Pratchett,Terry-[Dis..
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ŕ Le chez moi qui est chez moi. Mon chez moi à moi. Là où j’habite, expliqua Deuxfleurs, penaud. De l’autre côté de la mer. Tu sais bien. Là d’où je viens. Voulez-vous bien cesser, je vous prie ? ŕ Oh. ŕ Oook ? » Il y eut une pause. Puis Deuxfleurs reprit : « Tu vois, la nuit dernière, l’idée m’est venue, j’ai réfléchi, disons… voyager et voir des choses, c’est bien, mais il y a encore moyen de beaucoup s’amuser une fois que c’est fait. Tu sais, ranger toutes les images dans un livre et retrouver des souvenirs. ŕ Non ? ŕ Oook ? ŕ Oh, si. L’important, quand on a beaucoup de choses à retenir, c’est qu’il faut ensuite s’installer quelque part où se les rappeler, tu vois ? Il faut s’arrêter. On n’a jamais vraiment voyagé tant qu’on n’est pas rentré chez soi. Je crois que c’est ça que je veux dire. » Rincevent se repassa la phrase dans la tête. Ça n’avait pas l’air plus clair la seconde fois que la première. « Oh, refit-il. Bon, très bien. Si tu le sens comme ça. Tu pars quand, alors ? ŕ Aujourd’hui, je pense. Il doit bien y avoir un bateau qui va dans ma direction. ŕ Sûrement », dit gauchement Rincevent. Il se regarda les pieds. Il regarda en l’air. Il se racla la gorge. « On en a vu de rudes ensemble, hein ? fit Deuxfleurs qui lui donna un coup de coude dans les côtes. ŕ Ouais, dit Rincevent en grimaçant ce qui ressemblait à un sourire. ŕ Tu n’es pas fâché, n’est-ce pas ? ŕ Qui ça ? moi ? Bon sang, non. J’ai mille choses à faire. ŕ Tout est bien, alors. Écoute, on va prendre un petit déjeuner et après on descendra sur les quais. » Rincevent approuva d’une tête sinistre, se tourna vers son assistant et tira une banane de sa poche. 222
« Tu as compris maintenant, tu prends le relais, marmonnat-il. ŕ Oook. » * En vérité, pas un seul bâtiment n’appareillait pour une quelconque destination proche de l’Empire agatéen, mais c’était un détail secondaire car Deuxfleurs compta tout bonnement des pièces d’or dans la main du premier capitaine de bateau à peu près potable jusqu’à ce que l’homme vît soudain tous les avantages d’un changement de programme. Rincevent attendit sur le quai que Deuxfleurs ait fini de verser au capitaine une bonne quarantaine de fois la valeur de son navire. « Ça y est, c’est arrangé, dit le touriste. Il va me débarquer aux îles Brunes, et de là je trouverai facilement un bateau. ŕ Merveilleux », fit Rincevent. Deuxfleurs parut réfléchir un moment. Puis il ouvrit le Bagage et sortit un sac d’or. « Tu as vu Cohen et Bethan ? demanda-t-il. ŕ Je crois qu’ils sont partis se marier, répondit le mage. J’ai entendu Bethan dire que c’était maintenant ou jamais. ŕ Bon, quand tu les verras, donne-leur ça, dit Deuxfleurs en lui tendant le sac. Je sais que ça coûte cher de s’installer, au début. » Deuxfleurs n’avait jamais compris grand-chose aux écarts incommensurables entre les cours du change. Le sac aurait facilement permis à Cohen de s’installer à la tête d’un petit royaume. « Je le remettrai à la première occasion, dit-il, et à sa surprise il s’aperçut qu’il le pensait. ŕ Bon. J’ai eu l’idée de t’offrir quelque chose, à toi aussi. ŕ Oh, ce n’est pas…» Deuxfleurs farfouilla dans le Bagage et tira un grand sac. Il se mit à y entasser ses vêtements, son argent et sa boîte à images, jusqu’à ce que le coffre fût vide. La dernière chose qu’il mit dans son sac, ce fut sa boîte-souvenir à cigarettes musicale, 223
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ŕ Le chez moi qui est chez moi. Mon chez moi à moi. Là où<br />
j’habite, expliqua Deuxfleurs, penaud. De l’autre côté de la mer.<br />
Tu sais bien. Là d’où je viens. Voulez-vous bien cesser, je vous<br />
prie ?<br />
ŕ Oh.<br />
ŕ Oook ? »<br />
Il y eut une pause. Puis Deuxfleurs reprit :<br />
« Tu vois, la nuit dernière, l’idée m’est venue, j’ai réfléchi,<br />
disons… voyager et voir des choses, c’est bien, mais il y a encore<br />
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que je veux dire. »<br />
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quand, alors ?<br />
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« On en a vu de rudes ensemble, hein ? fit Deuxfleurs qui lui<br />
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ŕ Ouais, dit Rincevent en grimaçant ce qui ressemblait à un<br />
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ŕ Tu n’es pas fâché, n’est-ce pas ?<br />
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