Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee
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champagne, entre boite de saucissons et boite a saucissons, etc.]<br />
“Quant aux caisses de cartouches, elles avaient ete de meme abandonnees par l'armee belge, non pas <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />
maison de l'aumonier,—comme le dit le veridique temoin boche,—mais <strong>dans</strong> une habitation fort eloignee.”<br />
Pas de commentaires, n'est−ce pas?<br />
Cet exemple, ajoute a celui plus typique encore, que tous nos lecteurs auront remarque <strong>dans</strong> l'annexe de <strong>la</strong><br />
lettre des eveques, au sujet des attentats sur les religieuses, donne une idee de <strong>la</strong> “conscience scrupuleuse” de<br />
M. Rosenberg et de <strong>la</strong> valeur des “regles scientifiques” qu'il a “strictement” observees!<br />
MASTIX. (<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, n deg. 62, fevrier 1916, p. 3, col. 1.)<br />
On pourrait aligner indefiniment les actes de mauvaise foi des Allemands en matiere d'enquete; montrer que<br />
jamais une instruction faite par eux n'a ete publiee sans avoir subi d'abord une falsification soignee, et qu'ils<br />
ont repousse indistinctement toutes les enquetes bi<strong>la</strong>terales qui leur etaient proposees. Mais a quoi bon? Les<br />
nations civilisees savent a quoi s'en tenir sur les francs−tireurs. Si meme, au moment de l'invasion de <strong>la</strong><br />
<strong>Belgique</strong>, elles avaient peut−etre quelques doutes sur <strong>la</strong> conduite des Belges, elles ont du etre edifiees quand<br />
les Allemands, en novembre 1916, essayerent de justifier exactement de <strong>la</strong> meme maniere les atrocites<br />
commises contre les Roumains (voir Norddeutsche Allgemeine Zeitung, 19 novembre 1916, 2'e edition). On se<br />
rappellera aussi que l'Allemagne traite de francs−tireurs les navires marchands qui tentent de resister a ses<br />
sous−marins, et que c'est sous ce pretexte que le capitaine Fryatt a ete fusille. D'ailleurs, lors des premiers<br />
raids aeriens sur l'Angleterre, nos ennemis se sont p<strong>la</strong>ints vehementement de ce que des coups de fusil eussent<br />
ete tires contre les zeppelins.<br />
Il y a <strong>la</strong> une conception pour le moins abusive qui doit disparaitre du droit des gens: celle du caractere sacre<br />
de l'armee et de ses membres. Comment! parce qu'un navire ou un ballon fait partie des forces militaires, il<br />
devient par ce<strong>la</strong> meme invio<strong>la</strong>ble, et quelques horreurs qu'il p<strong>la</strong>ise a son equipage de commettre, aucun civil,<br />
meme directement attaque, ne peut lui resister? Nous avons vu en <strong>Belgique</strong> ce qui arrive, quand un<br />
non−militaire a <strong>la</strong> temerite de s'opposer a une brute revetue d'un uniforme. Les lignes suivantes sont extraites<br />
de L.−H. GRONDIJS, Les Allemands en <strong>Belgique</strong>: Louvain et Aerschot, page 35 (Berger−Levrault, editeurs,<br />
1915):<br />
Le vil<strong>la</strong>ge de Linden a ete incendie parce qu'un habitant a tue un soldat allemand. Celui−ci, en compagnie<br />
d'un autre, avait viole une jeune fille, apres avoir attache ses parents a des chaises. Le pere se degagea de ses<br />
liens et tua l'un des agresseurs. Les officiers allemands ordonnerent de mettre le feu aux maisons, et les<br />
parents de <strong>la</strong> jeune fille, de nouveau attaches a des meubles, perirent <strong>dans</strong> les f<strong>la</strong>mmes.....<br />
Les articles de M. Grondijs ont paru d'abord <strong>dans</strong> le Nieuwe Rotterdamsche Courant. Nous avions lu a<br />
Bruxelles le recit ci−dessus <strong>dans</strong> le numero du soir du 7 septembre 1914, vendu avec l'autorisation de <strong>la</strong><br />
censure allemande.<br />
d) Necessite de l'intimidation.<br />
<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />
“Ne va<strong>la</strong>it−il pas mieux, disent encore les Allemands, terroriser les Belges tout au debut de <strong>la</strong> guerre? Nous<br />
leur avons montre, par quelques echantillons de notre savoir−faire, a quoi ils s'exposeraient s'ils nous<br />
attaquaient, et nous leur avons epargne ainsi de plus grands malheurs. Bref, c'est pour leur bien que nous les<br />
avons massacres et que nous avons fait f<strong>la</strong>mber leurs villes et leurs vil<strong>la</strong>ges.” Nos journaux c<strong>la</strong>ndestins ont fait<br />
mieux que de discuter ces dec<strong>la</strong>rations: il leur a suffi de les reproduire textuellement pour en faire toucher<br />
toute l'horreur. <strong>La</strong> Soupe, <strong>dans</strong> son n deg. 213, et Le Belge, <strong>dans</strong> ses no 2 et 3, ont publie <strong>la</strong> traduction<br />
francaise de l'article de M. Walter Bloem <strong>dans</strong> Koelnische Zeitung du 10 juin 1915[62]. C'est un article qui<br />
1. Quelques exemples d'inhumanite. 175