 92<br />

- Une école régionale (<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>) , : . . . . . . . . . . , . . . . , , . . , . 116<br />

-Pesée<strong>de</strong>cotonsurunmarchéenpaysmossi.. . . . . . . . . . . . . . . . 140<br />

- File d’attente au cours d’une séance <strong>de</strong> vaccination (<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>) . . 164<br />

- Pont sur la <strong>Volta</strong> Blanche, près <strong>de</strong> Seguenega, cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> 186<br />

- Opération <strong>de</strong> recensement dans un village en pays mossi, 1939 . . . . 202


AVANT -PROPOS<br />

Le <strong>recueil</strong> d’archives que nous présentons a été réalise en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, <strong>de</strong><br />

1970 à 1974, dans les bureaux administratifs <strong>de</strong> la sous-préfecture <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

et surtout à la bibliothèque <strong>du</strong> Centre <strong>Volta</strong>ïque <strong>de</strong> la Recherche Scientifique<br />

(C.V.R.S.) à Ouagadougou.<br />

Que son Directeur soit ici remercié d’avoir bien voulu mettre à notre<br />

disposition les archives coloniales conservées dans son Centre.<br />

Les documents <strong>recueil</strong>lis concernent la pério<strong>de</strong> 1908-194 1. Des recherches<br />

en géographie ont d’abord motivé ce travail. Étudiant dans la région <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

les termes <strong>du</strong> rapport population-ressources, il était primordial <strong>de</strong> connaître le passe,<br />

indispensable à la compréhension <strong>de</strong> la situation que nous analysons aujourd’hui.<br />

Et le passe colonial est lourd d’initiatives - ou d’absences d’initiatives - ayant concouru<br />

à la situation actuelle <strong>de</strong> la région étudiée.<br />

Dans un premier temps, nous avons relevé dans les archives les informa-<br />

tions relatives à l’état <strong>de</strong>s récoltes, aux cultures obligatoires, au trafic commercial,<br />

aux stocks <strong>de</strong> population recensée, aux mouvements migratoires. Puis, rapi<strong>de</strong>ment,<br />

nous avons constaté que ces documents étaient aussi riches à bien d’autres égards et<br />

qu’il aurait été dommage <strong>de</strong> ne pas les porter à la connaissance d’un public plus<br />

vaste que celui <strong>de</strong>s chercheurs intéressés à la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, d’autant plus que certains<br />

papiers étaient déjà’ fort détkriorés et risquaient <strong>de</strong> ne plus être exploitables à court<br />

terme. C’est pourquoi nous les avons recopiés, non pas in extenso, mais dans ce<br />

qu’ils livraient d’intéressant, voire <strong>de</strong> pittoresque ou <strong>de</strong> savoureux, sur la vie d’un<br />

<strong>poste</strong> <strong>de</strong> l’A.0.F. et les impressions ressenties par les Européens sur le pays et<br />

ses populations.<br />

Approuver, s’opposer rigoureusement ou rester réservé sur les positions<br />

prises par la puissance administrante en A.O.F. n’est pas <strong>de</strong> notre propos. Le procès<br />

<strong>de</strong> la colonisation a déjà été fait et les textes que nous soumettons aux lecteurs<br />

parlent d’eux-mêmes et avec suffisamment <strong>de</strong> force pour nouséviter d’en (o-ajouter)).<br />

Nous avons seulement fait en sorte que tout lecteur, averti ou non <strong>du</strong> passe colonial,<br />

puisse suivre les évènements consignés dans les archives d’un <strong>poste</strong> où la ecivili-<br />

satiorw était représentée par une poignée d’«expatriés)) et puisse apprécier, pièces<br />

en mains, la façon coloniale <strong>de</strong> comprendre les peuples africains et <strong>de</strong> les administrer.


Certaines annees, les documents présentent les événements d’une manière<br />

telle que nous voyons apparaître sans ambiguïté les caracteres <strong>de</strong>s hommes qui les<br />

ont rédigés. Nous avons l’impression <strong>de</strong> les connaître, d’être sur place. A d’autres<br />

moments, les textes reprennent les mêmes propos, aux mêmes dates : c’est la routine,<br />

même dans un <strong>poste</strong> <strong>du</strong> bout <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>. C’est la monotonie parce que, très souvent,<br />

le personnel <strong>de</strong> l’administration n”allait pas au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s apparences, <strong>de</strong>s premières<br />

impressions banales, soit qu’il n’en avait pas le temps, trop accaparé par la paperasse,<br />

soit qu’il était trop rapi<strong>de</strong>ment muté d’un <strong>poste</strong> à l’autre. Ce personnel percevait<br />

le pays au travers <strong>de</strong>s propos que lui tenaient les informateurs locaux qui, eux,<br />

savaient ce qu’il fallait dire ou ne pas dire au Commandant (1).<br />

Parfois aussi, le manque d’informations couvre plusieurs mois ou plusieurs<br />

années. Les documents ont disparu <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> suite à la <strong>de</strong>struction d’archives<br />

ou à leur expédition en France, au moment <strong>de</strong> l’Indépendance <strong>du</strong> pays.<br />

Pour incomplète qu’elle soit, cette revue d’archives nous informe cependant<br />

sur les principales options retenues par l’administration coloniale en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>.<br />

La pério<strong>de</strong> 190%1916 est celle <strong>du</strong> début <strong>de</strong> la colonisation pacifique.<br />

L’administration civile prend en main la vie économique <strong>du</strong> cercle. Pour l’essentiel,<br />

elle favorise le marché et l’école <strong>de</strong> Guahigouya, tous <strong>de</strong>ux récemment créés, et<br />

entame les travaux d’infrastructure routiére, lesquels necessitent le recours à la<br />

main-d’œuvre prestataire <strong>de</strong>puis 1903. Elle fait recenser les populations afin d’asseoir<br />

l’impôt <strong>de</strong> capitation.<br />

La vie <strong>du</strong> cercle est profondément troublée par la famine <strong>de</strong> 1914 et par<br />

les levées intensives et précipitées <strong>de</strong>s tirailleurs <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong>s hostilités<br />

en Europe.<br />

Les années 1924-1932 correspon<strong>de</strong>nt à la pério<strong>de</strong> <strong>du</strong> «développement<br />

économique» voulu par le Lieutenant-Gouverneur HESLING, <strong>de</strong>puis la création <strong>de</strong><br />

la colonie <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> en 1919. Ce Gouverneur est convaincu <strong>de</strong> la possibilité<br />

pour son territoire d’exporter <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> coton. Pendant huit ans, <strong>de</strong><br />

1919 à 1927, il s’efforce <strong>de</strong> «rendre viable» la colonie qu’il administre. Mais l’échec<br />

<strong>de</strong> cette politique cotonnière, qui se manifeste par une crise alimentaire grave en<br />

1927, con<strong>du</strong>it le Gouvernement Général <strong>de</strong> l’A.0.F. à prendre une nouvelle option<br />

économique. Faute <strong>de</strong> pouvoir pro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> coton, la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> <strong>de</strong>vra pro<strong>du</strong>ire<br />

<strong>de</strong>s hommes. Et le trafic <strong>de</strong> main-d’œuvre s’organise entre les cercles <strong>de</strong>nsément<br />

peuplés <strong>du</strong> pays mossi et la colonie <strong>de</strong> la Côte d’ivoire, principalement. Les popu-<br />

lations réagissent : <strong>de</strong>s milliers d’hommes fuient en Gold Coast et vers les secteurs<br />

sous-administrés <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> pour échapper aux réquisitions.<br />

Le décret <strong>du</strong> 5 septembre 1932 <strong>de</strong>membre la colonie jugée non rentable.<br />

Celui d’août 1933 dorme a la colonie <strong>du</strong> Soudan français les cercles <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

6<br />

(1) A ce sujet, le lecteur pourra se reporter à l’ouvrage cl’A. JX4MPATE BA :L’éOwzge <strong>de</strong>stin<br />

<strong>de</strong> TVan.@n ou les soueries d’un interprête &+icain. 1974, Ed. lO/l8.


et <strong>de</strong> Dédougou tandis que les autres cercles <strong>de</strong> l’ex <strong>Haute</strong>i<strong>Volta</strong> sont partagés entre<br />

la Côte d’ivoire et le Niger.<br />

La pério<strong>de</strong> 1933-1941 est celle d’un apaisement relatif <strong>de</strong>s contraintes<br />

administratives au Soudan, dont dépend <strong>Ouahigouya</strong>, alors que, dans le même<br />

temps, les cercles voisins relevant <strong>de</strong> la Côte d’ivoire connaissent <strong>de</strong>s recru-<br />

tement massifs <strong>de</strong> manœuvres pour les chantiers forestiers et les plantations <strong>de</strong><br />

la Basse Côte.<br />

A <strong>Ouahigouya</strong>, les recrutements <strong>de</strong> main-d’œuvre prestataire restent<br />

mo<strong>de</strong>stes quant à leurs effectifs et, à compter <strong>de</strong> 1937, l’administration locale se<br />

préoccupe surtout d’envoyer <strong>de</strong>s colons à l’Office <strong>du</strong> Niger dans le but, douteux<br />

mais avoué, <strong>de</strong> soulager la pression démographique <strong>du</strong> cercle.<br />

*Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 1941, nous n’avons plus trouvé d’informations. Le chercheur<br />

reste sur sa faim, alors que le second conflit mondial vient <strong>de</strong> commencer et que<br />

le Soudan français doit répondre, au même titre que les autres colonies <strong>de</strong> l’A.O.F.,<br />

à l’effort <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>mandé par le Gouvernement <strong>de</strong> Vichy. Sachons, toutefois,<br />

que cet effort sera relativement moins lourd à supporter par les populations <strong>du</strong><br />

Yatenga que celui imposé aux cercles mossi dépendant <strong>de</strong> la Côte d’ivoire.<br />

Le 4 septembre 1947, la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> est reconstituée. Le sort <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> est désormais lié à celui <strong>de</strong> cette colonie. Les recommandations <strong>de</strong> la<br />

Conférence Africaine Française <strong>de</strong> Brazzaville (1944) sont appliquées sur l’ensemble<br />

<strong>du</strong> territoire, notamment la suppression <strong>du</strong> travail obligatoire et le rétablissement <strong>de</strong><br />

la liberté <strong>de</strong> circulation.<br />

L’administration manifeste une certaine pondération dans le contrôle<br />

qu’elle exerce sur. les populations. Une vie politique est admise ; trois élections<br />

(1946-1948-1951) révèlent <strong>de</strong>s rivalités politiques a&.&, attisées, notamment a<br />

<strong>Ouahigouya</strong>, par le retour <strong>de</strong>s militaires dans leurs foyers.<br />

Parallèlement, <strong>de</strong>s efforts dans le domaine agricole sont consentis : finan-<br />

cements FIDES et FERDES pour la construction <strong>de</strong> barrages en terre, la création<br />

<strong>de</strong> fermes pilotes, les travaux d’hydraulique villageoise et pastorale, la vulgarisation<br />

agricole.<br />

Le 5 août 1960, la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> acquiert son indépendance politique et le<br />

11 septembre la République est proclamée.<br />

x<br />

Les rapports. politiques et économiques qui ont été dépouillés sont<br />

composés, jusqu’en 1916, <strong>de</strong> quatre pages et suivent un plan préétabli. Les<br />

rubriques suivantes sont passées en revue : 1. Questions en cours - leur suite -,<br />

II. Faits nouveaux, III. Impôts, IV. Esprit <strong>de</strong>s populations, V. Questions<br />

musulmanes, VI. Ecoles, VII. Missions, VIII. Justice indigène. Au gré <strong>de</strong>s évé-<br />

nements, les commandants <strong>de</strong> cercle ajoutent d’autres rubriques comme Tournées,<br />

Deman<strong>de</strong>s officielles, etc..


De 1908 à 1916, il s’agit <strong>de</strong> rapports mensuels écrits à la main. Un rapport<br />

annuel venait clore la série <strong>de</strong>s rapports mensuels mais seulement quelques uns<br />

d’entre eux ont été retrouvés. En 1916, apparaît le premier rapport trimestriel.<br />

A compter <strong>de</strong> 1922, on peut lire les premiers textes dactylographiés. Ce<br />

sont d’abord <strong>de</strong>s télégrammes, puis <strong>de</strong>s rapports. Leurs propos sont laconiques et<br />

les sujets sont laissés à l’initiative <strong>de</strong> l’administrateur : Événements en cours, Impôts,<br />

Recrutement, Main-d’ceuvre, Recensement, Evénements particuliers au cercle,<br />

Justice, Chefs, Prestations, Mouvements <strong>de</strong> population, Questions religieuses,<br />

Tournées, Destruction <strong>de</strong>s fauves, Situation économique : cultures, commerce<br />

(exportation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû - importations pour la consommation <strong>du</strong> cercle),<br />

Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its, Transport, Élevage, Etat sanitaire.<br />

Les documents <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> (1933-1941) sont d’une qualité infé-<br />

rieure à celle <strong>de</strong>s rapports précé<strong>de</strong>nts. Les mutations <strong>de</strong> personnel, les bilans<br />

financiers prennent plus <strong>de</strong> place que les questions Economiques. Toutefois, cer-<br />

tains rapports d’inspection se révèlent être d’excellentes monographies <strong>du</strong> cercle.<br />

Les textes qui suivent ont ét6 s6lectionnés dans cette masse <strong>de</strong> documents.<br />

Certains ont été raccourcis <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> redondances <strong>de</strong> style, <strong>de</strong> répétitions ou<br />

encore parce qu’ils intro<strong>du</strong>isaient <strong>de</strong>s données très secondaires ou trop anecdo-<br />

tiques. Chaque fois, que nous avons procédé ainsi, les phrases se terminent par <strong>de</strong>s<br />

points <strong>de</strong> suspension.<br />

L’anonymat <strong>de</strong>s auteurs et <strong>de</strong>s personnes qu’ils citent a été respecté, sauf<br />

pour les personnalités bien connues,.<br />

Enfin, nous nous sommes efforcé <strong>de</strong> respecter le style <strong>de</strong>s documents.


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AFRIOUE OCCIDENTALE<br />

FRANCAISE<br />

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Figure 1 - Localisation <strong>de</strong>s principaux lieux cités dans le texte.


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INTRODUCTION<br />

«Il était une fois, dans une région <strong>de</strong>s savanes, au cœur <strong>de</strong> la boucle <strong>du</strong><br />

Niger, une poignée <strong>de</strong> Français qui commandaient un vaste territoire où vivaient<br />

<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> cultivateurs et d’éleveurs» ; telle pourrait être la première phrase <strong>de</strong><br />

l’histoire qui va suivre.<br />

Mais, avant que le lecteur ne découvre la vie d’un <strong>poste</strong> et les activités<br />

multiples <strong>de</strong> l’administrateur, avant qu’il ne fasse connaissance avec le Commandant,<br />

l’agent recruteur, le Père <strong>de</strong> la mission catholique, le commerçant et Monsieur<br />

l’Inspecteur <strong>de</strong>s dolonies, avant qu’il n’apprécie les ((indéniables bienfaits et les<br />

inutiles violences» <strong>de</strong> la colonisation, il nous paraît préférable, en premier lieu, <strong>de</strong><br />

lui fournir quelques informations utiles à une meilleure compréhension <strong>de</strong>s textes.<br />

Tout d’abord, pour expliquer la présence <strong>de</strong>s ((blancs» dans cette région,<br />

en 1908, date <strong>de</strong> notre premier document, il est nécessaire <strong>de</strong> remonter quelques<br />

années en arrière, puis, pour que certains passages ne <strong>de</strong>meurent pas obscurs, <strong>de</strong><br />

présenter brièvement ce qu’était l’organisation administrative <strong>de</strong> l’A.0.F. et, enfin,<br />

<strong>de</strong> dresser une fiche signalétique <strong>du</strong> cercle. <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et <strong>de</strong>s populations qui<br />

l’habitent.<br />

LA CONQUÊTE.<br />

En 1890, les Français occupent le Sénégal, la Basse-Guinée et la bor<strong>du</strong>re<br />

maritime <strong>de</strong> la Côte d’ivoire. La route <strong>du</strong> fleuve Sénégal au fleuve Niger est jalonnée<br />

<strong>de</strong> <strong>poste</strong>s militaires. Celui <strong>de</strong> Bamako date <strong>de</strong> 1883.<br />

A proximité <strong>de</strong> cette zone <strong>de</strong> pénétration, on trouve : au nord le royaume<br />

toucouleur <strong>de</strong> Nioro, commandé par un fils <strong>du</strong> conquérant EL HADJ OMAR :<br />

AMADOU, qui a signé en 1880, avec GALLIBNI, un «traité d’amitié et <strong>de</strong> commer-<br />

ce» donnant à la France le monopole <strong>du</strong> commerce au Soudan ; en aval <strong>du</strong> Niger,<br />

le royaume <strong>de</strong> Ségou, également commandé par un fils d’EL HADJ OMAR ; à l’est,<br />

le royaume <strong>de</strong> Sikasso où le Lieutenant-Colonel ARCHINARD a déjà envoye un<br />

émissaire ; en amont <strong>du</strong> Niger, SAMORY et ses guerriers mandingues ; au nord <strong>de</strong> la<br />

Côte d’hoire, le royaume <strong>de</strong> Kong et, plus à l’est, les royaumes mossi.<br />

En une dizaine d’années, tous ces royaumes acceptent la domination<br />

française, ou bien résistent et sont vaincus.<br />

11


Pour nous en tenir uniquement à la région qui nous intéresse, c’est en<br />

1890 que la ville <strong>de</strong> §égou est prise. L’année suivante, ARCHINARD se rend maître<br />

<strong>de</strong> toute la région environnante. En 1892, la conquête <strong>du</strong> Macina commence :<br />

les villes <strong>de</strong> San, Djenne, puis Mopti, tombent en 1893 et un rési<strong>de</strong>nt français,<br />

DESTENAVES, s’installe à Bandiagara.<br />

En 1894, pendant que le Capitaine JOFFRE entre à Tombouctou après<br />

avoir vaincu les touareg, DESTENAVES: intervient en pays mossi, dans le royaume<br />

<strong>du</strong> Yatenga.-<br />

Sous l’impulsion <strong>du</strong> nouveau commandant <strong>du</strong> Soudan, le Colonel<br />

<strong>de</strong> TRENTINIAN, la pénétration française est accélérée dans la boucle <strong>du</strong> Niger.<br />

En 1895, DESTENAVES intervient à nouveau dans le Yatenga et ce royaume est<br />

placé sous protectorat. L’année suivante, DESTENAVES confie à VOULET et<br />

CHANOINE la mission d’établir définitivement l’autorité française sur le pays<br />

-mossi : <strong>Ouahigouya</strong> est occupé le 17 août 1896 et Ouagadougou le Ier septembre<br />

<strong>de</strong> la même année (2).-<br />

En mars 1897, l’adjudant RAGOT est nommé rési<strong>de</strong>nt militaire au<br />

Yatenga qui passe ainsi sous domination directe <strong>de</strong> la France, les accords<strong>du</strong> protec-<br />

torat étant dénoncés. Le <strong>poste</strong> <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est créé.<br />

Pendant ce temps, VOULET parcourt les royaumes mossi <strong>de</strong> l’est,<br />

.Koupela et Tenkodogo, et s’oppose à la pénétration alleman<strong>de</strong> et anglaise venue<br />

<strong>du</strong> sud. De 1897 à 1900, les colonnes françaises doivent faire face à plusieurs<br />

résistances armées au Yatenga et en pays samo voisin.<br />

Le décret <strong>du</strong> 17 octobre 1899 fixe une première organisation administra-<br />

tive <strong>de</strong>s territoires soumis. Les colonies <strong>de</strong> Guinée, Côte d’ivoire et Dahomey, sont<br />

délimitées. Le Soudan <strong>de</strong> l’kpopée coloniale» est divisé en un territoire rat-<br />

taché au Sénégal (avec un délégué etabli à Kayes) et trois territoires militaires.<br />

Le Premier Territoire, avec chef-lieu Tombouctou, englobe le Yatenga. Le Deuxiérhe<br />

Territoire a son siège à Bobo-Dioulasso ; il comprend le ((Cercle <strong>du</strong> Mossi» qui<br />

regroupe Ouagadougou, Kaya, Koupela et Tenkodogo. Le Troisième Territoire est<br />

celui <strong>de</strong> Zin<strong>de</strong>r qui donnera naissance plus tard à la Colonie <strong>du</strong> Niger. Ces territoires<br />

militaires dépen<strong>de</strong>nt directement <strong>du</strong> Gouvernement Général <strong>de</strong> l’A.O.F., créé<br />

en 1895.<br />

LE CERCLE DE OUAHIGOUYA<br />

Au Yatenga, la guérilla prend fin en mai 1900. «L’ère d’exploitation<br />

pacifique» (l’expression est <strong>de</strong> l’administrateur L. TAUXIER) commence.<br />

(2) Lire, en annexe, le texte <strong>du</strong> traité <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> protectorat signé entre la France et<br />

le Naba <strong>du</strong> Mossi.<br />

12


.<br />

En octobre 1902, le Ya.tenga est intégré au Territoire <strong>de</strong> la Sénégambie-<br />

Niger, remplacé <strong>de</strong>ux ans plus tard par le Haut Sénégal - Niger. ,<br />

Le 23 avril 1904, le comman<strong>de</strong>ment militaire passe la main à l’adminis-<br />

tration civile. Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est créé. Le commandant <strong>de</strong> cercle administre<br />

les populations <strong>du</strong> Yatenga, mais aussi celles <strong>du</strong> Zitenga, <strong>du</strong> Riziam, <strong>du</strong> Ratenga - au<br />

sud-est - <strong>de</strong> Boussou et <strong>de</strong> Niessega - au sud-ouest. Les cantons peu1 <strong>de</strong> Bamboulé,<br />

<strong>de</strong> Djibo et <strong>de</strong>, Tongomayel, dépendant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Dori (Territoire <strong>de</strong> Zin<strong>de</strong>r) sont<br />

rattachés à <strong>Ouahigouya</strong> en décembre 1917, tandis que les villages samo <strong>de</strong> l’ancien<br />

royaume <strong>du</strong> Yatenga lui sont enlevés. pour être rattachés à la subdivision <strong>de</strong><br />

Samorodougou.<br />

Au Ier janvier 1918, <strong>Ouahigouya</strong> prend rang <strong>de</strong> subdivision <strong>du</strong> Cercle <strong>du</strong><br />

Mossi, mais, après la création <strong>de</strong> la Colonie <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, le Ier mars 1919,<br />

re<strong>de</strong>vient cercle en 1920.<br />

Par le décret <strong>du</strong> 5 septembre 1932, prescrivant la suppression <strong>de</strong> la<br />

<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, grossi <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> 1’Aribinda et <strong>de</strong> la<br />

circonscription <strong>de</strong> Tougan, est rattaché au Soudan Français (chef-lieu Bamako-<br />

Koulouba). En 1935, Tougan <strong>de</strong>vient cercle indépendant. Mis à part ce changement,<br />

le cercle, dans ses limites <strong>de</strong> 1933, revient à la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, une fois celle-ci remem-<br />

brée (4 septembre 1947).<br />

A partir <strong>de</strong> 1947, plusieurs <strong>poste</strong>s et subdivisions sont créés à l’intérieur <strong>du</strong><br />

cercle : les cantons <strong>de</strong> Baraboulé, Djibo, Tougomayel, Bottogo et Aribinda consti-<br />

tuent la subdivision <strong>de</strong> Djibo ; le Zitenga, le Riziam et le Ratenga forment la subdi-<br />

vision <strong>de</strong> Kongoussi (dite aussi subdivision <strong>de</strong>s lacs) ; les subdivisions <strong>de</strong> Seguenega<br />

et <strong>de</strong> Gourcy sont créées en 1954 et les <strong>poste</strong>s <strong>de</strong> Titao et <strong>de</strong> Thiou en 1955.<br />

A l’Indépendance <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, en 1960, Seguenega, Gourcy, Titao<br />

<strong>de</strong>viennent cercles, à leur tour. Celui <strong>de</strong>,<strong>Ouahigouya</strong> ne comprend plus que la subdi-<br />

vision centrale (autour <strong>du</strong> chef-lieu) et les <strong>poste</strong>s <strong>de</strong> Thiou et <strong>de</strong> Kumbri, lesquels<br />

prennent rang <strong>de</strong> subdivisions en 1965.<br />

Depuis la réforme administrative <strong>de</strong> juin 1974, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

est promu sous-préfecture et constitue avec celles <strong>de</strong> Gourcy, Seguenega et Titao<br />

le département <strong>du</strong> Yatenga.’ Ce <strong>de</strong>rnier, dans ses limites, correspond au cercle <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong>s années 19551960.<br />

L’ADMINISTRATION DE L’A.0.F.<br />

La fédération <strong>de</strong> l’A.O.F., décidée en principe en 1895, est Organ%e en<br />

1902 et 1904. Elle comporte huit territoires : le Sénégal et la Mauritanie ayant<br />

tous les <strong>de</strong>ux comme capitale Saint-Louis, le Soudan (chef-lieu, Bamako), la <strong>Haute</strong>-<br />

<strong>Volta</strong> (Ouagadougou), le Niger (Niamey), la Guinée (Conakry), la Côte d’ivoire<br />

(Abidjan) et le Dahomey (Porto-Novo). Le Togo, territoire allemand, administré<br />

par la France à partir <strong>de</strong> 1918, conserve un statut spé.cial.<br />

13


Le Ministre <strong>de</strong>s Colonies, responsable <strong>de</strong> l’administration coloniale <strong>de</strong>vant<br />

l’Assemblée Nationale, gui<strong>de</strong> la marche <strong>de</strong>s colonies par. décrets. Sous ses ordres,<br />

à la tête <strong>de</strong> la fédération <strong>de</strong> l’A.O.F., le Gouverneur GBnéral est «l’ordonnateur <strong>du</strong><br />

budget fédéral, maître <strong>de</strong>s forces arinées et chef, <strong>de</strong>s services centraux.» Il rési<strong>de</strong><br />

a Dakar (Séndgal). «Aucune loi ni déc?et venu <strong>de</strong> France n’est applicable en A.O.F.<br />

s’il n’en a pas fait la promulgation (...). Le Conseil <strong>de</strong> Gouvernement qui l’assiste,<br />

formé <strong>du</strong> Secrétaire Général <strong>de</strong> l’administration, <strong>du</strong> Général en chef, <strong>du</strong> Procureur<br />

Général, etc.. n’est qu’un organe consultatif)>.<br />

«L’échelon inférieur suivant est représenté par le Gouverneur (ou<br />

Lieutenant Gouverneur) <strong>de</strong> chaque territoire. Il est la -réplique <strong>du</strong> Gouverneur<br />

Général, avec son propre conseil consultatif ; le principe étant que le Gouverneur<br />

Général gouverne et que les gouverneurs administrent».<br />

Chaque territoire est divisé en circonscriptions ou cercles, à la tête <strong>de</strong>squels<br />

se trouvent <strong>de</strong>s commandats relevant <strong>du</strong> Lieutenant-Gouverneur. Le Commandant<br />

est généralement assisté d’un adjoint et <strong>de</strong> quelques commis <strong>de</strong>s Services Civils et<br />

<strong>de</strong>s Affaires indigènes. «Le commandant <strong>de</strong> cercle est réellement la cheville ouvrière<br />

<strong>de</strong> tout le système. C’est l’homme-orchestre, chargé <strong>de</strong> préparer les décisions et <strong>de</strong><br />

les exécuter». Il doit etre en même temps juge, responsable <strong>de</strong>s contributions,<br />

ingénieur <strong>de</strong>s travaux publics, agent <strong>de</strong> sécurité, responsable <strong>de</strong> l’enseignement,<br />

recruteur <strong>de</strong> main-d’œuvre et <strong>de</strong> tirailleurs. «Bref, en tout et pour tout, il comman-<br />

<strong>de</strong>. Et, la distance aidant, c’est vraiment lui le dieu <strong>de</strong> la brousse)) (3).<br />

Progressivement, les services sont cré6s : Affaires économiques, Affaires<br />

militaires, Agriculture, Assistance médicale indigène (AMI.), Inspection <strong>de</strong> l’Ensei-<br />

gnement, avec, pour quelques uns, <strong>de</strong>s agents dans chaque cercle ; ce qui dégage le<br />

commandant <strong>de</strong> certaines responsabilités directes. Par ailleurs, les chefs <strong>de</strong> subdi-<br />

vision viendront ultérieurement ‘secon<strong>de</strong>r le commandant <strong>de</strong> cercle dans son<br />

administration territoriale.<br />

Apr& la Première Guerre Mondiale, le principe admis est que chaque<br />

colonie participe au développement <strong>de</strong> l’A.0.F. et couvre les frais <strong>de</strong> son adminis-<br />

tration (4). La Métropole ne subventionne pas les territoires, mises à part les<br />

dépenses militaires. C’est le Gouvernement Général qui finance l’infrastructure<br />

économique : ports, chemins <strong>de</strong> fer, bâtiments publics, aminagements agricoles -<br />

comme par exemple l’Office <strong>du</strong> Niger - en recourant au besoin à <strong>de</strong>s emprunts.<br />

Son budget trouve ses ressources dans les droits <strong>de</strong> douane et secondai-<br />

rement dans les impôts et taxes <strong>de</strong> toutes natures prélevés dans les colonies et dont<br />

une partie lui revient.<br />

Chaque territoire et chaque cercle est, quant à lui, responsable <strong>de</strong> son<br />

réseau routier et vit <strong>de</strong> ses propres recettes. Or, en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> et particulièrement<br />

en pays mossi, les ressources sont limitées & la pro<strong>du</strong>ction viv$re,‘& l’élevage,<br />

à l’artisanat et les recettes tirées <strong>de</strong> ces activités sont maigres. Tout le poids <strong>de</strong>s<br />

(3) Les citations sont extraites <strong>de</strong> J. I


dépenses tombe sur les populations qui paient l’impôt <strong>de</strong> capitation dont le taux<br />

est fmé annuellement par les administrateurs en <strong>poste</strong>.<br />

Faute <strong>de</strong> cadres administratifs et d’une connaissance suffisante <strong>de</strong>s<br />

régions administrées, les .Français sont obligés <strong>de</strong> s’appuyer sur les autorités<br />

locales traditionnelles. C’est ainsi que nous verrons le commandant <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

s’adresser aux chefs <strong>de</strong> provinces et chefs <strong>de</strong> cantons pour la perception <strong>de</strong>s contri-<br />

butions, les recrutements et la transmission <strong>de</strong> tous les ordres. Progressivement,<br />

les chefs traditionnels <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s administratifs <strong>de</strong> second rang, <strong>de</strong>s instru-<br />

ments <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment (5).<br />

En fait, le système administratif est ambigii : il se veut direct mais utilise<br />

comme courroie <strong>de</strong> transmission le réseau <strong>de</strong> chefferies. On enlève aux chefs tout<br />

pouvoir politique et judiciaire et on les utilise comme <strong>de</strong> simples éléments : <strong>de</strong>s<br />

cantons seront supprimés, d’autres créés, <strong>de</strong>s chefs seront directement nommés<br />

par les administrateurs.<br />

Par exemple, le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Indigénat, promulgué en 1887, revu et corrigé<br />

en 1905, ‘1912, 1921, 1924, laisse peu <strong>de</strong> pouvoir judiciaire aux chefs. C’est le<br />

Commandant <strong>de</strong> cercle qui a seul le droit <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s peines disciplinaires<br />

(amen<strong>de</strong>s, prison). Quant à l’institution <strong>de</strong>s Conseils <strong>de</strong> Notables (décret <strong>de</strong> 1919,<br />

appliqué en 1920 à <strong>Ouahigouya</strong>), elle a pour but <strong>de</strong> donner à la chefferie un<br />

simple rôle consultatif pour les décisions prises par le commandant <strong>de</strong> cercle. Le<br />

Conseil <strong>de</strong>s Notables est une chambre d’enregistrement.<br />

LE YATENGA ET SES POPULATIONS<br />

En <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> (274 OOOkm2), sur six millions d’habitants en 1975, plus<br />

<strong>de</strong> 2 500 000 sont mossi. La «Terre <strong>de</strong>s Mossi», au centre <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, couvre<br />

60 000 km2, <strong>de</strong> la frontière malienne, au nord, à la frontière ghanéenne au sud, et<br />

les <strong>de</strong>nsités humaines y sont très élevées.<br />

Les populations voisines <strong>du</strong> Mossi sont les Samo au nord-ouest, les<br />

Gurunsi à l’ouest et au sud-ouest, les Bissa au sud, les Gurmantche à l’est et les<br />

Peu1 au nord.<br />

D’après la tradition, l’histoire <strong>du</strong> peuplement mossi est celle <strong>de</strong>s conqué-<br />

rants nakomse qui, partis <strong>du</strong> pays dagomba (Nord-Ghana) à la fm <strong>du</strong> XVe siècle, se<br />

sont progressivement implantes dans le bassin <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Blanche, en se surajoutant<br />

aux populations autochtones : têg bisi («füs <strong>de</strong> la terre»). Dix neuf royaumes ont<br />

été fondés dont ceux <strong>de</strong> Tenkodogo, <strong>de</strong> Ouagadougou et <strong>du</strong> Yatenga sont les plus<br />

importants. Celui <strong>de</strong> Ouagadougou est reconnu comme «suzerains. Le Morho-Naba<br />

est le ((chef <strong>du</strong> pays mossi» .<br />

(5) Les décrets <strong>de</strong> juin et novembre 1903 autorisent les chefs indigènes à percevoir les impôts<br />

et leur octroient une commission sur les recettes. Des chefs <strong>de</strong> cantons, <strong>de</strong> provin?es, et<br />

le Yatenga-Naba touchent <strong>de</strong>s appointements annuels variant selon l’importance <strong>de</strong> leurs<br />

tâches : <strong>de</strong> 350 F à 1000 F pour un chef <strong>de</strong> canton, <strong>de</strong> 1800 à 2 000 F pour un chef <strong>de</strong><br />

province (en 1933).<br />

15


Les Nakomse sont parvenus au nord <strong>de</strong> l’aire actuellement peuplée par les<br />

Mossi aux XVIe et XVIIe siecles. Ils y ont fondé le Yatenga (Ya<strong>de</strong>ga tenga x «terre<br />

<strong>de</strong> Ya<strong>de</strong>ga», le fondateur <strong>du</strong> royaume). Un réseau <strong>de</strong> chefferies s’est mis en place,<br />

au fil <strong>de</strong>s génerations. Progressivement, le pays initialement occupé par les Dogon,<br />

les Kurumba (ou Fulse) et les Samo, a été contrôlé par les Mossi. Ces <strong>de</strong>rniers se<br />

sont établis dans <strong>de</strong>s villages autochtones, mais le peuplement mossi s’est ac-<br />

compagné également <strong>de</strong> création <strong>de</strong> villages, surtout Ie long <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong><br />

Blanche et <strong>de</strong>’ses affluents. <strong>Ouahigouya</strong>, une <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces royales, <strong>de</strong>venue par la<br />

suite capitale, a été fondée vers 1780, à la limite septentrionale <strong>du</strong> peuplement<br />

mossi #alors.<br />

Les villages présentent un habitat groupé, lâche, structuré en quartiers<br />

(correspondant à l’origine à un lignage ou bu<strong>du</strong>) regroupant les habitations :<br />

zukse (singulier : zaka) qui correspon<strong>de</strong>nt aux unités familiales <strong>de</strong> base.<br />

Dans le système politique traditionnel, les chefs <strong>de</strong>^zakr dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s<br />

chefs <strong>de</strong> quartiers qui sont commandés par <strong>de</strong>s chèfs <strong>de</strong> villages, commandés à leur<br />

tour par <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> cantons, contrôlés soit directement par le Yatenga-Naba (le<br />

chef <strong>du</strong> royaume), soit, ce qui est plus fréquent, par l’un <strong>de</strong> ses quatre ministres<br />

ou chefs <strong>de</strong> provinces : Widi, Balum, Rassam, Togo.<br />

Au nord <strong>de</strong>s populations se<strong>de</strong>ntaires mossi ou assimilées comme telles,<br />

on rencontre les Peul, éleveurs. Ils appartiennent à trois groupes que l’on rencontre<br />

dans toute la boucle <strong>du</strong> Niger :<br />

0 les Dialube, originaires <strong>du</strong> Fouta-Djalon, se sont établis au nord-ouest <strong>du</strong><br />

Yatenga, milieu <strong>du</strong> XVIIe siècle. Ils se concentrent autour <strong>de</strong> Thiou ;<br />

0 les Torobe, originaires <strong>du</strong> Fouta Toro, sont installés à Todiam, au sud-ouest<br />

<strong>de</strong> Titao. Un petit groupe s’est aussi mis en place à Bossomnore, à l’ouest<br />

<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Q les Fittobe, venus également <strong>du</strong> Fouta Toro, forment le groupe peu1 le plus<br />

récemment établi au Yatenga (vers 1730). Ils ont lutté contre les Kurumba,<br />

les autres groupes peu1 et les Mossi. La chefferie fittobe est à Bahn, au<br />

nord <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Les Peu1 ont fait allégeance au Yatenga-Naba. Mis à part les villages ou<br />

resi<strong>de</strong>nt leurs chefs, les Peu1 vivent dispersés en campements, à proximité <strong>de</strong>s mares<br />

l<br />

ou <strong>de</strong>s villages se<strong>de</strong>ntaires, notamment Rmaibe (captifs <strong>de</strong> Peul).<br />

4<br />

:2 *<br />

Le Yatenga, situé entre 13 et 14 <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> latitu<strong>de</strong> nord, recouvre la partie<br />

septentrionale <strong>du</strong> bassin occi<strong>de</strong>ntal <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Blanche. La contrée est une péné-<br />

plaine développée sur un socle primaire et couverte <strong>de</strong> cuirasses fern.@neuses.<br />

Le climat est soudano-sahélien : pério<strong>de</strong> sèche <strong>de</strong> novembre 2 avril et<br />

pério<strong>de</strong> pluvieuse (728 mm par an) <strong>de</strong> mai à octobre. Les pluies sont sujettes B<br />

d”importantes fluctuations d’Une année % l’autre et, surtout, leur rythme est irré-<br />

gulier <strong>du</strong>rant la saison humi<strong>de</strong>, appelée aussi «hivernage». Réparties dans un laps<br />

14


<strong>de</strong> temps ré<strong>du</strong>it, les pluies sont déterminantes pour l’état <strong>de</strong>s récoltes. Leurs<br />

irrégularités ne peuvent être atténuées <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> faible pouvoir <strong>de</strong> rétention en<br />

eau <strong>de</strong>s sols.<br />

Ces conditions ne sont guère favorables au développement <strong>de</strong> plantes vivrié-<br />

res autres que les nuls (petit mil et sorgho) qui subviennent à la nourriture quoti-<br />

diemte <strong>de</strong>s populations. Le coton et l’arachi<strong>de</strong>, en faibles quantités, ainsi que les<br />

pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette <strong>du</strong> karité, <strong>du</strong> néré et <strong>du</strong> kapokier font l’objet d’un petit<br />

commerce local.<br />

Si cette économie <strong>de</strong> subsistance est partagée par nombre <strong>de</strong> régions <strong>de</strong>s<br />

latitu<strong>de</strong>s soudano-sahéliemres, les fortes concentrations <strong>de</strong> populations viennent<br />

renforcer au Yatenga sa précarité. En 1930, les <strong>de</strong>nsités humaines étaient déjà<br />

voisines <strong>de</strong> 50 h/km2 autour <strong>de</strong>s petits centres <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, Gourcy et Seguenega.<br />

Elles sont actuellement <strong>du</strong> double <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> l’accroissement démographique (6).<br />

Une telle charge <strong>de</strong> population s’accompagne sous ces latitu<strong>de</strong>s et en milieu rural<br />

technologiquement stable d’une pénurie <strong>de</strong> terres cultivables, <strong>du</strong>ne ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s<br />

temps <strong>de</strong> jachère, d’un épuisement rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sols et d’une chute <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions.<br />

Ainsi, chaque année, l’abondance relative <strong>de</strong> mil en certains lieux <strong>de</strong> !a<br />

région ne fait que compenser la pénurie <strong>de</strong> récoltes dans d’autres. Que plusieurs<br />

années successives soient caractérisées par une pluviométrie déficitaire ou seulement<br />

<strong>de</strong>s pluies mal réparties et c’est la disette ou la famine. Autrefois encore (le fléau<br />

semble avoir été enrayé <strong>de</strong>puis 1948), les vols <strong>de</strong> criquets migrateurs venaient I<br />

détruire les récoltes (7).<br />

Telles sont les caractéristiques essentielles <strong>de</strong> la région dont parlent les<br />

archives et qu’il ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue à leur lecture.<br />

(6) Les épidémies <strong>de</strong> variole, méningite cérébro-spinale, grippe, ont été progressivement<br />

jugulées par les campagnes <strong>de</strong> vaccination et par l’implantation d’un encadrement médical.<br />

Pour insuffisant qu’il soit, ce <strong>de</strong>rnier freine la mortalité, surtout infantile. Par ailleurs,<br />

l’intensification <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction et la constitution <strong>de</strong> réserves alimentaires, malgré les<br />

critiques qu’on peut leur adresser, ont amoindri les effets <strong>de</strong> certaines famines.<br />

(7) L’Organisation internationale contre le. criquet migrateur africain poursuit, <strong>de</strong>puis 1948,<br />

la lutte contre Locusta migratoria m&ratorioi<strong>de</strong>s.<br />

17


RECUEIL D’ARCHIVES<br />

«Un vaste rassemblement <strong>de</strong> terres à peines explorées et <strong>de</strong>s peuples quasi-<br />

inconnus ; dans un essai d’harmonie, la mise en oeuvre <strong>de</strong> la paix fiançaisè et <strong>du</strong>ne<br />

économie nouvelle basée sur les échanges avec l%urope ; la guerre, les recrutements<br />

intensifs <strong>de</strong> tirailleurs, la mobilisation <strong>de</strong>s matières premières pour le ravitaillement<br />

<strong>de</strong> la métropole ; puis dix années <strong>de</strong> fièvre commerciale, <strong>de</strong> progrès dans la pro<strong>du</strong>c-<br />

tion exportée, <strong>de</strong> grands travaux d’armature impériale, d’évolution profon<strong>de</strong> dans<br />

les sociétés indigènes ; enfin le krach <strong>de</strong>s cours mondiaux et, en trois pério<strong>de</strong>s<br />

inégales, l’histoire d’une génération <strong>de</strong> coloniaux et d’indigènes. Voilà les commen-<br />

cements, la croissance et les épreuves <strong>de</strong> l’Afrique Occi<strong>de</strong>ntale Française. On ne<br />

<strong>de</strong>vrait jamais omettre <strong>de</strong> les rappeler . . ..s<br />

R. DELAVIGNETTE<br />

uL ‘Afique Occi<strong>de</strong>ntale Française au travail><br />

Bulletin <strong>du</strong> Comité <strong>de</strong> l’Afrique Française,<br />

juillet 1932,7, p. 403.<br />

PREMIERE Pl%.IODE : 1908 - 1916<br />

«La mise en condition»<br />

DEUXIEME P&IODE : 1924 - 1932<br />

«Une exploitation <strong>de</strong> grand style»<br />

TROISIEME PERIODE : 1933 - 194-j<br />

«Le temps <strong>de</strong>s bienfaits»<br />

19


PREMIERE PERIODE : 1908- 1916<br />

&a mise en condition»<br />

(En 1908, le commandant est en <strong>poste</strong><br />

<strong>de</strong>puis une année. Deux administr?teurs<br />

civils l’ont déj& précédé à <strong>Ouahigouya</strong><br />

et, avant eux, onze rési<strong>de</strong>nts militaires,<br />

chacun pour <strong>de</strong> courtes <strong>du</strong>rées, <strong>de</strong> mars<br />

1897 % avril 1904).


22<br />

s


,1908 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

FÉVRIER<br />

L’impôt <strong>du</strong> cercle est presque entièrement rentré fin fhrier. Cette rentrée<br />

rapi<strong>de</strong> et totalement en espèces (1) s’est passée dans les meilleures conditions. Nous<br />

n’avons pas eu à envoyer <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>s-cercle (2) sauf dans trois ou quatre cas, pour<br />

<strong>de</strong>s villages qui ignoraient le montant <strong>de</strong> leurs contributions. Nous avions recomman-<br />

dé à ces agents <strong>de</strong> se montrer bienveillants à l’égard <strong>de</strong>s indigènes, leur faisant<br />

remarquer qu’ils n’allaient pas exiger l’impôt, mais seulement avertir les villages <strong>de</strong>s<br />

sommes qu’ils <strong>de</strong>vraient payer.<br />

L’école est toujours fréquentée par vingt-cinq élèves. La construction d’un<br />

bâtiment scolaire va être entreprise dans le courant <strong>de</strong> mars. Rien à signaler au sujet<br />

<strong>de</strong>s écoles musulmanes . . . Ii’ n’existe pas d’école protestante ou catholique dans le<br />

cercle (3).<br />

(1) Les premiers impôts ont d’abord eu un caractère collectif ; tel village ou tel groupe<br />

d’éleveurs pouvant payer soit en nature (mil, bestiaux), soit en monnaie <strong>du</strong> pays : les cauri<br />

(coquillages Cvpraea). Au taux <strong>de</strong> change officiel, la pièce <strong>de</strong> 5 francs valait<br />

5 000 cauri.<br />

(2) Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle (ou gar<strong>de</strong>s-cercle) : agents chargés <strong>de</strong> la sécurité: Ils sont employés<br />

à toutes les besognes ayant un caractère coercitif.<br />

(3) Il s’agit <strong>de</strong> l’lkole Régionale. L’enseignement laïque a été institué par FAIDHERBE au<br />

Sénégal en 1854 mais l’enseignement est d’abord le fait <strong>de</strong>s Missions religieuses. Du fait <strong>de</strong>s<br />

lois <strong>de</strong> Séparation <strong>de</strong> l’Église et <strong>de</strong> l’État, l’enseignement est organisé en A.O.F. par un<br />

décret <strong>de</strong> 1903 qui prévoit : les écoles <strong>de</strong> village (qui semblent n’avoir existé que sur le<br />

papier), les écoles rurales (qui apparaissent tardivement : à Ouahigoya, en 1937) et les<br />

écoles régionales, au niveau <strong>de</strong> chaque cercle, qui doivent préparer au CEP. Au niveau <strong>du</strong><br />

chef-lieu <strong>de</strong> chaque colonie existait aussi une Ecole Primaire Supérieure.<br />

Les écoles musulmanes sont <strong>de</strong>s écoles dites coraniques. L’Islam fut d’abord considéré par<br />

PAdministration comme «l’étape nécessaire que les Noirs <strong>de</strong>vaient tkumhir pour accé<strong>de</strong>r<br />

à la civilisation» et l’arabe fut employé dans tous les textes officiels, à côté <strong>de</strong>s textes<br />

français, jusqu’en 1911. Cependant, à dater <strong>de</strong> 1906, à la suite d’insurrections musulmanes<br />

au Niger, en Mauritanie et en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, W. PONTY, Gouverneur <strong>du</strong> Haut Sénégal -<br />

Niger, prescrivit, dans une circulaire (juillet 1906), la surveillance <strong>de</strong>s marabouts itinérants<br />

et quêteurs et leur mise en arrestation éventuelle. Ceci explique le contrôle exercé sur les<br />

écoles coraniques, les marabouts et la présence <strong>de</strong> la rubrique «Questions musulmanes» dans<br />

les rapports. Précisons qu’en 1906, un marabout venu <strong>de</strong> Salaga (Gold Coast, actuel Ghana)<br />

prêcha, dans le Mossi, l’insurrection contre les Blancs. Il fut emprisonné à Ouagadougou.<br />

Deux ans plus tard, un autre marabout parvint, avec l’assistance <strong>de</strong> plusieurs chefs mossi,<br />

à lever plus <strong>de</strong> mille cavaliers qui marchèrent sur Ouagadougou. L’armée se porta à leur<br />

rencontre et le marabout fut abattu.<br />

23


1908<br />

MARS<br />

Le montant <strong>de</strong> l’impôt pour 1908 est actuellement récupéré. Il a même été<br />

perçu quelques suppléments <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> villages omis sur le rôle, qui feront I”objet<br />

<strong>de</strong> l’établissement d’un rôle supplémentaire pour l’année courante. Ces suppléments<br />

d’impôt s’élèvent à la somme <strong>de</strong> 907fram.x et 90 centimes (4).<br />

L’éfat d’esprit <strong>de</strong>s habitants <strong>du</strong> Yatenga à notre égard est actuellement<br />

très bon. Le 29 mars, un grand nombre <strong>de</strong> ressort&anfs samos (5) sont venus au<br />

chef-lieu saluer l’administrateur qui les avait convoqués au sujet <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong> recou-<br />

vrement <strong>de</strong> I’impot. Un palabre (6) a été tenu à la rési<strong>de</strong>nce dans lequel nous leur<br />

avons montré les bienfaits <strong>de</strong> notre installation dms le pays.<br />

Ce palabre avait surtout pour objet <strong>de</strong> faire pénétrer dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />

habitants <strong>du</strong> cercle l’utilité <strong>de</strong> la difPsion <strong>de</strong> notre monnaie. En. outre, nous leur<br />

avons fait connaître que toutes les pièces <strong>de</strong>vaient être, également, acceptées<br />

partout . . .<br />

AVRIL<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : très bon. Les indigènes viennent <strong>de</strong> plus en plus nombreux<br />

au Cercle (7). Actuellement, nous avons à régler beaucoup <strong>de</strong> queseons concernant<br />

les terrains <strong>de</strong> cultures. Les différends sont tranchés suivant la coutume locale par le<br />

tribunal <strong>de</strong> province (8).<br />

Ecole : La construction <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est terminée et le moniteur et<br />

les élèves y seront installés dès que le mobilier scolaire sera, prêt. Le nouveau<br />

bâtiment comprend trois salles <strong>de</strong> classe et <strong>de</strong>ux autres pièces pouvant servir <strong>de</strong><br />

magasin scolaire et <strong>de</strong> logement au moniteur. En outre, une cour entourée d’un mur<br />

(4) Pour suivre la valeur <strong>du</strong> Franc <strong>de</strong>puis 1900, se reporter aux tableaux en annexe.<br />

Le Franc C.F.A. n’a été institué qu’en 1947.<br />

(5) Samo : localisés à l’ouest <strong>du</strong> Yatenga, ils sont originaires <strong>du</strong> Mandé. A la fm <strong>du</strong><br />

XVIIe siècle, alors qu’ils se déplaçaient vers l’est, ils se sont heurtés aux Mossi. Ces <strong>de</strong>rniers<br />

ont empêché les Samo d’avancer ,plus avant mais ne sont jamais parvenus à contrôler leur<br />

région, mis à part quelques villages.<br />

(6)Palabre : mot <strong>du</strong> jargon colonial signifiant : entretien, harangue, chaque fois qu’il s’agit <strong>de</strong><br />

s’adresser aux populations.<br />

(7) Le mot Cercle (avecun C majuscule) signifie les bureaux <strong>du</strong> chef-lieu, le <strong>poste</strong> administratif.<br />

(8) Zkibunal <strong>de</strong> Province : assimilable à un tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré, ou présidaient les notables.<br />

En cas d’appel, le tribunal <strong>de</strong> cercle, ou <strong>de</strong> 2e <strong>de</strong>gré, statuait en présence <strong>du</strong> commandant<br />

<strong>de</strong> cercle,<br />

24


1908<br />

d’un mètre cinquante <strong>de</strong> hauteur permettra <strong>de</strong> pouvoir exercer une surveillance plus<br />

sérieuse sur les élèves pendant les heures <strong>de</strong> récréation.<br />

Deman<strong>de</strong>s : Un troisième agent <strong>de</strong>s affaires indigènes serait nécessaire à l’adminis-<br />

tration. L ‘administrateur a <strong>du</strong> évacuer Monsieur S. en février <strong>de</strong>rnier vers Bandiagara<br />

et il en est résulté une indisponibilité d’une vingtaine <strong>de</strong> jours pour ce fonctionnaire.<br />

Monsieur B. ainsi qu’il est ren<strong>du</strong> compte par télégramme, est également dirigé sur<br />

Bandiagara, sérieusèment atteint.<br />

Dans ces conditions (...), le commandant <strong>de</strong> cercle est obligé <strong>de</strong> se confiner<br />

au <strong>poste</strong> et ne peut faire aucune tournée. A partir <strong>du</strong> ler mai, il n’y aura que <strong>de</strong>ux<br />

européens à <strong>Ouahigouya</strong>, Mo’nsieur S. agent spé&zl et l’administrateur (9).<br />

Impôt : L’impôt est complètement recouvré <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> mars,<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Très bon.<br />

.I&ole : Nous nous proposons <strong>de</strong> la réorganiser après les vacances. Certains élèves<br />

sont actuellement trop grands et seront remplacés par <strong>de</strong>s enfants plus jeunes<br />

choisis dans <strong>de</strong>s familles notables <strong>du</strong> Yatenga.<br />

Tournées : Aucune tournée n’a pu être effectuée pendant le mois ; l’effectif <strong>de</strong>s<br />

fonctionnaires <strong>du</strong> cercle ne le permettant pas.<br />

MAI<br />

JUIN<br />

Questions en cours, leur suite :Nous avons toujours quelques questions <strong>de</strong> lou-<br />

gans {IO) à régler. Elles sont sans importance au point <strong>de</strong> vue politique.<br />

Faits nouveaux : Le nommé T., fils <strong>du</strong> Naba Baogo qui, à l’approche <strong>de</strong> nos colon-,<br />

nes, s’était enfui clans la région <strong>de</strong> Mané - cercle <strong>de</strong> Ouagadougou - a <strong>de</strong>mandé à<br />

rentrer dans le Yatenga avec toute sa suite composée d ‘une soixantaine <strong>de</strong> personnes.<br />

(9) Agent spécial : agent européen s’occupant <strong>de</strong>s perceptions et <strong>de</strong> toute la comptabilité<br />

administrative.<br />

(10) lougfzn : mot impropre. Signifie ici champs <strong>de</strong> brousse et par extension toute parcelle<br />

<strong>de</strong> culture. Un lougan désigne généralement une culture SUI brûlis, après un défrichement.<br />

2.5


1908<br />

4<br />

NOUS lui avons assigné comme domicile le village <strong>de</strong> Htiia, dans le canton <strong>de</strong> Roba,<br />

où il pouvait s’établir sans inconvénients. Sur son refus, accompagné <strong>de</strong> propos<br />

offensants pour notre autorité, l’administrateur lut a infhgé une punition <strong>de</strong> prison.<br />

T. semble actuellement disposé a exécuter nos conditions. Toutefois, à l’expi-<br />

ration <strong>de</strong> sa peine, il sera maintenu sous surveillance pendant quelques’temps, à<br />

<strong>Ouahigouya</strong> et envoyé ensuite à Hirtiz.<br />

Tourn&es : Aucune tournée na été effectuée en juin. Monsieur M., commis <strong>de</strong>s<br />

affaires indigènes, récemment arrivé, vénjïe en ce moment la route <strong>de</strong> Bandtigma<br />

où <strong>de</strong>ux ponts ont éte enlevés par une torna<strong>de</strong> très violente le 12 juin, entre Bango<br />

et Thiou.<br />

JUILLET<br />

Faits nouveaux : A l’occasion <strong>de</strong> la fête nationale, un grand nombre <strong>de</strong> chefs et<br />

d’indigènes sont venus au Cercle saluer I’Administrateur et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant<br />

<strong>de</strong> leur impôt pour 1909.<br />

Le 14 juillet, I’Administrateur a passé en revue les goums qui avaient été<br />

convoqués pour cette date. Ces cavaliers au nombre <strong>de</strong> 365, sont généralement bien<br />

montés. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s goums réguliers, un millier d autres cavaliers étaient présents<br />

à Ouuhigouya pour la fête nationale.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Très bon.<br />

Tournees : Aucune tournée na été effectuée en juillet. Monsieur S. a inspecté hz<br />

route <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Ouagadougou, jusqu’à la limite <strong>du</strong> cercle, a Niessega, pour<br />

se rendre compte <strong>de</strong> son état et <strong>de</strong>s travaux que nécessitera son entret-ien. Un pont<br />

<strong>de</strong>vra etre construit près <strong>de</strong> Niességa, mais ce travail ne pourra être entrepris<br />

qu ‘après lhivemage (11).<br />

Faits nouveau.~ : Le nommé P., fière <strong>de</strong> l’ancien Ouidi Naba (chef <strong>de</strong> la cavalerie)<br />

est venu au <strong>poste</strong> saker le Commandant <strong>de</strong> cercle- R était proposé par le grand<br />

Naba Koboga pour remplacer le Ouididéfunt. P. est.origmaire <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Dinguila,<br />

ON il se livrait jusqu’à présent a l’agriculture. ï7 est agé d’environ sotxante ans, paraît<br />

(11) hivenmgc : saison <strong>de</strong>s pluies.<br />

26


1908<br />

très sérieux et dévoue a notre cause. Après consultation <strong>de</strong>s notables et chefs <strong>de</strong><br />

village <strong>de</strong> I’ex-comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Ouidi Naba, l? a été nommé Ouidi, sous réserve<br />

<strong>de</strong> la haute approbation <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur <strong>du</strong> Haut-SErtégal Niger.<br />

Impôts : Les chefs <strong>de</strong> village viennent chaque jour au cercle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant<br />

<strong>de</strong> leur impôt pour 1909. Jusqu’à présent, tout Iraisse prévoir que cette contribution<br />

directe sera facilement perçue pendant le premier trimestre <strong>de</strong> l’année prochaine,<br />

bien que le numéraire soit assez peu répan<strong>du</strong> dans le Yatenga. Les habitants vont<br />

actuellement échanger <strong>du</strong> bétail, <strong>du</strong> mil et <strong>de</strong>s cauris dans les cercles voisins, principalement<br />

à Bandiagara et Ouagadougou, où les espèces existent en plus gran<strong>de</strong><br />

quantité. Certains villages ont réalisé <strong>de</strong> beaux bénéfices par la vente <strong>de</strong> leur mil.<br />

Malheureusement, la récolte <strong>de</strong> 1907 était restée au <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la moyenne et une<br />

partie <strong>du</strong> cercle, celle qui confine à Ouagadougou, est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux mois en proie<br />

à la disette. Cette disette va toutefois prendre fin. Le maïs est actuellement bon<br />

à récolter et grâce à un hivernage particulièrement p*luvieux, toutes les cultures sont<br />

très belles et font prévoir, <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong> tous les indigènes, une excellente récolte (12).<br />

Ecoles :Les élèves sont actuellement en vacances.<br />

Justice indigène : D’assez nombreuses affaires <strong>de</strong> vol <strong>de</strong> mil et <strong>de</strong> bétail ont été<br />

jugées par le tribÙna1 <strong>de</strong> province. Cette recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s délits a été causée par la<br />

famine qui règne dans le sud et le sud-est <strong>du</strong> cercle.<br />

OCTOBRE<br />

Faits rwuvtw~.~ :Le décès <strong>de</strong> 1’Administrateur P., survenu brusquement le 10 octo-<br />

bre, a interrompu pendant quelques jours la marche <strong>de</strong>s services <strong>du</strong> cercle. De nom-<br />

breux chefs au su <strong>de</strong> ce douleureux événement se sont ren<strong>du</strong>s à <strong>Ouahigouya</strong> pour<br />

saluer la dépouille mortelle <strong>de</strong> leur ancien administrateur.<br />

Arrivé le 16 octobre, j’ai pris la direction <strong>du</strong> cercle à la date <strong>du</strong> I7. Mon-<br />

sieur B., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, chargé <strong>de</strong>s affaires courantes, m’a passé le<br />

service. Plusieurs chefs <strong>de</strong> Province et <strong>de</strong> canton sont venus me présenter leurs<br />

respects, m ‘assurant <strong>de</strong> leur dévouement à notre autorité, mais ma prise <strong>de</strong> service<br />

est trop récente pour que je puisse avoir une opinion exacte sur leurs sentiments<br />

à notre égard.<br />

(12) Il y e.ut, en effet, à la suite <strong>de</strong> mauvaises récoltes en 1907, une famine dans le centre <strong>de</strong><br />

la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> en 1908. La région <strong>du</strong> Yatenga ne fut que peu atteinte, mais dans le «cercle<br />

<strong>du</strong> Mossi», au sud, on dénombra <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> morts : 50 000 selon A. PROST :Les<br />

missions <strong>de</strong>s Pèrp Blancs en Afrique Occi<strong>de</strong>ntale avant 1939, s.l., s.d., 179 p: multigr.


1908<br />

In+wzt : Presque tous les chefs <strong>de</strong> vilkge connaissent actuellement le montant <strong>de</strong><br />

leur impôt pour 1909. J’ai tout lieu <strong>de</strong> csoire que la rentrée <strong>de</strong> cet impôt s’effectuerà<br />

dans les débuts <strong>de</strong> l’année prochaine.<br />

Ecoles : La rentrée <strong>de</strong>s classes a eu lieu le ler octobre avec huit etifants. L*k!cole<br />

compte actuellement vingt élèves.<br />

NOVEMBRE<br />

Faits nouveaux : Le Mossi SR. qui avait été condamné à la détention perpétuelle,<br />

par décision <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur Général, en date <strong>du</strong> 2 avril 1902 et que<br />

vous avez bien voulu autoriser à rentrer dans son pays d’origine, est arrivé <strong>de</strong>mi&<br />

sement <strong>de</strong> Tombouctou où il subissait sa peine. Comme cet indigène qui jadis pi-3<br />

les armes contre nous (.-.) et commit <strong>de</strong> nombreux actes <strong>de</strong> brigandages dans le<br />

Yai-enga jouissait avant la condamnation d’une très grosse influence, il a été invité<br />

à se tenir désormais tranquille et à ne s’immitier dans aucune question politique.<br />

R sera d’ailleurs pendant quelques t!mps l’objet d’une surveillance étroite.<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuktions : L’esprit <strong>de</strong>s populations a été très satisfaisant pendmt le<br />

mois qui vient <strong>de</strong> s’écouler.<br />

Justice indigène : Le tribunal <strong>de</strong> province continue à fonctionner régulièrement<br />

<strong>de</strong>ux fois par semaine. Quant aux juges indigènes, ils nous donnent toujours entiè-<br />

rement sakfaction.<br />

DÉCEMBRE<br />

Faits nouveaux : Aucun fait réellement important ne s’est passé au cours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong><br />

dkembre. Les indigènes <strong>du</strong> cercle sont fort calmes, <strong>de</strong>puis longtemps soumis et<br />

mt?me acquis à notre cause, Ils ne cherchent pas volontairement à créer <strong>de</strong>s diffi-<br />

cuités à I’Administrateur.<br />

Un léger inci<strong>de</strong>nt s’est pro<strong>du</strong>it sur la limite <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> KOU~Y, entre les<br />

Samos <strong>de</strong> ce territoire et quelques Peuls <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Il y eut ekhamge<br />

<strong>de</strong> coups entre certaines d’entre eux ; un Samo et <strong>de</strong>ux Peuls fîuent tut%. Cette affaire<br />

survint 5 la suite <strong>de</strong> dégkts causés par les troupeaux <strong>de</strong>s Peuls dans les lougans Samos ;<br />

aussi ne faut-il pas voir en cet inci<strong>de</strong>nt aucune question polifique mais simplement<br />

un fkit relevani <strong>de</strong>s jun.dictions indigènes .~~ D’ailleurs, ces querelles entre Peuls et<br />

Samos voisins <strong>de</strong> la séparation <strong>de</strong>s cercles pie sont pas rares. De JS’équentes toumées<br />

~~kctukes dans ces régions seront les plus sZ,rs moyens d’empkher ces indigènes <strong>de</strong><br />

se faire justice eux-mêmes et <strong>de</strong> les obliger (e venir nous trouver pour faire réglef<br />

leurs difl&=ends.


1908<br />

Impôt : Beaucoup <strong>de</strong> chefs ont déjà réuni l’impôt <strong>de</strong> leur village. La rentrée <strong>de</strong><br />

celui-ci commencera donc dans les prochains jours <strong>de</strong> janvier.<br />

&oles : L’école <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> comprend actuellement 27‘ élèves se répartissant<br />

par races ainsi qu’il suit : 9 peuls, 1.5 mossis, 2 Samos et 1 Haoussa. Les enfants<br />

suivent avec assi<strong>du</strong>ité les cours qui leur sont fait par le moniteur indigène.<br />

Missions :Il n’existe pas <strong>de</strong> missions dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Deman<strong>de</strong> : J’ai l’honneur <strong>de</strong> solliciter <strong>de</strong> votre haute bienveillance, Monsieur le<br />

Gouverneur, lkffectation au cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> d’un adjoint <strong>de</strong>s affaires indi-<br />

gènes. Le recensement <strong>du</strong> cercle est encore entièrement à faire. Jusqu’à ce jour le<br />

dénombrement <strong>de</strong> la population n’a été effectué que par <strong>de</strong>s agents indigènes et<br />

le chiffre <strong>de</strong> 250000 habitants que l’on a trouvé est certainement au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />

réalité. D’autre part, <strong>de</strong> fréquentes tournées politiques et administratives seraient<br />

utiles dans les régions nord-est et sud-est, très peu visitées et surtout chez les Samos<br />

qui ne semblent pa> encore avoir complètement admis nos principes.<br />

Actuellement, il m’est fort difficile <strong>de</strong> sortir, le personnel mis à ma dispo-<br />

sition ne me permettant pas <strong>de</strong> m’absenter aussi longuement que je le désirerais et<br />

que l’exigerait l’intérêt d’une bonne administration. Le commis chargé <strong>de</strong> l’agence,<br />

ne peut, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> ces fonctions, parti? en tournée. Quant au <strong>de</strong>uxième commis, il<br />

est encore trop récemment am*vé à la Colonie pour pouvoir se charger <strong>de</strong>s affaires<br />

courantes pendant mes absences. L ‘adjoint <strong>de</strong>s affaires indigènes que j’ai l’honnew<br />

<strong>de</strong> vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r effectuerait <strong>de</strong>s tournées et pourrait me remplacer au cheflieu<br />

lorsque je visiterais les différentes régions <strong>du</strong> cercle.<br />

29


1909 IUI’PQRTS PQLJTIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Faits nouveaux : Monsieur H., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, que vous avez bien<br />

voulu affecter à <strong>Ouahigouya</strong>, est arr&é le 26 janvier.<br />

Impôt : Il a été encaissé à ce titre la somme <strong>de</strong> 133 714 Fr contre 12.5 049,15, en<br />

janvier 1908 ; il ne reste donc plus à percevoir que 4 840,.50 Fr. La rentrée <strong>de</strong> ce<br />

reliquat sera opérée, nous l’espérons, dès les premiers jours <strong>de</strong> février. Les indigènes<br />

ont fait preuve <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong> bonne volonté dans l’acquittement <strong>de</strong> leur taxe et le<br />

paiement <strong>de</strong> l’impôt s’est effectué sans aucune difficulté. Le recouvrement &rait<br />

été plus rapi<strong>de</strong> si le numéraire était plus répan<strong>du</strong> dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Justice indig&e : Le tribunal n ‘a eu que peu d’affaires à examiner pendant ce mois.<br />

Les vols sont en effet assez rares h cette époque <strong>de</strong> Pannée ; les cultures étant effec-<br />

tuées <strong>de</strong>puis peu <strong>de</strong> temps, les indigènes, même les plus indigents, possè<strong>de</strong>nt en ce<br />

moment les <strong>de</strong>nrées suffiisantes à leur entretien.<br />

Faits nouveaux . . ..Dans les premiers jours <strong>du</strong> mois, les indigènes ont kté très occupés<br />

à terminer d’acquitter leur impôt et dès celui-ci achevé, beaucoup d’entre eux sont<br />

partis en Gold-Coast et à Saraféré pour faire <strong>du</strong> commerce. La tranquilitê la plus<br />

parfaite règne dans tout le cercle (13)*<br />

ImpQt : . ..Nous avons lieu d’être satisfait <strong>de</strong> la rewée <strong>de</strong> l’impôt. Les ivndig&es ont<br />

montré une réelle bonne volonté à acquitter leur contribution annuelle et nulle part<br />

nous n kvons rencontié <strong>de</strong> difficult&. L’impôt a étê payé par village et non par pro-<br />

vince, comme l’annke <strong>de</strong>rnière. Dès notre arrivée à <strong>Ouahigouya</strong> nous avions infow&,<br />

en @fet, les populations que nous tenions absolument ù voir les chefs <strong>de</strong> village<br />

apporter eux-mêmes au chef-lieu l’argent <strong>de</strong> leurs administrés<br />

(13) Saraféti est situe sur le fleuve Niger (entre Mopti et Tombouctou). Gold Coast (ou Côte<br />

dc KW) est I’ancien nom dom-6 à l’état actuel <strong>du</strong> Ghana.


1909<br />

Questions musulmanes~ : Les musulmans <strong>du</strong> cercle (Yarcé et Peul) (14) font peu <strong>de</strong><br />

prosélytisme. Malgré tout, le nombre <strong>de</strong>s indigènes convertis à l’islamisme augmente<br />

lentement <strong>de</strong> jour en jour. Pour le moment, cependant, aucun danger n’est à crain-<br />

dre <strong>de</strong> ce côté là.<br />

I?coles : Vingt-sept élèves ont suivi ce mois-ci les cours <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Les progrès réalisés par les enfants sont assez sensibles ; cinq d’entre eux, appar-<br />

tenant à la première division, commencent déjà à construire <strong>de</strong> petites phrases.<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuhtions : L ‘esprit <strong>de</strong>s populations n’a rien laissé à désirer.<br />

MARS<br />

Tournées : Monsieur H. a parcouru, en les recensant, les villages situés au sud-ouest<br />

<strong>du</strong> cercle, sur la limite <strong>du</strong> ternOtoire <strong>de</strong> Ouagadougou. Comme ce fonctionnaire est<br />

nouvellement arrivé à la colonie, je l’ai accompagné pendant quelques jours afin <strong>de</strong><br />

lui montrer la façon <strong>de</strong> recenser les indigènes et <strong>de</strong> leur causer. Il a ensuite continué<br />

seul...<br />

Monsieur B. a également effectué très rapi<strong>de</strong>ment une tournée dans le nord-ouest<br />

<strong>du</strong> Yatenga afin <strong>de</strong> relever les routès suivies par les dioulas se rendant directement<br />

<strong>de</strong> La (cercle <strong>de</strong> Ouagadougou) à Douentza, sans passer par <strong>Ouahigouya</strong>.((lS).<br />

AVRIL<br />

Faits nouveaux : L ‘administrateur a pu se rendre compte que certains chefs <strong>de</strong> village<br />

ou <strong>de</strong> canton n’habitaient pas au milieu <strong>de</strong> leurs administrés, mais en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur<br />

canton ou <strong>de</strong> leur village. Pour faire exécuter les ordres <strong>du</strong> Cercle, ils se faisaient<br />

représenter dans leur territoire par certains indigènes qui n avaient généralement pas<br />

la capacité et les compétences voulues pour remplir leurs fonctions. Cet état <strong>de</strong> chose<br />

(14) Yurce : Originaires <strong>du</strong> Mandé sud et musulmans, ils se sont établis en pays Mossi <strong>de</strong>puis le<br />

XVIe siècle. Ce sont <strong>de</strong>s commerçants qui entreprennent <strong>de</strong> longs voyages entre la côte et<br />

le Niger. Leurs villages sont toujours <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> marchés.<br />

(15.) Diula : ayant fondé le royaume <strong>de</strong> Kong, ils se sont répan<strong>du</strong>s dans tout l’ouest <strong>de</strong> la<br />

<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>. Les Bobo-Diula, mandé d’origine comme les Diula, se sont établis dans la<br />

la région <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso. A<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> la religion musulmane. Le mot Diula est souvent<br />

employé aitort pour désigner les commerçants <strong>de</strong> toutes origines.<br />

31


1909<br />

avait pour inconvénient <strong>de</strong> donner libre cours à beaucoup. d’abus et <strong>de</strong> nuire pst<br />

conséquent a la bonne marche <strong>du</strong>ne administration directe. LI~dministrateur a<br />

enjoint à ces différents nabas <strong>de</strong> réintégrer immédiatement leurs villages respectifs<br />

et <strong>de</strong> rester désormais au milieu <strong>de</strong>s gens placés SOUS leurauton*té.<br />

Deux groupes d’indigènes, l’un mossi, l’autre SCL%O, <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Kiembara (situé<br />

à cinquante kilomètres à l’ouest <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>) se sont battus à la suite d’une<br />

querelle futile. L’redministrateur a quitte <strong>Ouahigouya</strong> le 27 avril pour se rendre<br />

sur les lieux <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nt.<br />

L’enquête effectuée à Kiembara a démontré qu ‘une fois <strong>de</strong> plus les Samos s’entaient<br />

laissés entrafner par leur esprit batailleur et indépendant. L ?nei<strong>de</strong>nt débuta par une<br />

contestation entre un mossi et un samo au sujet <strong>de</strong> <strong>de</strong>frichement d’un lougan et<br />

dégénéra rapi<strong>de</strong>ment en bataille.<br />

Les Samos, peu transigeants, tirèrent quelques flèches sur la soukalla mossi (16).<br />

Un Mossi fut tué et un autre blessé. Un notable samo, voulant s’interposer pour<br />

faire cesser la querelle, reçut lui-même plusieurs flèches venant <strong>de</strong>s Samos. Les<br />

coupables s’enfixirent aussitot dans le cercle <strong>de</strong> Koury avec leur famille. Une quinzaine<br />

<strong>de</strong> personnes sont ainsi passées sur le tem’toire voisin. U..e lettre a été adressée<br />

au Commandant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Koury pour que les coupables puissent être arrêtés<br />

et con<strong>du</strong>its à <strong>Ouahigouya</strong> où ils seront jugés. (17)<br />

Ce genre <strong>de</strong> querelles entre Samos est malheureusement assez frequent. Ces indigènes,<br />

comme nous l’avons déjià dit d’ailleurs, dans nos précé<strong>de</strong>nts rapports polifiques,<br />

sont très portés à se faire justice eux-mêmes. Supportant difficilement l’auton*té<br />

<strong>de</strong> leur chef <strong>de</strong> village et <strong>de</strong> tempérament très batailleur et susceptible, les Samos<br />

prennent <strong>de</strong> suite’leurs armes pour trancher leurs différends.<br />

Pendant cette tournée qui s’est effectuée tlcms les villages Samos, I’Administrateur<br />

s’est efforcé, au cours <strong>de</strong> fréquents et <strong>de</strong> longs palabres, <strong>de</strong> démontrer à ces indigènes<br />

combien cette maniere <strong>de</strong> faUe était néfaste, dangereuse et contraire à leurs<br />

propres intérêts. ll leur a déclaré que <strong>de</strong> semblables méfaits seraient sérieusement<br />

punis et qu ‘il n ‘hésiterait pas à faire un exemple.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations a été bon pendant le mois d’avril.<br />

(16) Soukalla : mot d’origine diula, utilisé dans l’ouest <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> et le nord <strong>de</strong> la<br />

Côte d’kolre pour désigner la «maisonnée» abritant la famille patriarcale. L’utilisation<br />

<strong>de</strong> ce mot est impropre au Yatenga. Il s’agit ici <strong>du</strong> zaka ou <strong>du</strong> Yiri.<br />

(17) Le cercle <strong>de</strong> Koury est frontalier <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Ouahlgouya, à l’ouest. Koury (chef-Lieu) fut<br />

abandonné ultérieurement pour Dédougou, en 1912, et le cercle <strong>de</strong>vint : cercle <strong>de</strong><br />

Dédougou.<br />

La querelle entre Samo et Mossi, dont il est question, montre que, dès le début <strong>du</strong> siècle,<br />

les Mossi commençaient à essaimer dans cette zone frontalière <strong>du</strong> Yatenga, à la recherche<br />

<strong>de</strong> nouveaux terrains <strong>de</strong> culture. L’afflux mossi dans cette zone a pris fin au cours <strong>de</strong>s<br />

années 50.<br />

32


MAI<br />

Faits nouveaux : Quelques pluies sont tombées et les indigénes ont commencé<br />

à ensemencer leurs lougans.<br />

Comme le fait se passe chaque année à cette époque, <strong>de</strong> nombreuses contestations<br />

naissent au sujet <strong>de</strong>s cultures. Quelques rixes éclatent entre les indigènes, principa-<br />

lement entre Peuls et Mossis ; les premiers laissant circuler leurs troupeaux dans les<br />

cultures <strong>de</strong> ceux-ci, peu tolérants et prompts à tirer <strong>de</strong>s flèches sur les animaux.<br />

Des ordres très sévères ont été donnés et .quelques punitions infligées, pour faire<br />

cesser cet état <strong>de</strong> chose.<br />

Tournées : Du 4 au 16 mai, I’Administrateur accompagné <strong>de</strong> Monsieur H., commis<br />

<strong>de</strong>s Affaires indigènes, a parcouru les régions sud et est <strong>du</strong> cercle. 11 a visité la<br />

province <strong>du</strong> Riziam et les cantons <strong>de</strong> Rattenga et <strong>de</strong> Zittenga dont les chefs, bien<br />

que dévoués à notre cause, manifestaient certaines vélléités d’indépendance. Très<br />

craints <strong>de</strong> leurs administrés, ces Nabas empêchaient parfois les plargnants d’arriver<br />

jusqu ‘à <strong>Ouahigouya</strong>. Dans <strong>de</strong> fréquents palabres, lildministrateur a expliqué auz<br />

indigènes qu’ils <strong>de</strong>vaient obéir à leurs chefs, nos représentants au milieu d’eux,<br />

lorsqu’ils transmettaient nos ordres et qu’ils agissaient suivant nos instructions, mais<br />

qu’ils ne <strong>de</strong>vaient pas les écouter lorsqu ‘ils voulaient leur interdire <strong>de</strong> venir présenter<br />

leurs doléances au chef-lieu.<br />

Les Nabas furent également prévenus d’avoir à changer leur manière <strong>de</strong> faire et que<br />

<strong>de</strong>s punitions très sévères leur seraient infligées dans le cas ou nous recevrions <strong>de</strong>s<br />

réclamations sur eux pour abus d’autorité OU exactions. Nous ne doutons pas que<br />

ces Nabas, ainsi avertis, ne se confinent plus scrupuleusement à l’avenir dans le rôle<br />

que nous voulons qu’ils aient : ladministration <strong>de</strong> leurs provinces.<br />

Au cours <strong>de</strong> cette tournée, nous avons pu nous rendre compte <strong>de</strong> la richesse en<br />

cultures et en troupeaux <strong>de</strong> cette partie <strong>du</strong> cercle. Les villages très peuplés sont<br />

situés seulement à quelques kilomètres les uns <strong>de</strong>s autres ; les lougans réunissent<br />

presque sans interruption les agglomérations d’indigènes et <strong>de</strong> nombreux troupeaux<br />

<strong>de</strong> peuls sillonnent tout le pays. Ces provinces, surtout celles<strong>du</strong> Riziam et <strong>de</strong> Zittenga<br />

sont également les plus commerçantes <strong>du</strong> Yatenga ; <strong>de</strong>s villages entiers font<br />

d’une manière continue le commerce <strong>du</strong> sel, <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton et <strong>de</strong>s colas<br />

entre Tombouctou et Saraféré d’une part et le cercle <strong>de</strong> Ouagadougou d’autre part.<br />

Les indigènes vont encore bien souvent en Gold-Toast. Nous avons insisté pour qu’ils<br />

exportent eux-mêmes et sans se servir d’intermédiaires leur coton et leurs animaux<br />

dans la colonie anglaise. Nous croyons que ces conseils seront suivis, car le marché<br />

<strong>de</strong> Tombouctou ayant été <strong>de</strong>rnièrement encombré par une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />

ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton, les indigènes que nous avons visités cherchent un autre débouché<br />

pour leurs pro<strong>du</strong>its. D’autre part, le Rùiam Naba, chef très intelligent et faisant<br />

<strong>de</strong>puis longtemps <strong>du</strong> commerce, usera <strong>de</strong> son injhrence morale pour gui<strong>de</strong>r ce<br />

mouvement d’exportation.<br />

33


1909<br />

JUIN<br />

Écoles : Nous nous sommes ren<strong>du</strong>s <strong>de</strong>rnièrement à l%kole et avons interrogé la<br />

plupart <strong>de</strong>s enfants. Quelques uns d’entre eux parlent couramment le français,<br />

savent écrire et connaissent les quatre opérations d’arithmétique.<br />

Tournées : L’Administrateur a effectué <strong>du</strong> 10 au 17 juin une tournée dans le<br />

Nord-Est <strong>du</strong> cercle qu’il nkvait pas encore parcouru. R était accompagné <strong>de</strong><br />

Monsieur le Docteur D., mé<strong>de</strong>cin ‘<strong>de</strong> lassistance indigène, en mission <strong>de</strong> vaccine<br />

dans le Yatenga (18).<br />

Les indigènes sont venus ans difficultés en très grand nombre pour se faire<br />

vacciner, montrant qu’ils accueillaient avec joie les soins que nous voulions bien leur<br />

donner.<br />

Au cours <strong>de</strong> cette tournée, 14 772 indigènes ont été vaccinés. Quelques jours aupa-<br />

ravant, Monsieur le Docteur D. avait inoculé à <strong>Ouahigouya</strong> même 1859 habitants ;<br />

ce qui porte à 16 631 le chiffre <strong>de</strong> vaccinations effectuées pendant ce mois. Ce<br />

nombre atteint en peu <strong>de</strong> jours suffit à lui seul à prouver quel succès la m.ission <strong>de</strong><br />

vaccine <strong>de</strong> Monsieur le Docteur D. obtient dans le cercle.<br />

JUILLET<br />

Faits nouveaux : Une épizootie, désignée par les peuls sous le nom <strong>de</strong> Nagatenga<br />

a sévi dans les troupeaux <strong>de</strong> bc=eufs <strong>du</strong> cercle au début <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> juillet. Cette<br />

maladie très contagieuse a fait un nombre restreint <strong>de</strong> victimes ; <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong><br />

prophylaxie rigoureuses ayant été prises dès que nous et2mes connaissance <strong>de</strong> ce<br />

qu’elle causait. Elle serait occasionnée, aux dires <strong>de</strong>s indigènes, par les premières<br />

pluies et à l’heure actuelle, Pépùootie est complètement disparue.<br />

La fête nationale a été célébrée avec tout l’éclat voulu. Plus <strong>de</strong> 1500 cavaliers se<br />

sont ren<strong>du</strong>s à cette occasion à <strong>Ouahigouya</strong> et tous les chefs <strong>de</strong> canton et les chefs<br />

<strong>de</strong> tribus peules sont venus saluer le Commandant <strong>de</strong> cercle et témoigner à nouveau<br />

<strong>de</strong> leur soumission et <strong>de</strong> leur dévouement à notre autorité.<br />

Deman<strong>de</strong>s : pai l’honneur <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Monsieur le Gouverneur <strong>de</strong> vouloir bien<br />

envoyer un fonctionnaire à <strong>Ouahigouya</strong> pour remplacer Monsieur M., commis <strong>de</strong>s<br />

affaires indigènes, évacué le 27 juillet <strong>de</strong>rnier sur l’hôpital <strong>de</strong> Kati.<br />

(18) L’Assistance Médicale Indigène (A.M.I.) est encore, à cette date, peu active. <strong>Ouahigouya</strong><br />

n’a pas <strong>de</strong> docteur affecté en permanence.<br />

Les docteurs sont mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> l’armée coloniale, formés. à l’lkole <strong>de</strong> Santé <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />

et détachés au service <strong>de</strong>s colonies.<br />

34


1909<br />

AOÛT<br />

Impôt :Pendant le .mois qui vient <strong>de</strong> s’écouler, <strong>de</strong> nombreux chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong><br />

villages sont venus spo’ntanément au Cercle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong> leur impôt<br />

pour 1910.<br />

Ce fait montre que les indigènes semblent avoir enfin compris que leur intérêt était<br />

<strong>de</strong> ne pas attendre au <strong>de</strong>rnier moment pour <strong>recueil</strong>lir les sommes nécessaires au<br />

paiement <strong>de</strong> leurs contributions.<br />

Les années précé<strong>de</strong>ntes, les habitants <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> vendaient leurs<br />

pro<strong>du</strong>its aux Dioulas <strong>de</strong> passage. Ceux-ci profitant <strong>du</strong> manque <strong>de</strong> numéraire dans<br />

le Yatenga, n ‘offiaient que <strong>de</strong>s prix dérisoires <strong>de</strong>s animaux et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées qui leur<br />

étaient présentés, et les indigènes poussés par le besoin <strong>de</strong> se procurer <strong>de</strong> l’argent se<br />

voyaient contraints d’accepter ces offies. Il en résultait donc pour eux <strong>de</strong>s pertes<br />

sensibles.<br />

Aussi, les Peuls et les Mossis <strong>du</strong> cercle, suivant en cela les conseils qui leur furent<br />

donnés à maintes reprises, vont con<strong>du</strong>ire eux-mêmes, cette année, leurs pro<strong>du</strong>its sur<br />

les marchés extérieurs sur lesquels ils trouveront <strong>de</strong>s prix beaucoup plus rémuné-<br />

rateurs qu ‘au Yatenga.<br />

De nombreux «laissez-passer» leur ont déjà été délivré à ce sujet. Nous encoura-<br />

geons vivement les indigènes à partir dès maintenant vendre leurs animaux et leurs<br />

<strong>de</strong>nrées en Gold-Coast, a la Côte d+oire et dans les cercles voisins afin d’t%ter la<br />

baisse <strong>de</strong>s prix qui a lieu à la fin <strong>de</strong> chaque année sur les marchés, <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la<br />

concurrence et <strong>de</strong> la surabondance <strong>de</strong> marchandises.<br />

Tournées : Monsieur H., parti en tournée dans la région sud-est <strong>du</strong> cercle le 20 juil-<br />

let est rentré à <strong>Ouahigouya</strong> le 5 aout. Il avait pour mission <strong>de</strong> faciliter la tâche <strong>de</strong><br />

Monsieur le Docteur D. en tournée <strong>de</strong> vaccine et <strong>de</strong> lever une partie <strong>de</strong> la frontière<br />

avec Ouagadougou.<br />

Partout, il a reçu un excellent accueil <strong>de</strong>s indigènes qui, au nombre <strong>de</strong> 23 156, se<br />

sont fait vacciner.<br />

M. H. a également effectué <strong>du</strong> 15 au 21 août une petite tournée dans la région<br />

i\rord <strong>du</strong> cercle au cours <strong>de</strong> laquelle la route <strong>Ouahigouya</strong>-Bandiagara a été kilométrée<br />

et quelques villages, encore non visités et mal situés sur les cartes. ont été traversés.<br />

OCTOBRE<br />

&ole La rentrée s’est effectuée le ler octobre avec 35 élèves ; la plupart fils<br />

<strong>de</strong> chefs.<br />

3r ~?%Itice indigène : Le chiffre <strong>de</strong>s jugements ren<strong>du</strong>s par le tribunal <strong>de</strong> Province est le<br />

plus élevé que nous ayons atteint jusqu ‘a ce jour dans le cercle. Il ne faut pas<br />

35


1909<br />

cependant, à notre avis, voir dans ce fait une augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s délin-<br />

quants <strong>du</strong> Yatenga. La principale cause, en effet, qui pousse ordinairement les<br />

indigènes à commettre quelques délits : la famine et la misère, ne peut être prise en<br />

considération dans un pays comme celui-ci ou les récoltes ont été cette année très<br />

abondantes, ainsi d’ailleurs que les années précé<strong>de</strong>ntes, et où les populations très<br />

généreuses secourent toujours les indivi<strong>du</strong>s dans le besoin . . .<br />

Nous pensons que sinotre juridiction localea eu un aussifort chiffre d’affaires correc-<br />

tionnelles à examiner, cela tient tout simplement à ce que les nabas sont plus péné-<br />

trés <strong>de</strong> leurs <strong>de</strong>voirs que jadis et qu’ils protègent mieux leurs administrés contre les<br />

gens <strong>de</strong> leur propre entourage, formé genéralement <strong>de</strong> jeunes pillards sans scrupules.<br />

NOVEMBRE<br />

Faits nouveaux : L agitation qui règne <strong>de</strong>puis quelques temps chez les Habbés <strong>de</strong> la<br />

falaise <strong>de</strong> Bandiagara (19) et l’assasinat <strong>de</strong> Monsieur V. ont eu une legere réper-<br />

cussion chez les habitants <strong>du</strong>Nord-Est <strong>du</strong> Yatenga. De même, l’excitation qui existe<br />

chez les Peuh <strong>du</strong> Djelgodji (cercle <strong>de</strong> Don) et dont nous fit part télégraphiquement<br />

le Commandant <strong>de</strong> ce ternetoire, provoqua quelque émotion chez les populations <strong>du</strong><br />

cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, voisines <strong>de</strong> cette province. Bien qu ‘à notre avis, nous n’ayons<br />

pas à craindre un mouvement <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s populations habitant près <strong>de</strong> la limite<br />

<strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> Bandkgara et <strong>de</strong> Dori, nous avons cru <strong>de</strong>voir les faire surveilleF”<br />

étroitement. Les Peuls Fittobés, tribu assez remuante, mais non hostile à notre<br />

autorité, font l’objet d’une attention toute spéciale. Les Peuh <strong>de</strong> cette @action qui<br />

font paître leurs troupeaux, ainsi que le fait se pro<strong>du</strong>it tous les ans, dans les terril<br />

toires voisins, près <strong>de</strong> la efalaise> et dans le Djelgogji, ont été invités à rentrer<br />

immédiatement dans leurs villages respectifs.<br />

Si le mouvement <strong>de</strong>s Habbés na eu aucun effet politique sur les habitants <strong>du</strong><br />

cercle <strong>de</strong> Onahigouya, il a eu par contre <strong>de</strong>s conséquences facheuses pour le<br />

commerce local. Les Dioulas, mal renseignés ou exagérant les faits, ont éte effrayés<br />

par les bruits qui couraient et craignant <strong>de</strong> ne plus trouver la route <strong>du</strong> Nord (Banh-<br />

Douentza-Saraféré) Sure pour le tranport <strong>de</strong> leurs marchandises ont moins voyagé<br />

qu ‘à 1 ‘ordinaire .,.<br />

Tournées : Du 13 octobre au 3 novembre, Monsieur H., commis <strong>de</strong>s affaires<br />

indigènes parcourut les ré@‘ons Sd-est et Est <strong>du</strong> cercle, en passant près <strong>de</strong> la<br />

limite <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong>, Ouagadougou et <strong>de</strong> Dori qu ‘il avait mission <strong>de</strong> relever . . .<br />

(19) Habbe (ou Dogon) : habitants <strong>de</strong>s falaises gréseuses <strong>de</strong> Bandiagara, au nord-ouest <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong>. Il s’agit d’un habitat-refuge, conséquence <strong>de</strong> la pénétration mossi et peu1<br />

dans cette rkgion.<br />

36


1909<br />

Monsieur C., adjoint <strong>de</strong>s affaires indigènes effectua une tournée <strong>du</strong> 7 au 28 novem-<br />

bre, dans le Sud-Ouest, l’Ouest et le Nord-Ouest <strong>du</strong> cercle afin <strong>de</strong> pouvoir relever<br />

topographiquement la limite <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, Ouagadougou, Koury et<br />

Bandiagara.<br />

Du 8 au 28 novembre, 1;ldministrateur visita la région samo (Ouest <strong>du</strong> cercle). Au<br />

cours <strong>de</strong> cette tournée, il rencontra Monsieur B., administrateur <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Koury,<br />

Les <strong>de</strong>ux commandants <strong>de</strong> cercle réglèrent certaines questions concernant les Samos,<br />

habitant <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière, et s’entendirent sur les mesures à prendre<br />

pour éviter qu’à l’avenir les indigènes faisant l’objet <strong>de</strong> réclamations ou <strong>de</strong> pour-<br />

suites judiciaires ne se soustraient pas aux recherches <strong>de</strong> leur commandant <strong>de</strong> cercle.<br />

Il arrivait fréquemment, en effet, que <strong>de</strong>s Samos <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, ayant<br />

commis quelques faits répréhensibles, s’enfuyaient sur le territoire <strong>de</strong> Koury ou<br />

inversement, trouvant facilement asile dans les vilhzges <strong>de</strong> la circonscription<br />

voisine . ..(20).<br />

DÉCEMBRE<br />

Impôt : Une gran<strong>de</strong> activité a régné dans tout le cercle pendant le mois qui vient <strong>de</strong><br />

s’écouler. Les indigènes ont été très occupés à rassembler le numéraire nécessaire au<br />

paiement <strong>de</strong> leur impôt pour l’année 1910. Nous avons tout lieu <strong>de</strong> croire que la<br />

perception <strong>de</strong> celui-ci commencera dès le début <strong>de</strong> janvier.<br />

Impot : Les indigènes ont fait preuve d’une réelle bonne volonte a sacquitter rapi-<br />

<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> leurs contributions. D’ailleurs, il faut le reconnaître, l’impôt pese très<br />

légèrement sur les habitants <strong>du</strong> Yatenga : 138 000 francs pour 2.50 000 habitants<br />

environ en 1909.<br />

Une légère augmentation a été prévue pour l’année 3910 ; les indigenes <strong>du</strong> cercle<br />

auront, en effet, à verser 657 600 francs, ce, qui donne un taux <strong>de</strong> 0,60 A=. par tête<br />

pour les Mossis et les Samos et <strong>de</strong> I,50 Fr. pour les peuls ; chiffres peu excessifs si<br />

on les compare à ceux <strong>de</strong> certains cercles. Nous ne croyons pas cepen&nt qu’il y ait<br />

(20) Les fuites <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong>s circonscriptions sont dénoncées ici pour la<br />

première fois. C’est un fait banal que nous aurons l’occasion d’observer souvent dans les<br />

rapports.<br />

37


1909<br />

liac paugmenter le rôle pottr Pannée 1911, si l’on veut suivre la progression <strong>de</strong>s<br />

ressources <strong>du</strong>* Yatenga.<br />

En 1909, nous avons continue, ce qui avait commencé les années précé<strong>de</strong>ntes, <strong>de</strong><br />

percevoir autant que possible l’impôt par village. Pour certains cantons (Riziam,<br />

Rattenga, etc..) les Nabas ont apporté encore eux-mêmes l’impôt <strong>de</strong> toute leur<br />

région d apres la répartition qu’ils avaient faite entre leurs viltiges. Il nous a fallu<br />

également nous servir <strong>de</strong> leur intermédiaire pour établir, au mois <strong>de</strong> mai <strong>de</strong>rnier, le<br />

role <strong>de</strong> Pannée 1910, le recensement <strong>de</strong> leur contrée n’ayant pas été fait et naayant<br />

pas pu nous rendre compte nous-même <strong>de</strong> visu <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s agglomérations.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populrstions : Les indigenes ont été très calmes, s’occupant uniquement<br />

<strong>de</strong> leurs cultures et <strong>de</strong> leur commerce.<br />

La surexitation existant chez les Habbès <strong>de</strong> la falaise <strong>de</strong> Bandiagara, les opérations<br />

faites chez ces indivi<strong>du</strong>s ont eu une légère répercussion chez les habitants <strong>du</strong> AJord et<br />

<strong>du</strong> Nord-Est <strong>du</strong> Yatenga. Mais cette répercussion ne se tra<strong>du</strong>isit que par <strong>de</strong> l’inquié-<br />

tu<strong>de</strong> et par un malaise, bien compréhensible d’ailleurs, et tout rentra dans Perdre<br />

et le calme après quelques bonnes paroles . . .<br />

Questions musulmanes : Les questions musulmanes ne nous ont nullement préoccupé<br />

pendant Pannée 1909. D ailleurs les musubnans sont relativement peu nombreux<br />

dans le cercle : 40 000 environ sur 2.50 000 habitants. Presque tous appartiennent a<br />

As race peu1 et a la race dioula. Dautre part, les Peuls paraissent peu convaincus et<br />

ne font


1909<br />

a <strong>de</strong>mandé à ne plus dtkmais faire, parrie <strong>de</strong> cette juridiction, à cause <strong>de</strong> son grand<br />

âge, nous avons jugé uhle <strong>de</strong> le remplacer pour l’année prochaine. Les <strong>de</strong>rniers<br />

pouvÔirs disparaissent donc <strong>de</strong> cette façon sans heurt et sans susciter d’obstacles.<br />

Le grand Naba n’en continue .pas moins à jouir d’une certaine influence morale et<br />

à être vénéré <strong>de</strong>s indigènes. .Les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> villages viennent encore le<br />

saluer les jours <strong>de</strong> fête OU chaque fois qu ‘ils se ren<strong>de</strong>nt au chef lieu, mais on sent fort<br />

bien qu’ils accomplissent cette cérémonie par déférence et par habitu<strong>de</strong> plutôt que<br />

pour rendre hommage à son autorité.<br />

Les dignitaires placés auprès <strong>de</strong> ce chef : le Togo-Naba, le Baloum-Naba, le Widi-<br />

Naba et le RassamiNaba également ne jouissent plus d’un bien gros prestige. Très<br />

puissants autrefoiS,, ils se sont Vus peu à peu retirer leur autorité et sont employés<br />

actuellement simplement pour porter les ordres <strong>du</strong> Cercle dans les provinces qu ‘ils<br />

commandaient il y a quelques années. A diverses reprises, au cours <strong>de</strong> 1909, ils ont<br />

bien eu quelques velléités <strong>de</strong> se considérer comme ayant toujours leurs attributions<br />

d’antan, mais <strong>de</strong> sévères observations ou quelques punitions ont suffi pour les<br />

ramener au rôle que’ nous voulions bien leur donner . . .<br />

Les Mossis eux-mêmes, sentant qu’ils trouvent en nous <strong>de</strong>s protecteurs leur rendant<br />

la justice, vont <strong>de</strong> moins en moins trouver les Nabas <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Le mossi est<br />

essentiellement malléable et discipliné, à condition toutefois <strong>de</strong> ne pas le laisser<br />

trop à lui-même et <strong>de</strong> vivre bien auprès <strong>de</strong> lui. De caractère craintif et soumis, il suit<br />

facilement le chef qui manifeste fortement son autorité. C’est ce qui explique<br />

d’ailleurs son obéissance passive <strong>de</strong> jadis aux Nabas et qui a ren<strong>du</strong>, <strong>de</strong>puis, notre<br />

administration plus aisée.<br />

Autant le Mossi est disciplinéet docile, autant le &mo est turbulent et indépendant.<br />

Ne .supportant aucune autorité, les Samos n’obéissent, même pas à leurs chefs <strong>de</strong><br />

village et, à plus forte raison, ne veulent-ils pas admettre chez eux <strong>de</strong> Nabas mossi.<br />

Jusqu ti ce jour, ils se sont montrés réfractaires à nos principes. Pour arriver à <strong>de</strong><br />

bons résultats avec cette race, ils nous faudra continuer à parcourir fréquemment<br />

la région qu’elle habite. Au- cours <strong>de</strong> l’annee 1909, cinq tournées ont été effectuées<br />

chez les Samos . . .<br />

Les Pe&s <strong>du</strong> Yatenga ne nous ont pas créés <strong>de</strong> difficultés. Intelligents, mais hypo-<br />

crites, ces indigènes ont parfaitement compnk, <strong>de</strong>puis longtemps, tous les avantages<br />

qui résultaient pour eux <strong>de</strong> notre présence dans le pays. Gnîce à nous, ils peuvent,<br />

en effet, parcourir tout le cercle, sans crainte d’être pillés par les Mossis et les Samos.<br />

Si, pour les Mossis, nous avons <strong>de</strong>puis”fiusieurs années diminué jusqu’à la rendre<br />

nulle, l’autorité <strong>de</strong>s Grands Nabas, pour les Peuls, nous avons <strong>du</strong> suivre une politique<br />

toute différente. Les Peuls sont, par leur genre <strong>de</strong> vie, essentiellement noma<strong>de</strong>s, par-<br />

courant tout le cercle et allant parfois dans les tem.toires voisins pour faire paître<br />

leurs troupeaux et échappent ainsi à la surveillance que nous pouvons exercer sur<br />

les autres races. D’autre part, ces indigènes sont fourbes et se plient fort diffici-<br />

lement à une discipline étroite. Nous avons, par conséquent, été obligés <strong>de</strong> nous<br />

servir <strong>de</strong> leurs chefs naturels dont nous avons confirmé l’autorité en la contrôlant<br />

<strong>de</strong> très près. Et gnîce à ce procédé que nous employons encore, nous avons pu<br />

amener à nous <strong>de</strong>s gens qui, autrement, auraient échappé à notre influence.<br />

39


1909<br />

Deman<strong>de</strong>s : . . . Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne possè<strong>de</strong> pas <strong>de</strong> dispensaire et dépend au<br />

point <strong>de</strong> vue médical <strong>de</strong> Bandiagaa, éloigné <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 180 kilomètres par la route.<br />

D’autre part, le Yatenga, peuplé <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 000 habitants, constitue un champ<br />

assez vaste pour qu’un mé<strong>de</strong>cin puisse y exercer son art et y trouver un nombre<br />

respectable <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s. Il serait très désirable, dans l’intérêt <strong>de</strong>s indigènes <strong>du</strong> cercle<br />

qui supporteraient essentiellement ce supplément <strong>de</strong> dépenses, <strong>de</strong> créer un dispen-<br />

saire à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Peut-être même, pourrait-on faire <strong>du</strong> cercle un centre vaccinogène. La situation<br />

géographique <strong>du</strong> Yatenga entre les cercles <strong>de</strong> Koury, Bandiagara, Ouagadougou et<br />

Dori, son éloignement relativement faible <strong>du</strong> laboratoire <strong>de</strong> Bamako, la facilité avec<br />

laquelle on peut trouver <strong>de</strong>s génisses à <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> location avantageux à toute<br />

époque df l’année, le climat très sain pour les animaux, sont autant <strong>de</strong> raisons qui<br />

plai<strong>de</strong>nt en fwreur <strong>de</strong> l’installation <strong>de</strong> cet établissement . . .<br />

Il serait à souhaiter <strong>de</strong> voir <strong>Ouahigouya</strong> relié par un fil avec un <strong>poste</strong> voisin, soit<br />

avec Bandiagara, soit avec Don’ ou Yako . . .<br />

Conclusions : L keuvre d’organisation politique et administrative <strong>du</strong> Yatenga peut<br />

etre considérée comme en bonne voie d’achèvement.<br />

Les indigènes, visités <strong>de</strong> nombreuses fois au cours <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années, paraissent<br />

pour la plupart avoir compris quel était le but que nous poursuivions ici. Débarrassés<br />

<strong>du</strong> joug pesant <strong>de</strong>s Nabas qui les opprimaient et les molestaient continuellement2 ils<br />

ont pu apprécier les bienfaits <strong>de</strong> notre ct?uvre qui leur a donné la liberteà laquelle<br />

ils avaient dsoit <strong>de</strong> prétendre et a développé chez eux le sentiment <strong>de</strong> propriété (.-.).<br />

Sous les conseils qui leur furent à maintes reprises psodigués, les indigènes <strong>de</strong> ces<br />

réglons ont senn* naître chez eux le besoin <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> bien &re ; sachant qu’ils<br />

trouveraient en nous <strong>de</strong>s protecteurs puissants contre les abus <strong>de</strong> toutes sortes, ils<br />

ont voulu rendre leur existe matérielle plus agréable.<br />

Ils ont pris goût au commerce qui jusqu’alors n Vtait entre les mains que <strong>de</strong> quel-<br />

ques Mandingues ou <strong>de</strong> Haoussas (21) venus d’un pays étranger- Aujourdhui, le<br />

nombre <strong>de</strong> Mossis qui vont trafïquer dans les ter&oires voisins, en Gold-C’oast et en<br />

Cote d ‘Pvoire est relativement important et va toujours croissant...<br />

Ces faits nous montrent combien les indigènes ont confiance en nous et savent<br />

apprécier les efforts que nous faisons pour leur apporter la sécurke <strong>de</strong>s biens et <strong>de</strong>s<br />

personnes et pour les initier peu à peu à nos principes <strong>de</strong> civilisation.<br />

--<br />

(21) Manding et Haussa sont <strong>de</strong>s termes employkç dans ce texte, au mème titre que Diula,<br />

c’est-à-dire : commerpants musulmans, colporteurs.<br />

40


1910 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Impôt : La presque totalité <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> l’impôt a été recouvrée pendant le mois <strong>de</strong><br />

janvier. 1.53874,60 Fr. ont été encaissés sur la somme <strong>de</strong> 1.57638,75 Fr. prévus.<br />

Il reste donc encore à recouvrer 3 764,15 Fr. Les indigènes ont apporté la meilleure<br />

bonne volonté à acquitter leur taxe et aucune difficulté ne s’est présentée.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations :Excellent.<br />

Questions musulmanes :Rien à signaler.<br />

Tournées :Aucune tournée n’a été effectuée pendant ce mois.<br />

Deman<strong>de</strong>s :Néant.<br />

FÉVRIER<br />

Faits nouveaux :Messieurs V. et B., rapatriables, ont quitté <strong>Ouahigouya</strong> le ler fé-<br />

vrier rentrant par la route <strong>de</strong> Kota-y-San-Ségou (22).<br />

. . . Le 7 février, le nommé R., considéré comme dangereux et qui s’était enfui <strong>de</strong> la<br />

prison <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> il y a quelques mois, a été arrêté... Cette arrestation a eu un<br />

certain retenh’ssemerit dans tout le cercle et a été pour notre autorité une excellente<br />

réclame auprès <strong>de</strong>s indigènes.<br />

Impôt : Il reste à percevoir encore une somme <strong>de</strong> 2 157,35 Fr. Cette somme est <strong>du</strong>e<br />

en entier par quelques villages Samos qui ont apporté un peu <strong>de</strong> négligence, mais<br />

certainement pas <strong>de</strong> mauvaise volonté, à s’acquitter <strong>de</strong> leur tribut. Les Samos sont,<br />

en effet, <strong>de</strong>s culh*vateurs qui n’ont guère d’autres ressources que le mil qu’ils récol-<br />

tent. Ils n *ont point <strong>de</strong> bétail et se ren<strong>de</strong>nt assez difficilement sur les marchés<br />

éloignés, où ils ne peuvent se faire comprendre que difficilement pour échanger les<br />

(22) Le <strong>poste</strong> <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, ainsi que le «cercle <strong>de</strong> Mossi» étaient reliés davantage au Niger<br />

qu’à la côte <strong>du</strong> Bénin, suite aux particularités <strong>de</strong> la conquête coloniale.<br />

Le personnel administratif, qui est signalé rentrer en congé, regagne sans doute Dakar.<br />

II fallait, a cette époque, vingt jours <strong>de</strong> cheval, avec les porteurs <strong>de</strong> bagages qui suivaient,<br />

pour atteindre Ségou à partir <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. De Ségou, situé sur le Niger, les voyageurs<br />

embarquaient sur <strong>de</strong>s chalands jusqu’à Bamako qui, <strong>de</strong>puis 1904, était relié à Kayes<br />

(capitale <strong>du</strong> Haut S6négal - Niger jusqu’en 1908) par la voie ferrée. De Kayes à St-Louis<br />

(sur la côte sénégalaise) il fallait emprunter le fleuve Sénégal et le trajet <strong>du</strong>rait un mois.<br />

Enfin, la voie ferrée permettait d’atteindre Dakar, à partir <strong>de</strong> St-Louis.<br />

41


1910<br />

pro<strong>du</strong>its naturels <strong>de</strong> leur pays. Or, le mil ne se récolte qu’a partir <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong><br />

novembre. Ils sont obligés <strong>de</strong> le vendre contre cauris, sur place, à <strong>de</strong>s prix peu<br />

elevés. Les cauris qu’ils en tirent ne peuvent pendant les mois <strong>de</strong> décembre, janvier<br />

et février être échangés contre <strong>de</strong>s .espèces qu “à raison <strong>de</strong> 12 à 14 000 cauris pour<br />

5 francs. Dans ces conditions, beaucoup préfèrent, et, à notre avis, ils ont parJai-<br />

tement raison, attendre que le taux <strong>de</strong>s cauris soit remonté pour apporter au cercle<br />

les quelques centaines <strong>de</strong> francs qu’ils doivent encore...<br />

Attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chefs et personnages influents : . ..Les cantons mossis ont presque tous,<br />

è leur tête, <strong>de</strong>s chefs quelconques, manquant un peu d’autorité et <strong>de</strong> qui nous<br />

n’avons guère 0 craindre d’exact-ions. L ‘un <strong>de</strong>s Nabas <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, le Ouidi-Naba,<br />

a été condamné à six mois <strong>de</strong> prison, par le tribunal <strong>de</strong> Province, pour avoir aidé le<br />

nommé R. à se soustraire à nos recherches dirigés contre lui.<br />

Tournt!es : Monsieur A., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, a été envoyé en tournée<br />

pour la remise en État <strong>de</strong> la route <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a Ouagadougou, par YA~O et la<br />

réfection <strong>de</strong>s campements (23). Monsieur C. adjoint <strong>de</strong>s affaires indigènes a quitté<br />

<strong>Ouahigouya</strong> le 17 féÜrier pour effectuer en pays Samo une tournée admtnistrative<br />

et <strong>de</strong> recensement-. Cette tournée <strong>du</strong>rera environ un mois.<br />

Tribunal ind@ne : Le nombre <strong>de</strong> vols et <strong>de</strong> rixes continue toujours à être considé-<br />

rable en cette saison. L ‘abondance <strong>de</strong> mil et, par suite, la quantité <strong>de</strong> dolo i.24) qui<br />

se consomme n’y est pas étrangere. On peut dire, sans craindre d’etre taxe d’exugé-<br />

ration, que la moitié <strong>de</strong> la population mossi et samo est ivre chaque jour. Tous<br />

n’ont pas le dolo gai et pour <strong>de</strong>s motifs ftttils <strong>de</strong>s coups sont échangés Le vol qui,<br />

daprès la coutume, etait, avant notre occupation, simplement puni par le rembour-<br />

sement <strong>de</strong> la chose volée, semble tout naturel. Pendant les trois premiers rnois <strong>de</strong><br />

l’année, soixante et une condamnations pour vol ont été prononcées pur le tribunal<br />

<strong>de</strong> Province...<br />

Impôt : dl a été perçu a ce titre I832,60 Fr pendant le mois ecoulé. Il reste encore<br />

<strong>du</strong>s 324,75 Fr. par les villages §‘amos. Ce reliquat rentrera <strong>de</strong>s que les gens qui sonipartis<br />

QU loin, &Changer les pro<strong>du</strong>its récolt-és OU chercher <strong>du</strong> navail, seront <strong>de</strong> retour,<br />

c’est-à-dire avant 1 ‘hivernage.<br />

--<br />

(23) Les campements administratit’s étaient dispos& le long <strong>de</strong>s itinéraires, tous les 25 km : dis-<br />

tance parcourue par <strong>de</strong>s porteurs en une journée.<br />

(24) Dob : bière <strong>de</strong> mil.


1910<br />

AVRIL<br />

Questions en cours :Aucun fait important n’a mérité <strong>de</strong> mention spéciale. Les vols<br />

et les rixes continuent à être aussi fréquents malgré les ordres donnés pour les<br />

empêcher (25).<br />

Impôt :Il a eté perçu, à ce titre, pendant le mois écoulé 324,7.5 Fr. ; somme qui<br />

restait dûe par les villages samos <strong>de</strong> Kiembara et <strong>de</strong> Bangassogo. L ‘impôt <strong>du</strong> cercle<br />

pour l’année 1910 est donc complètement rentré.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations semble généralement bon. Toute-<br />

fois, en pays Samo, les chefs <strong>de</strong> village ne sont nullement obéis et, en pays Mossi, les<br />

indigènek font preuve d’une indifférence complète à notre égard, considérant que<br />

lorsqu’ils se sont acquittés <strong>de</strong> leur impôt, ils sont libérés <strong>de</strong> tout <strong>de</strong>voir vis à vis <strong>de</strong><br />

l’autorité française.<br />

Questions en cours : . . . nous rendons compte que les «Fils <strong>de</strong> Sagau (groupe <strong>de</strong> chefs<br />

ayant lutté contre les colonnes françaises et <strong>de</strong>meurés sous surveillance après avoir<br />

réintégrer leurs villages <strong>du</strong> Yatenga) se sont réunis au nombre <strong>de</strong> 150 environ à<br />

Lougouri et ont envoyé le chef <strong>du</strong> village près <strong>du</strong> Grand Naba pour obtenir <strong>de</strong> celui-<br />

ci leur pardon.<br />

Depuis le commencement <strong>de</strong> la saison <strong>de</strong>s pluies, les vols et les rixes paraissent dimi-<br />

nuer un peu. En revanche, un certain rwmbre <strong>de</strong> contestations <strong>de</strong> terrains <strong>de</strong> culture<br />

ont été présentés au Cercle ainsi que <strong>de</strong> nombreuses réclamations dïnd&-ènes contre<br />

leurs femmes qui avaient abandonné le domicile conjugal. Les Mossis semblent<br />

trouver tout naturel que leurs épouses, après la récolte, aillent se faire héberger<br />

ailleurs mais, dès le début <strong>de</strong> l’hivernage, ils les réclament pour les travaux <strong>de</strong>s<br />

champs. Il y a là une mentalité qu’on ne retrouve guère chez les autres races <strong>de</strong> la<br />

colonie.<br />

MAI<br />

JUIN<br />

Faits nouveaux : Les pillages, bien que moins fréquents qu’il y a quelques mois,<br />

continuent néanmoins à être assez nombreux... Au cours <strong>de</strong>s tournées effectuées ce<br />

(25) Les vols et rixes dont il est fait état n’ont sans doute aucun rapport avec l’absorption<br />

d’alcool. Le commandant ignore, ou feint d’ignorer, que cette situation est dûe a la<br />

,pénurie <strong>de</strong> vivres, conséquence d’une récolte peu abondante en 1909, contrairement<br />

aux affiiations incluses dans le rapport d’octobre 1909.<br />

43


1910<br />

mois, il a été reconnu qu’une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> fusils à pierre, détenus par les<br />

indigènes, n’avaient pas été immatriculés, mal&! les très nombreux avertissements.<br />

Justice indigkze : Le tri&wuz~ <strong>de</strong> Province a eu à connaîtie pendant le mois écoulé<br />

<strong>de</strong> six affaires civiles et <strong>de</strong> soixante six affaires correctionnelles... L’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

juges continue à être satisfaisante.<br />

JUILLET<br />

Faits nouveaux : Les indigènes sont partout occupés aux travaux <strong>de</strong>s champs et se<br />

présentent moins nombreux actuellement que pendant la saison sèche, au bureau-<strong>du</strong><br />

Cercle pour exposer leurs réclamations. La fête nationalea été célébrée à <strong>Ouahigouya</strong><br />

avec tout l’éclat habituel...<br />

Le total <strong>de</strong>s fusils confisqués jusqu’a ce jour s’élève à 250. Ce petit désarmement<br />

s’est effectué sans difficulté, les indigènes sachant parfaitement qu’ils étaient en<br />

faute. Il est à remarquer que la plupart <strong>de</strong> ces armes ont été achetées chez les<br />

Habbés, <strong>de</strong>puis peu <strong>de</strong> temps.<br />

ImpBt : Quelques chefs <strong>de</strong> village soni déjà venus <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong> leur<br />

impôt pour 19Il. Il y a donc lieu <strong>de</strong> croire que les indigènes se préoccupent dès<br />

maintenant <strong>de</strong> <strong>recueil</strong>lir les espèces nécessaires à l’impôt et que les perceptions <strong>de</strong><br />

I91I se feront sans difficultés si la récolte est bonne.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations est bon. Cependant, on ne trouve<br />

chez les indigènes que peu <strong>de</strong> bonne volonté lorsqu’on veut les réunir, soit pour un<br />

palabre, soit pour les recenser. Et il am*ve encore fréquemment que lorsqu’un<br />

Européen arrive dans un village qui n’a @as été visité <strong>de</strong>puis longtemps, toute la<br />

population, à l’exception <strong>de</strong> quelques vieillards, s’enfuit dans la brousse. Ce n’est<br />

qu’après plusieurs heures que l’on peut am.ver à les rassembler.<br />

Affaires militaires : Monsieur I’Administrateur adjoint L.H., en mission pour le<br />

recrutement <strong>de</strong>s troupes noires, est arrivé à <strong>Ouahigouya</strong> le 28 juillet. Le 29, la<br />

plupart <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> vilhzges ont été réunis à <strong>Ouahigouya</strong> et il a été<br />

décidé qu’ils s’engageaient à fournir, à partir <strong>de</strong> 1911, un recrutement semi-volon-<br />

taire <strong>de</strong> 250 jeunes gens, soit environ 1 pour 1000 <strong>de</strong> la population imposable <strong>du</strong><br />

cercle (26).<br />

(26) 11 s’agit <strong>du</strong> premier recrutement militaire dans le cercle.<br />

44


1910<br />

SEPTEMBRE<br />

Faits nouveaux : . . . Dans la première partie <strong>du</strong> mois, les indigenes ont manifesté une<br />

certaine inquiétu<strong>de</strong> pour la récolte <strong>du</strong> mil qui séchait sur pied faute d’eau et avant<br />

d’avoir grainé ; mais <strong>de</strong> toutes parts, les sacrifices <strong>de</strong> poulets et <strong>de</strong> moutons ont été<br />

assez nombreux . ..(illisible).<br />

Quèstions musulmanes : Un marabout venu <strong>de</strong> Ouagadougou, a essayé d’ouvrir une<br />

école dans le quartier <strong>de</strong>s Dioulas à <strong>Ouahigouya</strong> sans avoir <strong>de</strong>mandé l’autorisation<br />

préalable. Cet indigène a été puni <strong>de</strong> quinze jours <strong>de</strong> prison et sera expulsé à l’expi-<br />

ration <strong>de</strong> sa peine.<br />

(Les rapports <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier trimestre 1910<br />

n’ont pas été retrouvés.<br />

Les informations <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> septembre<br />

laissent prévoir une mauvaise récolte.)<br />

45


46<br />

a<br />

a


1911 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Faits nouveaux : L’Administrateur-Adjoint C. a pris le service à la date <strong>du</strong> ler janvier.<br />

Tous les chefs <strong>de</strong> provinces et <strong>de</strong> cantons se trouvaient pour la circonstance réunis<br />

à <strong>Ouahigouya</strong> et ont été présentés au nouveau Commandànt <strong>de</strong> cercle par 1 ‘Adminis-<br />

trateur sortant, dont la métho<strong>de</strong> bienveillante et ferme laissera une impression<br />

<strong>du</strong>rable dans ce pays où <strong>de</strong> grands progrès ont été réalisés grâce à ces efforts.<br />

La situation générale est excellente et le nouvel administrateur n’aura pour la<br />

maintenir qu ‘à continuer les traditions qu ‘il a trouvé.<br />

Impôt 1 Admirablement préparée, la perception <strong>de</strong> l’impot a pro<strong>du</strong>it dans le courant<br />

<strong>de</strong> janvier 154 606,85 Fr... Ce résultat est d’autant plus appréciable que la récolte<br />

<strong>de</strong>s céréales a été à peu près nulle dans tout le Nord <strong>du</strong> cercle et médiocre ailleurs.<br />

Si l’on n’y avait tenu la main et amené en temps voulu les contribuables à prendre<br />

les dispositions nécessaires, cet état <strong>de</strong> choses aurait fortement influé sur la rentrée<br />

<strong>de</strong> l’impôt et entraîné <strong>de</strong> nombreuses <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s en dégrèvement. Cette éventualité<br />

a pu etre écartée et les retardataires arriveront sans trop <strong>de</strong> peine à se libérer dans le<br />

courant <strong>de</strong> février. ns l’ont promis et le fc?rOFlt spontanément car, vu la bonne<br />

volonté dont ils témoignent, aucune pression ne sera exercée dans ce sens.<br />

En présence <strong>de</strong> cette situation, il ne nous a pas paru exagéré <strong>de</strong> proposer pour<br />

l’exercice prochain une élévation <strong>du</strong> taux qui sera porté <strong>de</strong> 0,60 à 0,65 pour les<br />

Mossi et à 0,75 pour les Maransés (27) et Yarsés. Cette <strong>de</strong>rnière catégorie d’indigènes<br />

est déjà l’objet au Mossi proprement dit d’un traitement d’exception, et à juste titre.<br />

Elle est, en effet, composée d’étrangers, d’origine Mandé ou Songhai; se livrant<br />

presque exclusivement au trafic. Le taux <strong>de</strong> 0.75 qui pourra être augmenté ultérieu-<br />

rement, n’est encore proposé que pour les villages homogènes, mais les recensements<br />

à entreprendre auront notamment pour objectif <strong>de</strong> distinguer les Maransés ou Yarsés<br />

<strong>de</strong>s autochtones, sur toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle. ll s’en suivra, par voie <strong>de</strong> rôle supplé-<br />

mentaire; une plus-value appréciable car, d’autre part, les indications <strong>recueil</strong>lies par<br />

Monsieur le Docteur D. au cours <strong>de</strong> ses nombreuses tournées <strong>de</strong> vaccine, permettent<br />

d’inférer que le chiffre officiel <strong>de</strong> la population <strong>du</strong> Yatenga est en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />

réalité, particulièrement en ce qui concerne les cantons <strong>du</strong> Sud.<br />

Les modifications proposées portent à 173 362,lO Fr. le montant <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> rôle<br />

pour 1912.<br />

(27)Maranse : d’origini songhaï. Ils sont quelques milliers au Yatenga. Ils sont spécialisés dans<br />

la teinture à l’indigo.<br />

47


1911<br />

FÉVRIER<br />

L ‘impôt montant à la somme <strong>de</strong> 129 973,65 Fr. a été entièrement perçu avant la fin<br />

<strong>de</strong> février. Ce résultat est di&-ne d’attirer l’attention si l’on considère qu’il a été<br />

obtenu sans pression et pour ainsi dire sans effort, alors que les récoltes ont été<br />

médiocres sur toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle et qwe quelques cantons <strong>du</strong> Nord, lesjmoins<br />

peuplés heureusement, sont peut-ê&? menaks <strong>de</strong> disette-<br />

Le simple exposé <strong>de</strong> cette situation montre assez ce qui a été au point <strong>de</strong> vue<br />

politique, réalisé ici <strong>de</strong>puis ces <strong>de</strong>rnières annt?es et le bon esprit qui anime les<br />

populations <strong>du</strong> Yatenga. Les rapports <strong>de</strong> I”an <strong>de</strong>rnier représentait cet esprit comme<br />

médiocre et il pouvait être à la r&ueur jugé tel, si l’on n’envisageait que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

perfection auquel il est désirable d’etteindre. On doit, certes, éviter en pareille<br />

matière <strong>de</strong> se laisser aller à un optimisme facile, mais se placer a ce point <strong>de</strong> vue<br />

était <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> notre prédécesseur d’autant plus méritoire, que c’est en gran<strong>de</strong><br />

partie à son action que sont dûs lesprogrès que nous constatons aujourd’hui...<br />

Rien à signaler relativement aux questions musulmanes. Elles ont très pèu d’im-<br />

portance. au Yatenga où la pop&tion se montre réfractaire à tout prosélytisme<br />

rel&ieux~<br />

Monsieur l’inspecteur <strong>de</strong> l’Ense&nement T. est arrivé à <strong>Ouahigouya</strong> le 26 février.<br />

ll a visité l’école <strong>du</strong> cercle qui compte 39 élèves assez assi<strong>du</strong>s mais malheureusement<br />

peu avancés par suite <strong>du</strong> défact <strong>de</strong> moniteur titulaire.<br />

MARS<br />

- Une tournée a été effectuée... dans les régions <strong>du</strong> Nord-Est qui sont plus particuliè-<br />

rement menacées <strong>de</strong> disette. Plusieurs villages ont été parcourus ainsi que les cantons<br />

<strong>de</strong> Namsiguia et <strong>de</strong> Bassi. La situation @y est pas bonne ; certaines‘localités seront<br />

dans <strong>de</strong>ux mois absolument dépourvues <strong>de</strong> céréales.<br />

Les popuhztions ont été engagées à m&ager le peu dont elles disposent et à cesser la<br />

fabrication <strong>du</strong> dolo qui entraîne un gaspillage considérable <strong>de</strong> grains d’alimentation.<br />

Les chefs <strong>de</strong> village y veilleront. Ils ont reçu d’autre part 1 ‘assurance qu ‘ils ne seraient<br />

point abandonnés et que l’adnzinistration leur faciliterait l’acquisition <strong>de</strong> mil en<br />

quantité suffisante pour permettre aux indigènes <strong>de</strong> se noum? jusqu’à la récolte<br />

prochaine et <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à l’ensemencement <strong>de</strong>s tewains <strong>de</strong> culture. Les cantons <strong>de</strong><br />

Diogoré et <strong>de</strong> Lago, relativemeut peu éloignks, et les gros villages Samos <strong>de</strong> 1’Ouesf<br />

ont été, en effet, épargnés par le sécheresse. Nous sommes dt% à présent assurés<br />

qu’ils consentiront <strong>de</strong>s empmnts collectifs aux localités éprouvées et, parmi ces<br />

<strong>de</strong>rnières, celles qui possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s réserves <strong>de</strong> bétail, pourront échanger leurs ani-<br />

maux contre <strong>de</strong>s gains à un taux raisonnable, sans craindre les spéculations aux-<br />

quelles l’urgence <strong>de</strong> leurs besoins aurait pu les exposer. Les populations ont paru<br />

sensibles à la sollicitu<strong>de</strong> dont elles se voyaient l’objet (28).<br />

(28) Aujourd’hui encore, les Mossi <strong>de</strong>s régions septentrionales vivent selon le même principe :<br />

mi-culture, mi-élevage. Le ttoupeau est à la fois un moyen <strong>de</strong> trésorerie (petits ruminants)<br />

et un capital <strong>de</strong> précaution (bovins).<br />

48


1911<br />

En ce qui concerne.le recensement, <strong>de</strong>s essais intéressants ont et& faits au cours <strong>de</strong><br />

cette tournée.<br />

On avait procédé jusqu ‘ici, par divers moyens, au dénombrement global <strong>de</strong>s villages.<br />

Cette façon d’opérer donnait <strong>de</strong>s résultats très vartables et permettait <strong>de</strong>s confusions<br />

grossières.<br />

Presque partout, le Docteur D. qui, dans ses tournées a toujours procédé <strong>du</strong>ne fpçon<br />

scrupuleuse et très méthodique, était arrivé à vacciner un nombre d’habitants sensi-<br />

blement supérieur à celui que portaient les statistiques officielles. Il est vrai que les<br />

indigènes se présentaient plus facilement à lui que <strong>de</strong>vant un agent recenseur dont<br />

ils n’ignoraient pas - les chefs <strong>du</strong> moins - que les travaux servaient <strong>de</strong> base à péta-<br />

blissement <strong>de</strong>s rôles. Dès qu’il s’agissait <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, ils échappaient en plus<br />

grand nombre aux rassemblements qu’on voulait leur imposer et qui exi-<br />

geaient d’ailleurs, pour être obtenus, même imparfaitement, un personnel assez<br />

considérable.<br />

Nous avons rejeté ce procédé <strong>de</strong>venu inadapté et avons préféré tenir compte <strong>de</strong> la<br />

constitution <strong>de</strong>s groupements indigènes <strong>du</strong> Yatenga, ordinairement subdivisés en<br />

uzakau - tres différentes, soït dit en passant <strong>de</strong>s soukalla <strong>de</strong>s pays mandés. Une fois<br />

la distinction entre zaka nettement établie - opération qui est essentielle et peut<br />

seule représenter quelques difficultés - il suffît <strong>de</strong> recenser un nombre limité <strong>de</strong><br />

représentants <strong>de</strong> chacune d’elles pour avoir’la possibilité d’e’tablir un contrôle <strong>de</strong>s<br />

chefs <strong>de</strong> famille, avec toute la précision désirable. Les femmes et les enfants doivent<br />

figurer numériquement répartis selon les catégories prévues par les instructions en<br />

vigueur en matière <strong>de</strong> recensement. Le bétail est également dénombré.<br />

Monsieur P., commis <strong>de</strong>s affaires indigènes, nouvellement arrivé à la Colonie,<br />

a été mis au courant <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> et a opéré sous notre direction dans<br />

quelques villages. Il se consacrera désormais à ce travail qui, bien con<strong>du</strong>it, paraît<br />

<strong>de</strong>voir donner, par rapport aux chiffres obtenus antérieurement, <strong>de</strong>s différences<br />

considérables.<br />

AVRIL<br />

Faits nouveaux : Le décès <strong>de</strong> Monsieur 1’Administratet.w C., survenu le 23 avril,<br />

a ralenti pendant quelques jours la marche <strong>de</strong>s services <strong>du</strong> cercle. Au su <strong>de</strong> ce<br />

douloureux événement, <strong>de</strong> nombreux chefs se sont ‘ren<strong>du</strong>s à <strong>Ouahigouya</strong> pour<br />

saluer la dépouille mortelle <strong>de</strong> leur ancien administrateur. Monsieur A., chargé<br />

<strong>de</strong>s affaires courantes a passé le service à Monsieur 1’Administratet.w L., amvé le<br />

1 er mai (29).<br />

(29) Le décès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux administrateurs en <strong>de</strong>ux ans témoigne <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> vivre en A.O.F.<br />

dans les premiers temps <strong>de</strong> la colonie. uI1 faut toujours commencer la visite d’un <strong>poste</strong> par<br />

le cimetière, c’est le lieu le plus peuplé» disait sous forme <strong>de</strong> bouta<strong>de</strong> le Vicaire Apostolique<br />

<strong>du</strong> Soudan (cité par A. PROST).<br />

49


1911<br />

JUIN<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Les populations <strong>du</strong> cercle montrent une gran<strong>de</strong> docilité et<br />

gagneraient énormément à voir les Européens <strong>du</strong> Poste plus souvent . . . (illisible).<br />

Deman<strong>de</strong>s : Le Commandant <strong>de</strong> cercle attire respectueusement l’attention <strong>de</strong> Mon-<br />

sieur le Gouverneur <strong>de</strong> la Colonie sur le manque <strong>de</strong> personnel permettant <strong>de</strong> faire<br />

ceuvre utile à <strong>Ouahigouya</strong>. Messieurs 9. et A., ce <strong>de</strong>rnier parti <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pour<br />

cause <strong>de</strong> maladie, n ‘ont pas été remplacés. Le Commandant reste seul avec un jeune<br />

Commis <strong>de</strong> 4ème classe . . .<br />

JUILLET<br />

Questions en cours, leur suite : Le Yatenga-Naba que nous signalions, comme<br />

paraissant volontairement se con~ner dans sa soukalla, est sorti <strong>de</strong> son mutisme.<br />

Il s’est présenté le 14 juillet au Commandant <strong>de</strong> cercle et lui a assuré être heureux<br />

<strong>de</strong> jouir <strong>de</strong>puis quelques jours seulement d’une meilleure santé et <strong>de</strong> pouvoir profi<br />

ter <strong>de</strong> la fête nationale pour renouveler avec tous les siens son attachement à la<br />

cause française , . .<br />

Impôt :Les chefs et notables, réunis à <strong>Ouahigouya</strong> le 14 juillet, ont tous <strong>de</strong>mandé<br />

la quantité <strong>de</strong> leur contribution . . .<br />

AOÛT<br />

Questions en cours, leur suite :Le Grand Naba <strong>du</strong> Yatenga. toujours rempli <strong>de</strong> bons<br />

sentiments à notre égard, est venu <strong>de</strong>ux fois dans le mois salner le Commandant. Au<br />

cours <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière visite, le 26 août, il nous a exposé ses angoisses <strong>de</strong> voir une séche-<br />

resse anotmale pour la saison, menacer la bonne venue <strong>de</strong>s récoltes, surtout celle <strong>du</strong><br />

mil. Le Yatenga Naba était d’autant plus attristé que, disait-il, la rumeur publique<br />

et, secrètement, ses anciens ennemis le désignaient comme étant le responsable d une<br />

année probable <strong>de</strong> famine. Trois jours <strong>de</strong> pluies diluviennes, les 29, 30 et 31 août<br />

sont venus dissiper les craintes tant <strong>du</strong> Yat-enga Naba que <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong> leurs<br />

ressortissants.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : nifalgré les nombreux différends journaliers entre les<br />

indigènes, surtout entre les Peuls et les Mossis au sujet <strong>de</strong>s dégâts causés par<br />

les troupeaux, l’esprit <strong>de</strong>s populations est resté satisfaisant La propagan<strong>de</strong> faite<br />

par 1 ‘intermédiaire <strong>de</strong>schefs en vue <strong>de</strong> publier 1 ‘enrôlement <strong>de</strong> tirailleurs <strong>du</strong> 21 aout<br />

<strong>de</strong>rnier a pleinement réussi. La commission <strong>de</strong> recrutement a très facilement trouvé<br />

parmi les 400 sujets que les notables ont présentés, les 100 candidats que <strong>de</strong>vait<br />

fournir le Yatenga.<br />

50


1911<br />

SEPTEMBRE<br />

Faits nouveaux : Par suite <strong>de</strong> la sécheresse <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> septembre, un assez grand<br />

nombre d’indigènes ont commencé à couper une partie <strong>de</strong> leur mil à la fin <strong>du</strong><br />

mois. La récolte à <strong>Ouahigouya</strong> sera médiocre. Aussi, <strong>de</strong> nombreuses réclamations<br />

ont-elles été soulevées par les Mossis contre les troupeaux <strong>de</strong>s Peuls qui, peu<br />

soucieux, ont fait leurs incursions coutumières dans les lougans. Bien qu’il y ait eu<br />

parfois quelques coups échangés entre Peuls et Mossis, presque toutes ces réclama-<br />

tions ont pu être réglées à lamiable <strong>de</strong>vant l’Administramur ou, sans difficulté,<br />

<strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Province.<br />

Questions musulmanes : La fête <strong>du</strong> Ramadan a eu lieu le 24 septembre. A cette<br />

occasion, les musulmans <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, au nombre <strong>de</strong> cent-vingt environ, et pour<br />

la plupart Dioulas établis dans le pays <strong>de</strong>puis quelques années, sont venus, après la<br />

«Gran<strong>de</strong> Prière>, nous assurer <strong>de</strong> leur dévouement et nous remercier <strong>de</strong> la latitu<strong>de</strong><br />

qui leur est laissée <strong>de</strong> célébrer librement la fête <strong>du</strong> Ramadan.<br />

Deman<strong>de</strong>s : Par suite <strong>de</strong> -diverses circonstances spéciales, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

n’a pas été visité <strong>de</strong>puis plus d’un an. Le Commandant <strong>de</strong> cercle, qui a 1 ‘intention<br />

d’y faire <strong>de</strong> fréquentes et utiles tournées, a l’honneur <strong>de</strong> solliciter l’affectation à<br />

<strong>Ouahigouya</strong>, dès que les ressources en personnel seront suffisantes, d’un adjoint<br />

<strong>de</strong>s affaires indrgénes,<br />

OCTOBRE<br />

Faits nouveaux : La tournée administrative effectuée <strong>du</strong> II au 27 octobre par<br />

I’Administrateur <strong>du</strong> cercle a mis en évi<strong>de</strong>nce la nécessité actuelle d’appliquer les<br />

principes <strong>de</strong> la circulaire BCII ‘en faveur <strong>de</strong>s groupes fétichistes qui se laissent<br />

trop facilement dominer par <strong>de</strong>s influences étrangères . ..(30).<br />

Nous avons essayé <strong>de</strong> montrer à chaque Kasma (chef <strong>de</strong> groupe ethnique) qu’il<br />

était le chef d’un véritable petit village ayant sa vie propre comme un grand, que<br />

nous lui fierions à l’avenir le chiffre <strong>de</strong> son impôt et que le Kasma, lui-même,<br />

collecterait cet impôt Nous avons en un mot essayé <strong>de</strong> donner à ces divers organis-<br />

mes coagulés une vitalité propre. Et nous pensons avoir fait œuvre utile.<br />

(30) La circulaire BC.11 recommandait dc soustraire dc l’infhrcnce musulmane, notoirement<br />

<strong>de</strong>s Peul, dans le Yatcnga, Ics groupes suppods Etichistes. En même temps, l’application<br />

<strong>de</strong> cette circulaire pcrmcttüit <strong>de</strong> mieux çontrôlcr Ics villages, dc les recenser par quartiers<br />

distincts, cc qui autorisait a dEnomhrcr les Iàmillcs et à mieux asseoir l’impôt <strong>de</strong> capi-<br />

tation. Rappelons que Ic taux dc ccl irnpi)t variait selon Ic genre <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s habitants :<br />

commerçants, élcvcurs, cultivülcurs-Clcvcurs ct Simples cultivateurs.<br />

51


1911<br />

NOVEMBRE<br />

Faits nouveaux : La gran<strong>de</strong> fête <strong>du</strong> mil a commencé le 23 novembre et s’est déroulée<br />

pendant une semaine au milieu <strong>de</strong>s tam-tam, <strong>de</strong>s chants et <strong>de</strong>s traditionnelles liba-<br />

tions <strong>de</strong> dolo. Nul inci<strong>de</strong>nt n’est venu troubler les populations en liesse et le Grand-<br />

Naba est- venu en fiIl <strong>de</strong> mois, accompagne’ <strong>de</strong> ses quatre dignitaires, nous remercier<br />

<strong>de</strong> la latitu<strong>de</strong> qui leur est laissée <strong>de</strong> célébrer sans réserve leurs fêtes traditionnelles.<br />

Vne petite gratification en argent leur a été donnée à cette occasion pour leur<br />

attachement à notre cause.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Très satisfaisant. Nous signalons toutefois que les Peuls qui<br />

nous ont fort occupé pendant tout l’hivernage, en raison <strong>de</strong>s pâturages plus ou<br />

moins rcaptk par les Mossis culti~~ateurs, nous assaillent maintenant <strong>de</strong> récla-<br />

mations contre les mêm.es Mossis qui défen<strong>de</strong>nt 1 ‘accès <strong>de</strong> leurs puits aux troupeaux.<br />

La vérité est que le Peu1 nà jamais fait, lui-même, la moindre excavation en vue<br />

d àbreuver ses animaux et qu ‘il essaie <strong>de</strong> mettre en jeu la supétiorité, qu ‘on lui<br />

a peut-être jusqu’à ce jour trop ouvertement reconnue, pour imposer à lëlément<br />

mossi certaines charges (31).<br />

RAPPORTANNUEL<br />

. . . C’est sur les tournées sagement faites que nous <strong>de</strong>vons compter pour attirer à<br />

nous les indigènes et les amener tous, qu’ils soient <strong>de</strong>s cantons éloignès ou <strong>de</strong>svillages<br />

proches <strong>du</strong> chef-lieu, à nous soumettre leurs différends... NOUS <strong>de</strong>vons aussi<br />

compter sur ces tournées pour essa-ve?: ainsi que nous l’avons préconisé dans <strong>de</strong>s<br />

rapports antérieurs, <strong>de</strong> transformer peu à peu avec le concours <strong>de</strong>s chefs et la mise<br />

en jeu <strong>de</strong> leur responsabilite’ propre cet état lamentable <strong>de</strong>s mœurs qui est la cause<br />

au Yatenga <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> larçins, <strong>de</strong> vols et <strong>de</strong> crimes. Le tribunal correctionnel, en<br />

particulier, n ‘est pas à court d ‘ouvrage à <strong>Ouahigouya</strong>. Le vol surtout est ancrt! dans<br />

les mœurs, comme d àilleurs dans presque tout le Mossi . . .<br />

Aussi, avons nous pensé que nous <strong>de</strong>vions. avec le concours <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong> tous les<br />

agents que mous avons à notre service, tenter <strong>de</strong> réformer cet état <strong>de</strong> choses, en<br />

saisissant toutes les occasions qui s’offiei~t à nous : palabres publics ou conversations<br />

privées, au cours <strong>de</strong>squels IZOUS <strong>de</strong>vons essayer <strong>de</strong> convaincre 1 ‘indigène <strong>de</strong> 1 Intérêt<br />

Cui<strong>de</strong>nt qu Il aurait <strong>de</strong> se livrer à tous travaux à sa portée, à la culture en particulier.<br />

qui en hriassurant la vie quotidienne et celle <strong>du</strong> len<strong>de</strong>main, écarterait <strong>de</strong> lui ce désir,<br />

qui hante trop <strong>de</strong> Mossis ou <strong>de</strong> Safr*.‘q dc voler pour se procurer le nécessaire et<br />

eiisuitr le superflu !<br />

(3 1) Que les Peul, dès le mois <strong>de</strong> novemhre. vicnncnr réclamer l’acck. au puits villageois, prouve<br />

que Ics marcs naturelles sont dGjà as@chérs (St que Ics pluies n’ont pas 6th abondantes.


1911<br />

Le résultat le plus appréciable <strong>de</strong> notre sévérité à Pégard <strong>de</strong>s voleurs a été d’attirer,<br />

par la sécurité qu’ils trouvent sur nos routes, un nombre <strong>de</strong> plus en plus grand <strong>de</strong><br />

&oulas étrangers qui viennent effectuer sur les principaux marchés <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong>s<br />

achats <strong>de</strong> bétail <strong>de</strong>stinés à alimenter les grands marchés <strong>du</strong> Sud : ceux <strong>de</strong> la Gold<br />

Coast principalement . . . La venue <strong>de</strong>s Dioulas plus nombreux a eu l’heureuse<br />

conséquence, pour les gens <strong>du</strong> pays, d’augmenter les prix d’achat <strong>du</strong> bétail ; <strong>de</strong><br />

sorte que, grâce à IWevage, l’impôt <strong>de</strong> capitation n’est ici une charge pour personne<br />

et qu ‘il est acquitté par les Peuls et même les Yarcés avec une extrême facilité ! Nous<br />

constatons avec plaisir que les indigènes <strong>du</strong> cercle prennent part à ce mouvement<br />

commercial intense qui s’effectue entre les marchés <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Ouagadougou, où<br />

ils s’approvisionnent <strong>de</strong> kolas (32) et <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton, et ceux <strong>de</strong> Saraféré ou <strong>de</strong><br />

Tombouctou, d’où ils rapportent, après échanges, les innombrables barres <strong>de</strong> sel qui<br />

se répan<strong>de</strong>nt au sud <strong>de</strong> la Boucle (<strong>du</strong> Niger) et dans les colonies voisines...<br />

Le rôle d’impôt pour 1912 s’élève à une somme <strong>de</strong> .!73I62,25 Fr., en augmen-<br />

tation <strong>de</strong> 13200 Fr. environ sur celui <strong>de</strong> 1911... L ‘Indigène <strong>du</strong> Yatenga se trouve<br />

l’objet d’un traitement <strong>de</strong> faveur qui ne se justifie guere si l’on compare la richesse<br />

relative <strong>du</strong> Yatenga par rapport à certaines régions <strong>de</strong>s cercles voisins. Aussi, nous<br />

semble-t-il d’ores et déjà possible <strong>de</strong> prévoir pour le rôle <strong>de</strong> 1913 une augmentation<br />

très faible <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> 0,65 qui passerait à 0,70 sans que Mossis, Rim&es ou Samos<br />

ne ressentent une gêne appréciable.<br />

En tenant compte <strong>de</strong> la légère augmentation <strong>de</strong> population <strong>de</strong>s villages recensés<br />

dans l’année, le role d’impôt 1913 accuserait une plus-value <strong>de</strong> 1.5 à 16000 francs.<br />

Questions musulmanes : . . . Nous reconnaissons simplement que l’expansion islamjque<br />

est bien la conséquence <strong>du</strong> développement commercial, <strong>de</strong> la libre circulation<br />

garantie par nous à tous nos sujets quelle que soit leur relïgion et leur race. . . .<br />

Nous avons exposé dans un rapport antérieur comment le cïSalarn>) commence par<br />

être,’ pour les esprits simples, une pure singerie, singerie dangereuse puisqu’elle se<br />

transforme en habitu<strong>de</strong> puis en besoin ! Profondément imbus <strong>de</strong>s vérités contenues<br />

dans la circulaire BCII, nous nous sommes mis sans retard d mettre en oeuvre les<br />

principes qu ‘elle édicte. Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pourra facilement, pensons nous,<br />

résister à l’envahissement musulman.<br />

. . . Enfin, l’cidministrateur croît <strong>de</strong>voir attirer, une fois <strong>de</strong> plus, la bienveillante<br />

attention <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur sur les réels avantages que présenterait l’instal-<br />

lation à <strong>Ouahigouya</strong> d’un bureau <strong>de</strong> Postes et Télégraphes . . .<br />

(32) kola (ou cola) : noix <strong>de</strong> cola, provenant <strong>du</strong> colatier que l’on rencontre au sud, en climat<br />

humi<strong>de</strong>. La noix (ou graine) <strong>de</strong> cola est très prisée et consommée en gran<strong>de</strong> quantitb,<br />

comme stimulant, par les populations soudaniennes.<br />

53


1912 RAPPORT§ POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Impôt : 151 000 francs <strong>de</strong> numéraire ont été perçus en Janvier sur un rôle <strong>de</strong><br />

173 000 francs. Les 118 restant à percevoir, drî en majeure partie par les Samos,<br />

rentrera, croyons nous, facilement en février. La perception s’est effectuée sans<br />

aucune difficulté’, les indigènes ayant fait preuve <strong>de</strong> la meilleure volonté en venant<br />

spontanément verser au chef-lieu les sommes dîtes dès le début <strong>du</strong> mois. Le rôle<br />

primitif établi pour 1913 s’élève à une somme <strong>de</strong> 190 000 francs.<br />

Tournées :La rentrée <strong>de</strong> 1 ‘impôt a immobilisé en janvier les fonctionnaires <strong>du</strong> cercle.<br />

Mais les tournées reprendront le mois prochain jusqu’à l’arrivée <strong>de</strong> la mauvaise<br />

saison. Le recensement <strong>de</strong>s populations <strong>du</strong> cercle serait indispensable. Nous l’entre-<br />

prendrons et ferons tous nos efforts, dans la mesure permise à un personnel malheu-<br />

reusement un peu restreint.<br />

FÉVRIER<br />

Impot : La totalité <strong>de</strong> l’impôt 1912 a été perçue avant la fin <strong>du</strong> mois, soit la somme<br />

<strong>de</strong> 1% 781 Fr. Ce résultat a été obtenu sans la moindre pression, par les seules<br />

paroles <strong>de</strong> bienveillance et d’encouragement que nous n’avons cessé d’adresser aux<br />

chefs, aux notables et aux habitants <strong>du</strong> cercle.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Sans nous laisser aller, en pareille matière, à un optimisme<br />

facile, nous constaterons les trés heureux résultats obtenus <strong>de</strong>puis quelques années<br />

au Yatenga, tant <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue politique que <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue économique. Le<br />

bon esprit qui caractérise les populations <strong>du</strong> cercle a facilité notre tâche. Aussi,<br />

<strong>de</strong>vons-nous faire tous nos efforts pour les maintenir dans ces dispositions et empê-<br />

cher l’infiltration parmi elles, autant qu’il sera possible, <strong>de</strong>s éléments étrangers,<br />

musulmans surtout. dont lïnfi’uence pénètre invinciblement chez les races fétichistes<br />

et dont- toute étape <strong>de</strong> progrès est un coup porté à notre autorité.<br />

Tournées : Monsieur L. a terminé <strong>du</strong> 15 février au 3 mars le recensement <strong>de</strong>s popu-<br />

lations comprises dans le secteur géographique défini par les routes <strong>de</strong> Douentza et<br />

<strong>de</strong> Dori. Les opérations <strong>de</strong> recensement ont fait ressortir, comme on <strong>de</strong>vait s y atten-<br />

dre, une augmentation <strong>de</strong> 15 %.<br />

a4


1912<br />

__<br />

MARS<br />

Faits nouveaux :Monsieur B., mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> l’Assistance Indigène, affecté au cercle <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> par décision N” 20.5 <strong>du</strong> 27 février <strong>de</strong>rnier, est arrivé à <strong>Ouahigouya</strong> le<br />

29 mars.<br />

Questions musulmanes :Nousavons profité<strong>de</strong> notre tournée pour prévenir les popu-<br />

lations contre les agissements <strong>de</strong> certains personnages étrangers qui viennent parfois<br />

<strong>recueil</strong>lir <strong>de</strong>s aumônes et vendre <strong>de</strong>s «grigris,~.<br />

Écoles : Les écoliers vont’ occuper dans une huitaine le nouveau bâtiment scolaire<br />

beaucoup plus vaste, mieux aéré et mieux éclairé que l’ancien.<br />

Tournées : Quelques fragments <strong>de</strong> roches, ramassés auprès <strong>de</strong>s massifs montagneux,<br />

seront expédiés au Gouvernement avec ceux d’une prochaine collection (33). 2<br />

AVRIL<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : L ‘approche <strong>de</strong> la saison <strong>de</strong>s semailles a amené au chef-lieu,<br />

comme il est d’usage, les nombreuses réclamations d’indigènes se disputant les<br />

terrains <strong>de</strong> culture. L’animosité règne toujours entre Mossis qui éten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plus en-<br />

plus leurs lougans et les Peuh qui veulent aussi en avoir et surtout conserver la libre<br />

pâture <strong>de</strong> grands espaces pour leurs animaux. L ‘esprit fourbe et chicanier <strong>de</strong>s Peuls<br />

complique toujours le règlement à l’amiable <strong>de</strong> ces différends...<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Grâce au concours <strong>de</strong>s chefs, la propagan<strong>de</strong> pour l’enrô-<br />

lement <strong>de</strong>s jeunes gens a pleinement réussi et la 3ème commission mobile a pu<br />

recruter 105 candidats dans les meilleures conditions.<br />

Tournées : L’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s fonctionnaires <strong>du</strong> Poste ayant laissé à désirer, il na<br />

pu être effectué aucune tournée.<br />

Faits nouveaux :La très faible quantité d’eau tombée jusqu ‘à ce jour n’a pas permis<br />

aux indigènes habitant <strong>Ouahigouya</strong> et ses environs <strong>de</strong> faire leurs semailles aussitôt<br />

j que dhabitu<strong>de</strong>. Il en est résulté une légère inquiétu<strong>de</strong> chez ces populations qui<br />

(33) Première prospection géologique d’amateurs.<br />

MAI<br />

JUIN<br />

55


1912<br />

craignent surtout la disette <strong>du</strong> mil. Une très forte torna<strong>de</strong> tombée le 25 juin leur<br />

a heureusement permis <strong>de</strong> commencer les travaux <strong>de</strong>s champs et d’espérer une<br />

récolte simplement retardée <strong>de</strong> quelques semaines. A quarante kilomètres au sud<br />

<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> (Gourcy-Niességa). Les mils, sortis <strong>de</strong> terre, ont quarante et cinquan-<br />

te centimètres <strong>de</strong> haut. L abondance sur certains points compense généralement la<br />

pénurie <strong>de</strong> récoltes qui existe sur d’autres.<br />

JUILLET<br />

Faits nouveaux : Tous les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> groupes se sont ren<strong>du</strong>s à<br />

<strong>Ouahigouya</strong>, au moment <strong>de</strong> l’arrivée <strong>du</strong> nouveau Commandat <strong>de</strong> cercle, pour lui<br />

apporter l’assurance <strong>de</strong> leur dévouement. Quelques uns <strong>de</strong> ces chefs avaient été<br />

convoqués ; les autres étaient venus d ‘eux-mêmes. L ‘Administrateur a pu s’entretenir<br />

avec eux <strong>de</strong>s diverses questions les intéressant. Il les a avisés <strong>de</strong> son intention <strong>de</strong><br />

visiter tous les cantons lorsque la saison <strong>de</strong>s pluies sera terminee.<br />

Depuis plusieurs jours, les torna<strong>de</strong>s sont fréquentes. Les indigènes qui avaient quel-<br />

ques craintes sur le sort <strong>de</strong> leurs récoltes, sont maintenant rassurés.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Soumis. Les chefs en ont donné une marque, en venant,<br />

comme il a été dit plus haut, se présenter au nouveau Commandant <strong>de</strong> cercle.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Calme et soumis.<br />

SEPTEMBRE<br />

Questions musulmanes : Une surveillance étroite est exercée dans tous les cantons<br />

sur les marabouts influents.<br />

OCTOBRE<br />

Tournées : L ‘Administrateur <strong>du</strong> cercle, parti en tournée politique et <strong>de</strong> recensement<br />

vers le milieu <strong>du</strong> mois, n’est pas encore rentré au 31 octobre. Dès son retour, l’Admi-<br />

nistrateur adjoint se mettra en route pour une tournée analogue. Ainsi, par une série<br />

<strong>de</strong> tournées bien comprises, <strong>du</strong>rant la bonne saison, le cercle pourra être visité dans<br />

toute son Eten<strong>du</strong>e et le recensement <strong>de</strong> la population refait en entier.<br />

56


1912<br />

NOVEMBRE<br />

Faits nouveaux : Aucun à signaler. L’administrateur a fait connaître aux chefs <strong>de</strong><br />

cantons et <strong>de</strong> villages le nombre d’indigènes qu’ils <strong>de</strong>vraient fournir en vue <strong>du</strong><br />

recrutement prochain . . .<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuhttions : Très soumis.<br />

Tournées : Les tournées <strong>de</strong> recensement, canton par canton, seront commencées<br />

dès le 1 er décembre. Elles seront faites concuremment avec. <strong>de</strong>s tournées politiques<br />

et d’hygiène.<br />

DÉCEMBRE<br />

Questions en cours, leur suite : La Commission Mobile, atten<strong>du</strong>e à <strong>Ouahigouya</strong> le<br />

8 décembre, a commencé ses opérations le len<strong>de</strong>main même <strong>de</strong> son arrivée. Dès<br />

qu “elles furent terminées, un rapport sur le recrutement <strong>de</strong>s 100 indigènes que le<br />

cercle a fournis, a été adressé au Chef-lieu.<br />

Les nouvelles recrues, après quelques jours <strong>de</strong> théories et d’exercices élémentaires,<br />

ont été dirigées sur Bandiagara. Deux défections ont eu lieu au <strong>de</strong>rnier moment.,<br />

Les <strong>de</strong>ux coupables furent repris immédiatement et con<strong>du</strong>its à 1 ‘Autorité Militaire<br />

<strong>de</strong> Bandiagara (34).<br />

Impôt : Tous les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> groupes ont été avisés <strong>du</strong> chiffre d’impôt<br />

‘qu ‘ils avaient à payer.<br />

Tournées : L ‘Administrateur vient <strong>de</strong> faire une tournée politique et d Wpection<br />

<strong>de</strong> routes et campements dans la partie ouest <strong>du</strong> cercle... Des soins ont été donnés,<br />

à chaque étape, par le Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> l’Assistance Indigène.<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

. . . A l’ère <strong>de</strong>s luttes intestines, a succédé <strong>de</strong>puis 1909 une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> calme qui va<br />

en s’accentuant et permettra un jour prochain <strong>de</strong> comprendre le Yatenga’au rang<br />

<strong>de</strong>s cercles heureux.<br />

Les Mossis, intelligents et assez malléables, sont malheureusement ,excessivement<br />

craintifs, quelque peu primaires et jouant facilement <strong>du</strong> couteau et <strong>de</strong> la lance<br />

(34) Première réaction contre la conscription, et nous ne sommes qu’en 1912. un an à peine<br />

aprés le premier recrutement.<br />

57


1912<br />

pour le moindre prétexte : rivalité au sujet <strong>de</strong>s femmes, vols, etc, etc... Son forfait<br />

accompli comme la chose la plus naturelle <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, le Mossi ne cherche pas à<br />

se sauver, car son village est tout pour lui. Aussi, son arrestation est-elle généra-<br />

lement facile. Quelques fois, c’est le chef <strong>de</strong> canton qui vient con<strong>du</strong>ire le coupa-<br />

ble au chef-lieu. dès qu ‘il a connaissance <strong>du</strong> crime.<br />

En agissant ainsi. il n’obéit nullement à un sentiment d’indignation ou <strong>de</strong> justice,<br />

car le meurtrier. pour une cause juste aux yeux <strong>de</strong>s indigènes, est consi<strong>de</strong>ré comme<br />

un justicier, mais par crainte <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle auquel il doit rendre<br />

compte <strong>de</strong> tout ce qui se passe dans le canton.<br />

De toutes les races <strong>du</strong> cercle, les Mossis sont ceux sur lesquels on est le plus<br />

en droit <strong>de</strong> compter parce que les plus perfectibles. Ils sont au nombre <strong>de</strong><br />

180 383.<br />

Les Peuls, quoique plus intelligents, sont excessivement dissimulés. Ils sont<br />

répartis en plusieurs groupements. Possesseurs <strong>de</strong> nombreux troupeaux <strong>de</strong> bovidés,<br />

ils nomadisent toute l’année, selon la saison, le régime <strong>de</strong>s eaux et la qualite <strong>du</strong><br />

pâturage, dans les différents lieux <strong>du</strong> cercle. Aucune remarque ne peut être faite<br />

au sujet <strong>de</strong> leur caractère apparemment soumis mais, vis à vis <strong>de</strong>s Mossis et <strong>de</strong>s<br />

Samos avec lesquels ils sont toujours en contact, ils font montre d’un esprit<br />

chicanien qui leur vaut d’être souvent appelés <strong>de</strong>vant le tribunal <strong>de</strong> Province pour<br />

répondre <strong>de</strong>s dégâts commis dans les lougans par leurs troupeaux.<br />

Au nombre <strong>de</strong> 21582, ils paient un taux d impôt beaucoup plus élevé que les<br />

autres indigènes. dont ils s’acquittent aisément.<br />

Enfin, les Samos, au nombre <strong>de</strong> 20600 habitent toute la région Ouest et Sud<br />

<strong>du</strong> cercle. Autant les Mossis et les Peuls sont soumis, autant les Samos sont<br />

indépendants et indisciplinés. N’ayant pas <strong>de</strong> chefs <strong>de</strong> cantons, ils ne relèvent que<br />

<strong>de</strong> leurs chefs <strong>de</strong> village dont l’autorité sur eux est bien illusoire.<br />

Dans presque tous les villages. principalement ceux en bor<strong>du</strong>re <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />

Dédougou, où ils sont installés <strong>de</strong>puis longtemps, <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> race Dioula<br />

pratiquent l’islamisme. Intelligents, ils se sont imposés peu à peu aux Samos,<br />

immiscés dans leurs affaires et ont pratiquement acquis une autorité acceptée.<br />

Mais là s’est arrêté leur pouvoir, car ils n’ont pu arriver à convertir une race<br />

essentiellement fétichiste. Très défiants, les Samos viennent rarement au Cercle.<br />

Ils ne quittent guère leurs villages, qui sont très éten<strong>du</strong>s, et comprennent beaucoup<br />

<strong>de</strong> soukallas importantes. Ils accueillent plutôt 1 ‘Européen avec indifférence.<br />

58


1913 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

(Les rapports <strong>de</strong> l’année 1913, surtout<br />

ceux <strong>de</strong>s mois <strong>de</strong> mai à août sont<br />

difficilement exploitables, car en très<br />

mauvais état)<br />

JANVIER<br />

Impôt : Il rentre sans aucune pression. Une somme <strong>de</strong> 97498 Fr. a été perçue en<br />

janvier.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Il ne donne lieu à aucune remarque.<br />

La région présente une population très <strong>de</strong>nse, qui ne sera pas loin lorsque le recen-<br />

sement que nous avons commencé sera terminé, d’accuser près <strong>de</strong> 300000 habi-<br />

tants. D’autre part, le taux <strong>de</strong> l’impôt pourra être élevé progressivement et<br />

atteindre enj?n un chiffre moyen, le jour où le rail viendra <strong>de</strong> ce côté et où <strong>de</strong>s<br />

débouchés nombreux seront créés et donneront au mouvement commercial qui<br />

s’est accentué cette année, une plus gran<strong>de</strong> extension (35).<br />

Par sa ,situation géographique entre les cercles <strong>de</strong> Dort, Ouagadougou, Dédougou<br />

et Bandiagara, <strong>Ouahigouya</strong> est pour les caravanes un lieu <strong>de</strong> passage permanent,<br />

formant le centre <strong>de</strong> routes bien entretenues, jalonnées <strong>de</strong> campements bien<br />

compris, qui le relient aux cercles que nous venons d’énumérer.<br />

La continuation <strong>de</strong> notre œuvre économique, politique et administrative rendra<br />

ainsi, par les conséquences qui en résulteront, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> un <strong>de</strong>s<br />

plus importants, dans un avenir prochain.<br />

(35) L’administrateur fait allusion à un éventuel prolongement <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer Thiès-Kayes-<br />

Bamako (alors en construction sur la portion Thiès-Kayes) ou bien espere voir se réaliser<br />

un jour le Transsaharien dont un mémoire préconisait, dès 1839, la construction pour<br />

l’évacuation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> Soudan. La Mission FLATTERS fut massacrée en 1880 alors<br />

qu’elle reconnaissait le tracé <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer. Quant aux crédits pour la voie Sénégal-<br />

Niger, ils faillirent être refusés parce qu’on voulait réaliser d’abord le Transsaharien. Ce<br />

<strong>de</strong>rnier ne fut jamais construit (cf. A,PROST, p. 16). <strong>Ouahigouya</strong> est actuellement<br />

distant <strong>de</strong>s gares les plus proches (Ouagadougou et Koudougou) <strong>de</strong> 180 km.<br />

59


1913<br />

FÉVRIER<br />

Missions : Le capitaine Inspecteur <strong>de</strong>s goums est arrivé a <strong>Ouahigouya</strong> au commen-<br />

cement <strong>du</strong> mois. L àdministrateur avait réuni pour la circonstance tous les goumiers<br />

et cavaliers <strong>du</strong> cercle. Un goum . d ‘une centaine <strong>de</strong> valiers, recrutés minutieu-<br />

sement a été constitué sur place. Ce goum est divisé en quatre groupes et forme,<br />

ainsi composé, l’effectif d’un escadron <strong>de</strong> cavalerie avec ses quatre pelotons.<br />

MARS<br />

Faits nouveaux : Comme il a été ren<strong>du</strong> compte par rapport spécial, la Commission<br />

Mobile <strong>de</strong> recrutement a procédé à l’engagement <strong>de</strong> 113 recrues pour le premier<br />

semestre. Malgré les avertissements réitérés, <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> villages<br />

n’obéirent pas aux instructions données en ne fournissant pas <strong>de</strong> jeunes gens. Une<br />

punition était nécessaire pour éviter le retour <strong>de</strong> pareils actes d’indiscipline. Aussi,<br />

les chefs et les notables <strong>de</strong> ces villages furent convoqués au chef-lieu <strong>de</strong> cercle et<br />

punis <strong>de</strong> quinze jours <strong>de</strong> prison. Une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2.5 Fr. fut infligée, en plus, à quel-<br />

ques chefs <strong>de</strong> groupes Peuls qui ne se présentèrent pas à lüdministrateur.<br />

impôt : L ‘impôt a été totalement perçu d la’date <strong>du</strong> 29 mars. Il accuse un excé<strong>de</strong>nt<br />

<strong>de</strong> 2 615.80 Fr. sur le rôle primitif Les indigènes ont apporté sans difficulté le<br />

supplément qui leur avait été <strong>de</strong>mandé, en raison <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> population<br />

relevée par le recensement.<br />

AVRIL<br />

Faits nouveaux : Une torna<strong>de</strong> d’une violence inouie a sévi dans la région, à la fin<br />

<strong>du</strong> mois, causant <strong>de</strong>s dégâts importants et <strong>de</strong>s morts d’indigènes et d’animaux.<br />

Missions : La mission <strong>de</strong> remonte, commandée par le Capitaine <strong>de</strong> spahis B. est<br />

arrivée à <strong>Ouahigouya</strong> au commencement d’avril. Presque tous les chevaux <strong>de</strong> la<br />

région avait été rassemblés au chef-lieu <strong>du</strong> cercle. Plus <strong>de</strong> six-cents chevaux furent<br />

ainsi présentés à la mission. Elle ne peut en acheter qu ‘une vingtaine qui remplis-<br />

saient les conditions voulues pour faire <strong>de</strong> bonnes montures.<br />

Questions en cours, leur suite :Néant.<br />

Faits nouveaux : Néant.<br />

60<br />

SEPTEMBRE


1913<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuhtions :Il me paraît bon, autant que je puis en juger actuellement.<br />

Missions :Néant.<br />

Justice indigène : . . . Les juges <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> semblent très sérieux, inaccessibles<br />

aux ca<strong>de</strong>aux et jugeant avec une certaine séven*té, ce qui n’est pas un mal dans un<br />

pays où les affaires <strong>de</strong> vol et <strong>de</strong> violence sont nombreuses.<br />

(Bien que l’affectation d’un nouvel admi-<br />

nistrateur ne soit pas signalée dans le<br />

rapport <strong>de</strong> septembre 19 13, celui-ci porte<br />

la signature <strong>de</strong> L. TAUXIER. Cet adminis-<br />

trateur, qui restera en <strong>poste</strong> à <strong>Ouahigouya</strong><br />

jusqu’en septembre 1914 puis comman-<br />

<strong>de</strong>ra à nouveau le cercle <strong>de</strong> mai 19 15 à<br />

juin 1916 est connu pour avoir écrit plu-<br />

sieurs ouvrages sur les régions <strong>de</strong> la boucle<br />

<strong>du</strong> Niger, notamment ccLe Noir <strong>du</strong> Sou-<br />

dan> publié en 1912 et «le Noir <strong>du</strong><br />

Yatenga» paru en 19 17).<br />

OCTOBRE<br />

Impôt : Les chefs <strong>de</strong> cantons et <strong>de</strong> villages ont été convoqués pour qu’ils puissent<br />

venir prendre leur montant d’impôt à verser pour 1914.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Bon. Néanmoins, les mossis sont voleurs et batailleurs. Ils<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être surveillés <strong>de</strong> très près afin d’éviter les vols et les rixes (36).<br />

Questions musulmartes : Très pau importantes. Les tournées faites à ce sujet par<br />

l’agent politique n’ont donné aucun résultat intéressant.<br />

Justice indigène :Les jugements ren<strong>du</strong>s portent surtout sur <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> vol.<br />

NOVEMBRE<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : L ‘esprit n’est pas mauvais. Mais le Mossi, qui était avant<br />

notre occupation, pillard et guem’er, est.resté voleur et violent. Les tribunaux indi-<br />

gènes <strong>de</strong>vront ici, pendant longtemps encore, montrer une certaine sévérité.<br />

(36) Même remarque que dans la note 25. Cf. également la note 31.<br />

61


1913<br />

Tou<strong>de</strong>s : LiAdministrateur a fait, <strong>du</strong> 28 octobre au 29 novembre 1913, une<br />

gran<strong>de</strong> tournée <strong>de</strong> recensement dans le pays Samo. C’est la première fois que ce<br />

pays est recensé.<br />

On avait évité <strong>de</strong> le recenser jusqu ‘ici (...) pensant que les Samos s’enfuiraient dans<br />

la brousse et se laisseraient d#?cilement approcher. En fait, ces gens sont beau-<br />

coup moins sauvages qu ‘on ne le disait et se sont laissés recenser docilement.<br />

Le recensement, appuyés <strong>de</strong> quelques contre-recensements, a permis <strong>de</strong> s’apercevoir<br />

que cette population avait été légèrement surévaluée. De plus, on n’avait pas tenu<br />

compte, dans les chiffres approximatifs établis pour 1 ‘impôt, <strong>de</strong>s non-imposables.<br />

Or, ceux-ci (enfants en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> huit ans et infirmes) représentent a peu près le<br />

quart <strong>de</strong> la population Samo (22 % exactement). En définitive, les villages Samos <strong>du</strong><br />

cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, au nombre <strong>de</strong> douze, portés pour 21228 habitants, en<br />

contiennent en réalité 20 055 pour 15 381 imposables et 4 674 non imposables.<br />

Cela fait une diminution <strong>de</strong> 5 % sur la population totale, telle qu’elle avait été éva-<br />

luée par à peu près, et <strong>de</strong> 27 % sur la population imposable. Des rôles <strong>de</strong> dégrè-<br />

vement seront établis en conséquence pour l’impôt <strong>de</strong> 1914 (37).<br />

L “état d’esprit <strong>de</strong>s Samos est bon. Ce sont <strong>de</strong>s cultivateurs renforcés, groupés en<br />

familles extraordinairement nombreuses. Ce sont <strong>de</strong> grands pro<strong>du</strong>cteurs <strong>de</strong> mil.<br />

Malheureusement, la récolte n’a pas été bonne cette année, à cause <strong>de</strong> l’absence<br />

<strong>de</strong> pluie (38).<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

La question <strong>du</strong> recensement me semble la plus importante dans ce cercle. Les ques-<br />

tions matérielles sont résolues : immeubles, mobilier, routes, campements, etc.. ;<br />

tout cela est en bon état et ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qu’à être entretenu. Ce qui se pose avec<br />

urgence, c’est la question <strong>du</strong> recensement. Elle est importante car le recensement<br />

est à la base <strong>de</strong> l’impôt. Assurément, le taux <strong>de</strong> l’impôt, ici, est- peu élevé et, par<br />

conséquent, peut laisser place à une certaine latitu<strong>de</strong>, à un certain flottement dans<br />

IFvaluation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong>s contribuables. Mais l’impôt croïtra <strong>de</strong> plus en plus ; il<br />

n ‘y a pas à en douter. Et alors, au fur et à mesure qu’il croîtra, il <strong>de</strong>viendra <strong>de</strong> plus<br />

en plus nécessaire <strong>de</strong> se rapprocher exactement <strong>de</strong> la réalité, <strong>de</strong> smjoir exactement<br />

combien sont ceux qui doivent payer. Des erreurs d’évaluation. sans importance<br />

auparavant, <strong>de</strong>viendront graves. Bref, il nous faudra <strong>de</strong> plus en plus recourir au<br />

recensement exact et frequent.<br />

En ce moment, le recensement laisse beaucoup à désirer ici, Si uous consdtom les<br />

cahiers <strong>de</strong> recensement, F~OUS voyons que les seules régions <strong>du</strong> cercle recensées<br />

jusqu’ici sont :<br />

(37) On reconnait là la rigueur <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> recensement con<strong>du</strong>ites par L. TAUXIER.<br />

Nous aurons encore I’occasion <strong>de</strong> constater le «sérieux» <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> cet administrateur.<br />

(38) Coustatous que, <strong>de</strong>puis 1907, aucune récolte n’a pu étre estimée bonne.<br />

62


1913<br />

1” le Sud-Est, recensé en mars, avril et juin 1909. Monsieur M. a recensé les can-<br />

tons <strong>de</strong> OU~, Bassi, Roba, Tougo, Tougouya, Kossouka et Zitenga.<br />

2” le village même <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> recensé en mai 1910.<br />

3” le secteur Nord-Est, situé entre la route <strong>de</strong> Douentza et celle <strong>de</strong> Dori, recensé en<br />

septembre, novembre, décembre 1911 et février 1912.<br />

Après avoir recensé tout le pays samo, il reste à faire : toute la partie Est <strong>du</strong> cercle :<br />

à savoir les grands cantons <strong>de</strong> Windighi, <strong>du</strong> Rattenga, <strong>du</strong> Risiam et <strong>du</strong> Zittenga (qui<br />

n ‘a été fait qu ‘en partie en 19091,<br />

toute la partie Nord-Ouest, comprise entre la route <strong>de</strong> Douentza et .celle <strong>de</strong><br />

Louta, enfin la partie Sud et Sud-Est : cantons <strong>de</strong> Leba, <strong>de</strong> Goursi, <strong>de</strong> Kassebé, <strong>de</strong><br />

Boussoum, etc...<br />

Une fois ce travail fondamental fait et bien fait, on aura une base sérieuse pour<br />

asseoir l’impôt.<br />

En ce qui concerne celui-ci . . . donnons d’abord les documents <strong>recueil</strong>lis dans les<br />

archives <strong>du</strong> Poste. Ils éclairent d’une façon remarquable la progression <strong>de</strong> cet impôt :<br />

1899 12150 Fr. 1907<br />

1900 28324 ” 1908<br />

1901 30412 ” 1909<br />

1902 49 715,98 ” 1910<br />

1903 50337 ” 1911<br />

1904 63579,25 ” 1912<br />

1905 87332,62 ” 1913<br />

1906 88546,65 ‘* 1914<br />

109 618,44 Fr.<br />

137965,65 ”<br />

138555,25 ”<br />

157638,75 ”<br />

159 9 73,65 ”<br />

174 781 ”<br />

192634 ”<br />

214857,20 ”<br />

(prévisions)<br />

L’impôt direct a augmenté en 14 ans <strong>de</strong> 191000 Fr. ce qui fait une moyenne <strong>de</strong><br />

13643 Fr. par an. Pour 1914, mon prédécesseur l’a augmenté d’un seul coup <strong>de</strong><br />

22 000, ce qui nous donne la ligne <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ite à tenir pour 1915.<br />

En 1912, il existait trois catégoties <strong>de</strong> contribuables : 1 o les simples cultivateurs<br />

(Mossis, Fulsés, Samos, Rimaibes) qui payaient 0,65 Fr. par tête imposable. 2” les<br />

commerçants et les semi-pasteurs (Yarsés, Marencés, Silmi-Mossis) qui payaient<br />

0,75. 3” enJin, les pasteurs qui payaient 1,50 Fr. En 1913, ce classement fût res-<br />

pecté ; seulement la première catégorie fit mise à 0,70 Fr. et la secon<strong>de</strong> à 0,SO Fr. ;<br />

la troisième à 1,60 Fr. et cela donna une augmentation <strong>de</strong> 18 000 Fr. Pour 1914,<br />

mon prédécesseur réunit en une seule les <strong>de</strong>ux premières catégories et les mit toutes<br />

les <strong>de</strong>ux à 0,SO Fr. Cela a donné d’un seul coup une augmentation <strong>de</strong> 22 000 Fr.<br />

Et maintenant que faut-il faire pour 1915 ?<br />

A mon avis, il est certain que les noirs commerçants peuvent payer un peu plus pour<br />

l’impôt que les noirs purement cultivateurs. Ils sont évi<strong>de</strong>mment plus riches ou - plus<br />

exactement - moins pauvres. J’estime que si les cultivateurs purs payent 0,80 Fr., les<br />

cultivateurs-commerçants et <strong>de</strong>mi pasteurs peuvent payer 1 Fr. De même, je pro-<br />

pose d’augmenter les Foulbés (pasteurs) (391, et <strong>de</strong> leur faire payer 1,75 Fr. au lieu<br />

(39) Fulbe : Peul.<br />

63


1913<br />

<strong>de</strong> 1,60. Ces légeres augmentations pro<strong>du</strong>iront un surplus <strong>de</strong> 6 400 Fr. environ.<br />

Pour les Samos un cas spécial se pose : le recensement que je viens <strong>de</strong> faire a prouvé<br />

que le nombre d’imposables est beaucoup moins grand qu’on ne l’avait supposé. Il y<br />

a 15 381 imposables et non 21228, donc une grosse diminution. Or, si nous laissons<br />

les Samos à 0,SO Fr., ils paieront désormais, pour 1914 et 1915, 12 304,80 Fr. alors<br />

qu’en 1913, ils ont payé (sans dificulté apparente) 14 935,60 Fr. Je propose donc<br />

<strong>de</strong> mettre les Samos à 1 Fr-, ce qui leur fera payer 15 381 Fr. en 1914 et 1915. Ils<br />

seront encore diminués <strong>de</strong> 1129,40 Fr. sur le rôle primitif <strong>de</strong> 1914 et ne seront pas<br />

augmentés en 1915. Il est bien enten<strong>du</strong> que, comme les Samos sont <strong>de</strong> purs culti-<br />

vateurs, ce n’est que temporairement qu’ils se trouvent rangés dans la même caté-<br />

gon-e que les commerçants et <strong>de</strong>mi pasteurs. Il faudra les années.prochaines les faire<br />

marquer le pas pour que les Mossis, Adsés et Rimaibes les rattrapent. L’impôt <strong>de</strong><br />

l’avenir est, en effet, dans le Yatenga <strong>de</strong> : 1 Fr pour les purs cultivateurs, 150 Fr.<br />

pour les commerçants et 2 Fr. ou 2,50 Fr. pour les pasteurs.<br />

En résumé, je propose une augmentation <strong>de</strong> 5 300 Fr. environ sur le chiffre <strong>de</strong> 1914<br />

(215 000 Fr.), sans compter celle que peuvent donner les recensements qui sont à<br />

entreprendre.<br />

J’estime que nous ne pouvons pas augmenter plus le chiffre <strong>de</strong> l’impôt pour 1915<br />

étant donné que la récolte <strong>de</strong> 1913 (octobre 1913) a été fort mauvaise. Cette récolte<br />

n’aura pas <strong>de</strong> répercussion sur l’impôt <strong>de</strong> 1914, qui est déjà rassemblé à l’heure qu ‘il<br />

est et prêt à être payé, mais s’il y a famine dans le pays au printemps <strong>de</strong> 1914, cela<br />

pourra avoir une répercussion sérieuse sur 1 ‘impôt <strong>de</strong> 1915.<br />

L’esprit <strong>de</strong>s populations est bon. Les noirs <strong>du</strong> Yatenga se sont resignés à notre auto-<br />

rité et ne la contestent plus... Malheureusement, les Mossis, autrefois pillards, ne se<br />

sont pas transformés d’un seul coup. Jadis, ils dirigeaient soit <strong>de</strong>s expéditions régu-<br />

lières, soit <strong>de</strong>s attaques incessantes à main armée sur les populations qui les entou-<br />

raient : Samos, Fulbés, Rimaibes. Depuis notre arr&ée, ils ont <strong>du</strong> renoncer à cette<br />

manière <strong>de</strong> faire, mais ils sont restés pillards au fond <strong>de</strong> l’âme, beaucoup moins<br />

dressés que les Fulsés et les Samos au travail agricole régulier, et cela se tra<strong>du</strong>it<br />

maintenant par <strong>de</strong>s vols incessants et par <strong>de</strong>s meurtres dont il est difficile <strong>de</strong> saisir<br />

les auteurs... IZ faut amener les Mossis à ne plus concevoir d’autre issue à la satis-<br />

faction <strong>de</strong> leurs besoins que celle <strong>du</strong> travail régulier et quotidien.<br />

64


1914 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Impôt : L ‘Nnp& <strong>de</strong> 1914 a commencé à rentrer... 32 180,20 Fr. ont déjà été versés.<br />

Recrutement :La Commission <strong>de</strong> recrutement a commencé ses travaux le 24 janvier<br />

et les a terminés le lerfévrier. Elle a pris 161 tirailleurs... Quoique la circonscription<br />

soit supportée avec peine par la population mossi, le recrutement n’a donné lieu<br />

à aucun inci<strong>de</strong>nt.<br />

-\;.:r<br />

><br />

Questïons en cours et faits nouveaux :Néant.<br />

MARS<br />

Impôt : Il est bien rentré en mars : il est rentré exactement 55 587.50 Fr. Il ne reste<br />

plus que 24 000 Fr. à rentrer.<br />

École : L’ecole continue à bien fonctionner sous la surveillance <strong>de</strong> Monsieur P. le<br />

nouvel instituteur (40).<br />

AVRIL<br />

Impôt : Il continue à rentrer sans que IAdministrateur soit obligé <strong>de</strong> sanctionner.<br />

Près <strong>de</strong> 20 000 Fr. ont été perçus dans le courant <strong>du</strong> mois. Il ne reste plus à perce-<br />

voir que 3 985 Fr.<br />

Questions musulmanes: Toujours <strong>de</strong> très peu d’importance dans le cercle.<br />

l?coles : Trois fois par semaine, un cours d’a<strong>du</strong>ltes a lieu. A ce jour, trente-sept élèves<br />

y sont inscrits et trente suivent régulièrement ce cours.<br />

Justice indigène : Les membres <strong>du</strong> tribunal ont eu surtout sà juger <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> vol.<br />

(40) C’est le premier instituteur #blanc» nommé à <strong>Ouahigouya</strong>. Jusqu’alors, l’école était<br />

dirigée par un «moniteur indigène».<br />

65


1914<br />

Impôt : Presque tout l’impôt est rentré. Pz ne reste plus que 52,40 Fr. à recouvrer<br />

sur un rôle d’impôt global <strong>de</strong> 210 641,60 Fr.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Rien a ajouter à ce qui a été dit dans les rapports précé-<br />

<strong>de</strong>nts. Les vols et les meurtres se multiplient <strong>de</strong> plus en plus sous l’influence d’une<br />

famine grandissante.<br />

Tournées : L administsateur est rentré le ler juin après trente-un jours <strong>de</strong> tournée et<br />

après avoir recensé 17 000 indigènes Il a commencé par le canton <strong>de</strong> Ouindighi qui<br />

comprend 17 villages... Pour les 17 villages recensés avec soin, jai trouvé 6 271 habi-<br />

tants sur lesq.uels il y a 4501 imposables et 1 770 non imposables. Ceux-ci forment<br />

donc une proportion <strong>de</strong> 28 % environ que 1 ‘on peut prendre comme étant la propor-<br />

tion <strong>de</strong>s non imposables chez les Fulsés ou Nioniossés ; le canton <strong>de</strong> Ouindighi étant<br />

un canton presque pur <strong>de</strong> Fulsés (41).<br />

Ily a une légère diminution <strong>de</strong>s imposables (exactement 1,37%).<br />

Puis, je me suis transporté sur le terruoire <strong>du</strong> Ratenga. J’ai recensé 57 villages,<br />

obligé <strong>de</strong> laisser <strong>de</strong> côté les trois villages Foulbés et un village Dinadio (Rimaibe) en<br />

dépendant, les Peuls n’étant pas là en ce moment, mais ayant amené paître leurs<br />

troupeaux dans le sud. C’est en août ou en septembre seulement qu’ils pourront<br />

être recensés.<br />

Les 57 villages ont donné 10 645 habitants sur lesquels il y a 7123 imposables et<br />

3 522 non imposables. La moyenne <strong>de</strong>s non-imposables (enfants au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />

8 ans et infirmes) est ici <strong>de</strong> 33%. R y a une diminution <strong>de</strong>s imposables sur les<br />

chiffi’es portés aux registres d’impôt pour les années 1913 et 1914. Cette dimi-<br />

nution est <strong>de</strong> 5 70, c’est à dire <strong>de</strong> 7 % sur 1 ‘ancien chiffre <strong>de</strong>s imposables (7 693).<br />

comme je lai dit, dix villages seulement avaient été recensés jusqu’ici et les autres<br />

avaient été seulement évalués. De plus, il faut dire que la contrée, à cause d’un<br />

certain nombre <strong>de</strong> mauvais hivernages ou ia pluie ne tombe pas suffisamment,<br />

tend jusqu’ci un certain point à se dépeupler ; les indigènes se transportant<br />

lentement plus au Sud. Tour cela explique cette légère diminution <strong>du</strong> nombre<br />

<strong>de</strong>s imposables.<br />

La situation politique <strong>de</strong> ces régions est bonne. La population est tranquille.<br />

Malheureusement, la situation économique est plus mauvaise. Le mil est rare. Les<br />

indigènes cherchent <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong> nénuphars dans les mares <strong>de</strong>sséchées et les<br />

femmes les feuilles <strong>de</strong>s arbres, dans la brousse.<br />

(41)i%~niose : sous ce nom, les Mossi désignent soit les Dogon, soit Ics Samo, soit les Kurumba.<br />

D’une fapon g&érale, ce nom s’adresse aux prcmicrs habitants <strong>de</strong> la région, ayant précédé<br />

les Mossi.<br />

66<br />

MAI


1914<br />

Impôt :Le restant <strong>de</strong> l’impôt à recouvrer est rentré en juin.<br />

JUIN<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuhtions : Rien à ajouter à ce qui a été dit dans les rapports précé-<br />

<strong>de</strong>nts. Les vols et les meurtres n’ont fait que crottre et embellir sous l’influence<br />

<strong>de</strong> la famine et le Tribunal <strong>de</strong> cercle a eu, en juin, à juger <strong>de</strong> nombreuses affaires<br />

dhomici<strong>de</strong> volontaire ayant pour objet le vol. Espérons que les semailles, qui se<br />

font en ce moment, mettront un terme à ce débor<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> crimes causé par<br />

la faim.<br />

Ecoles : L’école <strong>du</strong> village <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été fermée le 15 juin pour cause <strong>de</strong><br />

vacances.<br />

Tribunaux indigènes : . ..les rôles <strong>de</strong> la justice sont plus chargés que jamais pour la<br />

cause que j’ai dite plus haut... Les membres <strong>du</strong> Tribunal sont très sérieux et font<br />

leur besogne d’une façon ferme et juste.<br />

Questions en cours, leur suite :Néant.<br />

Faits nouveaux :Néant.<br />

JUILLET<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : La fièvre <strong>de</strong> vols et dhomici<strong>de</strong>s que la famine avait<br />

déchainée sur le cercle en mai et juin 1914 semble un peu calmée en ce moment.<br />

Cela vient sans doute <strong>de</strong> ce que les gens se sont mis à leurs champs et sont en train<br />

<strong>de</strong> travailler. De plus, la suppression temporaire <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> marchés jusqu’rru<br />

ler octobre a pro<strong>du</strong>it un excellent effet. Le mil est <strong>de</strong>venu plus abondant ou, plus<br />

exactement, moins rare sur tous les marchés, mais il est d’un prix énorme qui<br />

dépasse au détail 1 Fr. le kilogramme et Mève même à 1,45 Fr. quelquefois.<br />

Les pluies ont été abondantes pendant les trois premières semaines <strong>du</strong> mois<br />

<strong>de</strong> juillet mais, <strong>de</strong>puis le 22, il y a un ralentissement dans la tombée <strong>de</strong>s pluies.<br />

Espérons qu ‘elles vont reprendre plus fortes que jamais (42).<br />

(42) Le prix <strong>du</strong> kg <strong>de</strong> mil est exhorbitant. En temps normal, il est <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sous. Dans la circons-<br />

tance présente, il est <strong>du</strong> même ordre que le taux <strong>de</strong> l’impôt. Aujourd’hui, le taux <strong>de</strong><br />

l’impôt personnel (650 F) en moyenne atteint environ dix fois le prix <strong>du</strong> kg <strong>de</strong> mil, à<br />

son plus haut cours (19’73).<br />

67


!~~OUI shd ua UO~SS~II aun<br />

t


1914<br />

AOÛT<br />

Questions en cours, leur suite : La famine a régné dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

pendant le mois d’août 1914. L’Administrateur a éte obligé <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r par<br />

télégramme N” 150 <strong>du</strong> 7 août un crédit <strong>de</strong> secours <strong>de</strong> famine. Deux mille francs<br />

ont été accordés par télégramme 3267 <strong>du</strong> 10 août pour faire face aux besoins<br />

urgents (43). Ils ont été distribués avec soin <strong>du</strong> II au 28 août. Actuellement, il<br />

serait désirable qu’un nouveau secours, <strong>de</strong>mandé par télégramme N” 183 <strong>du</strong><br />

28 août, soit accordé, la récolte <strong>de</strong> mais n’ayant pas encore eu lieu à <strong>Ouahigouya</strong><br />

à cause <strong>de</strong> l’hivernage tardif et les décès étant toujours au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la moyenne à<br />

<strong>Ouahigouya</strong> et dans les environs.<br />

Les pluies ont été abondantes et même magniJiques pendant le mois d’août 1914<br />

quoique dans les <strong>de</strong>rniers jours, elles se soient ralenties. Il est permis d’espérer<br />

qu’elles continueront ou reprendront en septembre et que la récolte cette année<br />

sera belle. Cependant. si l’hivernage 1914 est remarquable, il aura été tardif et c’est<br />

ce qui explique que la moisson <strong>de</strong> maïs n’ait pas encore eu lieu dans le cercle. Elle<br />

n “aura pas lieu avant le 10 septembre. Le mil vaut toujours 1 Fr le kilo sur le marché.<br />

Faits nouveaux :Néant.<br />

Impôt :Rentré <strong>de</strong>puis longtemps.<br />

SEPTEMBRE<br />

Questions en cours, leur suite : La famine a heureusement pris fin au cours <strong>de</strong> sep-<br />

tembre. La récolte <strong>du</strong> maïs, bonne d’une façon générale, a eu lieu et elle a fait<br />

tomber le prix <strong>du</strong> mil d’une façon extraordinaire ; <strong>de</strong> 1 Fr le kilo, le mil est <strong>de</strong>scen<strong>du</strong><br />

à 0,50 Fr, puis à 0,2.5 Fr, enfin à 0,20 Fr le kilo, prix où il est actuellement.<br />

Assurément, c’est encore beaucoup mais ce prix se maintiendra tant que la récolte<br />

<strong>du</strong> sorgho rouge (le premier <strong>de</strong>s mils récoltés) n ‘aura pas eu lieu. La récolte générale<br />

<strong>du</strong> mil s’annonce comme fort bonne cette année. Les pluies ont été suffisantes et se<br />

sont prolongées jusqu’en fin septembre. Actuellement, elles ne sont peut-être pas<br />

encore finies. Il est dommage que le défaut relatif <strong>de</strong> semences et le manque <strong>de</strong> bras<br />

pro<strong>du</strong>its par la famine fassent que cette récolte ne soit pas aussi magnifique qu’elle<br />

aurait pu l’être sans cela (44).<br />

(43) Soit, au prix <strong>du</strong> marché <strong>de</strong> détail, en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re, l’équivalent en valeur <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux tonnes <strong>de</strong> mil, pour quelques 350 000 habitants recensés. Un secours bien maigre. . .<br />

à titre <strong>de</strong> comparaison, l’année suivante 14 000 F sont dépensés sur le chapitre ((ca<strong>de</strong>aux<br />

divers» pour faciliter le recrutement <strong>de</strong>s tirailleurs.<br />

(44) Ce passage mériterait d?être développé. L. TAUXIER ne dit-il pas en clair que la sécheresse<br />

d’une année se répercute sur la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’année suivante par ses effets in<strong>du</strong>its ?<br />

Sécheresse entre mai et septembre 1913 : sou<strong>du</strong>re difficile en 1914 et, par suite, ré<strong>du</strong>ction<br />

<strong>de</strong>s surfaces ensemencées (faibles réserves <strong>de</strong> semences et moindre vigueur au travail),<br />

laissant prévoir une récolte médiocre en 1914,indépendamment <strong>de</strong>s bonnes conditions<br />

pluviométriques.<br />

69


1914<br />

Faits nouveaux : Comme je. l’ai expliqué dans divers télégrammes, la levée <strong>de</strong>s<br />

réservistes <strong>du</strong> cercle, en août et en septembre, s’est heurtée à <strong>de</strong>s obstacles provenant<br />

<strong>de</strong> la famine. La plupart <strong>de</strong>s anciens tirailleurs, au lieu <strong>de</strong> se remettre à la culture<br />

après leur libération, font les dioulas et sont sans cesse en mouvements entre le<br />

le cercle <strong>du</strong>ne part et la Gold-Coast et la Côte d’ivoire <strong>de</strong> Pa&re. Ils sont donc,<br />

par métier, assez difficilement saisissables. Ajoutez la famine qui, à partir d’avril,<br />

a poussé environ un tiers <strong>de</strong> la population <strong>du</strong> cercle dans les cercles <strong>du</strong> sud pour<br />

y vivre (à Ouagadougou, Dédougou, Bobo-Dioulasso, Tenkodogo, Léo, etc.) et on<br />

se fera une idée <strong>de</strong>s difficultés que 1 ‘Administrateur a eues pour réunir quelques uns <strong>de</strong><br />

ces réservistes. Ajoutez les mala<strong>de</strong>s, soit directement <strong>de</strong> la famine, soit parce qu’elle<br />

aggravait chez eux <strong>de</strong>s maux variés dont ils auraient fnomphé aisément en temps ordi-<br />

naire. Tout cela explique que sur 83réservistes théoriquement disponibles sur 114 ins-<br />

cn.ts sur les contrôles, 27 seulement aient pu être dirigés sur Ségou, via Dédougou...<br />

Bref, la mobilisation <strong>de</strong>s réservistes a été entravée par l’e’tat <strong>du</strong> cercle (45)..<br />

Pour la levée <strong>de</strong>s engagés volontaires, les difficultés ne sont pas moindres. Les popu-<br />

lations répugnent fortement au service militaire et ne comptaient pas avoir à fournir<br />

<strong>de</strong> soldats avant le mois <strong>de</strong> janvier prochain, en ayant fourni 161 en janvier <strong>de</strong>rnier.<br />

Elles y comptaient d ‘autant moins que l’état économique <strong>du</strong> cercle étant déplorable,<br />

elles pensaient qu’on les épargnerait jusqu ‘à ce qu’une bonne récolte eût tout remis<br />

en ordre. En fait, malgré fou tes les exhortations, il n ‘y a pas d hngagés volontaires et<br />

il faut user d ‘une certaine pression pour obtenir même ceux qui se présentent comme<br />

tels. Cependant, <strong>de</strong>ux convois, l’un <strong>de</strong> neuf l’autre <strong>de</strong> trente engagés sont partis le<br />

20 et le 27 septembre pour Bandiagara. Ils seront suivis, a bref délai, d’un nouveau<br />

convoi.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Il est toujours bon, mais la famine a extraordinairement<br />

fatigué les habitants <strong>du</strong> cercle. Un dixième <strong>de</strong> la population a été victime <strong>de</strong> la<br />

famine (évaluation approximative), 31500 personnes environ sur une population<br />

totale <strong>de</strong> 315 000 habitants. Un tiers (105 000) a quitté temporairement le cercle<br />

pour les cercles <strong>du</strong> sud, mais je pense que la plus gran<strong>de</strong> partie va rentrer avec la<br />

récolte. Cependant, quelques familles se sont dé.fmitïvement futées dans les cercles<br />

<strong>du</strong> sud comme me l’ont appris les télégrammes <strong>de</strong> Bobo et <strong>de</strong> Dédougou.<br />

Locaux <strong>de</strong> détention : Une épidémie a sévi à la prison <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> en août et<br />

septembre, non pas <strong>de</strong> dysenterie, comme on l’avait cru d’abord, mais <strong>de</strong> diarrhée.<br />

27prisonniers sont morts <strong>de</strong> ce chef en août et 29 en septembre.<br />

(45) Le 3 août, les hostilités sont ouvertes entre l’Allemagne et la France. Lorsque L. TAUXIER<br />

rédige son rapport <strong>de</strong> septembre, la première bataille <strong>de</strong> la Marne est terminée et les belli-<br />

gérants entament la course à la mer.<br />

70


1914<br />

OCTOBRE<br />

Questions en cours, leur suite : Le cercle a repris son existence normale. Le mil étant<br />

à maturité, les épidémies causées par l’absorption <strong>de</strong> mil vert ont disparu et la mor-<br />

talité parait s’abaisser considérablement. La récolte est commencée. Elle est très<br />

belle et les transactions commerciales reprennent.<br />

En moins <strong>de</strong> dix jours, j’avais envoyé à Bandiagara 138 recrues et je comptais en<br />

expédier 500 autres dans un délai <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois. Malheureusement, le télégramme .<br />

<strong>de</strong> I’Autotité militaire est venu tout arrêter et les 138 recrues m’ont été retournées,<br />

sans même avoir été examinées.<br />

Fait nouveau : Monsieur I’Administrateur T. a fait le recensement <strong>du</strong> canton <strong>de</strong><br />

Namsiguia... Il fallait s’attendre à une diminution car beaucoup d’indigènes sont<br />

morts pendant la famine et un certain nombre est parti... Il y a donc lieu <strong>de</strong> suspendre<br />

momentanément tout recensement qui ne pourrait accuser que <strong>de</strong>s données<br />

fausses /46).<br />

Tous les chefs ont été invités à pro<strong>du</strong>ire les noms <strong>de</strong>s personnes décédées ou parties<br />

définitivement. Ces déclarations seront autant que possible contrôlées et c’est sur<br />

elles que nous nous baserons pour vous proposer un rôle <strong>de</strong> dégr&ement, Ma proposition<br />

<strong>de</strong> porter pour 1916 l’impôt <strong>de</strong> I,75 à 2 Fr par tête pour les Peuls et <strong>de</strong><br />

0,80 à 1 Fr par tête pour le reste <strong>du</strong> cercle ne compensera pas le déficit causé par<br />

la famine mais l’atténuera singulièrement. En outre, ce taux n ‘u rien d’exagéré. J’en<br />

ai parlé aux chefs qui n’ont pas paru surpris. Ils n’ont point protesté ni même<br />

soulevé d’abjections.<br />

c<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Ne me parait pas mauvais autant que j’en puis juger<br />

<strong>de</strong>puis le peu <strong>de</strong> temps que je comman<strong>de</strong> le cercle. La population est généralement<br />

craintive, sauvage, donc malléable. On ne peut que lui reprocher ses instincts <strong>de</strong><br />

pillage et <strong>de</strong> vol.<br />

Les Mossis sont voleurs par tempérament et par instinct. C’est le premier cercle<br />

que je comman<strong>de</strong> où je me trouve dans 1 ‘obligation <strong>de</strong> fermer les portes et surtout<br />

<strong>de</strong> les assujetir ! Ces précautions n’ont pas suffi et j’ai été volé <strong>de</strong>puis mon am.vée.<br />

Questions musulmanes : Les quelques musulmans sont absolument noyés dans la<br />

masse <strong>de</strong>s fétichistes. Cette appréciation n’empêche pas une surveillance continue,<br />

nécessaire chez toutes les populations primitives et surtout chez celles-ci qui pour-<br />

raient être tentées par <strong>de</strong>s promesses <strong>de</strong> pillages.<br />

(En octobre 1914, L. TAUXIER<br />

a passé le comman<strong>de</strong>ment <strong>du</strong><br />

cercle à un nouvel administrateur)<br />

(46) On peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qui est faux ct w qui est vrai dans le constat d’une diminution <strong>de</strong><br />

la population. Ce que ne veut pas Eldministrateur, qui vient d’ètre affecté à Ouahiouya,<br />

c’est d’être obligé <strong>de</strong> diminuer consiJirab1ement l’impôt ; ce qui lui vaudrait certainement<br />

dc vifs reproches <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> son (;ouvsrneur.<br />

71<br />

.


1914<br />

NOVEMBRE<br />

Questions en cours, leur suite :Ainsi que j’ai eu l’honneur <strong>de</strong> vous rendre compte<br />

par télégramme, j’ai effectué une tournée dans le Sud et suis revenu par la route <strong>de</strong><br />

Yako à <strong>Ouahigouya</strong>. Partout les récoltes sont bonnes. Il y a donc <strong>du</strong> bien-être dans<br />

le cercle.<br />

J’ai &ourté ma tournée <strong>de</strong> quelques jours, rappelé d’urgence par la mort <strong>de</strong> Mon-<br />

sieur le Receveur <strong>de</strong>s Postes, qui était tombé mala<strong>de</strong> le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> mon départ.<br />

Faits nouveaux : pai traversé, pendant cette tour<strong>de</strong>, 23 Vil&es et je me suis fait<br />

donner le nombre <strong>de</strong>s personnes imposables décédées pendant la famine. Ces villages<br />

comprenaient l’année <strong>de</strong>rnière une population <strong>de</strong> 13495 imposables. 3354 sont<br />

mortes <strong>de</strong> la famine. D’autre part, 933 personnes sont paities dans les cercles voisins.<br />

Il reste donc 9 208 personnes, soit une perte sèche <strong>de</strong> 4 287 contribuables (47).<br />

Impôt : Les chefs viennent successivement donner le nombre <strong>de</strong>s morts dans leurs<br />

villages et chercher le chiffre <strong>de</strong> l’impôt qu’ils auront à payer pour 191.5. lis sont<br />

avertis qu ‘ils auront à payer 2 francs et 1 franc par tête, pour l’année 1916. Ils ne<br />

protestent en aucune façon (48).<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : La population est d’une insouciance prodigiatse. Tout le<br />

mois <strong>de</strong> novembre a été l’objet <strong>de</strong> fêtes ininterrompues : la fête <strong>de</strong>s Mossis faisant<br />

suite à la Tabaski. Le mois a été, on peut le dire, consacré aux chants, aux danses et<br />

aux réjouissances. Ce n’est pas dprfs le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> que l’on peut redouter<br />

un soulèvement qui serait provoqué par le fanatisme religiauc musulman. Au<br />

contraire, je pense que les Mossii se mettraient <strong>de</strong> notre côté flanchement, avec<br />

l’espoir <strong>de</strong> s’emparer <strong>de</strong>s troupeaux <strong>de</strong>s Peuls musulmans.<br />

DÉCEMBRE<br />

Questions en cours, leur suite : Suivant les prescriptions <strong>de</strong> vos télégrammes chiffrés,<br />

recommandant <strong>de</strong> surveiller plus étroitement encore les men&es inusulmanes et les<br />

passages <strong>de</strong> marabouts étrangers pendant la guerre, j’ai divisé le cercle en quatre<br />

(47) En matière <strong>de</strong> sécheresse, on ne saurait être plus explicite !<br />

(48) Cette «logique» qui nous paraît odieuse aujourd’hui, était à l’époque en parfaite confor-<br />

mité avec la théorie «pr&eynesienne», faisant <strong>de</strong> l’équilibre budgétaire autant un principe<br />

<strong>de</strong> morale qu’une règle <strong>de</strong> saine gestion <strong>de</strong> l’économie.<br />

72


1914<br />

secteurs dans lesquels j’ai envoyé <strong>de</strong>s agents secrets chargés <strong>de</strong> s’enquérir <strong>de</strong> l’esprit<br />

<strong>de</strong> la population, <strong>de</strong> ce qui se dit et pourrait se manigancer contre nous (49).<br />

Ils sont revenus au bout d’un mois <strong>de</strong> voyage, m’apportant les nouvelles les plus<br />

rassurantes. La population sait, et je l’ai dit moi-même pendant mes tournées,<br />

que nous nous étions emparés <strong>du</strong> Togo et que nous sommes les plus forts. Elle para2<br />

manifester le plus grand contentement...<br />

Impôt : Les habitants se préparent à payer l’impôt, comme chaque année. Malheu-<br />

reusement, nous <strong>de</strong>vons compter sur un déficit dû aux nombreux décès et aux<br />

départs <strong>de</strong> familles qui sont allées plus au sud pour éviter la disette. Je ne pense pas,<br />

toutefois, que ce déficit puisse dépasser 40 000 francs.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Les populations n’ont pas un mauvais esprit et la bonne<br />

récolte <strong>de</strong> cette année n’est pas pour le leur enlever.<br />

La récolte aurait été encore bien meilleure si les gens affamés et affaiblis par un long<br />

jeûne avaient pu cultiver comme auparavant. Les chefs ont été unanimes à me faire<br />

cette objection qui a certainement un grand poids. D’autres enfin manquaient <strong>de</strong><br />

semences et n’ont pu, malgré leur bonne volonte, faire <strong>de</strong>s lougans aussi considé-<br />

rables qu ‘ils en avaient l’habitu<strong>de</strong>.<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

Situation politique et économique : Si, pendant l’année écoulée, la situation poli-<br />

tique a été très calme, il n’en a pas été <strong>de</strong> même <strong>de</strong> la vie économique qui a été<br />

désastreuse et très mouvementée par suite <strong>de</strong> la famine qui a sévi cruellement.<br />

Le chiffre <strong>de</strong> quarante mille morts dans le cercle, pendant cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> détresse,<br />

peut être maintenant considéré comme réel. Ayant pris le comman<strong>de</strong>ment <strong>du</strong><br />

cercle le 10 octobre, j’ai pu, au cours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tournées faites dans le Sud-Ouest et<br />

le Sud-Est <strong>du</strong> cercle, constater dans les villages <strong>de</strong> nombreuses cases abandonnées,<br />

en ruines, dont tous les habitants sont morts ou partis dans les cercles <strong>du</strong> sud moins<br />

éprouvés.<br />

Si <strong>de</strong> nombreux indigènes ont succombé <strong>de</strong> la faim, combien d’autres ont été vic-<br />

times <strong>de</strong> maladies par suite <strong>de</strong> l’absorption <strong>de</strong> toutes sortes d’aliments bizarres :<br />

feuilles d’arbres, racines, détritus <strong>de</strong> tous genres qui leur donnaient <strong>de</strong>s diarrhées...<br />

La mortalité a continué pendant la pousse <strong>du</strong> mil ; les affamés se jetaient sur le mil<br />

vert qui leur donnait une sorte <strong>de</strong> dysenterie presque toujours mortelle. Ce n’est<br />

qu’à la récolte <strong>du</strong> maïs que la mortalité, vraiment effrayante, a diminué d’intensité<br />

pour se terminer à la récolte <strong>du</strong> mil,<br />

(49) Outre la surveillance <strong>du</strong> prosélythisme musulman, <strong>de</strong>venue routine <strong>de</strong>puis la circulaire <strong>de</strong><br />

1906 (cf. note 3), <strong>de</strong> nouveaux ordres sont donnés par le Gouvernement Général dès que<br />

l’Empire Ottoman s’allie avec les Puissances Centrales (novembre 1914). La Turquie repré-<br />

sentait alors le flambeau <strong>de</strong> l’Islam contre l’Occi<strong>de</strong>nt et l’on craint <strong>de</strong>s soulèvements<br />

fomentés par <strong>de</strong>s émissaires musulmans. En septembre 1918, un corps expéditionnaire<br />

allié battra les Turcs en Palestine.<br />

73


1914<br />

Justice : Pendant cette pério<strong>de</strong>, les vols et les crimes ont redoublé d’intensité chc.<br />

ces populations déjà pillar<strong>de</strong>s par tempérament... Cela me permet <strong>de</strong> constater quç<br />

l’esprit <strong>de</strong> la population se modifie heureusement sous notre influence et qu ‘il faui<br />

une ca,$zmite pour que les anciens instincts voleurs, pillards et criminels se révèlen!<br />

<strong>de</strong> nouveau avec une certaine intensité. Ce n’est pas que je veuille démontrer qu’il,,<br />

ont acquis d’emblée toutes les vertus, mais. ils font un véritable effort pour réf?énc.<br />

leurs mauvais instincts et c’est un grand progrès.<br />

Ces observations concernent surtout les Mossis en général. Quant aux Foulbés e><br />

quelques musulmans Yarcés, Rimai%s et Markas (.50), ils font para<strong>de</strong> <strong>du</strong>ne obei,\<br />

sance qui frise l’obséquiosité. Leur fourberie saaccentue encore dans les affaires à,<br />

justice où ils accusent un esprit <strong>de</strong> chicane étonnant.<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuhtiolts : Dans mes tournées, il m’a été donné <strong>de</strong> constater qu i<br />

somme 1 ‘esprit général était bon. Pendant celles-ci, je n ‘ai pas manqué <strong>de</strong> les poussr<br />

à agrandir leurs cultures, <strong>de</strong> leur recomman<strong>de</strong>r <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s réserves en semenw<br />

pour les années médiocres ou mauvaises, <strong>de</strong> ne pas se borner, comme ils le for:<br />

jusqu ‘a présent, à ne cultiver que le mil, mais aussi à planter le riz sur les bords di *<br />

cours d’eau, à entreprendre les cultures <strong>de</strong> manioc, <strong>de</strong> patates, etc.. leur expliquan<br />

les inconvénients <strong>de</strong> toute monoculture.<br />

Je me suis efforcé <strong>de</strong> leur expliquer ce qu’etait la guerre actuelle, que nous étiori<br />

les plus forts, que nous nous étions emparés <strong>du</strong> Togo, ce que certains connaissaien,<br />

déjà par <strong>de</strong>s Dioulas <strong>de</strong> passage. Partout j’ai <strong>recueil</strong>li <strong>de</strong>s assurances <strong>de</strong> loyalisme e-<br />

<strong>de</strong> fidélité, un certain nombre déclarant même qu’ils étaient très heureux <strong>de</strong> 1,<br />

conquête <strong>de</strong> leur pays par les Francais, dont la domination était juste, sage (0<br />

bienveillante.<br />

Commerce : Le commerce qui s”était arrêté... a repris plus que jamais ; on renconr:~<br />

sur les routes <strong>de</strong> nombreuses caravanes portant <strong>de</strong>s kolas et <strong>de</strong>s tissus pour revelf<br />

avec <strong>du</strong> sel, <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton et <strong>du</strong> bétail...<br />

Impôt .: L ‘impôt qui approche donne une recru<strong>de</strong>scence d’activité au mouvem*<br />

commercial qui continuera, j’espère, grace à la bonne récolte <strong>de</strong> cette année<br />

celle qui suit est- encore bonne, on pourra affirmer que la prospérité est reves.<br />

dans le cercle.<br />

L&zmisme : Il n existe que pour une faible partie <strong>de</strong> la population. Contre plus<br />

2.50 000 fétichistes, il n’y a dans le cercle que 45 000 musulmans seulement. Ce sol.<br />

<strong>de</strong>s musulmans <strong>de</strong> surface qui font la priere et c’est tout...<br />

si ITslamisme fait <strong>de</strong>s propres, cela tient au développement économique. Les DiouL.<br />

sont musubnans, leurs transactions s’opèrent particulierement avec ceux <strong>de</strong> leu<br />

religion. Il parait <strong>de</strong> bon ton aux $étichistes qui se lancent dans cette voie <strong>de</strong> ltV,<br />

(50) Il n’y a pas <strong>de</strong> Marka dans le cercle <strong>de</strong> Ouahkouya. Ceux-ci habitent à l’ouest <strong>du</strong> paya<br />

samo. Les Marka, souvent appelés Dafing, sont Soninke à l’origine. Ils sont fixés dans la<br />

boucle <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Moire. Ils sont musuhnans en certains villages, fétichistes dans d’autres.


1914<br />

imiter pour favoriser leurs affaires et trouver aussi dans leurs voyages <strong>de</strong>s corréligion-<br />

naires qui leur faciliteront davantage leurs opérations et leur offnront l’hospitalité.<br />

Car, il est à remarquer que l’islamisme fait très peu <strong>de</strong> progrès chez les sé<strong>de</strong>ntaires,<br />

dans les villages mossis.<br />

Ecole : L Vcole primaire <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, qui était dirigée par un instituteur euro-<br />

péen, semblait prendre <strong>de</strong> l’extension, malheureusement celui-ci a dû être évacué<br />

pour cause <strong>de</strong> maladie. L’école est dirigée actuellement per un moniteur <strong>de</strong> Se classe<br />

qui fait son possible, mais le développement paraît arrêté. Un autre moniteur<br />

stagiaire vient pour l’ai<strong>de</strong>r mais je doute que ces <strong>de</strong>ux indigènes puissent donner<br />

à Pécole le lustre qu’apporte toujours la présence d’un instituteur européen qui<br />

détient le savoir suffisant pour amener les élèves aux écoles supérieures.<br />

Recensement :Le recensement <strong>du</strong> cercle qui avait été refait, en moyenne partie, par<br />

mon prédécesseur Monsieur TAUXIER est ren<strong>du</strong> ca<strong>du</strong>c par suite <strong>de</strong>s nombreux<br />

décès ou départs causés par la famine. Il sera à refaire presque complètement.<br />

Le manque <strong>de</strong> personnel rendra cette tâche très ar<strong>du</strong>e, car il y a dans le cercle<br />

6.50 villages.<br />

Bâtiments <strong>du</strong> Poste : Tous les bâtiments <strong>du</strong> Poste semblent être en parfait état<br />

d’entretien. On a commencé à les recrêpir et blanchir en <strong>de</strong>dans. Cette besogne <strong>de</strong><br />

chaque année est ren<strong>du</strong>e indispensable après la saison <strong>de</strong>s pluies pour la conser-<br />

vation <strong>de</strong>s bâtiments et pour l’hygiène <strong>de</strong>s habitations. Si ces travaux n’étaient<br />

pas minutieusement faits, les termites ne tar<strong>de</strong>raient pas à les rendre inhabitables...<br />

Dispensaire : Malgré Pabsence d’un docteur <strong>de</strong>puis plus d’une année, les indigènes<br />

continuent à affluer au dispensaire où l%fkmier les soigne et panse les plaies avec<br />

beaucoup <strong>de</strong> dévouement.<br />

Conclusions : Le cercle paraît se relever peu à peu. Il n’est pas douteux que les<br />

nombreux habitants qui ont quitté le cercle pour échapper à la famine ne sont pas<br />

partis sans esprit <strong>de</strong> retour... Certains se sont éloignés croyant trouver plus <strong>de</strong><br />

clémence et <strong>de</strong> prospérité dans les pays <strong>du</strong> Sud plus arrosés, mais le plus grand<br />

nombre reviendra. Il est même probable que les autres suivront sinon cette année,<br />

<strong>du</strong> moins les années suivantes, ne se sentant pas chez eux dans les nouveaux pays<br />

et forcés d’abandonner leur manière <strong>de</strong> vivre ordinaire au milieu <strong>de</strong> gens indifférents<br />

ou même hostiles.<br />

Que l’année 1915 soit une année agricole prospère et je suis persuadé que le Cercle<br />

aura à enregistrer pour 1916 un accroissement <strong>de</strong> population et partant, la prospé-<br />

rité économique <strong>du</strong> cercle ne pourra que s’en augmenter d’autant.<br />

Je dois rappeler, en terminant, que le Naba <strong>du</strong> Yatenga est mort le 2 septembre <strong>de</strong>r-<br />

nier et qu’il a été remplacé . . . par Nalébia C., fils <strong>de</strong> notre ancien protégé le Naba<br />

Boulli et çousin <strong>du</strong> décédé. Le nouveau Yatenga-Naba est un homme doux, sérieux,<br />

connu <strong>de</strong>puis longtemps pour son loyalisme envers la France.<br />

75


1915 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : La population fait toujours preuve <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> soumis-<br />

sion. Son esprit est bon et si l’impôt rentre d’abord lentement, ce n’est pas par<br />

snauvais vouloir mais par l’habitu<strong>de</strong> qu’ont les indigènes <strong>de</strong> ne pas se presser même<br />

Dour leurs affaires personnelles. Leur mollesse et leur indolence sont trop connues<br />

pour que j’aie besoin d’insister sur ce sujet.<br />

Faits nouveaux :Le commerce <strong>du</strong> cercle paraît en pleine activité. Le mil a augmenté<br />

en quantité .et se vend <strong>de</strong>ux sous sur le marché. D’autre part, c’est IZpoque <strong>de</strong><br />

I’am’vée <strong>de</strong>s kolas <strong>de</strong> la Gold-Coast en échange <strong>de</strong>s bceufs. Un gros boeuf sé vend<br />

couramment 200 francs en pays anglais, contre 60 ù 7.5 ici. En ce moment, les kolas<br />

se ven<strong>de</strong>nt un peu en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> un sou. On peut en avoir 120 pour 5 francs.<br />

Impôt : L’impôt rentre assez péniblement. Aussi, je viens d’envoyer <strong>de</strong>s instructions<br />

aux chefs <strong>de</strong> presser un peu leurs administrés. Il a été perçu ce mois la somme<br />

<strong>de</strong> 24 6.Z38.5 Fr.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Toujours assez soumis. J’ai profité <strong>de</strong> mes tournées au<br />

Uud-Ouest et Ouest <strong>du</strong> cercle pour passer un premier conseil <strong>de</strong> révision’aux jeunes<br />

gens que je choisissais moi même en vue <strong>du</strong> prochain recrutement... Je n’ai guère<br />

vencontré <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés dans cette opération.<br />

MARS<br />

Questions en cours, leur suite :Le calme le plus complet existe dans le cercle. Toute<br />

la population a été prévenue en vue <strong>du</strong> prochain recrutement qui <strong>de</strong>vait avoir lieu<br />

le 2.5 mars et a été reculé ensuite au 10 puis au 12 avril. Tout est prêt pour cette<br />

opération qui s’effectuera, j’en suis convaincu, le mieux <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>.<br />

Faits nouveaux : Monsieur I’Administrategr TAUXIER (<strong>de</strong> retour dans le cercle<br />

pour effectuer <strong>de</strong>s recensements) a commencé, pendant une gran<strong>de</strong> partie <strong>du</strong> mois<br />

<strong>de</strong> mars, le nouveau recensement nominatif <strong>du</strong> cercle- Le recensement a donné une<br />

légère plus value, ce qui est <strong>de</strong> bon augure.<br />

76


1915<br />

AVRIL<br />

Questions en cours, leur suite : Je dois signaler que les remises successives <strong>de</strong> dates<br />

pour le recrutement n’ont pas été sans amener un peu d’affolement parmi les popu-<br />

lations <strong>du</strong> cercle. Certains villages frontaliers ont déserté dans les cercles voisins.<br />

Faits nouveaux : Le recrutement a été terminé complètement le 29 avril, d’une<br />

façon normale. Le Docteur C... s’est montré très sévère dans le cho& <strong>de</strong>s recrues.<br />

Le nombre <strong>de</strong> 700 appelés’ n ‘B pas été suffisant et il a fallu en faire venir d’autres...<br />

Les recrues ont été non seulement mesurées très soigneusement, mais marquées au<br />

bras gauche, en forme <strong>de</strong> vaccin, pour faciliter toute recherche en cas <strong>de</strong> désertion<br />

toujours possible.<br />

Impôt : Il est presque complètement perçu. Les rentrées <strong>de</strong> ce mois ont été <strong>de</strong><br />

17242,90 Fr. Il ne reste plus à percevoir que la somme insign$iante <strong>de</strong> 1431,20 Fr.<br />

A ce moment, un rôle <strong>de</strong> d&rèvement et un rOle supplémentaire sont établis. Le<br />

rôle <strong>de</strong> dégrèvement liqui<strong>de</strong>ra le déficit causé par la famine <strong>de</strong> 1914.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : L’esprit <strong>de</strong>s populations n’est pas mauvais, mais la popu-<br />

lation a besoin d’être tenue un peu en bri<strong>de</strong> car elle n’a que trop tendance à<br />

skffianchir <strong>de</strong> toute obéissance envers les chefs et l’autorité. Il est nécessaire <strong>de</strong> ne<br />

pas laisser s&graver cet état d’esprit qui con<strong>du</strong>irait fatalement à l’anarchie.<br />

ÉcoIes : Le moniteur <strong>de</strong> IVcole, DB., est atteint <strong>de</strong> néphrite d’après le docteur qui<br />

l’a examiné. Je ne crois pas qu ‘il puisse assurer son service avant le 15 juin, date <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s vacances. Quant au moniteur stagiaire, M.C., il est parti il y a quelques jours<br />

pour Kayes, passer l’examen d’admission à l’École Normale. L’école se trouve donc<br />

dans <strong>de</strong> mauvaises conditions, en fin d’année scolaire.<br />

MAI<br />

(Le rapport <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai est signé par<br />

L. TAUXIER. Jusqu’en juin 1916, les<br />

rapports seront rédigés <strong>de</strong> sa main)<br />

Questions en cours, leur suite : Un projet <strong>de</strong> recensement rapi<strong>de</strong> <strong>du</strong> cercle a été<br />

élaboré par moi, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monsieur l’Inspecteur <strong>de</strong>s Affaires Adminis-<br />

tratives. Ce projet, qui a fait <strong>de</strong> ma part l’objet d’un rapport spécial très détaillé,<br />

<strong>du</strong> 27 mai 191.5, prévoit le recensement <strong>de</strong> 69000 âmes environ en 175 jours<br />

<strong>de</strong> recensement, c’est-àdire <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour être effectué une tournée <strong>de</strong> recen-<br />

sement chaque mois <strong>de</strong> 20 jours environ <strong>du</strong> ler juin 1915 au ler avril 1916...<br />

77


1915<br />

Faits nouveaux : Quoique la récolte <strong>de</strong> 1914 ait été bonne d’une façon générale,<br />

certains villages, rares heureusement (18 sur 6.50) ont eu une mauvaise récolte,<br />

soit que les semailles, à cause <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-famine <strong>de</strong> mai 1914, n’aient pas<br />

été suffisantes, soit que les champs, à cause <strong>du</strong> manque <strong>de</strong> bras, aient été mal<br />

travaillés pendant l’hivernage 1914, soit que la pluie, et le cas s’est présenté en<br />

quelques endroits, n’ait pas été suffisante sur le territoire <strong>de</strong> ces villages, quoi<br />

qu ‘elle tombât abondamment autour d’eux.<br />

Je ferais mon possible pour régler leur situation en leur faisant emprunter <strong>du</strong><br />

mil à d’autres villages. Si la question, malgré tous mes efforts, ne pouvait être<br />

réglée, je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais, Monsieur le Gouverneur, d’accor<strong>de</strong>r pour ces villages<br />

un crédit ne <strong>de</strong>vant pas excé<strong>de</strong>r 1000 Fr.<br />

Impôt : Une somme <strong>de</strong> 1435,85 Fr a été perçue ce mois-ci. Elle forme le reliquat<br />

<strong>de</strong> l’impôt 1915..<br />

JUIN<br />

Faits nouveaux : La question <strong>de</strong>s villages, victimes <strong>de</strong> la famine cette année, a kté<br />

réglée sur place, par moi, c’est-G-dire en faisant appel aux ressources <strong>de</strong>s villages<br />

plus favorisés qui ont prêté le mil nécessaire pour les semailles et l’en&etien <strong>de</strong>s<br />

populations jusqu ‘a la récolte <strong>du</strong> maïs (ler septembre).<br />

Pendant la tournée que je viens <strong>de</strong> faire, j’ai enquêté sur la récolte que les gens ont<br />

pu faire en octobre 1914 et sur laquelle ils vivent cette année. Je dois dire que beau-<br />

coup n’ont pas été très optimistes. ils m’ont dit, qu’a vrai dise, ils avaient eu <strong>de</strong><br />

1 ‘eau en quantité suffisante l’année <strong>de</strong>rnière, mais qu’ils n’ont pas consacré aux<br />

semailles tout le grain qui aurait été nécessaire, à cause <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-famine<br />

qui était celui <strong>du</strong> pays en mai-juin 1914.<br />

Dans <strong>de</strong>s endroits encore plus nombreux, ils n’ont pas sarclé leurs champs, affaiblis<br />

qu ‘ils étaient par le manque <strong>de</strong> nourriture, si bien que la mauvaise herbe a beaucoup<br />

nui aux grains... Bref; en passant dans les villages, on entend que la récolte a ét&<br />

passable et que certains, au moins les plus peuplés, manqueront peut-être <strong>de</strong> mil<br />

avant la prochaine récolte. J’ai conseillé aux gens d?zller en chercher a Koudougou...<br />

Au pis-aller, c’est-&-dire au cas où ils n ‘suraient rien pour en acheter, je leur ai dit<br />

qu’ils pourront s’adresser directement & <strong>Ouahigouya</strong>, où on fera le possible pour<br />

leur venir en ai<strong>de</strong>.<br />

Ce qui complique la situation, c’est que la plupart <strong>de</strong>s animatiy, surtout le petit<br />

bétail (moutons et chèvres) ayant été mangé ou ven<strong>du</strong> pendant- la famine, le cheptel<br />

est très amoindri et, ainsi, la puissance d khat est plus que mediocre, pour certains<br />

inexistante.<br />

Cependant, il n y aura pas <strong>de</strong> famine cette année ; on peut le dire avec une presque<br />

certitu<strong>de</strong>. Mais il y aura ÇB et là <strong>de</strong>s souffrances indivi<strong>du</strong>elles, reliquat <strong>de</strong> la famine<br />

passée.<br />

78


1915<br />

Impôt : Le rôle définitif pour 1915 s Wève a 180 920,lO Fr. Le 24 juin, un convoi<br />

<strong>de</strong> 80 000 Fr est parti <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pour Koulouba via Mopti (5l)...(illisible)..<br />

restent à l’agence spéciale pour les dépenses <strong>de</strong> l’année courante et <strong>du</strong> commen-<br />

cemen t <strong>de</strong> 1916, avant la rentrée <strong>de</strong> 1 ‘impôt (52).<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations :Il est bon dans les villages ozi les habitants ont largement<br />

à manger. Il est moins bon dans ceux où l’on a beaucoup souffert <strong>de</strong> la famine<br />

l’ennée <strong>de</strong>rnière et où l’on n’est pas encore en très bonne posture cette année.<br />

JUILLET<br />

Questions en cours, leur suite :Monsieur M. a recensé les cantons <strong>de</strong> Oula, Bassi,<br />

Roba, Rissi, etc.. Il a recensé 12 747 personnes, trouvant 10 004 imposables et<br />

2 703 non imposables. Il a trouvé 846 imposables <strong>de</strong> plus que le chiffre donné après<br />

la famine, ce qui fait une augmentation <strong>de</strong> 9%, ce qui est très joli comparativement<br />

à ce qu ‘on pouvait espérer. Disons, en passant, que la famine avait diminué <strong>de</strong> 23%<br />

le nombre <strong>de</strong>s imposables <strong>de</strong> ces cantons. Le recensement prend donc dans le Sud<br />

une tournure plus favorable que dans le Nord et cela se comprend car les pluies<br />

ont dû être plus fortes.<br />

Faits nouveaux : Des engagés ont été <strong>de</strong>mandés dans le cercle, conformément au<br />

télégramme N” 2497 <strong>du</strong> 5 juillet... Malheureusement, les gens <strong>du</strong> Yatenga ont<br />

horreur <strong>de</strong> la conscription volontaire et l’on connait les difficultés auxquelles s’est<br />

heurté mon prédécesseur au cours <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier recrutement (avril 1915) : jeunes gens<br />

s’enfiyant dans la brousse ou atteignant le haut <strong>de</strong>s collines rocheuses (comme à<br />

Tébéla), ou s’enfiyant dans les cercles voisins (comme à Ouétini), gens se mutilant<br />

pour ne pas être pris, etc.. Du reste, <strong>de</strong>s engagés volontaires ont déjà été <strong>de</strong>mandés<br />

par moi en septembre 1914 et par Monsieur G. en décembre <strong>de</strong> la même année et<br />

cela sans aucun succès. Je doute donc fort qu’on en obtienne un seul. D’autre part,<br />

insister jetterait <strong>de</strong> nouveau le trouble dans le cercle et, comme c’est le moment <strong>de</strong>s<br />

cultures, compromettrait certainement la récolte <strong>de</strong> 1915.<br />

(51) Bamako est <strong>de</strong>venue, <strong>de</strong>puis 1908, capitale <strong>du</strong> Haut Sénégal-Niger et restera capitale <strong>du</strong><br />

Soudan <strong>de</strong> 1919 à 1947 pour <strong>de</strong>venir capitale <strong>de</strong> la République <strong>du</strong> Mali à l’Indépendance.<br />

Les bureaux <strong>du</strong> Gouvernement sont installés sur les hauteurs <strong>du</strong> Koulouba qui, au nord,<br />

dominent la ville et le fleuve.<br />

(52) Le convoi dont il est question amène au Gouvernement <strong>de</strong> la colonie une part <strong>de</strong>s recettes<br />

<strong>du</strong> cercle.<br />

79


191s<br />

En ce qui concerne les greniers <strong>de</strong> réserves obligatoires (.53), leur constitution dans<br />

le cercle nkst pas praticable si ce n’est dans le cas d’une pro<strong>du</strong>ction absolument<br />

surabondante. Dans ce cas, on pourrait établir un grenier central à <strong>Ouahigouya</strong>,<br />

composé <strong>de</strong> cases son<strong>de</strong>s en nombre suffisant et taxer les villages d’une certaine<br />

quantité <strong>de</strong> mil à y fournir suivant le chiffre <strong>de</strong> population. Mais si la récolte n’est<br />

que médiocre, ou simplement bonne sans rien d’excessif, les indigènes ne voudront<br />

pas se démunir <strong>de</strong> leur mil, surtout en souvenir <strong>de</strong>s souffrances supportees récemment,<br />

et ne verront là Ru ‘une vexation...<br />

J’estime donc qu’il est plus pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ne<br />

1<br />

prendre aucune mesure pour 1 ‘instant ;<br />

l’entreprise pourrait alarmer les populations. Il vaut mieux attendre <strong>de</strong> voir venir la<br />

nouvelle récolte. Si elle est abondante, on pourra faire construire les greniers et<br />

commencer à les remplir en mil, par une t-axation qui ne <strong>de</strong>vra être exagérée en<br />

aucun cas sous peine <strong>de</strong> discréditer absolument l’institution dans l’esprit <strong>de</strong>s indigènes.<br />

Puis, les années suivantes, si les récoltes sont encore bonnes, on complètera<br />

peu à peu l’approvisionnement.<br />

AOÛT<br />

Faits en cours, Tournées : Du Il au 31 août, jai parcouru le Nord-Ouest <strong>du</strong> cercle<br />

qui a été dévasté par la famine plus qu’aucune autre région <strong>du</strong> cercle qui ait été<br />

visité jusqu’ici. Non seulement beaucoup <strong>de</strong> gens sont morts <strong>de</strong> la famine, mais<br />

encore beaucoup <strong>de</strong> soukallas ont été abandonnées et sont restées vi<strong>de</strong>s. Ajoutez<br />

à ces enfuis le fait que beaucoup <strong>de</strong> villages <strong>de</strong> cette région avaient été surévalués<br />

par mes prédécesseurs. Dans ces conditions, il y a-22% d’imposables en moins...<br />

Tournées <strong>de</strong> reconnaissances <strong>de</strong> routes : Monsieur C., arrivé le 7 août, a été envoyé<br />

par moi pour étudier le tracé <strong>de</strong> la piste <strong>Ouahigouya</strong>-Kiembara (route.<strong>de</strong> Dédougou)<br />

et celui <strong>de</strong> la piste <strong>Ouahigouya</strong>-Djibo. La conclusion <strong>de</strong> Monsieur C. est qu’on<br />

pourra établir assez facilement sur la route <strong>de</strong> Dédougou une piste automobilisable<br />

en saison sèche. Cependant, les travaux nécessiteront la présence d’un européen et<br />

ne pourront pas commencer avant le Ier décembre (54).<br />

(53) A la suite <strong>de</strong> la famine <strong>de</strong> 1914 qui atteint, non seulement les régions <strong>de</strong> l’actuelle <strong>Haute</strong>-<br />

<strong>Volta</strong>, mais aussi tous les territoires <strong>de</strong> la zone soudanienne et sahélienne, une décision <strong>du</strong><br />

Gouvernement Général prescrit la création, dans chaque village, <strong>de</strong> greniers <strong>de</strong> réserves<br />

pour pallier, à l’avenir, aux mauvaises récoltes. Cette institution sera reprise en compte<br />

chaque fois que <strong>de</strong>s pénuries alimentaires affecteront la région puis abandonnée pendant<br />

les années favorables. En théorie, l’idée n’est pas mauvaise, mais, en pratique, elle sera tou-<br />

jours mal appliquée, contraignante et les stocks amassés par village se révéleront insuffisants<br />

dans les moments difficiles.<br />

(54) C’est la première fois qu’il est question d’automobile. Avec son intro<strong>du</strong>ction, il va falloir<br />

entretenir <strong>de</strong> bonnes pistes, établir <strong>de</strong>s ponts et les travaux sur prestation vont <strong>de</strong>venir<br />

excessivement contraignants à la fin <strong>de</strong> chaque saison <strong>de</strong>s pluies.<br />

80


1915<br />

En ce qui concerne la route <strong>de</strong> Djibo, elle est plus mauvaise pour <strong>de</strong>ux raisons : elle<br />

est sablonneuse, et <strong>de</strong> plus en plus à mesure qu’on avance vers Djibo. Secondai-<br />

rement, elle est traversée par cinq martgots (55). Dans ces conditions, la piste ne<br />

sera certainement pas prête avant la fin <strong>de</strong> 1 ‘année I916.<br />

Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, dans ces conditions, si le recensement rapi<strong>de</strong> <strong>du</strong> cercle, la construc-<br />

tion <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> réserve, l’aménagement <strong>de</strong> pistes pour automobiles pourront<br />

être menés ensemble par un Cercle qui ne possè<strong>de</strong> que trois fonctionnaires en tout<br />

et pour tout.<br />

SEPTEMBRE<br />

. Faits nouveaux : Cinquante tirailleurs ont été <strong>de</strong>mandés au cercle par télégramme<br />

AP3766 <strong>du</strong> 24 septembre. J’ai répon<strong>du</strong> que ces tirailleurs pouvaient être fournis<br />

pour le 20 octobre approximativement. Bien enten<strong>du</strong>, ce ne seront pas <strong>de</strong>s volon-<br />

taires, puisqu’il n y en a pas dans le cercle, mais <strong>de</strong>s recrutés. J’ai pris toutes les<br />

mesures pour que ce recrutement n affokît pas les populations.<br />

J’ai choisi, d’abord, parmi les cantons, ceux qui ont peu fourni <strong>de</strong> tirailleurs <strong>de</strong>puis<br />

quatre ans, soit parce qu’on ne leur en a pas <strong>de</strong>mandé autant quaux autres, soit<br />

parce que leur mauvaise volonté à en fournira amené le même résultat. Dans ces<br />

cantons, j’ai choisi les villages qui n’ont jamais n-en fourni jusqu’ici ou qui ont <strong>de</strong>s<br />

déserteurs non retrouvés. Je me suis donc adressé exclusivement aux Foulbés<br />

Torrobés, à Kossouka, au Zittenga, au Riziam et à quatre villages Samos : Konga,<br />

Ouillé, Bangassogo et Lankoy. J’ai fait venir les chefs et, après leur avoir donné <strong>de</strong>s<br />

instructions, je leur ai alloué <strong>de</strong>ux gar<strong>de</strong>s-cercle à chacun pour les ai<strong>de</strong>r. Pour le<br />

reste <strong>du</strong> cercle, je n ‘ai rien fait <strong>du</strong> tout et n-en dit pour éviter cet affolement fâcheux<br />

qu’on a vu se pro<strong>du</strong>ire ici en février, mars et avril 191.5. Bref jai opéré avec mys-<br />

tère et rapidité et n’ai <strong>de</strong>mandé que 100 hommes mais bien choisis entre lesquels la<br />

Commission n ‘aura qu ‘à sélectionner 50 tirailleurs.<br />

Pour la question <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> réserves à mil, il sera fait strictement suivant les<br />

instructions <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur, comme je le disais dans mon télégramme<br />

<strong>du</strong> 25 septembre. Jl sera fait un grenier à mil par village qui sera rempli plus<br />

ou moins d’après la récolte. Les greniers <strong>de</strong>vront être établis partout avant le<br />

ler janvier 1916. c’est-à-dire que les travaux <strong>de</strong> récolte se terminant vers le<br />

15 novembre, il sera donnéun mois et <strong>de</strong>mi à chaque village pour établir son grenier<br />

à mil. Quant à la vérification <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> tous ces greniers, elle ne pourra<br />

se faire que lentement (il y a 650 villages dans le cercle) et au fur et à mesure <strong>de</strong>s<br />

tournées...<br />

(55) Marigot, mot d’origine antillaise : bas-fonds, axe <strong>de</strong> draînage <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> pluies. En saison<br />

sèche, un marigot est un bras mort.<br />

81


1915<br />

OCTOBRE<br />

Faits nouveaux : . . . La Commission <strong>de</strong> Recrutement, après <strong>de</strong>ux jours <strong>de</strong> séance,<br />

prenait 48 recrues sur les 100 indivi<strong>du</strong>s présentés. Entre temps, 30 nouvelles recrues<br />

avaient été <strong>de</strong>mandées et la Commission, en en prenant 12 sur ces 30, complétait<br />

à 60 le nombre <strong>de</strong> tirailleurs levés.<br />

Sur ces entrefaites, parvenait ici, le 9 octobre, le télégramme relatif à un nouveau<br />

recrutement intensif en Afrique Occi<strong>de</strong>ntale. Puis d’autres télégrammes suivirent,<br />

marquant les modalités <strong>de</strong> ce nouveau recrutement... L’arPZvée <strong>du</strong> Mé<strong>de</strong>cin et <strong>de</strong><br />

l’Autorité Militaire sont atten<strong>du</strong>es pour le mois <strong>de</strong> novembre, pour commencer la<br />

tournée... Ces tournées à travers le cercle seront, sous un certain rapport, meilleures<br />

que le recrutement brutal par le moyen <strong>de</strong>s chefs indigènes et <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s-cercle,<br />

mais le défaut certain est qu’il sera excessivement long <strong>de</strong> lever par ce moyen ~OU<br />

800 hommes.<br />

NOVEMBRE<br />

Recrutement : .-. j>cpi convoqué pour le 21 novembre tous les chefs <strong>du</strong> cercle pour<br />

un grand palabre... Dans ce palabre, j’ai expliqué avec soin tous les avantages que la<br />

France faisait aux nouvelles recrues : l’engagement seulement pour la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> la<br />

guerre plus six mois - 200 Fr <strong>de</strong> prime à chaque tirailleur - 15 Fr par mois à la famil-<br />

le <strong>du</strong> soldat, tant que celui-ci restera sous les drapeaux - <strong>de</strong>s récompenses aux chefs<br />

<strong>de</strong> cantqns, chefs <strong>de</strong> villages. .<br />

Cela fait, j’ai exposé mon plan : comme il n y a’ pas <strong>de</strong> volontaires dans le pays {les<br />

chefs me l’ont <strong>de</strong> nouveau confirmé) chaque village fournira un homme sauf quatre<br />

cas :<br />

1” les villages <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 50 habitants ne fourniront rien,<br />

2” en revanche, les villages <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1000 habitants fourniront <strong>de</strong>ux hommes au<br />

lieu d’un,<br />

3” les villages Samos, particulièrement forts et qui, au nombre <strong>de</strong> douze, groupent<br />

20 000 habitants, soit près <strong>de</strong> 1 700 habitants en moyenne par village, fourniront<br />

quatre tirailleurs chpcun,<br />

4” enfin, les Peuls et les Silmi-Mossis, qui habitent non par villages (sauf les Rimaibes)<br />

mais par petits campements dispersés à la suite <strong>de</strong>s troupeaux, fourniront non<br />

pas un hcknme par village mais un homme par 350 à 400 habitants, ce qui est la<br />

population moyenne d’un village mossi <strong>du</strong> cercle.<br />

Après avoir promis <strong>de</strong>s récompenses spéciales aux chefs qui se distingueraient le<br />

plus par leur célérité ou par la valeur physique <strong>de</strong>s hommes qu “ils amèneraient, j’ai<br />

congkdié les chefs après un <strong>de</strong>rnier appel à leur loyalisme et à leur zèle. Je leur ai<br />

donné un mois (limite maximum) pour m’amener tout leur contingent.<br />

. . . Jkjouterai que je pense que 20 Fr par tête <strong>de</strong> tailleur seront suffisants pour les<br />

allocations aux chefs. Jtii promis 5 Fr par tête <strong>de</strong> tirailleur recruté à chaque chef <strong>de</strong>


1915<br />

canton et la même somme a chaque chef <strong>de</strong> village. Cela fait pour 700 tirailleurs<br />

3500 Fr versés aux chefs <strong>de</strong> cantons et 3500 Fr aux chefs <strong>de</strong> village. J’ai l’intention<br />

d’acheter en plus pour 3500 Fr <strong>de</strong> menus objets à distribuer aux conscrits. Enfin,<br />

les récompenses spéciales, dont le total n’excè<strong>de</strong>ra pas 3500 Fr, seront données<br />

aux chefs les plus zélés et les plus sérieux. Toutes ces sommes donnent au total<br />

14 000 Fr. Or, 14 000 Fr, c%st 700 tirailleurs multipliés par 20 Fr.<br />

Impôt : Actuellement, le rôle supplémentaire d’impôt pour 1916, dû aux recen-<br />

sements, s’élève à 9104 Fr et le rôle <strong>de</strong> dégrèvement, drî à la même cause,<br />

à 18264 Fr. Le rôle primitif étant <strong>de</strong> 217000 Fr environ, on a un rôle définitif<br />

<strong>de</strong> 207 840 francs environ.<br />

Routes : Le travail sur les routes a commencé le 12 novembre 1915. Ces routes ont<br />

été d’abord débroussaillées, puis un européen a été envoyé pour voir ce qu’il y avait<br />

à faire pour les rendre automobilisables pour le 20 décembre 1915...<br />

DECEMBRE<br />

Recrutement :La Commission est arrivée le 4 décembre... 501 recrues ont été incor-<br />

porées, dont 494 appelés et 7 engagés. Là-<strong>de</strong>ssus, il y a eu 13 déserteurs sur lesquels<br />

je ne désespère pas <strong>de</strong> remettre la main. La Commission parcourra le cercle en jan-<br />

vier 1916 pour compléter les 700 hommes <strong>de</strong>mandés.<br />

Impôt : L’impôt définitif sera en augmentation <strong>de</strong> 27000 Fr sur celui <strong>de</strong> i915. On<br />

va commencer à le faire rentrer ce mois-ci et on continuera en grand, quand le<br />

recrutement sera terminé.<br />

RAPPORT POLITIQUE ANNUEL<br />

Comme on le sait, à la suite d’une saison <strong>de</strong>s pluies très mauvaise en 1913, la récol-<br />

te d’octobre-novembre 1913 fut très ré<strong>du</strong>ite et amena une famine intense en août<br />

et septembre 1914. Cette famine fït mourir <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> gens : 57 626 personnes,<br />

d’après mes calculs, sur lesquelles 44 225 imposables. Ces 44 225 imposables néces-<br />

sitèrent un rôle <strong>de</strong> dégrèvement d’impôt <strong>de</strong> 40 986,45 Fr en 1915. Le rôle primitif<br />

avait été <strong>de</strong> 220 189,75 Fr. Le rôle supplémentaire était <strong>de</strong> 1 716,80 Fr, soit en<br />

tout : 221906,85 Fr. Avec le rôle <strong>de</strong> dégrèvement, le rôle définitif <strong>de</strong> 1915 s’abais-<br />

sait à 180 920,lO Fr qui furent perçus <strong>du</strong>rant le premier semestre 1915.<br />

La tâche <strong>de</strong> 1915 était donc <strong>de</strong> faire le recensement pour savoir si, étant donné<br />

l’augmentation naturelle d’une population prolifique vivant dans la paix et le bon<br />

ordre <strong>de</strong>puis notre installation dans le pays, il np aurait pas quelque chose à<br />

regagner sur cette grosse diminution <strong>de</strong> 44 225 contribuables.<br />

83


;n vue <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong>s choses, un premier coup <strong>de</strong> son<strong>de</strong> fut<br />

donné en octobre 1914, dans le petit canton <strong>de</strong> Namsiguriz, et ne donna pas d’heu:<br />

reux résultats. La population avait été outrageusement surévaluée entre le recense-<br />

ment.<strong>de</strong> Monsieur C., au Ier @imestre 1911, et 1913, si bien que, même avec la<br />

diminution causée par la famine, on avait encore une autre diminution et imprévue<br />

celle-là. Ce malheureux resultat n ‘encouragea pas a continuer les recensements mais,<br />

sur les ordres formels <strong>de</strong> Koulouba, ils furent repris en mars 191.5. Puis, un ph <strong>de</strong><br />

recensement rapi<strong>de</strong> <strong>du</strong> cercle, consistant à recenser un village sur quatre environ,<br />

fut adopté et mis à exécution dès juin 1915... Le recrutement intensif, ordonne le<br />

8 octobre, vint mettre un terme aux tournées.<br />

En général, ces tournées ont donné d’assez mauvais résultats. Loin <strong>de</strong> diminuer le<br />

nombre <strong>de</strong>s imposables à rayer <strong>de</strong>s listes d’impôt, elles l’ont augmenté pour diverses<br />

raisons : 1 O le nombre <strong>de</strong>s imposables avait été surévalué entre 1911 et 1913,<br />

2” lorsqu’en novembre 1914, on <strong>recueil</strong>lit le nombre <strong>de</strong>s morts en vue <strong>de</strong>s dégrè-<br />

vements à faire équitablement, on ne s’occupa pas <strong>de</strong>s disparus, pensant qu’ils ne<br />

l’entaient que momentanément et qu’ils reviendraient tôt ou tard dans le cercle.<br />

Or, l’expérience a montré que ces enfuis ne sont revenus qu’en petites quantités<br />

?t un nombre énorme <strong>de</strong> Mossis <strong>du</strong> Yatenga est resté établi définitivement à<br />

Ouagadougou, Dédougou, Bobo, San, etc.. Même beaucoup sont allés plus loin<br />

et ont élu domicile à Djenné ou à Bamako comme cela résulte <strong>de</strong>s tirailleurs recru-<br />

tés parmi eux dans ces divers cercles en 1915. A chaque instant encore, <strong>de</strong>s listes<br />

nous awivent <strong>de</strong> tous les points <strong>du</strong> Haut-Sénégal et Niger, faisant mention d’indi-<br />

gènes ongiinaires <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, recrutés çà et là . . . (56).<br />

Quant aux recrutements, le cercle en aura donné trois au cours <strong>de</strong> l’année : celui <strong>de</strong><br />

mars-avn*l qui fournit 350 hommes - celui d’octobre qui en fournit 60 - celui <strong>de</strong><br />

novembre-décembre qui en donnera 710 environ. En définitive, le cercle a fourni<br />

911 tirailleurs en 1915. Et si l’on compte la totalité ‘<strong>du</strong> recrutement en cours<br />

novembre 1915 - février 1916) on a, 1120 tirailleurs fournis.<br />

(appelons pour mémoire qu’en 1914, le cercle avait fourni 189 hommes, qu’en<br />

‘913 il en avait fourni 161, en 1912 :200 et en 1911 :lOO. Depuis que le recrute-<br />

.tent fonctionne, le cercle a fourni 1770 tirailleurs, soit un tirailleur pour 141 habi-<br />

ants, en comptant la population moyenne à 250 000 âmes. D’autre part, on peut<br />

alculer que le cercle a fourni, sur ces I 770 hommes, 1448 <strong>de</strong>puis aotit 1914 et<br />

522 avant la guerre.<br />

84<br />

IS) La famine <strong>de</strong> 1914 est le point <strong>de</strong> départ d’un grand mouvement migratoire vers les régions<br />

situées à l’ouest <strong>du</strong> pays mossi, plus propices aux cultures (pluviométrie plus élevée, pluvio-<br />

sité plus régulière et espaces vacants pour les cultures).<br />

A l’intérieur <strong>du</strong> pays mossi, il y a eu également d’importants mouvements <strong>de</strong> population. Des<br />

familles se sont déplacées <strong>de</strong> villages à d’autres et <strong>de</strong>s villages entiers ont été abandonnés.


191s<br />

Je n’insisterai pas sur les difficultès <strong>de</strong> ces recrutements ni sur les déplorables rèper-<br />

tussions qu’ils peuvent avoir. La France a besoin d’hommes et ce point <strong>de</strong> vue<br />

prime toute autre consi<strong>de</strong>ration.<br />

J’ajouterai que la récolte <strong>de</strong> 1915 a été bonne et non seulement la récolte <strong>du</strong> mil,<br />

mais encore toutes les rêcoltes accessoires (haricots, arachi<strong>de</strong>, riz, coton), sauf toute-<br />

fois IB rêcolte <strong>de</strong> maïs. Cela permet d’espérer une bonne année pour le cercle en<br />

1916, à condition que la tombée <strong>de</strong>s pluies soit aussi bonne qu’en 1915 et que le<br />

recrutement,:après une telle pério<strong>de</strong> d’activité, veuille bien épargner un peu le cerèle<br />

et, d’une façon gênérale, le Soudan et l’Afrique Occi<strong>de</strong>ntale.<br />

85


1916 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Faits en cours, Recrutement : Ce mois-ci, 149 recrues ont encore été prises. Depuis<br />

décembre 1915, le total est donc h ce jour <strong>de</strong> 650 recrues. 61 y a là-<strong>de</strong>ssus 22 déser-<br />

teurs, sans compter les déserteurs qui ont été repris.<br />

. . . A l’heure qu’il est, certains villages émotionnés par le recrutement vaguent dans<br />

la brousse, insaississables même aux chefs <strong>de</strong> canton et ne pouvant, par conséquent,<br />

payer un sou d’impôt.<br />

Je nksisterai pas plus sur les difficultés que le recrutement a présenté... Enfin, le<br />

cercle a pu s’en sortir s’en révolte (quoique placé entre <strong>de</strong>ux foyers <strong>de</strong> révolte :<br />

Dédougou et Dori) et c’est déjà beaucoup (5 7).<br />

Impôt: Le rôledéfTnitifpourl916est<strong>de</strong> 207618 Fr. Ilest supérieur <strong>de</strong>26 697,9OFr<br />

à celui <strong>de</strong> 1 ‘année précé<strong>de</strong>nte.<br />

FÉVRIER<br />

Recrutement : La population résiste <strong>de</strong> plus en plus au recrutement. Pourtant, tout<br />

a été fait pour désarmer cette hoMité : 3500 Fr <strong>de</strong> menus objets (mouchoirs <strong>de</strong><br />

couleur, pipes, tabac, couteaux, glaces, mouchoirs <strong>de</strong> mousseline, etc..) ont étéache-<br />

tés et dismebués aux tirailleurs, quelques uns aux chefs. LJne allocation <strong>de</strong> 5 Fr par<br />

tirailleur recrute a éte donnée aux chefs <strong>de</strong> canton et une autre <strong>de</strong> 5 Fr aux chefs <strong>de</strong><br />

(57) En août 1914, il y a, pour toute l’A.0.F.. 14142 hommes sousles drapeaux dans Ia fédération<br />

et 15600 envoyés en Europe. L’effectif recruté jusqu’en 1916-17 sera au total <strong>de</strong><br />

110000 tirailleurs c


1916<br />

village. IO 71750 Fr ont déjà été dépensés. Enfin, on a commencé à payer les allo-<br />

cations mensuelles <strong>de</strong> 15 Fr aux familles <strong>de</strong>s tirailleurs. Malgré celà, l’hostilité <strong>de</strong>s<br />

habitants ne désarme pas et ne fait, au contraire, que s’accroître . . . Les cas <strong>de</strong>gens<br />

qui se mutilent pour échapper au recrutement sont <strong>de</strong> plus en plus nombreux.<br />

Impôt : La perception a été retardée par le recrutement. En année normale, les chefs<br />

viennent chercher le montant <strong>de</strong> leur impôt en novembre et décembre. Cette année,<br />

cette opération n’a pu commencer qu’en janvier et février et se continue actuelle-<br />

ment. Cependant, 28 820,50 Fr ont été versés... En général, je donne six mois aux<br />

habitants <strong>du</strong> cercle pour le versement <strong>de</strong> leur impôt (<strong>du</strong> Ier janvier au 30 juin) mais,<br />

au vu <strong>du</strong> télégramme 889 <strong>du</strong> 16 février, je vais prendre <strong>de</strong>s dispositions pour que<br />

tout l’impôt soit versé, si possible, le Ier mai. .<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations : Cet espn.t est médiocrement bon.<br />

MARS<br />

Impôt : Je n’ai pas pu pousser l’impôt aussi fermement que je le désirais à cause <strong>de</strong><br />

la question <strong>de</strong>s déserteurs. J’ai été obligé d’envoyer la plupart <strong>de</strong> mes gar<strong>de</strong>s-cercle<br />

dans la brousse pour les rechercher et, occupés à celà, ils n ‘étaient pas disponibles<br />

pour autre chose, c’est-à-dire, en l’espèce, à presser la rentrée <strong>de</strong> l’impôt. Je vais<br />

presser ce mois-ci (avril) le plus que je pourrai.<br />

Esprit <strong>de</strong>s populafions : Les populations sont restées tranquilles malgré les révoltes<br />

voisines (Dédougou, Koudougou, Bobo-Dioulasso, San, Don). Elles ne se soulèveront<br />

certainement pas, désormais. De plus, le Mossi n’aime pas les populations <strong>du</strong> Sud,<br />

Samos et Bobos, qu’il pillait autrefois et chez lesquels il cherchait <strong>de</strong>s esclaves. De<br />

fait, <strong>de</strong>s volontaires mossis ont rejoint la colonne <strong>du</strong> colonel Molard à Dédougou...<br />

AVRIL<br />

Questions en cours : Un avis <strong>de</strong> Kati me signale la désertion en mars <strong>de</strong> 15 nouveaux<br />

déserteurs entre Mopti et Kati. Cela fait donc en tout 148 déserteurs, soit21 % envi-<br />

ron <strong>du</strong> total recruté.<br />

Impot : La perception <strong>de</strong> l’impôt s’est effectuée remarquablement ce mois-ci. Grâce<br />

aux ordres donnés, elle a atteint 112 009,50 Fr ce qui est un fort joli résultat. ll ne<br />

reste plus que la somme infime <strong>de</strong> 7027 Fr à percevoir.<br />


1916<br />

Tournées : bonsieur C. est parti pour une petite tournee <strong>de</strong> recensement dans l’Est<br />

<strong>du</strong> cercle, Il a fait les trois petits cantons <strong>de</strong> Tougouya, Bougouré et Rambo, situés<br />

dans le talweg <strong>de</strong> la <strong>Volta</strong> Blanche et contenant en tout douze villages. ll a, trouvé<br />

3 943 imposables au lieu <strong>de</strong> 2547, soit 1396 en plus ou une augmentation <strong>de</strong><br />

55 %. C’est un très joli résultat qui montre que la population n’a pas partout baissé<br />

dans le cercle et qu’il y a lieu <strong>de</strong> continuer le recensement total.<br />

Impôt :Il finit <strong>de</strong> rentrer en ce moment.<br />

JUIN<br />

Esprit <strong>de</strong>s populations :Actuellement, les populations ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu’à travailler<br />

en paix leurs champs.<br />

École : L’école a pris ses vacances le 13 juin.<br />

(L’Administrateur L. TAULIER quitte le<br />

Poste <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> en juillet 1916)<br />

RAPPORTS POLITIQUES TRIMESTRIELS<br />

3e TRIMESTRE<br />

Faits nouveaux : Aucunfait politique important ne s’est passé au cours <strong>du</strong> troisième<br />

trimestre 1916. La situation n ,a cessé <strong>de</strong> se maintenir excellente...<br />

Le premier souci <strong>de</strong> I’Administrateur dès sa prise <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment en juillet <strong>de</strong>r-<br />

nier, a été <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r dans les plus brefs délais au recensement général <strong>du</strong> cercle.<br />

C’est d’ailleurs la tâche qui lui avait été indiqué comme la plus urgente par Monsieur<br />

le Gouverneur. Nous fourntrons, lorsque nous aurons terminé ce travail, un rôle<br />

supplémentaire et un état <strong>de</strong> dégrèvement... Dès maintenant, il est à prévoir que<br />

notre rôle supplémentaire excé<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> beaucoup l’État <strong>de</strong> dégrèvement, notre<br />

recensement étant fait à une époque où tous les indigènes se trouvent rassemblés<br />

dans leurs villages pour les cultures... Il a été recensé <strong>de</strong>puis la <strong>de</strong>uxième quinzaine<br />

<strong>de</strong> juillet, 350 villages et nous comptons pouvoir terminer entièrement ce travail<br />

d “ici la fin <strong>de</strong> 1 ‘année.<br />

4e TRIMESTRE<br />

Questions en cours, leur suite : Le recensement général <strong>du</strong> cercle a été terminé le<br />

ler décembre. Toutes les populations sé<strong>de</strong>ntaires ont été recensés nominattvement<br />

par chefs <strong>de</strong> cases. Quant aux Peuls, nous avons <strong>du</strong>, pour les dénombrer, attendre<br />

88


1916<br />

l’époque où ils se rassemblent ordinairement à peu près tous dans le cercle, c’est-à-<br />

dire : janvier-février. Nous comptons effectuer ce travail, qui n’a jamais été.fait,<br />

dans la première quinzaine <strong>de</strong> février. Nous avons constaté une augmentation globale<br />

<strong>de</strong> 6 7523 imposables.<br />

Esprit <strong>de</strong>s popuhtions. : L ‘esprit se maintient partout satisfaisant et 1 ‘administrateur,<br />

au cours <strong>de</strong> ses déplacements, a reçu dans tous les villages visités et recensés un<br />

excellent accueil. Les indigènes se sont prêtés <strong>de</strong> bonne grâce au recensement et<br />

nous n’avons chstaté qu ‘un petit nombre <strong>de</strong> dissimulations.<br />

L’année 1916 clôt cette Premiere série <strong>de</strong><br />

rapports. II faut attendre 1925 pour retrouver<br />

<strong>de</strong>s documents périodiques découpés en rubri-<br />

ques comparables à celles que nous venons <strong>de</strong><br />

lire.<br />

Il semble que <strong>de</strong> nouvelles instructions, quant à<br />

la transmission <strong>de</strong>s informations, aient été don-<br />

nées aux différents <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> l’échelle adminis-<br />

trative, puisque les rapports trimestriels appa-<br />

raissent et que I’on dé<strong>du</strong>it, à leur lecture,<br />

l’existence <strong>de</strong> rapports spéciaux relatifs à<br />

certains services tels 1’Enseignement, la Justice,<br />

les Affaires Milîtaires... Cela prouve qu’au<br />

niveau <strong>du</strong> Gouvernement Général, <strong>de</strong>s services<br />

bien structurés ont été mis en place. L’A.0.F.<br />

s’organise.<br />

Nous venons d’observer une administration en<br />

train <strong>de</strong> s’ancrer au territoire. Les européens ex-<br />

plorent, pointent les villages sur les cartes, déli-<br />

mitent les circonscriptions. Les commandants<br />

«palabrent)), tentent <strong>de</strong> justifier le bien fondé<br />

<strong>de</strong> l’c(occupation» en démontrant les avantages<br />

<strong>de</strong> la juridiction française, <strong>de</strong> I’assistance médi-<br />

cale, <strong>de</strong> l’enseignement (<strong>de</strong>s füs <strong>de</strong> chefs). Le<br />

<strong>poste</strong> s’équipe : le mé<strong>de</strong>cin s’établit, le bureau<br />

<strong>de</strong> <strong>poste</strong>s est ouvert, les chemins sont débrous-<br />

saillés ; les automobiles vont arriver. Les mili-<br />

taires mettent au point la conscription et les<br />

opérations <strong>de</strong> recensement se perfectionnent.<br />

Chaque commandant y va <strong>de</strong> son petit effort et<br />

les impôts augmentent. Il le faut ; les ordres sont<br />

là pour le rappeler.<br />

L’armée 1914 provoque dans le cercle «le grand<br />

chambar<strong>de</strong>ment». La famine n’était pas prévue<br />

au programme (on aurait pu la pressentir), ni la<br />

guerre lointaine. En fait, on s’accommo<strong>de</strong> <strong>de</strong>


1916<br />

90<br />

l’une et <strong>de</strong> l’autre et, très vite, la routine reprend<br />

le <strong>de</strong>ssus. On ne mentionne même plus la fête<br />

<strong>du</strong> 14 juillet, mais on se débrouille comme aupa;<br />

ravant pour que l’impôt rentre vite et bien,<br />

malgré les «pertes sèches» révélées par les<br />

recensements.<br />

Dix années d’administration civile ne se sont pas<br />

écoulées sans provoquer, dans le territoire, <strong>de</strong>s<br />

réactions. Le commerce s’est développé sous la<br />

pression fiscale mais les impôts ne sont plus per-,<br />

tus en totalité dès le premier trimestre. Si les<br />

Mossi ne participent pas au mouvement <strong>de</strong> révolte<br />

ils cherchent par tous les moyens à éviter les re-<br />

crutements <strong>de</strong> tirailleurs. A la fin <strong>de</strong> 1916, le<br />

recrutement s’arrete, mais l’administration<br />

réquisitionne beaucoup d’hommes pour amé-<br />

nager les routes et, en janvier 1918, un nouveau<br />

recrutement <strong>de</strong>man<strong>de</strong> 10000 hommes en pays<br />

mossi. C’est alors le début <strong>de</strong>s départs en masse<br />

vers la Gold-Coast.<br />

Nous ne savons malheureusement rien <strong>de</strong> la vie<br />

<strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pendant les années<br />

1917-1923. Un rapport <strong>de</strong> 1919, peu étoffé,<br />

rappelle que «les populations sont soumises»,<br />

que (<strong>de</strong>s indigènes profitent <strong>de</strong>s premieres pluies<br />

pour faire leurs semailles» et nous savons par<br />

ailleurs que les récoltes ont été bonnes, aux dires<br />

<strong>de</strong>s anciens que nous avons interrogés. Le reste<br />

<strong>de</strong>s pièces d’archives ne concerne que <strong>de</strong>s lettres<br />

ou <strong>de</strong>s doubles <strong>de</strong> télégrammes traitant <strong>de</strong> pro-<br />

blèmes bien particuliers : le rattachement d’un<br />

village à un cercle voisin ou la suppression d’un<br />

canton.<br />

Pour les années 1922 et 1923, nous n’avons<br />

retrouve que <strong>de</strong>s télégrammes mensuels annon-<br />

çant que la situation politique est bonne, que<br />

les impôts rentrent et que le «commerce spécial»<br />

(ce qui pouvait être contrôlé et taxé) est actif<br />

ou non selon la saison : textes laconiques, peu<br />

intéressants si ce n’est qu’ils prouvent quels sont<br />

les centres d’intéret <strong>de</strong> l’administration <strong>du</strong> nou-<br />

veau territoire <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> (créé en 1919).<br />

Nous remarquons notamment que, <strong>du</strong>rant le<br />

gouvernorat d’HE§LING (novembre 1919 -<br />

octobre 1927) une partie <strong>de</strong>s rapports est consa-<br />

crée à I’analyse <strong>du</strong> trafic commercial et <strong>de</strong>s prix<br />

pratiqués. ‘Ces informations vont disparaître en<br />

1928.


DEUXIEME PERIODE : 1924 - 1932<br />

«Une exploitation <strong>de</strong> grand style»


1924 RAPPORT ANNUEL<br />

(manuscrit original très détérioré)<br />

Le recensement <strong>de</strong> la population indigène effectué pendant les années 1921,1922,<br />

1923 et 1924 a donnéles résultats suivants, résultats qui ne sauraient être considérés<br />

que comme approximatifs :<br />

Mossi 217 000 Sain0 2 000<br />

Fulbe 52 853 Sil. Mossi 6 000<br />

Fulce 39 000 Rimaibe 16 000 Total : 339 853<br />

Yarcé 4 000 Marance 3 000<br />

Fétichistes : 251000 Musulmans : 88 853<br />

Tous les Fulbe, Rimaibe, Simi-Mossi et Yarcé pratiquent la religion musulmanë,<br />

tandis que. la presque totalité <strong>de</strong> l’ethnie mossi <strong>de</strong>meure fétichiste. Les progrès <strong>de</strong><br />

Hshtmisme dans ce groupe sont cependant indéniables.<br />

Service administratif en tournée : La pénurie <strong>de</strong> personnel européen qui n’a pas ex-<br />

cédé <strong>de</strong>ux unités en cours d’année a ren<strong>du</strong> les déplacements à peu près impossibles.<br />

Il y a lieu <strong>de</strong> considérer que certains villages se trouvent à 170 kilomètres environ<br />

<strong>du</strong> chef-lieu <strong>du</strong> cercle et nécessitent ainsi quatorze journées, rien que pour 1 ‘aller et<br />

le retour. Néanmoins, au total, <strong>de</strong>puis b Ier janvier 1924, Il 7 journées <strong>de</strong> tournées<br />

ont été consacrées : 5 pour les opérations <strong>de</strong> recrutement, 45 pour les travaux <strong>de</strong><br />

recensement et 67 dans un but économique et politique. Les buts poursuivis ont été<br />

surtout <strong>de</strong>s buts économiques visant l’extension <strong>de</strong> la culture cotonnière. Le pro-<br />

gramme <strong>du</strong> cercle avait pour fin la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> 300 tonnes <strong>de</strong> coton brut et l’assu-<br />

rance est maintenue par les chefs que cette fourniture sera intégralement livrée (1).<br />

Justice indigène : D’une façon générale, les magistrats donnent satisfaction par leur<br />

con<strong>du</strong>ite et leur régularité. Leur connaissance <strong>de</strong> la coutume paraîtrait pa@ois assez<br />

imprécise. Leur mentalité, quoique honnête, semble en certaines circonstances<br />

timorée. Le recrutement <strong>de</strong>s Juges dans un pays féodal où seuls comptent quelques<br />

indivi<strong>du</strong>s et où la masse <strong>de</strong> la population ne se manifeste guère est chose assez<br />

malaisée. Ceci sera l’oeuvre <strong>du</strong> temps qui émancipe et éclaire peu à peu les gens.<br />

En l’état actuel, il est permis dtaffimzer que le Tribunal ne vaut encore que par la<br />

personne <strong>de</strong> son Prési<strong>de</strong>nt (le commandant).<br />

Indigénat : L’instrument représenté par le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’lizdigénat (2) est une arme<br />

d’exception et dont, en conséquence, il n’est usé qu’avec modération et circonspec-<br />

tion. L ‘Nzdigène saisit fort exactement la distinction entre la peine judiciaire et ht<br />

(1) La culture obligatoire <strong>du</strong> coton est lancée en 1924 (cf. pages suivantes : réponse à la circu-<br />

laire 4). Le commandant prévoit une commercialisation <strong>de</strong> 300 tonnes <strong>de</strong> coton brut. Quel<br />

ques pages plus loin, il effectue <strong>de</strong>s calculs sur la base <strong>de</strong> 200 tonnes.<br />

(2) Cf. Intro<strong>du</strong>ction. Dans ce passage, l’administrateur expliqtie en quoi consiste le Co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’hdigénat, Remarquons que le contrôle <strong>de</strong>s pophlations s’est sensiblement renforcé.<br />

93


1924<br />

punition disciplinaire. Il semble que, en Mat actuel <strong>de</strong>s choses, aucune modifi-<br />

cation ne puisse être apportée au r@me instauré par l’acte <strong>de</strong> 1918 complété dans<br />

son application par divers décrets ultérieurs.<br />

Les faits habituellement punis sont : refis ou négligence dans la fourniture dImi-<br />

maux porteurs, ommissions dans les déclarations <strong>de</strong> changements définitifs <strong>de</strong><br />

rési<strong>de</strong>nce., dissimulation au recensement. En 1924 : 3 741 jours <strong>de</strong> prikon et le<br />

nombre d’indivi<strong>du</strong>s punis est <strong>de</strong> 323.<br />

La punition <strong>de</strong> prison, qui est personnelle, est appliquée <strong>de</strong> préférenrtce à l’amen<strong>de</strong><br />

qui affecte souvent la collectivité au moins familiale. Il y a lieu cependant <strong>de</strong><br />

reconnaître que le régime <strong>de</strong> détention touche assez peu l’indigène qui trouve à la<br />

prison les avantages d’une alimentation excellente, d’un repos relatif et d’un confort<br />

général auxquels il n ‘est pas habitué chez lui. Dans les cas particidièrement graves,<br />

sont cumulées les pénalités <strong>de</strong> prison et d ‘amen<strong>de</strong> ; cette <strong>de</strong>rnière avec circonspection<br />

et douceur. ll y a eu ainsi, pendant les douze mois écoulés, 56 cas <strong>de</strong> cumul. De<br />

même ont été infligées sans prison 17 punitions d’amen<strong>de</strong> représentant une valeur<br />

<strong>de</strong> 222,50 Fr. Celles-ci correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s divagations d’animaux domestiques.<br />

L’amen<strong>de</strong> cumulée avec la prison réprime en général la dissimulation <strong>de</strong> matière<br />

imposable ou le prosélytisme irrégulier et susceptible <strong>de</strong> créer un danger. Il est<br />

pennis <strong>de</strong> conclure que pour une circonscription aussi populeuse et d’un maniement<br />

pas toujours très facile, la proportion <strong>de</strong>s peines est infime... La main d’œuvre<br />

pénale est employée aux travaux d’utilité publique et à diverses corvées intéressant<br />

la collectivité : entretiens <strong>de</strong>s bâtiments administratifs, arrosage <strong>de</strong>s jardins, corvées<br />

d’eau, etc.. Deux détenus sont employés quotidiennement à la confection <strong>de</strong> nattes<br />

<strong>de</strong>stinées au couchage <strong>de</strong>s pensionnaires. Il n’y aurait, je pense, aucun inconvénient<br />

à ce qu ‘un léger crédit soit alloué qui permette 1 Ylabillement sommaire <strong>de</strong>s condam-<br />

nés étrangers au cercle ou notoirement sans ressources. Cette mesure que j’ai déjà<br />

soumise sans succès à l’examen <strong>du</strong> Gouvernement éviterait peut-être les décès par<br />

jkoid puis dysenterie qui m’ont été plusieurs fois signalés.<br />

Gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle et <strong>de</strong> police : A quelques exceptions près, les gar<strong>de</strong>s <strong>du</strong> peloton<br />

correspon<strong>de</strong>nt à un recrutement peu brillant et il saurait leur être fait qu’une<br />

conj?aizce très limitée. Beaucoup sont trop âgés, en service au <strong>poste</strong> <strong>de</strong>puis trop<br />

longtemps, origbkres pour majeure partie <strong>du</strong> cercle même ou <strong>de</strong>s circonscriptions<br />

limitrophes. Tous ces gens ont per<strong>du</strong> tout esprit militaire et <strong>de</strong> discipline. Une<br />

pério<strong>de</strong> active dans une formation r&ulière, <strong>de</strong> temps en temps, ne serait pas pour<br />

leur nuire.<br />

Une observation d’un caractère très général et qui n’affecte pas le seul <strong>poste</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> s’applique aux questions d’habillement et dgquipement. Il est à peu<br />

près impossible <strong>de</strong> tenir une comptabilité sérieuse <strong>de</strong> ces effets. Les envois sont<br />

irréguliers quant à leurs dates et insuffisants quant à leur composition. Le rassem-<br />

blement <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s fait apparaître les tenues les plus bigarrées : artillerie, kaki, bleu-<br />

horizon, bleu-marine, etc.. Le brigadier-chef porte <strong>de</strong>s culottes fleuries,, etc..<br />

Recrutement et affaires militaires : Le recrutement <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier <strong>de</strong>rnier a<br />

’ donné 400 recrues dont 84 engagés volontaires. 498 jeunes gens étaient insctits<br />

à la <strong>de</strong>uxième portion <strong>du</strong> contingent (3). Pour 2 472 jeunes convoqués, 1.267 furent<br />

examinés, 180 exemptés, 164 ajournés et 25 dispensés.<br />

94


1924<br />

Questions domaniales : La chambre <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> Tourcoing est d’autre part en<br />

instance pour obtenir, auprès <strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Bam, une concession <strong>de</strong> 5 000 ha <strong>de</strong>stinée<br />

à~lWevage <strong>du</strong> mouton mérinos /4}.<br />

Le cercle ne possè<strong>de</strong> qu’un projet <strong>de</strong> plan cadastral pour le centre urbain <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong>, dressé le 6 décembre 1905.<br />

Routes et ponts :Il n est à prévoir aucune création <strong>de</strong> route nouvelle. Actuellement,<br />

l’entretien <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communications (492 km) est assurée par la main d’œuvre<br />

prestataire et <strong>de</strong>ux crédits, l’un au titre <strong>du</strong> budget général pour le tronçon intercolo-<br />

nia1 <strong>de</strong> Yako à Bandiagara et l’autre au titre <strong>du</strong> budget local...<br />

Jl est <strong>de</strong> notoriété publique que les routes sont construites et entretenues par les<br />

agents européens <strong>du</strong> cercle, les représentants <strong>de</strong>s chefs avec les prestataires et les<br />

gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle. Jusqu ‘à ce jour, il n ‘a encore pu être trouvé d autre solution pra-<br />

tique <strong>de</strong> la question. Quoiqu?l en soit, l’état <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication est tout<br />

à fait satisfaisant et cette circonstance facilitegran<strong>de</strong>ment l’exécution <strong>de</strong>s transports.<br />

Ceux-ci sont assurés au moyen <strong>de</strong>s ânes, exceptionnellement au moyen <strong>de</strong> porteurs,<br />

en cas d’urgence ou pour une charge isolée.<br />

Pour l’année 1924, le transport a été effectué au moyen’ <strong>de</strong> 3 375 ânes et <strong>de</strong> 498 por-<br />

teurs ou pousseurs effectuant un trajet total aller et retour <strong>de</strong> 1 705 996 kilo-<br />

mètres, portant 214950 kilos. représentant, au titre <strong>de</strong> la location, une somme <strong>de</strong><br />

70 264 francs.<br />

Ces opérations, sans perte ni pour les <strong>de</strong>stinataires, ni pour les transporteurs, accu-<br />

sent une progression sensible par rapport aux annees précé<strong>de</strong>ntes et marquent le<br />

terme <strong>du</strong> portage humain auquel il n’est plus fait appel qu exceptionnellement en<br />

cas d’urgence et pour les colis isolés ou <strong>de</strong> dimensions ou <strong>de</strong> poids tout à fait<br />

insignifiants (5).<br />

Prestations : La main d’œuvre prestataire a été employée en stricte conformité<br />

avec le programme <strong>de</strong>s travaux approuvé le 14 août 1923, comgé suivant lettre<br />

N” 2454 A.G. <strong>du</strong> i8 décembre 1923, la décision N” 745 <strong>du</strong> 22 décembre 1923,<br />

l’arrêté I!f’ 744 <strong>du</strong> même jour, la circulaire 28 A.G. <strong>du</strong> 4 janvier 1924 et les autres<br />

textes intervenus en la matière.<br />

Le rôle primitif rectifié et ré<strong>du</strong>it a 350 000 journées le 22 décembre 1923 n’aura<br />

pas été épuisé. J’estime à 175 000 journées environ sur les 350 000 proposées, la<br />

fraction <strong>de</strong>meurée disponible.<br />

(3) Au moment <strong>du</strong> recrutement, les «aptes» sont envoyés au service militaire, jusqu’à concur-<br />

rence <strong>de</strong> l’effectif <strong>de</strong>mandé. Les autres appartiennent à la «<strong>de</strong>uxième portion» et peuvent,<br />

au gré <strong>de</strong>s circonstances, être appelés pour <strong>de</strong>s travaux d’intérêt civil.<br />

(4) Il s’agit bien <strong>du</strong> Tourcoing <strong>du</strong> nord <strong>de</strong> la France. Les moutons mérinos <strong>de</strong>vaient, bien<br />

enten<strong>du</strong>, fournir <strong>de</strong> la laine qui aurait été traitée dans les usines textiles <strong>de</strong> Tourcoing. La<br />

concession <strong>de</strong>mandée restera la seule (tconcession coloniale» <strong>du</strong> cercle. Une mission <strong>de</strong>s<br />

Pères Blancs, établie près <strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Bam en 1923, travaillera en parfaite entente avec la<br />

Chambre <strong>de</strong> Commerce <strong>de</strong> Tourcoing.<br />

(5) Le commandant <strong>de</strong> cercle ne dit pas la vérité. Nous aurons l’occasion <strong>de</strong> vérifier que les<br />

porteurs seront encore réquisitionnés et pas seulement pour <strong>de</strong>s colis <strong>de</strong> poids insignifiant.<br />

Remarquons l’importance <strong>de</strong>s tâches réalisées au moyen <strong>de</strong> la main d’œuvre prestataire.<br />

95


1924<br />

Main d’amvre :Il a été expédié <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> :<br />

le 12 avril : 430 manoeuvres sur le Railway <strong>de</strong> la Côte dïiroire,<br />

le 30 juin : 105 mumzuvres sur les chantiers <strong>de</strong> Thiès-Kayes.<br />

Les établissements <strong>de</strong> Diapandahé (Maison DEVES et CHALbMET, près <strong>de</strong> Kayes),<br />

accrédités par le Gouvernement local, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt en ce moment 200 ouvriers pour<br />

leurs plantations <strong>de</strong> sisal, dâ, coton, arachi<strong>de</strong>s, etc..<br />

La fourniture <strong>de</strong> ces contingents n’a donné lieu jusqu 2 ce jour, à aucune difficulté.<br />

La vérité comman<strong>de</strong> cependant <strong>de</strong> dire que leur passage sur les chantiers n’a pas<br />

laissé un excellent souvenir dans l’esprit <strong>de</strong>s manœuvres et, cependant, exceptionel-<br />

lement rares sont les cas <strong>de</strong> désertions signalés, comme aussi les cas <strong>de</strong> mortalité<br />

notifiés.<br />

Je pense que les chantiers privés <strong>de</strong>vraient pourvoir eux-mêmes au recruiement <strong>de</strong><br />

leurs travailleurs et les chantiers publics pourraient souvent trouver sur place la<br />

main d ‘œuvre qu ‘ils vont chercher à 1 W-ranger (dans d’autres colonies) sur la foi <strong>de</strong><br />

racontars le plus souvent dénués <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>ment. Et, en effet? il est vraisemblable que<br />

le temps a fait justice <strong>de</strong> cette fable colportée et répétée à plaisir par les gens<br />

ignorants ou intéressés <strong>du</strong> Mossi ,wéservoir d ‘hommesz>, alors qu ‘en définitive toute<br />

cett-e régton correspond à un pays serni-désertique. Il me paraît superflu <strong>de</strong> sou-<br />

mettre toute proposition touchant les levées et Ies époques favorables aux levées <strong>de</strong><br />

travailleurs. La mise en valeur <strong>du</strong> pays, la nécessité d’assurer un transit intensif,<br />

l’obligation militaire et aussi le souci <strong>de</strong> traiter en hommes les gens pour lesquels<br />

nous avons accepté la mission <strong>de</strong> les con<strong>du</strong>ire progressivement vers 1~ liberté com-<br />

man<strong>de</strong>nt que nous les gardions ici pour l’amélioration <strong>du</strong> sort <strong>de</strong> leurs familles (6).<br />

Situation politique : Elle est satisfaisante. Les chefs saisissent toutes occasions favo-<br />

rables pour protester <strong>de</strong> leur loyalisme et <strong>de</strong> leur entier attachement à la France et<br />

. (6) Ce passage est riche en informations. Le pays mossi, avec sa forte population et la répu-<br />

tation qu’ont ses hommes d’être <strong>de</strong>s travailleurs disciplinés, restera longtemps le «réservoir<br />

<strong>de</strong> main d’oeuvre <strong>du</strong> Soudan et <strong>de</strong> la Côte d’ivoire». Les premiers recrutements <strong>de</strong> travailleurs,<br />

en pays mossi, remontent à 1912 pour les travaux d’infrastructure fé<strong>de</strong>rale : Chemin <strong>de</strong> fer<br />

Thiès-Rayes, terminé <strong>de</strong>puis le 31 décembre 1923 (dans le texte, il s’agit vraisemblablement<br />

d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’équipes d’entretien) - Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’ivoire, lequel atteindra<br />

Bobo-Dioulasso en 1932 (et Ouagadougou dans les années 50) - l’Office<strong>du</strong> Niger, à partir <strong>de</strong><br />

1935. Les entreprises privees ne <strong>de</strong>meurent pas en reste. Le Gouvernement <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong><br />

leur donne l’autorisation <strong>de</strong> recruter sur son territoire, à partir <strong>de</strong> 1922.<br />

Dans ce passage, le commandant - et ce fut souvent une position partagee par nombres<br />

d’administrateurs <strong>du</strong> Mossi - s’élève contre les recrutements qui lui retirent «sa» main d’œuvre<br />

active. Toutefois, l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s autorités restera ambigüe : gar<strong>de</strong>r la main d’oeuvre pour<br />

développer la colonie, ou bien l’expédier ailleurs, faute <strong>de</strong> mieux, parce que le pays mossi<br />

n’est pas «rentable» ? En pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pénurie alimentaire, c’est la secon<strong>de</strong> solution qui<br />

prevaut .<br />

«En <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>, colonie <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> paysans, le Gouvernement Géneral <strong>de</strong> l’A.O.F.<br />

a levé 25 276 manœuvres <strong>de</strong> 1920 à 1924 pour les travaux <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Thiès au<br />

Niger, 42830 <strong>de</strong> 1921 à 1930 pour le chemin <strong>de</strong> fer d’Abidjan à Ferkessédougou et il a<br />

laissé lever 16 541 manœuvres <strong>de</strong> 1920 à 1930 pour les coupes <strong>de</strong> bois et les plantations»<br />

(chiffres publiés à I’occasion <strong>de</strong> l’exposition coloniale <strong>de</strong> 1931, cités par R. Delavignette,<br />

§wviceAfric&z, Paris? 1946, Gallimard, p. 183).<br />

96


1924<br />

à ses représentants... L ‘opdre et la skrrité règne dans le pays, les impôts rentrent<br />

sans la plus légère difficulté, les contingents militaires sont levés avec un appoint <strong>de</strong><br />

plus en plus important <strong>de</strong> volontaires, le recrutement <strong>de</strong>s manoeuvres ne nécessite<br />

qu’une indication <strong>du</strong> Cercle relative à la quantité <strong>de</strong> gens à fournir, les transports<br />

administratifs et privés s’effectuent avec la plus gran<strong>de</strong> célérité, la circulation <strong>de</strong><br />

jour et <strong>de</strong> nuit ne connait ni obstacle, ni danger, la! vie et les biens <strong>de</strong>s gens sont<br />

garantis contre tout acci<strong>de</strong>nt. Et cet heureux ordre <strong>de</strong>s choses nécessite forcément<br />

une collaboration <strong>de</strong>s chefs à notre œuvre <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> civilisation.<br />

De la part <strong>de</strong> l’indigène, la confunce en notre pouvoir n’apparaît pas moins<br />

évi<strong>de</strong>nte.<br />

Les <strong>de</strong>rniers renseignements semblent établir que le Cercle compte 50 écoles cora-<br />

niques avec environ 300 élèves ; 44 indigènes ont fait le voyage à La Mecque. Le<br />

moment paraît venu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à un dénombrement plus précis <strong>de</strong>s marabouts et<br />

<strong>de</strong>s Talibés et <strong>de</strong> poser la situation <strong>du</strong> cercle au regard <strong>de</strong> 1Wam. Si l’on retient<br />

l’importance <strong>de</strong>s neuf groupements foulbés, à <strong>de</strong>meure sur le ternetoire <strong>de</strong> la cir-<br />

conscn$tion, les divers autres éléments qui s’adonnent d la pratique <strong>du</strong> Coran, la<br />

position géographique <strong>du</strong> Cercle couvert, sur la majeure partie <strong>de</strong> ses frontières, par<br />

d’autres cercles fortement islamisés, il est permis <strong>de</strong> conclure que la propagan<strong>de</strong>’<br />

religiatse n’est pas limitée à 50 écoles et d 300 élgves. Le terrain paraît donc<br />

propice pour ce prosélytisme.<br />

Les anciens tiraillèurs qui, jadis avaient pu inspirer quelques craintes quant à leur<br />

possibilité <strong>de</strong> réadaptation, se replongent corps et &me dans leur milieu social dès<br />

leur retour d la vie civile. Si le recrutement poursuivait, entre autres fins, un but<br />

politique, à savoir le dégrossissement <strong>de</strong> nos sujets, je pense qu ‘il est permis d ‘affi<br />

mer que ce but est manqué d’une façon compl&-e.<br />

Situation financière : Le recouvrement <strong>de</strong>s impôts dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

n’est qu’une question <strong>de</strong> temps... et la fin <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier marque le temps <strong>de</strong> la<br />

rentrée <strong>de</strong>s Contributions sur Rôles. Les indigènes sont les premiers heureux <strong>de</strong> se<br />

voir débarrassés <strong>de</strong> la charge <strong>de</strong>s prestations jkancières et nombreux sont au<br />

début <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> les cantons en compétition pour effectuer les premiers leurs<br />

versements.<br />

Les recettes qui n’éfaient que <strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> francs en 1899, soit vingt<br />

mois après le début <strong>de</strong> l’occupation, atteimaient en 1903 50 337jkancs. En 1907,<br />

elles étaient <strong>de</strong> 150 848fiancs et en 19.20 <strong>de</strong> 556381 francs. Elles s”é@veront en<br />

1925 approxim&ivement à 1500 000 francs. La capitation représente évi<strong>de</strong>mment<br />

la principale source <strong>de</strong> revenus <strong>du</strong> cercle et, à mon avis, son taux <strong>de</strong>vra être unifié<br />

à 5fr. en 1926.<br />

La différence actuelle <strong>de</strong> taux, sans préjudice <strong>de</strong> la taxe <strong>de</strong> bétail, qui frappe la<br />

population pastorale, soi-disant la richesse, nécessiterait une contre partie <strong>de</strong>stinée<br />

à compenser les pertes imputables aux épizooties. Or, le budget tout entier serait<br />

parfois insuffisant pour couvrir les pertes <strong>de</strong> certaines annkes (7).<br />

(7) Le Service <strong>de</strong> l’Elevage,. dit Service Zootechnique, vient d’être créé, sans grands moyens<br />

d’action. Toutefois, en cas d’épizooties, le transit <strong>de</strong>s animaux est interdit. Tout <strong>du</strong> moins,<br />

l’ordre d’interdiction part-il <strong>de</strong>s bureaux <strong>du</strong> cercle.<br />

97


1924<br />

Le projet <strong>de</strong> budget <strong>du</strong> Cercle pour 1924, très largement calculé, ~Elevait en dé-<br />

penses à 242 817 francs, mais <strong>de</strong> nombreuses prévisions, notamment en personnel,<br />

sont loin d’avoir été réalisées... ll est permis d’estimer a un maximum <strong>de</strong> 3QO 000 fr.<br />

l’entretien annuel <strong>de</strong> la circonscription. Il en resulte que ladministration <strong>du</strong> cercle<br />

<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> se tra<strong>du</strong>it pour l’annêe écoulee par un excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> recettes <strong>de</strong> un<br />

million environ. Cette situation ne peut que s’améliorer en 1924, en ce sens que les<br />

recettes marquent chaque annee une plus-value sensible, tandis que les dépenses<br />

accusent une progression moins importante (8).<br />

Situation economique et agricole : Les <strong>de</strong>ux fins poursuivies dans ces <strong>de</strong>ux ordres<br />

d’i<strong>de</strong>’es, étaient d’une part le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s cultures vivrières dans une mesure qui<br />

mît nos populations à l’abri <strong>de</strong>s disettes toujours a craindre dans une région aux<br />

précipitations atmosphetiques assez faibles et d’autre part l’extension <strong>de</strong> la culture<br />

cotonnière, aussi intéressante pour l’in<strong>du</strong>strie nationale que pour le pro<strong>du</strong>cteur lui-<br />

même dont les revenus se trouvaient ainsi sensiblement augmentés.<br />

En dépit d’une chute d eau relativement insignifante, puisqu’elle II ‘a pas dépassé<br />

en six mois 531 mm, dont à peine plus <strong>de</strong> $0’0 mm utiles, le premier <strong>de</strong> ces buts<br />

semble avoir éte pleinement realise, ainsi qu ‘en font foi les estimations suivantes :<br />

Nombre tonnes<br />

Les calculs sont basés sur une population <strong>de</strong> 400 000 habitants environ à alimenter,<br />

la confection <strong>de</strong> dolo, la nourriture d’environ 8 000 chevaux qui consomment le<br />

mil à peu près huit mois 1 ‘an et 12 000 asines qui ne consomment <strong>du</strong> mil qu ‘excep-<br />

rionnellement à l’occasion <strong>de</strong> leur travail et enfin les semailles dont le ren<strong>de</strong>ment<br />

est estime à cinquante fois la semence.<br />

(81 Cet administrateur est dkidément <strong>de</strong>s plus clairvoyants et ne s’encombre pas <strong>de</strong> précautions<br />

rédactionnelles.<br />

98


1924<br />

L ‘année 1924 aura été une année e+xeptionnellement favorable. L’excé<strong>de</strong>nt servira<br />

pour les années déficitaires qui constituent la règle (9).<br />

En ce qui touche à la culture <strong>de</strong>s textiles, il semble que la repro<strong>du</strong>ction ci-<strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong>s documents établis à ce sujet donnera tous éclaircissements nécessaires sur la<br />

question :<br />

a - Réponse à la circulaire No 4 <strong>du</strong> 30 avril 1924 <strong>de</strong> M. I’lnspecteur <strong>de</strong>s Affaires<br />

Administrkives. Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong>s Textiles<br />

La situation actuelle <strong>du</strong> cercle au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la situation cotonnière est sans<br />

intérêt. Les cantons ne récoltent même pas le coton nécessaire aux besoins <strong>de</strong> la<br />

population. Les exportations <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s signalées dans les rapports précé<strong>de</strong>nts pro-<br />

viennent <strong>du</strong> tissage effectué sur place, mais au moyen d’une matière première ache-<br />

tée dans les cercles voisins et notamment dans les cercles <strong>de</strong> Kaya, Koudougou et<br />

Dédougou.<br />

En exécution <strong>de</strong>s dtiectives relatives à la pro<strong>du</strong>ction cotonnière, <strong>de</strong>s conseils ont été<br />

adressés à la population qui les accueillît avec intérêt. L ‘importance <strong>de</strong> la question<br />

n’a pas échappé aux indigènes qui se montrent disposés à étendre les cultures. La<br />

possibilité d’extension est considérable.<br />

Pour cette première année, le Commandant <strong>de</strong> cercle a <strong>de</strong>mandé aux chefs un<br />

apport <strong>de</strong> 40 tonnes égrenées livrables au cours <strong>de</strong> la prochaine campagne. Ces<br />

40 tonnes sont exclusives <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction nécessaire aux besoins locaux.<br />

La population <strong>du</strong> cercle étant <strong>de</strong> 400 000 habitants approximativement, la moyenne<br />

<strong>de</strong>mandée par tête d’habitant ressort donc à un <strong>de</strong>mi kilo non égrené et 100 gram-<br />

mes égrené (au total 200 000 kilos non égrenés ré<strong>du</strong>its à 40 000 kilos par 1 ‘égrenage).<br />

On peut estimer que cette faible moyenne, mais qui constitue un premier progrès,<br />

est d’une réalisation facile...<br />

La meilleure solution à adopter pour l’intensification <strong>de</strong> la culture paraît être le<br />

champ familial qui stimule l’activité et l’esprit <strong>de</strong> lucre. Les cultures communes<br />

doivent être proscrites. Telle a été aussi l’opinion nettement exprimée par l’unani-<br />

mité <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> canton qui se chargent <strong>du</strong> choix et <strong>du</strong> mesurage <strong>de</strong>s terrains.<br />

Le cercle possè<strong>de</strong> un stock suffisant <strong>de</strong> graines. Des haies protègeront les terrains<br />

cultivés qui seront <strong>de</strong> cette manière à l’abn. <strong>de</strong>s déprédations <strong>de</strong>s troupeaux.<br />

Dans le but d’éviter <strong>de</strong> congestionner les lieux <strong>de</strong> vente et <strong>de</strong>s déplacements oné-<br />

reux, je propose comme marchés les places <strong>de</strong> Thiou, <strong>Ouahigouya</strong>, Tikarê, Djibo,<br />

Gourcy et Titao. Les indigènes se trouveront ainsi assujêtis aux parcours minima,<br />

25 kilomètres environ dans les différentes directions.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s moyens d’évacuation par voitures (charrettes ou automobiles) qui<br />

doivent constituer le moyen <strong>de</strong> transport normal, les animaux <strong>de</strong> bât pourront<br />

participer à l’acheminement <strong>de</strong>s matières sur les usines et les établissements <strong>de</strong><br />

commerce. Des recensements <strong>de</strong> bœufs porteurs et <strong>de</strong>s ânes, par canton, vont être<br />

entrepris et permettront la juste .rêpartition par collectivité <strong>du</strong> transport <strong>de</strong> la<br />

récolte.<br />

(9) La précision <strong>de</strong> ces chiffres ne doit pas faire illusion. Nous <strong>de</strong>meurons perplexe quant à la<br />

possibiité d’estimer une quelconque pro<strong>du</strong>ction vivrière sans connaissance <strong>de</strong>s superficies<br />

cultivées !


1924<br />

Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a exporté cette année 12 tonnes <strong>de</strong> kapok. J’ai tout lieu<br />

<strong>de</strong> croire que cette opération sera intensifiée en 1925. Dans ce domaine, les possi-<br />

bilités <strong>du</strong> cercle sont pratiquement illimitées. Ce commerce se ferait suivant les<br />

métho<strong>de</strong>s générales adoptées pour le coton. J’ai garanti au commerçant syrien un<br />

minimum <strong>de</strong> 100 tonnes pour 1925. Ici, la seule difficulté sérieuse rési<strong>de</strong> toujours<br />

dans les moyens dZvacuation.<br />

La culture <strong>du</strong> sisal et <strong>du</strong> dâ pourrait être envisagée pour 1926 ou 192 7, au moment<br />

ou l’opération <strong>du</strong> coton serait un fait acquis, entré dans les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s indigènes.<br />

Coton, kapok, sisal et dâ représentent les quatre textiles dont le développement<br />

assurerait d ‘une faqon certaine la prospérité <strong>du</strong> cercle et cela sans effort excessif (10).<br />

b - Réponse ii circulaire No 951 A.E. <strong>du</strong> 28 avril 1924 au sujet <strong>du</strong> programme <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ction cotonnière<br />

Tous les chefs <strong>de</strong> provinces et <strong>de</strong> cantons ont été mis au courant <strong>de</strong>s instructions <strong>du</strong><br />

chef-lieu relativement à la culture <strong>du</strong> coton, <strong>de</strong>s raisons qui exigent cet effort spécial<br />

qui <strong>de</strong>vra être intensifié un peu plus chaque année et <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> 1 ‘opération <strong>de</strong>srinêe<br />

au ravitaillement national en textiles.<br />

Les notables et indigènes ont été bien avisés qu ‘ils doivent donc, tout en faisant face<br />

à leurs besoins personnels dont ils ne se sont guère préoccupés jusqu ‘à ce jour, garantir<br />

une quantité annuelle disponible pour le commerce.<br />

Il est <strong>de</strong> notoriété publique que non seulement le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> n’a point<br />

été jusqu ‘à présent un pro<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> coton mais, qu’au contraire, il est un importateur<br />

assez important tant pour sa consommation que pour son in<strong>du</strong>strie. Il s’agii<br />

donc <strong>du</strong>ne révolution complète dans les mœurs économiques <strong>de</strong> la circonscription.<br />

Il y a urgence et intérêt à ce que le mouvement s’effectue le plus tôt possible. Chaque<br />

conference <strong>du</strong> vendredi avec le Yatenga-Naba et les grands personnages <strong>de</strong> sa<br />

suite est consacrée en majeure partie à cette affaire ; chaque o&asion est saisie ~OUI<br />

exciter ou éveiller l’attention <strong>de</strong>s gens sur cette question <strong>de</strong> premier plan. L ‘expêrience<br />

a démontré que ce n’est qu’à force <strong>de</strong> répéter inlassablement les mêmes<br />

choses, voire les plus simples, que celles-ci finissent par être retenues, puis étudiées<br />

et comprises. (...)<br />

La récolte <strong>de</strong> coton <strong>du</strong> cercle sera sans doute entièrement évacuée sur Mopti, soit<br />

directement <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, soit <strong>de</strong> Djibo, pour le SUIQ~US... avec les 8 000 ânes<br />

disponibles, chacun pour un voyage annuel à Mopti, à raison <strong>de</strong> 60 kilos <strong>de</strong> fibres<br />

égrenées 1 un... La circonscription se suffira à elle méme pour les moyens<br />

d Evacuation.<br />

Autres cultures et divers : Le tabac est cultivé sur toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle et<br />

notamment dans les cantons <strong>du</strong> sud qui o.ffient une terre fertile et plus humi<strong>de</strong>.<br />

Ces cultures se font suivant les métho<strong>de</strong>s indigènes et le ren<strong>de</strong>ment est suffisant<br />

pour la consommation <strong>de</strong>s habitants qui en font gros usage.<br />

(In) Kapok (ou capoc) : fibre végétale, imputrescible et légère, constituée par les poils qui<br />

recouvrent les graines <strong>du</strong> kapokier (Bombax costatum). Le kapokier pousse naturellement<br />

en zone soudanienne.<br />

cda : oseille, dite <strong>de</strong> Guinée, traditionnellement plantée en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong>s champs, près <strong>de</strong>s<br />

villages. Le da est utilisé pour bs fibres <strong>de</strong> sa tige.<br />

sisal : agave (originaire <strong>du</strong> Mexique) aux feuilles fibreuses.<br />

100


1924<br />

Les cultures maratchères sont limitees aux centres européens ; les arbres fruitiers<br />

eux-mêmes sont a peu près inconnus dans les villages. Le blé et la pomme <strong>de</strong> terre<br />

ont été expérimentés non sans succès a <strong>Ouahigouya</strong> et a Bam. Le point noir dans<br />

cette affaire reste la question d’arrrosage. L ‘installation d’une pompe à Bam, dans la<br />

concession <strong>de</strong> la mission catholique semble <strong>de</strong>voir résoudre ce détail, mais la vraie<br />

solution consisterait à vulgan.ser ces pro<strong>du</strong>its chez les indigènes qui, petit à petit,.<br />

au& abords <strong>de</strong> leurs concessions amkeraient à en développer les cultures pour leur<br />

propre compte. Ceci ne sera pas 1 ‘oeuvre ni d’un seul palabre ni d’un effet isolé.<br />

Les pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette sont assez restreints dans l’ensemble <strong>du</strong> cercle, nuls Ans<br />

le nord et le. centre, peu abondants même dans le sud. Le Yatenga est tributaire <strong>de</strong>s<br />

circonscriptions <strong>du</strong> sud qui l’alimentent en majeure partie <strong>de</strong> ses besoins en hanté,<br />

sumbula, etc.. (Il).<br />

La question <strong>du</strong> reboisement intéresse au premier chef cette région. Il na été<br />

procédé jusqu’ù ce jour ni à plantation ni a l’établissement <strong>de</strong> pépinières. L’im-<br />

mense éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle et les faibles moyens daction dont dispose l’adminis-<br />

tration n’ont permis <strong>de</strong> s’en occuper. Toutefois, la guerre acharnée faite par le<br />

Cercle aux fax <strong>de</strong> brousse et aux coupes inconsidérées semble s&re tra<strong>du</strong>ite<br />

par d’heureuses conséquences (1.2).<br />

Bleuage : En.1904, soit huit ans après l’occupation, le cheptel était estimé à :<br />

boeufs <strong>de</strong> tous dges 32 343<br />

boeufs porteurs 4 444<br />

moutons 46 6.58<br />

ânes 4474<br />

chevaux 3872<br />

En 1924, soit vingt années plus tard, il est <strong>de</strong> :<br />

bœufs ayant plus <strong>de</strong> trois ans 109884<br />

moutons 70 000<br />

chèvres 90 000<br />

ânes avant plus <strong>de</strong> quatre ans 17759<br />

chevaux ayant plus <strong>de</strong> trois ans 18 360<br />

Il y a lieu <strong>de</strong> tenir compte d’une part que le recensement <strong>de</strong> 1904 ne comprenait que<br />

les trois cantons <strong>de</strong> Bjibo et d’autre part qu ‘aucun recensement n’a été fait pour le<br />

bovidés et équidés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> trois ans, ni pour les asinés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> quatre an:<br />

Ces âges sont ceux auxquels les animaux sont reconnur nntes au paiement <strong>de</strong> ;<br />

taxe ou à la charge <strong>de</strong> portage.<br />

(11) karïttf : Vïtelhzrîa paradoxa. L’aman<strong>de</strong> <strong>de</strong> karité est utilisée pour la fabrication <strong>du</strong> «heur<br />

<strong>de</strong> karité», aux multiples usages.<br />

sumbala (ou sumbara) : graines <strong>du</strong> néré (Parka biglobosa), bouillies et pilées. Ven<strong>du</strong>es t<br />

boules, sur les marchés, le sumbala sert d’ingrédient dans les sauces qui accompagnent 11<br />

repas.<br />

(12) Le problème <strong>de</strong> la «déforestation» (bois <strong>de</strong> cuisine, construction <strong>de</strong>s habitations, pâtura!<br />

aérien en saison sèche) et <strong>de</strong> ses effets (érosion) attire déjà l’attention mais sans que 1’<br />

songe sérieusement à y apporter remh+- ’ ’ %isement ne fera que s’aggraver.


1924<br />

Un phénomène assez curieux est la facilité avec laquelle se reconstituent les trou-<br />

peaux, constamment éprouvés par les épizooties qui détruisent plusieurs milliers<br />

d’indivi<strong>du</strong>s par an. Ainsi pour 1924 : 2 324 bovidés et 2 172 équidés per<strong>du</strong>s par les<br />

différentes maladies.<br />

Les troupeaux <strong>de</strong> bœufs sont h peu près entièrement aux mains <strong>de</strong>s foulbé et.<br />

silmi-mossi. Les bœufs porteurs sont détenus par les mossis et les yarcé, ainsi<br />

que la majorité <strong>de</strong>s ânes. Les troupeaux <strong>de</strong> porcs sont <strong>de</strong>s troupeaux administratifs<br />

concentrés soit au chef-lieu soit auprès <strong>de</strong>s chefs notables et en <strong>de</strong>s endroits conve-<br />

nablement choisis.<br />

Statistique <strong>du</strong> bulletin commercial :<br />

Prix d’un bœuf 175fr. pagne 15j?.<br />

FnoutoFl 4ofr. Ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> coton 6 fi.<br />

cheval 500 fk Hache 2B-.<br />

âne 150 jr. Daba (13) 2.P.<br />

Mercuriale pro<strong>du</strong>its divers et europeens : (en francs) :<br />

Cola 0,25 jk<br />

Sel 4 f+lkg<br />

Mouchoir 6 fi.<br />

Mil, le kilo 0,lO Maïs, le kilo 0,lO<br />

Riz 1,oo Fonio 0,15<br />

Karité 2,50 Coton egrené 5,00<br />

Soumbala 3.50 Coton non égrené 1,00<br />

Arachi<strong>de</strong> l,oo Kapok égrené 2,00<br />

Allumettes (boîte) 0,25 Sucre (kilo) 10,oo<br />

Bobine fil 2,50 à 5,00 Cigarettes 5,00<br />

Flacon parfum 2,00 à 10,oo Pippennint 30,OO le litre<br />

La Gold Coast, avec Kournassie et les divers marchés échelonnés au nord <strong>de</strong><br />

Koumassie, constitue le grand débouché, non seulement <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />

mais encore <strong>de</strong>s cercles <strong>du</strong> Niger La vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> boucherie y trouve un placement<br />

actuellement très avantageux en raison <strong>du</strong> cours <strong>de</strong> la livre. Les marchands <strong>de</strong> bétail<br />

retirent <strong>de</strong> leur opération un bénéj%e encore accru avec le change et les commer-<br />

cants et colporteurs indigènes sans distinction s y approvisionnent en noix <strong>de</strong> colas<br />

<strong>de</strong>stinés a nos tem*toires.<br />

En <strong>de</strong>uxième position viennent les rapports <strong>de</strong> la circonscription avec le Soudan<br />

francais et notamment les cercles <strong>du</strong> j%uve (Ntqer). Ce trafic quoique appréciable,<br />

<strong>de</strong>meure insignifiant par-rapport à celui <strong>de</strong> la colonie anglaise car le cercle FI a aucune<br />

mai?ère première ou pro<strong>du</strong>it que les cercles <strong>du</strong> Soudan ne possè<strong>de</strong>nt. Le mouvement<br />

commercial est fondé essentiellement sus le tissage et 1”exportation <strong>de</strong> quelques ani-<br />

maux <strong>de</strong> selle ou <strong>de</strong> bât; Le sel européen et le sel <strong>de</strong> Taou<strong>de</strong>ni viennent <strong>de</strong>s Etablis-<br />

sements commerciaux <strong>du</strong> fleuve concouvïr au ravitaillement <strong>du</strong> cercle (14).<br />

(13) daba : houe. Instrument aratoire utilisé en pays mossi. 11 existe plusieurs types <strong>de</strong> houes,<br />

suivant les usages.<br />

(14) 11 s’agit <strong>de</strong> S&ou, San, Djenné, Mopti.


Le cercle n’a aucun établissement commercial tenu par <strong>de</strong>s européens, <strong>de</strong>s indigènes<br />

ou <strong>de</strong>s étrangers. Monsieur P., syrien, se propose pour proce<strong>de</strong>r dès le début <strong>de</strong><br />

1925 au commerce <strong>du</strong> kapok, <strong>du</strong> coton et éventuellement d’autres pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû<br />

d’une part, et <strong>du</strong> sel, <strong>de</strong>s tissus et autres articles <strong>de</strong> pacotille d’autre part. Les mar-<br />

chés <strong>du</strong> cercle sont <strong>de</strong> pauvres marchés qui méritent à peine l’honneur <strong>du</strong>ne mention.<br />

On y pmtique le troc <strong>de</strong> quelques menues <strong>de</strong>nrées alimentaires. Notre monnaie,’<br />

d’ailleurs fortement dépréciée et point suffisamment divisionnaire, n y joue qu’un<br />

rôle <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième ordre. Les transactions <strong>de</strong> bétail s’effectuent aux domiciles <strong>de</strong>s<br />

éleveurs.<br />

La Foire - concours tenu au chef-lieu <strong>du</strong> cercle, semble marquer un progrès par rap-<br />

port à ce qu ‘elle était autrefois, à sa pério<strong>de</strong> dkssai. En fait, elle se ré<strong>du</strong>isait à une<br />

exposition <strong>de</strong> dolo et à un défilé <strong>de</strong> gens ivres. En 1924, le sens économique <strong>de</strong> la<br />

manifestation semble avoir été compris <strong>de</strong>s indigènes qui, <strong>de</strong> tous les points <strong>du</strong><br />

cercle, ont amené leurs animaux <strong>de</strong> choix et les pro<strong>du</strong>its. Si les transactions sur le<br />

bétail ont été encore ins&nifiantes, par contre, toutes les <strong>de</strong>nrées vivrieres exposées<br />

ont été ven<strong>du</strong>es. A noter également un petit mouvement sur hz cire, pro<strong>du</strong>it <strong>du</strong><br />

plus grand intérêt pour le cercle et dont le rapport ne <strong>de</strong>vrait pas être inférieur<br />

à 100 000 francs annuel.<br />

Il ny a rien à ajouter à ce qui a été dit maintes fois sur la monnaie, sur la dépré-<br />

ciation <strong>de</strong> nos billets, sur la concurrence faite par le cauri, sur le peu <strong>de</strong> parvenir <strong>de</strong><br />

nos nouveaux jetons dans le public. Peut-être, un relèvement <strong>de</strong> l’impôt, qui paraît<br />

chose très réalisable, serait-il <strong>de</strong> nature à remedier au moins partiellement à cette<br />

situation (15).<br />

Situation sanitaire : La situation sanitaire nappelle aucune remarque spéoiaze.<br />

L ‘année 1924 aura eu à son actif <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> mortalité chez les européens. C’est<br />

beaucoup et peu à la fois, si l’on considère que l’effectif <strong>du</strong> Poste a rarement atteint<br />

une <strong>de</strong>mi-douzaine <strong>de</strong> sujets, mais que la major?té <strong>de</strong> cet effectif a été souvent très<br />

mal en point.<br />

Les milieux indigènes n’ont pas eu à souffir daffections endémiques ou épidémiques.<br />

La Recurrente (16) avait disparu au début <strong>de</strong> lannée et n h eu aucun retour<br />

offensif Aucun cas <strong>de</strong> variole n’a été noté. Les affections traitées au dispensaire ont<br />

été <strong>de</strong> petites affaires courantes <strong>du</strong>es à la négligence, à l’impru<strong>de</strong>nce ou au défmt<br />

d 7tygGne.<br />

ll serait souhaitable que le cercle reçoive a pério<strong>de</strong>s régulières, au besoin tous les<br />

<strong>de</strong>ux mois par exemple, la visite d’un mé<strong>de</strong>cin si possible toujours le même, qui<br />

serait ainsi en état d’examiner et <strong>de</strong> conseiller ses mala<strong>de</strong>s en connaissance <strong>de</strong> cause.<br />

Une voiture sanitaire permettrait ce déplacement à peu <strong>de</strong> fiais. La santé morale et<br />

physique <strong>de</strong>s malheureux patients, abandonnés à eux-mêmes dans Irm brousse, trouverait<br />

un singulier réconfort à l’adoption <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong>.<br />

(15) Idée classique, sans cesse répétée : par la monétarlsation forcée <strong>de</strong>s échanges, intégrer l’éco-<br />

nomie régionale dans les circuits commerciaux européens.<br />

(16) Récurrente (ou fièvre récurrente) : açcPs <strong>de</strong> fikvre à répétition.<br />

103


1924<br />

Une sage femme auxiliieke, affectée courant mars, donne ses soins aux femmes en<br />

couches. Le nombre <strong>de</strong> ces interventions n’est pàs inférieur à une centaine. Son<br />

heureuse action, limitée au centre urbain <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, ne manquera pas <strong>de</strong> se<br />

développer et d agirfavorablement sur l’esprit <strong>de</strong> l’indigène, préparant ainsi hr consé-<br />

cration <strong>de</strong> la protection <strong>du</strong> capital humain, le plus précieux bien que nous ayons en<br />

ce pays.<br />

Par ailleurs, le manque d Hygiène corporelle, vestimentaire, alimentaire et <strong>de</strong> Phabi-<br />

tat est le pire <strong>de</strong>s maux en ces pays. La mortalité infantile qui. retar<strong>de</strong> l’épanouis<br />

sement <strong>de</strong> nos temhoires doit lui être à peu près entièrement attribuée. Chez les<br />

a<strong>du</strong>ltes et les hommes, ses méfaits apparaissent encore considémbles. L’effort mé-<br />

dical a tué certaines maladies redoutables, telle la variole ; notre effort administratif<br />

et nos palabres aux chefs ten<strong>de</strong>nt à une amélioration <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong>s choses et il<br />

nous a paru convenable d’adopter à cette fin certaines mesures <strong>de</strong> détail, comme<br />

l’interdiction <strong>de</strong> l’accès aux bâtiments publics <strong>de</strong>s gens dont la tenue laisse à désirer.<br />

Je suis fon<strong>de</strong> à croire que, dans ce domaine, rwus touchons à la plus longue et à la<br />

plus dilfficultueuse parmi les tâches que nous impose notre ceuvre <strong>de</strong> civilisation.<br />

École : L ‘école régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, forte <strong>de</strong> 150 élèves, dispose comme person-<br />

nel d’un instituteur principal europeen, directeur <strong>de</strong> l’établissement, d’une insti-<br />

tutrke prkcipale europeenne et <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux instituteurs adjotnts. Les bâtiments sont<br />

confortables, mais le mobilier est inexistant et une bonne partie <strong>de</strong>s élèves est. assise<br />

par terre.<br />

Depuis plus <strong>de</strong> vingt ans qu’elle existe: cette école n’a donné aucun résultat appre-<br />

ciable. Le recrutement <strong>de</strong>s élèlres est assez pénible et- nécessite une pression certaine<br />

<strong>de</strong> 1’Administration. Les chefs se montrent indifférents à l’institution scolaire. Les<br />

directeurs et maîtres ont eté l’objet <strong>de</strong> mutations trop fréquentes, basées beaucoup<br />

plus sur <strong>de</strong>s convenances personnelles que sur l’intérêt général. Ces métho<strong>de</strong>s sont à<br />

reformer, si 1 ‘on désire enfin un résultat. L ‘Nztemat qui consMuait une garantie<br />

nekessaire a éte supprimé. L ‘instituteur recoit le matin <strong>de</strong>s enfants fatigués par <strong>de</strong>s<br />

veilles nocturnes, <strong>de</strong>s libations, ren<strong>du</strong>s mala<strong>de</strong>s par <strong>de</strong>s contacts que leur âge <strong>de</strong>vrait<br />

igrwrer, dans un état souvent repoussant <strong>de</strong> saleté...<br />

Mouvements <strong>de</strong> population : Des exo<strong>de</strong>s ont eu lieu en Gond CoIEst. J 200 jeunes<br />

gens au moins ont quitte’ le cercle. Le mot exo<strong>de</strong> est peut-être exagéré. Les mots<br />

&m&rations temporaires>, employés par mon prédécesseur, seraient plus exacts.<br />

Sur la quantité <strong>de</strong> ces indigènes, il est possible que quelques uns finissent par se<br />

f?xer à l’étranger, mais la plus gran<strong>de</strong> parti-e revient vivre &ms ses villages d’origine.<br />

Le recrutement contribue beaucoup à ces départs.<br />

104


1925 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Evénements en cours : L’impôt <strong>de</strong> capitation a été entièrement perçu le 28 décem-<br />

bre 1924 : Il86 739francs. L timpôt sur le bétail, perçu en janvier, s Wève à 99 468 fk<br />

Reste à percevoir : 52 951 francs.<br />

Main d’oeuvre : 200 manœuvres volontaires ont été recrutés par Monsieur R. <strong>de</strong> Sa<br />

Société <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Dar-Salam.<br />

Prestations : La route <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Tourcoing-Bam a été mise en état pour le<br />

passage <strong>de</strong> Monsieur le Délégué au Conseil <strong>de</strong>s Colonies.<br />

Cultures : La culture <strong>du</strong> coton paraît avoir bien réussi et la cueillette commencée<br />

donne bon espoir. Un vol <strong>de</strong> sauterelles, assez <strong>de</strong>nse, est passé le 31 <strong>du</strong> mois entre<br />

18 heures et 19 heures causant quelques dégâts sur les arbres.<br />

FÉVRIER<br />

Recrutement : Le recrutement <strong>de</strong> la classe 1925 s’est effectué sans inci<strong>de</strong>nt. Toute-<br />

fois et comme les années précé<strong>de</strong>ntes, il faut signaler le peu <strong>de</strong> soins avec lequel<br />

sont dressées les listes <strong>de</strong> recensement par les agents recenseurs. Un trop grand nom-<br />

bre y sont portés, soit parce que trop jeunes, soit parce que trop âgés. Cette façon <strong>de</strong><br />

faire, en chargeant inutilement le rôle <strong>de</strong> la commission <strong>de</strong> recrutementa encore pour<br />

effet <strong>de</strong> déplacer un grand nombre d’indigènes qui, restant chez eux, n ‘encombre-<br />

raient pas inutilement le chef-lieu...<br />

Il y a aussi certainement <strong>de</strong>s substitutions d’indivi<strong>du</strong>s portant le même nom dans<br />

la même famille et dont les plus jeunes (nous en avons trouvé <strong>de</strong> douze ans) sont<br />

envoyés pour répondre à la place <strong>de</strong> leurs aînés...<br />

Chefs : A l’occasion <strong>du</strong> passage <strong>du</strong> Maréchal Pétain et <strong>du</strong> recrutement, presque tous<br />

les chefs se sont présentés au cheflieu. Leur attitu<strong>de</strong> est bonne...<br />

Tournées : Aucune tournée n’a été effectuée en février. Le personnel tout entier<br />

ayant été occupé à la perception <strong>de</strong>s taxes, au recrutement et à l’organisation ?’<br />

la foire cotonnière.<br />

Épizoohès : La peste bovine continue à progresser dans le cercle. Les déclarations<br />

faites dans le courant <strong>du</strong> mois portent sur 492 décès, 432 bêtes mala<strong>de</strong>s sur un<br />

effectif <strong>de</strong> troupeaux <strong>de</strong> 4521 têtes.<br />

105


1925<br />

Impôt : L ‘impôt sur le bétail a été entièrement recouvré.<br />

MARS<br />

Transports : Une forte quantité d’animaux porteurs a été fourni par le cercle <strong>du</strong>rant<br />

ce mois, pour fournir au transport <strong>de</strong> Mopti à <strong>Ouahigouya</strong> et <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à<br />

Ouagadougou <strong>de</strong>s marchandises <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong> commerce, <strong>du</strong> ravitaillement mili-<br />

taire et enfin <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Mopti pour le transport <strong>du</strong> coton.<br />

Pour le service local : 19 ânes ; pour le service colonial : 641 ânes et 7 bœufs por-<br />

teurs ; pour le commerce : 1486 ânes et 16 7 bœufs porteurs.<br />

Le portage à tête d’hommes n’existe pour ainsi dire plus dans le cercle.<br />

Mouvements <strong>de</strong> population : Cinq chefs <strong>de</strong> famille accompagnés d’un total <strong>de</strong><br />

soixante dti imposables, autorisés par le rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Yako à venir dans le cercle <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong>, ont été sur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et après mutation régulière et enregistrée,<br />

autorisés à s’installer dans les cantons <strong>de</strong> Togo et <strong>de</strong> Leba. Ces chefs <strong>de</strong> famille ont<br />

fait valoir qu ‘ils appartenaient au cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> antérieurement, l’avaient<br />

quitté à l’époque <strong>de</strong> la famine et désiraient y revenir définitivement (17).<br />

AVRIL<br />

Transports : Il a été fourni pour l’ensemble <strong>de</strong>s transports 1117 ânes. La peste<br />

bovine régnant dans la région, les bœufs porteurs n’ont pas circulé. 904 ânes ont été<br />

réquisitionnés pour le transport <strong>du</strong> coton a Mopti.<br />

Voici Epoque <strong>du</strong> travail dans les chrimps qui approche. Les indigènes désireraient<br />

qu’on les laissât à leurs travaux, mais il y a encore <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok à trans<br />

porter à MO~& Pour ne pas avoir <strong>de</strong> transport à effectuer, beaucoup d’indigènes<br />

ven<strong>de</strong>nt leurs ânes dans les cercles <strong>du</strong> §oudat!. Des dioulas <strong>de</strong> Bamako viennent en<br />

acheter. Si ces ventes continuent, la question <strong>de</strong>s transports VQ <strong>de</strong>venir inquiétante.<br />

Une enquête va être faite pour déterminer le nombre d’animaux ven<strong>du</strong>s.<br />

,(17) A compter <strong>de</strong> 1925, les déplacements sont contrôlés attentivement. L’administration a<br />

besoin <strong>de</strong> main d’œuvre pour les prestations locales, la culture <strong>du</strong> coton, la récolte <strong>du</strong><br />

kapok, les transports, les chantiers <strong>de</strong> la colonie. Tout déplacement est consi<strong>de</strong>ré comme<br />

une tentative <strong>de</strong> fuite s’il n’a pas fait l’objet d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> laissez-passer, délivré par<br />

le Cercle. Il s’agit d’un formulaire (au nom <strong>de</strong> la République Française : Liberté-Egalité-<br />

Fraternité) sur lequel sont inscrits le nom <strong>du</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur, son lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce habituel,<br />

sa <strong>de</strong>stination, le nombre <strong>de</strong> personnes qui l’accompagne, le motif <strong>du</strong> déplacement. La<br />

mention «a payé l’impôt» est indispensable. Le détenteur <strong>du</strong> laissez-passer doit le faire<br />

viser à tous les <strong>poste</strong>s situés sur sa route (vu au passage <strong>de</strong> . . ...).<br />

L’institution <strong>du</strong> laissez-passer a pour corollaire l’interdiction <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> circulation.<br />

Elle a été très vivement ressentie par les populations qui ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se déplacer très<br />

souvent d’un village a l’autre, pour les cultures, les visites familiales, etc.. L’interdiction est<br />

absur<strong>de</strong> pour les éleveurs, mais ceux-ci sont plus difficiles à saisir.<br />

106


1925<br />

Conseil <strong>de</strong>s notables : Une séance a été tenue le 28 avril. Le conseil était invité à<br />

donner son avis, conformément aux instructions reçues par télégramme-lettre <strong>de</strong><br />

Monsieur le Gouverneur, sur le relèvement <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation, primi-<br />

tivement j?xé à 5fr. pour tous les indigènes <strong>de</strong> race Peul. Le taux <strong>de</strong> cet impôt<br />

pouvait-il être porté à 6 fi ? Le conseil a émis l’aveu qu’en effet, le taux pouvait<br />

en être porté à 4fr.<br />

Commerce : La campagne <strong>de</strong> coton est actuellement terminée. Les indigènes <strong>du</strong><br />

cercle ont ven<strong>du</strong> au commerce pendant la présente campagne : 26598 kilos <strong>de</strong><br />

coton égrené et 41053 kilos <strong>de</strong> coton non égrené (18).<br />

Pendant le mois, le commerçant syrien a acheté 14245 kilos <strong>de</strong> kapok.<br />

Elevage : La peste bovine continue à ravager les troupeaux : 739 bovidés sont décé-<br />

dés <strong>du</strong>rant ce mois. Les peu1 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt que leurs troupeaux soient vaccinés.<br />

L ‘Administrateur ne peut que les encourager à la patience, mais pendant ce temps,<br />

l’épidémie fait <strong>de</strong>s progres.<br />

JUIN<br />

Main d’œuvre : 300 manœuvres ont été envoyés en Côte d’ivoire. Aucun inci<strong>de</strong>nt<br />

à signaler. Tous ont fait preuve <strong>de</strong> bonne volonté. Un certain nombre est parti<br />

volontairement.<br />

Cultures : Les pluies sont assez tardives. Dans <strong>de</strong> nombreuses régions, il a. fallu<br />

ensemencer plusieurs fois. Cependant, les indigènes ne per<strong>de</strong>nt pas espoir. Il leur<br />

a été recommandé d’entendre leurs cultures. Les chefs ont promis d’y veiller.<br />

Plantations : Des cailcédrats et <strong>de</strong>s manguiers ont été plantés aux alentours <strong>du</strong><br />

<strong>poste</strong>. Jusqu’ici les essais ont été faits dans ce sens mais n’ont guère donné <strong>de</strong><br />

résultats sur ce sol pauvre et caillouteux <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Les arbres poussent<br />

difficilement.<br />

Élevage : La peste bovine est en régression, comme chaque année au début <strong>de</strong><br />

l’hivernage. A signaler cependant pendant ce mois 366 décès. Au total, l’épizootie<br />

a fait jusqu ‘ici 3 093 victimes déclarées, 33 7 bœufs ont été vaccinés.<br />

Situation sanitaire : Des cas <strong>de</strong> rougeole et <strong>de</strong> variole sont signalés. Le mé<strong>de</strong>cin<br />

auxiliaire est en ce moment en tournée pour se renseigner sur place (19).<br />

(18) Les résultats sont bien inférieurs aux prévisions : 200 tonnes <strong>de</strong> coton brut ou 40 tonnes<br />

<strong>de</strong> coton égrené, mais sont tout <strong>de</strong> même fort éloquents pour une première campagne et<br />

témoignent <strong>de</strong> l’attention qui a été portée à cette pro<strong>du</strong>ction par les autorités.<br />

(19) Les mé<strong>de</strong>cins auxiliaires africains sont formés en quatre ans à l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Dakar,<br />

après avoir suivi <strong>du</strong>rant quatre autres années l’enseignement <strong>de</strong> I’Pcole W. PONTY (Gorée,<br />

puis Sébikhotane, au Sénégal). La <strong>de</strong>rniÈre anncc <strong>de</strong> W. PONTY est une année <strong>de</strong> spéciali-<br />

sation avec trois branches : enseignement - administration et finances - mé<strong>de</strong>cine.<br />

107


1925<br />

JUILLET<br />

Cultures : Toutes les cultures sont compromises par la sécheresse. Dans certaines<br />

régions, on a été obligé d’ensemencer jusqu ‘à cinq fois <strong>de</strong> suite. Les indigènes<br />

commencent à désespérer.<br />

Élevage : L ‘épizootie, qui était en régression le mois <strong>de</strong>rnier, a progressé ce mois-ci.<br />

On a enregistré 688 décès en juillet.<br />

Recrutement :Depuis les <strong>de</strong>rnières opérations <strong>de</strong> recrutement, 29 bons absents (20)<br />

ont été reconnus aptes au service militaire et incorporés à Ouagadougou.<br />

Cultures : A une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sécheresse a succédé une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pluies. Les cultures<br />

qui avaient réellement souffert le mois <strong>de</strong>rnier ont bel aspect. Les pluies tombent<br />

régulièrement.<br />

Élevage : 1.50 décès ont été enregistrés, occasionnés par la peste bovine.<br />

SEPTEMBRE<br />

Prestations : Les travaux d’entretien <strong>de</strong>s routes ont commencé et continueront le<br />

mois prochain. Rien <strong>de</strong> particulier à signaler.<br />

Questions religieuses : Un pasteur américain, venant <strong>de</strong> Mopti, est arrivé à<br />

<strong>Ouahigouya</strong> et a manifesté son intention <strong>de</strong> revenir dans six mois créer une mission<br />

dans le cercle (21).<br />

Cultures : Les pluies, qui étaient régulières tout le mois d’août, ont cessé en septem-<br />

bre. Les cultures ont souffert. Une récolte médiocre <strong>de</strong> mil est à prévoir.<br />

Élevage : La peste bovine et la péripneumonie ont contribué à faire <strong>de</strong>s victimes :<br />

828 décès pendant ce mois.<br />

(20) bons absents : jeunes gens inscrits sur le rôle <strong>de</strong> conscription, ayant omis <strong>de</strong> se présenter<br />

le jour <strong>du</strong> recrutement.<br />

(21) Dans le protocole <strong>du</strong> Traité <strong>de</strong> St-Germain (10 septembre 1919) qui réglait le sort <strong>de</strong>s<br />

colonies alleman<strong>de</strong>s, le probleme <strong>de</strong>s missions religieuses en Afrique a été posé par<br />

l’Angleterre et surtout les États-Unis. Les missions catholiques ont droit <strong>de</strong> cité dans les<br />

colonies et la France accepte l’installation en A.O.F. <strong>de</strong> missions protestantes américaines.<br />

108


1925<br />

OCTOBRE<br />

Prestations : Les différentes routes <strong>du</strong> cercle ont été remises en état. 50 000 journées<br />

environ ont été employées.<br />

Mouvements <strong>de</strong> population : 1200 jaunes gens, au moins, sont partis en Gold Coast<br />

cette année. Le plus grand nombre compte revenir. Certains, songeant au recrutement,<br />

ont préféré que les opérations aient lieu pendant leur absence. Ces départs<br />

ont été arrêtés grâce aux mesures prises aux frontières.<br />

I ’<br />

Cultures : La récolte <strong>de</strong> mil sera médiocre. Les champs <strong>de</strong> coton sont en excellent<br />

état (22).<br />

Transports : 1.5 ânes ont été réquisitionnés par <strong>de</strong>s particuliers pour effectuer <strong>de</strong>s<br />

transports (<strong>Ouahigouya</strong> - Mopti). 2 ânes ont été réquisitionnés pour le transport <strong>de</strong><br />

colis <strong>de</strong>stinés au Bataillon N” 6. Deux charrettes ont été louées pour le commerce.<br />

Un camion et une auto sdnt venus à <strong>Ouahigouya</strong> (23).<br />

NOVEMBRE<br />

Main d’œuvre : 400 manœuvres seront envoyés dans le courant <strong>du</strong> mois prochain sur<br />

les chantiers <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’ivoire, conformément aux ordres reçus <strong>du</strong><br />

chef-lieu (Ouagadougou).<br />

Cultures : Les indigènes rentrent la récolte <strong>de</strong> mil qui n’a pas été très abondante.<br />

rr roton est beau dans l’ensemble.<br />

RAPBORTANNUEL<br />

Démographie : Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> compte SUC européens dont- un hollandais<br />

(le fière coadjuteur <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong> Bam j, tous <strong>de</strong> sexe masculin.<br />

En plus, quatre autres étrangers : <strong>de</strong>ux syriens et Monsieur M., pasteur américain<br />

et son épouse.<br />

(22) Remarquons l’empressement <strong>du</strong> commandant à signaler que l’essentiel est sauf.<br />

(23) Ces automobiles sont venues pour évacuer les pro<strong>du</strong>its. C’est la première fois et c’est un<br />

événement.<br />

19


192§<br />

Recrutement : Le recrutement <strong>de</strong> février <strong>de</strong>rnier a donné 389 recrues et 51 engagés<br />

volontaires. 352 jeunes gens ont été inscrits à la <strong>de</strong>uxième portion. Sur 6 158 convo-<br />

qués, 5423 répondirent à l’appel et furent examinés. Le chiffre <strong>de</strong>s bons absents<br />

s’élevait donc à 735 et, parmi eux, 46 ont été incorporés au cours <strong>de</strong> 1 knée...<br />

tirtographie :Es carte <strong>du</strong> cercle existe, à peu près complète.<br />

Routes et ponts : Une nouvelle route a été prévue <strong>de</strong> Tourcoing-Bam à Kaya paf<br />

Samtaba. Cette route d’une longueur <strong>de</strong> 30 km environ sera praticable dans quelque<br />

temps... 475 818 journées <strong>de</strong> prestations ont été nécessaires à l’entretien <strong>de</strong>s routes.<br />

Transports : Il a été fourni au commerce 4 806 ânes et 2.53 bœufs porteurs. Presque<br />

tous ces animaux sont employés au trajet <strong>Ouahigouya</strong>-Mopti et ouahigouya-<br />

Ouagadougou. Une vingtaine <strong>de</strong> pousseurs ont été employés par IAdministration,<br />

cent-vingt autres pour le commerce et cent trente porteurs ont servi au transport<br />

<strong>de</strong> charges isolées.<br />

Ces transports ont rapporté une somme <strong>de</strong> . ..(illisible)... aux indigènes qui, malgré<br />

cette rémunération, montrent une certaine kzssitu<strong>de</strong>, surtout lorsqu ‘il s iagit d’entre-<br />

prendre <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> pour Mopti. Une élévation <strong>de</strong>s tarifs <strong>de</strong>s trans-<br />

ports est envisagée mais il est à craindre que cette élévation n’incite guère les indi-<br />

gènes à fournir leurs animaux porteurs. Ils ven<strong>de</strong>nt leurs ânes pour ne plus avoir <strong>de</strong><br />

transport CE effectuer. Il faudra, dans un avenir assez rapproché, avoir recours rP<br />

d’autres moyens...<br />

impôt : L’impôt <strong>de</strong> capitation représente la principale source <strong>de</strong> revenus <strong>du</strong> cercle.<br />

Il a rapporté en 1924 : 933 925,50 fr. En 1925, on mrive au chiffre <strong>de</strong> 1824 739 Ji.<br />

En 1924, cet impôt rapportera 1824 670 fi:<br />

Il serait probablement possible, vu la facilité avec laquelle les indigènes s’acquittent<br />

<strong>de</strong> leurs charges fiscales, d kgmenter le taux pour 1 ‘année 192 7.<br />

En 1924, le projet <strong>de</strong> budget <strong>du</strong> cercle prévoyait pour 1925 1249 660 fr. <strong>de</strong> recettes<br />

et 286 711 <strong>de</strong> dépenses. L ‘excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s recettes serait donc <strong>de</strong> 960 000 fr en chiffres<br />

ronds. .<br />

Situation agricole : Les cultures ont été peu abondantes par suite <strong>du</strong> manque d’eau.<br />

Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne sera jamais exportateur <strong>de</strong> <strong>de</strong>nrées alimentaires. Dans<br />

les années d’abondance, les indigènes parviennent juste à se nounir.<br />

Divers : L Fcole régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> qui compte 148 élèves n’a présenté aucun<br />

d’entre eux ni pour le certificat dWu<strong>de</strong>s, ni pour l’école professionnelle <strong>de</strong><br />

Ouagadougou... Pour inciter les chefs à envoyer leurs enfants à l’école, il leur a été<br />

déclaré qu’aucun membre <strong>de</strong> leur fami& ne serait appeler à leur succé<strong>de</strong>r s’il ne<br />

Pouvait justifier d’une certaine é<strong>du</strong>cation.<br />

110


1926 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

Main d ‘œuvre : Rien à signaler.<br />

Prestations : 6 000 prestataires ont travaillé ce mois à l’entretien <strong>de</strong>s routes.<br />

Levage :Rien à signaler.<br />

État sanitaire :Rien à signaler.<br />

JANVIER<br />

Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû : Sans changement, sauf pour le mil : 0,20 fr le kilo (24).<br />

FÉVRIER<br />

Impôt : L’impôt <strong>de</strong> capitation rentre très bien. Une somme <strong>de</strong> 1 799 281 fr a été<br />

perçue. Reste seulement : 25289fr à percevoir. La taxe sur le bétail sera perçue<br />

prochainement.<br />

Main d’œuvre : Un représentant <strong>de</strong> la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé<br />

(Soudan Français) a recruté 200 manœuvres dans le cercle. Rien <strong>de</strong> particulier à<br />

signaler sur ce sujet.<br />

Situation économique :Rien à signaler.<br />

Commerce : 4,178 kilos <strong>de</strong> coton égrené ont été ven<strong>du</strong>s à divers commerçants au<br />

prix <strong>de</strong> 6 flancs le kilo (25).<br />

Transports : Ainsi qu’il a été dit dans les précé<strong>de</strong>nts bulletins, le recrutement <strong>de</strong>s<br />

ânes <strong>de</strong>vient presque impossible. Les propriétaires ne se dérangent même plus ou<br />

envoient la plupart <strong>du</strong> temps (quand ils ont fourni <strong>de</strong>s animaux) <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong><br />

douze à quinze ans comme con<strong>du</strong>cteurs et parfois <strong>de</strong>s boiteux. Les propriétaires<br />

d’ânes voient arriver sans enthousiasme lzpoque où ils <strong>de</strong>vront transporter coton<br />

et kapok à Mopti.<br />

(24) Le prix <strong>du</strong> kilo <strong>de</strong> mil était <strong>de</strong> 0,lO fr en 1924. L’augmentation dès janvier est la consé-<br />

quence <strong>de</strong> la mauvaise récolte <strong>de</strong> 1925. Le prix va encore monter.<br />

A signaler, dans cerapport <strong>de</strong>janvier 1926, l’importation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux bicyclettes à 625 fr pièce,<br />

soit l’équivalent <strong>du</strong> prix <strong>de</strong> 100 kg <strong>de</strong> coton ou <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois tonnes <strong>de</strong> mil !<br />

(25) Le prix d’achat <strong>du</strong> coton enregistre une baisse <strong>de</strong> 1 fr par kilo. Après les encouragements<br />

à la pro<strong>du</strong>ction, en 1925, les commer9ants veulent se rattraper. Il en sera <strong>de</strong> même les<br />

annéessuivantes.<br />

111


1926<br />

MARS<br />

Impôt : L ‘impôt <strong>de</strong> capitation est complètement perçu. La taxe sur le bétail rentre<br />

normalement.<br />

Tournées : Le Commandant a effectué <strong>de</strong>ux tournées <strong>du</strong>rant le mois. L’une <strong>du</strong><br />

28 février au 3 mars? à Tourcoing-Bam, avec le chef <strong>du</strong> Service Zootechnique. Les<br />

indigènes ont paru comprendre l’intérêt qu’il y aurait pour eux à possé<strong>de</strong>r une race<br />

locale <strong>de</strong> moutons à laine par métissage. L ‘autre tournée a été effectuée sur La route<br />

<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>-Dédougou où un pont doit etre établi.<br />

Situation économique : La foire a eu lieu le 1.5 mars. Avant la foire, 1.5 tonnes <strong>de</strong><br />

coton égrené avaient été livrées au commerce. La quantité <strong>de</strong> coton brut fournie par<br />

le cercle a été <strong>de</strong> 132 tonnes. La quantité <strong>de</strong> kapok ven<strong>du</strong>e a été <strong>de</strong> 2 600 kg.<br />

Prix <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its : Cheval : 600 fi - ânes : 150 fr - bczuf : 200 fr - mouton : 40 fr -<br />

chèvre : 3Ofr. Cotonna<strong>de</strong> : 7,50 le kilo - Coca : 15fr le kilo. Le prix <strong>du</strong> kilo <strong>de</strong><br />

mil est <strong>de</strong> 0,25 fr.<br />

Tramports .: 242 ânes ont été employés pour le transport <strong>de</strong> colis appartenant à<br />

l’Autorité militaire. 20 pousseurs employés par l’Autorité civile. Le commerce<br />

a employé 79 pousseurs et 68 ânes pour <strong>de</strong>s transports <strong>Ouahigouya</strong>-Mopti.<br />

AVIZIL<br />

Main d’œuvre : La compagnie <strong>de</strong>s Cultures Cotonnières <strong>du</strong> Niger a recruté 271 tra-<br />

vailleurs qui sont partis le 26 pour Diré. Dix <strong>de</strong> ces travailleurs ont .amené leurs<br />

femmes.<br />

JUIN<br />

Prestations : 1 000 journées ont été employées sur les diverses routes abimées par<br />

<strong>de</strong>s torna<strong>de</strong>s assez violentes.<br />

Cultures : Tous les indigènes sont occupés aux travaux <strong>de</strong>s champs. Les premières<br />

pluies ont été très abondantes.<br />

Commerce spécial : Importation pour la consommation <strong>du</strong> cercle : 104 moutons,<br />

5 tonnes<strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan, 10 tonnes <strong>de</strong> mil <strong>de</strong> Dédougou, 400 kg <strong>de</strong> poissons salés,<br />

200 kg <strong>de</strong> soumbara.<br />

112<br />

(C’est la première fois que dans la rubrique<br />

Commerce Spécial, une importation <strong>de</strong> mil<br />

est signalée, preuve certaine d’une pénurie<br />

<strong>de</strong> céréales dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.)


1926<br />

I?levage : La peste bovine règne sur plusieurs points <strong>du</strong> cercle. 1072 bovidés sont<br />

décédés <strong>de</strong>s suites <strong>de</strong> cette épizootie <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> l’année.<br />

JUILLET<br />

Main d’oeuvre : Conformément aux ordres reçus, 4.50 manœuvres ont été dirigés après<br />

visite médicale, sur Dédougou où, <strong>de</strong> nouveau, ils ont subi une <strong>de</strong>uxième visite.<br />

Après éliminations, 350 manœuvres ont été dirigés sur les chantiers <strong>du</strong> C.F.C.I.<br />

Cultures et Plantations : Les cultures sont belles dans tout le cercle. Les pluies sont<br />

abondantes. Dans h nuit <strong>du</strong> 10 au 11, une tempête a sévi sur tout le Yatenga. De<br />

nombreux arbres ont été déracinés. Les toitures en paille <strong>de</strong>s cases indigènes ont été<br />

enlevées dans beaucoup d’endroits.<br />

Importation pour h consommation <strong>du</strong> cercle : 3000 kg <strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan et<br />

7000 kg <strong>de</strong> Dédougou, 250 kg <strong>de</strong> poissons salés, 1.50 kg <strong>de</strong> tabac, 210 kg <strong>de</strong> CO&<br />

5 370 kg <strong>de</strong> sel, 200 kg <strong>de</strong> soumbara.<br />

AOÛT<br />

Recensement : SUC cantons ont été recensés nominativement pendant ce mois. Le<br />

recensement <strong>du</strong> bétail a été également fait. Une légère augmentation <strong>de</strong> le population<br />

a été constatée : 41424 imposables contre 38070, aux recensements précé<strong>de</strong>nts,<br />

soit, au taux <strong>de</strong> 7,00 j?, une augmentation d’impôt <strong>de</strong> 22 428 francs.<br />

Commerce Spécial : Importations : 2 tonnes <strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan, 10 tonnes <strong>de</strong> mil <strong>de</strong><br />

Dédougou, 200 kg <strong>de</strong> poissons mlés, 200 kg <strong>de</strong> tabac, 525 kg <strong>de</strong> cola, 5 250 kg <strong>de</strong><br />

sel. Le prix <strong>du</strong> mil est <strong>de</strong> 0,50 fi le kilogramme.<br />

SEPTEMBRE<br />

Recrutement : Au 31 août <strong>de</strong>rnier, 38 bons absents, retrouvés, avaient été<br />

incorporés à Ouagadougou. De nombreux bons absents sont signalés comme<br />

étant en Gold-Coast... Questionnés sur le lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> leurs jeunes gens,<br />

les chefs <strong>de</strong> famille répon<strong>de</strong>nt invariablement : Salaga (Gold-Coast). Il est à pré-<br />

sumer que dans quelques années, il faudra, avec la permission <strong>de</strong>s Anglais, aller<br />

faire le recrutement à Koumassie.<br />

Recensement : Sept cantons ont été recensés nominativement. en ce qui concerne<br />

les cinq premiers (lesrésultats<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers ne sont pas encore connus) la popu-<br />

lation totale passe <strong>de</strong> 39 816 à 46 171. La popubtion imposable passe <strong>de</strong> 36 652 à<br />

113


1926<br />

39 451, soit une augmentation <strong>de</strong> 2 799 imposables qui, au taux <strong>de</strong> 7,OO fi; donnera<br />

au prochain rôle d’impôt une augmentation <strong>de</strong> 19 593 fr.<br />

Commerce spécial : Importations : 1 cheval à 800 fr, 10 000 kg <strong>de</strong> mil <strong>de</strong> Dédougou,<br />

5 000 kg <strong>de</strong> mil <strong>du</strong> Soudan, 500 kg <strong>de</strong> poissons salés, 200 kg <strong>de</strong> soumbara, 915 kg <strong>de</strong><br />

cola, 4 105 kg <strong>de</strong> sel.<br />

Êtat <strong>de</strong>s cultures : La sécheresse se fait sentir dans toute l’éten<strong>du</strong>e <strong>du</strong> cercle. Le mil<br />

n’est pas encore arrivé à matu&é et, cependant, il sèche sur pied. Il faudrait<br />

encore quelques pluies, sinon la récolte est compromise. Dans certains villages<br />

<strong>de</strong> la ré@.on <strong>du</strong> Nord-Ouest, où le Commandant a effectué sa <strong>de</strong>rnière tournée,<br />

la récolte sera nulle.<br />

Elevage : La peste bovine sévit toujours. Depuis le début <strong>de</strong> l’ennée, elle a fait<br />

2 183 victimes déclarées.<br />

OCTOBRE<br />

Main d “oeuvre : A signaler un décès parmi les manœuvres embauchés par la Compagnie<br />

<strong>de</strong>s Cultures Cotonnières <strong>du</strong> Niger. Cinq manœuvres ont été licenciés par la §ociété<br />

Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé, à la suite <strong>de</strong> maladie. Cinquante manœuvres<br />

<strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> Côte d Yvoire ont été dirigés sur leurs foyers aprt% six mois <strong>de</strong> travail.<br />

Quatre manœuvres et une cuisinière ont été licenciés à -la suite <strong>de</strong> maladies (26).<br />

Prestations : Toutes les routes <strong>du</strong> Cercle ont été réfectionnées par la main d’œuvre<br />

prestataire. On peut évaluer à 300 000 les journées <strong>de</strong> prestations employées à cette<br />

réfection.<br />

Questions relï@uses : Le pasteur protestant <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est allé s’installer au<br />

petit village <strong>de</strong> Tilly à quelques kilomètres <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et s’efforce <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

a<strong>de</strong>ptes. Jusqu ‘ici, les résultats ont été négatifs.<br />

État <strong>de</strong>s cultures : Résultat très médiocre. On prévoit une année <strong>de</strong> disette. Le coton<br />

a beaucoup souffert <strong>de</strong> la sécheresse. Il est à craindre qu’une quantité minime,<br />

seulement, pourra être livrée au commerce.<br />

(26) Les femmes étaient parfois rccrul~cs pour accompagner Ics manœuvres <strong>de</strong>s chantiers publics.<br />

Cette mesure <strong>de</strong>viendra obligatoire cn 1928 ct il sera prescrit : une cuisinière pour vingt-cinq<br />

hommes. Elle nc sera pas toujours rcspcct&. II faut attendre 1932, avec 1~ création d’une Ins-<br />

pection <strong>du</strong> Travail ct dc la Main d’Oxvrc cn A.O.F. et, plusencore, 1936 (Inspection locale<br />

<strong>du</strong> travail, dans chaque cercle) pour que ces mesures soient appliquées normalement.<br />

114


1926<br />

NOVEMBRE<br />

Prestations : 10000 journées <strong>de</strong> prestations ont été employées à la réfection <strong>de</strong>s<br />

routes.<br />

Questions religieuses : Le pasteur protestant qui était allé s’installer au village <strong>de</strong><br />

Tilly est ravenu à <strong>Ouahigouya</strong>. Les ind&ènes ont montré aucun empressement<br />

à écouter sa parole.<br />

,??tat <strong>de</strong>s cultures :Presque pas <strong>de</strong> coton par suite <strong>de</strong> la sécheresse. Il en est <strong>de</strong> même<br />

pour le kapok, pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> cueillette. Les arbres ont souffert <strong>de</strong> la sécheresse.<br />

Main d ‘œuvre :Rien à s&naler.<br />

Prestations :Néant.<br />

DBCEMBRE<br />

Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû : Aucun pro<strong>du</strong>it n ‘est offert au commerce, sauf le bétail.<br />

Ha été signalé, dans les précé<strong>de</strong>nts rapports, que les culturesavaient été peu brillantes.<br />

Revage : Au cours <strong>de</strong> l’année, la peste bovine a occasionné 2 318 décès déclarés.<br />

92 animaux sont morts <strong>de</strong> la péripneumonie contagieuse.<br />

État sanitaire : L’épidémie <strong>de</strong> variole, qui régnait le mOis <strong>de</strong>rnier à Djibo, a continué.<br />

Une partie <strong>de</strong> la population avait été vaccinée. Sur l’ordre <strong>de</strong> Monsieur le Chef <strong>du</strong><br />

Service <strong>de</strong> tinté, le mé<strong>de</strong>cin-auxiliaire et <strong>de</strong>ux vaccinateurs sont actuellement sur<br />

les lieux.<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

Recensement 1. Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a compté pendant l’année 14 indivi<strong>du</strong>s <strong>de</strong><br />

race bkmche dont 11 français et 3 étrangers.<br />

Recensement numérique <strong>de</strong>s indigènes : Mossi, 252527 - Peul, 47855 - Fulcé,<br />

22 464 - Yarcé, 16 968 - Rimaibe, 14 992 - Marancé, 4 023 - Samo, 2 679 - Toucou-<br />

leurs (?), 283 - Laobé, 224 - Haoussa, 133 - Total : 362 148.<br />

Fétichistes, 282 786 - Musulmans, 79 352 - Catholiques, 10.<br />

Le recensement nominatif complet <strong>du</strong> cercle existe à l’heure actuelle. Les plus an-<br />

ciens recensements nominatifs datent <strong>de</strong> 1924. De cette fapon, les chiffres <strong>de</strong>s<br />

recensements se rapprochent <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> la réalité. Avec cinq agents recen-<br />

seurs et les instituteurs, pendant les vacances, ce résultat a été atteint.<br />

Comme chaque année, il faut signaler <strong>de</strong>s émigrations temporaùes dé jeunes gens :<br />

sans doute 1000 à 1500 jeunes ont quitté le Yatenga cette année.<br />

115


1926<br />

Organisation politique : Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne forme qu’une seule division<br />

administrative, la subdivision <strong>de</strong> Djibo n’ayant jamais fonctionné <strong>de</strong>puis son ratta-<br />

chement à <strong>Ouahigouya</strong>. Le cercle comprend :<br />

- l’État <strong>du</strong> Yatenga avec quatre provinces et 29 cantons,<br />

- l’État <strong>du</strong> Risiam avec un canton,<br />

- l’ancienne subdivision <strong>de</strong> Djibo qui compte trois cantons,<br />

- six groupements Fulbé et un canton formé par les Silmi-Mossi.<br />

Au point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> comman<strong>de</strong>ment indigène, aucune modification nouvelle n’a été<br />

apportée et aucune n’est prévue. Aucun chef n ‘a été l’objet <strong>de</strong> révocation.<br />

Le conseil <strong>de</strong>s notables a été réuni une fois dans l’année. Cette unique séance a été<br />

consacrée :<br />

- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation. A l’unanimité, le<br />

conseil est d’avis que les autochtones et les Peu1 paient 7fr par tête ;<br />

- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s prestations. Le conseil <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que le nombre <strong>de</strong>s<br />

journées à imposer en 1927 reste futé à sept, que le taux <strong>du</strong> rachat soit porté à<br />

<strong>de</strong>ux francs par journée, que la ration journalière reste la même, soit un kilogram-<br />

me <strong>de</strong> mil et 15 grammes <strong>de</strong> sel et que Pin<strong>de</strong>mnité représentative <strong>de</strong> la ration reste<br />

fiée à 0,30 fi (27) ;<br />

- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>du</strong> taux <strong>de</strong>s patentes. Le conseil estime qu ‘il pourra être<br />

doublé ;<br />

- à 1 ‘examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> place sur le marché. Le conseil estime qu ‘ils<br />

pourront être doublés ;<br />

- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong> la taxe sur le bétail. Le conseil estime qu ‘elle pourra<br />

être doublée ;<br />

- à l’examen <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s puits. Les chefs seront invités à faire creuser <strong>de</strong>s<br />

puits là où il n’en existe pas.<br />

Fonctionnement <strong>du</strong> Service Administratif : Le service au chef-lieu est assuré par :<br />

- 1;ldministrateur Commandant le cercle ;<br />

- un Administrateur-Adjoint <strong>de</strong>s Colonies, adjoint au Commandant <strong>de</strong> cercle,<br />

Agent spécial et en même temps prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré jugeant au<br />

Correctionnel, régisseur <strong>de</strong> la prison, charge’ <strong>de</strong>s observations météorologiques ;<br />

- une dame employée ;<br />

- un sergent hors-cadres charge <strong>du</strong> service <strong>de</strong>s pensions et <strong>du</strong> recrutement ;<br />

(27) Ces précisions n’ont <strong>de</strong> valeur que sur le papier. Les prestataires ne touchaient pas 0,30 fr<br />

par jour <strong>de</strong> travail, mais une somme globale était donnée aux chefs <strong>de</strong> village <strong>de</strong> qui ils<br />

dépendaient. Ces <strong>de</strong>rniers disposaient <strong>de</strong> l’argent comme bon leur semblait. Par contre,<br />

il est plus probable qu’un prestataire refusant le travail <strong>de</strong>vait effectivement payer 2 fr par<br />

jour <strong>de</strong> travail non accompli. En supposant qu’il refuse la totalité <strong>de</strong> sa prestation (7 jours<br />

par an), il <strong>de</strong>vait payer un rachat dont le montant était <strong>du</strong> double <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> son impôt<br />

personnel.<br />

A titre <strong>de</strong> comparaison, un manoeuvre <strong>de</strong>s chantiers publics recevait en 1928 un salaire <strong>de</strong><br />

2 fr à 2,SO fr par jour.<br />

117


1926<br />

- un expéditionnaire chargé <strong>du</strong> secrétariat administratif et <strong>du</strong> secrétariat <strong>du</strong> Tr?bunal<br />

<strong>de</strong> 1 er <strong>de</strong>gré pour les affaires civiles ;<br />

- un écn.vain inter-prête ;<br />

- un interprête-titulaire <strong>de</strong> Ière classe ;<br />

- un interprête à titre temporaire.<br />

Pendant l’année, le Commandant <strong>de</strong> cercle s’est déplacé 98 jours . 28 consacrés au<br />

recensement, 19 dans <strong>de</strong>s buts économiques, 13 dans <strong>de</strong>s buts politiques et 38 dans<br />

<strong>de</strong>s buts économiques et politiques. Par ailleurs, 163 journées ont été consacrées par<br />

les instituteurs aux recensements.<br />

Justice indi&ke : Les tribunaux <strong>du</strong> ler <strong>de</strong>gré fonctionnent les mardi et samedi <strong>de</strong><br />

chaque semaine, la matinée étant en pnmcipe consacrée aux affaires correctionnelles<br />

et la soirée réservée aux affaires civiles. Le tribunal <strong>du</strong> 2e <strong>de</strong>gré siège le premier et le<br />

troisième jeudi: <strong>de</strong> chaque mois... L Adjoint au Commandant <strong>de</strong> cercle, prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong><br />

Tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré au correctionnel et le Commandant, prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Tribunal <strong>du</strong><br />

2e <strong>de</strong>gré, rédigent eux-mêmes les jugements ren<strong>du</strong>s respectivement par ces <strong>de</strong>ux<br />

juridictions... Au total, il a été infligé par les juridictions correctionnelles et crimi-<br />

nelles : 72 ans et 10 mois <strong>de</strong> prison et <strong>de</strong>ux condamnations à l’emprisonnement<br />

perpétuel.<br />

L ahrnentation et lhygiène <strong>de</strong>s détenus n ‘appellent aucune observation. Il y a eu,<br />

au cours <strong>de</strong> l’année, quatre décès dans la prison <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Recrutement. &l- Affaires militaires :Le recrutement <strong>de</strong> 1926 a donné : 354 hommes<br />

dont 9 engagés volontaires: 262 jeunes gens ont été inscrits à la <strong>de</strong>uxième portion.<br />

Sur 3 763 convoqués, 3 113 répondirent à 1 àppel et jurent examines.<br />

Transports : Il a été employé au cours <strong>de</strong> 1 ‘année :<br />

- 720 ânes tous réquisitionnés pour le transport <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> à Ouagadougou <strong>de</strong><br />

charges ‘<strong>de</strong>stiilées à l’Autorité militaire ;<br />

- 50 pousseurs’<strong>de</strong> charrettes ont été employés par 1 ‘Administration civile ;<br />

- 120 porteurs,ont servi au transport <strong>du</strong> courrier’ postal et <strong>de</strong> charges isolées.<br />

Pour le transport <strong>de</strong>s particuliers, il a été employé 1234 ânes et 1 119 pousseurs <strong>de</strong><br />

charrettes. Ces.charrettes ont été louées à 1’Administration selon les tarifs officiels...<br />

Au total, 193 tonnes ont @té transportées entre Mopti et Ouagadougou.<br />

Prestations : 474215 journées <strong>de</strong> prestations étaient prévues au rôle. 319 000 ont<br />

été employées.<br />

Main d kuvre : Sont partis <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> au cours <strong>de</strong> l’année :<br />

- 200 manoeuvres embauchés par la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé.<br />

Parmi ces manœuvres, huit sont décédés. Ces décès seraient <strong>du</strong>s à une épidémie<br />

d kmkylostorniase ;<br />

- 271 manœulres embauchés par la Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>du</strong> Niger.<br />

A signaler quatre <strong>de</strong>cès parmi ces manceuvres ;<br />

- 50 manœeuvres embauchés par IV? D., planteur à Diamon (cercle <strong>de</strong> Kayes). Aucun<br />

décès n ‘a @té signale parmi cette épipe ;<br />

- 400 manccuvres ont été dirigés sur le Chemin <strong>de</strong> Fer dc la Cote d’ivoire. Deux<br />

décès sont à signaler


1926<br />

Les cas <strong>de</strong> désertion sont relativement rares. Cependant, ces manœuvres, <strong>de</strong> retour<br />

dans leurs foyers, ne semblent pas avoir gardé un excellent souvenir <strong>de</strong> leur séjour<br />

sur les chantiers.<br />

Situation financière : L ‘impot a rapporté... en 1926 : 1824 6 70 fi. En 192 7, il rap-<br />

portera : 2 197223fi.<br />

Pour 1926, le projet <strong>de</strong> budget prévoyait : 1664 101 fr <strong>de</strong> recettes et 283583,80 fr<br />

<strong>de</strong> dépenses. Pour 1927, le projet <strong>de</strong> budget est : 2360275 fi <strong>de</strong> recettes et<br />

386 660 <strong>de</strong> dépenses.<br />

Situation économique et agricole : Les cultures vivrières ont été peu abondantes<br />

par suite <strong>du</strong> manque d’eau. Les indigènes s’apprêtent à aller s’approvisionner dans<br />

la subdivision <strong>de</strong> Tougan où la récolte aurait été meilleure. Ils ven<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> bétail<br />

pour acheter <strong>du</strong> mil.<br />

Seuls les missionnaires <strong>de</strong> Tourcoing-Bam s’occupent <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> blé. Aucune<br />

culture maraîchère en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s jardins <strong>de</strong>s européens.<br />

Au cours <strong>de</strong> cette année, il a été fourni : 132 tonnes <strong>de</strong> coton et 52 tonnes <strong>de</strong><br />

kapok. Pour la campagne prochaine, il ne faut pas compter sur le coton, la récolte<br />

ayant été presque nulle. La cueillette <strong>du</strong> kapok paraît ne <strong>de</strong>voir être guère abondante<br />

pour le même motif Une vingtaine <strong>de</strong> tonnes probablement pourront être livrées<br />

au commerce.<br />

Élevage : On peut évaluer l’importance <strong>du</strong> cheptel aux chiffres suivants :<br />

bœufs 113848 moutons 90 222<br />

chevaux 19220 chèvres 172169<br />

ânes 14 303 porcs 176<br />

Pen+mt l’année, seuls les bovidés ont eu à souffir d’épizooties. Si l’on tient compte<br />

<strong>de</strong> la valeur moyenne <strong>de</strong>s animaux, la perte subie a été <strong>de</strong>. 843500 francs (28).<br />

3 185 vaccinations ont été faites contre la peste bovine.<br />

Commerce : Exportations <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> cercle: 3 106 bœufs, 354âneq 3 6 79 mou-<br />

tons, 872 chèvres, 10850 kg <strong>de</strong> peaux, 15500 kg <strong>de</strong> coton égrené, 12 000 kg <strong>de</strong><br />

cotonna<strong>de</strong>s indigènes, 52 000 kg <strong>de</strong> kapok, 3 000 fers <strong>de</strong> houes.<br />

Importations pour h consommation <strong>du</strong> cercle : 3 chevaux, 116 moutons, 62 tonnes<br />

<strong>de</strong> mil, 2350 kg <strong>de</strong> soumbara, 1950 kg <strong>de</strong> tabac, 1600 kg <strong>de</strong> poissons secs,<br />

6 315 kg <strong>de</strong> cola, 120 620 kg <strong>de</strong> sel, 200 kg d’oignons.<br />

Transit : 14 chevaux, 14 714 bœufs, 114 moutons, 97 chèvres, 690 kg <strong>de</strong> poissons<br />

secs, 89 162 kg <strong>de</strong> cola, 343 170 kg <strong>de</strong> sel, 680 kg <strong>de</strong> piments, 2 400 kg <strong>de</strong> peaux,<br />

9 000 kg <strong>de</strong> coton égrené, 7500 kg <strong>de</strong> kapok.<br />

Le cercle compte <strong>de</strong>ux établissements commerciaux ; l’un appartenant aux établis-<br />

sements Maure1 et Prom ; l’autre.appartenant à la maison Attya, <strong>de</strong> Mopti. Ces <strong>de</strong>ux<br />

établissements sont gérés par <strong>de</strong>s indigènes. Leur gros effort porte sur les achats <strong>de</strong><br />

coton et <strong>de</strong> kapok.<br />

(28) Soit près <strong>de</strong> la moitié <strong>du</strong> montant total <strong>de</strong> l’impôt 1926. Encore ne s’agit-il que <strong>de</strong>s décès<br />

déclarés à l’administration.<br />

119


1926<br />

Les marchés <strong>du</strong> cercle ne sont guère importants. Cependant, ils sont plus ~Wquerttés<br />

que par le passé. ,En effet, en 19.24, les recettes étaient <strong>de</strong> 13 859,85 fr. Elles étaient<br />

<strong>de</strong> 19 017,15 en b9.25 et elles sont <strong>de</strong> 20 128,86 cette année.<br />

150 000 fr <strong>de</strong> jetons et <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> nickel ont été mis en circulation l’an <strong>de</strong>rnier.<br />

Cette année, 90iOO0 j?. Il faudrait davantage. Les cauris circulent toujours et sont<br />

beaucoup plus appréciés que notre monnaie.<br />

La foire-concours a eu lieu le 24 décembre. Les indigènes y avaient amené <strong>de</strong>s ani-<br />

maux <strong>de</strong> choix et <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> sol. Aucune transaction n ‘eut lieu sur le betail.<br />

Minéralogie :Aucune prospection n ‘a été faite dans le courant <strong>de</strong> 1 ‘année. En <strong>de</strong>hors<br />

<strong>du</strong> minerai <strong>de</strong> fek et <strong>du</strong> kaolin, aucun gisement <strong>de</strong> quelque nature n ‘a été observé.<br />

État sanitaire :Il a été bon, au cours <strong>de</strong> l’année, tant chez les européens que chez les<br />

indigènes. Des cas <strong>de</strong> variole et <strong>de</strong> grippe ont été signalés. Des épidémies ont été<br />

enrayëes assez vite. 26199 vaccinations ont été pratiquées, 220 accouchements<br />

ont été pratiques par la suge-femme, soit à la maternité, soit en ville, au lieu <strong>de</strong><br />

149 l’an <strong>de</strong>rnier? Au dispensaire, 7465 mala<strong>de</strong>s se sont présentés contre 5 154 1 ‘an<br />

<strong>de</strong>rnier. 35 764 consultations y ont été données contre 20294 pendant l’année<br />

<strong>de</strong>rnière.<br />

Des conférences médicales ont été faites à la population par le mé<strong>de</strong>cin auxiliaire.<br />

Il y a et@ traité <strong>de</strong> l’hygiène corporelle, vestimentaire, alimentaire, <strong>de</strong> l’habitat, etc..<br />

La sage femme ‘donne <strong>de</strong>s soins aux nouveaux-nés et <strong>de</strong>s conseils aux mères. Les<br />

indigènes viennent sans pression recevoir <strong>de</strong>s soins au dispensaire. II en est <strong>de</strong> meme<br />

pour les femmes qui viennent accoucher à la maternité.<br />

Divers : L ëcole régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, qui compte 268 élèves.... a eu cinq recus<br />

au certificat d ‘@<strong>de</strong>s primaires. Trois éh?ves ont et& admis à l’école primaire supe-<br />

rieure <strong>de</strong> Ouagadougou.<br />

12.0


1927 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Main d’œuvre : 350 manœuvres ont été dirigés sur les chantiers <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer<br />

<strong>de</strong> Côte d Ivoire.<br />

Impôt : 395218fr ont été perçus.<br />

Impôt : 1758 133 fr ont été perçus.<br />

FÉVRIER<br />

Main d’oeuvre : 229 manœuvres engagés par la Compagnie Cotonnière <strong>du</strong> Niger ont<br />

été envoyés le huit <strong>du</strong> mois courant sur Diré, via Mopti.<br />

Élevage : La peste bovine règne toujours dans certaines régions, sans faire <strong>de</strong> grands<br />

progrès. En janvier et février, 764 décès ont été enregistrés.<br />

MARS<br />

Main d’œuvre : La Société Anonyme <strong>de</strong> Cultures <strong>de</strong> Diakandapé rappatrie P60 ma-<br />

nœuvres en fin <strong>de</strong> contrat. Deux décès sont à signaler.<br />

Importations pour la consommation <strong>du</strong> cercle : 10 000 kg <strong>de</strong> mil à 0,3Ofr, <strong>de</strong><br />

Dédougou, 100 kg <strong>de</strong> soumbara, 200 kg <strong>de</strong> tabac, 500 kg <strong>de</strong> cola, 9 840 kg <strong>de</strong> sel...<br />

Commerce : 8974 kilos <strong>de</strong> kapok ont été livrés au commerce à raison <strong>de</strong> I, 75fi le<br />

kilogramme.<br />

&evage : La peste bovine règne un peu partout. Pendant ce mois, cette épizootie<br />

a fait 928 victimes.<br />

État sanitaire : Quelques cas <strong>de</strong> variole ont été signalés dans le canton <strong>de</strong> Roba. Le<br />

vaccinateur vient <strong>de</strong> pratiquer mille vaccinations dans la région.<br />

121


1927<br />

AVRIL<br />

Main d%euvre : Ce mois, onf été recrutés : 200 hommes pour la Société <strong>de</strong>s Cultures<br />

<strong>de</strong> Diakandapé ; 200 par la Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>du</strong> Niger.<br />

Questions religiqses : Une trentaine d’indigènes ont été baptisés à la Mission <strong>de</strong><br />

Tourcoing-Bam, pendant les fêtes <strong>de</strong> Pâques.<br />

Le pasteur améiicain, qui était installé à <strong>Ouahigouya</strong>, est parti pour le Canada.<br />

ll a déclaré avoir I?ntention <strong>de</strong> revenir dans six mois.<br />

Importations pour lor consommation <strong>du</strong> cercle :Poissons secs : 150 kg, Mil : 40 ton-<br />

nes <strong>de</strong> Tougan, soumbara : 250 kg, tabac : 150 kg,..<br />

Commerce : Au cours <strong>du</strong> mois, les indigènes ont livré au commerce : 60 kg <strong>de</strong> cire -<br />

953 kg <strong>de</strong> coton égrené - 4 000 kg <strong>de</strong> coton brut - 15 432 kg <strong>de</strong> kapok. Les kapo-<br />

kiers ont eu à souffir <strong>de</strong> la sécheresse et il est à prévoir que le cercle ne fournira<br />

guère plus <strong>de</strong> 25 tonnes <strong>de</strong> kapok’cette année.<br />

Cultures : Les indigènes cultivent <strong>de</strong>ux variétés d’indigofères : l’une qui aurait été<br />

importée <strong>de</strong> G’old Coast. Cet arbrisseau ne dépasse pas un mètre <strong>de</strong> hauteur et la<br />

cueillette est tri-annuelle quand l’hivernage est pluvieux et annuelle en hivernage<br />

moyen. L’autre variété atteint 0,50 m <strong>de</strong> hauteur et paraît être 1Tndigo fera pauei-<br />

folia : La culture <strong>de</strong>s indigofères est peu éten<strong>du</strong>e au Yatenga. Elle est susceptible<br />

d’extension (29).<br />

Événements en dours : Les populations sont bien en main. Aussi, aucun événement<br />

n’est actuellement à signaler au point <strong>de</strong> vue politique.<br />

La saison <strong>de</strong>s Cul;tures commence et les indigènes s’adonnent avec beaucoup d’ar<strong>de</strong>ur<br />

aux travaux <strong>de</strong>s champs. La <strong>de</strong>rnière campagne agricole a été dans l’ensemble peu<br />

satisfaiiscrnte et &z quantité <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its récoltés permetpa tout juste d’attendre les<br />

prochaines récoltes.<br />

Situation éconotnique : Les surfaces ensemencées en coton seront plus importantes<br />

que celles <strong>de</strong> l?mnée <strong>de</strong>rnière et <strong>de</strong> nombreux lougans seront aménagés pour la<br />

culture <strong>de</strong> l’indigo. Des ordres ont été donnés pour la création <strong>de</strong> pépinières <strong>de</strong><br />

kapokiers.<br />

L%evage : Dtiprès le rapport mensuel <strong>de</strong> l’injïrmier-vétérinaire, la peste bovine aurait<br />

fuit jusqu ‘a ce jour 3 700 victimes.<br />

(29) Une quarantaine <strong>de</strong> genres définissent Izzdigofera. Indigofera tinctoria sq. était utilisé<br />

traditionnellement pour la teinture <strong>de</strong>s toiles <strong>de</strong> coton.<br />

122<br />

MAI


1927<br />

Situation sanitaire :Je me permets <strong>de</strong> signaler que les envois <strong>de</strong> vaccins sont trop<br />

irréguliers. Il est <strong>de</strong> toute nécessité que le cercle soit pourvu mensuellement d’une<br />

quantité <strong>de</strong> vaccin suffisante pour que la vaccination <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong>vienne<br />

effective.<br />

La situation sanitaire <strong>de</strong>s européens est bonne.<br />

JUIN<br />

Main d’œuvre : 2.56 manœuvres recrutés pour la Ciconnic et 49 manosuvres embau-<br />

chés par les Plantarians <strong>de</strong> Diakandapé ont été rapatriës en fin <strong>de</strong> contrat. Le recru-<br />

tement <strong>de</strong> 3.50 manoeuvres pour les chantiers <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Cote d’ivoire<br />

est en cours.<br />

Eiténements swvenus : L *Administrateur en Chef <strong>de</strong>s Colonies, Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong>s<br />

Textiles .est venu à <strong>Ouahigouya</strong> le 2 juin et a fait à <strong>de</strong> nombreux chefs et notables<br />

réunis à cet effet, une palabre au sujet <strong>de</strong> l’intensification <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> coton.<br />

(Les rapports politiques mensuels manquent<br />

pour les mois <strong>de</strong> juillet à novembre 1927)<br />

DÉCEMBRE<br />

(original très détérioré)<br />

Événements survenus : R est à signaler <strong>de</strong>s cas d’insubordination dans les cantons <strong>de</strong><br />

Kossouka et <strong>de</strong> Rambo. Des indigènes refusent d’obéir à leurs chefs... Si cet esprit<br />

d’insubordination continue à prendre <strong>de</strong> l’extension, il est à craindre que dans un<br />

temps plus ou moins éloigné, nous fussions obligés <strong>de</strong> réagir par les armes, pour<br />

enrayer ces effervescences...<br />

Chefs indigènes : Les chefs per<strong>de</strong>nt énormément <strong>de</strong> leur autorité. Les indigènes, en<br />

petit nombre il est vrai, mais qui augmente journellement, saffianchissent <strong>de</strong> plus<br />

en plus <strong>de</strong> leur dépendance à 1 ‘égard <strong>de</strong> leurs chefs. Ils ne veulent plus obéir et<br />

reconnaître leur autorité. Il y a là un grand danger pour le Comman<strong>de</strong>ment indi-<br />

gène, or nous ne pouvons pas nous dispenser <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier tant que l’effectif <strong>du</strong><br />

personnel européen <strong>de</strong> Z’Administration ne sera pas en nombre suffisant...<br />

Prestations et travaux en cours : Les travaux effectués par les prestataires touchent<br />

à leur fin. ll ne reste plus que le débroussement <strong>de</strong> la piste <strong>Ouahigouya</strong>-Djibo qui<br />

sera exécuté dans les premiers jours <strong>de</strong> janvier.<br />

Le garage <strong>de</strong> l’auto <strong>du</strong> cercle est terminé... Un petit magasin indépendant a été<br />

co.nstruit pour entreposer les caisses d’essence... (30).<br />

(30) Signe que les autorités viennent <strong>de</strong> recevoir leur premier véhicule <strong>de</strong> service.<br />

123


1927<br />

Situation économique : Les indigènes n’ont pas complètement terminé <strong>de</strong> rentrer<br />

leurs récoltes. L?si mettent >une grun<strong>de</strong> nonchulence à effectuer ce travail et ce dans<br />

le but <strong>de</strong> se soustraire le plus possible à l’accomplissement <strong>de</strong>s charges fiscales<br />

auxquelles ils sont contraints.<br />

Elevage : Les peu1 viennent assez régulièrement pour rendre compte <strong>de</strong> l’évolution<br />

<strong>de</strong>s épizooties qui ne cessent <strong>de</strong> sévir dans quelques cantons. Les infinniers-<br />

vétérinaires ne peuvent vacciner les animaux faute <strong>de</strong> sérum et <strong>de</strong> médicaments<br />

nécessaires au traitement, malgré les réclamations <strong>de</strong> leurs rapports mensuels.<br />

Les peu1 pratiqu,ent la vaccination selon leurs coutumes...<br />

’ Démographie : ReCenSement numérique <strong>de</strong>s indigènes<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

(original très détérioré)<br />

Mossi 247605 Marancé et Songhaï 3351<br />

Peu1 49 682 Samo 2 346<br />

Fulcé 29 851 Toucouleurs (?) 248<br />

Yarcé 20 431 Laobé (?) 346<br />

Rimaibe 170.55 Haoussa 128 Total : 371043<br />

Les émigrations temporaires en Gold Coast, dans les colonies <strong>du</strong> groupe (AOF) et<br />

&ns les autres cercles <strong>de</strong> la Colonie ne peuvent être évaluées; aucun contrôle ne<br />

pouvant être tenu. Les indigènes ne viennent pas au Cercle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> laissez-<br />

passer. Ces départs s’effectuent après les récoltes pour ainsi s’esquiver au recense-<br />

ment, au recrutement <strong>de</strong> l’armée, aux prestations et aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> manœuvres...<br />

Justice indigène : Au total, il a été infligé par les juridictions correctionnelle et cri-<br />

minelle : 156 ans et <strong>de</strong>ux mois d’emprisonnement, en 192 7.<br />

Indiginat : Il n ‘a été usé que très modérément <strong>de</strong> punitions à ce titre pendant les<br />

neuf premiers m:ois <strong>de</strong> lannée. Le quatrième trimestre a marqué une pério<strong>de</strong> où il<br />

a fallu réag*r sur le mauvais vouloir <strong>de</strong> certains chefs <strong>de</strong> village et <strong>de</strong> quartier, qui<br />

ont fait preuve d’indifférence ou <strong>de</strong> refis <strong>de</strong> fournir les prestations au moment <strong>de</strong><br />

la réfection <strong>de</strong>si routes. Le nombre total <strong>de</strong> jours <strong>de</strong> prison, infhgés au titre <strong>de</strong><br />

l’indigénat, est <strong>de</strong> 1215.<br />

Recrutement : Le recrutement <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier a donné 3.50 recrues dont 27 engagés<br />

volontaires pour quatre ans ; huit pour cinq ans ; six pour SI?X ans. 579 jeunes<br />

gens ont été inscrits à la <strong>de</strong>uxième portion <strong>du</strong> contingent. Sur 4401 convoqués,<br />

3901 furent examinés... Il y a eu 301 bons absents, parmi lesquels 92 ont été<br />

retrouvés et envoyés à Ouagadougou.<br />

124


192’<br />

Transports : Ils sont assurés au moyen <strong>de</strong>s ânes loués aux indigènes et <strong>de</strong> charrettes<br />

à bras appartenant à PAdministration et exceptionnellement au moyen <strong>de</strong> porteurs.<br />

Tous ces moyens <strong>de</strong> transport ont tendance à disparaître petit à petit. La plus<br />

gran<strong>de</strong> partie s’effectue par <strong>de</strong>s camions et <strong>de</strong>s camionnettes. Il est temps que ce<br />

mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> locomotion se généralise car les indtgènes se lassent <strong>de</strong> voir qu ‘on réquisi-<br />

tionne leurs ânes surtout lorsqu’il s’agit d’entreprendre <strong>de</strong>s transports sur Mopti.<br />

Pour les encourager à louer leurs animaux, il leur a été promis qu ‘ils n’effectueraient<br />

plus le trajet que jusqu’à Kani-Kombolé, au pied <strong>de</strong> la falaise <strong>de</strong> Bandiagara.<br />

Les propriétaires <strong>de</strong>s ânes ont une tendance marquée à vendre leurs animaux pour<br />

n’avoir plus <strong>de</strong> transport à assurer. Par suite <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> ce moyen <strong>de</strong> trams<br />

port, il faudra que les Maisons <strong>de</strong> commerce, qui, jusqu ,à présent, ont compté sur<br />

1,Administration pour leur procurer <strong>de</strong>s animaux porteurs, songent à s’organiser<br />

différemment.<br />

.<br />

Main d ‘œuvre :Il est parti <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> :<br />

- 700 manœuvres en <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> 350 (en janvier et en juillet 1927), recrutés<br />

pour le Chemin <strong>de</strong> fer. Ces manœuvres <strong>de</strong> retour dans leurs villages ne semblent<br />

pas avoir gardé un excellent souvenir <strong>de</strong> leur séjour sur les chantiers.<br />

- 200 manœuvres embauchés par la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diah-andapé<br />

en avril 19.2 7. Sur ce lot, il fau t signaler : 16 décès et 6 évasions.<br />

- 229 manœuvres ont été engagés par la Compagnie <strong>de</strong>s Cultures Cotonnières <strong>du</strong><br />

Niger. D’après les lettres reçues, il y a eu 12 décès et 23 désertions. 257 ont été<br />

rapatries.<br />

Les décès survenus et les désertions qui se sont pro<strong>du</strong>ites démontrent suffisamment<br />

la façon dont peuvent être traités les travailleurs originaires <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>.<br />

L’enquête faite à ce sujet par un Inspecteur <strong>de</strong>s Affaires Administratives <strong>du</strong> Soudan<br />

Français fait nettement ressortir qu ‘en général, les travailleurs sont mal nourris, mal<br />

logés et les soins médicaux insuffisants.<br />

Aucun <strong>de</strong>s indigènes rapatriës ne s’est présenté au Cercle pour tenir lüdministrateur<br />

au courant <strong>de</strong> ce qui se passe dans ces sociétés...<br />

Questions religieuses : Le cercle compte 43 écoles coraniques avec 300 élèves environ.<br />

Depuis 1902 à ce jour, cinquante indivi<strong>du</strong>s sont allés à La Mecque et en sont revenus<br />

avec bien peu <strong>de</strong> connaissance sur 1 ‘Islamisme. Sur ce nombre, un seul mossi a fait<br />

le voyage. D’après les renseignements <strong>recueil</strong>lis, il paraîtrait que certains n ‘effectuent<br />

pas le voyage complet. Ils s’en reviennent et disent avoir été à La Mecque.<br />

La mission catholique <strong>de</strong>s Pères Blancs, installée à Tourcoing-Bam n ,a fait que très<br />

peu <strong>de</strong> convertis. Il y aurait tout au plus 80 catholiques et 280 catéchumènes.<br />

Le pasteur protestant américain, malgré son zèle, n ,a obtenu aucun résultat.<br />

Situation financière : La perception <strong>de</strong>s contributions sur rôle s’effectue dans le<br />

courant <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> janvier. Kit 1927, les impôts ont rapporté : 2 543 826 francs:<br />

Le projet <strong>de</strong> budget <strong>du</strong> cercle pour 1927 s Wevait en recettes à 2 752 120 fr et en<br />

dépènses à 432488fr. Mais <strong>de</strong> nombreuses prévisions <strong>de</strong> dépenses, notamment en<br />

personnel, sont loin d’avoir été dépensées... Il est permis d’estimer à un maximum<br />

<strong>de</strong> 300 000 fr environ l’entretien annuel <strong>de</strong> la circonscription.


1927<br />

11 en résulte que I’Administration <strong>du</strong> cercle se tra<strong>du</strong>irait pour l’année écoulée par<br />

un excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> recettes <strong>de</strong> 2500 000 fr. Cette situation ne peut que s’améliorer<br />

dans les années à venir ; les recettes marquant chaque année une plus-value sensible,<br />

tandis que les dépenses accusent une progression moins rapi<strong>de</strong> (31).<br />

Situation économique et agricole :Les cultures vivrières ont fait défaut les neuf pre-<br />

miers mois <strong>de</strong> Pannée, par suite <strong>du</strong> manque d’eau pendant l’hivernage précé<strong>de</strong>nt. La<br />

disette s’est fait sentir, mais il n y a pas eu <strong>de</strong> famine à proprement parler. ’<br />

Les indigènes allàient vendre les quelques biens dont ils disposaient afin d’acheter<br />

<strong>du</strong> mil dans les fercles voisins, notamment dans la subdivision <strong>de</strong> Tougan. Le mil<br />

s’est ven<strong>du</strong> jusqu ià 1’30 le kilo sur la place <strong>du</strong> marché.<br />

Fort heureusement la saison <strong>de</strong>s pluies <strong>de</strong> cette année est venue remédier à cette<br />

situation qui <strong>de</strong>venait critique. Les pluies abondantes et régulières ont autorisé le<br />

maïs à venir à matui-ite ; ce qui a permis aux indigènes <strong>de</strong> s’alimenter jusqu’à la<br />

récolte <strong>du</strong> mil. M’aIheureusement, la culture <strong>du</strong> maïs est restreinte.<br />

La récolte*<strong>du</strong> mil et, en général, toutes les cultures vivrières sont abondantes. Les<br />

indigènes disent w ‘avoir jamais vu <strong>de</strong> récoltes aussi fructueuses. Ils pourront ainsi<br />

commencer à faire leurs réserves dans le sens qui leur a été indiqué au cours <strong>de</strong>s<br />

différents palabres tenues à cet effet et renforcées par la Circulaire <strong>de</strong> Monsieur le<br />

Gouverneur en date <strong>du</strong> 16 novembre 1927, au sujet <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> réserves<br />

pour 1 ‘année 1928. Cette circulaire est commentée chaque fois que l’occasion se<br />

présente, par exemple lors <strong>de</strong>s visites hebdomadaires <strong>du</strong> Yatenga-Naba et <strong>de</strong> ses<br />

ministres et aux.chefs <strong>de</strong> village qui viennent <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r le montant <strong>de</strong> l’impôt dû<br />

par leurs administrés (32).<br />

Il est à espérer que les indigènes sauront apprécier ces conseils dont les effets seront<br />

contrôlés par les’moyens dont dispose le cercle. Il faudrait pour cela que le person-<br />

nel européen soit renforcé pour que <strong>de</strong>s tournées fréquentes soient faites afin d’en<br />

vérifier 1 ‘exécution.<br />

Par suite <strong>du</strong> manque <strong>de</strong> pluies en 1926, les cultures in<strong>du</strong>sfrielles ont été presque<br />

nulles. Le commerce local a exporté dans le courant <strong>de</strong> l’année 31 tonnes <strong>de</strong> kapok<br />

et 3 tonnes <strong>de</strong> coton égrené.<br />

EFZ 1928, la campagne cotonnière sera bien supérieure aux années précé<strong>de</strong>ntes. Il est<br />

à présumer qu ‘il sera apporté à la réunion commerciale <strong>de</strong>s 4 et 6 avril prochains<br />

dans les 150 tonnes <strong>de</strong> coton et 60 tonnes <strong>de</strong> kapok.<br />

Exportation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> cercle : Chevaux : 16 7 - Anes : 264 -Moutons : 11033 -<br />

Chèvres : 14 695, - Peaux : 2 575 kilogrammes - Coton égrené : 9 700 kg - Coton non<br />

égrené : 19500 kg (reliquats <strong>de</strong> la campagne 1926) . . .<br />

Importation poùr la consommation <strong>du</strong> cercle : Mil : 115 tonnes, sel : 106 tonnes,<br />

cola : 16 638 - poissons secs : 3,6 tonnes...<br />

(31) Le commandant s’est certainement ainspiré» <strong>du</strong> rapport <strong>de</strong> son prédécesseur (1924) pour<br />

la rédaction <strong>de</strong> son rapport <strong>de</strong> 1927.<br />

(32) La constitution <strong>de</strong> réserves était «passée <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>» <strong>de</strong>puis la bonne récolte <strong>de</strong> 1924.<br />

126


1928<br />

RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Impôt : L’impôt rentre normalement. A ce jour, il a été perçu 500256fr. Il aurait<br />

été encaissé une somme bien supérieure si les rôles étaient parvenus plus tôt.<br />

Au titre <strong>de</strong>s patentes <strong>de</strong> marchands forains et <strong>de</strong> marchands <strong>de</strong> bétail, il a été perçu<br />

respectivement 17530 fi et I2 239 fr.<br />

Main d’azuvre : 350 manœuvres et 14 cuisiniêres ont été dirigés sur les chantiers <strong>du</strong><br />

chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> la Côte d’ivoire en trois groupes différents, à un jour d’intervalle<br />

chacun. Ces manœuvres et les femmes ont été vaccinés avant leur départ.<br />

Situation économique : La cueillette <strong>du</strong> coton est commencée et promet d’etre<br />

abondante. Jl en sera <strong>de</strong> même pour le kapok ; les arbres étant actuellement cou-<br />

verts <strong>de</strong> fleurs.<br />

A ce sujet, il serait utile que le Commandant <strong>de</strong> cercle soit tenu au courant <strong>de</strong>s prix<br />

offerts en fonction <strong>de</strong>s cours en Europe. D zlprês les renseignements qui m ‘ont été<br />

fournis, le commerce offn.rait en ce moment 0,60 fi le kilo <strong>de</strong> coton. Est-ce là un<br />

prix suffisamment rémunérateur pour encourager l’indQ&e a intensifier la culture<br />

<strong>du</strong> coton ?<br />

Elevage : Les épidémies <strong>de</strong> peste bovine et <strong>de</strong> péripneumonie sont en décroissance<br />

sérieuse... Dans le courant <strong>de</strong> ce mois-ci, un certain nombre d Heveurs ven<strong>de</strong>nt leurs<br />

chevaux dans le but <strong>de</strong> se procurer l’argent nécessaire a l’impôt.<br />

Culture <strong>de</strong> l’indigo : La question <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> l’indtgo n’a pas éte per<strong>du</strong>e <strong>de</strong> vue<br />

dans le cercle. Des renseignements <strong>recueil</strong>lis, il résulte que, dès réce@tion <strong>de</strong> la<br />

circulaire VlO AE <strong>du</strong> 23 mars 1927, mon prédécesseur a entretenu les chefs <strong>de</strong><br />

ce pro<strong>du</strong>it et moi-même je n,‘ai cessé CEans toutes les occasîons qui se sont présentées<br />

<strong>de</strong> leur rappeler <strong>de</strong> faire intensifier, par les indigènes, les cultures, non seulement <strong>de</strong><br />

l’indigo mais <strong>de</strong> toutes les cultures <strong>de</strong> cueillette sans exception. Mais la ticolte <strong>de</strong><br />

cette année ne peut être frès pro<strong>du</strong>ctive, les plants étant trop jeunes.<br />

Les chefs,n ‘étant pas à même d’apprécier le volume que peut donner une tonne <strong>de</strong><br />

feuilles d,‘indigo, ne peuvent estimer le tonnage qui pourra être fourni par le cercle.<br />

Ils comptent donner dans les tyois à cinq tonnes pour se tenir en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la réalité.<br />

Dés que <strong>de</strong>s renseignements plus précis seront connus, il sera, télégraphié au Cheflieu,<br />

pour fmer un tonnage.<br />

Je me permets toutefois, en cequi me concerne personnellement, <strong>de</strong> faire remarquer<br />

que Monsieur Boussac s’avance beaucoup quand il déclare au Chef <strong>de</strong> ha Colonie que<br />

IesAdministrateurs<strong>de</strong>s cercles se sont complêtement <strong>de</strong>sintéressés <strong>de</strong> cette question.<br />

Il serait à souhaiter que Monsieur Boussac, avant <strong>de</strong> porter <strong>de</strong> telles accusations -<br />

ce qui met en doute les bons sentiments qu ‘il noum.t à 1 ‘égard <strong>de</strong>s Administrateurs -<br />

puise ses renseignements <strong>de</strong> bonne source en se rendant sur le terrain. Ce commerçant<br />

n’a pas mis les pieds à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

127


1928<br />

FfiVWIER<br />

Main d’owvre : . . . il a été prélevé, suivant tirage au sort, sur la 2e portion <strong>du</strong> contin-<br />

gent 1928, trente travailleurs <strong>de</strong>stinés au Chemin <strong>de</strong> fer Thiès-Niger (section SSgal).<br />

Événements survenus : Passage le 23 février <strong>de</strong> M.F. et <strong>de</strong> Madame G., se rendant cl<br />

Ouagadougou, ainsi que <strong>de</strong> Madame HERRIOT, femme <strong>du</strong> Ministre <strong>de</strong> I’Instruction<br />

Publique, <strong>de</strong> Madame et Monsieur P. MORAND, homme <strong>de</strong> lettres . ..(32).<br />

Impôt : L ‘impôt <strong>de</strong> capitation est complètement perçu. Il se monte à 2 569 816 Jr.<br />

La taxe sur le bdtail sera perçue dès les premiers jours <strong>du</strong> mois prochain.<br />

Main d kuvre :. La Société d !Exploitation Forestière et Agkole à Abidjan a recruté<br />

un premiergroupe<strong>de</strong> 34 travailleurs et un <strong>de</strong>uxième groupe <strong>de</strong> 13. Tous volontaires,<br />

ils ont été vaccinés avant leur départ. Une couverture leur a également été remise.<br />

Evénements survenus : Au point <strong>de</strong> vue politique, rien d’intéressant qui mérite<br />

d’attirer l’atterjtion <strong>de</strong> l’Autorité Supérieure. Passage le 9 mars <strong>de</strong> Monsieur P.,<br />

redacfeur <strong>du</strong> 6 Temps>, venant <strong>de</strong> Bandiagara et allant à Ouagadougou.<br />

Commerce : Il se traite peu <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> cn.2. Les indigènes, malgré les conseils<br />

qui leur sont donnés, apport-em difficilement leurs récoltes au commerce.<br />

Jusqu ‘a ce jour. il a été pesé 27 tonnes <strong>de</strong> coton égrené et 63 tonnes <strong>de</strong> coton brut<br />

AVRIL<br />

Main dkuvre :, La Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>du</strong> Niger, à Diré, a renvoyé<br />

dans leurs foyers. en fin <strong>de</strong> contrat, 134 manœuvres sans que ces <strong>de</strong>rniers aient tou-<br />

ché ce qui leur etait <strong>du</strong>. Il en a été ren<strong>du</strong> compte au Gouverneur par lettre...<br />

Prestations : Par suite <strong>du</strong>ne torna<strong>de</strong> suivie d’une pluie violente, les routes <strong>de</strong><br />

Ouagadougou, Dédougou, Kaya et Bandiagara ont été sérieusement endommagées<br />

ainsi que quelques ponts. BS ont été remis en état en prélevant 1 000 hommes sur<br />

les disponibilites prestataires.<br />

Cultures : Le cercle a été tes mouvementé ce mois par lapport <strong>du</strong> coton au marché<br />

qRicie1 et <strong>du</strong> kapok au marche libre. Quatorze commerçant-s sont venus acheter le<br />

(33 1 Le? premiers touristes, curieux <strong>de</strong> [‘Afrique !


1928<br />

coton qui avait été rassemblé par provinces, cantons et villages. Ainsi la tâche .<strong>de</strong>s<br />

acheteurs a eté simplifiée ; le poids <strong>de</strong>s hharges ayant été fait avant leur arrivée. Les<br />

pesées ont été faites par les recenseurs assistés <strong>de</strong>s boutiquiers qui représentaient<br />

le Commerce et vérifiées <strong>de</strong> temps a autre par I’Administrateur.<br />

Il a été apporté 29 825 kg <strong>de</strong> coton égrené et 78 748 kg <strong>de</strong> coton brut, ce qui fait<br />

dans l’ensemble : 227 tonnes environ <strong>de</strong> coton non égrené ; chiffre jamais atteint<br />

jusqu ‘à ce jour. D’après certains sondages, il résulterait que 100 tonnes <strong>de</strong> coton<br />

non égrené, 100 000 mètres <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s et 166 tonnes prêtes à être tissées seraient<br />

actuellement en réserve.<br />

Il a été ven<strong>du</strong> aux Maisons <strong>de</strong> commerce <strong>de</strong> la place, en vente libre, mais assistées <strong>du</strong><br />

personnel <strong>du</strong> Cercle pour les pesées et les paiements : 76 686 tonnes <strong>de</strong> kapok. On<br />

peut penser que 40 à 43 tonnes seront encore apportées au cours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai.<br />

Des palabres ont été tenues aux chefs pour leur recomman<strong>de</strong>r d’intensifier, l’année<br />

prochaine, toutes les cultures et en particulier le coton qui est une question d’ordre<br />

national.<br />

Cours <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû : Ils sont généralement instables : le coton égrené s’est<br />

ven<strong>du</strong> 5.50 fr/kg et le coton non égrené 0,95 frlkg. Quant au kapok; le cours a varié<br />

entre 2 - 2,I 0 - 2,25 - 2,30 et 2,50 frlkg.<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces ventes, il se traite bien peu <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> crû. Il faut que IIAdmi-<br />

nistration et les chefs soient <strong>de</strong>rrière les pro<strong>du</strong>cteurs pour les inciter à venir vendre<br />

leurs pro<strong>du</strong>its. D’eux-mêmes, les indigènes ne viennent pas, parce que inaccoutumés<br />

et il en séra ainsi tant que les commerçants ne pénètreront pas dans l’intérieur.<br />

Il se vend peu <strong>de</strong> marchandises européennes en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> boissons alcooliques très<br />

recherchées qui, malheureusement, viennent augmenter l’ivrognerie dont la bière<br />

<strong>de</strong> mil fait déjà suffisamment <strong>de</strong> ravage.<br />

. Élevage : L ‘élevage semble subir une régression sensible par rapport aux recensements<br />

antérieurs. Ce qui prouverait que les éleveurs ven<strong>de</strong>nt davantage d’animaux. D’autre<br />

part, la peste et la péripneumonie ont occasionné une mortalité assez sensible. Il a<br />

été déclaré ce mois-ci la mort <strong>de</strong> 352 têtes, surtout parmi les jeunes animaux.<br />

Il a été reçu ce mois I9 bouteilles <strong>de</strong> sérum qui ont été aussitôt employées. Ce sérum<br />

est insuffisant. Il faudrait que le cercle reçoive trente bouteilles par mois pour<br />

arriver à vacciner tous les troupeaux.<br />

Situation économique : Les pluies ayant quelque peu fait leur apparition, les indi-<br />

gènes commencent à préparer leurs champs <strong>de</strong> cultures. Les conseils donnés pro<strong>du</strong>i-<br />

ront leurs effets pour la prochaine campagne cotonnière ainsi que pour la cueillette<br />

<strong>du</strong> kapok ; les indigènes s’étant ren<strong>du</strong> compte qu ‘ils en avaient retiré un réel béné-<br />

fice notamment <strong>du</strong> kapok dont le travail n’est pas fatigant mais très rémunérateur.<br />

La campagne <strong>du</strong> karité promet d’être fructueuse. La vente <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok est<br />

considérée terminée. Les graines <strong>de</strong> coton, mises gracieusement à la disposition <strong>du</strong><br />

cercle par la SCOA, seront distribuées au jür et à mesure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s.<br />

MAI<br />

129


1928<br />

JUIN<br />

Main d’amvre :. L agent <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso <strong>de</strong> la Société Anonyme <strong>de</strong> Cultures <strong>de</strong><br />

Diakandapé est revenu tenter l’embauchage <strong>de</strong> manoeuvres pour la station <strong>de</strong>s<br />

environs <strong>de</strong> Kayes. Malgré les bons conseils donnés et les avantages qu ‘ils pouvaient<br />

retirer <strong>de</strong> l’app~ent&age <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> sisal à leur retour chez eux, pas un seul<br />

indigène n’a ackepté <strong>de</strong> s’engager. lis ont répon<strong>du</strong> aux chefs que s’ils n’étaient pas<br />

contraints <strong>de</strong> pirtir par le Commandant, ils préféreraient cultiver chez eux, dautant<br />

qu ‘ils avaient commencé <strong>de</strong> préparer leurs champs. Ces renseignements ont été por-<br />

tés à la connais$ance <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur, par fil.<br />

Mouvemtwts <strong>de</strong> population : Quelques exo<strong>de</strong>s, vers la Gold Coast et vers les cercles<br />

voisins, <strong>de</strong> jeunes gens se sont pro<strong>du</strong>its et ce, p.our se soustraire au recrutement <strong>de</strong>s<br />

mancxuvres <strong>de</strong>mandés par le Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte’dTvoire. Des gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle en<br />

tournée ont cohstaté ces faits. Deux d %ntre eux ont con<strong>du</strong>it au Cercle <strong>de</strong>s groupes<br />

<strong>de</strong> 10, 15 et 2Q jeunesgensqui n ‘avaient pu justifier leur rassemblement et le mobile<br />

<strong>de</strong> leur départ,. mais très certainement dans le seul but <strong>de</strong> se soustraire aux obligations<br />

qui leur sont anposées. Ces seules découvertes indiquent surabondamment les nom-<br />

breux départs iqui doivent avoir lieu en empruntant <strong>de</strong>s sentiers détournés pour<br />

s’esquiver à notre surveillance (34).<br />

Prestations :Par la fréquence <strong>du</strong> roulage <strong>de</strong>s auto-camions lourds, certains ponts ont<br />

été plus ou rnoms abimés. Ils ont été remis en état par la main d’oeuvre prestataire.<br />

Tournées : Conformément aux instructions contenues dans la circulaire N” 19 AE<br />

<strong>du</strong> 16 mai <strong>de</strong>rnier, au sujet <strong>de</strong>s tournées à effectuer dans le cercle pour le contrôle<br />

<strong>de</strong>s cultures cotonnières et <strong>de</strong> la marche <strong>de</strong>s travaux se rapportant à ces <strong>de</strong>rnières,<br />

PAdministrateur rend compte qu’il a visité les cotonneraies situées non loin <strong>du</strong> chef-<br />

lieu. Les gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cercle et les agents recenseurs ont éte envoyés dans les divers<br />

cantons. BS sont tous revenus en affirmant que tous les champs <strong>de</strong> coton ont été<br />

plus que doublés...<br />

Transports : Dans le courant <strong>du</strong> mois, il est venu 134 torpédos ou camions. Ces<br />

<strong>de</strong>rniers pour effectuer le transport <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok, achetés dans le cercle.<br />

(34) En Cold-Coast, les voltaïques s’emploient dans Ics ccntrcs miniers et les plantations <strong>de</strong><br />

cacao <strong>du</strong> pays ashanti, détenues par les africains. Les conditions <strong>de</strong> travail y sont bien<br />

meilleures que dans les plantations européennes. En colonie anglaise, les ressortissants<br />

français ne paient pas l’impôt et ne sont pas astreints aux prestations administratives.<br />

De plus et surtout, le salaire est <strong>de</strong> 270 fr par mois contre 39 fr en Côte d’ivoire ! Ajoutons<br />

les profits <strong>de</strong> la contreban<strong>de</strong> quand ils regagnent les territoires francais.


1928<br />

AOÛT<br />

Impôt : La vitalité fiscale <strong>du</strong> cercle s’est manifestf?e pendant le mois d’août par <strong>de</strong>s<br />

recettes diverses sk%vant à 281292fr dont 270 819 au titre <strong>de</strong> taxes <strong>de</strong> makhé et<br />

d’abattage et 5 771 fi <strong>de</strong> patentes foraines.<br />

Touinées : En raison <strong>de</strong> Yindisposition <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle, il n’a pu être<br />

effectié‘ <strong>de</strong>. tournées... Mais les Chefs <strong>de</strong> Province ant été mis en route avec <strong>de</strong>s<br />

instructions précises en ce qui a trait B Pentretien <strong>de</strong>s lougans, au <strong>de</strong>sherbage en<br />

particulier.<br />

I SEPTEMBRE<br />

Chefs indignes : En reconnnrssant que les chefs sont animés diln bon esprit, il<br />

convient cependant <strong>de</strong> reconnaître que certains d ‘entre eux n’ont pas toute I “activité<br />

désirable et n’exercent pas une action suffisamment régulière pour obtenir un plein<br />

ren<strong>de</strong>ment en matière agricole et commerciale.<br />

Prestations : Un certain nombre <strong>de</strong> prestataires disponibles ont été occupés aux<br />

réparations urgentes <strong>de</strong>s routes ppincipales pour permettre la reprise <strong>de</strong> la circulation<br />

automobile.<br />

Transports : Le service postal par voiture automobile a repris <strong>de</strong>puis le samedi 22.<br />

Le commerce a recommencé également la circulation automobile. Le transport par<br />

charrettes a pu également reprendre sur tout le réseau routier.<br />

Conditions climatiques : La hauteur dkau constatée en septembre n’est que <strong>de</strong><br />

76 mm. Cette diminution brutale <strong>de</strong>s pluies n’est pas sans avoir <strong>de</strong> sérieux inconvé-<br />

nients au point <strong>de</strong> vue agricole.<br />

OCTOBRE<br />

Mouvements <strong>de</strong> population : . . . Des instructions sont continuellement réitérées aux<br />

chefs <strong>de</strong> n ‘avoir pas & accepterdans leur village aucun étranger s’ils ne sont prévenus,<br />

par un envoyé, que ce <strong>de</strong>rnier est autorisé à y <strong>de</strong>meurer.<br />

Prestations : Le travail<strong>de</strong> prestation a été suspen<strong>du</strong> momentanément pour permettre<br />

aux indigènes <strong>de</strong> récolter leur mil, qu ‘ils ramassent plus tôt cette année à cause <strong>de</strong>s<br />

sauterelles.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : Quelques pluies sont tombées : au total 114 mm. La <strong>de</strong>rnière<br />

torna<strong>de</strong> a eu lieu le 23 courant. Le vent d ‘Est ayant fait son apparition semble indi-<br />

quer que la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s pluies est terminée.<br />

131


1928<br />

Karité : Le commerce a acheté 129 tonnes <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> hzrité, au prix <strong>de</strong> 0,80 fr<br />

le kikrgramme: Les achats continueront pendant le mois <strong>de</strong> novembre. Il est regrettable<br />

que seule 1%~ firme CROA achète, ce qui empêche la concurrence <strong>de</strong> jouer.<br />

lkureusemenf que hz CROA ne profite pas <strong>de</strong> cette situation pour baisser son prix.<br />

NOVEMBRE<br />

hénements sutienus : Des vols <strong>de</strong> sauterelles sont passés ou se sont abattus sur<br />

presque tous les Vil@es <strong>du</strong> cercle, mais sans commettre <strong>de</strong> dégats aux récoltes, qui<br />

sonf d ‘clilleurs a l’heure actuelle foutes ramassées. Il était à craindre pour les cotonneraies,<br />

mais cesacridiensne les touchent pas. Ils ne se nourrissent guère que d’herbe<br />

ou bien <strong>de</strong>s feuilles vertes <strong>de</strong>s tiges <strong>de</strong> mil restées sur pied.<br />

Situation <strong>de</strong>scultures : La récolte <strong>du</strong> mil, <strong>du</strong> sésame (3.5), <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s haricots,<br />

<strong>de</strong>s pois, etc.. est terminée, mise en tas pour la faire sécher et ne sera mise dans les<br />

C~OU-CTOU (36) que dans le courant <strong>du</strong> mois <strong>de</strong>décembre ou <strong>de</strong> janvier. Malgré les dégats<br />

occasionnés par le manque <strong>de</strong> pluies en fin d%Nernage et par le passage <strong>de</strong>s<br />

sauterelles. la recolte ne sera très probablement que légèrement inférieure à celle <strong>de</strong><br />

l’Année <strong>de</strong>rnière.<br />

Dans sa tourne%, IAdministrateur a constaté que les indigènes avaient quelque peu<br />

négligé leurs champs<strong>de</strong> coton, envahis par les herbes, et pas ramasse le premier coton<br />

arrive à mâturité. Il en est <strong>de</strong> même pour le karité dont une très forte quantité a été<br />

laissée au pied <strong>de</strong>sarbres. Des ordres ont été immédrimtement donnésau Chef <strong>de</strong> canton<br />

quiaccompagnait le Commandant pour qu 71 fasse savork à hz population qu ‘un délai<br />

ditne semaine lui était accordé pour que le coton et le karité soient ramassés. Elle<br />

<strong>de</strong>vra jàurnir dans les vingt tonnes <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier pro<strong>du</strong>it, quantité qui sera certainement<br />

en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la réalité si cette cueillette est faite telle que l’a expliquee<br />

1’Administratet.a dans ses palabres tenues dans tous les vilhges <strong>du</strong> canton (37).<br />

DfiCEMBRE<br />

.!?veh?ments suryenus :La situation politique et économique est bonne.<br />

Il est à signaler le passage dans le cercle <strong>de</strong> la Mission d ‘Étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> jer<br />

t 35 ) S&U~~E : plante oleagineuse, généralement semée en premiere année <strong>de</strong> culture, apres un<br />

défrichement. La graine <strong>de</strong> sésame pro<strong>du</strong>it <strong>de</strong> l’huile.<br />

(36) C~OU-crou : greniers en terre, disposés dans la cour <strong>de</strong>s habitations marka et samo. Cette<br />

appellation est impropre pour désigner les greniers â mil mossi (kroré : grenier en terre -<br />

sogodogo : @renier en paille).<br />

(37) L’administrateur paraît étonné et fort irrité par le réflexe <strong>de</strong> sécurité parfaitement compréhensible<br />

dont fait preuve la population, en accordant la priorité a la récolte <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its<br />

vivriers menacés par les sauterelles.<br />

132


1928<br />

Transsaharien. Les dispositions ont été prises pour fournir à cette Mission les por-<br />

teurs et chevaux <strong>de</strong> selle nécessaires pour la continuation <strong>de</strong> sa route. Elle a quitté<br />

Tourcoing-Bam le 21 au matin pour revenir sur ses pas modifier le tracé plus vers<br />

l’ouest. La Mission avait rencontré l’avant veille une montagne offrant trop <strong>de</strong> difF-<br />

cultés pour l’établissement <strong>de</strong> la voie <strong>du</strong> chemin <strong>de</strong> fer (38).<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : Toutes les récoltes sont rentrées. Des renseignements sont<br />

<strong>de</strong>mandés +.4.x Chefs <strong>de</strong> Provinces afin <strong>de</strong> connaître approximativement le volume<br />

et la nature <strong>de</strong>s céréales récoltées. Il est à peu près certain que, dans l’ensemble, il y<br />

aura un léger déficit par rapport aux prévisions escomptées. Néanmoins, les indi-<br />

gènes ayant éten<strong>du</strong> leurs cultures, il est à présumer que les résultats seront à peu<br />

près égaux à ceux <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière campagne.<br />

La CROA a acheté dans les 37 tonnes <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> karité à 800 fr la tonne.<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

(original très détérioré)<br />

Démographie : 371972 habitants. La superficie totale <strong>du</strong> cercle est estimée à<br />

22 800 km2, soit une <strong>de</strong>nsité moyenne <strong>de</strong> 1603 sur 1 ‘ensemble <strong>du</strong> tem.toire.<br />

Quant à la superficie et à la <strong>de</strong>nsité par canton, il est matériellement impossible<br />

<strong>de</strong> les établir : les cantons s’enchqvêtrent les uns dans les autres. Il aurait dtî être<br />

remédié à cet état <strong>de</strong> choses lors <strong>de</strong> la conquête <strong>du</strong> pays. Les indigènes se seraient<br />

pliés à ces modifications tem*totiles. Mais entreprendre aujourd’hui ce remanie-<br />

ment <strong>de</strong> cantons . . . il est à craindre qu ‘un grand mécontentement ne surgisse parmi<br />

les populations . . .<br />

Si le travail <strong>de</strong> recensement était fait avec plus <strong>de</strong> précisions et <strong>de</strong> doigté, on pour-<br />

rait obtenir une augmentation d’environ 40 000 personnes, pour rester en <strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong> la vérité... Mais il est évi<strong>de</strong>nt que pour obtenir <strong>de</strong> semblables résultats, il faudrait<br />

que le recensement soit fait par un fonctionnaire européen rompu aux questions <strong>de</strong><br />

détail d’un cercle, .qui pourrait en imposer aux indigènes, et non par <strong>de</strong>s recenseurs<br />

<strong>de</strong> leur race . ..(39).<br />

Mouvements <strong>de</strong> population : . . . Ilest également à s&naler que quelques ressortissants<br />

<strong>de</strong>s villages situés en bor<strong>du</strong>re <strong>de</strong> la frontière <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Bandiagara ont pas& <strong>de</strong><br />

(38) En juillet 1928, un organisme d’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> Transsaharien a été créé. Ses conclusions, dépo-<br />

sées en décembre 1929 <strong>de</strong>vant la Chambre <strong>de</strong>s députés, seront favorables à la réalisation<br />

«<strong>du</strong> premier tronçon Alger - Le Cap» pour le coût <strong>de</strong> 3 milliards <strong>de</strong> Francs. La crise éco-<br />

nomique empêchera la mise en application <strong>du</strong> projet.<br />

(39) Mépris évi<strong>de</strong>nt pour les collaborateurs autochtones. Mais qu’est-ce qu’«un fonctionnaire<br />

européen rompu aux questions <strong>de</strong> détail d’un cercle» ? Les cc’ nmandants se succè<strong>de</strong>nt, en<br />

moyenne, tous les ans. Que Ijeuvent-ils connaître en si peu <strong>de</strong> temps ? Encore doit-on sou-<br />

ligner que le commandant qui rédige ce rapport est en <strong>poste</strong> <strong>de</strong>puis décembre 1927 et y<br />

<strong>de</strong>meurera jusqu’en juin 1929, ce qui constitue une exception à la règle.<br />

133


1928<br />

l’autre côté sa& avoir sollicité au préalable l’autorisation, sous le seul prétexte que,<br />

dans cette <strong>de</strong>rnière circonscription, l’indigène était laissé tranquille au point <strong>de</strong> vue<br />

<strong>de</strong>s diverses cokes administratives et qu’il n’était point poussé à intensifier les<br />

cultures, notamfnent le coton, comme dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Personnel adnziizistratif :La présence d’un Administrateur-Adjoint dans le cercle est<br />

absolument in&pensable, le travail <strong>de</strong> bureau <strong>de</strong>venant <strong>de</strong> plus en plus considé-<br />

rable. il s’ensuit que les tournées sont tr&s peu nombreuses et <strong>de</strong> très courtes <strong>du</strong>rées.<br />

L ‘Administrate& ne peut pas disposer <strong>du</strong> temps nécessaire pour visiter les cantons<br />

situés à plusieurs jours <strong>de</strong> marche <strong>du</strong> chef-lieu et où l’auto ne peut se rendre (40).<br />

(40) Souvenons-nous dc L. TAUXIICR qui, à pcinc nommC à OwdhigOUya. partait en tournée<br />

pour un mois. Nous Ctions cn 1913 et il n’y avait pas d’automobile. Les temps ont bien<br />

changé. Si le6 mkthodcs administrdtives sont <strong>de</strong>meurées i<strong>de</strong>ntiques, l’ar<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s comman-<br />

134<br />

dants ne se dkpense phs sur 1~s memes centrcsd’intkèt. Ils sont moins curieux <strong>de</strong> connaitre<br />

la


1929 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

Impôt : Il rentre normalement. II a été perçu au 31 janvier : 1024 530 fr.<br />

JANVIER<br />

Événements survenus : Il est à signaler la venue dans le cercle d’un vétérinaive<br />

anglais, pour acheter <strong>de</strong>s bœufs et vaches <strong>de</strong>stinés à hz repro<strong>du</strong>ction en Gond Coast.<br />

Ce .@térinaire ayant trouvé sur place le nombre <strong>de</strong> bêtes qu’il désirait n’a pas<br />

poursuivi son voyage sur Dori.<br />

Passage d%n entomologiste angkzis chargé d’une mission sur l’existence dans le<br />

cercle <strong>de</strong> Irt maladie <strong>du</strong> sommeil. Ila <strong>de</strong>mandé s’il était possible <strong>de</strong> lui faire con<strong>du</strong>ire<br />

une centaine <strong>de</strong> têtes <strong>de</strong> bétail pour qu’il les examine afin <strong>de</strong> prélever <strong>du</strong> Jang sur<br />

certains animaux. Satisfaction lui a été donnée. Il s’est ensuite ren<strong>du</strong> à la <strong>Volta</strong><br />

Blanche dans le but <strong>de</strong> rechercher si la tsé-tsé s’y trouvait. Il est revenu satisfait,<br />

ayant constaté que cette mouche n’existait pas dans les lunages.<br />

Coton :Les apports ont été réguliers <strong>de</strong>puis l’ouverture <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong> coton. Il a été<br />

ven<strong>du</strong> 53 261 kg <strong>de</strong> coton égrené entre 5;2.5 fr et 6,00 fi: Sur aucun <strong>de</strong>s marchés, le<br />

Commerce n’a voulu acheter <strong>du</strong> coton brut, ou bien on offrait <strong>de</strong>s pti très bas que<br />

les indigènes n ‘ont pas accepté.<br />

Aux marchés <strong>de</strong> Santaba et <strong>de</strong> Gourcy, quelques ven<strong>de</strong>urs ont intro<strong>du</strong>it, avec inten-<br />

tion frau<strong>du</strong>leuse bien marquée, <strong>du</strong> coton brut à l’intérieur <strong>de</strong> charges <strong>de</strong> cofon<br />

égrené. A titre d’exemple et pour que la répercussion se fasse dzns tout le cercle, ces<br />

frau<strong>de</strong>urs ont été tra<strong>du</strong>its <strong>de</strong>vant le Tribunal <strong>de</strong> ler <strong>de</strong>gré.<br />

FÉVRIER<br />

Recrutement : Les opérations <strong>du</strong> recrutement se poursuivent normalement. Néan-<br />

moins, on constate que le nombre <strong>de</strong>s absents est encore cette année élevé.<br />

Coton : Un ralentissement <strong>de</strong> la vente s’est pro<strong>du</strong>it pendant la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>s opérations<br />

<strong>de</strong> recrutement militaire. Il a été ven<strong>du</strong> ce mois 40284 kilos <strong>de</strong> coton égrené à<br />

($00 fr et 989 kilos à 7,50, à la suite <strong>de</strong> la concurrence entre <strong>de</strong>ux acheteurs.<br />

Karité : Il n ‘a été ven<strong>du</strong> que 1805 kilogrammes <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> karité ; les indigènes<br />

ayant été distraits <strong>de</strong> leurs occupations par les opérations <strong>de</strong> recrutement (41).<br />

(41) Comme nous l’avons remarqué, l’habitu<strong>de</strong> était pour tout recrutement d’appeler au cercle<br />

un grand nombre ‘d’homkes, <strong>de</strong> l’ordre <strong>du</strong> triple ou <strong>du</strong> quadruple <strong>de</strong> l’effectif <strong>de</strong>mandé<br />

(pour mieux choisir). Dans <strong>de</strong> telles conditions, nombre d’activités cessaient pendant les<br />

recrutements, d’autant plus que <strong>de</strong>s hommes quittaient aussi leur village pour s’enfuir<br />

en brousse.<br />

135<br />

-,


1929<br />

État sanitaire : L gtat sanitaire <strong>de</strong>s européens est excellent. Celui <strong>de</strong> la population<br />

indigène est bon dans son ensemble bien qu’il y ait eu une recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> pneu-<br />

monies et quelques cas <strong>de</strong> variole.<br />

MARS<br />

Impôt : La perception <strong>de</strong> l’impôt se fait normalement. Il a été perçu ce mois :<br />

1135 320 flancs. Le reliquat <strong>du</strong> rôle a recouvtir, soit 234 750 fr environ, sera tota-<br />

lement encaissé ‘dans les premiers jours <strong>du</strong> mois prochain.<br />

Toutes les autre$ taxes ont pro<strong>du</strong>it une somme <strong>de</strong> 120578,26fr.<br />

Main dbuvre : 1500 manowvres et 24 cuisinières <strong>de</strong>stinés au Chemin <strong>de</strong> fer ont- été<br />

dirigés sur Ferkbssédougou en quatre groupes.<br />

L agent <strong>de</strong> la Société Anonyme <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé-Kayes a engagé, après<br />

autor&ation <strong>du</strong> ‘Gouverneur, 200 manœuvres et 8 femmes.<br />

Coton : La campagne est virtuellement terminee. Il a éte apporté sur le marché<br />

<strong>de</strong> Santaba : 7298 kg <strong>de</strong> coton égrené, ven<strong>du</strong>s au prix <strong>de</strong> 5,50 fr. Le rnmché <strong>de</strong><br />

GOWCY a pro<strong>du</strong>it 4 487 kg au prix <strong>de</strong> 6,00 fr et au marché journalier <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />

rapport <strong>de</strong> coton a été <strong>du</strong>rant le mois <strong>de</strong> 7994 kg au prix <strong>de</strong> 6,00 fi.<br />

AVRIL<br />

Êv&nements pa&culiers :Passage <strong>de</strong> Monsieur PAdministrateur en Chef L., Inspecteur<br />

<strong>de</strong>s Affaires administratives et <strong>de</strong>s Textiles. A l’occasion <strong>de</strong> sa venue, le Yatenga-Naba,<br />

les Chefs <strong>de</strong> Province, les chefs <strong>de</strong> cantons et Ira population mdle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et<br />

<strong>de</strong>s villages envïronnants sont venus assister à la palabre qu’il leur a tenue au sujet<br />

<strong>de</strong>s cultures in<strong>du</strong>strielles et vivrières, en particulier le coton et le kapok.<br />

&énements swvenus : Passage<strong>de</strong>Monsieur le Lieutenant-Gouverneur p.i. <strong>de</strong> la Colo-<br />

nie, venant <strong>de</strong> Kaya. Tous les fonctionnaires européens,.le personnel indigène, les<br />

colons et les chefs lui ont été présentés. Il les a ensuite vus indivi<strong>du</strong>ellement pour<br />

causer avec eux <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> service et pour leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r leurs désidérata.<br />

Il a tenu après une courte palabre aux chefs Dans laprès-midi, le Chef <strong>de</strong> la Colonie<br />

est parti pour Yako.<br />

Passage <strong>du</strong> Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> l’Agriculture pour choisir les emplacements <strong>de</strong> plan-<br />

tation <strong>de</strong> kapok.<br />

136<br />

MAI


1929<br />

JUIN<br />

Main d’awre :Monsieur D., commerçant à Bobo-Dioulasso, porteur <strong>du</strong>ne lettre <strong>de</strong><br />

Monsieur P. qui l’accréditait auprès <strong>de</strong> l;ldministrateur, s’est présenté au Cercle<br />

afin <strong>de</strong> recruter 60 manœuvres pour le compte <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s Cultures Tropicales<br />

<strong>de</strong>Tambacounda. Cetteautorisation avait été accordée par le Lieutenant-Gouverneur,<br />

suivant télégramme <strong>du</strong> 13 mai 1929 (42).<br />

Ce recruteur fut mis en relation avec les Chefs <strong>de</strong> l+ovince. Mais les résultats furent<br />

négatifs car aucun indigène n’a voulu s’embaucher. Les chefs donnèrent comme<br />

prétexte que c’était une mauvaise saison pour enrôler ; les indigènes étant presque<br />

tous occupés à lir préparation <strong>de</strong> leurs champs.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : Les indigènes ont totalement terminé d’ensemencer leurs<br />

champs. La germination <strong>de</strong>s différentes céréales et <strong>de</strong>s plantes in<strong>du</strong>strielles a parfai-<br />

tement pris et les indigènes déclarent qu ‘ils sont satisfaits et ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt plus que<br />

les pluies tombent régulièrement.<br />

D’après les renseignements qui me sont parvenus, les champs ont été agrandis <strong>de</strong> la<br />

moitié <strong>de</strong> l’année précé<strong>de</strong>nte. Donc, si aucune contrariété atmosphérique ne se pro-<br />

<strong>du</strong>it, il est à penser que le cercle fera un pas <strong>de</strong> plus dans 1 ‘évolution <strong>de</strong> son dévelop-<br />

pement économique.<br />

La vente <strong>du</strong> kapok est terminée. Il a été apporté 81239 kg sur les trois marchés <strong>du</strong><br />

cercle.<br />

JUILLET<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : La saison <strong>de</strong>s pluies bat son plein. Néanmoins, les pluies ne<br />

sont pas aussi abondantes qu ‘elles pourraient l’être, ni surtout qu ‘il serait nécessaire<br />

qu’elles jüssent dans l’intérêt même <strong>de</strong>s cultures. <strong>Ouahigouya</strong> est, <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong><br />

vue, assez défavorisé et les pluies y sont particulièrement rares. L ‘importance <strong>de</strong> la<br />

masse latéritique sur laquelle se trouve situé ce point pourrait n y être pas étrangère.<br />

Ce n’est là qu ‘une simple supposition... (43).<br />

Notre prédécesseur écrivait dans son rapport <strong>de</strong> fin juin <strong>de</strong>rnier que les indigènes<br />

avaient terminé l’ensemencement <strong>de</strong> leurs terrains et que ces <strong>de</strong>rniers, pour ce qui<br />

concerne les cultures vivrières, auraient été agrandis <strong>de</strong> près <strong>de</strong> moitié par rapport<br />

à Pannée 1928. Nous ne prétendons nullement mettre en doute cette affimation.<br />

(42) Tambacounda est situé au Sénégal oriental. On constate donc à quel point la main d’œuvre<br />

mossi était appréciée. Généralement, c’était les habitants <strong>de</strong>s régions occi<strong>de</strong>ntales <strong>de</strong> la<br />

<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> et <strong>du</strong> Soudan qui partaient s’employer à la récolte <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> au Sénégal :<br />

les Navétanes.<br />

(43) L’administrateur vient d’être affecté à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong>puis un mois. Il est curieux, actif et<br />

z‘élé. Nous aurons l’occasion <strong>de</strong> nous en apercevoir.<br />

137


1929<br />

Nous aurions toutefois voulu essayer <strong>de</strong> chiffrer les surfaces ensemencées et avons,<br />

à cet effet, vainement cherché une documentation existant à <strong>Ouahigouya</strong>. Il nous<br />

a été impossible <strong>de</strong> trouver le moindre chiffre. Quant aux chefs, ils sont absolument<br />

incapables <strong>de</strong> donner la moindre précision, ni même la moindre estimation.<br />

AOÛT<br />

Mouvements <strong>de</strong> population : Des indigènes se sont présentés en assez grand nombre<br />

au cours <strong>du</strong> mois. porteurs <strong>de</strong> laissez-passer délivré; par les Administrateurs <strong>de</strong>s<br />

cercles voisins, qenant réclamer <strong>de</strong>s familles entières qui avaient quitté leur pays<br />

d’origme. C’est surtout par les Commandants <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> Dédougou et, plus encore,<br />

<strong>de</strong> Ouagadougoul que ces laissez-passer ont été délivrés. Un seul délivré par ce <strong>de</strong>r-<br />

nier accusait 6O!chefs <strong>de</strong> case représentant un total <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 220 indigènes. Les<br />

indivi<strong>du</strong>s en question ont été immédiatement recherchés, mais fort peu ont été<br />

rètrouvés... (44).<br />

Une vingtaine <strong>de</strong> jeunes gens ont été ramenés sous escorte à <strong>Ouahigouya</strong>, par Mon-<br />

sieur le Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> Ouagadougou. Ils avaient été arrêtés au moment<br />

où ils s’apprétaient à. franchir la j?ontiere angkse... Ils provenaient <strong>de</strong>s cantons où<br />

les opérations <strong>de</strong>i recrutement étaient en cours. Lis ont été punis dikiplinairement.<br />

Situation <strong>de</strong>s cu#ures :Les plantations sont en général <strong>de</strong> belle apparence et laissent<br />

présager une abondante récolte. Des dégats importants ont, malheureusement, éte<br />

causés par les invasions <strong>de</strong> sauterelles ‘pendant la totalité <strong>du</strong> mois. De tous côtés><br />

il en a été signalé <strong>de</strong> façon à peu près ininterrompue. Malgré les efforts <strong>de</strong>s popzr-<br />

lations pour lutter contre ce f7éau, nombre <strong>de</strong> plantations ont été <strong>du</strong>rement éprou-<br />

vées ; pas un point <strong>du</strong> cercle ne semble avoir été épargné. Il est heureux que les<br />

surfaces enseme&ées aient été sensiblement augmentes.<br />

Les champs <strong>de</strong> niais ont été très fortement atteints par cette invasion acridienne et la<br />

récolte <strong>de</strong> cette @réale est loin <strong>de</strong> répondre à l’rettente générale, d’autant- plus que le<br />

manque <strong>de</strong> pluie& jusqu ‘à la mi-août, l’avait déjà fortement handicapée.<br />

La situation est d autant plus regrettable que le mil <strong>de</strong> la récolte <strong>de</strong>rnière est à peu<br />

près complètement épuisé et la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re sannonce évi<strong>de</strong>mment assez<br />

dijficile.<br />

Coton : Le Commandant -<strong>de</strong> cercle a prescrit le recensement <strong>de</strong>s surfaces plantées<br />

<strong>de</strong> cotonniers dans un certain nombre <strong>de</strong> villages <strong>du</strong> canton <strong>du</strong> Togo. Le travail est<br />

actuellement en ‘cours, mais il <strong>de</strong>man<strong>de</strong> énormément <strong>de</strong> temps car les indigènes ont<br />

multiplié à 1Yn~fïni les petits champs <strong>de</strong> cotonniers.<br />

(44) Les cantons peul, au nord <strong>du</strong> cercle, accueillent <strong>de</strong>puis plusieurs années déjà les familles<br />

d’agriculteur$ qui tentent d’échapper aux contraintes administratives. La dkcouverte <strong>de</strong> ces<br />

zones-refuges! se fera <strong>de</strong>ux mois plus tard.


1929<br />

SEPTEMBRE<br />

Recrutement : LWablissement <strong>de</strong>s tableaux <strong>de</strong> recensement pour le recrutement<br />

<strong>de</strong> 1930 se poursuit normalement. 26 cantons ont déjà été visités. Il reste encore<br />

15 cantons... Sans toutefois opposer une résistance quelconque, il est évi<strong>de</strong>nt que<br />

c’est sans enthousiasme que les indigènes se prêtent a cette opération. Beaucoup<br />

<strong>de</strong> jeunes gens sont déclarés absents <strong>de</strong> leur village et la formule : «en Gold CoastJ<br />

revient à tout moment à l’appel <strong>du</strong> nom <strong>de</strong>s intéressés...<br />

Main d’œuvre : . . . tout recrutement <strong>de</strong> manœuvres un peu important serait complè-<br />

tement impossible ; tous les indigènes : hommes, femmes et enfants ayant été pris<br />

tout le mois par la protection <strong>de</strong> leurs lougans contre les criquets et sauterelles.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : . . . le jléau <strong>de</strong>s sauterelles a continué à faire payer à tous les<br />

cultivateurs un lourd tribut et les dégâts causés à ce jour peuvent être évalués à<br />

environ moitié <strong>de</strong> ce qu ‘aurait <strong>du</strong> être la récolte. En beaucoup d’endroits, les indi-<br />

gènes se montrent inquiets et déjà l’idée d’une pénurie <strong>de</strong> mil commence à s ‘implan-<br />

ter dans nombre <strong>de</strong> groupements... Les mesures prises pour la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s<br />

criquets <strong>de</strong>viennent inopérantes <strong>de</strong>vant les nuées toujours plus nombreuses et<br />

j%quentes qui s’abattent sur le pays. L’indigène indique un réel découragement.<br />

OCTOBRE<br />

Événements en cours : . . . une question a été soumise au Commandant <strong>de</strong> cercle par<br />

le Yatenga-Naba et ses quatre chefs <strong>de</strong> Province. C’est la tendance marquée qu’ont,<br />

<strong>de</strong>puis quelques années, nombre d’indigènes <strong>de</strong> race mossi à quitter leurs villages<br />

d’origine pour aller se jker dans les groupements peul.<br />

Suivant les déclarations <strong>de</strong>s chefs sus-nommés, ce mouvement aurait pour but <strong>de</strong> se<br />

soustraire aux obligations <strong>de</strong> toute nature auxquelles sont plus particulièrement sou-<br />

mises les populations mossi et notamment le recrutement <strong>de</strong> travailleurs pour les di-<br />

vers chantiers tant publics que privés, extérieurs à la Colonie et même au cercle.<br />

. Cette question est retenue et sera examinée par le Commandant au cours <strong>de</strong> ses divers<br />

déplacements. Si tel est bien le cas, il importe <strong>de</strong> faire barHère à cette tendance...<br />

Désarmement : Le recensement <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> traite entre les mains <strong>de</strong>s indigenes se<br />

poursuit normalement : 365 fusils à pierre ont été déclarés aux bureaux <strong>du</strong> Cercle.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : Les invasions acridiennes se sont encore abattues sur toute<br />

la région Est et Nord-Est <strong>du</strong> cercle. Le pays situé à l’Ouest <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a lui aussi<br />

été <strong>du</strong>rement éprouvé à nouveau. Devant la menace grave <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction totale <strong>de</strong>s<br />

phmtations <strong>de</strong> mil, les populations ont dû f&e prématurément leur récolte... il<br />

est évi<strong>de</strong>nt que le tonnage <strong>de</strong> mil récolté s’en ressentira lour<strong>de</strong>ment. La récolte<br />

est maintenant complètement terminée et les sauterelles semblent, <strong>de</strong>puis lors,<br />

avoir disparu <strong>de</strong> la région.<br />

139


140


1920<br />

Coton : Jusqu’à présent, les cultures cotonnières sont belles et permettent <strong>de</strong><br />

sérieuses. espérances. Il n’apparaît pas que les acridiens leur aient causé bien gros<br />

dommage . . .<br />

NOVEMBRE<br />

Recrutement : De nombreux cas <strong>de</strong> départs pour la GoM Coast ont été relevés . . .<br />

Les chefs <strong>de</strong> famille, <strong>de</strong> quartier et <strong>de</strong> village ont été prévenus qu’ils seraient tenus<br />

pour responsables <strong>de</strong> ces départs clan<strong>de</strong>stins et qu’au cas ou leur complicité serait<br />

établie, ils seraient tra<strong>du</strong>its <strong>de</strong>vant les Tribunaux indigènes pour «entrave au recru-<br />

tements. Il est en effet invraisemblable que les chefs et les parents, auprès <strong>de</strong>squels<br />

les jeunes gens ont vécu sans interruption <strong>de</strong>puis leur jeune âge, tgnorent les projets<br />

<strong>de</strong> départ <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers pour les colonies étrangères voisines...<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures :A notre grand regret, nous ne pouvons que confirmer nos<br />

déclarations précé<strong>de</strong>ntes : la récolte que tout permettait <strong>de</strong> prévoir extrêmement<br />

abondante, avant la venue <strong>de</strong>s invasions acridiennes, a été littéralement anéantie<br />

sur certains points <strong>du</strong> cercle. Au cours <strong>de</strong> nos déplacements <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> novembre,<br />

rwus nous sommes efforcé <strong>de</strong> situer et <strong>de</strong> chiffrer les dégâts. Seuls quelques rares<br />

points ont été épargnés. Mais tout le reste <strong>du</strong> cercle a souffert <strong>de</strong>s sauterelles dans<br />

<strong>de</strong>s proportions que l”on a <strong>du</strong> mal à imaginer. Nous avons la ferme conviction <strong>de</strong><br />

n’exagérer nullement en estimant la perte à une moyenne <strong>de</strong> 80 à 90 % <strong>de</strong> ce que<br />

l’on pouvait espérer.<br />

Certains secteurs ont .été complètement ravagés, au point que Ia récolte est sensi-<br />

blement égale à zéro. Dans legroupement <strong>de</strong> You, telle plantation qui, l’an <strong>de</strong>rnier,<br />

avait donné 400 charges <strong>de</strong> mil, en a péniblement pro<strong>du</strong>it une dizaine cette année...<br />

Ces chiffres ont été contrôlés et ne sont nullement exagérés... ils sont <strong>de</strong> nature à<br />

jeter un jour sur la situation <strong>de</strong> la région au point <strong>de</strong> vue vivrier.<br />

Haricots et pois, par contre, ont pro<strong>du</strong>it abondamment... la récolte <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong><br />

peut également être considérée<strong>du</strong> double <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’an <strong>de</strong>rnier. Malheureusement,<br />

ces cultures, considérées comme accessoires par les indigènes, n’ont été que peu<br />

pratiquées. Le fonto n’a presque rien donné. Outre que seules quelques tribus <strong>du</strong><br />

cercle pratiquent cette culture (cantons peul), les acridiens l’ont fortement atta-<br />

quée et presque entièrement détruite à. 90 %.<br />

En résumé, la question d’alimentation <strong>de</strong>s populations <strong>du</strong> cercle reste extrêmement<br />

angoissante... et <strong>de</strong> tous côtés, les indigènes <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt d’acheter <strong>du</strong> mil dans<br />

les cercles voisins moins atteints par les sauterelles... 74 indigènes, en un seul mois,<br />

ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong>s laissez-passer pour aller vendre leurs chevaux dans l’intention<br />

d acheter <strong>du</strong> mil (4.5).<br />

(45) Ce chiffre, résultat <strong>de</strong>s contrôles, est dérisoire. Nul doute que <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> chefs <strong>de</strong><br />

famille soient parties à la recherche <strong>de</strong> grains sans en avoir <strong>de</strong>mandé la permission au<br />

commandant.<br />

141


1929<br />

DÉCEMBRE -a<br />

Main d’œuvre : Aucun recrutement <strong>de</strong> main d’œuvre na été opéré <strong>de</strong>puis plusieurs<br />

mois. Avis <strong>de</strong> quatre décès et <strong>de</strong> dix-neuf désertions <strong>de</strong>s chantiers <strong>du</strong> CheFnin <strong>de</strong> fer.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : Les vétifications <strong>de</strong>s greniers à mil, effectuées au cours <strong>du</strong><br />

mois par les divers fonctionnaires <strong>du</strong> cercle, ont pemzis <strong>de</strong> constater une fois <strong>de</strong> plus<br />

l’importance <strong>de</strong>s dégats commis par les acridiens au cours <strong>du</strong> troisième trimestre.<br />

91 laissez-passer ont eFFcore été délivrés au cours <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> décembre. En résumé<br />

et pour en terminer avec cette troublante questiort <strong>de</strong> la récolte <strong>du</strong> mil <strong>de</strong> 1929;il<br />

ne faut pas se dissimuler que la situation est extrêmement difficile et 1 ‘on peut se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment s’opérera la sou<strong>du</strong>re avec la récolte prochaine.<br />

RAPPORT ANNUEL<br />

Démographie : Le cercle a compté peFFdaFFt 1’anFzée 1929, trente étnangers dont<br />

vingt-quatre français et six autres étrangers...<br />

Le recensemerlt numérique <strong>de</strong>s indigèrtes donne 371972 habitarus. .<br />

Conseil <strong>de</strong>s Notables : Trois séances se soFFt tenues <strong>du</strong>rant l’anrzée : elles ont eu pour<br />

objet l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sujets suivants :<br />

- impôt <strong>de</strong> capitation : le conseil à 1”unanimité accepte I’augmeFFtatioFF <strong>de</strong> 1 fr proposée<br />

par le Prési<strong>de</strong>nt (Commandant <strong>de</strong> cercle) ;<br />

- rachat <strong>de</strong>s prestations : acceptée également à l’unanimité une augmentafion. Le<br />

rachat est porté <strong>de</strong> 1 fi à 250 ;<br />

- population flottante : l’impôt payé sera <strong>de</strong> 2O.f? au lieu <strong>de</strong> 12 francs ;<br />

- taxe d’abattage : elle est portée <strong>de</strong> 3fr à 3,SOfr pour un bœuf et <strong>de</strong> I j? à 1,2S<br />

pour un mouton ;<br />

- patentes et licences : le prési<strong>de</strong>nt fait remarquer qu’il serait utile pour obliger I’iFFdigène<br />

à ne pas consacrer une trop gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> son mil à la fabrication <strong>de</strong><br />

dolo, <strong>de</strong> porter la patente <strong>de</strong> 300 à SO0 f?. Cette proposition est approuvée par le<br />

Conseil ;<br />

- marchands <strong>de</strong> bétail : une taxe <strong>de</strong> 22 fr pm tête est proposée pour le bétail <strong>de</strong>stiFFé<br />

aux colonies <strong>du</strong> groupe (A.O.F.) ;<br />

- armes et munitions : le nombre <strong>de</strong> fusils <strong>de</strong> traite détenus par les indigèries est <strong>de</strong><br />

SS4. A noter que le Yatenga-Naba détient une arme rayée (carabine Rival) offerte<br />

par le Maréchal PétaiFF lors <strong>de</strong> son passage à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Service administratif en tourrtie : Toutes les tournées sont faites à cheval, l’auto<br />

nztant Utilis&e que pour le transport à pied d’œuvre. Le Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> 1;1.M.I. a fait<br />

<strong>de</strong> nombreuses tournées <strong>de</strong> prophylaxie. Il s’est ren<strong>du</strong> dans les différentes régiorzs<br />

<strong>du</strong> cercle, toujours accoFnpagné <strong>de</strong> son infirmierudjoint ou <strong>de</strong> vaccinateurs.<br />

A l’actif <strong>de</strong>s différents SeFvices : 183 jours <strong>de</strong> tournées pour but politique et économique<br />

- 294 effectués par le persoFme1 vétérinaire - 404 par le persoFme1 <strong>de</strong> 1’A.M.I.<br />

142


1929<br />

Situation financière : L ktpôt <strong>de</strong> capitation a rapporté pour l’exercice 1929<br />

3219i7Ofr soit une augmentation <strong>de</strong> 649338fr sur l’exercice 1928. Au titre<br />

<strong>de</strong> l’impôt sur le bétail, le cercle a encaissé : 286014fr, soit une augmentation<br />

<strong>de</strong> 42 184fi. Tous les rôles mis en recouvrement au titre <strong>de</strong> l’exercice 1929<br />

ont été entièrement recouverts.<br />

Recrutement : Le nombre <strong>de</strong> recrues examinées en 1929 a été <strong>de</strong> 5 768. 424 ont<br />

été appelées et 1332 classées dans lir <strong>de</strong>uxième portion. Le chiffre <strong>de</strong>s bons absents<br />

sëlève à 861. A noter que parmi les jeunes gens classés dans la <strong>de</strong>uxième portion,<br />

30 travailleurs ont été recrutés et envoyés sur les chantiers <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong><br />

Thiès-Nzger.<br />

Prestations : La main d ‘œuvre prestatairea été employée conformément au program-<br />

me <strong>de</strong> travaux qui a été approuvé en Conseil <strong>de</strong>s Notables. Les journées prévues au<br />

rôle étaient <strong>de</strong> 671433. 573350 ont été empbyées.<br />

Enseignement : L ‘Y&ole régionale est dirigée par une institutrice principale secondée<br />

par un instituteur <strong>du</strong> cadre secondaire et un écrivain-interprête, faisant fonction <strong>de</strong><br />

moniteur. L’École compte 224 élèves répartis en six cours : <strong>de</strong>ux cours préparatoi-<br />

res, <strong>de</strong>ux cours élémentaires et <strong>de</strong>ux cours moyens. Quatre élèves ont été reçus au<br />

CEP. Sur ces quatre, <strong>de</strong>ux ont été admis à l’École Primaire Supérieure: un à l’École<br />

Professionnelle et un à l%cole d’Ygriculture.<br />

143


1930 RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Impôt : La perception <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation et <strong>de</strong> la taxe sur le bétail n’a pu être<br />

commencée au cours <strong>du</strong> mois. Les chefs <strong>de</strong> Province et <strong>de</strong> canton ont <strong>de</strong>mandé à<br />

1’Administrateur qu’un délai leur soit, accordé pour effectuer ces versements en<br />

raison <strong>de</strong> la situation extrêmement difficile dans laquelle les populations se trouvent<br />

cette année, par suite <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la quasi-totalité <strong>de</strong> la récolte <strong>de</strong> mil. c’est,<br />

en effet, <strong>de</strong> la vente <strong>du</strong> mil à l’extérieur <strong>du</strong> cercle que les indigènes tirent chaque<br />

année la majeure partie <strong>de</strong> leurs ressources et c’est sur elles qu’ils s’appuient surtout<br />

pour acquitter le montant <strong>de</strong> l’impôt.<br />

La carence <strong>de</strong> cette année, non seulement ne leur a pas permis d’effectuer leurs<br />

transactions coutumières, mais elle les a, en outre, obligés <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r eux-mêmes<br />

à l’achat à l’extérieur <strong>du</strong> cercle <strong>du</strong> grain nécesaire a leur nourriture et à celle <strong>de</strong><br />

leurs familles.<br />

La répercussion <strong>de</strong>s ravages acridiens s’est manifestée lour<strong>de</strong>ment sur toute la<br />

région... .D’autres conséquences <strong>de</strong> cette situation sont encore venues s’ajouter...<br />

par exemple la mévente <strong>de</strong>s animaux (plus particulierement <strong>de</strong>s équidés). Ceux-ci,<br />

proposés <strong>de</strong> toutes parts, en nombre important par les malheureux indigènes<br />

désireux <strong>de</strong> se procurer large& nécessaire à leurs achats <strong>de</strong> mil, se sont ven<strong>du</strong>s a<br />

<strong>de</strong>s prix sensiblement plus bas que <strong>de</strong> coutume et souvent même, n’ont pu trouver<br />

preneurs.<br />

Si Yon tient compte encore <strong>de</strong> la carence <strong>du</strong> karité pendant la saison 1929, force est<br />

bien <strong>de</strong> reconnaître que la situation <strong>de</strong>s indigènes <strong>de</strong> la région se présente sous un<br />

jour <strong>de</strong>s plus sombres.<br />

Ce sont là les arguments présentés par les chefs pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à ce que les impôts<br />

ne soient pas exigés avant fin fevrier, afin <strong>de</strong> leur donner le temps <strong>de</strong> se procurer<br />

l’argent nécessaire et <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong>s ressources que leur apportera la campagne <strong>de</strong><br />

coton. Ce délai a été accordé.<br />

Les populations peul, moinsdirectement et moins lour<strong>de</strong>ment atteintes que les grou-<br />

pements mossi, puisque tirant plus spécialement leurs ressources <strong>de</strong> leur élevage,<br />

<strong>de</strong>vront payer l’impôt en février.<br />

De toute façon, lüutorité Supérieure peut être assurée que les rôles seront intégra-<br />

lement couverts et que tout sera mis en œuvre pour qu’ils le soient dans les délais<br />

les moins éloignés possibles...<br />

Recensement : Le travail <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong> la population comme aussi <strong>du</strong> bétail a<br />

été très activement poussé pendant le mois... les résultats obtenus sont éloquents :<br />

ils établissent <strong>de</strong> façon péremptoire la nécessité <strong>de</strong> ne pas s’en rapporter pour ce<br />

genre <strong>de</strong> travail à <strong>de</strong>s recenseurs indigènes mais bien, et uniquement, à <strong>de</strong>s Euro-<br />

péens ou tout au moins à <strong>de</strong>s indigènes placés sous le contrôle direct et constant <strong>de</strong><br />

fonctionnaires européens.<br />

144


1930<br />

De très nombreuses rectifications ont été apportées aux recensements précé<strong>de</strong>nts,<br />

notamment en ce qui concerne l’estimation <strong>de</strong> l’âge <strong>de</strong>s habitants. Il importait que<br />

ce redressement soit poursuivi d’urgence dans l’intérêt <strong>de</strong> tous.<br />

Main d izuvre : Au cours dü mois, il a été procédé au recrutement <strong>de</strong> 300 manoeuvres<br />

et <strong>de</strong> 20 cuisinières <strong>de</strong>stinés aux Travaux Neufs <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’ivoire.<br />

Ce recrutement s’est .effectué sans inci<strong>de</strong>nt, au prorata <strong>de</strong> la population mûle <strong>de</strong>s<br />

groupements. Il a uniquement porté sur les populations mossi. Avant engagement,<br />

les travailleurs ont été soumis à une visite médicale extrêmement sévère et vaccinés<br />

contre la variole. Le transport a été assuré par camionsautomobiles (46).<br />

1400 travailleurs doivent encore être recrutés pour le Chemin <strong>de</strong> fer, à savoir :<br />

400 pour le 17 février - 500 pour le 14 mars - 500 pour le 18 mars. Nous avons<br />

l’assurance que tout se passera bien, mais nous nous permettrons d’appeler la bien-<br />

veillante attention <strong>de</strong> l:riuton*té Supérieure sur la bonne volonté apportée en cette<br />

occurence tant par les chefs indigènes que par les populations elles-mêmes qui n’ont,<br />

pour le genre <strong>de</strong> travail qui leur .est <strong>de</strong>mandé comme aussi pour l’expatriation,<br />

qu’un penchant très . . . modéré (47).<br />

Événements survenus : Le 11 janvier, Monsieur le Gouverneur Général et Madame C<br />

am’vaient à <strong>Ouahigouya</strong>, venant <strong>de</strong> Sofara. Ils étaient accompagnés <strong>du</strong> Directeur <strong>de</strong><br />

cuLa Petite Giron<strong>de</strong>> . . . Accompagnaient également le Chef <strong>de</strong> la Fédération :Mon-<br />

sieur IAdministrateur en ChefA., Monsieur le Lieutenant-Colonel V. et Monsieur H.,<br />

secrétaire particulier. Le Gouverneur <strong>de</strong> la Colonie et Monsieur lüdministrateur en<br />

Chef C. étaient également présents.<br />

Le séjour <strong>de</strong> Monsieur le Gouverneur Général et <strong>de</strong> sa suite a <strong>du</strong>ré <strong>de</strong>ux heures<br />

(<strong>de</strong> llh30 à 13h30).<br />

Au cours <strong>de</strong> ce mois, sont également passés au Chef-lieu <strong>du</strong> cercle :Monsieur I’Ad-<br />

ministrateur M., charge’ <strong>de</strong> mission par la Société Transsahan’enne, Monsieur le<br />

Vétérinaire M. <strong>de</strong> la Gold Coast, accompagné <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> Service Zootechnique,<br />

Monsieur C., écrivain américain, venant <strong>de</strong> .Tombouctou et se rendant à<br />

Ouagadougou et en Côte d’ivoire, Monsieur C, fonctionnaire anglais ralliant la Gold<br />

Toast et venu par le désert, Monsieur l’instituteur B, en mission photographique.<br />

Gmmerce : La récolte <strong>de</strong> coton a commencé dès les premiers jours <strong>du</strong> mois. Le<br />

marché pennattent <strong>de</strong> coton <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été ouvert le 20 janvier : huit tonnes<br />

environ <strong>de</strong> coton égrené étaient sur le carreau.<br />

(46) Auparavant, ils étaient acheminés à pied. Depuis 1928, seuls les bagages étaient transportés<br />

en camion.<br />

(47) L’administrateur ironise mais il n’est pas exclu, qu’en haut-lieu, il ait été décidé d’exploiter<br />

la mauvaise conjoncture économique pour intensifier les recrutements. Ainsi, pensait-on<br />

«soulager» les populations chaque fois qu’il y avait pénurie aliientaire.<br />

14.5


1930<br />

Cinq commerçants européensétaientprésents:laSACO, lesétablissements Le Comte,<br />

un commerçant <strong>de</strong> Bobo-Dioulasso, la Maison Attya <strong>de</strong> Bamako et la Maison Bejani<br />

et Prince.<br />

Ven<strong>de</strong>urs et acheteurs furent mis en présence mais l’accord ne put se faire : les pre-<br />

miers ne voulant pas <strong>de</strong>scendre en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 7,OOfrlkg et les seconds fiiant leur<br />

offre maxima à 5 Jr. Pendant <strong>de</strong>ux jours, les choses <strong>de</strong>meurèrent SQ~S changement.<br />

Enfin, le troisième jour, Monsieur A. offit le prix <strong>de</strong> 5,50 qui J%r accepté... Les<br />

quantités apportées et ven<strong>du</strong>es à ce prix sur le marché, jusqu’au 31 janvier, se<br />

chif<strong>de</strong>nt a 11680 kg net (48).<br />

État sanitaire : De nombreux cas <strong>de</strong> variole ont été déclarés sur tous les points <strong>du</strong><br />

cercle. Les vaccinations ont été activement multipliées.<br />

Le Commandant <strong>de</strong> cercle a pensé que, peut-être, les getmes <strong>de</strong> la maladie pouvaient<br />

avoir pour véhicules les nombreux dioulas qui, en cette saison, sillonnent le<br />

pays. A titre <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> protection, ordre a été donné que tous les dioulas rencontrés<br />

soient amenés à <strong>Ouahigouya</strong>, OÙ il est procédé à leur vaccination d’office.<br />

Mention <strong>de</strong> leur vaccination est portée SUP leur laissez-passer.<br />

Main d’cwvre : Le 17 février, quinze camions ont emmené 4iIO travailleurs et<br />

27 cuisinières. BS ont été pris dans les groupements mossi. Les chefs <strong>de</strong> Province<br />

et <strong>de</strong> canton nous ont apporté un précieux concours...<br />

-a<br />

A signaler que les cQmions ont rapatrië 167 travailleurs <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer, en jïn<br />

<strong>de</strong> contrat. Les 56 travailleurs et cuisinières, <strong>de</strong>mandés en remplacement <strong>de</strong>sévadés<br />

<strong>de</strong>s memes chantiers, n’ont pus encore été rassemblés...nous veillerons à ce que ces<br />

évadés soient repris ou remplQcés par <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> leur famille.<br />

Commerce : Au 28 février, le total <strong>du</strong> tonnage ven<strong>du</strong> s’élève à 46 807 kilos <strong>de</strong><br />

coton égrené, faisant ressortir les ventes <strong>de</strong> février à 35 127 kg. Sur ce chiffre,<br />

19 539 kg proviennent <strong>de</strong>s apports <strong>du</strong> marché <strong>de</strong> Tikaré et 5 377 kg <strong>de</strong> ceux <strong>du</strong><br />

marché <strong>de</strong> Gourcy. Le coton apporté sur ces <strong>de</strong>ux marchés n’a pu, en effet, être<br />

ven<strong>du</strong> sur place, faute d’entente quant QU prix, entre ven<strong>de</strong>urs et acheteurs.<br />

A Tikaré, les acheteurs reJitsè?ent <strong>de</strong> payer plus <strong>de</strong> 3 fr le kilo et sur le second<br />

marché (Gourcy), leurs offres s’arrêtèrent à 4$Ofif?cg, tandis que sur les <strong>de</strong>ux<br />

: marchés. les ven<strong>de</strong>urs refusèrent <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 5,50. Ils déclarèrent<br />

qu’ils préféraient, plutôt qu’accepter Un prix inférieur à 5,50. porter leur coton<br />

sur le marché permanent <strong>de</strong> Guahigouya, ou ils étaient assurés <strong>de</strong> vendre à ce prix.<br />

(48) Le prix <strong>du</strong> coton continue <strong>de</strong> baisser alors que les populations recherchent le numéraire.<br />

Le commerce international est affecté par la crise.<br />

146


-r


1930<br />

<strong>de</strong> leurs carnets <strong>de</strong> pécule leur a été payé par les soins <strong>de</strong> l’Agence Spéciale <strong>de</strong><br />

Ouahtgouya, représentant un total <strong>de</strong> 41 653 francs (50).<br />

Ces hommes, interrogés par nous, se déclarent fort satisfaits <strong>de</strong> leur séjour au service<br />

<strong>de</strong> cette Société où, disent-ils, le travail est facile et où ils sont très bien t-raités<br />

et nourris.<br />

Evénements en cours : Poursuivant l’exécution <strong>du</strong> programme entrepris en janvier<br />

et février, le Commandant <strong>de</strong> cercle a chargé le Sergent-Chef M. <strong>de</strong> parcourir toute<br />

kz région comprise dans la partie nord <strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Rattenga, <strong>de</strong> Riziam et <strong>de</strong><br />

Zittenga, région où lui a été signalée la présence <strong>de</strong> fort nombreux indigènes <strong>de</strong><br />

divers cantons qui avaient pensé trouver dans cette zone semi-abandonnée le calme<br />

et la tranquillité... Le pays a été parcouru dans tousles sens et tous les vilkrges et<br />

groupements ont été visités un à un.<br />

Le recensement nominatif a étédressé et tous les indigènes clan<strong>de</strong>stinement installés<br />

ont été renvoyés dans leurs familles. Tout est maintenant rentré dans l’ordre et les<br />

habitants, en présence <strong>de</strong> l’inévitable, se sont résolus à faire contre mauvaise fortune<br />

bon cœur.<br />

Kapok : De faqon générale, les arbres sont beaux et la récolte semblerait <strong>de</strong>voir etre<br />

abondante. Malheureusement, là encore il est à craindre que se fasse sentir les<br />

contre-coups <strong>de</strong>s invasions acridiennes. Non pas que les sauterelles se soient attaquées<br />

aux kapokiers, mais que dans les régions particulièrement éprouvées dans leurs<br />

récoltes <strong>de</strong> mil, les indigenes se sont abondamment nourris <strong>de</strong>s fleurs <strong>de</strong> kapokiers.<br />

Cette constatation a été particulièrement faite dans le secteur nord <strong>du</strong> lac <strong>de</strong> Bam et<br />

sa répercussion sur le chiffre total <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> kapok sera certainement<br />

très sensible.<br />

A ce propos, nous nous permettrons <strong>de</strong> signaler très respectueusement à l’Autorité<br />

Supérieure, l’insuffisance <strong>de</strong>s sanctions prévues par larrêté W 97 <strong>du</strong> 3 août 1’928,<br />

‘réprimant la <strong>de</strong>struction et les dommages causés aux peuplemenfs arbustifs <strong>de</strong><br />

h Colonie.<br />

AVRIL<br />

Main d’aeuwre : Rien à signaler si ce n’est que Monsieur H., planteur <strong>de</strong>meurant a<br />

Bobo-Dioulasso, est venu à <strong>Ouahigouya</strong> pour y recruter 100 travailleurs pour les<br />

(50) Soit 260 F par travailleur, pour 6 mois <strong>de</strong> salaire et moins <strong>de</strong> 2 F par jour. Mais une partie<br />

<strong>du</strong> salaire leur a été versée à la fin <strong>de</strong> chaque mois (au moins officiellement).<br />

L’institution <strong>du</strong> pécule, réglementé en A.O.F. par le décret <strong>du</strong> 22 octobre 1925, précise<br />

que la constitution d’un pécule aux travailleurs sera effectuée par un prelèvement mensuel<br />

sur leur salaire et que ce pécule ne sera payable qu’à l’expiration <strong>de</strong> leur engagement et<br />

dans leur lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce. Ainsi pensait-on favoriser le retour d’un maximum d’argent<br />

dans les zones <strong>de</strong> départ et faciliter, entre autres, l’acquittement <strong>de</strong> l’impôt. La mesure avait<br />

aussi un but é<strong>du</strong>catif : apprendre à épargner, prévoir, . . les indigènes sont tellement<br />

insouciants ! On retrouvera le meme principe dans la création <strong>de</strong>s societcs dites <strong>de</strong><br />

prévoyance.<br />

148


1930<br />

plantations <strong>de</strong> Dtizkandapé, suivant autorisation <strong>du</strong> Chef <strong>de</strong> la Colonie. Mis en rapport<br />

avec les chefs ind&?nes, ces <strong>de</strong>rniers n’ont manifesté que fort peu d’empressement<br />

à répondre à cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, faisant plus particulièrement valoir qu’ils ont déjà<br />

fourni 2 000 hommes au cours <strong>de</strong> litnnée, que voici venir l’époque <strong>de</strong>s cultures et<br />

qu’ils ont besoin <strong>de</strong> tous leurs bras pour la préparation <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong>stinés aux<br />

cultures vivrières et aux cultures in<strong>du</strong>strièlles...<br />

Coton : Rien à signaler. La campagne se chiffre par un total <strong>de</strong> 70 tonnes <strong>de</strong> coton<br />

égrené, ce qui correspond à 350 tonnes <strong>de</strong> coton brut.<br />

Kapok : Les apports <strong>de</strong> kapok sur le marché <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ont été <strong>de</strong> 58 721 kg se<br />

répartissant comme suit : 43352 kilos ven<strong>du</strong>s à 1,25 fr/kg - 9 369 kg ven<strong>du</strong>s à<br />

0,75 frjkg et 6 000 kg encore inven<strong>du</strong>s.<br />

Les transactions se sont farites sur le prix <strong>de</strong> I,25 fi. Par la suite, le cours baissa à<br />

0,75. Mais ce prix ne <strong>du</strong>ra pas et le 2.5 avril, les acheteurs décidèrent <strong>de</strong> ne plus<br />

payer le kapok plus <strong>de</strong> 0,50 jF/kg. Les indigènes refusèrent <strong>de</strong> vendre à ce prix<br />

vraiment dérisoire. Cette situation est <strong>du</strong>e .à une tentative d’intimidation <strong>de</strong> la part<br />

<strong>de</strong>s acheteurs qui, regrettant d’avoir acheté à I,2.5 veulent ramener le prix d’achat<br />

à un chiffre plus normal.<br />

Impôt : Rien <strong>de</strong>particulierà signaler. La perception se continue assez normalement,<br />

encore que les populations ne montrent que peu d *empressement à en apporter le<br />

montant. Il ne fmct pas voir &ns cette attitu<strong>de</strong> une mauvaise volonté réelle. Elle est<br />

<strong>du</strong>e surtout, d’une part à la difficulté <strong>de</strong> I’indigéne à se procurer Pargent et d’autre<br />

part, à son apathie naturelle qui le pousse à attendre pour faire une chose, quelle<br />

qu’elle soit, quT1 soit parvenu dans ses <strong>de</strong>rniers retranchements et ne puisse plus<br />

l’éviter. Dans certaines régions, telle celle <strong>de</strong> Tibo, les gens s’étaient mis en tête qu ‘il<br />

ne serait pas payé d’impôt cette année, en raison <strong>de</strong>s pertes subies <strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s inva-<br />

sions acndiennes. L’envoi sur place d’un Agent européen a suffi pour remettre les<br />

choses au point et le canton s’est acquitté intégralement <strong>de</strong> ses taxes.<br />

Une pression a dû également être exercée sur le groupement peu1 <strong>de</strong> Baraboullé.<br />

La présence d’un Européen, qui a visité un par un tous les villages <strong>du</strong> mnton, a éga-<br />

lement permis d’achever sans plus tar<strong>de</strong>r le recouvrement <strong>du</strong> montant <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong><br />

capitation et <strong>de</strong> 19 taxe sur le bétail. L’effort sera continué...<br />

Les perceptions effectuées en mai se chiffrent à : 633 082 fr pour la capitation et<br />

33 976 j? pour la taxe sur le bétail.<br />

Main d’wvre : Il a été recruté au cours <strong>du</strong> mois les 100 travailleurs <strong>de</strong>mandés par<br />

Lr Société <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Dt&m&pé. Ils ont été dirigés sur Bamako par camions-<br />

automobiles.<br />

Cinquante-sUE manœuvres et quatre cuisinières ont également été recrutés et dirigés<br />

sur les Chantiers <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer. Étant appelés à remplacer les déserteurs, ces<br />

MAI


1930<br />

rravailleurs ont été pris uniquement dans les familles <strong>de</strong>s fugitifs. Rs ont éte dirigés<br />

par camions-automobiles sur Ferkessédougou.<br />

D autre part, l’Autorité Supérieure a <strong>de</strong>mandé pour les besoins <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer,<br />

le recrutement <strong>de</strong> 2.53 travailleurs et <strong>de</strong> 17 cuisinières. Cette nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

main d’œuvre n’a pas trouvé un accueil très enthousiaste, surtout pour cette raison<br />

que tous les indigenes sont actuellement occupés aux travaux <strong>de</strong>s champs. Les chefs<br />

voient d’un œil assez défavorable disparaître une partie <strong>de</strong> leur main d’cwvre agri-<br />

cole, et non 1~ plus mauvaise, et les individtrs eux-mêmes ont- peu d’empressement<br />

à quitter les terres qu ‘ils viennent <strong>de</strong> fumer, <strong>de</strong> préparer et d’ensemencer. Le contin-<br />

gent <strong>de</strong>mandé sera réuni vers mi-juin.<br />

Cultures vivrieres : Des instructions extrêmement sévères ont éte données pour que<br />

les surfaces cultivées soient encore augmentées et pour que les indigènes ne se<br />

contentent pas <strong>de</strong> cultiver uniquement mil et maïs.<br />

De nouvelles invasions acridiennes sont à peu près certaines : lourds seront encore<br />

les dégdts cette année ; il faut s’y attendre. Il semble que Kurt <strong>de</strong>s meilleurs moyens<br />

soit b polyculture vivrière.<br />

Impôt : Le reliquat <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation est <strong>de</strong> 216 9.51 fr et celui <strong>de</strong> la taxe sur<br />

le bétail est <strong>de</strong> 127 798francs.<br />

Ainsi que nous l’avons déjà signalé à maintes reprises, les perceptions d’impot sont<br />

extrêmement difficiles cette année. Il fut le reconnaître loyalement : I?ndigène n ‘a<br />

pas d argent et, <strong>de</strong> plus, il n ‘a pas les moyens <strong>de</strong> s’en procurer, la principale source<br />

habituelle <strong>de</strong> sa richesse : le mil, lui ayant cette année fait complètement défaut et<br />

ce, sans parler <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux récoltes déficitaires qu ‘il a subi en aotît et septembre 1929<br />

en maïs d’abord et en kar&é ensuite.<br />

En outreP la carence <strong>du</strong> mil en a évi<strong>de</strong>mment fait monter les prix, d’ou nouvelle<br />

charge encore pour le malheureux contraint <strong>de</strong> se procurer par voie d’achat le mil<br />

nécessaire à sa nourriture.<br />

Cette situation déjà extremement lour<strong>de</strong> et difficile en soi, a eu pour conséquence<br />

d’amener l’indigène à vendre ses animaux pour se procurer largent nécessaire à ses<br />

achats <strong>de</strong> mil ; d’où dévalon-satton partielle <strong>de</strong> ceux-ci, mévente même sur certains<br />

marchés.<br />

Une nouvelle conséquence se manifeste encore, qui n’est pas faite pour ai<strong>de</strong>r l’indi-<br />

gène à se sortir <strong>de</strong> ce marasme. A savoir qu Y1 se trouve maintenant obligé <strong>de</strong> payer<br />

la taxe SUY <strong>de</strong>s têtes <strong>de</strong> bétail qu ‘i2 ne possè<strong>de</strong> plus. Les rôles ont, en effet, éte basés<br />

sur les recensements existants en fin.1 929 et il faut reconnattre que pour le bétail,<br />

la situation s’est fortement modifiée....<br />

Ce serait donc une erreur <strong>de</strong> conclure a une mauvaise volonté quelconque dans le<br />

retard apporté à la rentrée <strong>de</strong>s impôts, comparativement aux années pré+<strong>de</strong>ntes...<br />

Les rôles d’impôt seront intégralement couverts. Nous n’en avons pas le moindre<br />

doute. La population apporte une bonne volonte~.. il faut lui donner le temps.<br />

150<br />

JUIN


Recensement :Les opérations <strong>de</strong> recensement (population et bétail) se sont pour-<br />

suivies. Le canton peu1 <strong>de</strong> Djibo a été entièrement visité. Si la plusvalue concernant<br />

la population est assez appréciable : elle se chiffre ri 2 293 habitants et 2 113 impo-<br />

sables - une importante diminution se manifeste en ce qui concerne le bétail. Elle<br />

atteint les chiffres suivants : bovidés 164 % <strong>de</strong> diminution , équidés 26,4 % et<br />

ovidés 6,6 %.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures :Les Agents <strong>de</strong> culture <strong>du</strong> cercle ont été envoyés au cours <strong>du</strong><br />

mois dans les cantons <strong>de</strong> Windtgui et Barelogo pour contrôler I’exécution <strong>de</strong>s ordres<br />

donnés concernant l’extension <strong>de</strong>s cultures cotonnières. Un relevé a été dressé par<br />

leurs soins <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> pieds semés par chaque soukala, sous la direction <strong>de</strong> son<br />

chef Chaque soukala doit avoir sa plantation séparée ; le chef <strong>de</strong> famille dirigeant<br />

le travail et <strong>de</strong>vant exiger un minimum <strong>de</strong> 350 pieds par a<strong>du</strong>lte placé sous son<br />

autorité.<br />

ll serait désirable que fissent envoyës sans tar<strong>de</strong>r les 500 000 graines <strong>de</strong> kapokiers<br />

<strong>de</strong>mandées il y a quelques mois, <strong>de</strong> façon à permettre <strong>de</strong> profiter <strong>de</strong> la saison<br />

dhivernage pour créer les pépinières <strong>de</strong>stinées à alimenter, par la suite, en plants<br />

les diverses collectivités.<br />

D’immenses superficies qu’il est matériellement impossible d’évaluer sont déjà ense-<br />

mencées en mil et en maïs. Malheureusement, un nouvel ennemia fait son apparition<br />

pendant la <strong>de</strong>uxième quinzaine <strong>du</strong> mois : les chenilles qui ont littéralement couvert<br />

tout le pays mossi et ont, aux trois-quarts, mangé mil et maïs naissants. Les indi-<br />

gènes connaissent ce fléau et ne s’en sont pas affolés, sachant qu’il est <strong>de</strong> courte<br />

<strong>du</strong>rée. Les violent& pluies <strong>de</strong> fin juin l’ont, en effet, fait disparaître. Et les pauvres<br />

cultivateurs en ont été quittes pour refaire <strong>de</strong> nouveaux ensemencements.<br />

Quelques vols <strong>de</strong> sauterelles ont été signalés au cours <strong>du</strong> mois, notamment dans les<br />

régions épargnées l’an <strong>de</strong>rnier... Les acridiens se sont également montrés dans les<br />

environs <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>. Neuf emplacements ont été signalés au Chef-lieu <strong>du</strong> cercle<br />

où se seraient pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong>s éclosions <strong>de</strong> criquets...<br />

Des instructions ont été données pour que soient éten<strong>du</strong>es jusqu ‘aux extrêmes limi-<br />

tes possibles les cultures <strong>de</strong> niébé, <strong>de</strong> pois,’ d’arachi<strong>de</strong>, <strong>de</strong> patates, etc.. Il importe,<br />

en présence d’un tel fléau, <strong>de</strong> semer 100 pour être sûr d’obtenir 1.<br />

JUILLET<br />

Événements en cours : Mois très calme. Rien à signaler. La situation politique <strong>du</strong><br />

cercle est satisfaisante. Les Chefs et les indigènes sont venus en masse au chef-lieu<br />

à l’occasion <strong>de</strong> la célébration <strong>de</strong> la Fête Nationale qui a présenté énormément<br />

d’entrain.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures : Les semences <strong>de</strong> coton dit #Allen», envoyées par le Service<br />

<strong>de</strong> l’Agriculture, ont été mises en terre, dès le 4 juillet, après que le terrain, situé<br />

à quelques 1200 mètres <strong>de</strong> la Rési<strong>de</strong>nce, eut été soigneusement préparé confor-<br />

mément aux instructions reçues.<br />

151


1930<br />

AOÛT<br />

Impôt : L’impôt <strong>de</strong> capitation est intégralement rentré. La taxe sur le bétail hisse<br />

encore un reliquat <strong>de</strong> 59 626fiancs. Il y a lieu <strong>de</strong> remarquer que sur cette somme,<br />

le omton peu1 <strong>de</strong> Todiam f&ure pour 32 49Ofr. Ce canton n apporte aucune bonne<br />

volont@ au paiement <strong>de</strong> ses impôts. Le Commandant <strong>de</strong> cercle propose <strong>de</strong> se rendre<br />

sur ptace.<br />

Situation <strong>de</strong>s cultures :<strong>Haute</strong>ur d’eau tombée : 230 mm.<br />

..- smf imprevu, tout permet d’espérer une brillante récolte.<br />

La récolte <strong>du</strong> maïs est actuellement en cours. Elle est généralement bonne, malgré<br />

les dégdts occasionnés par les chenilles en juin. Grâce à elle, un gros soulagement<br />

a été apporté aux populations <strong>du</strong> cercle et AZ question <strong>de</strong> la sou<strong>du</strong>re se trouve à peu<br />

pres déJ%itivement réglée.<br />

La r&olte <strong>de</strong> karité est abondante. Elle correspondrait sensiblement en quantité à<br />

la récolte <strong>de</strong> 19.X l( semble, malheureusement, que les cours <strong>de</strong> ce pro<strong>du</strong>it doivent<br />

se ressent+ à leur tour, lour<strong>de</strong>ment, <strong>de</strong> la baisse générale qui s’est manifestée sur<br />

tous les pro<strong>du</strong>its et matières premières. D’après les bruits qui nous parviennent, le<br />

karïte serait acheté à San au prix maximum <strong>de</strong> 0,90 le kilo. Quelle va être, dans ces<br />

conditions, l’offre <strong>du</strong> Commerce à <strong>Ouahigouya</strong> ? Les rares commerçants syriens qui<br />

ont laissé percer leurs intentions parlent <strong>de</strong> 0,25fF. Il est <strong>de</strong> toute évi<strong>de</strong>nce que<br />

pareille offie ne pourrait satisfaire le pro<strong>du</strong>cteur qui, en ce cas, préférerait gar<strong>de</strong>r<br />

son pro<strong>du</strong>it.<br />

SEPTEMBRE<br />

$ït~tîon <strong>de</strong>s cultures : Encore que ta récolte <strong>du</strong> mil promette d’être fort belle, il<br />

fmt encore faire <strong>de</strong>s réserves : l- quant à la venue toujours possible <strong>de</strong>s vols <strong>de</strong><br />

sauterelles et 2- quant au manque <strong>de</strong> pluies. La saison dhivemage après avoir été<br />

extrëmement fmorable, a brutalement pris fin vers le 25 septembre... Les cultures<br />

s’en ressentent <strong>du</strong>rement et, en maints endroits, les tiges <strong>de</strong> mil sont complètement<br />

brûlees, avant lamaturïté<strong>du</strong>grain. Les indigènes se montrent quelque peu inquiets...<br />

Les petites plantations <strong>de</strong> coton indigène sont assez belles, mais l’indigène les néglige<br />

considérablement, malgré les avertissements qui lui sont donnés sans trêve. Décidé-<br />

ment, le pire ennemi <strong>de</strong> la culture dans ce pays, c “est la paresse <strong>de</strong> l’habitant.<br />

La récolte <strong>de</strong> karité est très abondante. Nous ne croyons pàs exagérer en estimant<br />

les apports probables a quelques 200 ou 250 tonnes. La question qui se pose main-<br />

tenant est : Y aura-t-il <strong>de</strong>s acheteurs ? ..~<br />

152


1930<br />

OCTOBRF<br />

Impôt : Il reste à percevoir sur l’impôt-bétail la somme <strong>de</strong> 1548fr. Cette somme<br />

vise entièrement <strong>de</strong>s indigènes qui ont quitté le cercle <strong>de</strong>puis plusieurs années déjà<br />

et qui se trouvent imposés pour ces mêmes animaux dans les cercles voisins <strong>de</strong> Dori<br />

et <strong>de</strong> Kaya. Il y a donc lieu <strong>de</strong> prévoir un dégrèvement... On peut donc consid&er~<br />

que les impôts.indigènes sont intégralement rentrés.<br />

Il est regrettable <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir constater que la situation <strong>de</strong> l’exercice 1931 restegrosst<br />

<strong>de</strong> menaces au point <strong>de</strong> vue économique et il est permis <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sil’indigènr<br />

va bien trouver Pargent.<br />

Main d’œuvre : Aucun recrutement <strong>de</strong> main d’œuvre n’a été effectué au cours <strong>du</strong><br />

mois. Par contre vingt-trois décès ont été annoncés parmi les travailleurs au servict<br />

<strong>de</strong>s Travaux Neufs <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Côte d’lYoire.<br />

Prestations : Les’ travaux exécutés sur prestations ont été complètement suspen<strong>du</strong><br />

au cours <strong>du</strong> mois afin <strong>de</strong> laisser aux indigènes le temps <strong>de</strong> protéger leurs récoltt<br />

contre les invasions quotidiennes <strong>de</strong> sauterelles, puis <strong>de</strong> vaquer aux travaux z<br />

la récolte.<br />

DBCEMBRE<br />

Main d’œuvre : Le Commandant a reçu avis <strong>du</strong> décès <strong>de</strong> dix-neuf travailleurs <strong>de</strong>s<br />

chantiers <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer. Un contingent <strong>de</strong> 250 nouveaux travailleurs pour ces<br />

mêmes chantiers est <strong>de</strong>mandé pour le 6 janvier. Le recrutement <strong>de</strong> ces hommes est<br />

actuellement en cours. Force nous est d’avouer que les indigènes ne s’en montrent<br />

que très relativement enthousiastes...<br />

Evénements particuliers au cercle :Nous exposons ici les remarques que nous avons<br />

pu faire au cours <strong>de</strong> notre tournée en pays peul.<br />

A parler franc, il nous faut avouer que notre action dans cette région est surtout<br />

théorique et que nous restons la plupart <strong>du</strong> temps dans la plus complète ignorance<br />

<strong>de</strong> ce qui SP passe... Nous ignorons tout <strong>de</strong> la vie courante <strong>de</strong> tout ce pays. Les<br />

Fulbé, éparpillés dans la brousse, sont quasi-invisibles et les seuls indigènes qu’il<br />

nous est possible <strong>de</strong> toucher au cours <strong>de</strong> nos tournées, toujours trop rapi<strong>de</strong>s, sont<br />

les Rimaibe. A peine, <strong>de</strong>-ci, <strong>de</strong>-là, quelques Fulbé se rencontrent-ils. Les rassembler<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait un temps considérable. Il feudrait presque aller les chercher un par un,<br />

et leur égaillement constant les met à l’abri <strong>de</strong> nos atteintes et aussi <strong>de</strong> celles <strong>de</strong><br />

leurs chefs.<br />

Nous ne sommes plus là en pays moré, où les gens sont groupés en cantons, en<br />

villages nettement déterminés, où ils ont <strong>de</strong>s chefs dont ils reconnaissent et respectent<br />

l’autorité, où la société est nettement hiérarchisée, où l’indivi<strong>du</strong> reste fermement<br />

attaché à sa terre.<br />

153


1930<br />

En pays peul, c’est l’@rdépendance <strong>de</strong> l’indivi<strong>du</strong> qui domine. Il existe bien <strong>de</strong>& chefs*<br />

mais leur autorité est souvent bien faible, surtout en matière administrative et bon<br />

nombre d’entre eux ont pour principale occupation <strong>de</strong> ucourir après leurs ressortis<br />

sants». Et la proximité <strong>de</strong> la limite <strong>du</strong> Soudan et <strong>de</strong> la région semi-désertique qui<br />

s ‘étend sur le Nord-Ouest <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Dori n ‘est pas faite pour faciliter la situation.. .<br />

La présence constante d’un Représentant <strong>de</strong> I’Administration s’impose impérieu-<br />

sement : le retablissement d’une subdivision à Djibo est nécessaire. Il faut là un<br />

homme jeune, actif énergique, d’un nwral soli<strong>de</strong>, qui puisse être constamment en<br />

route, sillonnant sans arr& le pays, le fouillant dans ses coins les plus reculés, se<br />

tenant continuellement au courant <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres et exercant<br />

une surveillance serrée <strong>de</strong> toute la zone limite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Colonies.<br />

Il faut aussi que dans ce pays peu1 qui s’étend sur une longueur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 100 kilo-<br />

mètres et une largeur atteignant parfois plus <strong>de</strong> cinquante kilomètres, <strong>de</strong>s routes<br />

automobilisables, pratîquables en toute saison soient construites. Des ordres ont<br />

déjà été donnes dans ce sens...<br />

Une autre considération d’ordre politique vaut encore d’être retenue : c’est la sur-<br />

veillance que, plus que sur tous autres, il importe d’exercer sur les Chefs peul, trop<br />

souvent portés aux abus, forts <strong>de</strong> la certitu<strong>de</strong> dans laquelle ils sont, que l’indigène<br />

lesé n’ira pas se plaindre à <strong>Ouahigouya</strong> en raison <strong>de</strong> la distance d’abord, et aussi et<br />

surtout en raison <strong>de</strong> ce que le paysan foulla na qu’une èonfiance relative en nous,<br />

parce que ne nous connaissant pas suffkzmment.<br />

J’ajouterai encore qu’une surveillance <strong>de</strong> toute la région limitrophe <strong>du</strong> pays moré<br />

est nécessaire. Là, peu ou point <strong>de</strong> villages !Par contre, <strong>de</strong>s isolés en masse ! Tout le<br />

secteur Sud <strong>de</strong>s cantons <strong>de</strong> Tongomayel, Djibo et Baraboulé est le refuge <strong>de</strong>s indé-<br />

pendants inossi, tant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Raya que <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et même <strong>de</strong><br />

nombreux indigènes provenant <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> Koudougou, surtout <strong>du</strong> canton <strong>de</strong><br />

Lallé.<br />

Là, ils se sentent en sécurité et à l’abri <strong>de</strong>s atteintes <strong>de</strong> leurs chefs. Pour eux, plus<br />

d’impôts, plus <strong>de</strong> prestations, plus <strong>de</strong> recruteinent <strong>de</strong> tirailleurs, non plus que <strong>de</strong><br />

travailleurs... Plusieurs tournées y ont été effectuées au cours <strong>de</strong> l’année 1930.<br />

Elles ont été généralement fructueuses et nombreux sont les indigènes qui ont été<br />

renvoyés là d’où ils étaient venus. Mais, au cours <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière tournée, le bruit<br />

m’arrivait que presque tous étaient revenus clan<strong>de</strong>stinement se réinstaller dans la<br />

r&ion même <strong>de</strong> laquelle ils avaient été écon<strong>du</strong>its...<br />

Il est enjm une autre considération qui semblera? militer en famr <strong>du</strong> rétablisse-<br />

ment <strong>de</strong> cette subdivision <strong>de</strong> Djibo : c’est la surveillance <strong>du</strong> cheptel. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

représente une importante nechesse et mérite <strong>de</strong> retenir toute notre attention. Les<br />

épizooties <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années y ont déjà creusé <strong>de</strong> sén*euses coupes sombres<br />

et les chiffres <strong>de</strong> recensement <strong>du</strong> bétail établis en 1930 sont suffisamment explicites.<br />

B ne me semble pas que Porganisation <strong>du</strong> service zootechnique dans le cercle<br />

répon<strong>de</strong> aux besoins <strong>de</strong> l’heure... La présence constante d’agents <strong>du</strong> Service Zoo-<br />

technique, au cœur même <strong>de</strong> la région d%vage, serait appelée à rendre les plus<br />

grands services : surveillance plus étroite et plus efficace <strong>de</strong>s troupeaux qui, à tout<br />

moment, viennent <strong>du</strong> Soudan pour se rendre en Gold doast et traversent toute cette<br />

région en y apportant les germes <strong>de</strong>s maladies qui s’y développent ensuite... Ce n’est<br />

1.54


1930<br />

que quand le mal est fait, souvent <strong>de</strong> nombreux jours après, pmfois même <strong>de</strong>s<br />

semaines, que nous en sommes informés à <strong>Ouahigouya</strong>, trop tard pour pouvoir<br />

agir efficacement !<br />

Du rapport annuel 1930, seules quelques<br />

feuilIes ont pu être retrouvées qui ne livrent<br />

pas <strong>de</strong> nouvelles informations par rapport<br />

à celles que nous connaissons déjà.<br />

Nous ignorons tout <strong>de</strong>s événements sur-<br />

venus en 1931, faute <strong>du</strong> moindre do-<br />

cument (?).<br />

Le commandant <strong>de</strong> cercle, parfait gestion-<br />

naire, dont nous venons d’apprécier le<br />

style, reste en <strong>poste</strong> jusqu’en avril 1932.<br />

155


m<br />

1932<br />

RAPPORTS POLITIQUES MENSUELS<br />

JANVIER<br />

Impôt : Les chefs sont complètement accaparés par les opérations <strong>de</strong> recrutement<br />

<strong>de</strong> travailleurs et <strong>de</strong> tirailleurs et ce n’est que ces opérations terminées que pourra<br />

commencer la perception...<br />

Nous ne pouvons que répéter ce que F~OUS avons déjà dit au sujet <strong>du</strong> paiement <strong>de</strong><br />

l’impôt 1932 : sa rentrée présentera certainement <strong>de</strong> très sérieuses difficultés ; lés<br />

indigè?ies n’ayant ~ensibleme??t plus dkgent et les divers pro<strong>du</strong>its susceptibles <strong>de</strong><br />

leur procurer <strong>de</strong>s ressources ayant, les uns (coton et karité) fait défaut cette année;<br />

les autres (mil et animaux) per<strong>du</strong> considérablenlent <strong>de</strong> leur valeur par suite <strong>de</strong> la<br />

supériotité <strong>de</strong> l’offre sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> (.51).<br />

Recrutement : Les opérations <strong>de</strong> recrute?nent <strong>de</strong> la classe 1932 ont commencé.<br />

Trois centres <strong>de</strong> recrutement sont prévus : Djibo, Tiharé et <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Le recrutement <strong>du</strong> <strong>de</strong>uxième conti??gent <strong>de</strong> travailleurs pour les Travaux Neufs <strong>du</strong><br />

C.F.C.I. a été effectué les 27,28 et 29 janvier. Monsieur le Lieutenant B. <strong>de</strong>s Travaux<br />

. nkufs est a?rivé pour prendre part’à la Commission (52).<br />

106.5 hommes et 21 cuisinières ont été présentés à la Commission sur lesquels<br />

352 hommes et 18 cuisinières ont été reconnus aptes aux travaux <strong>du</strong> Chemin <strong>de</strong> fer.<br />

Faits particuliers aa cercle : Artivée <strong>de</strong> Monsieur S., géologue en sentice & Soudan,<br />

venu pour rencontrer Monsieur M., directeur <strong>du</strong> Sen>ice <strong>de</strong>s Mines. Amvée égale-<br />

ment <strong>de</strong> Monsieur et Madame K., Danois, en voyage d’étu<strong>de</strong>s eth?iolo~~ques...<br />

Impôt : Le changenlent <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt pour 193.2 ayant nécessité la réfection<br />

<strong>de</strong>s rôles, la percemion <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation ??a pu être effectuée... L%npbt<br />

1932 aura <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés à rentrer ; nous sommes obligé <strong>de</strong> le répéter. Un<br />

grand nombre d “indigènes partis sur Ouagadougou pour vendre qui un mouton, qui<br />

(51) Ces informations laissent entendre que la récolte <strong>de</strong> 1931 n’a pas été très belle. Mais l’im-<br />

portant est <strong>de</strong> noter que les cultivateurs, mécontents <strong>de</strong>s conditions d’achat <strong>de</strong> leur<br />

coton et <strong>du</strong> beurre <strong>de</strong> karité, se sont préoccupés, en 1931, essentiellement <strong>de</strong> leurs cultures<br />

vivrières. Il n’y a donc, pour la campagne 1931-32, aucun pro<strong>du</strong>it qui puisse intéresser le<br />

commerce. Par voie <strong>de</strong> conséquence, aucun argent frais n’est injecté dans le Yatenga. Le<br />

numéraire se fait rare. La crise mondiale affecte <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans l’«effort économique»<br />

<strong>du</strong> Yatenga.<br />

(52) Les Travaux Publics <strong>de</strong>s colonies étaient encadrés par le personnel <strong>du</strong> génie. Il n’est donc<br />

pas étonnant qu’un officier contrôle le recrutement <strong>de</strong> travailleurs.<br />

Le nombre <strong>de</strong>s recrutements croît sensiblement. Le travail sur les chantiers reste, en<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise, la seule source d’argent possible pour les populations (Cf. note 47).<br />

156


un cheval, sont rentrés au cercle avec leurs animaux inven<strong>du</strong>s. Ils sont repartis dans<br />

d’autres directions : Kaya, Dédougou, mais il est très probable .qu’ils n’auront pas<br />

davantage d’occasion <strong>de</strong> vendre.<br />

Les chefs feront certainement le nécessaire pour récolter l’impôt, mais il est peu<br />

probùble qu ‘ils puissent le faire rentrer intégralement.<br />

Recrutement : Les opérations à l’effet <strong>de</strong> recruter 500 travailleurs ont eu lieu <strong>du</strong><br />

12 au 16 février. Il a été présenté 1650 hommes et 19 cuisinières sur lesquels il a<br />

été reconnu aptes 408 hommes et 19 cuisinières.<br />

La Commission <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s tirailleurs a examiné 4 652 jeunesgens. 294 jeunes<br />

gens ont étérecrutés, non compris les 31 bons absents récupérés au cours <strong>de</strong> Pannée,<br />

soit un total <strong>de</strong> 325.<br />

MARS<br />

Impôt : Ce n’est que le 10 mars qu’a commencé la perception <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capi-<br />

tation ; les fiches afférentes à chaque village, rectifiées suivant le nouveau taux<br />

(9,50 fr (53) au lieu <strong>de</strong> 11 fr par tête) n’ayant pu être distribuées qu ‘en fin février.<br />

A la date <strong>du</strong> 31 mars, la situation se présente comme suit :<br />

Montant <strong>de</strong>s rôles : 3249 627fi<br />

Perception <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mars : 615 387,5Ofi:<br />

Ces premiers versements sembleront un peu faibles, mais il est plusieurs facteurs<br />

<strong>de</strong>squels il importe <strong>de</strong> tenir compte et ce, sans parler <strong>de</strong> l’apathie naturelle tant <strong>de</strong>s<br />

Mossi que <strong>de</strong>s Peul, qui les pousse à ne s’occuper et s%tquiéter d’une situation quel-<br />

conque que lorsqu’ils sentent qu’ils ne peuvent plus faire autrement... De nouveaux<br />

ordres étaient donnés pour que soit poursuivie sans faiblesse ni répit la perception<br />

<strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation et nous ne doutons pas d’arriver aux plus intéressants<br />

résultats. .<br />

Mais il faut évi<strong>de</strong>mment donner aux indigènes le temps matériel <strong>de</strong> trouver et <strong>de</strong><br />

rassembler l’argent. Il faut reconnaftre que Pimpôt, encore que diminué, constitue<br />

cette année une lour<strong>de</strong> charge pour l’indigène <strong>de</strong> cette région. Ilr’d sensiblement<br />

plus d’argent. Beaucoup ont dû gratter les fonds <strong>de</strong> tiroir pour faire face aux <strong>de</strong>ux<br />

<strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> misère quTls viennent <strong>de</strong> traverser. Se procurer <strong>de</strong> largent<br />

<strong>de</strong>vient pour eux un problème <strong>de</strong>s plus ar<strong>du</strong>s : rareté et mévente <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its - avi-<br />

lissement <strong>de</strong>s prix, etc.. Sans doute, 19 <strong>de</strong>rnière récolte <strong>de</strong> mil, sans toutefois être<br />

abondante, a été satisfaisante. Elle permettra à l’indigène <strong>de</strong> tenir jusqu’a b pro-<br />

chaine et d ‘assurer leréensemencement <strong>de</strong> ses lougans. Mais elle ne saurait lui donner<br />

la latitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> vendre bien largement : il risquerait dZ%re lui-même victime <strong>de</strong> son<br />

imprévoyance... D’ailleurs, <strong>du</strong> fait que la récolte a été satisfaisante, le nombre <strong>de</strong>s<br />

acheteurs <strong>de</strong> mil s’en ressent et aussi le cours <strong>de</strong> cette cér&le. A peine atteint-il sur<br />

beaucoup <strong>de</strong> marchés 0,25 et au maximum 0,30 j? le kilo.<br />

(53) Si le Gouvernement <strong>de</strong> <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> baisser le taux <strong>de</strong> l’impôt, c’est que la<br />

situation est jugée vraiment grave. Quelques mois plus tard, la perception <strong>de</strong> toutes les<br />

taxes sera interrompue.<br />

1.57


1932<br />

Impdt sur les qnimaux : L ‘indigène ne peut.déjà, présentement, faire face à sa taxe <strong>de</strong><br />

capitation..Il.nousfautprendre patienceavant <strong>de</strong> pouvoipabor<strong>de</strong>r cetteautre taxe.<br />

Impôt : Perception <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai : 362 161 francs contre 885 598 le moisprécé-<br />

<strong>de</strong>nt. Le changement <strong>de</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle ie Ier mai a certainement eu sa<br />

répercussion sur le rythme <strong>de</strong>s rentrées ; les indigènes n ‘ayant pas manqué d ‘«essayer<br />

le Nouveau», mais les véritables causes <strong>du</strong> ralentissement constaté semblent rési<strong>de</strong>r<br />

surtout dans la situation économique.<br />

L mdigène parait avoir épuisé sa réservg d’argent et ne fait que <strong>de</strong>s recettes insigni-<br />

fiantes. Il a ven<strong>du</strong> tout le mil dont il pouvait disposer et même au-<strong>de</strong>là. Le coton, le<br />

karité, le kapok, récoltés en quantité moindre que les années précé<strong>de</strong>ntes ont été<br />

payés à <strong>de</strong>s prix inférieurs, tandis que le commerce <strong>de</strong> bétail, grasse source dargent<br />

frais au moment <strong>de</strong> l’impôt, est complètement paralysé <strong>de</strong>puis le 26 mars, date à<br />

laquelle le cercle a été déclaré totalement infesté <strong>de</strong> peste bovine.<br />

Les difficultés rencontrées pour lacquittement <strong>de</strong> l’impôt, jointes à la pénurie <strong>de</strong><br />

mil, alkmt parfois jusqu’à un commencement <strong>de</strong> disette et à la crainte d’une mau-<br />

vaise récolte provoquée par la brusque apparition <strong>de</strong>s sauterelles sur toute l’éten<strong>du</strong>e<br />

<strong>du</strong> cercle, ont occasionné, d ‘apres les renseignements obtenus, d ‘importants exo<strong>de</strong>s<br />

surtout parmi les jeunes gens et les femmes. Nombreux seraient les indigènes partis<br />

dans les cercles <strong>de</strong> Bandiagara, Dori, Kaya, pour y cultiver en même temps que se<br />

soustraire à I’impôt.<br />

Situation politique : Calme dans l’ensemble... Le 13 mai, huit villages, situés dans le<br />

voisinage <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, étaient _signalés comme manquant <strong>de</strong> mil. Monsieur <strong>de</strong> G.<br />

y fut envoyé en tournée le 24 afin <strong>de</strong> vérifier les renseignements rapportés, <strong>de</strong> hâta<br />

la perception <strong>de</strong> Pimpôt si possible et <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong> la situation générale<br />

tout au long <strong>de</strong> son itinéraire :Namssiguima, You, Bango, Issigui.<br />

Les‘Constatations faites sont peu rassurantes. Lesgreniers à mil sont dans l’ensemble<br />

peu garnis. Certains villages manquent non seulement <strong>de</strong> mil pour kt nourriture,<br />

mais également pour la semence. Les semences d’arachi<strong>de</strong> et <strong>de</strong> niébé feraient aussi<br />

défaut. L’indigène s’alimente surtout avec les fruits <strong>de</strong> la brousse et la sou<strong>du</strong>re<br />

s’annonce difficile dans la plupart <strong>de</strong>s villages visités. La situation serait analogue<br />

dans la région <strong>de</strong> Tourcoing-Bam, d après les renseignements fournis par la Mission.<br />

Le cercle a été envahi par les sauterelles. Le premier vol a été signalé télégraphique-<br />

ment, mais <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreux et importants nuages ont été observés en différents<br />

points. Une crainte assez marquée s’est manifestée chez l’indigène et le prix <strong>du</strong> mil<br />

a immédiatement monté sur certains marchés : <strong>de</strong> 0,35 a 0,80 à You.<br />

>n attendant d’être plus complètement informé sur la situation, nous proposons<br />

que soit interdite la fabrication <strong>de</strong> bière <strong>de</strong> mil et <strong>de</strong>mandons lautorisation <strong>de</strong> dis-<br />

tribuer aux villages dépourvus <strong>de</strong> semences 1500 kg d arachi<strong>de</strong>s stockées dans les<br />

greniers <strong>de</strong> l’École où elles commencent à sàbimer. Ces graines ont été fournies<br />

158<br />

MAI


gratuitement au début <strong>de</strong> l’année par la population pour servir à l’alimentation <strong>de</strong>s<br />

élèves. Il resterait I 784 kg en magasin : quamïté suffisante pour faire face à la<br />

rentrée d’octobre et attendre la récolte <strong>de</strong> février.<br />

Télégramme-lettre, 14 juin 1932<br />

Gouverneur p.i. <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> a Cercle <strong>Ouahigouya</strong><br />

Suite à. rapport mensuel <strong>de</strong> mai. Vous autorise à distribuer pour ensemencement les<br />

I $00 kg d.‘aracht<strong>de</strong>s non nécessaires à 1’Rcole Régionale.<br />

Suis par contre opposé à interdiction fabrication bière <strong>de</strong> mil ; celle-ci ne pouvant,<br />

avec moyens dont disposez, être efficace. Fabrication clan<strong>de</strong>stine rendrait cette<br />

mesure illusoire et un tel échec serait nuisible au prestige <strong>du</strong> Comman<strong>de</strong>ment. Ne<br />

me paraît pas au .surplus opportun <strong>de</strong> donner à une population déjà inquiète ce<br />

motif supplémentaire <strong>de</strong> mécontentement.<br />

Visitez les mntonsquimanquent <strong>de</strong> semences et <strong>de</strong> vivres, assurez leur ravitaillement<br />

par cantons voisins plus favorisés en ayant soin <strong>de</strong> noter prêts indivi<strong>du</strong>ellement (par<br />

chef <strong>de</strong> case). Remboursements <strong>de</strong>vront avoir lieu dès récolte avec une mesure<br />

supplémentaire : 10 à 20 % (par exemple, une petite calebasse contenant 2 kg, par<br />

tine <strong>de</strong> mil empruntée) (54).<br />

Vous signale que pour recensement ressources vivrières, il y a lieu, non pas seulement<br />

<strong>de</strong> compter les greniers vi<strong>de</strong>s par rapport à ceux qui sont remplis, mais <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />

sondages d’après l’exemple c&rès :<br />

Gmton <strong>de</strong> . . . Village <strong>de</strong> . . . Famille : Tenga Tapsoba - Hommes : 13 - Femmes : 12 -<br />

Enfants : 11 - Total 36 personnes. Pro<strong>du</strong>ction : mil . ..1500 kg - arachi<strong>de</strong>s . ..300 kg -<br />

riz...50 kg - pois <strong>de</strong> terre...350 kg - maïs...50 kg - Total : 2250 kg. Ce poids obtenu<br />

par une moyenne <strong>de</strong> plusieurs pesées et ensuite un simple cubage <strong>de</strong>s greniers (en y<br />

comprenant les petits greniers situés à 1 Wérieur <strong>de</strong>s cases).<br />

Après plusieurs sondages effectués dans un même village, on établit la moyenne <strong>de</strong>s<br />

ressources indigènes, par habitant et l’on divise par le nombre <strong>de</strong> jours restant jus-<br />

qu’à la récolte prochaine (<strong>de</strong> maïs ou <strong>de</strong> haricots, ou bien <strong>de</strong> mil, si ces <strong>de</strong>ux pre-<br />

mières ne paraissent pas <strong>de</strong>voir suffire). Le quotient obtenu doit donner 1 kg si lir<br />

situation est bonne - ‘0,500 kg si les réserves sont juste suffisantes. En<strong>de</strong>ssous, <strong>de</strong>s<br />

secours sont nécessaires.<br />

Les ch$fies indiqués ci-<strong>de</strong>ssus n’ont qu ‘une valeur approximative, qu’il y a lieu <strong>de</strong><br />

rendre plus exacte par <strong>de</strong>s expériences répétées. Il faut également tenir compte <strong>de</strong>s<br />

autres ressources possibles (petites in<strong>du</strong>stries locales) et <strong>de</strong> la race <strong>de</strong>s habitants<br />

(peu1 se nourrissant d’une majeure partie <strong>de</strong> laitages) (55).<br />

(54) ‘thé : bidon <strong>de</strong> pétrole ou caisse métallique d’essence. Le contenu d’une tine représente en<br />

poids 13 à 14 kg <strong>de</strong> grains.<br />

(55) Ces enquêtes, renforcées <strong>de</strong> calculs savants, supposent, pour être réalisées, une multi-<br />

tu<strong>de</strong> d’adjoints. or le temps presse ! Les dispositions proposées par le Gouverneur sont<br />

inapplicables.<br />

159


1932<br />

Impôt : Les rentrées sont <strong>de</strong> R~US en plus pénibles. L’argent se raréfie. L’examen <strong>de</strong>s<br />

rôles montre cependant que la lenteur <strong>de</strong>s rentrées est <strong>du</strong>e autant à la carence <strong>du</strong><br />

comman<strong>de</strong>ment indigène qu’à la situation économique difficile.<br />

Tandis que certains cantons ont payé les <strong>de</strong>ux-tiers ou la presque totalité <strong>de</strong> l’impôt<br />

<strong>de</strong> capitation, les cantons voisins ayant une situation i<strong>de</strong>ntique en ont à peine versé<br />

le tiers et souvent encore moins. Il y a même une dizaine <strong>de</strong> villages dans le cercle<br />

qui n ‘ont pas encore versé un centime, signe évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> mauvaise volonté. Les chefs<br />

<strong>de</strong> ces villages vont être mis en <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> s’acquitter et seront changés s’ils ne<br />

s’exécutent pas. Quelques sanctions (suspension <strong>de</strong> sol<strong>de</strong>) seront également <strong>de</strong>mandées<br />

contre <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> canton qui se sont montrés négligeants, insuffisants ou<br />

défaillants.<br />

JUIN<br />

Situation politique : Elle a motivé la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> Cercle <strong>de</strong> se<br />

rendre à Ouagadougou, pour recevoir les instructions <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> la Colonie.<br />

Faits particuliers au cercle : Examen <strong>du</strong> certificat d’étu<strong>de</strong>s primaires : dix candida-<br />

tures présentées ; <strong>de</strong>ux reçus.<br />

Arrivée <strong>de</strong> Monsieur B., Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> l’Agriculture, qui assiste au Conseil<br />

d Administration et à 1 ‘assembléegénérale <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance <strong>du</strong> cercle (56).<br />

JUILLET<br />

Impôt : Perçus pendant le mois 222885 fr. Reste à percevoir à titres divers :<br />

1044 586,15 francs.<br />

Certains cantons semblent avoir atteint la limite <strong>de</strong> leur capacité contributive...<br />

On peut prévoir dès maintenant <strong>de</strong>s dégrevements...<br />

Recrutement : Le recensement <strong>de</strong>s jeunes gens <strong>de</strong> la classe 1933 est commencé. La<br />

plupart <strong>de</strong>s jeunes gens sont absents <strong>de</strong>s villages...<br />

Situation approvisionnements : La venue <strong>de</strong>s pluies va permettre <strong>de</strong> mieux suppor-<br />

ter kz pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re. Les ensemencements ont été généralement supérieurs à<br />

ceux <strong>de</strong> 1 année précé<strong>de</strong>nte. Des semences ont été distribuées à une dizaine <strong>de</strong> vil-<br />

lages : 800 kg <strong>de</strong> mil et 1152 kg d’arachi<strong>de</strong>s. Quelques villages doivent encore venir<br />

prendre ce qui leur est <strong>de</strong>stiné.<br />

(56) Créée en mars 1931 à <strong>Ouahigouya</strong>. Les Sociétés <strong>de</strong> Prévoyance ont été instituées dans les<br />

colonies, après la mauvaise récolte 1929-30, pour tenter d’unir les paysans dans <strong>de</strong>s actions<br />

communes et insuffler en milieu rural l’esprit mutualiste ! C’est le début, timi<strong>de</strong>, d’un<br />

encadrement agricole.<br />

160


1932<br />

Impôt :Perçu ce mois : 22 885,45 fi: Reste à percevoir : 932 398,65 j?.<br />

AOÛT<br />

Situation politique : Sans changement. Une épuration <strong>de</strong> la population flottante <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> a été entreprise à la suite d’un vol <strong>de</strong> quelques kilos <strong>de</strong> mil commis dans<br />

les magasins <strong>de</strong> la prison: Un certain nombre <strong>de</strong> condamnations pour vagabondage<br />

en a résulté...<br />

Les anciens tirailleurs <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, et probablement <strong>de</strong> l’ensemble <strong>du</strong> cercle, se<br />

sont exemptés <strong>du</strong> paiement <strong>de</strong> l’impot ainsi que leurs familles (5 7).<br />

Le 29 août : réapparition <strong>de</strong>s sauterelles dans le cercle...<br />

Impôt :Perçu : 33 944,OSfi. Reste à percevoir : 909 034,15 fr.<br />

SEPTEMBRE<br />

Situation politique : Inchangée dans l’ensemble. A signaler quelques indices <strong>de</strong><br />

nervosité <strong>du</strong> côté <strong>de</strong> la Mission <strong>de</strong> Bam. Il est à craindre, si <strong>de</strong>s conseils <strong>de</strong> modé-<br />

ration ne lui sont pas adressés par les personnalités autorisées que <strong>de</strong>s difficultés ne<br />

renaissent, compliquant la situation politique déjà peu brillante. Semblables diftï-<br />

cuités seraient particulièrement regrettables au moment <strong>de</strong> la préparation <strong>de</strong>s opé-<br />

rations <strong>de</strong> recrutement (militaire et main d’ceuvre) (58).<br />

OCTOBRE<br />

Impôt : Ont été per&us <strong>de</strong>puis le Ier janvier 1932 : 2 692 905,35 fïz Reste à perce-<br />

voir : 851148,2Ofi. Et2 exécution <strong>du</strong> télégramme 5088 AP <strong>du</strong> 21 septembre 1932,<br />

ordre a étédonné à tous les chefs <strong>de</strong> village <strong>de</strong> se présenter à l’Agence Spéciale avant<br />

le 15 octobre pour y verser les sommes entre leurs mains ou déckuer qu’ils ne<br />

. détenaient rien au titre <strong>de</strong> l’impôt...<br />

Les indigènes peu habitués à ce qu ‘une partie <strong>de</strong> leurs impositions reste impayée,<br />

comprirent dans bien <strong>de</strong>s villages qu “il fallait reprendre la perception et nous dûmes<br />

(57) Preuve manifeste d’insubordination, surtout <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> gens qui sont censés avoir mieux<br />

assimilé que la masse <strong>de</strong> la population les lois françaises. La situation se dégra<strong>de</strong>...<br />

(58) Depuis son installation à Bam en 1923, la mission <strong>de</strong>s Pères Blancs n’en est pas à ses<br />

premières escarmouches avec l’administration. 11 ne faut pas perdre <strong>de</strong> vue que les agents<br />

<strong>de</strong> l’administration française étalent en majorité laïques, anticléricaux et soupçonnés, par<br />

les missionnaires, d’appartenir aux loges maçonniques. Les bons Pères se plaignaient <strong>de</strong>s<br />

manœuvres sournoises <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s commandants <strong>de</strong> cercle, <strong>de</strong>s tracasseries tendant à<br />

jeter un discrédit sur leur œuvre d’apostolat et d’é<strong>du</strong>cation.<br />

161


1932<br />

réitérer <strong>de</strong> nombreuses fois rws ordres et explications aux représentants ou chefs<br />

éberlués...<br />

Il s’agit <strong>de</strong> la décision <strong>du</strong> Gouverneur <strong>de</strong> la<br />

<strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> d’arrêter au 15 octobre 1933 la<br />

perception <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation, compte<br />

tenu <strong>de</strong> l’insolvabilité <strong>de</strong> la population.<br />

NOVEMBRE<br />

Impôt : La perception <strong>de</strong>s impots <strong>de</strong> capitation et taxe sur le bétail a été définitive-<br />

ment arrêtée le 7 novembre.<br />

Situation politique : . . . la population <strong>du</strong> cercle se désintéresse totalement <strong>de</strong>s intri-<br />

gues ourdies par un clan <strong>de</strong> pécheurs en eau trouble, totalement dénués <strong>de</strong> scrupules<br />

et ne reculant <strong>de</strong>vant aucun moyen. L Xtat major (<strong>de</strong> ce clan) est à Ouagadougou,<br />

en partie dans les bureaux mêmes <strong>du</strong> Gouvernement... Il en résulte que seul<br />

le Chef-lieu (Ouagadougou) peut mettre un terme aux. agissements dont le<br />

cercle souffle <strong>de</strong>puis trop longtemps. Cette tâche est d’autant plus aisée que les<br />

bons résultats <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière récolte ont enlevé à la popubtion le seul motif un<br />

peu sérieux <strong>de</strong> mécontentement. On peut être certain, en tous cas, que les diffi-<br />

cultés qui pourraient surgir au cours <strong>de</strong>s prochains mois seront entierement pro-<br />

voqués <strong>de</strong> l’extérieur . ..(59). 1<br />

Prestations : Les travaux <strong>de</strong> remise en état <strong>de</strong>s routes automobilisables ont été<br />

commencés en raison <strong>de</strong>s ordres reçus concernant le passage <strong>du</strong> Gouverneur Général<br />

<strong>de</strong> 1’A.O.F. . . .<br />

Les greniers provisoires <strong>de</strong> section ont été commencés et sont en voie dachèvement.<br />

Des stocks y seront déposés dès les premiers jours <strong>de</strong> décembre (60).<br />

(59) Ce passage est énigmatique <strong>de</strong> même que les extraits <strong>du</strong> rapport annuel qui suivent.<br />

L’impression qui se dégage <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers rapports <strong>de</strong> l’année 1932 est celle d’une psychose<br />

s’emparant <strong>du</strong> personnel <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment. L’explication sera fournie dans le rapport<br />

<strong>de</strong> janvier 1933 (cf. TroisiBme pério<strong>de</strong>).<br />

160) Après la bonne récolte <strong>de</strong> 1932, les autorités veillent à la remise en état <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong><br />

réserves.


1932<br />

La fin <strong>de</strong> lirnnée 1931 fut marquée par : <strong>de</strong>ux vols <strong>de</strong> 1 II 000 et 5 000 fi+. constatés<br />

à l’Agence Spéciale ; k condamnation <strong>du</strong> Togo-Naba à 1000 fr d’amen<strong>de</strong> et trois<br />

ans d’interdiction <strong>de</strong> séjour ; la condamnation <strong>du</strong> gérant <strong>de</strong>s PTT à huit ans <strong>de</strong><br />

prison pour déficit <strong>de</strong> 50 000 fr.<br />

En janvier, éclata un conflit entre le Commandant <strong>de</strong> cercle et la Mission <strong>de</strong> Bam.<br />

Après l’arrivée <strong>du</strong> nouveau Commandant. <strong>de</strong>s affaires dr(rent être réglées dans les<br />

cantons <strong>de</strong> Riziam, Ktiguitenga. Rattenga . . .<br />

En mars, mourut le chef <strong>de</strong> canton <strong>de</strong> Oula. Des intrigues se twuèrent immédia-<br />

tement, en vue et à l’occasion <strong>de</strong> son remplacement... Nous avons dénoncé les<br />

agissements d ‘zrne coterie <strong>de</strong> fonctionnaires indigènes visant, par <strong>de</strong>s manoeuvres<br />

tortueuses, à nous imposer ses vues politiques... Monsieur 1 kpecteur <strong>de</strong>s Affaires<br />

Administratives, lors <strong>de</strong> sa tournke <strong>de</strong> septembre, reconnut que ale cercle <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> est <strong>de</strong>puis longtemps le théàtre d ‘intrigues tellement nombreuses <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> l’entourage <strong>de</strong>s chefs et même <strong>de</strong> certains agents <strong>de</strong> I’Administration, que<br />

tout ce qui en émane jusqu ‘a présent ne l’est que dans un but tendancieux et ne<br />

doit être accepté qu’avec la plus gran<strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce, . . .<br />

Une évi<strong>de</strong>nce s Impose : le Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est constamment<br />

paralysé dans son action. Monsieur <strong>de</strong> B. a constaté qu’ail est actuellement impos-<br />

sible au Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire une enqu&e dans le but <strong>de</strong> découvrir la<br />

vérité, tant sont diverses les influences qui ten<strong>de</strong>nt à l’isoler <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong>s<br />

évènements <strong>de</strong> sa circonscr@tiona.<br />

Non moins évi<strong>de</strong>nte est la place exag&+ment encombrante prise en matière poli-<br />

tique par la classe indigène <strong>de</strong>s ,&volués.y. Ceux-ci, fonctionnaires, boutiquiers,<br />

agents divers, lettrés ou non. en contact étroit avec le Blanc, ont srrpplant& sur ce<br />

terrain les notables et chefs coutumiers et constituent maintenant la véritable aristo-<br />

cratie indigène. Sonactivités’exercerarement en notre faveur, moins souvent encore<br />

dans l’intérêt <strong>de</strong> la masse. Quant aux chefs. elle en dispose. provoquant nominations<br />

et révocations par <strong>de</strong>s informations habilement rapportées aux Européens suscep-<br />

tibles <strong>de</strong> servir ses <strong>de</strong>sseins <strong>du</strong> moment... Nous <strong>de</strong>vrons nous souvenir que. plusieurs<br />

fois au cours <strong>de</strong> l’année 1932, mous ~tous sommes heurtés à la volonté antagoniste<br />

<strong>de</strong> clans ou même d’indivi<strong>du</strong>s et que, s’il faut en croire les bruits <strong>recueil</strong>lis, dans une<br />

occasion il aurait été déclaré qu’on ne souffrirait pas, <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle,<br />

une décision différente <strong>de</strong> celle atten<strong>du</strong>e...<br />

Une minorité d irnciens tirailleurs existe, qui cherche à graviter autour <strong>de</strong>s Européens.<br />

venant grossir la classe <strong>de</strong>s évolués. US recherchent toutes sortes d émplois : percep-<br />

teurs <strong>de</strong> marchés, cantonniers, goumiers et, une fois en place, savent tirer tous les<br />

profits licites ou non. Ils ont pris lkbitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ne pas payer l’impôt, attitu<strong>de</strong> qui<br />

semble avoir été favorisée par une certaine politique. A <strong>Ouahigouya</strong> existe un clan<br />

d’anciens tirailleurs pensionnés, habitués <strong>de</strong>s marchan<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dolo, chez lesquelles ils<br />

se rencontrent et discutent toute la journée <strong>de</strong> choses et d’autres. Une surveilkmce<br />

spéciale <strong>de</strong>vra s’exercer sur ce mili-u qui nous a été signale’ comme travaillé en<br />

sous-main.<br />

163


164


La pério<strong>de</strong> 1922-1932 est celle d’une tentative<br />

forcenée pour «développer)) le cercle, c’est-<br />

à-dire exploiter ((au maximum» ses possibi-<br />

lités agricoles, mais encore son capital humain,<br />

au bénéfice <strong>de</strong>s colonies voisines, <strong>de</strong>s travaux<br />

d’infrastructure fédérale et surtout <strong>de</strong> la mé-<br />

tropole.<br />

Jamais encore, les populations n’ont eu à se<br />

soumettre à tic telles contraintes, au nom <strong>de</strong><br />

l’œuvre civilisatrice. Les autorités, jouent sur<br />

tous les tableaux : cultures, recrutements <strong>de</strong><br />

main p’œuvre, conscription, prestations, impôts,<br />

taxes nouvelles.<br />

Pour attirer les faveurs <strong>du</strong> dieu Commerce (avec<br />

un C majuscule), on veut tirer parti <strong>de</strong> tout. La<br />

décennie 22-32 est un banc d’essai : coton, cire,<br />

kapok,beurre <strong>de</strong> karité,miel, indigo, tabac, sésa-<br />

me, doivent être fournis sur ordres. Le person-<br />

nel administratif et les bons pères <strong>de</strong> la mission<br />

montrent l’exemple : les pépinières <strong>de</strong> kapo-<br />

kiers sont aménagées, <strong>de</strong>s arbres fruitiers (man-<br />

guiers) sont distribués aux chefs, le coton Allen<br />

est intro<strong>du</strong>it, l’élevage <strong>du</strong> mérinos est tente et...<br />

Monsieur BOUSSAC veille, par personnes inter-<br />

poJées, à ce que ce dynamisme ne faiblisse pas.<br />

L’administrateur s’acharne à appliquer manu<br />

militari les circulaires qui tombent les unes<br />

apres les autres «pour renforcer les cultures<br />

in<strong>du</strong>strielles». 11 exige «le plein ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />

chefs coutumiers en matière agricole et commer-<br />

ciale)) et se réjouit <strong>de</strong> voir la concürrence s’exer-<br />

cer entre les commerçants. L’impôt augmente...<br />

Pour l’évacuation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its, l’administration<br />

réquisitionne les animaux <strong>de</strong> bât et leurs pro-<br />

priétaires, lève mille hommes en quelques jours<br />

pour aménager une route ou réparer les ponts<br />

(que les camions détruisent à chaque campagne)<br />

ou encore pour répondre aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>du</strong><br />

Chemin <strong>de</strong> fer. Ce «forcing» est apparemment<br />

couronné <strong>de</strong> succès en 1928 et $930, mais à<br />

quel prix !...<br />

Les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s populations se dégra-<br />

<strong>de</strong>nt :-le taux <strong>de</strong> l’impôt monte ; le prix <strong>du</strong> mil<br />

aussi, mais celui <strong>du</strong> coton et <strong>du</strong> kapok baisse,<br />

suivis <strong>de</strong> tous les autres prix d’achats <strong>de</strong>s pro-<br />

<strong>du</strong>its commercialisés... La crise !<br />

165


166<br />

Le cheptel est décimé par les épizooties et les<br />

paysans se débarrassent <strong>de</strong> leurs animaux<br />

porteurs pour ne plus avoir a n5pondre aux<br />

réquisitions. Les jeunes gens fuient en Gold<br />

Coast par milliers ; <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> familles<br />

cherchent. à s’implanter dans les zones <strong>de</strong> refuge<br />

périphériques pour échapper aux multiples<br />

contraintes. Les années 1930 - 1932 sont<br />

infernales.<br />

Toutefois, les autorités continuent à avoir bonne<br />

conscience, quand elles ne se désintéressent pas<br />

purement et simplement <strong>de</strong> savoir si la popula-<br />

tion mange à sa faim. Le commandant fait véri-<br />

fier l’état <strong>de</strong>s greniers à mil, mais lorsque les<br />

disettes sont évi<strong>de</strong>ntes, ne veut rien savoir :<br />

il s’agit <strong>de</strong> percevoir l’impôt et il sanctionne !<br />

Malgré la gravité <strong>de</strong> la situation, le souci <strong>de</strong>s<br />

administrateurs est le contrôle pour le contrôle<br />

et tous les efforts sont ten<strong>du</strong>s vers une gestion<br />

saine.<br />

Bien à part <strong>de</strong> tout cela, comme si <strong>de</strong> rien<br />

n’était, la vie <strong>du</strong> <strong>poste</strong> continue à être bien<br />

réglée. Le nombre <strong>de</strong>s Blancs augmente, les<br />

élèves rentrent en classes ou partent en vacances<br />

au rythme <strong>de</strong>s saisons, les touristes font étape<br />

à <strong>Ouahigouya</strong> et le Gouverneur fait une inspec-<br />

tion <strong>de</strong> routine.


TROISIEME PBRIODE : 1933 - 1941<br />

&e temps <strong>de</strong>s bienfaits»


165<br />

Les informations se font rares pour I’année<br />

1933. Mis à part le document d’inspection<br />

daté <strong>de</strong> janvier, nous n’av%ns retrouvé,<br />

parmi <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> télégrammes-lettres,<br />

qu’un seul rapport trimestriel présentant<br />

un certain intérêt. Il révèle les impressions<br />

<strong>du</strong> nouveau commandant <strong>de</strong> cercle, nom-<br />

mé à <strong>Ouahigouya</strong>.<br />

La rareté <strong>de</strong> l’information pour cette année<br />

est sans doute liée & la réorganisation admi-<br />

nistrative, conséqueke <strong>de</strong> la nouvelle ap-<br />

partenance <strong>du</strong> cercle à la Colonie <strong>du</strong><br />

Soudan. De ce fait, 1’Administrateur n’a<br />

guère eu la .possibilité d’effectuer <strong>de</strong>s tour-<br />

nées dans sa circonscription. Cette situation<br />

a été aggravée par l’absence d’un Comman-<br />

dant en titre <strong>de</strong> janvier à avril 1933).<br />

Pour 1934 et 1935, nous disposons d’une<br />

série <strong>de</strong> télégrammes, adressés chaque mois<br />

au Gouverneùr <strong>du</strong> Soudan. L’institution <strong>du</strong><br />

téldgramme mensuel semble généralisée<br />

dans la colonie au cours <strong>de</strong> ces années.<br />

Une circulaire <strong>du</strong> 19 mars 1934 rappelle<br />

que seuls les faits politiques <strong>du</strong> mois doivent<br />

donner lieu à l’établissement <strong>du</strong><br />

t~légramrne o 1 ficiel et qu’il est inutile <strong>de</strong><br />

donner d’autres informations, notamment<br />

sur les tournées. Les rapports trimestriels<br />

qui auraient pu avantageusement compléter<br />

la sécheresse <strong>de</strong> ces télégrammes n’ont<br />

pas toujours été retrouvés.<br />

Les documents intéressant les années sui-<br />

vantes, jusqu’en 1941, sont <strong>de</strong> valeurs iné-<br />

gales et ne permettent plus <strong>de</strong> suivre pas à<br />

pas la politique <strong>de</strong>s administrateurs. Toute-<br />

fois, quelques rapports mensuels, trimes-<br />

triels, ou les comptes-ren<strong>du</strong>s d’inspection<br />

jettent encore quelques lumières sur la vie<br />

<strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et sur les hommes<br />

qui le comman<strong>de</strong>nt.


1933 DOCUMENTSDIVERS<br />

Rapport <strong>de</strong> l’hspecteur <strong>de</strong>s Affaires Administratives<br />

à Monsieur-le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français<br />

au sujet <strong>de</strong> la situation politique génér+le <strong>du</strong> Cercle <strong>de</strong> Chahigouya<br />

le 13 janvier 1933.<br />

Le décret <strong>du</strong> 3 septembre 1932 prescrivant la suppression <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>- <strong>Volta</strong> <strong>de</strong>vait<br />

entrer en vigueur à compter <strong>du</strong> Ier janvier 1933.<br />

Prenant les <strong>de</strong>vants et pour être certain que son appel parvienne a Koulouba, dès la<br />

mise en application <strong>de</strong>s dispositions précitées (rattachement <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

au Soudan), le Commandant <strong>de</strong> cercle adressait dès le 21 décembre au Chef-lieu un<br />

télégramme-lettre... Les termes <strong>de</strong> cette correspondance étaient tels que vous avez<br />

cru bon <strong>de</strong> m’envoyer a <strong>Ouahigouya</strong> pour examiner la situation politiquegénérale<br />

<strong>du</strong> cercle’.. L’Administrateur semblait laisser supposer qu *elle était loin d’être<br />

satisfaiwite...<br />

Je puis tout dabord vous assurer que, pour l’instant, aucun inci<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> moment ne<br />

met en péril la bonne marche <strong>de</strong> la circonscription... De la lecture <strong>de</strong> la correspon-<br />

dance et <strong>de</strong>s rapports, il semble ressortir une certaine déformation <strong>de</strong>s événements<br />

et <strong>de</strong> leurs conséquences, ainsi que le continuel souci <strong>de</strong> les voir se ramener à <strong>de</strong>s<br />

questions <strong>de</strong> personnes.<br />

. . . Je n’entends pas dire que tout ce qui a été souligné soit sans importance. Cepen-<br />

dant, <strong>de</strong>s faits <strong>du</strong> même ordre ne sont pas lapanage <strong>du</strong> Yatenga ; vols, détoume-<br />

ments, enquêtes, conflits sont relevés dans d’autres cercles. Le reproche que l’on<br />

peut adresser à Z’Administrateur, ou à ses prédécesseurs, est <strong>de</strong> n avoir pas su les<br />

prévenir ou encore <strong>de</strong> ne les avoir pas étudiés lorsqu’ils sont intervenus avec le<br />

calme indispensable dont doit être nanti le Commandant <strong>de</strong> cercle pour rester à la<br />

hauteur <strong>de</strong>s circonstances... Il n’y a pas là matière B émotionner un Commandant<br />

<strong>de</strong> cercle sur <strong>de</strong> lui.<br />

L ‘Administrateur ne m’a pas caché qu ‘il venait d’être en proie à une forte dépres-<br />

sion nerveuse qui n’avait disparu qu’à l’annonce <strong>de</strong> mon arrivee prochaine... Il n’a<br />

pas non plus nié qu’il avait été débordé par les responsabilités encourues... Je crois<br />

l’avoir quitté en le laissant calme, mais il est certain qu’il est encore trop jeune et<br />

pas assez sûr <strong>de</strong> lui pour conserver le comman<strong>de</strong>ment <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>...<br />

En tout état <strong>de</strong> cause, il paraît préférable <strong>de</strong> ne plus le laisser à lui-même et <strong>de</strong> le<br />

mettre en sous-ordre. Il est assez intelligent pour avoir compris cette nécessité et<br />

en avoir <strong>de</strong>mandé lui-même la réalisation.<br />

Ii’ ne serait peut-être également pas sans intérêt <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r d’autres mutations pour<br />

renouveler l’air <strong>de</strong> ce <strong>poste</strong> autrefois si calme et si facile à con<strong>du</strong>ire.<br />

169


1933<br />

RAPPORT POLITIQUE, DEUXIÊME TRIMESTRE<br />

Situath gt?tu?raïi? :iIf’ayant pris que <strong>de</strong>puis environ six semaines h? comman<strong>de</strong>ment<br />

<strong>du</strong> cercle et ntiyant pu. encore me <strong>de</strong>placer hors <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce (j’ai toutefojs<br />

I’intentiorz <strong>de</strong> faire incessament quelques tournées) l’exposé qu’il me sera possible<br />

<strong>de</strong>. fate sur la situation <strong>de</strong> cette circonscription seru nécessairement plus general<br />

qu ‘appvofondi.<br />

L’impression laissée par mon premier contact avec les habitants est favorable...<br />

Dans l%wemble, la popuhstkm se montre plut& docile à accomplir ses obligations<br />

administratives et paraft respectueuse <strong>de</strong> ses chefs. Son principal défaut <strong>de</strong>meure,<br />

en <strong>de</strong>hors d’une indolence commune à toutes les races noires, un go& excessif,<br />

surtout chez les’Mossis, pour les boissons fermentees, origine <strong>de</strong> nombreux inci<strong>de</strong>nts<br />

plus ou moins dramatiques.<br />

Chefs Imi&%tes : On doit signaler leur bon esprit et, presque toujours, leur bonne<br />

volonte. Le concours qu ‘ils sont capables <strong>de</strong> nous apporter <strong>de</strong>meure neanmoins très<br />

restreint. ll ne faut guère compter sur eux que pour la perception <strong>de</strong>s impots, le<br />

recrutement militaire et <strong>de</strong> travailleurs, la police générale, et encore l’action administrative<br />

doit-elle s’exercer avec une constante persévérance pour obtenir un ren<strong>de</strong>ment<br />

satisfaisant, Deux causes paraissent etre à l’origine <strong>de</strong> cet état <strong>de</strong> choses :<br />

I - une évolution <strong>de</strong> la formation professionnelle insuffisante (aucun chef n’est<br />

lettre, ni possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> secrétaire) alors que l’administration s’est considérablement<br />

développée ;<br />

2 - une crainte perpétuelle <strong>de</strong>s intrt’gues et <strong>de</strong>s dénon@ations qui paralyse souvent<br />

leur action... :<br />

Gmtributions directes : La perception <strong>de</strong>s contributions directes constitue un <strong>de</strong>s<br />

meilleurs elements permettant d’apprécier la situation politique d’une circonscrip<br />

tien,.. Encore que le taux <strong>de</strong>s impots soit, à <strong>Ouahigouya</strong>, relativement mo<strong>de</strong>%!, les<br />

impots n’en constituent pas moins une lour<strong>de</strong> charge pour une population ne disposant,<br />

surtout en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> crise économique, que <strong>de</strong>s médiocres ressources provenant<br />

<strong>de</strong> Sexploitation <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its g&?ralement pauvres. Ces ressources sont surtout<br />

representées par la fabrikation <strong>de</strong> beurre <strong>de</strong> karité, l’in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong>s ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coton,<br />

l’exploitation <strong>de</strong>s kapokiers, la vente <strong>du</strong> croft <strong>de</strong>s cheptels ovins et equins, la vente<br />

<strong>de</strong> l’exce<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s cultures Vivr&es. L’exportation <strong>du</strong> bétail bovin est, par contre, le<br />

gros revenu <strong>de</strong>s pasteurs Qeulhs, un QQU plus favorisés sous ce rapport que les<br />

cultivateurs sé<strong>de</strong>ntaires.<br />

Enfin, il convient d’ajouter, pour l’ensemble <strong>de</strong> la population, certaines ressources<br />

contribuant indirectement à répeuldre une quantite assez importante <strong>de</strong> numéraire,<br />

Je VQUX parler <strong>de</strong>s mandats provenant <strong>de</strong> l’extérieur et <strong>du</strong> paiement <strong>de</strong>s diverses<br />

pensions qui, pour le premier semestre 1933 se chiffrent respectivement à 42 730 fr<br />

et 112503 francs.<br />

Au abut <strong>de</strong> l’année, un certain flottement s’est pro<strong>du</strong>it dans la perception <strong>de</strong><br />

l%nQot personnel. Les dégrèvements massifs opérés fin 1932 dans la colonie <strong>de</strong> la<br />

D&e-volta avaient laisse, au moins dans certaines parties <strong>du</strong> cercle, 1 ‘impression<br />

170


1933<br />

que I’Administration locale renoncerait complètement cette année ri réclamer les<br />

.impôts directs, conception qu’il a été nécessaire <strong>de</strong> réformer. Commencés assez<br />

tardivement, les recouvrements n’atteignaient à la fin <strong>du</strong> premier trimestre que<br />

285 617 francs pour un rôle <strong>de</strong> 2 556 460 francs. Par contre, dès le début <strong>du</strong> second<br />

trimestre l’administrateur-adjoint, chargé <strong>de</strong> l’expédition <strong>de</strong>s affaires courantes,<br />

donnait à la rentrée <strong>de</strong>s impôts une vigoureuse impulsion qui a été <strong>de</strong>puis main-<br />

tenue. A la fin <strong>du</strong> semestre écoulé, les paiements ont atteint au total 1652 697.f?...<br />

Questions religieuses : Certains rapports <strong>de</strong> mes prédécesseurs ont signalé le dévelop-<br />

pement <strong>de</strong> la religion islamique et en particulier une tendance à Saf~li@ion à la<br />

secte Tidjani (chapelet à onze grains). Il est à noter que cette question n’a eu, jus-<br />

qu ‘à ce jour, aucune répercussion sur la situation politique.<br />

En ce qui concerne la mission catholique <strong>de</strong> Tourcoing-Bam, les archives <strong>du</strong> cercle<br />

mentionnent <strong>de</strong>s désaccords assez fréquents survenus entre elle et lildministration<br />

<strong>du</strong> cercle.. .<br />

TÉLÉGRAMME No 215 DU ler AOÛT 1933<br />

Situation politique excellente ensemble cercle. Principal événement : fête nationale<br />

à laquelle ont assisté tous chefs et notables. Recouvrement impôtjuillet: 390 000 fr,<br />

portant reste recouvrement à 510 000 j?. Populations continuent fournir gros effort<br />

pour acquittement complet. ‘.<br />

171


1934 DC9CUMENTS DIVERS<br />

TÉLl?XXiMME o 76 DU ler FÉVRIER<br />

A Gouverneur Koulouba. - Situation politique excellente ensemble cercle. Seul fait<br />

important, recrutement militaire au cours <strong>du</strong>quel population a montré attachement<br />

et loyalisme habituels, ayant répon<strong>du</strong> appel sans aucune abstention.<br />

TÉLEGRAMME N” 135 DU ler MARS<br />

Malgré difficulté procurer numéraire, populations ont fourni gros effort pour<br />

acquitter impôts dont recouvrement février atteint environ 450 000 francs.<br />

TÉLÉGRAMME N” 416 DU 2 JUILLET<br />

Situation politique bonne. Sans inci<strong>de</strong>nts. Recouvrement d’impôt s’élève ce jour<br />

à 2 170 808jkancs. Tournées effectuées Commandant cercle : région Bango, ,Thiou<br />

et Thou. Mé<strong>de</strong>cin cercle : Tourcoing-Bam. Vétérinaire circonscription : région<br />

Thiou et cercle Bandiagara.<br />

Extr&ts <strong>du</strong> RAPPORT POLITIQUE, DEUXIEME TRIMESTRE<br />

Le 29 avril : passage <strong>de</strong> M. le Gouverneur <strong>de</strong> la C&nie qui repart dans la journée<br />

pour Tourcoing-Bam, siège d’une mission catholique.<br />

Du 24 au 28 mai, le Commandant <strong>de</strong> cercle se rend à Tourcoing-Bam et Kaya où il<br />

règle avec M. l’Administraleur B. quelques inci<strong>de</strong>nts relafifs aux mouvements <strong>de</strong><br />

population qui s’effectuent sans autorisation entre le cercle <strong>de</strong> Kaya et les régions<br />

Est et Nord-Est <strong>du</strong> cercle (1).<br />

Le 29 mai, le Commandant <strong>de</strong> cercle repit la visite <strong>de</strong> Monsetgneur THEVENOUD,<br />

déjà rencontré à Tourcoing-Bam (2) . . .<br />

(1) Kaya relève <strong>de</strong> la Côte d’ivoire <strong>de</strong>puis le ler janvier 1933. Les Mossi, ressortissants <strong>de</strong> la<br />

Côte d’ivoire, fuient leurs cercles d’origine, où les recrutements s’intensifient, et se réfugient<br />

dans les cantons peu1 <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Djibo (<strong>Ouahigouya</strong> - Soudan).<br />

(2) Mgr THl?VF,NOUD : arrivé en <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> en 1903, père supérieur <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong><br />

Ouagadougou en 1906, est nommé en 1920 administrateur <strong>du</strong> Vicariat <strong>du</strong> Soudan puis, en<br />

juillet 1921, Vicaire Apostolique <strong>de</strong> Ouagadougou. C’est sous son impulsion que les Pères<br />

Blancs ont créé la mission <strong>de</strong> Bam en 1923.<br />

172


1934<br />

Chefs indigènes : Je ne m’attar<strong>de</strong>rai pas à exposer au Chef <strong>de</strong> la Colonie, qui a vécu<br />

en pays mossi, l’organisation féodale <strong>de</strong> ces régions, l’autorité encore réelle dont<br />

jouissent ses chefs et Wtachement <strong>de</strong> la population à la plupart d’entre eux.<br />

En dépit <strong>de</strong> quelques exceptions, nous trouvons là <strong>de</strong>s facilités d’administration<br />

sans doute inconnues dans bien <strong>de</strong>s cercles et si, <strong>de</strong> cette autonté peuvent naître<br />

pmfois quelques abus, le contrGle politique <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle, l’évolution<br />

<strong>de</strong>s indigènes qui n ‘ignoremt plus qu ‘ils peuvent se faire entendre, permettent <strong>de</strong> les<br />

éviter et, dans tous les cas, <strong>de</strong> les répn-meravant qu ‘ils ne soient <strong>de</strong>venus trop graves.<br />

Le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s groupes peuls est tout diflérent. Les chefs, moins écoutés<br />

par <strong>de</strong>s populations d’esprit plus indépendant et dont certaines, à <strong>de</strong>mi-noma<strong>de</strong>s,<br />

ont ici tâche beaucoup plus ar<strong>du</strong>e. Il suffit <strong>de</strong> se reporter aux tableau <strong>de</strong> perception<br />

<strong>de</strong> l’impôt personnel indigène pour se rendre compte <strong>de</strong> l’infériorité relative <strong>de</strong><br />

ce comman<strong>de</strong>me@<br />

TELÉGRAMME N” 557 DU 31 AOÛT<br />

Situation politique bonne. Taxes rentrent normalement. Recouvrement impôt<br />

personnel indigène est’ à ce jour <strong>de</strong> 2529 769francs. Tournées effectuées vété-<br />

rinaire : région Thiou. Mé<strong>de</strong>cin auxiliaire : centres consultations et dispensaires <strong>de</strong><br />

Tourcoing-Bam.<br />

TÉLEGRAMME N” 634 DU 2 OCTOBRE<br />

Situation politique bonne. Impôt personnel indigène est recouvert. Perception<br />

autres taxes s’effectue normalement (3).<br />

TELÉGRAMME No 7061 DU 29 SEPTEMBRE<br />

Gouverneur Soudan à <strong>Ouahigouya</strong><br />

Ingénieur Agriculture C. quitte <strong>de</strong>main Bamako pour <strong>Ouahigouya</strong> et procé<strong>de</strong>ra<br />

inventaire situation agricole votre cercle. Proposez-moi immédiatement si nécessaire<br />

interdiction fabrication dolo dans t&te éten<strong>du</strong>e votre circonscription. Indiquez<br />

(3) Rien n’est apparu dans la série <strong>de</strong> télégrammes qui puisse indiquer un quelconque problème<br />

d’ordre économique ou alimentaire. Nous apprécierons les termes <strong>du</strong> télégramme <strong>du</strong> 2 octo-<br />

bre annonçant que la totalité <strong>de</strong>s impôts est recouverte alors qu’au même moment il est<br />

évi<strong>de</strong>nt que les récoltes sont catastrophiques ; le télégramme <strong>du</strong> Gouverneur <strong>du</strong> Soudan en<br />

amène la preuve.<br />

Le Gouveineur suggère l’intensification <strong>du</strong> recrutement pour «soulager» les populatinv:-<br />

conformément à l’habitu<strong>de</strong>.<br />

173


1934<br />

également si en raison situation serait pas important renforcer en ce qui concerne<br />

<strong>Ouahigouya</strong> recrutement travailleurs <strong>de</strong>uxième portion, ce qui ai<strong>de</strong>rait populations<br />

particulièrement éprouvées.<br />

TÉLÉGRAMME No 570 DU ler OCTOBRE<br />

Réponse à 7061 drn 29 septembre <strong>de</strong> Koulouba<br />

Jeunes gens <strong>de</strong>uxième portion affectés chantiers S. T.I.N. (4) ai<strong>de</strong>nt beaucoup moins<br />

leur famille que ceux affectés Service Armé, sans doute raison infériorité situation.<br />

Pense qu’a ce jour, jeunes gens préféreront suivre courant habituel vers plantations<br />

Côte d’ivoire ou mines Gold Coast où travaillent pendant pério<strong>de</strong> disette. Si cepen-<br />

dant emploi volontaire pour travail chantiers S.TLN. avec <strong>du</strong>rée et condition déter-<br />

minée était possible, crois pourrions réunir en cas famine certain nombre hommes<br />

contraints quitter momentanément pays pour assurer leur existence.<br />

TBLÉGRAMME N” 726 DU 31 OCTOBRE<br />

Situation politique satisfaisante cours mois écoulé. Pas d’inci<strong>de</strong>nts.<br />

TBLÉGRAMME N”S31 DU 26 DÉCEMBRE<br />

Situation politique fin décembre satisfaisante. Pas d ‘inci<strong>de</strong>nts notablesà signaler (5).<br />

(4j S.T.I.N. : Service temporaire <strong>de</strong>s irrigations <strong>du</strong> Niger, créé en 1925 et dissous en 1937,<br />

chargé <strong>de</strong>s aménagements hydro-agricoles le long <strong>du</strong> Niger et particulièrement <strong>de</strong>s casiers <strong>de</strong><br />

l’Office <strong>du</strong> Niger.<br />

15) Le lecteur appréciera la nuance intro<strong>du</strong>ite ,par le qualificatif «notable». De même, nous<br />

remarquerons, dans les télégrammes qui suivent, la nuance existant entre «situation excel-<br />

lente» et «situation satisfaisante dans l’ensemble».<br />

174


1935 DOCUMENTS DIVERS<br />

TÊLJ%XtAMME N” $9 DU 2 FlitVRIER<br />

Cercle <strong>Ouahigouya</strong> à Gouverneur Koulouba. Situation politique janvier satisfaisante,<br />

sans inci<strong>de</strong>nts. Recouvrement impôt personnel indigène à ce jour : 217944fi.<br />

TBLBGRAMME N” 365 DU ler-JUIN<br />

Situation politique cercle satisfaisante dans l’ensemble. Pas d’inci<strong>de</strong>nts notables.<br />

Recouvrement impôt personnel indigène au <strong>de</strong>rnier mai : 2 188 41 I fi.<br />

TÉLÉGRAMME N” 558 DU 31 AOÛT<br />

Situation politique en août satisfaisante. Pas d’inci<strong>de</strong>nts sérieux. Recouvrement<br />

impôt personnel indigène au <strong>de</strong>rnier août : 2 493206fr.<br />

TELÉGRAMME N” 374 DU 6 SEPTEMBRE<br />

Situation politique bonne. Rien à signaler. Situation alimentaùe satisfaisante.<br />

TfZLI?GRAMME N” 691 DU 31 OCTOBRE<br />

Situation politique en octobre satisfaisante0 Aucun inci<strong>de</strong>nt a s&aler~ Recou-<br />

vrement impôt personnel indigène au <strong>de</strong>rnier octobre : 2 530 245 fr.<br />

(L’impôt personnel est donc rentre rt$u-<br />

lièrement au cours <strong>de</strong> l’amGe, sans inci-<br />

<strong>de</strong>nts ((notables» à signaler. Et pourtant...)<br />

<strong>Ouahigouya</strong>, le 31 mai 1935<br />

L’Administrateur <strong>de</strong>s Colonies; Commandant le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />

à Monsieur le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français<br />

J’ai Phonneur <strong>de</strong> vous rendre compte que les habitants <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Sissamba<br />

(16.50 habitants - canton et province <strong>du</strong> Togo) se sont, en dépit <strong>de</strong>s ordres donnés<br />

et malgré l’intervention <strong>du</strong> Chef <strong>de</strong> village, approprié, au début <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai,<br />

le mil <strong>de</strong>s trente greniers <strong>de</strong> réserve <strong>de</strong> semences constitués par les soins <strong>de</strong> Mon-<br />

sieur l’ingénieur agronome C.<br />

La raison invoquée est hz nécessité <strong>de</strong> vendre le grain pour achever <strong>de</strong> payer l’impôt<br />

<strong>du</strong> village. C’est là un motif qui me paraît peu acceptable car Sissamba ne f&-ure<br />

précisément pas parmi les groupements notés par Monsieur C. comme ayant<br />

souffert, Ian passé, <strong>de</strong> la sécheresse ou <strong>de</strong>s acridiens.<br />

175


1935<br />

L Lsprit <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> ce village, qui n’est pourtant qu ,à six kilomètres <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong>, est loin d’être bon et j’ai dû intervenir à plusieurs reprises pour<br />

obtenir l’exécution <strong>de</strong> leurs prestations.<br />

Ce cas d’indiscipline flagrante est <strong>de</strong> nature, par son exemple, à diminuer Pautorité<br />

<strong>de</strong>s chefs indigènes, aussi bien que la nôtre et je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rais <strong>de</strong> bien vouloir<br />

examiner s’il n,y aurait pas lieu <strong>de</strong> le sanctionner en infligeant une punition collec-<br />

tive - une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> mille francs par exemple - aux habitants <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Sissamba.<br />

Koulouba, le 13 juillet 1935<br />

L’Admkist&teur en chef p.i. ÉBOUÉ<br />

h Momsieur 1’Admimistrateur <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

Par lettre no 354 <strong>du</strong> 31 mai 1935, vous m’avez ren<strong>du</strong> compte que les habitants <strong>du</strong><br />

village <strong>de</strong> Sissamba s’étaient, en dépit <strong>de</strong>s ordres donnés et malgré l’intervention <strong>du</strong><br />

chef <strong>de</strong> village, approppie, au début <strong>du</strong> mois <strong>de</strong> mai 1935, le mil <strong>de</strong>stiné aux semen-<br />

ces et emmagasiné dans trente greniers <strong>de</strong> réserves, constitués par les soins <strong>de</strong><br />

1 Tngénieur agronome C.<br />

La sanction que vous me proposez <strong>de</strong> prendre contre les délinquants apparaît dis-<br />

proportionnée avec Pimportance <strong>de</strong>s faits à réprimer. Une telle sanction ne peut au<br />

surplus être envisagée, conformément aux dispositions <strong>de</strong> l’article 23 <strong>du</strong> décret <strong>du</strong><br />

15 novembre 1924, que pour <strong>de</strong>s actes ou manouvres <strong>de</strong> nature à compromettre<br />

la sécurité publique, <strong>de</strong>s faits d’insurrection ou <strong>de</strong>s troubles politiques graves, ce qui<br />

n’est pas le cas en l’espèce. Enjm, elle ne pourrait être pn.se que par le Chef <strong>de</strong> la-<br />

Fédération sur ma proposition.<br />

Ce cas d’indiscipline collective impose néanmoins la recherche <strong>de</strong>s principaux<br />

meneurs qu’il vous appartient <strong>de</strong> pÙnir à l’indigénat.<br />

RAPPORT SUR<br />

LA SOCIfiTÉ INDIGÈNE DE PRÉVOYANCE<br />

février 1935<br />

La Société <strong>de</strong> Prévoyance <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été créée par arrêté no 85 <strong>du</strong><br />

2.5 mars 1931, <strong>du</strong> Gouverneur <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>. Les statuts <strong>de</strong> cette Société, déli-<br />

bérés à <strong>Ouahigouya</strong> le 30 novembre 1931 ont été approuvés en Commission Perma-<br />

nente <strong>du</strong> Conseil d,Administration <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong> le 21 mars 1932. Sous ce<br />

régime, la Société n’a guère fonctionné que pendant <strong>de</strong>ux mois, <strong>de</strong> fin octobre à<br />

décembre 1932.<br />

Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ayant été rattaché au. Soudan Français à compter <strong>du</strong><br />

ler janvier 1933, les statuts <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance furent à nouveau délibérés<br />

et approuvés par arrêté no 124 <strong>du</strong> 28 janvier 1934 <strong>du</strong> Gouverneur <strong>du</strong> Soudan.<br />

176


1935<br />

La Société ne compte qu’une section, groupant 42 cantons, 869 villages, avec une<br />

population imposable <strong>de</strong> 346434. Le nombre <strong>de</strong>s cotisants, portés aux rôles <strong>de</strong><br />

1934, Mevait à 115 646. Pour Pannée 1935, le nombre <strong>de</strong> sociétaires, portés aux<br />

rôles, est <strong>de</strong> 11.5 506. La gran<strong>de</strong> mjon’té <strong>de</strong>s sociétaires se compose d&riculteurs<br />

dans une proportion <strong>de</strong>s quatre-cinquièmes.<br />

Organimtion : Insuffisamment souple. Le conseil d’administration et l’assemblée<br />

générale réunissent un nombre beaucoup trop considérable <strong>de</strong> membres venus <strong>de</strong><br />

tous les points <strong>du</strong> cercle pour assister aux réunions. La plupart <strong>de</strong> ces membres<br />

paraissent s’intéresser fort peu aux questions qui leur sont soumises et leur action se<br />

limite à un acquiescement sans compréhension à toutes les mesures qui leur sont<br />

proposées...<br />

J’estime qu ‘il y aurait lieu <strong>de</strong> mettre entre les mains <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle un<br />

instrument plus maniable, en ré<strong>du</strong>isant la composition <strong>du</strong> conseil d’administration<br />

à quelques chefs ou notables bien choisis, domiciliés au chef-lieu et pouvant être<br />

consultés utilement à tout moment. En ce qui concerne le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />

la seule collaboration <strong>de</strong>s quatre chefs <strong>de</strong> province, Ministres <strong>du</strong> Yatenga-Naba, doit<br />

pouvoir donner au Presi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Société toutes les indications désirables (6).<br />

Les réunions <strong>de</strong> @ssemblée genérale constituent une véritable mobiZisatüm, inutile<br />

et bien gênante, <strong>de</strong>s chefs indigènes <strong>de</strong>s cantons <strong>du</strong> cercle. Je pense qu’une réunion<br />

annuelle où seraient exposés les résultats obtenus et les projets <strong>de</strong> l’année suivante<br />

suffimit amplement.<br />

Action <strong>de</strong> hz Société :<br />

Prêts en espèce : tout à fait inutiles et à kviter dans ces régions oii n’existe encore<br />

aucune exploitation agricole organisée et offrant quelques garanties.<br />

Prêts en nature : encore incompris. Peuvent donner d’excellents résultats en ce qui<br />

concerne les semences importées <strong>de</strong> l’extérieur et judicieusement choisies.<br />

Torages <strong>de</strong> puits et installation <strong>de</strong> barrages : C’est là un but particulièrement inté-<br />

ressant <strong>de</strong> Za Société qui a accordé <strong>de</strong>s primes pour le forage <strong>de</strong>‘puits ou l’installa-<br />

tion <strong>de</strong> barrages dans les régions dWevage ou sur les points manquant d’eau. Ces<br />

puits seront aménagés dans la mesure <strong>du</strong> possible.<br />

Primes pour <strong>de</strong>structioon <strong>de</strong>s fauves : Un grand nombre <strong>de</strong> fauves, dont trente-sept<br />

lions, ont été détruits en 1934, grâce à l’action <strong>de</strong> la Société.<br />

Matériel agricole : Du matériel agricole moyen : herses, charrues, a été intro<strong>du</strong>it ici,<br />

et c’est là, seion moi, une double erreur.<br />

Ce matériel ne convient tout d’abord pas aux terres maigres, ïatéritiques, <strong>de</strong> I’ensem-<br />

ble <strong>du</strong> cercle et le prix <strong>de</strong> cession ou <strong>de</strong> bcatio~ en est hors <strong>de</strong> proportions avec les<br />

(6) Le commandant <strong>de</strong> cercle est, <strong>de</strong> droit, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance <strong>de</strong> même qu’il<br />

est prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Conseil <strong>de</strong>s Notables.


essources <strong>de</strong> l’indigène. La collectivité elle-même, dont l’é<strong>du</strong>cation agricole reste à<br />

faire, ne considère ces instruments qu’avec une certaine méfiance et il est déjà trop<br />

<strong>de</strong> charrues abandonnées sans utilisation. .<br />

Cette solution trop brusquée nedoitpas être la bonne et je kt verrais, pour les débuts,<br />

dans la diffusion <strong>du</strong> petit outillage : pioches, houes, haches, que l’indigène trouverait<br />

bien vite supérieur au traditionnel daba <strong>de</strong> mauvais fer.<br />

Mais au risque <strong>de</strong> paratIre un Présidënt bien aventureux, je ne puis hésiter à écrire<br />

que cette diffusion ne sera possible ici qu’au prix d’un sacrifice <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong><br />

Prévoyance, affectant <strong>du</strong>rant trois, quatre ou cinq années, une partie <strong>de</strong> son avoir<br />

à la distribution absolument gratuite <strong>de</strong> petit outillage bien réparti et qui ferait<br />

rapi<strong>de</strong>ment sa propre publicité.<br />

Secours - Vivres <strong>de</strong> réserve : Des céréales sont achetées et emmagasinées chaque<br />

année dans <strong>de</strong>s greniers <strong>de</strong> construction indigène pour parer aux disettes assez<br />

fréquentes dans cette région.<br />

Ces grains s’avarient très rapi<strong>de</strong>ment et ne ,peuvent cependant être renouvelés<br />

annuellement faute d’acheteurs. De ce fait, les stocks seraient en gran<strong>de</strong> partie<br />

inutilisables et ne constituent, en somme, qu’une charge inutile et coûteuse pour<br />

le budget <strong>de</strong> la Société.<br />

Le développement <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> communication et <strong>du</strong> trafïc automobile permet<br />

aujourd Etui, à peu près à toute époque, la répartition <strong>de</strong>s céréales dans les régions<br />

<strong>de</strong> la Colonie et je pense que la constitution <strong>de</strong> réserves, d’ailleurs insignifiantes,<br />

n’a que peu <strong>de</strong> raisons d,être. Les disettes ne surviennent pas si brusquement et<br />

la Société pourrait ne constituer d’approvisionnements que lorsque la situation<br />

alimentaire <strong>du</strong> cercle s’annoncerait déficitaire (7).<br />

(7) Le rapport constitue un ensemble <strong>de</strong> critiques et <strong>de</strong> prises <strong>de</strong> position nettes : preuves <strong>de</strong><br />

clairvoyance et <strong>de</strong> bon sens, sauf peut-&re le souhait .émis <strong>de</strong> distribuer gratuitement <strong>de</strong>s<br />

outils. L’administrateur, q& assure seulement un intérim (nov. 1935 - mai 1936), ne pourra<br />

pas mettre en application ses idées.<br />

178


1936 RAPPORT ANNUEL<br />

Démographie :<br />

Superficie <strong>du</strong> cercle : 2 7 300 km2<br />

Population :- 1932 418263 1935 413850<br />

1933 418270 1936 414 440<br />

1934 416 900<br />

Ces chtffies, résultats <strong>de</strong> recensements effectués principalement par <strong>de</strong>s auxiliaires<br />

indigènes ne peuvent pas être considérés comme absolument exacts.<br />

Mouvements <strong>de</strong> population :Dans le canton <strong>de</strong> Boussou : ma&ré exo<strong>de</strong>s très importants<br />

sur Yako, kz popukrtion est à peu près maintenue grâce à l’excès <strong>de</strong>s naissumces<br />

sur les décès. Il en est <strong>de</strong> même dans les cantons <strong>de</strong> Kasséba-Samo et Kasséba-Mossi,<br />

ainsi qu ‘a Gourcy, Tougo et Niességa, où les exo<strong>de</strong>s se font en dùection <strong>de</strong> Yako et<br />

I<br />

<strong>de</strong> Tougan (8).<br />

I?migratkm :En émigration temporaire en Goki Toast : Il 500 ; en Côte d’ivoire :<br />

2500. Le mouvement d’émigration définitive est peu important. Il porte intégra-<br />

lement sur les habitants <strong>de</strong>s villages limitrophes <strong>de</strong>s colonies voisines.<br />

Indigénat : Tableau <strong>de</strong>s punitions infligées au cours <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong>rnières années :<br />

1932 18 punitions<br />

1933 2<br />

1934 1<br />

1935 4<br />

1936 109<br />

Le nombre <strong>de</strong> punitions disciplinairement infligées pendant lannée 1936 est peu<br />

élevé eu égard à l’importance<strong>de</strong> la population <strong>du</strong> cercle. L’augmentation <strong>du</strong> nombre<br />

<strong>de</strong>s sanci-ions par rapport aux années précé<strong>de</strong>ntes est szns doute la conséquence <strong>de</strong><br />

l’activité administrative déployée cette année dans le cercle. Il serait indiscutable-<br />

ment prématuré <strong>de</strong> supprimer, dès maintenant, ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> répression qui, utilisée<br />

avec mesure et doigté, permet souvent à 1’Administrateur d’éviter par une sanction<br />

bénigne, appliquée opportunément, <strong>de</strong> grands <strong>de</strong>sordres.<br />

(8) De même que les populations se déplacent vers le nord-est <strong>du</strong> cercle, un mouvement vers<br />

le pays samo, voisin à l’ouest, se perpétue <strong>de</strong>puis les années 20. C’est la première fois<br />

qu’une indication est donnée sur ce mouvement <strong>de</strong>puis les rapports <strong>de</strong> L. TAUXIER,<br />

antérieurs à 1918.<br />

179


1936<br />

Conseil <strong>de</strong>s Notables Indighzes : Créé par arrêté <strong>du</strong> 6 novembre 1920, le Conseil <strong>de</strong>s<br />

Notables <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> a été réformé par arrêté <strong>du</strong> 26 juin 1933 <strong>de</strong> M. le Gouver-<br />

neur <strong>du</strong> Soudan Français.<br />

L’ordre <strong>du</strong> jour traité au cours <strong>de</strong>s réunions <strong>de</strong> cette année a été :<br />

- Améliorqtion, protection <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong> l’élevage en A.O.F. Constitution <strong>de</strong><br />

réserves vivrières collectives (T-L Circulaire no 1163 AE <strong>du</strong> Gouverneur <strong>du</strong> Soudan<br />

en date <strong>du</strong> 2 mars 1936).<br />

- Aménagement <strong>de</strong> l’impôt d’après les facultés contributives <strong>de</strong>s populations. Majo-<br />

ration <strong>du</strong> taux <strong>de</strong> l’impôt pour compenser les pertes résultant <strong>du</strong> relkvement <strong>de</strong><br />

1Vge <strong>de</strong> la majorité fiscale.<br />

- Extension <strong>de</strong>s cultures vivrières et in<strong>du</strong>strielles.<br />

- Fixation <strong>de</strong> la date d’ouverture <strong>de</strong> la traite <strong>de</strong> Para&<strong>de</strong>.<br />

-Fixation <strong>de</strong>s salaires minima à allouer aux travailleurs engagés par les entreprises<br />

privées et ladministration.<br />

- Etu<strong>de</strong> et approbation <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong>s travaux a exécuter sur prestations<br />

au cours <strong>de</strong> l’année 193 7. .<br />

- Présentation et examen d’un projet dizrrêté rendant obligatoire la déclaration <strong>de</strong> la<br />

maladie <strong>de</strong> la «rosette» <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> (9).<br />

Trop rares sont encore les Notables qui sont a même <strong>de</strong> donner un avis éclairé OU<br />

qui sont suffisamment en confïance pour émettre une opinion personnelle en toute<br />

franchise.<br />

Situation politique : Des difficultés assez graves survenues en maints endroits entre<br />

les chefs et leurs ressortissants, ont montré la nécessité d’un contrôle plus serré <strong>du</strong><br />

comman<strong>de</strong>ment indigène. Il semble, en effet, que dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>,<br />

notre Administration se soit jusqu’ici un peu trop reposée sur l’autorité <strong>de</strong>s chefs,<br />

lesquels n’ont pas manqué <strong>de</strong> mettre à profit l’excès <strong>de</strong> confiance mis en eux pour<br />

commettre sous notre couvert <strong>de</strong>s exactions qui les ren<strong>de</strong>nt odieux a leurs udminis-<br />

trés. Bien que <strong>de</strong>meurée très arriérée, sans doute parce que le rôle trop important<br />

laissé aux chefs l’a soustraite <strong>de</strong> notre influence, la population mossi, instruite par<br />

certains éléments plus évolués : anciens tirailleurs, travailleurs revenus <strong>de</strong> l’extérieur,<br />

commence a prendre conscience <strong>de</strong> ces abus. De là le malaise constaté, quiattein-<br />

drait rapi<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s proportions inquiétantes si nous n’apportions pas à notre<br />

système administratif les modifications qu ‘il convient.<br />

Il est indispensable à cet effet qu’un contact plus étroit soit &abliet maintenu entre<br />

les représentants européens <strong>de</strong> 1 ‘Administration et l’indigène. Des toumêes fréquen-<br />

tes, tant sur les routes que dans les villages <strong>de</strong> l’intérieur, doivent être exécutées<br />

afin <strong>de</strong> permettre une surveillance effective <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s chefs avec leurs ressor-<br />

tissants. Nous <strong>de</strong>vons d’autre part, quel que soit le supplément <strong>de</strong> besogne en résul-<br />

tant pour nous, nous efforcer <strong>de</strong> supprimer les occasions offertes aux chefs <strong>de</strong><br />

(9) L’année 1935 voit la limite <strong>du</strong> développement <strong>de</strong> la culture cotonnière. Elle est remplacée<br />

par celle <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> qui est Mieux acceptée par les populations car il s’agit cette fois d’une<br />

plante pouvant être consommée si la pro<strong>du</strong>ction céréaliére s’avere insuffisante. En 1935,<br />

<strong>Ouahigouya</strong> commercialise 1000 tonnes d’arachi<strong>de</strong> contre 150 tonnes <strong>de</strong> coton brut (ce qui<br />

représente encore une belle performance <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> I’Administration !).<br />

180


1936<br />

commettre <strong>de</strong>s exactions. En particulier, tous les travaux et les paiements collectifs<br />

doivent être radicalement supprimés.<br />

L ?zctivité <strong>du</strong> Service<strong>de</strong>srecherches et <strong>du</strong> renseignement politique a été orientée vers<br />

la surveillance <strong>de</strong>s marabouts suspects <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> ami-française et le contrôle <strong>de</strong><br />

lVtat d&mit <strong>de</strong>s populations. Il n’a pas été <strong>recueil</strong>li <strong>de</strong> renseignements susceptibles<br />

<strong>de</strong> retenir l’attention.<br />

Religions : Animistes : 303 740 - Islamisés : 108 000 - Chrétiens : 2 700 dont<br />

340 catholiques, 2 320 catéchumènes catholiques non baptisés et 70 protestants...<br />

L’action <strong>de</strong> la mission mtholique <strong>de</strong> Tourcoing-Bam, a peu pris limitée aux cantons<br />

<strong>de</strong> Riziam, <strong>de</strong> Rattenga et <strong>du</strong> Kirguitenga, continue à se heurter à l’apposition <strong>de</strong>s<br />

vieillards hostilesà toute modification <strong>de</strong> la coutume. Aucun inci<strong>de</strong>nt ne s’est toute-<br />

fois pro<strong>du</strong>it au cours <strong>de</strong> l’année entre la Mission et les chefs ou rwtables (10).<br />

La mission protestante aré<strong>du</strong>it sonactivité. Le pasteur amêriazin, installé à <strong>de</strong>meure<br />

à <strong>Ouahigouya</strong>, est parti en septembre et n’a pas été remplacé.<br />

(10) Les missions créent <strong>de</strong>s dispensaires et <strong>de</strong>s écoles mais jouent aussi parfois un rôle politique<br />

et entrent en conflit avec l’administration, notamment au sujet <strong>de</strong> la «libéralisation’<strong>de</strong> la<br />

femme». Les Pères protègent les jeunes fiies promises en mariage sans leur consentement<br />

et se heurtent ainsi à l’hostilité <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> famille et <strong>de</strong>s notables.<br />

181


1937 RAPPORTS POLITIQUES ET DIVERS<br />

PREMIER TRIMESTRE<br />

Situation générale : Favorablement influencê par l’amélioration <strong>de</strong>s conditions êco-<br />

nomiques et les mesures prises pour mettre un terme aux exactions <strong>de</strong>s chefs, l’état<br />

d’espn.t <strong>de</strong>s populations est satisfaisant. Toutefois, l’exécution <strong>de</strong>s conseils et <strong>de</strong>s<br />

instructions données continue à se heurter à l’inertie <strong>de</strong>s indigènes que l’intervention<br />

<strong>de</strong>s chefs est impuissante à secouer. C’est ainsi que I’Administrateur se trouve encore<br />

trop souvent dans la pénible obligation <strong>de</strong> sévir.<br />

Événements politiques et administra@ :<br />

- Opérations <strong>de</strong> recrutement<br />

- Recensement et regroupement <strong>de</strong>s villages <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> I’Aribinda<br />

-Marché <strong>de</strong> coton contrôle à <strong>Ouahigouya</strong><br />

-Arrivée à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> M. le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français<br />

-Mise en chantier <strong>de</strong> lkkole’rurale <strong>de</strong> Gourcy (11)<br />

-Départ par camions d’un premier convoi comprenant 61 colons <strong>de</strong>stinés à l’Office<br />

<strong>du</strong> Niger (12)<br />

- Atterrissage sur le terrain <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> cinq avions appartenant à l’escadrille<br />

<strong>de</strong> Bamako (13)<br />

- Départ d’un <strong>de</strong>uxième convoi comprenant 6.5 colons <strong>de</strong>stinês à l’Office <strong>du</strong> Niger<br />

(Il) Rappelons que le décret <strong>de</strong> 1903, organisant l’enseignement en A.O.F., avait prévu la<br />

création d’écoles rurales.<br />

(12) Depuis le début <strong>du</strong> siècle, avec l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> coton en A.O.F., on songe à<br />

créer un grand périmètre près <strong>du</strong> <strong>de</strong>lta interieur <strong>du</strong> Niger. En 1911 esf créé le Comité <strong>du</strong><br />

Niger, chargé d’étudier les possibilités <strong>de</strong> la culture <strong>du</strong> coton irrigué. En 1920, un avant- .<br />

projet prévoit d’irriguer 1600000 ha et n’envisage pas ,moins que la transplantation <strong>de</strong><br />

1,5 million <strong>de</strong> personnes, notamment à partir <strong>de</strong>s


1937<br />

- Rassemblement à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> 125 manœuvres recrutés par la Circonnic pour ses<br />

plantations <strong>de</strong> coton <strong>de</strong> Diré.<br />

Rentrée <strong>de</strong>s contributions :La rentrée <strong>de</strong>s contributions s’effectue avec facilité. Sur<br />

2 704242,5Ofr, montant global <strong>du</strong> rôle <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation, <strong>de</strong> la taxe sur les<br />

armes et <strong>de</strong> la taxe sur les chevaux, il a été perçu au 31 mars : 2 549 869 fr.<br />

Tournées : Il serait logique que cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’année, la plus favorable au point<br />

<strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s conditions climatiques, puisse être consacrée principalement aux tour-<br />

nées. Or, c’est malheureusement <strong>du</strong>rant ces trois mois que l’Administrateur, déjà<br />

pris par les opérations <strong>de</strong> recrutement, l’otganisation et le contrôle <strong>de</strong>s marchés,<br />

doit fournir la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s rapports et états annuels.<br />

Koulouba : Affaires Économiques et Affaires Politiques<br />

30 mars 1937<br />

Une expérience <strong>de</strong> colonisation Moaga va être tentée par l’office <strong>du</strong> Niger. 10 famil-<br />

les, environ 100 personnes, vont être dingées <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> vers Ségou.<br />

Lors <strong>de</strong> mon passage à <strong>Ouahigouya</strong>, il a été convenu avec le Yatenga-Naba que ces<br />

familles continueraient à relever <strong>de</strong> son comman<strong>de</strong>ment et <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong><br />

pour le paiement <strong>de</strong> l’impôt <strong>de</strong> capitation. Le confbmer aux Commandants <strong>de</strong> cercle<br />

à qui j’en avais parlé déjà au cours <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière tournée. Ecrire, d’autre part, au<br />

Directeur <strong>de</strong> l’office que <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> cette première expérience peut dépendre<br />

tout l’avenir <strong>de</strong> l’entreprise (14).<br />

signé :Le Gouverneur <strong>du</strong> Soudan<br />

DEUXIÈME TRIMESTRE<br />

Situation générale : Elle continue à être satisfaisante. La perception <strong>du</strong> reliquat<br />

d’impôt s’est effectuée avec facilité. Les quelques difficultés rencontrées proviennent<br />

<strong>de</strong> la mobilité extrême <strong>de</strong>s populations mossi et peu1 <strong>du</strong> cercle. Les départs effec-<br />

tués sans autorisation dans d’autres cantons et dans les cercles voisins compliquent<br />

considérablement la tache <strong>de</strong>s chefs chatgés <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong>s contributions.,<br />

A l’encontre <strong>de</strong> l’avis <strong>de</strong>s chefs indigènes qui voient là uniquement une manifes-<br />

tation d’indiscipline <strong>de</strong> leurs ressortissants, j’estime que la véritable cause <strong>de</strong> ces<br />

(14) Le but <strong>de</strong> l’administration est <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> toutes pièces un nouveau comman<strong>de</strong>ment mossi<br />

sur les rives <strong>du</strong> Niger, dépendant <strong>du</strong> Yatenga-Naba. II a été dit, en 1937, qu’il fallait créer<br />

un nouveau Yatenga prospère, satellite <strong>du</strong> Yatenga historique, et que, si les Mossi venaient<br />

s’y établir en grand nombre, il n’y aurait plus jamais <strong>de</strong> famine à <strong>Ouahigouya</strong>. C’est un<br />

rêve, mais l’administration croyait sincèrement, à l’époque, pouvoir le réaliser. En 1945,<br />

5564 Mossi en 16 villages seulement seront établis à l’Office <strong>du</strong> Niger.<br />

183


1937<br />

mouvements rési<strong>de</strong>, en ce qui concerne les populations mossi, dans l’insuffisance<br />

<strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> culture existant aux abords <strong>de</strong>s villages actuels. Les inconvénients<br />

<strong>de</strong> cette situation ne pourront que s’accroître avec le développement <strong>de</strong>s cultures<br />

in<strong>du</strong>stpielles qu ‘il est indispensable <strong>de</strong> poursuivre pour permettre le relèvement <strong>du</strong><br />

standard <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s indigènes.<br />

En attendant que les attraits <strong>de</strong> la colonisation et la superficie <strong>de</strong>s territoires mis en<br />

valeur par l’Office <strong>du</strong> Niger permettent les déplacements massifs <strong>de</strong> population<br />

envisagés, il est <strong>de</strong> toute nécessité que <strong>de</strong>s dispositions soient prises au plus tôt pour<br />

donner aux indigènes <strong>de</strong>s terres cultivables correspondant à leurs besoins et à leur<br />

potentiel <strong>de</strong> travail. C’est à cette fin que la Société <strong>de</strong> Prévoyance envisage d’entre-<br />

prendre, dans un très prochain avenir, p!rallèlement aux travaux <strong>de</strong> même nature<br />

qu’elle poursuit dans <strong>de</strong>s villages souffrant <strong>du</strong> manque d’eau, le forage <strong>de</strong> puits<br />

modèle Fre y dans les zones fertiles actuellement encore inhabitées. Quatre empla-<br />

cements <strong>de</strong> nouveaux villages ont déjà été reconnus. Les travdrx seront entrepn.s<br />

dès que les équipes <strong>de</strong> puisatiers complémentaires auront pu être constituées (15).<br />

Evénements politiques et administratifs suTvenus au cours <strong>du</strong> trimestre : Venue à<br />

<strong>Ouahigouya</strong> <strong>du</strong> Chef <strong>du</strong> Service Zootechnique <strong>de</strong> la Côte d’ivoire, chargé d’une<br />

étu<strong>de</strong> sur l’exportation <strong>du</strong> bétail vers cette colonie.<br />

Rencontre <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> et <strong>du</strong> Chef <strong>de</strong> la Subdivision<br />

<strong>de</strong> Bandiagara, à Yoro, en vue <strong>du</strong> règlement <strong>de</strong> la situation <strong>de</strong>s indigènes installés<br />

irrégulièrement à la limite <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux circonscriptions.<br />

Atterrissage à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux avions <strong>de</strong> l’escadrille <strong>de</strong> Bamako.<br />

Venue à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>du</strong> Docteur B., Directeur <strong>de</strong> l’institut Pasteur <strong>du</strong> Maroc.<br />

Passage <strong>de</strong> sept touristes accomplissant un raid automobile Paris-Conakry.<br />

Rassemblement <strong>de</strong> cent travailleurs engagés par la Société<strong>de</strong>s Cultties <strong>de</strong>Dù&ndapé.<br />

Célébration <strong>de</strong> la Fête <strong>de</strong> Ckîture <strong>de</strong> la Semaine Coloniale.<br />

Tournée <strong>du</strong> Commandant dans les cantons <strong>de</strong> Rambo, Zitte?lga, Kossouka, Sibni-<br />

Mossi et Tougo.<br />

Séjour à <strong>Ouahigouya</strong> <strong>de</strong> M. le Chef <strong>du</strong> Service <strong>de</strong> ljlgriculture.<br />

Examen <strong>du</strong> CertijPicat d “Étu<strong>de</strong>s.<br />

Tournée <strong>du</strong> Commandant dans les cantons <strong>de</strong> Djibo, Tongomayel et 1’Aribinda.<br />

Venue <strong>de</strong> M. l’inspecteur <strong>de</strong>s Affaires Administratives.<br />

Les tournées ont eu pour principal but la préparation <strong>de</strong> la campagne agricole, le<br />

contrôle <strong>du</strong> comman<strong>de</strong>ment indigène, le co?@rôle <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> greniers <strong>de</strong><br />

résen>e, le recensement <strong>de</strong>s populafiofis, l’exécution d ‘enquêtes et la surveillance<br />

<strong>de</strong>s chantiers.<br />

(15) Pour la première fois, il est fait mention <strong>du</strong> problème <strong>de</strong> la saturation <strong>de</strong>s espaces cultivés<br />

dans le cercle. Jusqu’alors, il était préconisé d’étendre davantage les cultures. Souvenons-<br />

nous <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong>s années 1928-1932.<br />

184


1937<br />

TROISIÈME TRIMESTRE<br />

Situation générale : Favorablement influencé par l’espoir d’une bonne rekolte que<br />

l’heureuse répartition <strong>de</strong>s pluies permet d’espérer, l’état d’esprit <strong>de</strong>s populations est<br />

d’une façon générale très satisfaisant. Le contact avec les populations continue à<br />

être maintenu par les tournées fréquentes <strong>de</strong>s fonctionnaires européens <strong>du</strong> cercle.<br />

Cette politique commence à porter ses fruits.<br />

Regroupement <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> famille mossi installés dans les cantons peu1 <strong>de</strong> Bahn,<br />

Djibo, Baraboulé et Tongomayel : Depuis une dizaine d Cannées <strong>de</strong> nombreux chefs<br />

<strong>de</strong> famille mossi, ori&-inaires <strong>de</strong>s diffgrents cantons <strong>du</strong> Yatenga et <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />

Ouagadougou, s’insfallent dans les cantons peu1 <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> cercle où il existe <strong>de</strong>s<br />

terres cultivables vacantes très éten<strong>du</strong>es. Ils continuent en principe à dépendre <strong>de</strong><br />

ieurs anciens chefs, mais trop éloignés <strong>de</strong> ceux-ci et inconnus <strong>de</strong>s chefs peul, ils sont<br />

.en fait à peu près soustraits <strong>de</strong> tout contrôle administrati& C’est ainsi que la plupart<br />

d’entre eux échappent à la charge <strong>de</strong>s prestations et que certains ne paient même<br />

plus l’impôt <strong>de</strong>puis plusieurs années. L kportame <strong>de</strong>s populations vivant actuellement<br />

dans ces conditions doit, d’après les constations que j’ai fàites au cours <strong>de</strong>s<br />

tournées, atteindre environ trois milliers d’indivi<strong>du</strong>s...<br />

Action pour l’humanisation <strong>de</strong>s coutumes : L àction entreprise en exéwtion <strong>de</strong> la<br />

circulaire na506 AP <strong>du</strong> 25 juin 1937, à l’effet <strong>de</strong> mettre un terme à la pratique <strong>de</strong><br />

kr mise en gages <strong>de</strong> personnes pour siîreté <strong>de</strong> <strong>de</strong>tte. ne rencontre aucune difficulté.<br />

Plus délicate apparaît ltipplication <strong>de</strong>s principes ~OS& en mutière <strong>de</strong> makges indi-<br />

gènes par la circulaire no 290 AP <strong>du</strong> 7 mai 1937. Cette question revêt. en pays<br />

mossi où les indigènes sont <strong>de</strong>meurés très attachés aux usages ancestraux parti-<br />

culièrement choquants en ce qui concerne la situation <strong>de</strong> la femme. une importance<br />

toute spéciale...<br />

Recherche <strong>de</strong>s bons absents : Les recherches sont activement poursuivies. Sur<br />

590 bons-absents récupérés, 21 ont étk reconnus aptes au service militaire.<br />

PROCi%-VERBAL DE LA SOCIÊTB DE PRfiVOYANCE<br />

Fixation <strong>du</strong> taux <strong>de</strong>s primes allaut!es pour <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s fauves : En raison <strong>de</strong>s<br />

dommages causés par les lions et pour encourager la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> ces fauves, le<br />

Prési<strong>de</strong>nt propose <strong>de</strong> porter à 100 francs la prime allouée .par lion abattu et fixée<br />

précé<strong>de</strong>mment à 50 francs. Cette proposition est acceptée à l’unanimité. Durant<br />

l’année, la Société a octroyé <strong>de</strong>s primes pour la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> 23 lions. 32 li@nes<br />

et 2 panthères. Les lions sont nombreux dans le sud <strong>du</strong> cercle et y occasionnent<br />

<strong>de</strong>s dommages importants aux troupeaux et souvent <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts graves aux<br />

185


ti<br />

B


1937<br />

personnes. C’est ainsi que 20 indigënes ont éte tués et 3 autres blessés par ces<br />

fauves en 1937(16).<br />

Cession à crédit <strong>de</strong> matériel agricole et d Mmaux <strong>de</strong> labour : Aucun <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong><br />

famille appelés à participer a l’expérience <strong>de</strong> colonisation <strong>de</strong> Bétenty (17) ne<br />

possë<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> moyens su.#isants pour acquérir le matériel et le cheptel ntkessaires.<br />

Le principe d’une intervention <strong>de</strong> la Société pour faire <strong>de</strong>s avances aux intéressés<br />

est accepté à l’unanimité. Le conseil déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à crédit à chaque chef <strong>de</strong><br />

famille une charrue, <strong>de</strong>ux bontfs, une herse et une houe. Ces cessions seront faites<br />

au prix coûtant et remboursables : les animaux en <strong>de</strong>ux annuités égales, le matériel<br />

en cinq annuités égales.<br />

(16) Du fait <strong>de</strong>s dEfrichcments répétés, <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong>s cultures et <strong>de</strong> l’installation <strong>de</strong> nou- .<br />

veaux habitats «CI~ brousse», les fauves sortent <strong>de</strong> leurs repaires. L’accroissement <strong>du</strong> nom-<br />

bre d’acci<strong>de</strong>nts provoqués par les fauves est le signal que la «brousse», les lieux «sauvages»,<br />

sont cn train dc disparaître.<br />

(17) Au nord dc ‘I‘hiou, CI une quarantaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>du</strong> chef-lieu. Des puits ont été creusés<br />

et <strong>de</strong>s cultivalcurs SC sont installés, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’administration (cf. ci-<strong>de</strong>ssus : rapport<br />

<strong>du</strong> <strong>de</strong>uxi&c trinwstrc).<br />

187


1938 DQCUMENTS DIVERS<br />

RAPPORT POLITIQUE DU PREMIER TRIME§TRE<br />

Faits principaux <strong>du</strong> trimestre: SouCante-trois familles, comprenant au total 580 indi-<br />

vi<strong>du</strong>s, ont été transférées courant février et mars sur les terres <strong>de</strong> colonisation <strong>de</strong><br />

l’Office <strong>du</strong> Niger. Avec les 129 personnes parties au début <strong>de</strong> 1937, cela porz!e à en-<br />

viron 700 1,effectif <strong>de</strong>s colons recrutés dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> par l’întermé-<br />

diaîre <strong>de</strong> 1,Administration.<br />

Il m ‘cl été absolument împossible <strong>de</strong> trouver un plus grand nombre <strong>de</strong> volontaires,<br />

Toute propagan<strong>de</strong> directe effectuée par le Commandant <strong>de</strong> cercle ou par les chefs<br />

se heurte, aussi habile soit-elle, à la méfiance instinctive <strong>de</strong>s Mossi. Indiscutable-<br />

ment, les avantages <strong>de</strong> la colonisation ne sont pas assez manifestes aux yeux <strong>de</strong><br />

ceux-ci pour vaincre leur r&pugnance ti quitter définîtivement leur pays et à accepter<br />

le bouleversement <strong>de</strong> leurs habitu<strong>de</strong>s.<br />

L’intervention <strong>de</strong> 1,Autorité Administrative a permis d’amorcer le mouvement<br />

d ,émigration désiré. ZZ appartient désormais a- dirigeants <strong>de</strong> l’office <strong>du</strong> Niger d’en<br />

favon’ser la continuité et d’en accentuer la ca<strong>de</strong>nce en assurant aux premiers colons<br />

<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie suffisamment attractives pour inciter les habitants <strong>du</strong> Yatenga<br />

à suivre leur exemple. De toute façon, <strong>de</strong> longues années seront nécessaires pour<br />

préparer les esptits à <strong>de</strong>s exo<strong>de</strong>s massifs et, pour longtemps encore, il faut renoncer<br />

à procé<strong>de</strong>r, ainsi que cela a déjà été envisagé, au transfert <strong>de</strong> villages entiers.<br />

Les opérations <strong>de</strong> recensement effectuées <strong>du</strong>rant le trimestre ont porté sur<br />

15515 personnes <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> Tongomayel, 1973 <strong>du</strong> canton <strong>de</strong> Djibo et<br />

13 886 appartenant à <strong>de</strong>s familles installées isolément dans la brousse et ne dépen-<br />

dant d’aucun groupement.<br />

DUc-sept villages, groupant 7354 habitants, dix. villages groupant 3 445 habitants<br />

et dix villages groupant 3994 habitants ont été respectivement constitués dans les<br />

cantons <strong>de</strong> Tongomayel, Baraboulé et Djibo, avec <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> race mossi et<br />

jùlsé qui échappaient jusqu ,à présent à peu près à tout contrôle (18).<br />

Renseignements <strong>recueil</strong>lis au sujet <strong>de</strong>s agissements <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> Province <strong>du</strong> Togo :<br />

Au village <strong>de</strong> Berna, canton <strong>de</strong> Tougo, le Togo-Naba a déclaré qu’il était chargé<br />

par le Commandant <strong>de</strong> cercle <strong>de</strong> recruter <strong>de</strong>s familles qui seraient envoyées sur les<br />

terres <strong>de</strong> coloni~tîon <strong>de</strong> 1,Office <strong>du</strong> Nîger. Il a dés&né un certain nombre <strong>de</strong> chefs<br />

<strong>de</strong> famille par lesquels il s’est ensuite fait remettre <strong>de</strong>s ca<strong>de</strong>aux sous la promesse<br />

qu’il les autoriserait à <strong>de</strong>meurer dans le village. Il a.rep par ce moyen : un âne <strong>du</strong><br />

quartier <strong>de</strong> Gonsin, plusieurs sommes d’argent (2OOfr, 35Ofi), un âne et cent noix<br />

<strong>de</strong> cola d’autres personnes. Le village a dû donner, en outre, collectivement au<br />

.(18) Ce qui fait, au total, 14793 «indépendants>) regrouphs dans trente-sept nouveaux villages<br />

(et non 13886). Six mois auparavant, le commandant estimait leur nombre à 3000.<br />

188


1938<br />

Togo-Naba 14 boucs castrés et 17 grosses charges <strong>de</strong> mil transportées ckm<strong>de</strong>stine-<br />

ment à dos d’âne à Ouah&ouya.<br />

Le quartier <strong>de</strong> Zandogo a donné 3OOfr et un âne pour ne pas participer à la fourni-<br />

ture <strong>de</strong> colans. Le quartier Wemlazaka a donné un âne et une certaine somme<br />

U ‘argent dans les mêmes conditions...<br />

Au village <strong>de</strong> Kalsaka, toujours par le même moyen, il s’est fait remettre 5OOfi et<br />

10 boucs castrés. L’arrivée <strong>de</strong> Monsieur I’Admînistrateur-Adjoint a interrompu<br />

ses manœuvres...<br />

Au village <strong>de</strong> Soulisakaré, le Togo-Naba a désigné le nommé Y. comme colon et lui<br />

a <strong>de</strong>mandé une somme <strong>de</strong> 400 fr. A Béranga, le nommé T. lui a remis 2OOfr pour<br />

le même motif...<br />

Au village <strong>de</strong> Tougou, quatre chefs <strong>de</strong> famille, désignés comme colons, se sont<br />

cotisés pour remettre au Togo-Naba quatre boucs castrés et une ,wmme dont le<br />

montant n’est pas connu.<br />

Le Togo-Naba a fait croire aux habitants <strong>du</strong> quartier Wembatenga <strong>du</strong> village <strong>de</strong><br />

Berna que le quartier tout entier serait transfére dans le Macina et obtenu ainsi un<br />

âne et 12.5 fr. Le quartier Gonsin a versé 4.50 fr dans les mêmes conditions...<br />

Au cours <strong>de</strong> la tournée qu’il a effectuée pour faire constituer les greniws <strong>de</strong> résen>e,<br />

le Togo-Naba s’est fait remettre 12 sacs <strong>de</strong> mil par le village <strong>de</strong> Kalsaha, 30 sacs par<br />

le village <strong>de</strong> Berna et 20 sacs par les habitants <strong>de</strong> Rima et Rikîba. Des habitants <strong>du</strong><br />

village <strong>de</strong> Berna se trouvaient pamzi les porteurs chargés <strong>de</strong> transporter ce mil à<br />

<strong>Ouahigouya</strong>.<br />

Le 29 mai <strong>de</strong>rnier, le Togo-Naba a fait appeler chez lui le chef <strong>du</strong> village <strong>de</strong> Béma<br />

et l’a chargé <strong>de</strong> dire à son père que je Commandant <strong>de</strong> cercle était au cornant <strong>de</strong><br />

cmtains faits et <strong>de</strong>vait procé<strong>de</strong>r à une enquête. Il le prhit <strong>de</strong> prévenir sesadminis-<br />

trés que ceux d’entre ei qui feraient <strong>de</strong>s déclartations à son sujet suaient par la<br />

suite expulsés <strong>du</strong> village. Le Togo-Naba a chargé le Fwmmé S. d’une mission kienti-<br />

que auprès <strong>du</strong> chef <strong>de</strong> village <strong>de</strong> Bougounam où il se serait fait remettre 6 boucs<br />

castrés lors <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong> juillet 1937.<br />

Le Togo-Naba s’efforce <strong>de</strong> faire croire à ses ressortissants que 1AdministreteI.a ne<br />

peut rien contre lui et. espère ainsi les empêcher <strong>de</strong> parlm (19).<br />

RAPPORT D’INSPECTION<br />

mai 1938<br />

Extraits concernant le Bureau <strong>du</strong> Travail (20) : Travailleurs engagés et employés<br />

dans le cercle sans contrat écrit : 403 par les entreprises privées et 45 par les services<br />

publics. Avec contiat écrit ; néaartt.<br />

(19) Belle illustration <strong>de</strong>s exactions <strong>de</strong>s chefs. Elle permet d’apprécier aussi ce que les adminis<br />

trateurs appelaient <strong>de</strong>s «colons volontaires».<br />

(20) Le gouvernement <strong>de</strong> Front Populaire (1936-1937) a pour conséquence la créatron dans<br />

chaque colonie d’offices régionaux <strong>du</strong> Travail ou Bureaux <strong>du</strong> Travail. Ces Bureaux fxent<br />

à 5 % <strong>de</strong> la population <strong>de</strong>s cercles le contingent annuel <strong>de</strong> manœuvres à ne pas dépasser,<br />

suppriment les contrôles médicaux au départ <strong>de</strong>s travailleurs, ainsi que le carnet <strong>de</strong> pécule<br />

(Cf. note 50, 2e pério<strong>de</strong>). Remarquons que le Front Populaire n’a pas eu <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />

répercussions dans les colonies.<br />

189


1938<br />

Travailleurs engagés dans le cercle et employés hors <strong>du</strong> cercle, avec contrat écrit :<br />

a) par les entreprises privées : 125, Compagnie <strong>de</strong> Culture Cotonnière <strong>de</strong> Diré ;<br />

251, Sociétés <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Dr&&apé ; 79, Sisaleraies et Carburants Africains<br />

<strong>de</strong> Samarono ;<br />

b) par les services publics : 511, Office <strong>du</strong> Niger (manœuvres, salaùes journaliers <strong>de</strong><br />

2,50 fr <strong>du</strong> ler mai au 30 octobre et2 fr <strong>du</strong> ler rwvembre au 30 avril, ration réglementaire<br />

journalière, logement et soins médicaux assurés).<br />

L ‘encadrement par <strong>de</strong>s surveillants recrutés dans le cercle d or&ine est préférable:<br />

Les mesures actuellement prévues (transport en camions bâchés, limitation <strong>de</strong> h<br />

longueur <strong>de</strong>s étapes, limitation <strong>du</strong> nombre d’hommes transportés par rapport à la<br />

surface <strong>de</strong> la plate-forme <strong>du</strong> véhicule) paraissent suffisantes pour assurer le transport<br />

<strong>de</strong>s travailleurs dans les meilleures conditions possibles. Il semble préférable <strong>de</strong><br />

pourvoir les travailleurs d’aliments à préparer aux étapes.<br />

‘Disponibilité en main d ‘œuvre : le contingent <strong>de</strong> manœuvres quittant annuellement<br />

le cercle pour aller travailler à l’extérieur peut être évalué à 12 000 indivi<strong>du</strong>s. La<br />

Gond-Coast bénéficie <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la main d’œuvre qui peut être<br />

estimée à 8500 travailleurs. La Colonie <strong>de</strong> la Côte d Yvoire absorbe également une<br />

partie <strong>de</strong> cette main d’œuvre : environ un millier d’indivi<strong>du</strong>s. Le restant <strong>de</strong> la<br />

main d ‘œuvre fournie par le cercle se rend sur les chantiers et les plantations <strong>de</strong> la<br />

vallée <strong>du</strong> Niger. C’est donc environ a 2500 hommes que peut être évaluée la main<br />

d’œuvre mossi disponible pour le Soudan. Plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> cette main d’œuvre<br />

va s’engager sur place en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout contrôle administratif. L ‘effectif annuel <strong>de</strong><br />

travailleurs pouvant être recruté par l’intermédhire <strong>du</strong> Ckmandant <strong>de</strong> cercle ne<br />

dépasse pas 1000 hommes (21).<br />

Jusqu ‘ici la main d ‘œuvre 1-1 ‘a pas manifesté <strong>de</strong> répugnance particulière à l’égard <strong>de</strong>s<br />

entreprises privées. C’est la discipline <strong>de</strong>s chantiers et surtout la trop longue <strong>du</strong>rée<br />

<strong>de</strong>s contrats proposés qui peut expliquer la repugnance <strong>de</strong>s manœuvres à s’engager<br />

pour servir dans les entreprises privées et publiques <strong>de</strong> la Colonie.<br />

Les travailleurs souscrivent assez facilement à <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> six mois mais cette<br />

<strong>du</strong>rée est estimée en général insuffisante par les employeurs. On pourrait peut-être<br />

inciter les partants à contracter <strong>de</strong>s engagements d’un an en leur octroyant au<br />

moment <strong>du</strong> départ une prime assez élevée pour les tenter. Il serait éminement désUable<strong>de</strong>détourner<br />

vers le Soudan, ou tout au moins vers les coloniesJTan&ses, le courant<br />

d’émigration annuelle qui se rend en Gond Toast. Mais il faut tenir compte que<br />

cette émigration temporaire est <strong>de</strong>puis langtemps déjà entrée dans les mœurs ; que<br />

les travailleurs mossi sont employés en colonie britannique par les planteurs indigènes<br />

et que le régime <strong>de</strong> travailqui leur est imposé est sans doute moins pénible que<br />

celui <strong>de</strong>s chantiers <strong>de</strong> kt Vallée <strong>du</strong> Niger, tout en se rapprochant très sensiblement<br />

(21) Il est étonnant <strong>de</strong> lie que la Côte d’ivoire absorbe mille indivi<strong>du</strong>s annuellement car, <strong>de</strong>puis<br />

1932, les recrutements privés et publics pour la Côte d’ivoire ont cessé. s’agirait-t-il <strong>de</strong><br />

volontaires que leur nombre paraîtrait encore très fort car les conditions <strong>de</strong> travail en<br />

Basse Côte sont très <strong>du</strong>res. Dans les autres cercles <strong>du</strong> Mossi, dépendant <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong> Côte<br />

d’koire, les recrutements absorbent pour la Basse Côte : 85.5 hommes (1935) -<br />

3952 (1936) - 7186 (1937) - 8768 (1938) et 9565 (1939).<br />

190


1938<br />

<strong>de</strong>s conditions coutumières locales <strong>de</strong> travail. Il ne semble pas qu’avant longtemps<br />

<strong>de</strong>s résultats appréciables puissent être obtenus à ce sujet.<br />

Extraits concernant le Service <strong>du</strong> Gbinet : Le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, <strong>de</strong>puis son<br />

rattachement au Soudan, le Ier janvier 1933, n’a, à notre connaissance <strong>du</strong> moins,<br />

pas été inspecté d’une façon générale.<br />

Personnel administratif :<br />

I Administrateur <strong>de</strong> lère chzsse, Commandant <strong>de</strong> cercle - 1 Administrateur-Adjoint<br />

<strong>de</strong> Ière classe? Adjoint <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle - 1 Administrateur-Adjoint <strong>de</strong><br />

3e classe, Service Général - 1 Adjoint Principal <strong>de</strong> classe exceptionnelle <strong>de</strong>s Services<br />

civils - Agent spécial, assistés <strong>de</strong> 3 interprètes, 4 écrivains.<br />

Personnel technique :<br />

/<br />

Assistance Médicale Indigène : 1 mé<strong>de</strong>cin-Lieutenant <strong>de</strong>s T.C., 1 mé<strong>de</strong>cin auxiliaire,<br />

2 sages femmes, 3 infirmiers, 2 gar<strong>de</strong>s d’hygiène<br />

Service Zootechnique : .l Véténnaire-Lieutenant, I Vétérinaire auxillaire, 4 in@miers<br />

vétérinaires<br />

Enseignement : P Directeur <strong>de</strong> IYkole Régionale, Chef <strong>du</strong> Secteur scolaire, 3 instituteurs<br />

à <strong>Ouahigouya</strong>, 2 instituteurs à Djibo, 1 à T%aré et 1 à Gourcy<br />

Agriculture : 1 Con<strong>du</strong>cteur <strong>de</strong> Travaux agricoles, 1 moniteur, 2 maltres laboureurs,<br />

2 surveillants agricoles<br />

P.T.T. : 1 commis, 1 surveillant, 1 facteur. <strong>Ouahigouya</strong> est relié à Tougan parfilainsi<br />

qu ‘à Ouagadougou. Cette <strong>de</strong>rnière ligne ne fonc&ne qu’en MS <strong>de</strong> nécessité (22).<br />

Extraits concernant les Travaux Publics : 398 kilomètres <strong>de</strong> routes et 50 7 <strong>de</strong> pistes<br />

principales dans le cercle.<br />

Ponts principaux, tous sont provisoires : 3 ponts <strong>de</strong> 10 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong><br />

Mopti, 1 pont <strong>de</strong> 15 m, 1 pont <strong>de</strong> 20 m er 2 ponts <strong>de</strong> 8 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong><br />

Ouagadougou ; 2 ponts <strong>de</strong> 8 m et 1 pont <strong>de</strong> 6 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong>-Tougan ;<br />

2 ponts <strong>de</strong> 35 m et 2 ponts <strong>de</strong> 10 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong>-Kaya et 2 ponts <strong>de</strong><br />

25 m et 3 ponts <strong>de</strong> 6 m sur la route <strong>Ouahigouya</strong>-Djibo (23).<br />

Extraits concernant le hureau <strong>de</strong>s Affaires Ikonomiques :<br />

Société <strong>de</strong> Prévoyance : Depuis sa création relativement récente, Za Sociéfé cherche<br />

sa voie. Elle semble s’orienter d’une part sur la construction <strong>de</strong> puits, en particulier<br />

dans les régiàns septentr+onales <strong>du</strong> cercle qui manquent dkau et sont susceptibles<br />

d’être mises en valeur facilement lorsqu kIles en auront été pourvues ; d’autre part<br />

sur la constitution d’importantes réserves vivrières (constructions <strong>de</strong> silos et achats<br />

<strong>de</strong> mil).<br />

(22) Ouagadougou dépend <strong>de</strong> la Côte d’ivoire et Tougan <strong>du</strong> Soudan. Les limites entre les colo-<br />

nies <strong>de</strong> la fédération sont strictes. Ainsi : <strong>Ouahigouya</strong> dépend pour son ravitailIement <strong>de</strong><br />

Bamako, c’est-à-dire <strong>de</strong> Dakar, alors que son ravitaillement par Abidjan, moins onéreux,<br />

n’est pas envisagé.<br />

(23) C’est la réparation annuelle <strong>de</strong> ces ponts, constitués <strong>de</strong> troncs d’arbres (cailcedrats) qui<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> le plus <strong>de</strong> main d’œuvre prestataire. Les troncs sont enfoncés à plus <strong>de</strong> 2 m dans<br />

le lit <strong>du</strong> marigot. Ils soutiennent <strong>de</strong>s poutres <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8 m <strong>de</strong> long apportées à tête<br />

d’hommes sur <strong>de</strong>s distances <strong>de</strong> plus en plus gran<strong>de</strong>s (<strong>du</strong> fait <strong>de</strong>s défrichements continus).<br />

Le tablier <strong>de</strong> roulage est constitué <strong>de</strong> rondins.<br />

191


1938<br />

Le plan quinquennal <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction dressé au début <strong>de</strong> l’année ne suggère, en ce qui<br />

concerne le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, pas d’observation particulière et le programme<br />

<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance concor<strong>de</strong> parfaitement. La culture <strong>du</strong> coton Allen ne<br />

semble pas cependant jouir d’une faveur exceptionnelle auprès <strong>de</strong>s cultivateurs.<br />

&ns doute les ren<strong>de</strong>ments obtenus : 187 kg/ha en 1935, 121 en 1936 et 95 seule-<br />

ment en 1937 ne paraissent-ils pas en rapport avec le travail fourni.<br />

Les semences d’arachi<strong>de</strong> sont mises en réserve par les pro<strong>du</strong>cteurs eux-mêmes. La<br />

Société <strong>de</strong> Prévoyance dispose seulement d’un stock restreint <strong>de</strong> 15 tonnes environ<br />

<strong>de</strong>stiné à ravitailler les imprévoyants.<br />

Ci-<strong>de</strong>ssous sont indiquées les principales pro<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong> cercle :<br />

1934 1935 1936 1937<br />

Pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette :<br />

Karité 459 T 500 T 450 T 100 T<br />

Kapok 50 25 11 ?<br />

Pro<strong>du</strong>its d’exportation :<br />

Arachi<strong>de</strong>s 3650 T 5600 T 6500 T 9500 T<br />

Coton 938 640 515 660 (24).<br />

Les greniers <strong>de</strong> réserve ont été organisés par village. Immédiatement après l’hiver-<br />

nage, le dépôt <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tines <strong>de</strong> mil par contribuable a été effectué réellement sous<br />

le contrôle <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> I’Administration, soit 32 kg, mais en réalité on ne peut<br />

compter que sur 25 kg par contribuable. Ces greniers sont groupés dans une en-<br />

ceinte fermée et gardée. Sont également à l’abri sous la même surveillance les réser-<br />

ves <strong>de</strong> semences d arachi<strong>de</strong>s, sur la base <strong>de</strong> 7 kg par contribuable. Le mil ainsi stocke<br />

sera mis à la disposition <strong>de</strong>s intéressés à partir <strong>du</strong> ler août prochain. Il s’as-t donc<br />

uniquement <strong>de</strong> réserves <strong>de</strong> sou<strong>du</strong>re qui peuvent être évaluées à 4 000 tonnes actuel-<br />

lement. La Société <strong>de</strong> Prévoyance elle-même ne dispose que d’un stock insigni’ïznt<br />

<strong>de</strong> 27 tonnes.<br />

Conclusions : Géographiquement et économiquement, le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> ne<br />

dépend pas <strong>du</strong> Soudan Franpis. Son rattachement à cette colonie se justifie cepen-<br />

dant d’une part en raison <strong>de</strong> l’aversion <strong>du</strong> Yatenga-Naba et <strong>de</strong> ses sujets pour tout<br />

ce qui touche Ouagadougou et d’autre part par l’installation déja effectuée d’un<br />

certain nombre <strong>de</strong> colons mossi sur les terres irriguées <strong>de</strong> l’office <strong>du</strong> Niger. Ce lien<br />

peut.paraitre un peu ténu en raison <strong>de</strong>s convoitises toujours en éveil <strong>de</strong>s colonies<br />

voisines. Il serait bon, dans ces conditions <strong>de</strong> le renforcer dans toute ,+z mesure <strong>du</strong><br />

possible et <strong>de</strong> montrer par <strong>de</strong>s faits tangibles que le Soudan ne se désintéresse en<br />

rien <strong>de</strong> cette circonscription plut& excentrique.<br />

NOUS avons suggéré le renforcement <strong>du</strong> personnel administratif Nous proposerons<br />

en outre que le plan quinquennal<strong>de</strong> construction <strong>de</strong>s Travaux Publics, qui comporte<br />

(24) Nous émettons <strong>de</strong>s doutes sérieux sur la validité <strong>de</strong> ces chiffres qui concernent la pro<strong>du</strong>c-<br />

tion globale et non celle commercialisée. Notamment, les pro<strong>du</strong>ctions données pour 1933<br />

et 1934 sont incompatibles avec les mauvaises saisons agricoles <strong>de</strong> ces mêmes années.<br />

192


1938<br />

pour <strong>Ouahigouya</strong> la construction d’une rési<strong>de</strong>nce, soit mis en couvre dès lu campa-<br />

gne prochaine et poursuivi les annees suivantes par l’kménagknnent définitif <strong>du</strong><br />

<strong>poste</strong>, en commençant par les bureaux qui sont exagétiment exigus.<br />

Ces travaux complèteraient heureusement les travaux importants d’assainissement<br />

entrepris par Monsieur B. <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux ans d Ouahtgouya même et qui comportent<br />

le comblement <strong>de</strong> mares, la construction <strong>de</strong> caniveaux et la rt2aliz&ion d’une voirie<br />

convenable. Le Ytienga-Naba, les notables et même les habitants nous ont fait part<br />

<strong>de</strong> leur satisfaction d’avoir une agglomération pouvant rivaliser avec Ouagadougou.<br />

Ce patriotisme local... doit être encouragé. Au surplus, il convient <strong>de</strong> ne pas oublier<br />

que <strong>Ouahigouya</strong> rapporte, bon an mal an, <strong>de</strong>ux millions au budget local.<br />

193


1939 APPORT D’INSPECTION<br />

m08, 18 mars<br />

Affaires politiques et administratives : Popuhrtion d aprés les <strong>de</strong>rniers recensements :<br />

Mossi 306 304 Peu1 73 674<br />

Fulsé 38 421 Divers 5 495<br />

Yarcé 17186 Européens 21 Total : 441101 habitants<br />

De faqon générale, l’organisation actuelle <strong>de</strong> l’État <strong>du</strong> Yatenga est absolument féodale<br />

et les possessions <strong>de</strong>s grands feudataires disséminées un peu au hasard dans l’ensem-<br />

ble <strong>de</strong> l’État, souvent sans aucun lien géographique. Il serait désirable éminemment<br />

<strong>de</strong> les regrouper. Il serait préférable <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une enquete préalable et précise<br />

<strong>de</strong>vant déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> cette opération qui n’est rt%hsabb qu’avec le consentement <strong>du</strong><br />

chef <strong>de</strong> 1’Etat et qui nécessitera <strong>de</strong> nombreux échanges qu’il faudra déci<strong>de</strong>r les chefs<br />

actuels <strong>de</strong> Province à accepter volontairement. L’opération a, parait-il, été faite à<br />

Ouagadougou avec un plein succès. Neuf cantons sont à regrouper dans ce sens.<br />

Emigration : Temporaire sur la Gold Coast 4 000 environ<br />

surségou 1000<br />

sur Mopti 800<br />

sur Tougan 250<br />

sur Bamako 350<br />

Définitive sus Ire Côte d Ivoire 830<br />

sur le Niges 385<br />

sur Mopti 72<br />

sur Tougan 74<br />

Les recensements ont permis <strong>de</strong> déceler 4 à 5 000 indigènes venus<strong>de</strong> le Côte d ‘Ivoire<br />

s’installer dans le cerile au cours <strong>de</strong>s quatre <strong>de</strong>rnières années (25).<br />

Alimentation : Une réserve <strong>de</strong> 100 tonnes <strong>de</strong> mil est constituée à <strong>Ouahigouya</strong>. Le<br />

grain sera cédé aux sociétaires <strong>de</strong> la 8. <strong>de</strong> Prévoyance pendant l’hivernage afin <strong>de</strong> le<br />

renouveler pour 1940.<br />

La Société <strong>de</strong> prévoyance a organisé le marché au coton et celui <strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>. Si<br />

cette <strong>de</strong>rnière culture se développe, il sera nécessaire <strong>de</strong> prevoir d’autres marchés et<br />

d’étudier le décorticage mécanique <strong>de</strong>s graines.<br />

En 1938, 120 hectares <strong>de</strong> manioc ont été phmtés et en 1939 : 59 dans 218 villages.<br />

Notons encore 2207 hectares <strong>de</strong> coton dans 703 villages. Cette culture est aussi peu<br />

(25) Cf.note 1.<br />

194


1939<br />

populaire que possible en raison <strong>de</strong>s aléas qu’elle présente et <strong>de</strong>s prix trop bas<br />

offerts par le commerce.<br />

La <strong>de</strong>rnière récolte <strong>de</strong> mil est bonne dans l’ensemble. Les greniers <strong>de</strong> réserve sont<br />

garnis après kz récolte dans les conditions prévues par la réglementation en vigueur :<br />

greniers <strong>de</strong> villages ou <strong>de</strong> quartiers dans les grosses agglomérations ; trois tines <strong>de</strong><br />

mil par contribuable ; une tine <strong>de</strong> semences d’arachi<strong>de</strong> par homme. 18 000 tonnes<br />

ont ainsi été réservées dont 13000 pour le mil. La <strong>de</strong>rnière sou<strong>du</strong>re n’a soulevé<br />

aucune difficulté. Les greniers sont ouverts, avec l’autorisation <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong><br />

cercle, au début <strong>du</strong> mois d’août.<br />

Exportations : En 1938 arachi<strong>de</strong>s décortiquées 703 tonnes<br />

coton brut 173 ‘tonnes<br />

kapok brut 8 tonnes<br />

beurre <strong>de</strong> karité 20 tonnes<br />

Prévisions pour 1939 arachi<strong>de</strong>s décortiquées 1000 tonnes<br />

coton brut 150 tonnes<br />

kapok 10 tonnes<br />

beurre <strong>de</strong> karité 200 tonnes P51<br />

ColomWùw : 595 colons (familles comprises) ont été dirigés sur l’office <strong>du</strong> Niger<br />

en 1938. Un recrutement d ‘égale importance (600 personnes) est prévu incessam-<br />

ment. Tous les colons sont volontaires.<br />

Prestations : Aucune difficulté spéciale mais il est nécessaire <strong>de</strong> les surveiller<br />

attentivement pour empêcher que les chefs ‘<strong>de</strong> village n’envoient <strong>de</strong> trop<br />

jeunes garçons. En 1938, sur 87905 prestataires inscrits au rôle pour 7 jours,<br />

35242 seulement ont fait réellement leurs prestatians. Il y a eu 512 rachats<br />

à 31,50 fr, soit 18128 j?ancs.<br />

En raison <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité exceptionnelle <strong>de</strong> la population, les prestataires travaillent<br />

dans leur circonscription d’origine. En 1938,5 753 kg <strong>de</strong> mil et 135 kg <strong>de</strong> vuzn<strong>de</strong><br />

ont été distribués au titre <strong>de</strong>s rations.<br />

Recrutement I938-1939 :<br />

Diakandapé 1 an 150 manœuvres. 6 août 1938<br />

Samanko ’ 1 an 150 manœuvres 29 août 1938<br />

Dhzkandapé 1 an 150 manœuvres 5 novembre 1938<br />

S.T.A.P.S. 6 mois 200 manœuvres 5 décembre 1938<br />

S.T.A.P.S. 8 mois 200 manœuvres 15 mars 1939<br />

Office <strong>du</strong> N&sr 1 an 300 manœuvres 15 janvier 1939.<br />

Les manœuvres, tous volontaires, reçoivent une prime au départ <strong>de</strong> 15Ofr pour un<br />

an et <strong>de</strong> 100 fr pour six à huit mois.<br />

(26) Chiffres vraisemblables.<br />

195


1939<br />

Les possibilités <strong>de</strong> recrutement <strong>de</strong>s manœuvres sont <strong>de</strong> 1800 à 2 000 hommes par<br />

an. Il serait nécessaire <strong>de</strong> porter la prime d’engagement à 2OOfr par an lorsque le<br />

travail doit être particulièrement pénible comme au ST’S et à l’Office <strong>du</strong> Niger<br />

et d’augmenter en ce cas, dans <strong>de</strong>s proportions raisonnables, le salaire journalier.<br />

Il en est ainsi en Côte d’ivoire : les salaires étant plus elevés dans les entreprises<br />

forestières que dans les plantations.<br />

Finances : Recettes 1541610,15fr<br />

Dépenses 59 742,87fr<br />

Sol<strong>de</strong> 148186 728 .fk<br />

L agent spécial <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est l’un <strong>de</strong>s plus chargés <strong>de</strong> la Colonie, spécialement<br />

au début <strong>de</strong> chaque année, au moment <strong>de</strong> la perception <strong>de</strong> l’impôt. Le taux <strong>de</strong><br />

capitation pour 1939 est <strong>de</strong> 12 flancs. Sans observations.<br />

Au 20 mars 1938, la totalité <strong>de</strong>s taxes était perçue, soit 3 041609 francs.<br />

Routes : La route la plus intéressante au point <strong>de</strong> vue commercial est celle <strong>de</strong><br />

Ouagadougou à Ouahïgouya et à Mopti. Elle est parcourue journellement, <strong>de</strong><br />

décembre à avril, par une dizaine <strong>de</strong> camions en moyenne venant <strong>de</strong> la Gold-<br />

Coast ou <strong>de</strong> la Côte d’ivoire pour se rendre à Mopti, charger <strong>du</strong> poisson sec. La<br />

permanence <strong>de</strong> la route <strong>Ouahigouya</strong>-Mopti est indispensable au développement<br />

écorwmique <strong>du</strong> cercle...<br />

Aucune donnee intéressant la situation<br />

politique ou économique <strong>du</strong> cercle en1940<br />

n’a pu être retrouvee. Il n’est questionque<br />

<strong>de</strong> retards dans le courrier postal et <strong>de</strong><br />

démarches en vue <strong>de</strong> l’achat d’une auto-<br />

mobile pour le Yatenga-Naba... (27).<br />

(27) Le 10 mai 1940, la Belgique et la Hollan<strong>de</strong> sont envahies. Le 10 juin, l’Italie déclare la<br />

guerre à la France. Le 25 juin, l’armistice entre l’Allemagne et la France d’une part, et<br />

l’Italie et la France, d’autre part, entre en vigueur.<br />

196


1941 RAPPORT D’INSPECTION<br />

no 67,16 avril<br />

Installation <strong>de</strong>s Bureaax administratijIs :Elle est déplorable. Les pièces sont petites,<br />

obscures, sales. Le mobilier est à l’avenant. Des groupes compacts d’indigènes se<br />

pressent aux entrées Le Commandant <strong>de</strong> cercle, pour échapper à cette ambiance,<br />

travaille dans sa rési<strong>de</strong>nce ; ce qui n’est pas sans présenter <strong>de</strong>s inconvénients. Il serait<br />

temps <strong>de</strong> doter PAdministmtion <strong>du</strong> cercle d’une installation décente... La guerre<br />

ti arrêté le programme <strong>de</strong> constructions neuves dont <strong>de</strong>vait bénéficier ce cercle. La<br />

situation stgnalée <strong>de</strong>man<strong>de</strong> cependant une solution urgente. Les ressources budgé-<br />

taires, la pénurie <strong>de</strong> matériaux tels que fers et ciment ne permettront peut-être pas<br />

<strong>de</strong> m*aliser une installation définitive.<br />

Affaües politiques : Popuhttùm : 466 5 70 habitants.<br />

Mossi 310110 Habbé (dogon) 1516<br />

PaCl 71614 Bambara 729<br />

Yarcé 22480 Marancé 5224<br />

Fulsé 50 994 Bella 462<br />

&mo 3205 Haoussa 236<br />

Prestations : Le rkgime <strong>de</strong> hz taxe additionnelle (28) a été mis en vigueur en 1940<br />

chez les populations Fulbé. A raison <strong>de</strong> 31552 contribuables et au taux <strong>de</strong> 4 jr, les<br />

recouvrements à ce titre se sont élevés à 126 208 fr ; le crédit correspondant ris<br />

tourne au cercle fit <strong>de</strong> 125 412 fr.<br />

Convient-il d’étendre ce régime à l’ensemble <strong>du</strong> cercle ?Dans son rapport politique<br />

<strong>de</strong> 1938, le &mmano%nt <strong>de</strong> cercle a écr?t : Une mention à peu près i<strong>de</strong>ntique figure dans les rap-<br />

ports 1939-1940.<br />

S’agissant spécialement <strong>de</strong>s Mossi, et sans nier leur aptitu<strong>de</strong> au travail, je serais<br />

w-pris qu Vs ne pn?ferent pas un travail rémunéré à un travail gratuit. Je suis éga-<br />

lement convaincu qu’ils accepteraient volontiers <strong>de</strong> payer la taxe additionnelle, au<br />

taux modique <strong>de</strong> 4 fi, pour échapper aux levées <strong>de</strong> prestataires.<br />

(28) II s’agit d’une taxe rendant ca<strong>du</strong>ques les travaux sur prestations. La Taxe additionnelle,<br />

instaurée au Soudan en 1940, <strong>de</strong>vait permettre la création d’un fonds <strong>de</strong>s Travaux Publics.<br />

Le commandant note, en annexe <strong>de</strong> son rapport d’inspection, : UQU point <strong>de</strong> vue tkonomique.<br />

je ne VO~ que <strong>de</strong>s avantages à ce que la taxe soit app&uée a toute la population.<br />

On pourrait enfin équiper en immeubles et en ponts défmitifs le <strong>poste</strong> et les routes. c’est<br />

le véritable moyen <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l’ornière <strong>de</strong>s ouvrages provisoires en bois et en banco. Par<br />

ailleurs, les in&ènes pro<strong>du</strong>iront akvantage pour payer un impôt plus élevé . ..d>.<br />

197


1941<br />

A raison <strong>de</strong> 279 700 imposables et au taux <strong>de</strong> 4 fr, les recouvrements atteindraient<br />

Il18 8OOfp somme permettant sans aucun doute un entretien parfm.t. <strong>du</strong> réseau<br />

routier <strong>du</strong> cercle, rendant <strong>de</strong> surcro M inutile la délégation <strong>de</strong> 2.5 000 j? prévue pour<br />

l’entretien <strong>de</strong>s routes et <strong>de</strong>s ponts,<br />

Recrutement <strong>de</strong>s travailleurs :<br />

1940 Office <strong>du</strong> Niger 100 pour 1 an<br />

S.T.A.P.S. a Gae 100 pour 1 an.<br />

Tous ces recrutements ont eu lieu pour une <strong>du</strong>rée <strong>de</strong>un an. Les engagés rejoignent<br />

les chantiers a pied, en raison <strong>de</strong> la pénurie d’essence. Un recrutement <strong>de</strong> 300 hom-<br />

mes est en cours pour la Societé <strong>de</strong>s Cultures <strong>de</strong> Diakandapé.<br />

A ces recrutements <strong>de</strong> travailleurs temporaires, il convient d’ajouter celui <strong>de</strong> colons<br />

<strong>de</strong>stinés aux terres irriguées <strong>de</strong> l*OfEce <strong>du</strong> Niger, qui continuent à bénéficier <strong>du</strong><br />

transport en camions. 270 colons ont été recrutés en 1940 et 5.50 <strong>de</strong>puis le début<br />

<strong>de</strong> 1941.<br />

Taxe sur le bitail : Selon Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> M. le Vétérinaire, le nombre d’animaux portés<br />

au role ne dépasserait pas 12 à 18 % <strong>de</strong> l’effectif réel <strong>de</strong>s troupeaux. pai rapproché,<br />

pour les-cantons peu1 <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, le nombre d’imposables et celui <strong>de</strong>s<br />

bœufs ayant payé la taxe en 1940 : il y aurait 80 661 imposables et 56290 bafs.<br />

La disproportion entre ces <strong>de</strong>ux chiffres est excessive, mais elle n’a pas lieu <strong>de</strong> sur-<br />

prendre si, comme me la déclaré le Commandant <strong>de</strong> cercle, les râles sont établis<br />

d après les seules déclarations <strong>de</strong>s éleveurs. Il n’est pas douteux que le Service<br />

Zootechnique est seul a même dItvoir une idée approchée <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s<br />

troupeaux. Le recensement <strong>du</strong> bétail apparaît, par suite, comme une <strong>de</strong> ses tâches<br />

essentielles (29).<br />

Affaires écorwmiques : Les transactions commerciales ont porté en 1939, <strong>de</strong>rnière<br />

année normale, sur :<br />

- arachi<strong>de</strong>s décortiquées 813 tonnes OJO frlkg<br />

- coton allen 71 tonnes 1,30 à l,OO.fF/kg<br />

- coton indigène 200 tonnes 3,50 à 5 frfkg<br />

- kapok 29 tonnes 1,30 à 1,.5Ofr/kg<br />

- aman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> karité 71 tonnes<br />

- beurre <strong>de</strong> kan-té 61 tonnes 1,20 à 1,.50 frlkg.<br />

Les arachi<strong>de</strong>s prennent une part croissante dans lizlimentation indigène.<br />

(29) Aujourd’hui, il est encore impossible (et impensable) <strong>de</strong> réaliser un recensement précis<br />

<strong>du</strong> cheptel.<br />

198


1941<br />

Vulgarisation agricole : Dans quel sens convient-il <strong>de</strong> l’orienter ?Je viens d’indiquer<br />

que le coton occupe une place prépondérante dans l’économie <strong>du</strong> cercle. Le chef <strong>de</strong><br />

circonscription signale <strong>de</strong> son côté, le ren<strong>de</strong>ment infime <strong>du</strong> coton allen : 90 kg/&,<br />

avec les procédés culturaux indigènes ; 125 kgjha affirme le chef <strong>de</strong> secteur agricole.<br />

N’est-il pas permis <strong>de</strong> penser que ce ren<strong>de</strong>ment pourrait doubler si le sol était tra-<br />

vaillé mémniquement ? Le. cultivateur mossi, qui s’edapte sans peine à la culture<br />

attelée sur les terres irriguées <strong>de</strong> l’office <strong>du</strong> Niger, ne saurait s’y montrer rebelle<br />

<strong>de</strong>ns son paybd’origine. La creation <strong>de</strong> secteurs <strong>de</strong> vulgarisation me paraît le SO~U-<br />

tion à retenir (30).<br />

Enseiguement : L ‘école régionale <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> est actuellement fréquentée par<br />

230 élèves dont 35 fillettes On est surpris <strong>de</strong> constater qu’elle ne comporte ni<br />

enseignement ménager pour les filles, ni d’atelier pour les garçons.<br />

Conclusion : L’impression générale qui se dégage <strong>de</strong> l’inspection <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong><br />

<strong>Ouahigouya</strong> est celle d’un effort heureusement poursuivi au cours <strong>de</strong>s plus<br />

récentes années pour donner à ce <strong>poste</strong> une faça<strong>de</strong> flatteuse. Je citerai notam-<br />

ment : l’équipement <strong>de</strong>s principales voies daceès en ouvrages d’art définittfs,<br />

les avenues bien tracées et plantées d’arbres, les installations bien comprises <strong>de</strong><br />

la Société <strong>de</strong> Prévoyance.<br />

L’action administrative ne saurait toutefois être limitée à ce domaine. J’ai mentùm-<br />

né dans le cours <strong>de</strong> mon rapport les divers redressements à accomplir, qui tous ap<br />

pellent un contact plus étroit <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle avec ses bureaux, d’une<br />

part, avec ses administrés, d autre part...<br />

(30) Le Commandant <strong>de</strong> cercle émet quelques réserves mr ce propos dans un rapport annexe.<br />

II écrit : ~AU prochain projet <strong>de</strong> budget <strong>de</strong> la Societé <strong>de</strong> Prévoyance, sera prévu l’achat <strong>de</strong><br />

15 charrues et <strong>de</strong> 1.5 houes et l’installation d’une ferme école <strong>de</strong> labourage. On ne peut<br />

cé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s charrues et <strong>de</strong>s bœufs qu’à <strong>de</strong>s gens à qui on a appris à s’en servir et en ayant<br />

compris l’utilité. Pour avoir une belle récolte, labourer est sans doute un point essentiel2<br />

mais il faut aussi que la fumure soit rationnellement pratkpke et que le régime <strong>de</strong>s pluies<br />

soit propice.» Et le commandant <strong>de</strong> cercle a Iraison. L’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la culture mécanisée<br />

considérée comme un moyen <strong>de</strong> prog&s indiscutable, se heurtera en Afrique à <strong>de</strong>s<br />

problèmes multiples et enregistrera un nombre considérable d’échecs, ce qui ne veut pas<br />

dire que la leçon ait servi.<br />

199


1941<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt, par ailleurs, que l’importance <strong>du</strong> cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> exige que le<br />

Commandant soit effectivement secondé par un adjoint. Or, Monsieur l’Adminis<br />

trateur-Adjoint L. est le sixième fonctionnaire qui ait été appelé à ce <strong>poste</strong> en<br />

trois ans. c’est beaucoup !<br />

Remarques <strong>du</strong> Commandant <strong>de</strong> cercle sur les esmclusions <strong>de</strong> son inspection<br />

Je me permets <strong>de</strong> renouveller respectueusement que ma place, lorsque je ne suis pas<br />

en tournée, est dans les bureaux <strong>du</strong> cercle, au milieu <strong>de</strong> mes collaborateurs euro-<br />

péens et indigènes. C’est tout à fait exceptionnellement pour rédiger en toute tran-<br />

quilité d’esprit les longs mpports annuels ou <strong>de</strong>s lettres confi<strong>de</strong>ntielles <strong>de</strong> quelque<br />

importance que, <strong>de</strong> même que mes prét&esseurs, je me retire akns le bureau qui se<br />

trouve à hz rési<strong>de</strong>nce. Quiconquea vu hz disposition <strong>de</strong>s bureaux <strong>du</strong> cercle comprend<br />

aisément pourquoi.<br />

Il n’est au cours <strong>de</strong> l’année 1940, pas un versement d’impôt à laAgence ou à la<br />

Sociéte <strong>de</strong> Prévoyance qui n ‘ait été l’objet d’un ordre d’encaissement <strong>de</strong> ma part et<br />

d’un report <strong>de</strong> la quittance à la souche et je ne crois pas avoir-cesse pendant trois<br />

ans <strong>de</strong> contrôler un seul registre <strong>de</strong> l’Agence, <strong>de</strong> la Justice et <strong>du</strong> Bureau Militaire ou<br />

<strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance.<br />

Personne, dans les bureaux, n ‘a fait quoi que ce soit que ce ne fût sous mon impul-<br />

sion, mes conseils ou sous mon contrôle. JE été l’animateur et l’entraîneur <strong>de</strong><br />

l’équipe quelles que firent les résistances indivi<strong>du</strong>elles que j’ai pu rencontrer.<br />

J’ai travailIle’ seul avec un agent spécial pendant plus <strong>du</strong>n an (<strong>du</strong> 8 septembre 1939<br />

au 18 novembre 1940). J’ai cependant réussi la gageure d’accomplir, en 1940,<br />

84 jours <strong>de</strong> tournée pour conserver un contact indispensable avec l’indigène.<br />

La paix politique, tous les différends entre indigènes : source ordinaire <strong>de</strong> troubles,<br />

réglés ; la rentrée facile <strong>de</strong>s impôts accrus chaque ann&e ; la culture <strong>du</strong> coton et<br />

<strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong> poussée <strong>de</strong> façon intensive ; les pro<strong>du</strong>its ven<strong>du</strong>s <strong>de</strong> la façon la plus<br />

avantageuse pour les indigènes ; le recensement <strong>de</strong> 250 000 indigènes effectué en<br />

trois ans ; l’émigration détournée <strong>de</strong> Gond Toast vers les chantiers <strong>de</strong> la Colonie<br />

(1450 hommes en 1941) ou vers les terres irriguées <strong>de</strong> 1’Ofice <strong>du</strong> Niger (1167 co-<br />

lons en 1941) ; la levée <strong>de</strong> septembre 1939 à juin l940 <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 6 000 hommes,<br />

recrues ou réservistes - le sixième <strong>de</strong> l’effecttf que d&ait fournir le Soudan - les<br />

greniers <strong>de</strong> réserve bien remplis, etc... tout ceci n ‘e pu être accompli que grdce à une<br />

connaissance certaine <strong>de</strong>s possibilités <strong>du</strong> cercle et à une étroite collabomtùm avec<br />

l’indigène.<br />

200


Si les <strong>de</strong>rnières années qu’il nous a été donné<br />

d’observer ne sont pas celles d’une remise en<br />

cause <strong>de</strong> la con<strong>du</strong>ite politique et économique<br />

<strong>du</strong> cercle - beaucoup s’en faut - elles n’en témoi-<br />

gnent pasmoins d’un apaisement <strong>de</strong>s contraintes<br />

exercées sur les populations ; en un mot, d’une<br />

«humanisation» <strong>de</strong>s rapports entre le Comman-<br />

dant <strong>de</strong> cercle et ses administrés.<br />

Bien enten<strong>du</strong>, il n’est pas question <strong>de</strong> diminuer<br />

l’impôt - 1932 auraété une exception - toutefois,<br />

la précision plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s recensements nomi-<br />

natifs dont le rythme s’accélère permet sans<br />

doute <strong>de</strong> répartir cet impôt plus equitablement.<br />

Un fait est certain : <strong>Ouahigouya</strong>. en 1939, paie<br />

moins d’impôts que <strong>Ouahigouya</strong> en 1932, quand<br />

le cercle dépendait <strong>de</strong> la <strong>Haute</strong>-<strong>Volta</strong>... et le<br />

franc s’est dévalué !...<br />

D’autre part, les charges prestataires sont moins<br />

pesantes que <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>nte. Il<br />

n’y a plus <strong>de</strong> corvées <strong>de</strong> transport ;les hommes<br />

sont réquisitionnës pour <strong>de</strong>s travaux â proximité<br />

<strong>de</strong> leur village et le nombre <strong>de</strong> journées <strong>de</strong><br />

prestations est <strong>de</strong> 247000 en 1938 contre<br />

677 000 en 1930. En 1940, ces prestations sont<br />

supprimées dans la colonie <strong>du</strong> Soudan en appli-<br />

cation d’une décision <strong>de</strong> 1936 créant une section<br />

<strong>de</strong> Travaux Publics dans chaque cercle <strong>de</strong>s<br />

colonies.<br />

Toujours dans le même temps, si l’administration<br />

<strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> recrute bien <strong>de</strong> 700 â 900 hom-<br />

mes par an pour les ((travaux d’infrastructure<br />

impériale», ce sont plus <strong>de</strong> 9 500 hommes qui<br />

sont réquisitionnés en 1939 dans les cercles voi-<br />

sins <strong>de</strong> Ouagadougou et <strong>de</strong> Kaya (intégrés â la<br />

Côte d’ivoire) pour aller travailler {(au chemin<br />

<strong>de</strong> fer <strong>du</strong> Mossi)) ou encore dans les plantations<br />

et chantiers forestiers <strong>du</strong> Sud.<br />

Ajoutons enfin que les autorités révisent sérieu-<br />

sement leur attitu<strong>de</strong> - jusqu’alors très compré-<br />

hensive - â l’égard <strong>de</strong>s chefs coutûmiers et que,<br />

dans le cadre <strong>de</strong> «l’action pour l’humanisation<br />

201


202<br />

a


<strong>de</strong>s coutûmes)), elles appliquent le décret Man<strong>de</strong>1<br />

(juin 1939) visant «à libéraliser la femme indi-<br />

g&e>) (3 1).<br />

.<br />

Entendons-nous bien : les administrateurs ne<br />

sont pas <strong>de</strong>venus spontanément <strong>de</strong>s bienfaiteurs.<br />

Seulement, les temps ont changé : la Colonie<br />

n’est plus obnubilée parla nécessité d’aller vite !<br />

On ne cherche plus tant à exploiter (sous la<br />

forme


EN CZJI$EûE 60NGLUSIQN :<br />

Les textes qui viennent d’être présentés n’engagent-ils que leurs auteurs ?<br />

Autrement dit, avons-nous découvert les divers styles et personnalités d’une trentaine<br />

d’administrateurs qui se sont succédés au comman<strong>de</strong>ment d’une quelconque cir-<br />

conscription <strong>de</strong> L’A-OF. ou bien avorwnous observé l’ensemble <strong>du</strong> dispositif colo-<br />

nial où chacun à son <strong>poste</strong>, <strong>du</strong> Gouverneur Général - voire <strong>du</strong> Ministre <strong>de</strong>s Colonies -<br />

jusqu’au chef <strong>de</strong> village, a eu sa part <strong>de</strong> responsabilité dans l’application d’une<br />

politique ?<br />

Le commandant <strong>de</strong> cercle n’est pas un clément anonyme <strong>de</strong> cette chaîne<br />

administrative, qui exécute consciencieusement - parfois avez zéle - les ordres<br />

venus <strong>de</strong> haut et transmis <strong>de</strong> façon impersonnelle (circulaires, tlélgrammes). C’est<br />

l’informateur privil&ié <strong>du</strong> gouvernement local et fédéral, l’observateur <strong>de</strong> terrain,<br />

en quelque sorte. Le contenu <strong>de</strong>s rapports qu’il transmet régulièrement à ses supé-<br />

rieurs - tels ceux soumis ici à lecture - doit susciter, déclencher les décisions &<br />

prendre en haut lieu. Ainsi restonanous interdits quand, sous une forme anecdo-<br />

tique et dans la rubrique «impôts)>, nous apprenons - presque par hasard - qu’une<br />

disette Sevit, parce que le commandant cherche à se faire excuser <strong>de</strong> n’avoir pu<br />

dans les temps percevoir la totalité <strong>de</strong>s rôles.<br />

Il est témoin et que fait-il ? Conscient-<strong>de</strong> la situation (manque <strong>de</strong> vivres et d’argent)<br />

il s’évertue - s’entête parfois avec cynisme - à recouvrir la totalité <strong>de</strong>s impositions.<br />

Est-il besoin <strong>de</strong> souligner que le centre d’intérêt d’une telle politique est fort éloigné<br />

<strong>de</strong> d’izuvre civiliwriee~ en faveur <strong>de</strong>s administrés ?<br />

L’essentiel <strong>de</strong> l’activité économique <strong>du</strong> Yatenga repose sur les cultures et<br />

trouve son facteur limitant dans l’irrégularité, la concentration et la faiblesse <strong>de</strong>s<br />

précipitations. C’est le leitmotiv <strong>de</strong> tous les rapports. Les poLkrlations sont à la<br />

merci <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’hivernage. Mais la métropole est avi<strong>de</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its et<br />

l’administration locale <strong>de</strong> recettes. Les paysans doivent, en conséquence, pro<strong>du</strong>ire<br />

davantage. Les défrichements s’accélerent, les champs s’éten<strong>de</strong>nt .et la faune est<br />

décimée. En 1937, les autorités se ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> #insuffisance <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong><br />

cultures autour <strong>de</strong> Quah&ouyat et vont jusqu’à reconnaître que


suivant les prescriptions <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong>s services agricoles. Àjoutons que les ren<strong>de</strong>-<br />

ments obtenus à l’époque varient <strong>de</strong> 50 & 90 kg <strong>de</strong> coton à l’hectare et l’on appré-<br />

ciera la consommation <strong>de</strong> terres neuves requises annuellement : 1500 ha en moyenne<br />

pour 100 T <strong>de</strong> coton.<br />

Ce ne sera qu’autour <strong>de</strong>s années 50 que les autorités locales reconnaîtront<br />

enfin les effets néfastes <strong>de</strong> la culture extensive : manque <strong>de</strong> bois pour l’alimentation<br />

<strong>de</strong>s foyers domestiques et la construction <strong>de</strong>s habitations, extension rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’érosion sur les sols cultivés. Alors, commencera «l’équipement <strong>du</strong> territoires :<br />

création <strong>de</strong> pépinières et <strong>de</strong> parcelles <strong>de</strong> reboisement, construction <strong>de</strong> petits barrages<br />

et aménagement <strong>de</strong> banquettes ami-érosives (1957-1963). Ces interventions pour-<br />

ront être jugées bien tardives quand on considère que l’équilibre écologique a sans<br />

doute été rompu au cours <strong>de</strong>s années 30.<br />

Les administrateurs ne portent pas attention aux cultures vivrières ; ils<br />

déplorent seulement les disettes ou les famines et procè<strong>de</strong>nt hativement à la «consfi-<br />

tution <strong>de</strong> grekers <strong>de</strong> r.?serve» pour ne plus s’en préoccuper avec le retour <strong>de</strong>s<br />

«années normales>. Que surviennent alors <strong>de</strong>s vols <strong>de</strong> sauterelles et les habitants<br />

subviendront eux-mêmes à leurs besoins, allant échanger leur bétail contre le mil<br />

<strong>de</strong>s régions voisines ; ils en ont l’habitu<strong>de</strong> ! Que <strong>de</strong>s épizooties provoquent <strong>de</strong>s<br />

hécatombes dans le troupeau, que les animaux se ven<strong>de</strong>nt mal par suite d’une forte<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> céréales... qu’importe ! Pluies ou sécheresses, épizooties ou non, les<br />

impôts augmentent sensiblement d’une année & l’autre. La bonne gestion <strong>du</strong> cercle<br />

est sauve.<br />

Par exemple, en 1927, année <strong>de</strong> mauvaises récoltes, l’institution <strong>de</strong> greniers<br />

<strong>de</strong> réserve est remise à l’honneur mais, parallèlement, la campagne m’errée par l’admi-<br />

nistrateur pour étendre les cultures s’intéresse préférentiellement à l’extension <strong>de</strong>s<br />

cotonneraies. Les années suivantes, au milieu <strong>du</strong> marasme économique<strong>de</strong>s années 30,<br />

la seule intervention <strong>de</strong>s autorités consiste à intro<strong>du</strong>ire une variéte <strong>de</strong> petit mil hâtif<br />

dont nous ignorons les résultats..<br />

Ne nous attardons pas sur le programme <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong> Prévoyance qui,<br />

aux dires mêmes <strong>de</strong> l’administration, ne répond pas aux besoins immédiats <strong>de</strong> la<br />

population. Soulignons, pour finir, qu’en 1941, lorsqu’un secteur d’agriculture<br />

est créé dans le cercle <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong>, l’objectif prioritaire est <strong>de</strong> vulgariser la<br />

culture attelée pour améliorer - une fois encore r- la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> coton Allen et<br />

<strong>de</strong> l’arachi<strong>de</strong>.<br />

Alors, au bout <strong>du</strong> compte, qu’a-t-il été propose aux habitants <strong>du</strong> cercle<br />

pour améliorer leur bien-être, mis à part les rares écoles et les vaccinations ? Détour-<br />

nons la repense : pendant trois décennies, le mot d’ordre a eté d’exploiter le pays en<br />

exigeant, d’abord, la collecte <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its <strong>de</strong> cueillette - la traite - puis en voulant<br />

accroître constamment les pro<strong>du</strong>ctions dites (


souvent enten<strong>du</strong>s, ajoutons que certains effets <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> naguère sont<br />

pourtant longs à disparaître. Nous ne reviendrons pas sur le


1 - Valeur <strong>du</strong> franc français courant (en centimes <strong>de</strong> franc E 974)<br />

1901<br />

1926<br />

182<br />

1926 36<br />

1927 44<br />

1928 37<br />

1936<br />

N.B. -<br />

1936 26<br />

1937 22<br />

1938 16<br />

1939 15<br />

1940<br />

1944<br />

13<br />

1945 12<br />

1946<br />

1947 4$7<br />

1948<br />

1950 26 ’<br />

1950<br />

1958 136<br />

ANNEXES<br />

1958 193<br />

1959 1,126<br />

1960<br />

1968<br />

1969<br />

1974<br />

L’institution <strong>du</strong> «franc lourd» ne correspond pas à une réévaluation <strong>du</strong><br />

Franc. Il n’y a pas lieu d’en tenir compte pour mesurer là dévaluation progressive.<br />

La valeur <strong>du</strong> Franc <strong>de</strong>puis 1900 est dé<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> l’évolution <strong>du</strong> cours d’achat<br />

<strong>de</strong> l’or par la Banque <strong>de</strong> France <strong>de</strong>puis cette date (source INSEE).<br />

1,13<br />

1<br />

209


2 - Indice <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> détail en France (base : 1 = 1938) (source INSEE)<br />

210<br />

1901 0,13 1938 1 ,oo<br />

1902 0,13 1939 1,07<br />

1903 0,13 1940 1,26<br />

1904 0,13 1941 1,48<br />

1905 0,13 1942 1,78<br />

1906 0,12 1943 2,21<br />

1907 ‘0,13 1944 2,70<br />

1908 0,13 1945 4,Ol<br />

1909 0,13 1946 6,12<br />

1910 0,13 1947 9,13<br />

1911 0,15 1948 14,49<br />

1912 0,15 1949 16,40<br />

1913 0,15 1950 18,04<br />

1914 0,15 1951 20,97<br />

1915 0,18 1952 23,47<br />

1916 0,20 1953 23,07<br />

1917 0,24 1954 23,17<br />

1918 0,31 1955 23,39<br />

1919 0,38 1956 24,37<br />

1920 0,53 1957 25,ll<br />

1921 0,46 1958 28,89<br />

1922 0,45 1959 30,67<br />

1923 0,49. 1960 31,78<br />

1924 0,56 1961 32,83<br />

1925 0,60 1962 34,41<br />

1926 0,79 1963 36,lO<br />

1927 0,82 1964 37,23<br />

1928 0,82 1965 38,26<br />

1929 0,87 1966 39,50<br />

1930 0,88 1967 40,74<br />

1931 0,84 1968 42,67<br />

1932 0,77 1969 44,87<br />

1933 0,74 1970 48,Ol<br />

1934 0,71 1971 51,37<br />

1935 0,65 1972 54,96<br />

1936 0,70 1973 58,80<br />

1937 0,88 1974 62,91


3 - Copie <strong>du</strong> TRAIT& DE PAIX ET DE PROTECTORAT (1897)<br />

(( Au nom <strong>de</strong> la République Française, entre nous, <strong>de</strong> TRENTINIAN, colonel<br />

d’Infanterie <strong>de</strong> Marine, Lieutenant-Gouverneur <strong>du</strong> Soudan Français, officier <strong>de</strong> la<br />

Légion d’honneur, représenté par le Lieutenant VOULET <strong>de</strong> l’infanterie <strong>de</strong> marine,<br />

chevalier <strong>de</strong> la Légion d’honneur, chargé <strong>de</strong> mission et agissant avec les pleins pou-<br />

voirs, d’une part, et KOUKA-KOUTOU, <strong>de</strong> la famille royale <strong>de</strong>s Konda, Naba <strong>du</strong><br />

Mossi, d’autre part, a été conclu le traité <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> protectorat suivant :<br />

1) Les hostilités entre la France et le Mossi cessent, pour toutes les régions soumises,<br />

à dater <strong>de</strong> la signature <strong>du</strong> présent traité.<br />

2) BOKARY -KOUTOU, ayant au mépris <strong>du</strong> droit <strong>de</strong>s gens fait attaquer une mission<br />

pacifique, insulte le pavillon français, chasse après les avoir maltraités les envoyés<br />

<strong>de</strong> la France, est déchu <strong>de</strong> tous ses droits à la souveraineté <strong>du</strong> Mossi et dépen-<br />

dances.<br />

3) KOUKA-KOUTOU, au nom <strong>de</strong> la France.et avec l’assentiment <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong>s<br />

populations;est reconnu .comme Naba <strong>du</strong> Mossi et dépendances, au lieu et place<br />

<strong>de</strong> son frère BOKARY-KOUTOU déchu.<br />

4) KOUKA est confié dans la plénitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous ses droits et souveraineté atta-<br />

chés à la personne <strong>du</strong> Naba <strong>du</strong> Mossi, notamment en ce qui concerne lasuzerai-<br />

neté à l’égard <strong>de</strong>s nabas vassaux et <strong>de</strong> tous les territoires qui dépen<strong>de</strong>nt légiti-<br />

mement <strong>du</strong> Mossi.<br />

5) En témoignage <strong>de</strong> sa reconnaissance, KOUKA-KOUTOU place sous le protec-<br />

torat exclusif et sous la souveraineté absolue <strong>de</strong> la France, le Mossi et tous les<br />

territoires qui en <strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt légitimement.<br />

6) Dépen<strong>de</strong>nt legitimement <strong>du</strong> Mossi : le Tous les territoires où la langue mossi<br />

est en usage. 2e Les territoires placés sous le comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s Nabas vassaux,<br />

3e Tous les pays qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Mossi en raison <strong>de</strong> la tradition et <strong>de</strong>s droits<br />

historiques, 4e Les territoires reconnaissant la souveraineté <strong>du</strong> Mossi y compris<br />

ceux où la langue mossi n’est pas en usage, Se Le pays connu sous le nom <strong>de</strong><br />

Boussansé ou Boussanga qui dépend <strong>du</strong> Mossi par droit historique.<br />

7) Le Naba <strong>du</strong> Mossi et ses successeurs légitimes ne pourront conclure aucun<br />

traité ou arrangement avec une puissance autre que la France.<br />

8) Le Naba signataire <strong>du</strong> présent acte, déclare nul et sans valeur tout traité ou arran-<br />

gement antérieur, dont pourrait se prévaloir une puissance autre que la France.<br />

9) Le Naba s’engage à accepter dans sa capitale, ainsi que dans toute autre localité<br />

<strong>de</strong> ses états, un rési<strong>de</strong>nt français avec une escorte dont l’effectif est laisse à<br />

l’appreciation <strong>du</strong> Gouvernement <strong>de</strong> la République Française.<br />

211


10) Le Gouvernement Français s’engage a donner ai<strong>de</strong> et appui au Naba <strong>du</strong> Mossi<br />

contre tous ses ennemis extérieurs.<br />

11) Comme réciprocité, le Naba <strong>du</strong> Mossi s’engage à donner ai<strong>de</strong> et protection à<br />

tout commerçant ou sujet français. Les marchandises d’origine franmçaise ne<br />

seront frappées d’aucun droit <strong>de</strong> douane ni <strong>de</strong> transit.<br />

12) KOUTA-KOUTOU, Naba <strong>du</strong> Mossi, a reçu <strong>de</strong>s mains <strong>du</strong> Lieutenant VOULET,<br />

un pavillon français qu’il s’est engagé à conserver et à présenter à tout sujet<br />

d’une puissance étrangère voyageant au Mossi.<br />

Fait à Ouagadougou, le vingt janvier dix-huit cent quatre-vingt dix-sept..<br />

Signé. VOULET, Lieutenant d’infanterie <strong>de</strong> marine, chef <strong>de</strong> mission,<br />

J. CHANOINE, Lieutenant au 2e escadron <strong>de</strong> spahis soudanais,<br />

Dr HENBIC, Mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> 2e classe <strong>de</strong> la marine, mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> la mission,<br />

LAURY, Sergent d’infanterie <strong>de</strong> marine,<br />

LE JARIEL, Sergent d’infanterie <strong>de</strong> marine.<br />

(Archives C. V.R.S. - Ouagadougou ; copie avec tra<strong>du</strong>ction en arabe jointe)<br />

4 - Liste <strong>de</strong>s affectations au <strong>poste</strong> <strong>de</strong> <strong>Ouahigouya</strong> (1897 - 1941)<br />

Administrateurs militaires :<br />

212<br />

29 mars 1897 -juin 1897<br />

juin 1897 - septembre &83Jk<br />

septembre 1897 - 12 janvier 1898<br />

13 janvier 1898 - 12 avril 1898<br />

13 avril,1898 - 12 janvier 1899<br />

13 janvier 1899 - 31 mai 1899<br />

ler juin 1899 - 30 juin 1899<br />

ler juillet 1899 - 25 mai 1900<br />

26 mai 1900 -mai 1901<br />

mai 1901- 14 septembre 1902<br />

15 septembre 1902 - 22 avril 1904<br />

0<br />

Adj . RAGOT<br />

Mar. <strong>de</strong>s Logis THIEBAUX<br />

Lieut. SALAMAN<br />

Capt. AMMAN<br />

Sergt. PINAULT<br />

Lieut. BOUTICQ<br />

Lieut. DESCLAUX<br />

Capt. BOUVET<br />

Capt . GRANDEBYE<br />

Lieut. RIPAULT<br />

Capt. NOIRE


Administrateurs civils :<br />

23 avril 1904 - 1905<br />

1905 - 1906<br />

1906 - 10 octobre 1908<br />

16 octobre 1908 - 20 janvier 1910<br />

21 janvier 1910 - ler janvier 1911<br />

janvier 1911- 23 avril 1911<br />

lermai 1911 -juin.1912<br />

juillet 1912 - 15 septembre 1913<br />

16 septembre 1913 - septembre 1914<br />

10 octobre 1914 -mai 1915<br />

juin 1915 -juin 1916<br />

juillet 1916 - 1917<br />

septembre 1918 - ?<br />

? -juin 1919<br />

juin 1919 - avril 1920<br />

avril 1920 -juin 1921<br />

juin 1921 -décembre 1923<br />

janvier 1924 - novembre 1924<br />

décembre 1924 -mars 1925<br />

avril 1925 - avril 1927<br />

mai 1927 - novembre 1927<br />

décembre 1927 -juin 1929<br />

juillet 1929 - 28 avril 1932<br />

29 avril 1932 - 24 janvier 1933<br />

25 janvier 1933 - 7 avril 1933<br />

8 avril 1933 - 2 mai 1933<br />

3 mai 1933 - ler février 1934<br />

2 février 1934 - 14 avril 1934<br />

.15 avril 1934 - 10 septembre 1935<br />

11 septembre 1935 - 30 octobre 1935<br />

ler novembre 1935 - 5 mai 1936<br />

6 mai 1936 -mai 1938<br />

juin 1938 - avril 1941<br />

BEFk4RD<br />

RELHIER<br />

P?R... (décédé à <strong>Ouahigouya</strong>)<br />

VAD...<br />

BLE...<br />

CEC... (décédé à <strong>Ouahigouya</strong>)<br />

LEM...<br />

CLE...<br />

TAUXIER<br />

GIR...<br />

TAUXIER<br />

MAR...<br />

FLO...<br />

CAV...<br />

CLE...<br />

DAG...<br />

MAT...<br />

DAG...<br />

BOU...<br />

MAT...<br />

GIB...<br />

POR...<br />

COR...<br />

BAU...<br />

DEL... (par intérim)<br />

LEH... (par intérim)<br />

TE...<br />

LEH... (par intérim)<br />

ALL...<br />

GAU... (par intérim)<br />

DIM... (par intérim)<br />

DON...<br />

LAN...<br />

N.B. - Les noms <strong>de</strong>s administrateurs, auteurs <strong>de</strong>s rapports, sont volontairement<br />

incomplets, pour préserver l’anonymat.<br />

213


5 - Tableau <strong>de</strong>s saisons agricoles (1907 - 1942) d’après les informations livrkes<br />

par les archives<br />

Année<br />

214<br />

Pluviométrie<br />

(<strong>Ouahigouya</strong>) RÉCOLTE<br />

Total Nbre<br />

Etat général<br />

(mm) jours<br />

OBSERVATIONS<br />

1907 - - Mauvais Très mauvaise récolte à Gourcy et<br />

Séguénéga<br />

1908 - - Bon Sou<strong>du</strong>re difficile et disette en août<br />

1909 - - Médiocre à bon<br />

1910 503 44 Médiocre Sou<strong>du</strong>re difficile. Mauvaise récolte au<br />

sud-ouest et nord-est <strong>du</strong> cercle<br />

1911 - - Médiocre Sou<strong>du</strong>re difficile. Sécheresse en août et<br />

septembre. Récolte hâtive. Mauvaise<br />

récolte au nord<br />

1912 658<br />

1913<br />

1914<br />

1915<br />

1916<br />

1917<br />

1918<br />

1919<br />

1920<br />

1921<br />

1922 1020<br />

1923<br />

1924 531,3<br />

1925 570,5<br />

1926 612,2<br />

1927 721,§<br />

38<br />

53<br />

Bon<br />

Tres mauvais<br />

Bon<br />

Bon<br />

Bon<br />

Très bon<br />

Très bon<br />

Bon<br />

Bon<br />

Mediocre (? )<br />

Très bon<br />

Très bon<br />

Très bon<br />

Mauvais<br />

Très mauvais<br />

Très bon<br />

Pluies tardives<br />

Sécheresse après torna<strong>de</strong>s violentes en<br />

juin. Récolte médiocre au sud<br />

Famine. Manque <strong>de</strong> semences. Récolte<br />

médiocre au nord<br />

Greniers <strong>de</strong> réserve<br />

Pluies tardives mais régulières jusqu’à<br />

la récolte<br />

Greniers <strong>de</strong> réserve<br />

Bonne répartition <strong>de</strong>s pluies. Greniers<br />

<strong>de</strong> réserves<br />

Sécheresse<br />

Bonne répartition <strong>de</strong>s pluies. Greniers<br />

<strong>de</strong> réserves<br />

Sécheresse en septembre. Récolte<br />

hâtive<br />

Sou<strong>du</strong>re difficile. Sécheresse en<br />

septembre-octobre. Récolte nulle au<br />

nord-ouest. Importation <strong>de</strong> grains<br />

Sou<strong>du</strong>re difficile. Disette. Très bonne<br />

répartition <strong>de</strong>s pluies.


Médiocre<br />

Très mauvais<br />

Bon<br />

Bon<br />

Bon<br />

&uvais<br />

Très mauvais<br />

Bon<br />

Très bon<br />

Très bon<br />

Bon<br />

Très bon<br />

Très mauvais<br />

Très mauvais<br />

Très mauvais<br />

Greniers <strong>de</strong> réserve. Secheresse en<br />

septembre. Acridiens en octobre.<br />

Récolte hâtive<br />

Sou<strong>du</strong>re difficile. Sécheresse en août.<br />

Accroissement <strong>de</strong>s surfaces en céréales.<br />

Acridiens. 80% <strong>de</strong> la récolte per<strong>du</strong>e<br />

Famine. Pluies tardives. Invasion <strong>de</strong><br />

chenilles. Sauterelles en septembre<br />

Récolte médiocre au centre <strong>du</strong> cercle<br />

Manque <strong>de</strong> numéraire. Vente <strong>de</strong> mil.<br />

Disette. Manque <strong>de</strong> semences<br />

Acridiens. Récolte hâtive<br />

Sou<strong>du</strong>re difficile. Disette. Acridiens.<br />

Récolte hâtive<br />

Sou<strong>du</strong>re difficile<br />

Greniers <strong>de</strong> réserves. Bonne répartition<br />

<strong>de</strong>s pluies<br />

Greniers <strong>de</strong> réserves<br />

Greniers <strong>de</strong> réserves<br />

Bonne répartition <strong>de</strong>s pluies. Invasion<br />

acridiemte<br />

Disette. Prélèvement dans les greniers<br />

<strong>de</strong> réserves. Sécheresse en septembre.<br />

Acridiens<br />

Disette. Pluies bien réparties. Acridiens<br />

215


OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFlcZUE<br />

ET TECHNIQUE OUTRE-MER<br />

O.R.S.T.O.M. Editeur<br />

Dépôt légal : Ier trim. 1981<br />

I.S.B.N. : 2-7099-0581-7<br />

Imp. S.S.C. - Bondy<br />

- Réimpression 19$3 -

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