Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
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Une calomnie.<br />
Plusieurs milliers d'affichettes ont ete p<strong>la</strong>cardees sur les murs de Bruxelles. Ces affichettes ont du etre<br />
imprimees en Allemagne, etant donne que les typos belges ne possedent pas de caracteres neo−gothiques du<br />
genre de celui qui a servi a l'impression.<br />
En voici le texte:<br />
<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />
Nous, meres et epouses belges, nous nous ecrions: Assez de <strong>la</strong> tuerie, assez de sang innocent verse de nos<br />
maris, de nos fils, pour des nations etrangeres. L'honneur belge est sauf. Nous, nous n'avons plus de <strong>la</strong>rmes.<br />
Nous rec<strong>la</strong>mons <strong>la</strong> paix ou l'armistice.<br />
Au nom des femmes belges nous protestons. Pas une d'entre elles ne regrette les sacrifices qu'elle a faits.<br />
Celles qui pleurent, pleurent l'etre cher disparu a jamais, mais a leurs <strong>la</strong>rmes ne se mele aucun honteux regret<br />
comme celui que voudrait leur preter l'auteur de cette infame affichette, aucun regret comme celui qu'il<br />
voudrait pouvoir glisser <strong>dans</strong> leur coeur. Non, les femmes belges savent que leurs epoux, leurs fils et leurs<br />
fiances ne se sont pas battus pour l'etranger. Le premier e<strong>la</strong>n, le premier cri de tous les Belges a ete celui−ci:<br />
“L'honneur le veut, nous devons opposer notre faiblesse a <strong>la</strong> force brutale du traitre qui nous attaque, alors<br />
qu'il avait jure de nous proteger. Nous savons tenir un serment, nous, dut−il nous en couter <strong>la</strong> vie.”<br />
Mais, si a ce moment−<strong>la</strong> il etait possible de se faire illusion, si l'on pouvait croire alors que seul l'honneur etait<br />
en jeu et nous commandait d'heroiques sacrifices, comment peut−on maintenant encore parler de se “battre<br />
pour l'etranger", maintenant que tout le pays est envahi et que, sauf sur quelques arpents de terre, l'envahisseur<br />
barbare nous opprime et nous prive de toute liberte? Oui, nos soldats se battent pour leur pays, mais comme ce<br />
qui doub<strong>la</strong>it leur force et leur courage aux premiers mois de <strong>la</strong> lutte c'etait le sentiment de l'honneur a garder<br />
intact et de l'injustice a venger, ce qui les anime a l'heure actuelle c'est un sentiment aussi noble que celui−<strong>la</strong><br />
et plus noble si possible que le patriotisme, c'est <strong>la</strong> conviction qu'ils servent, avec les peuples dont ils sont les<br />
Allies, <strong>la</strong> cause sublime du Droit et de <strong>la</strong> Civilisation.<br />
Repetons encore ce que nous avons deja dit: il n'y a plus ni Belges, ni Francais, ni Ang<strong>la</strong>is, ni Russes, ni<br />
Serbes, ni Italiens; il n'y a plus que des Allies. Les Belges qui se sont incorpores <strong>dans</strong> les contingents<br />
canadiens ou australiens, ceux qui sont au service de l'armee ang<strong>la</strong>ise ou francaise, ceux qui travaillent <strong>dans</strong><br />
les usines de munitions, ceux qui ont voulu prendre part a l'expedition <strong>dans</strong> les Dardanelles, l'ont bien<br />
compris. Ils ont compris que, sans ces allies, il y a longtemps que notre pauvre pays eut ete ecrase. Quant aux<br />
promesses faites par l'Allemagne <strong>dans</strong> son ultimatum, nul ne voudrait avoir <strong>la</strong> honte meme d'y songer. On ne<br />
discute pas avec l'honneur; il commande, on obeit.<br />
LIBER, (<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 35, juillet 1915, p. 3, col. 1.)<br />
Craignant que les affiches ne suffisent pas a nous convaincre, l'Allemagne nous ec<strong>la</strong>ire encore gratuitement de<br />
trois autres facons.<br />
a) Le Gouvernement imperial fait distribuer des fascicules, en allemand, f<strong>la</strong>mand et francais, imprimes a<br />
Bruxelles sur les presses du Moniteur belge, entre autres: Conventions anglo−belges et le Discours du<br />
chancelier a <strong>la</strong> seance du Reichstag, le 2 decembre 1914.<br />
b) Il n'y a pas que les publications officielles. Plusieurs organismes d'outre−Rhin editent en plusieurs <strong>la</strong>ngues<br />
des feuillets de propagande qui sont glisses <strong>dans</strong> les lettres d'affaires. Les maisons belges ont surtout recu des<br />
feuillets en francais de Bureau des deutschen Handelstages, Berlin et de Kriegs−Ausschuss der deutschen<br />
Industrie, Berlin. Dans <strong>la</strong> plupart de ceux qui nous ont ete envoyes pendant les douze premiers mois de <strong>la</strong><br />
guerre, il etait question de <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> neutralite belge et de l'incendie de Louvain. On voit tout de suite<br />
B. LES PUBLICATIONS PERMISES 30