Cahier NTA 2009 int - Nouveau théâtre d'Angers
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<strong>Cahier</strong> <strong>NTA</strong> <strong>2009</strong> <strong>int</strong> 13/02/09 9:47 Page 30<br />
liaison de l’Au-delà avec la police. Il n’a pas apprécié la charge ironique<br />
de ce commissariat de Dieu, avec ses détectives, ses secrétaires, ses gardiens<br />
bienveillants. Il y a un <strong>int</strong>errogatoire au « Service des suicidés » et<br />
Liliom échoue à l’épreuve permettant un retour sur Terre : il ne regrette<br />
pas son suicide, ni la gifle flanquée à Julie… par amour. Il a conscience<br />
de ses défauts insurmontables : paresse, refus de toute dépendance.<br />
Dans deux pièces de Horváth écrites en exil, on retrouve cette théâtralisation<br />
du royaume des morts : un Enfer digne des « trains fantômes »<br />
dans Vers les cieux, un Paradis bien villageois, avec une auberge où la<br />
bière est gratuite, dans Le Jugement dernier.<br />
Mais le public de la création n’était pas le bon : au Vigszinház (Théâtre<br />
de la Comédie), on ne goûtait que le <strong>théâtre</strong> de boulevard, essentiellement<br />
importé de France. On n’avait que faire d’histoires situées dans les<br />
basses classes des faubourgs (le sous-titre l’annonçait pourtant). On voulait<br />
des gens bien élevés, parlant correctement, exerçant des métiers<br />
honorables. Molnár fut profondément déprimé par l’échec de son Liliom,<br />
et même les succès ultérieurs (dès 1912, à Vienne, au Théâtre de la<br />
Josefstadt, haut lieu de la comédie populaire) ne le consolèrent pas. Tout<br />
se passe comme si Molnár avait alors décidé : je vais vous donner ce que<br />
vous attendez, un répertoire de boulevard « chic », de préférence avec<br />
des personnages d’artistes. Cela commença avec L’Officier de la garde<br />
(1910) et se poursuivit avec La Fête au château (1926). Ces pièces sont<br />
aujourd’hui oubliées. Mais Liliom renaît sans cesse, comme le phénix.<br />
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Jean-Claude François