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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Heureusement pour sa conscience chatouilleuse, M. Bartsch apprit vite, chez nous, comment <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> avait<br />

elle−meme rompu sa neutralite, en se mettant de meche avec l'Angleterre. Il respira! Puis, le voi<strong>la</strong> penetrant<br />

<strong>dans</strong> l'intimite de l'ame belge, et il s'apercoit avec etonnement que nous detestons le conquerant. Nous<br />

n'inventons pas:<br />

“Haine! <strong>La</strong> popu<strong>la</strong>tion urbaine ne connait que ce<strong>la</strong>, je dois le dire (dites−le, mon ami, dites−le!) a ma douleur<br />

et a mon etonnement. Abstraction faite des mille vexations et tentatives de complot, <strong>dans</strong> aucun oeil humain je<br />

n'ai vu, comme <strong>la</strong>, passer ostensiblement le sauvage et obscur nuage de <strong>la</strong> tempete.”<br />

Ca, M. Bartsch, c'est ce que l'on peut appeler une belle phrase—en allemand. Mais continuons, l'auteur va<br />

nous consoler des menus desagrements que nous a causes l'invasion, au moyen d'arguments inattendus:<br />

“Certes, elles sont terribles a voir, les localites bombardees et brulees, et, au debut, je ne pouvais retenir mes<br />

<strong>la</strong>rmes en voyant tant de bonheur familial detruit (<strong>la</strong> chere ame!), mais je penetrai plus avant <strong>dans</strong> l'intimite du<br />

pays et pus me rendre compte que si une somme incommensurable de beaute, de richesse et de culture a ete<br />

conservee au pays frappe de terreur, c'est precisement parce que les premieres sanctions contre les meurtres<br />

secrets et les bestialites des francs−tireurs furent immediates et effrayante. Et je demeurai convaincu, moi<br />

aussi, que cet exemple va<strong>la</strong>it mieux que le sang, l'incendie et les <strong>la</strong>rmes qui sevirent pendant <strong>la</strong> guerre de<br />

Trente ans.”<br />

En d'autres termes, nous pouvons nous estimer heureux de ce que les Prussiens aient bien voulu bruler<br />

quantite de vil<strong>la</strong>ges, torturer et massacrer les habitants: c'etait pour notre bien, ce fut meme pour nous un<br />

bonheur. Ceci n'est pas de l'interpretation; M. Bartsch va nous le dire lui−meme, <strong>dans</strong> ce qui suit, fort<br />

explicitement:<br />

“Partout ou les troupes allemandes furent accueillies pacifiquement, elles se conduisirent de facon exemp<strong>la</strong>ire;<br />

et les soldats tinrent si scrupuleusement a <strong>la</strong> discipline et a l'honneur que les proprietaires de centaines de<br />

chateaux et de vil<strong>la</strong>s, qui avaient fui, retrouverent, rentres chez eux, <strong>la</strong> moindre nippe a sa p<strong>la</strong>ce. (Ils y ont<br />

meme, assure−t−on, trouve des choses qui n'y etaient pas... mais allons toujours.) Quand je songe aux horreurs<br />

russes en Galicie et <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Prusse Orientale, l'occupation de <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> m'apparait plutot comme un bonheur<br />

pour ce peuple (kommt mir die Besetzung Belgiens eher noch wie ein Glueck fuer dieses Volk vor). Il a ses<br />

fils chez lui, ses champs sont ensemences, <strong>la</strong> paix et le bien−etre regnent partout (Frieden und Wohlstand<br />

herrschen ueberall).”<br />

Nous apprenons enfin, avec attendrissement, que, des a present, “nombreux sont les ouvriers belges qui s'en<br />

vont travailler en Allemagne, ou ils apprennent a connaitre les hautes paies, les ateliers sains, ec<strong>la</strong>ires, les<br />

exemp<strong>la</strong>ires institutions de bienfaisance...”.<br />

Voi<strong>la</strong> ce que patronnent les Gouvernements allemand et autrichien, voi<strong>la</strong> comment ils ec<strong>la</strong>irent l'opinion chez<br />

eux. Est−ce ecoeurant, odieux ou stupide,—ou le tout ensemble?<br />

(<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 52, novembre 1915, p. 2, col. 2.)<br />

M. le baron von Bissing, lui−meme; dut convenir de l'aversion que les Belges nourrissent pour le regime<br />

allemand: d'abord <strong>dans</strong> <strong>la</strong> lettre au bourgmestre de Bruxelles (voir p. 24), puis <strong>dans</strong> son affiche sur <strong>la</strong><br />

germanophobie (voir p. 66).<br />

Les Allemands ne se sont pas resignes facilement a notre hostilite et a notre mepris.<br />

Des le milieu de l'annee 1915, ils ont cherche a nous convertir a des sentiments moins aigres.<br />

II. COMMENT LES BELGES SE COMPORTENT EN BELGIQUE 83

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