Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
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Souvenons−nous alors des avis nombreux qui ont ete donnes aux civils par le Gouvernement et par notre<br />
bourgmestre M. Max: Soyons calmes!!! Faisons taire les sentiments de legitime colere qui fermentent en nos<br />
coeurs.<br />
Soyons, comme nous l'avons ete jusqu'ici, respectueux des lois de <strong>la</strong> guerre. C'est ainsi que nous continuerons<br />
a meriter l'estime et l'admiration de tous les peuples civilises.<br />
Ce serait une inutile <strong>la</strong>chete, une <strong>la</strong>chete indigne des Belges, que de chercher a se venger ailleurs que sur le<br />
champ de bataille. Ce serait de plus exposer des innocents a des represailles terribles de <strong>la</strong> part d'ennemis sans<br />
pitie et sans justice.<br />
Mefions−nous des agents provocateurs allemands qui, en exaltant notre patriotisme, nous pousseraient a<br />
commettre des exces.<br />
Restons maitres de nous−memes et prechons le calme autour de nous. C'est le plus grand service que nous<br />
puissions rendre a notre chere patrie.<br />
Ce meme journal a reproduit aussi un passage caracteristique d'un sermon du R.P. Janvier:<br />
Belges, n'oubliez pas ceci!<br />
Quand vous serez victorieux, vous n'userez pas de represailles, vous ne confondrez pas <strong>la</strong> guerre avec le<br />
brigandage, vous n'immolerez ni les vieil<strong>la</strong>rds, ni les pretres, ni les enfants, vous ne les ferez pas marcher au<br />
feu devant vous, vous ne brulerez pas <strong>la</strong> bibliotheque de Nuremberg, vous ne bombarderez ni <strong>la</strong> cathedrale<br />
d'Aix−<strong>la</strong>−Chapelle ni <strong>la</strong> cathedrale de Cologne, vous imposerez silence a l'esprit de vengeance pour ecouter<br />
l'esprit chretien et chevaleresque qui enf<strong>la</strong>mme le courage a l'heure de <strong>la</strong> bataille, qui inspire <strong>la</strong> misericorde et<br />
<strong>la</strong> pitie avec <strong>la</strong> victoire.<br />
(<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 7, mars 1915.)<br />
Resumons.<br />
Les auteurs militaires d'outre−Rhin erigent en principe qu'il est utile de faire souffrir le plus possible <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion du pays occupe, afin qu'elle agisse aupres de son gouvernement pour faire conclure une paix<br />
favorable a l'occupant. Mais nos tortionnaires perdront leurs peines: jamais l'exces des souffrances n'engagera<br />
<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion belge a desirer une paix prematuree; elle insiste pour que, malgre tout, <strong>la</strong> guerre soit continuee<br />
jusqu'a l'ecrasement du militarisme prussien, seul gage d'une paix durable.<br />
Les mauvais traitements que l'Allemagne nous inflige systematiquement ont fait naitre une aversion profonde,<br />
qui ne s'eteindra jamais. Mais notre hostilite contre nos bourreaux ne nous empeche pas de manifester notre<br />
reconnaissance a ceux qui nous font du bien: <strong>la</strong> haine n'a pas efface <strong>dans</strong> notre ame l'amour. Elle ne nous<br />
entrainera pas non plus a <strong>la</strong> vengeance; nous avons contre celle−ci un antidote puissant: le mepris. Nous<br />
voulons nous defendre,—non nous venger.<br />
FIN<br />
<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />
CONCLUSION 219