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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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Tout au debut de <strong>la</strong> guerre, ils avaient requisitionne <strong>dans</strong> <strong>la</strong> campagne de Liege un homme pour les aider a<br />

enterrer leurs morts. <strong>La</strong> besogne ne manquait pas. Ils le forcerent a les accompagner a Haelen, puis devant<br />

Anvers, enfin sur l'Yser. Il etait de plus en plus surmene; bientot, <strong>la</strong> deformation professionnelle aidant, il en<br />

etait arrive a ne plus faire grande difference entre les morts et les vivants, et il enterrait indistinctement toute<br />

<strong>la</strong> bocherie qu'il ramassait. Si quelque blesse hur<strong>la</strong>it trop fort:<br />

“Je ne suis pas mort, moi!” notre Liegeois se contentait de lui <strong>la</strong>ncer un “oui, oui, vous dites ca!” qui coupait<br />

court a toute discussion; et le Boche degringo<strong>la</strong>it au fond du trou. “R.I.P.”<br />

Pourtant sa facon d'agir vint aux oreilles de l'etat−major, et on le fit passer en conseil de guerre; non pas tant<br />

parce qu'on desapprouvait ses procedes (les blesses ne sont qu'un embarras pour une armee en campagne),<br />

mais pour se donner une contenance vis−a−vis des troupes.<br />

—Est−il vrai, lui demanda−t−on d'un air severe, que vous enfouissez aussi ceux qui vous dec<strong>la</strong>rent qu'ils ne<br />

sont pas morts?<br />

—Ah ouiche! repondit−il, si on les ecoutait, ils ne seraient jamais morts.<br />

Devant une telle fermete de principe, il n'y avait qu'une chose a faire: on lui donna de l'avancement. C'est lui<br />

maintenant qui est prepose a l'incineration des Boches <strong>dans</strong> les hauts fourneaux de Seraing.<br />

* * * * *<br />

Un Bruxellois causant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> rue avec un camarade prononce a haute voix le mot “canaille”. Aussitot un<br />

rhum−cognac[28] s'avance et emmene mon homme a <strong>la</strong> Kommandantur. Apres avoir ete garde a <strong>la</strong> diete<br />

pendant un jour ou deux, <strong>dans</strong> le grenier, le voici mis sur <strong>la</strong> sellette.<br />

[Note 28: Les policiers allemands etalent fierement sur <strong>la</strong> poitrine une <strong>la</strong>rge p<strong>la</strong>que bril<strong>la</strong>nte en cuivre jaune,<br />

avec l'inscription Polizei. Dans les cafes, les bouteilles de liqueurs portent une p<strong>la</strong>que analogue, d'ou le nom<br />

de rhum−cognac donne aux policiers. (Note de J. M.)]<br />

—Vous avez parle de canaille?<br />

—Oui.<br />

—De qui etait−il question?<br />

—...De personne en particulier.<br />

—Si, si, vous faisiez allusion a un souverain.<br />

—...Soit; je l'avoue; je par<strong>la</strong>is de l'empereur de Chine.<br />

—Ta ta ta! Tout le monde sait que, lorsqu'on parle d'une canaille, c'est toujours de l'empereur d'Allemagne<br />

qu'il s'agit.<br />

* * * * *<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Un cabaretier voit s'attabler chez lui un piquet de <strong>la</strong>ndsturm. Un soldat, avisant une bascule, veut se peser.<br />

“Inutile, dit le cabaretier, vous pesez 92 kilos.” Verification faite, c'est le poids. A un deuxieme soldat qui<br />

desire savoir s'il a bien profite de son sejour en <strong>Belgique</strong>, le patron dit aussi son poids d'avance: “98 kilos.”<br />

II. COMMENT LES BELGES SE COMPORTENT EN BELGIQUE 66

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