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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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“En effet, quelques minutes plus tard, les Allemands tentent un assaut repousse par des feux de salve.<br />

Jeudi 5 aout, 1 heure du matin.<br />

“<strong>La</strong> bataille continue toujours aussi ardente. Les Allemands ne savent a quelles forces ils ont affaire et n'osent<br />

pas s'avancer. L'obscurite nous est d'un tres grand secours. De nombreux ennemis sont envoyes vers nous pour<br />

se rendre compte de <strong>la</strong> situation. Ils veulent couper les fils barbeles devant les tranchees, afin de faciliter leur<br />

assaut. Presque tous sont arretes en chemin; un seul parvient grace a l'ombre epaisse d'un arbre<br />

jusqu'au−dessus de notre tranchee... Il ne racontera plus jamais ce qu'il a vu.<br />

1h. 30.<br />

“Les cartouches diminuent, les fusils nous brulent les mains, nos hommes sont comme des furieux. Cependant<br />

<strong>la</strong> fin approche.<br />

“A 80 metres, on apercoit l'ec<strong>la</strong>ir des fusils allemands. Nos forts tirent avec une precision etonnante; <strong>la</strong> lueur<br />

du projecteur passe, l'obus ec<strong>la</strong>te a l'endroit meme ou a passe le raie lumineuse, au milieu des Allemands.<br />

“Je tire... je me baisse pour recharger; une balle traverse a ce moment—meme mon shako.<br />

“Il me reste quinze cartouches, mes coups se font de plus en plus rares... Chacun tire de loin en loin, a coup<br />

sur. Les Allemands approchent toujours; il en arrive jusqu'a 8 et 10 metres de nous.<br />

“Je les <strong>la</strong>isse venir et j'ai l'immense p<strong>la</strong>isir d'en voir tomber neuf en une demi−heure, sous mes dernieres<br />

balles.<br />

2h. 30.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

“C'est <strong>la</strong> fin. Les dernieres cartouches ont chacune abattu leur homme.<br />

“Quatre heures durant, a une cinquantaine d'hommes, nous avons arrete des centaines d'Allemands et nous<br />

perissons faute de munitions. Resultat admirable, car nous n'avons qu'un mort et deux blesses. J'ai tire environ<br />

280 cartouches.<br />

“Inutile de tenter de fuir, car nous sommes cernes de toutes parts. Nous devons arborer le drapeau b<strong>la</strong>nc.<br />

“Les Allemands degringolent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> tranchee et, sans tenir compte du drapeau, ils nous <strong>la</strong>rdent de coups de<br />

baionnette. Bien que blesse a <strong>la</strong> cuisse, je me defends; successivement j'entaille deux Allemands et <strong>dans</strong> l'un<br />

d'eux ma baionnette se brise..., tout ce<strong>la</strong> en l'espace de quelques secondes.<br />

“Survient un sous−officier allemand. Il arrete l'attaque et procede a notre desarmement. Puis les Allemands,<br />

furieux d'avoir ete tenus en echec par cette poignee d'hommes, abattent a bout portant quarante de mes<br />

camarades.<br />

“Je sens une baionnette s'enfoncer <strong>dans</strong> ma cuisse gauche et le coup de feu suivre; je fais un bond et je<br />

retombe au fond de <strong>la</strong> tranchee.<br />

“Alors commence le supplice le plus affreux qui se puisse imaginer. Les blesses se <strong>la</strong>mentent et crient pendant<br />

que les Allemands continuent leur barbare besogne; ils tirent au hasard et s'entretuent meme. Deux coups de<br />

crosse me sont encore assenes sur <strong>la</strong> tete, qui heureusement est solide. Finalement intervient un officier; il<br />

arrete le carnage, abat a coups de revolver un de ses hommes, nous exprime ses regrets et ses felicitations.<br />

1. Quelques exemples d'inhumanite. 153

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