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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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“Une entente anglo−allemande <strong>dans</strong> ces derniers termes n'aurait pas donne une garantie absolue pour <strong>la</strong> paix<br />

de l'Europe, mais elle aurait donne une absolue liberte d'action a l'Allemagne, en ce qui concernait<br />

l'Angleterre, pour rompre <strong>la</strong> paix de l'Europe.<br />

“Le chancelier disait que <strong>dans</strong> sa conversation avec l'ambassadeur britannique en aout dernier il “pouvait<br />

avoir ete un peu excite en voyant ses esperances et le travail de toute sa carriere de chancelier aller a rien”. Si<br />

l'on considere qu'a <strong>la</strong> date de <strong>la</strong> conversation (4 aout) l'Allemagne etait deja en guerre avec <strong>la</strong> France, <strong>la</strong><br />

conclusion naturelle est que le naufrage des esperances du chancelier consistait, non <strong>dans</strong> le fait d'une guerre<br />

europeenne, mais <strong>dans</strong> le fait que l'Angleterre n'avait pas accepte de n'y point prendre part.<br />

UN TEMOIGNAGE DU PEU DE SINCERITE DE L'ALLEMAGNE<br />

“<strong>La</strong> sincerite des dec<strong>la</strong>rations du chancelier allemand au correspondant americain peut etre montre par un<br />

simple temoignage, dont l'application vient ici tres a propos parce qu'il sert a rappeler les principaux faits qui<br />

ont produit <strong>la</strong> guerre presente. Herr von Bethmann−Hollweg refusa <strong>la</strong> proposition faite par l'Angleterre et a<br />

<strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> France, l'Italie et <strong>la</strong> Russie devaient prendre part. L'Angleterre proposait une conference ou <strong>la</strong><br />

dispute eut ete arrangee en termes honorables et c<strong>la</strong>irs, sans guerre. Si reellement il desirait agir avec<br />

l'Angleterre pour conserver <strong>la</strong> paix, pourquoi n'a−t−il pas accepte cette proposition? Il devait savoir, apres <strong>la</strong><br />

conference des Balkans a Londres, qu'il pouvait avoir toute confiance <strong>dans</strong> l'Angleterre. Herr von Jagow a<br />

rendu temoignage au Reichstag de <strong>la</strong> bonne foi de l'Angleterre <strong>dans</strong> ces negociations.<br />

“<strong>La</strong> proposition d'une seconde conference entre les puissances fut faite par Sir Edward Grey, en exprimant les<br />

memes desirs de paix qu'en 1912 et 1913. Le chancelier allemand rejeta ce moyen d'eviter <strong>la</strong> guerre. Celui qui<br />

ne veut pas les moyens ne doit pas se p<strong>la</strong>indre si <strong>la</strong> fin n'est pas ce qu'il desire.”<br />

<strong>La</strong> seconde partie de l'entrevue avec le correspondant americain consistait <strong>dans</strong> un discours sur <strong>la</strong> moralite de<br />

<strong>la</strong> guerre.<br />

Les choses que l'Allemagne a faites en <strong>Belgique</strong> et en France ont ete certifiees devant le monde par ceux qui<br />

en ont souffert et qui les connaissent de premiere main. Apres ce<strong>la</strong> il n'appartient pas au chancelier<br />

d'apprendre aux autres belligerants <strong>la</strong> conduite a tenir en guerre.<br />

(<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 2, fevrier 1915, p. 1, col. 1.)<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

On a vu plus haut que <strong>la</strong> censure ennemie ne permet pas qu'on parle du chiffon de papier (p. 60).<br />

Le chancelier ne fut pas le seul, le 4 aout 1914, a tenir des propos inconsideres. Son secretaire d'Etat, M. von<br />

Jagow, fit a notre ministre, M. le baron Beyens, des dec<strong>la</strong>rations qu'il a du amerement regretter depuis:<br />

n'affirmait−il pas, en effet, que l'Allemagne n'avait rien a reprocher a <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong>!<br />

Morale a double face.<br />

C'etait le 4 aout 1914, le jour ou l'Allemagne commenca sur le territoire belge <strong>la</strong> longue serie des crimes<br />

epouvantables qui devaient <strong>la</strong>isser sur les traces de l'armee teutonne un immense fleuve de sang.<br />

Ce jour−<strong>la</strong>, a 9 heures du matin, eut lieu, au ministere des Affaires etrangeres de Berlin, une entrevue<br />

poignante, desormais historique, entre von Jagow, secretaire d'Etat, et le baron Beyens, ambassadeur belge.<br />

Apres avoir, avec une patriotique energie et une fiere indignation, fustige l'acte de forfaiture commis par<br />

l'empire germanique, le diplomate belge, s'adressant directement a <strong>la</strong> conscience de son contradicteur, le<br />

somma de dire d'une facon formelle son opinion sur <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion d'un pays “auquel (venait de reconnaitre le<br />

Morale a double face. 186

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