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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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On est fermement convaincu en <strong>Belgique</strong> que si meme, contre toute prevision raisonnable, l'Allemagne sortait<br />

militairement victorieuse de cette guerre, sa ruine economique et financiere <strong>la</strong> contraindrait a s'avouer<br />

vaincue. Un tel denouement, ajoute−t−on, serait le meilleur qu'on puisse esperer. L'unique ideal des Allies,<br />

n'est−il pas, en effet, d'abattre definitivement le militarisme prussien? Or, supposez nos ennemis vaincus sur le<br />

champ de bataille; leur caste militaire attribuera certainement <strong>la</strong> defaite a une preparation insuffisante de <strong>la</strong><br />

guerre: si l'Allemagne avait consenti depuis vingt ans a des sacrifices encore plus prodigieux, elle aurait<br />

remporte <strong>la</strong> victoire. Conclusion: une recrudescence du militarisme en vue de <strong>la</strong> revanche prochaine. Imaginez<br />

au contraire que <strong>la</strong> victoire militaire soit impuissante a assurer <strong>la</strong> victoire tout court: c'est <strong>la</strong> demonstration<br />

lumineuse que <strong>dans</strong> notre civilisation actuelle <strong>la</strong> superiorite militaire n'est plus une superiorite reelle; c'est <strong>la</strong><br />

condamnation de l'esprit militariste; c'est <strong>la</strong> fin de l'age de guerre, puisque <strong>la</strong> victoire ne suit plus les succes<br />

militaires.<br />

Rien d'etonnant donc a ce que les feuilles non censurees insistent sur l'affaiblissement profond et irremediable<br />

de l'Allemagne.<br />

<strong>La</strong> depreciation du change allemand est trop evidente pour qu'elle ait pu etre ignoree des Belges. Lire, par<br />

exemple, l'article intitule Constatations, <strong>dans</strong> <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 45, septembre 1915.<br />

<strong>La</strong> Soupe a procede autrement. Elle a publie des tableaux et des graphiques montrant <strong>la</strong> degringo<strong>la</strong>de du mark<br />

a <strong>la</strong> bourse d'Amsterdam du 1er octobre 1914 au 1er juillet 1915[26].<br />

[Note 26: Voir Comment les Belges resistent..., fig. 30.]<br />

Une question connexe est celle des emprunts de guerre. Voici l'avis d'un prohibe belge sur le troisieme<br />

emprunt allemand:<br />

Un bluffeur.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Nous venons de dire ce qu'il faut penser des mensonges effrontes debites par le chancelier imperial au<br />

Reichstag allemand <strong>dans</strong> le discours affiche sur nos murs pour notre edification.<br />

On aurait du, pour completer <strong>la</strong> demonstration, y ajouter le discours de M. Helfferich, ministre des Finances.<br />

Les deux font <strong>la</strong> paire; c'est malheur qu'on les ait separes.<br />

On sait qu'il fal<strong>la</strong>it enlever le vote d'un emprunt de 10 milliards de marks, le troisieme, et qui porte le total<br />

emprunte a 25 milliards.<br />

Demandant tant d'argent, M. Helfferich n'a pas hesite a promettre qu'il le rendrait. Il le rendra a l'aide des<br />

indemnites que l'Allemagne recevra des Allies. Pas completement peut−etre, a−t−il dit, car leur situation<br />

financiere est aussi facheuse que celle de l'Allemagne est florissante. Ils sont a bout de ressources et leur<br />

credit epuise. Chacun sait, a−t−il affirme, que l'Angleterre a echoue <strong>dans</strong> son dernier emprunt, et quant a <strong>la</strong><br />

France, il y a beau temps que son bas de <strong>la</strong>ine est vide. Mais enfin, qu'on rende l'argent ou qu'on ne le rende<br />

pas, l'Allemagne n'a cure de cette misere. Et puis, ajoute M. Helfferich, tout ce que possedent les citoyens<br />

allemands n'appartient−il pas a l'Etat? Celui−ci reprend son bien ou il le trouve et il en dispose a sa guise.<br />

C'est <strong>la</strong> theorie du chiffon de papier, appliquee aux bons de caisse et aux billets de banque.<br />

On eut pu repondre a M. Helfferich en lui citant les articles plus serieux de quelques specialistes allemands<br />

reprouvant ces procedes de discussion et maintenant que <strong>la</strong> situation financiere en Angleterre et en France est<br />

solide et saine, et qu'il ne faut pas <strong>la</strong>−dessus se payer d'illusions; on eut pu lui montrer aussi, par l'exemple de<br />

<strong>la</strong> Mittelrheinische Bank, ou menent les prets a jet continu sur les memes gages, fond de toute sa science. Il<br />

eut confondu ses contradicteurs par quelques coups de grosse caisse. <strong>La</strong> sienne resonne d'autant mieux qu'elle<br />

II. COMMENT LES BELGES SE COMPORTENT EN BELGIQUE 55

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