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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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Antibes (Vil<strong>la</strong> Thuret), janvier 1917.<br />

LA PRESSE CLANDESTINE DANS LA BELGIQUE OCCUPEE<br />

1. Importation de journaux et de livres.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

I. CE QUI EST DEFENDU ET CE QUI EST TOLERE<br />

A. LES PUBLICATIONS PROHIBEES<br />

Pendant les deux premieres semaines de <strong>la</strong> guerre, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion bruxelloise put participer a <strong>la</strong> fievre<br />

universelle. Le 20 aout 1914, changement complet. Le matin, les journaux avaient encore ete vendus par les<br />

crieurs affaires. Le soir, plus rien: les Allemands etaient <strong>dans</strong> <strong>la</strong> ville, et pas un seul journal n'avait accepte<br />

leur censure; bien plus, le materiel de certaines imprimeries avait ete rendu volontairement inutilisable.<br />

A l'excitation des premiers jours succedait sans transition le calme le plus lugubre. Bientot parurent les<br />

affiches allemandes annoncant les succes de nos ennemis: <strong>la</strong> prise de Namur, <strong>la</strong> defaite des Francais <strong>dans</strong> le<br />

Luxembourg, le siege de Maubeuge, l'entree des Autrichiens en Serbie, puis <strong>la</strong> marche rapide des armees<br />

allemandes sur Paris, que les corps de cavalerie al<strong>la</strong>ient atteindre en deux jours.<br />

Bien entendu, les Bruxellois refusaient de croire les “nouvelles officielles” allemandes, d'autant plus que leur<br />

bourgmestre venait d'infliger a l'autorite occupante un dementi qu'elle s'etait bien gardee de relever [2].<br />

[Note 2: Voir DAVIGNON, <strong>La</strong> <strong>Belgique</strong> et l'Allemagne, p. 29, et J. MASSART, Comment les Belges resistent<br />

a <strong>la</strong> domination allemande, fig. 2.]<br />

Du reste, leurs bataillons en route “vers Paris” n'avaient pas fini de defiler au pas de parade, musique en tete, a<br />

travers <strong>la</strong> ville, que deja des audacieux avaient organise un service d'importation de journaux: Le Matin et <strong>La</strong><br />

Metropole d'Anvers, <strong>La</strong> F<strong>la</strong>ndre liberale et Le Bien public, de Gand. A partir des derniers jours d'aout, le<br />

commerce c<strong>la</strong>ndestin fonctionnait avec regu<strong>la</strong>rite, et nous lisions, des 9 heures, a Bruxelles, <strong>La</strong> F<strong>la</strong>ndre<br />

liberale qui se vendait le meme matin a Gand. Les premiers exemp<strong>la</strong>ires sortant de presse etaient apportes en<br />

automobiles jusque tout pres des avant−postes allemands de Ninove, de Lennick ou de Hal, a une quinzaine<br />

de kilometres de Bruxelles. <strong>La</strong>, les paquets etaient enfouis <strong>dans</strong> des paniers de legumes et amenes ainsi en<br />

ville. On les debal<strong>la</strong>it <strong>dans</strong> l'arriere−salle de quelque cabaret qui changeait tous les jours. Immediatement les<br />

camelots se mettaient en campagne. Les uns se postaient <strong>dans</strong> les grandes arteres et aux carrefours, ou ils<br />

vendaient ostensiblement des cartes illustrees, des insignes patriotiques ou des journaux autorises par <strong>la</strong><br />

censure. Tout bas ils ajoutaient: “<strong>La</strong> F<strong>la</strong>ndre?—Combien?” C'etait d'habitude 75 centimes, l'avant−midi, mais<br />

plus tard on l'obtenait pour 40 ou 50 centimes. D'autres, munis de quelques caissettes de raisins, se rendaient<br />

<strong>dans</strong> les faubourgs. Les fruits n'etaient <strong>la</strong> que pour donner le change et pour permettre aux vendeurs de sonner<br />

chez leurs clients habituels; des que <strong>la</strong> porte s'etait refermee sur eux, les journaux sortaient du fond des<br />

poches.<br />

Les charrettes des maraichers apportaient a Bruxelles, en meme temps que les feuilles belges, des journaux<br />

etrangers. Les plus lus etaient: Le Journal, Le Petit Parisien, Le Matin (de Paris), Le Temps, The Times, The<br />

Daily Mail, parfois De Tijd et De Telegraaf; tres rarement Le Journal de Geneve.<br />

De loin en loin, les policiers allemands reussissaient a saisir <strong>la</strong> contrebande. Ce jour−<strong>la</strong> nous n'avions les<br />

gazettes que l'apres−midi, par des marchands irreguliers agissant isolement; <strong>La</strong> F<strong>la</strong>ndre liberale ou <strong>La</strong><br />

Metropole coutait alors 2 ou 3 francs.<br />

I. CE QUI EST DEFENDU ET CE QUI EST TOLERE 3

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