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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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Copions, pour montrer le ton de nos c<strong>la</strong>ndestins, un article <strong>dans</strong> Le Belge:<br />

Un menteur.<br />

Avec le tact surprenant qui les distingue, les Allemands ont tenu a nous fournir <strong>la</strong> preuve de leur audacieuse<br />

duplicite. Sur tous nos murs, en longues colonnes, a ete affiche le discours prononce a <strong>la</strong> rentree du Reichstag<br />

par le chancelier de l'Empire. <strong>La</strong> foule passe et ne lit guere; ou bien elle hausse les epaules a <strong>la</strong> lecture de ces<br />

impudentes contre−verites.<br />

M. de Bethmann−Hollweg n'a certes pas improvise.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Depuis un an tout entier, il prepare sa harangue et s'attache a <strong>la</strong> rediger de facon a faire oublier les premiers<br />

aveux echappes a son emotion. Il polit ses mensonges. Persuader a l'Allemagne qu'elle a ete attaquee et qu'elle<br />

se defend est chose facile; elle ne demande qu'a le croire. On n'en est pas avec elle a une faussete de plus ou<br />

de moins. Pour les autres, c'est different, et Sir Edward Grey, imprudemment accuse, a donne au chancelier<br />

imperial un de ses dementis cruels <strong>dans</strong> lesquels il excelle et qui lui sont rendus faciles par les documents dont<br />

ses mains sont remplies.<br />

Avec des pieces, des dates, des faits irrefutables, il a fait crouler le <strong>la</strong>borieux echafaudage de M. de<br />

Bethmann−Hollweg; il a montre comment, depuis des annees, l'Allemagne tentait de rouler l'Angleterre et de<br />

lui lier les bras pendant que l'on tomberait sur <strong>la</strong> France, contre <strong>la</strong>quelle on montait un mauvais coup. Le piege<br />

etait trop visible; l'Angleterre n'etait pas assez naive pour s'y <strong>la</strong>isser prendre. A ce dementi cing<strong>la</strong>nt, le<br />

chancelier a tente de faire repliquer par son officieuse Gazette de l'Allemagne du Nord. Sir Edward Grey a de<br />

nouveau riposte par des papiers diplomatiques qui n'ont plus <strong>la</strong>isse le moindre doute sur <strong>la</strong> rouerie et sur <strong>la</strong><br />

suffisance des diplomates allemands. A present, <strong>la</strong> lumiere est eblouissante. Dans les pays neutres les plus<br />

bienveil<strong>la</strong>nts pour l'Allemagne, on est force d'en convenir; M. de Bethmann−Hollweg a une presse deplorable.<br />

Mais avant Sir Edward Grey, notre si c<strong>la</strong>irvoyant et si distingue ministre a Berlin, le baron Beyens, <strong>dans</strong> son<br />

admirable note sur <strong>La</strong> Semaine tragique, avait montre ce qu'il fal<strong>la</strong>it penser des affirmations de M. de<br />

Bethmann−Hollweg et du role pitoyable qu'il a joue <strong>dans</strong> toute <strong>la</strong> crise qui a precipite <strong>la</strong> guerre. Nous le<br />

citons:<br />

“Le samedi 1er aout, <strong>dans</strong> l'apres−midi, MM. de Jagow, ministre des Affaires etrangeres, et Zimmermann,<br />

sous−secretaire d'Etat (je le tiens de ce dernier), coururent chez le chancelier et chez l'Empereur afin d'obtenir<br />

que l'ordre de mobilisation ne fut pas <strong>la</strong>nce encore et que Sa Majeste attendit jusqu'au jour suivant... Leurs<br />

efforts se briserent contre l'opposition irreductible du ministre de <strong>la</strong> Guerre et des chefs de l'armee... L'ordre<br />

de mobilisation de l'armee et de <strong>la</strong> flotte fut donne a 5 heures de l'apres−midi.”<br />

Le chancelier, chef responsable de <strong>la</strong> politique, et ses deux principaux col<strong>la</strong>borateurs etaient donc mis en<br />

echec par les generaux et sans credit devant l'Empereur qui, sourd a leurs appels, dechainait sur le monde <strong>la</strong><br />

plus effroyable des ca<strong>la</strong>mites qui l'aient jamais desole.<br />

A ce moment, terrifie, desole, M. de Bethmann−Hollweg ne savait comment se justifier; l'ultimatum de<br />

l'Angleterre d'avoir a respecter <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> le rendit presque fou.<br />

On sait quels incoherents propos il tint alors a l'ambassadeur Goschen.<br />

Depuis, il s'est ressaisi. Il a cru se tirer d'affaire en mentant; il mentira toujours de plus en plus, entassant les<br />

faussetes les unes sur les autres.—C'est fatal.<br />

B. LA FOURBERIE 178

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