Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
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des ennemis de notre pays quand il s'agit d'excuser les massacres de leur armee.<br />
Mais ce que vous ne saviez peut−etre pas, c'est que cette guerre de francs−tireurs avait ete prevue et preparee<br />
par le Gouvernement, ainsi que d'ailleurs aussi <strong>la</strong> Commission d'enquete sur <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion du droit des gens, et<br />
<strong>la</strong> campagne de “calomnies” contre l'armee allemande. Peut−etre meme, mais M. Grasshoff n'en est pas tres<br />
sur, les conventions anglo−belges prevoyaient−elles deja toute cette organisation defensive de <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong>.<br />
Dans le doute cependant, l'auteur veut bien, genereusement, degager <strong>la</strong> responsabilite de l'Angleterre <strong>dans</strong><br />
cette affaire et <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser tout entiere au Gouvernement belge.<br />
Il voit <strong>la</strong> preuve de ce qu'il avance <strong>dans</strong> toutes les circu<strong>la</strong>ires au sujet de <strong>la</strong> garde civique. Pour lui, garde<br />
civique non active et franc−tireur ne font qu'un ou a peu pres. Et pourtant, comme l'a si bien demontre M.<br />
Waxweiler, cette garde civique des campagnes eut−elle fait le coup de feu, ce qui est faux, qu'elle n'eut<br />
simplement use que des droits que lui conferaient les conventions de <strong>La</strong> Haye.<br />
Mais meme <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>ire de M. le ministre Berryer aux administrations communales, cette circu<strong>la</strong>ire qui<br />
resume si admirablement les devoirs tant envers l'autorite occupante qu'envers l'autorite legitime, est imputee<br />
a crime. Pourquoi M. Grasshoff n'admet−il pas qu'on appelle “seul legitime” le Gouvernement du Roi? Nous<br />
l'avons relue, cette circu<strong>la</strong>ire, et les phrases soulignees a dessein par M. Grasshoff nous ont seulement prouve<br />
une fois de plus le desir du Gouvernement d'observer et de faire observer <strong>la</strong> stricte legalite et de rappeler aux<br />
autorites quels etaient leurs devoirs.<br />
Il y a encore le petit avis affiche partout et reproduit par tous les journaux pour recommander le calme aux<br />
popu<strong>la</strong>tions. Vous vous rappelez sans doute cette phrase: “L'acte de violence commis par un seul civil serait<br />
un veritable crime que <strong>la</strong> loi punit, etc.” Or, voici ce que l'imagination de M. Grasshoff en tire:<br />
“Le terme de un seul civil, employe <strong>dans</strong> cette proc<strong>la</strong>mation, frappe deja par <strong>la</strong> double interpretation qu'il est<br />
possible de lui donner. Ce seul civil, auquel il est defendu de tirer, fait naitre facilement <strong>dans</strong> le cerveau d'un<br />
homme simple <strong>la</strong> pensee qu'il est permis de tirer si l'on se met deux ou trois.“<br />
Peremptoire, n'est−ce pas? Ca vous <strong>la</strong> coupe, litteralement. Quant a <strong>la</strong> Commission d'enquete, il parait, c'est<br />
toujours M. Grasshoff qui le dit, que “son invitation a rapporter des cruautes allemandes precedait <strong>la</strong><br />
possibilite materielle de leur execution”.<br />
<strong>La</strong> verite est que <strong>la</strong> Commission a ete fondee le 8, et l'on sait avec quelle desinvolture, avec quelle barbarie,<br />
les lois de <strong>la</strong> guerre avaient ete violees par les troupes allemandes entre le 4 et le 7 aout, a <strong>la</strong> frontiere.<br />
* * * * *<br />
<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />
Il est superflu de dire que nous n'avons pu relever ici toutes les erreurs et contre−verites contenues <strong>dans</strong><br />
l'ouvrage de M. Grasshoff. Nous avons voulu seulement montrer de quelle valeur sont ses arguments et les<br />
temoignages qu'il invoque. Nous nous permettons, a ce propos, de lui faire remarquer—bien humblement, car<br />
nous ne sommes docteur ni en droit ni en philosophie allemande—qu'il n'est pas logique de donner tant<br />
d'importance, quand il s'agit des francs−tireurs, a des recits de neutres bases entre autres sur de simples propos<br />
entendus en tramway, alors qu'on vient de montrer, a propos des atrocites allemandes, quel fond il convient de<br />
faire sur des recits colportes de bouche en bouche. Nous lui dirons aussi qu'un Allemand est mal venu a se<br />
moquer des erreurs de detail de <strong>la</strong> presse adverse, alors qu'on sait les bourdes kolossales repandues par les<br />
journaux boches: temoin, pour n'en citer qu'une seule, l'histoire de <strong>la</strong> prise de Bruxelles apres un combat<br />
acharne et une resistance desesperee de plusieurs jours!<br />
C'est <strong>dans</strong> un des recits de neutres dont nous venons de parler que nous avons trouve ce detail,—sans<br />
importance d'ailleurs—qui nous a fait sourire: “A Nieuport, <strong>dans</strong> une vil<strong>la</strong> occupee par les soldats belges, les<br />
<strong>La</strong> <strong>Belgique</strong> coupable. 37