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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

elles aussi, achetent au peril de leur vie le droit d'aller soigner leurs freres blesses.<br />

Tout de meme, l'Histoire exaltera encore davantage une autre categorie de Belges: les obscurs travailleurs qui,<br />

sans ostentation, simplement parce que c'est leur devoir, acceptent <strong>la</strong> famine pour eux et pour leur famille,<br />

plutot que de mettre leurs bras au service de l'ennemi. D'apres le rapport de M. Walcott, delegue de l'Institut<br />

Rockefeller, qui s'occupe du ravitaillement de notre pays, il y avait chez nous, en fevrier 1916, 3 millions<br />

d'habitants dont l'existence depend uniquement des vivres distribues par <strong>la</strong> Commission americaine. “Qu'ils<br />

reparent les locomotives, disent les Allemands; qu'ils fabriquent des munitions, des fils de fer barbeles ou des<br />

sacs pour les tranchees; qu'ils aillent reparer nos routes; nous leur paierons de gros sa<strong>la</strong>ires!—Arriere,<br />

tentateurs! repondent les ouvriers, nous aimons mieux nous serrer <strong>la</strong> ceinture que de trahir notre patrie.—Nous<br />

creverons de faim plutot que de nous incliner", ont repondu ceux de Gand.<br />

Il ne sera sans doute pas inutile de citer textuellement les articles 23 et 52 de <strong>la</strong> Convention de <strong>La</strong> Haye, qui<br />

sont systematiquement enfreints par l'autorite allemande.<br />

ART. 23.—Il est egalement interdit a un belligerant de forcer les nationaux de <strong>la</strong> partie adverse a prendre<br />

part aux operations de guerre dirigees contre leur pays, meme <strong>dans</strong> le cas ou ils auraient ete a son service<br />

avant le commencement de <strong>la</strong> guerre.<br />

ART. 52.—Des requisitions en nature et des services ne pourront etre rec<strong>la</strong>mes des communes ou des<br />

habitants que pour les besoins de l'armee d'occupation. Ils seront en rapport avec les ressources du pays et de<br />

telle nature qu'ils n'impliquent pas pour les popu<strong>la</strong>tions l'obligation de prendre part aux operations de <strong>la</strong><br />

guerre contre leur patrie....<br />

Constatons aussi, <strong>la</strong> chose est piquante, que les Allemands violent leurs propres Lois de <strong>la</strong> guerre, si feroces<br />

qu'elles soient (voir plus loin, p. 223). Leurs Lois de <strong>la</strong> guerre ne seraient−elles plus qu'un chiffon de papier?<br />

Le principe qu'aucun habitant d'une region occupee ne peut etre contraint de prendre une part directe a <strong>la</strong><br />

lutte menee contre son propre pays subit cependant, d'apres les lois generalement adoptees de <strong>la</strong> guerre, une<br />

exception qui doit etre mentionnee ici, a savoir l'emploi d'habitants du pays comme guides <strong>dans</strong> des regions<br />

inconnues. (Les Lois de <strong>la</strong> guerre continentale, traduites et annotees par P. CARPENTIER. Paris, 1914, p.<br />

110.)<br />

De son cote, le gouvernement provisoire ne peut rien exiger de l'habitant de ce qui apparaitrait comme un<br />

crime contre sa propre patrie, ou comme une participation directe ou indirecte a <strong>la</strong> guerre. (Ibid., p. 146.)<br />

L'autorite occupante avait tout de suite constate le manque de souplesse de notre popu<strong>la</strong>tion ouvriere, et, des<br />

le mois de septembre 1914, elle chercha a y mettre bon ordre. Chose singuliere, c'est par <strong>la</strong> douceur qu'elle<br />

debuta. Elle manda d'Allemagne des chefs socialistes pour aller tater le terrain. Les premiers qui vinrent a<br />

Bruxelles en septembre 1914 ne dirent pas ouvertement qu'ils etaient charges d'obtenir des syndicalistes<br />

belges l'engagement de faire travailler pour l'Allemagne (voir <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion ci−apres). Mais, en novembre 1914,<br />

le socialiste allemand Dittmann vint officiellement s'entretenir <strong>dans</strong> ce but, a <strong>la</strong> Maison du Peuple de<br />

Bruxelles, avec nos dirigeants du parti ouvrier. Il y fut bien recu, comme on pense (voir <strong>La</strong> Soupe. n deg.<br />

129).<br />

Une re<strong>la</strong>tion des premieres visites, celles de septembre, fut immediatement redigee par M. Dewinne. A cette<br />

epoque il n'y avait a Bruxelles aucune publication independante, et le recit fut donc envoye a l'etranger; il<br />

parut <strong>dans</strong> L'Humanite, de Paris. Mais des numeros de ce journal furent aussitot introduits chez nous, et des<br />

copies a <strong>la</strong> machine furent abondamment repandues. Puis <strong>La</strong> Soupe le reimprima <strong>dans</strong> son n deg. 28, a des<br />

centaines d'exemp<strong>la</strong>ires, en novembre 1914. Plus tard, au debut de 1915, le recit parut <strong>dans</strong> une brochure<br />

c<strong>la</strong>ndestine, <strong>La</strong> Sozialdemokratie et <strong>la</strong> Guerre (p. 21). On verra qu'il est interessant a beaucoup de titres:<br />

D. L'ARDEUR PATRIOTIQUE 128

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