Pratchett,Terry-[Dis..
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Il n’y eut pas d’objection.<br />
Il atteignit la porte, l’In-Octavo serré sous son bras. Le livre<br />
paraissait chaud et comme hérissé d’épines.<br />
À chaque pas Trymon s’attendait à un cri, une protestation,<br />
mais rien ne vint. Il dut faire appel à toute sa maîtrise de soi<br />
pour se retenir de rire. C’était plus facile qu’il ne l’aurait cru.<br />
Les autres n’avaient traversé que la moitié du cul de bassefosse<br />
claustrophobique, et Trymon atteignait déjà la porte. Ils<br />
avaient peut-être remarqué quelque chose dans le port de ses<br />
épaules, mais c’était trop tard parce qu’il avait franchi le seuil,<br />
agrippé la poignée, claqué le battant, tourné la clé, arboré le<br />
sourire.<br />
Il repartit tranquillement par le corridor en ignorant les cris<br />
de rage des mages qui venaient de découvrir qu’il est impossible<br />
de prononcer des sortilèges dans une pièce conçue pour rester<br />
imperméable à la magie.<br />
L’In-Octavo se tortilla, mais Trymon le tenait ferme. Il<br />
courait à présent et rejetait de son esprit les sensations horribles<br />
sous son bras à mesure que le livre se modifiait pour prendre<br />
des formes poilues, squelettiques et hérissées de piquants. Sa<br />
main s’engourdit. Les faibles pépiements qu’il entendait<br />
s’amplifièrent et il perçut d’autres sons par-derrière, polissons,<br />
aguicheurs, des sons produits par des voix appartenant à des<br />
horreurs inimaginables qu’il n’imaginait que trop bien. Alors<br />
qu’il traversait au pas de course la Grande Salle et grimpait<br />
l’escalier principal, les ombres se mirent à bouger, à se<br />
reformer, à l’envelopper, et il prit aussi conscience de quelque<br />
chose qui le suivait, quelque chose aux jambes véloces qui se<br />
déplaçait à une vitesse obscène. De la glace apparut sur les<br />
murs. Les ouvertures de portes se jetaient vers lui sur son<br />
passage en trombe. Sous ses pieds, l’escalier se mit à ressembler<br />
à une langue…<br />
Ce n’était pas pour rien que Trymon avait passé de longues<br />
heures à l’Université dans le curieux équivalent d’un gymnase<br />
pour développer ses muscles mentaux. Il savait qu’il ne fallait<br />
pas se fier aux sens car ils peuvent être abusés. Les marches<br />
sont là, quelque part… il faut vouloir qu’elles soient là, leur<br />
ordonner d’exister pendant que tu montes et, mon garçon,<br />
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