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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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Et toutes ces indicibles horreurs, ce martyre sang<strong>la</strong>nt, ce sacrifice cruel, cette immo<strong>la</strong>tion d'elle−meme, <strong>la</strong><br />

<strong>Belgique</strong> les a soufferts pour avoir servi l'honneur... Et de toutes ses richesses, de tout son bonheur, de toutes<br />

ses gloires du passe, il ne lui restait plus rien; mais il lui restait l'honneur.<br />

Et voi<strong>la</strong> que <strong>dans</strong> cet aneantissement, pareilles aux anges on vit les nations s'approcher d'elle pour l'admirer<br />

<strong>dans</strong> sa tombe et pour contempler en elle le grand principe moral de <strong>la</strong> civilisation, le principe de l'Honneur et<br />

de <strong>la</strong> Loyaute. Et l'on vit les poetes de tous les pays s'incliner devant elle, et ensemble chanter pour elle <strong>dans</strong><br />

toutes les <strong>la</strong>ngues ce cantique sublime de l'Honneur, qui est le Livre du roi Albert!<br />

<strong>La</strong> petite <strong>Belgique</strong> semb<strong>la</strong>it morte; mais <strong>dans</strong> son tombeau une nouvelle <strong>Belgique</strong> naissait, plus belle, plus<br />

grande que l'ancienne, magnifiee et aureolee par l'honneur.<br />

Trois fois <strong>dans</strong> le cours des siecles, <strong>la</strong> civilisation fut sauvee de <strong>la</strong> barbarie, et trois fois une petite nation fut<br />

choisie par l'Eternel pour accomplir ses desseins. Dans l'antiquite, <strong>la</strong> petite Grece barra le chemin aux barbares<br />

de <strong>la</strong> Perse et de <strong>la</strong> Medie; au Moyen Age, <strong>la</strong> pauvre Pologne, conduite par Sobieski, arreta le flot des barbares<br />

de l'Is<strong>la</strong>m; aujourd'hui, <strong>la</strong> faible <strong>Belgique</strong>, entrainee par Albert le Loyal, enraie le torrent des barbares de <strong>la</strong><br />

Kultur... Toutes trois servirent l'honneur, et toutes trois moururent mais ceux qui sacrifient leur existence pour<br />

l'honneur ne meurent pas pour toujours: <strong>la</strong> Grece a secoue le joug du Croissant, <strong>la</strong> Pologne attend sa<br />

resurrection prochaine; <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> voit luire l'aube de sa delivrance.<br />

Car voici qu'approche pour elle l'heure de <strong>la</strong> justice immanente: <strong>la</strong> puissance de son gigantesque bourreau<br />

flechit; presse de toutes parts, il est accule <strong>dans</strong> une inutile resistance, et deja il sent venir le jour supreme du<br />

cataclysme final. Dans le lointain gronde le canon vengeur et ses echos nous parviennent comme l'annonce de<br />

<strong>la</strong> liberation... Nos coeurs se gonflent d'espoir et de confiance...<br />

Pour <strong>la</strong> seconde fois nos fetes nationales sont des jours de deuil; le drapeau de <strong>la</strong> patrie ne peut se deployer<br />

que <strong>dans</strong> l'intimite de nos demeures, comme notre amour pour elle se cache <strong>dans</strong> l'intimite de nos ames.<br />

Mais ce sera <strong>la</strong> derniere fois... Le soleil de <strong>la</strong> liberte va luire et ses rayons vont rechauffer nos enthousiasmes.<br />

A l'horizon brumeux, sur les rives de l'Yser, je vois nos trois couleurs se deployer au−dessus des <strong>la</strong>ndes de <strong>la</strong><br />

vieille F<strong>la</strong>ndre, <strong>dans</strong> ces p<strong>la</strong>ines que Cesar ne put enlever aux. Morins, et que Guil<strong>la</strong>ume ne put conquerir;<br />

j'entends le bruit confus des marches de nos petits soldats... C'est <strong>la</strong> patrie qui ressuscite du sepulcre, qui se<br />

dresse <strong>dans</strong> toute sa fierte et toute sa gloire, et qui s'avance triomphante, tenant son <strong>la</strong>barum ou ne se lit qu'un<br />

mot: Honneur!<br />

Honneur a toi, o ma Patrie, patrie des heros, patrie du devoir et de <strong>la</strong> fidelite, immortelle desormais et<br />

invincible! Dans un siecle d'abjection et d'egoisme, ou si facilement l'on s'incline en silence devant <strong>la</strong> force<br />

bestiale, tu osas te lever, faible mais decidee, devant <strong>la</strong> barbarie d'une nation qui te vio<strong>la</strong>it au nom de <strong>la</strong><br />

science et de <strong>la</strong> culture; tu te donnas en holocauste pour <strong>la</strong> saintete d'un principe, et le sang de tes enfants fut<br />

<strong>la</strong> rancon de <strong>la</strong> civilisation que tu sauvas. Honneur a toi qui sors de <strong>la</strong> tombe resplendissante de purete et de<br />

lumiere. Ton nom brillera a travers les siecles et les nations te salueront et te beniront a jamais comme<br />

l'incarnation de l'honneur!<br />

Ego. (<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 83, juillet 1916, p. 3, col. 2.)<br />

Empruntons aussi a <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> une re<strong>la</strong>tion des evenements qui se deroulerent a Bruxelles le 21 juillet.<br />

<strong>La</strong> grande journee du 21 juillet.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Depuis l'occupation allemande, <strong>la</strong> ville de Bruxelles a jete au bac a ordures les noms d'un tas de gouverneurs.<br />

Nous pensions etre encore sous <strong>la</strong> patte d'un nomme von Sauberschurke, et nous vivions sous celle de Hurt,<br />

II. COMMENT LES BELGES SE COMPORTENT EN BELGIQUE 93

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