Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
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Le Livre B<strong>la</strong>nc <strong>dans</strong> lequel il a rassemble les pieces re<strong>la</strong>tives a <strong>la</strong> crise de juillet 1914, reve<strong>la</strong>it deja sa<br />
mentalite et sa methode. Il y procedait, on l'a bien dit, par omissions methodiques. Affirmations sans preuves<br />
ou contraires a <strong>la</strong> verite, non datees, volontairement derangees de leur ordre chronologique pour amener <strong>la</strong><br />
confusion, suppression des pieces principales, les seules qui eussent ete probantes, parce qu'elles auraient<br />
etabli les origines reelles de <strong>la</strong> guerre et les excitations parties de Berlin, on y trouve tous les trucs employes,<br />
en les perfectionnant, par M. de Bethmann−Hollweg <strong>dans</strong> son dernier discours.<br />
Feuilletez le Livre B<strong>la</strong>nc par exemple, et vous n'y trouverez pas <strong>la</strong> reponse de <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> a l'ultimatum<br />
allemand. Jamais l'Allemagne n'en a connu <strong>la</strong> teneur. Quand le general von Arnim entra a Bruxelles, il dec<strong>la</strong>ra<br />
a M. le bourgmestre Max que nous n'avions pas daigne repondre a l'Empereur et que nous avions, en traitres,<br />
arrete l'armee allemande s'avancant <strong>dans</strong> un pays qui avait cache ses intentions de lui barrer le passage.<br />
Et voi<strong>la</strong> ce que vaut <strong>la</strong> parole du chancelier.<br />
Mais a son maitre qui n'a rien voulu entendre, a lui qui n'a rien ose dire, <strong>la</strong> posterite imprimera un ineffacable<br />
stigmate. Criminel maitre, complice le valet, qu'ils soient tous deux maudits, chaties, fletris jusqu'a <strong>la</strong><br />
troisieme generation pour tout le sang dont ils ont inonde l'Europe!<br />
(Le Belge, n deg. 3, septembre 1915, p. 1.)<br />
2. <strong>La</strong> vio<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> neutralite belge.<br />
<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />
Ceci est un point auquel les Belges sont fort sensibles, autant, sinon plus, qu'aux “represailles contre les<br />
francs−tireurs”.<br />
A diverses reprises, l'Allemagne a fait repandre en <strong>Belgique</strong> des brochures destinees a montrer que, meme en<br />
l'absence des fameuses Conventions anglo−belges elle avait le droit et le devoir d'envahir <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong>. Nos<br />
prohibes ont repondu a ces libelles. Mais comme il serait trop long de reproduire ceux−ci, il n'y aurait pas<br />
grand interet pour le lecteur a posseder les ripostes belges. Un mot seulement.<br />
<strong>La</strong> premiere brochure emanait d'un religieux allemand de Chicago. Elle vou<strong>la</strong>it demontrer que <strong>la</strong> parole du<br />
chancelier “Not kennt kein Gebol” (necessite ne connait pas de loi), etait parfaitement justifiee, puisque<br />
l'Allemagne etait en etat de legitime defense. Le n deg. 9 de <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> (mars 1915) combat cette<br />
curieuse theorie; il montre <strong>la</strong> difference entre une personne morale et une personne physique.<br />
Puis vint l'article de dom MORIN, un benedictin francais etabli a Munich depuis huit ans: Appel a <strong>la</strong> foi et au<br />
bon sens des catholiques belges. Cet appel parut <strong>dans</strong> L'Information, une feuille de choucroute, comme on dit<br />
a Bruxelles, redigee par des Allemands. On le reimprima ensuite en une brochure qui fut vendue—comble de<br />
perfidie—au profit des pauvres des environs de l'abbaye de Maredsous, siege du principal couvent de<br />
benedictins en <strong>Belgique</strong>. Non content de dec<strong>la</strong>rer que les Belges ont eu tort de s'opposer a <strong>la</strong> nation<br />
allemande, si morale, si religieuse et si forte, il ose ajouter que les Belges continuent leur mauvaise action en<br />
resistant a l'autorite occupante. <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> a repondu <strong>dans</strong> son n deg. 50 (octobre J 915).<br />
Le plus considerable de ces ouvrages est celui de M. Fritz NORDEN: <strong>La</strong> <strong>Belgique</strong> neutre et l'Allemagne,<br />
d'apres les hommes d'Etat et les juristes belges. Celui−ci avait <strong>la</strong> pretention de nous faire croire que <strong>la</strong><br />
<strong>Belgique</strong> avait de sa neutralite une conception fausse; qu'elle n'avait pas le droit de defendre par les armes sa<br />
soi−disant invio<strong>la</strong>bilite [64]. Le Belge consacre huit pages a <strong>la</strong> discussion de cette theorie, <strong>dans</strong> le supplement<br />
a son n deg. 4 (septembre 1915). <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> <strong>la</strong> passe au crible <strong>dans</strong> son n deg. 49 (octobre 1915). Elle<br />
examine <strong>dans</strong> le meme numero <strong>la</strong> personnalite de l'auteur:<br />
B. LA FOURBERIE 179