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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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1. Le recrutement.<br />

D. L'ARDEUR PATRIOTIQUE<br />

<strong>La</strong> patrie est en danger! Cette pensee a immediatement ap<strong>la</strong>ni nos petits dissentiments, si insignifiants devant<br />

nos angoisses actuelles. D'une commune ardeur, tout le monde s'est mis a l'oeuvre. Les uns organisent<br />

l'opposition contre <strong>la</strong> bande de spoliateurs armes qui sevit sur notre pauvre pays; d'autres s'occupent du<br />

ravitaillement; les jeunes partent pour l'armee.<br />

a) Les difficultes.<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

S'enroler n'est pas chose facile, car les Allemands s'y opposent naturellement de toutes leurs forces. <strong>La</strong><br />

<strong>Belgique</strong> est comme une grande cage, entouree d'une triple barriere de fils barbeles et de fils a haute tension.<br />

A tous les debouches de <strong>la</strong> cloture veillent des sentinelles; entre les postes circulent des patrouilles de<br />

fantassins accompagnes de chiens policiers, des cavaliers, des cyclistes, des canots automobiles. <strong>La</strong> nuit, les<br />

rayons des projecteurs ba<strong>la</strong>ient l'espace. Le long de <strong>la</strong> frontiere, sur une <strong>la</strong>rgeur de 5 a 10 kilometres, est une<br />

zone ou nul ne peut circuler sans autorisation; et il faut un autre permis pour penetrer <strong>dans</strong> une derniere<br />

bordure, <strong>la</strong>rge de 200 metres, ou toutes les maisons ont ete evacuees.<br />

Malgre tout, plus de 20.000 jeunes gens se sont evades de cette prison et ont pris du service <strong>dans</strong> l'armee<br />

belge. Des metallurgistes, en nombre au moins egal, sont alles vers les fabriques de munitions en Angleterre et<br />

en France. Meme, des milliers de femmes et de jeunes filles ont brave <strong>la</strong> mort par electrocution ou par<br />

fusil<strong>la</strong>de, les unes pour rejoindre leurs maris, les autres pour s'engager comme infirmieres <strong>dans</strong> nos<br />

ambu<strong>la</strong>nces, car a celles−ci aussi le Gouvernement allemand refuse systematiquement des passeports.<br />

Comment passent−ils? Le lecteur comprendra que nous ne puissions pas donner de details. Contentons−nous<br />

de citer quelques faits que nous connaissons personnellement. En janvier 1916, 28 miliciens et 4 infirmieres<br />

passerent ensemble par <strong>la</strong> province d'Anvers. Pendant le mois de decembre 1916, 70 jeunes gens, apres avoir<br />

abattu un officier et deux sentinelles, gagnerent <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>nde par <strong>la</strong> frontiere limbourgeoise; un groupe de 20<br />

Belges traversa <strong>la</strong> Meuse a <strong>la</strong> nage; enfin, 42 hommes s'evaderent par <strong>la</strong> frontiere Liegeoise, sur un<br />

remorqueur.<br />

Il n'y a pas que des barrieres physiques. Chaque fois qu'un Belge est tue a <strong>la</strong> frontiere par le courant<br />

electrique, son cadavre reste accroche aux fils de fer pendant plusieurs jours, en guise d'epouvantail, par<br />

exemple le corps de M. Jacob, de Liege, en decembre 1915. Quand on en abat un a coups de fusil, les<br />

journaux domestiques s'empressent d'apprendre sa mort a leurs lecteurs. Si les patrouilles reussissent a<br />

s'emparer d'un petit groupe de miliciens, leur condamnation est publiee <strong>dans</strong> les memes feuilles.<br />

Par jugement du 11 fevrier 1916, le tribunal militaire de Namur a condamne:<br />

Franz Sacre, ouvrier d'usine a Grand−Manil; Joseph Bourgeaux, electricien; Paul Debroux, employe; Fernand<br />

Leclipteux, ebeniste; Hector Leroy, ouvrier; Marcel−Augustin Colin, typographe, tous domicilies a<br />

Gembloux, a trois ans de prison pour avoir entrepris de passer <strong>la</strong> frontiere sans <strong>la</strong> permission prescrite, <strong>dans</strong> le<br />

but de s'enroler <strong>dans</strong> l'armee belge.<br />

(L'Ami de l'Ordre, d'apres <strong>La</strong> <strong>Belgique</strong> [de Rotterdam], 1er mars 1915, p. 2, col. 1.)<br />

Nous avons vu plus haut (p. 67) que certains journaux, tombes encore plus bas, publient les noms de ceux qui<br />

cherchent a passer <strong>la</strong> frontiere.<br />

D. L'ARDEUR PATRIOTIQUE 118

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