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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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M. Hinnenthal n'etait pas, comme beaucoup d'autres, un etranger pour les Belges; non, il entretenait, avec <strong>la</strong><br />

plupart de nos industriels, des re<strong>la</strong>tions d'affaires qui etaient toutes empreintes de cordialite. En un mot, c'etait<br />

un ami d'outre−Rhin.<br />

Ayant cherche a renouer ses anciennes re<strong>la</strong>tions d'amitie en <strong>Belgique</strong>, il a instamment prie les industriels<br />

belges, principalement les constructeurs de locomotives, de travailler pour lui.<br />

L'Etat−major allemand avait precisement use quelque 600 locomotives (on ne va pas pour rien de “devant<br />

Ypres” a “devant Riga” et vice versa) et il aurait bien voulu faire le travail de reparation en <strong>Belgique</strong>, puisque<br />

toutes les usines allemandes ne s'occupent plus que de faire des obus. M. Hinnenthal promettait de gros<br />

sa<strong>la</strong>ires, chaque usine aurait sa commande et... ferait son beurre. Du reste, il donnait sa parole d'Allemand que<br />

ces locomotives, une fois reparees, ne transporteraient que des Belges et serviraient pour le service interieur<br />

du pays.<br />

Il va de soi que M. Hinnenthal a ete econduit partout. Partout il a recu cette reponse: reparer des locomotives,<br />

meme destinees au transport des voyageurs et des marchandises belges, c'est liberer un nombre correspondant<br />

de machines qui conduiront au front des soldats et des munitions. Puisque ces reparations sont necessaires,<br />

que l'Etat−major allemand les fasse entreprendre en Allemagne, ou les usines feront un peu moins de<br />

munitions.<br />

M. Hinnenthal ne s'etait pas attendu a celle−<strong>la</strong>!<br />

O naif Allemand, o pretentieux Teuton! Vous avez donc cru qu'il y avait chez nous des ames assez viles pour<br />

entreprendre pareil metier! A quelle aune nous mesurez−vous donc? Vous pouvez sans scrupules, vous autres,<br />

Monsieur le Hauptmann, vous livrer a toutes les turpitudes, <strong>la</strong>ncer les lettres de cachet contre de paisibles<br />

commercants, deporter des citoyens inoffensifs, condamner aux travaux forces un maitre de carrieres qui n'a<br />

pas voulu faire du gravier de beton pour vos tranchees, imposer le regime de forteresse au bourgmestre de<br />

Bruxelles, faire fusiller des femmes, envoyer en prison jusqu'a des enfants. Vous pouvez aussi venir sans<br />

honte pratiquer chez nous le joli metier que vous faites. Malgre tout, vous ne nous effrayez pas, nous autres<br />

Belges. Vous pourrez renouveler contre nos industriels vos sentences arbitraires, les menacer des foudres<br />

allemandes, ils ne cederont pas: ce sera leur gloire et leur honneur. Vous pourrez a votre aise occuper les<br />

usines, envoyer l'outil<strong>la</strong>ge en Allemagne, congedier le personnel ou le faire prisonnier, vous payer de<br />

p<strong>la</strong>ntureux appointements et reduire a rien nos moyens de production. Vous ne recolterez, vous et vos maitres,<br />

que le mepris des neutres et <strong>la</strong> haine de <strong>la</strong> nation belge...<br />

P.−S.—Au moment de mettre sous presse, nous apprenons que plusieurs usines belges sont p<strong>la</strong>cees sous<br />

sequestre et occupees militairement. M. Hinnenthal se venge!<br />

(<strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, d'apres L'Echo belge, 8 mars 1916, et d'apres <strong>La</strong> <strong>Belgique</strong> [de Rotterdam], 11 mars 1916.)<br />

Devant l'insucces constant de leurs tentatives, les Allemands ont essaye d'amener chez eux nos ouvriers.<br />

L'avantage serait le meme pour eux, puisqu'ils pourraient tout aussi bien liberer leurs hommes et les envoyer<br />

au front.<br />

Contrats de travail.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Les Allemands ne se contentent pas de forcer les ouvriers belges a travailler pour eux en <strong>Belgique</strong>, ils font<br />

aussi tous leurs efforts pour les attirer chez eux. Nous avons sous les yeux le texte du contrat qu'ils font signer<br />

aux ouvriers qu'ils reussissent a entrainer en faisant miroiter devant eux, non seulement l'appat du gain, mais<br />

les nombreux “avantages” reserves aux compagnons allemands et qui leur sont egalement promis: assurances,<br />

obligation d'accepter un logement designe, lois de travail allemandes, etc. Nous avons aussi sous les yeux le<br />

D. L'ARDEUR PATRIOTIQUE 139

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