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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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On s'autorise aussi a faire vis−a−vis de nous ce qui n'est pas tolere vis−a−vis de l'armee allemande: d'une part,<br />

on interdit aux pretres belges les publications qui ne sont pas a l'eloge de l'Allemagne et, d'autre part, on<br />

permet aux aumoniers allemands et a d'autres de repandre des ecrits provocants et outrageants pour notre<br />

patrie.<br />

En regard des vains efforts tentes par les Allemands pour supprimer <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, soulignons l'ardeur<br />

avec <strong>la</strong>quelle les Belges s'occupent de <strong>la</strong> repandre. Voici un petit trait caracteristique: les vingt premiers<br />

numeros du journal ont ete reimprimes trois ou quatre mois apres leur publication.<br />

* * * * *<br />

D'autres periodiques c<strong>la</strong>ndestins menent le combat contre les procedes allemands: <strong>La</strong> Verite, qui publia sept<br />

numeros en mai et juin 1915 (pl. V); Le Belge, qui parut de septembre a novembre 1915; Patrie! (pl. VII), qui<br />

en est a sa deuxieme annee; un journal f<strong>la</strong>mand, De V<strong>la</strong>amsche Leeuw (pl. VI), qu'on peut se procurer “partout<br />

et nulle part” et dont “<strong>la</strong> redaction siege a <strong>la</strong> Kommandantur de Bruxelles, en face de l'imprimerie de <strong>La</strong> Libre<br />

<strong>Belgique</strong>”; De Vrije Stem, d'Anvers (pl. VI), etc.<br />

Leur organisation est a peu pres <strong>la</strong> meme que celle de <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>; nous n'en reparlerons pas.<br />

Un mot seulement sur un autre organe, Motus, journal des gens occupes, feuille satirique qui etait vendue, non<br />

distribuee gratuitement. Il n'en parut que deux ou trois numeros, car elle eut <strong>la</strong> malchance de naitre tout juste<br />

au moment ou <strong>la</strong> police allemande multipliait les visites <strong>dans</strong> les echoppes a journaux, les librairies et les<br />

papeteries. De nombreuses publications prohibees furent saisies pendant ces visites; mais, malgre toutes les<br />

invitations allemandes, aucun marchand ne denonca les auteurs ou les imprimeurs des journaux, brochures,<br />

cartes illustrees, photos, etc. Ils firent tranquillement leurs mois de prison, plutot que d'accepter <strong>la</strong> reduction<br />

de peine qui leur etait offerte en echange d'une trahison. Toutefois l'activite du pouvoir occupant fut fatale a<br />

Motus. Et c'est dommage, car les p<strong>la</strong>isanteries de ce journal etaient fort amusantes. C'est lui qui nous apprit<br />

que le Kronprinz venait d'avoir un fils, “un nouveau prince−monseigneur”; il racontait aussi que Guil<strong>la</strong>ume Il<br />

maigrissait beaucoup, mais que les journaux d'outre−Rhin qui se permettaient de parler du poids de<br />

l'Empereur etaient poursuivis pour crime de “pese−majeste”.<br />

Voici quelques articles empruntes a <strong>La</strong> Verite et a <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>, qui renseignent, mieux que nous ne<br />

pourrions le faire, sur le role des prohibes et sur <strong>la</strong> facon dont ils circulent en <strong>Belgique</strong>:<br />

Les feuilles sortant de Prusse.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

Tous les quotidiens de Bruxelles, sans exception, ont cesse leur publication. Des le debut de l'occupation, von<br />

der Goltz leur fit faire des avances; elles echouerent. Il n'est pas de <strong>la</strong> dignite de <strong>la</strong> presse independante de<br />

reconnaitre <strong>la</strong> loi de l'usurpation; il est antipatriotique de se mettre au service de l'ennemi. Or, publier ce qui<br />

p<strong>la</strong>it a <strong>la</strong> censure prussienne et omettre ce qui lui dep<strong>la</strong>it; ne pas se rejouir des avantages obtenus par les<br />

armees alliees, mais les escamoter et insister, au contraire, sur les pretendus succes des troupes ennemies;<br />

inserer des articles imposes par les bureaux prussiens et reproduire les bulletins des Allies tels que ceux−ci<br />

sortent des tripatouil<strong>la</strong>ges berlinois; critiquer des initiatives belges parce que ce sont les seules que <strong>la</strong> censure<br />

aime a voir denigrer; ne pas mettre au pilori les massacres de Vise, Dolhain, Liege, Aerschot, Diest, Louvain,<br />

Dinant, Tamines, Termonde, etc., mais s'indigner des petits abus a charge de Belges appauvris; signaler avec<br />

comp<strong>la</strong>isance les organisations de l'ennemi et rester muet devant ses exactions, c'est s'ap<strong>la</strong>tir, c'est fouler aux<br />

pieds toute fierte, c'est donner sa veulerie en exemple et c'est servir les interets de l'agression germanique.<br />

Le journalisme musele aggrave son cas en gagnant beaucoup d'argent. Un journal veule et cupide ne peut<br />

trouver des lecteurs que parmi les gens sans grandeur morale.<br />

I. CE QUI EST DEFENDU ET CE QUI EST TOLERE 11

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