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Jean Massart - La Presse Clandestine dans la Belgique Occupee

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(voir page suivante et pl. II). Le n deg. 83, “censure le 21 juillet 1916", donne a l'occasion de <strong>la</strong> fete nationale<br />

belge un dessin, “Vers <strong>la</strong> gloire", entoure d'un cadre aux couleurs belges (pl. IV). Le n deg. 81 publie une<br />

reproduction d'une carte illustree qui a ete vendue en Allemagne, avec le lion belge chevauche par un Prussien<br />

(pl. III).<br />

Mais <strong>la</strong> meilleure image reste celle du n deg. 30, reproduisant un “instantane” du gouverneur general, baron<br />

von Bissing, lisant <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> [7]. A partir de ce moment, ce ne fut plus une recompense de 5.000<br />

francs qui etait offerte au denonciateur de <strong>La</strong> libre <strong>Belgique</strong>, mais une prime de 25.000 francs, puis de 75.000<br />

francs. Ils nous prennent pour des Allemands! Ils s'imaginent que l'interet nous fera oublier le devoir!<br />

[Note 7: Voir Comment les Belges resistent..., fig. 1.]<br />

Cependant nos tyrans mettent tout en oeuvre pour echapper au cauchemar de <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>. Au printemps<br />

de 1915, des perquisitions ont mis sens dessus dessous les maisons de tous ceux qui pouvaient etre<br />

soupconnes d'aider a sa propagation. Nous vivions <strong>dans</strong> une incertitude perpetuelle; a chaque coup de<br />

sonnette, nous nous demandions si ce n'etait pas pour une visite domiciliaire. On publiera apres <strong>la</strong> guerre <strong>la</strong><br />

liste des maisons qui furent fouillees de <strong>la</strong> cave au grenier, sans que <strong>la</strong> police ait reconnu sous leur maquil<strong>la</strong>ge<br />

les paquets de <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>.<br />

<strong>La</strong> traque aux prohibes se poursuit <strong>dans</strong> <strong>la</strong> rue. On arrete les avocats, les employes de bureau, les<br />

fonctionnaires, bref tous ceux qui sont munis d'un portefeuille, et on leur bouleverse leurs papiers pour y<br />

decouvrir <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>.<br />

Les Bruxellois racontent que <strong>la</strong> Kommandantur a recu plusieurs fois des lettres anonymes donnant des<br />

renseignements precis sur le local ou s'e<strong>la</strong>bore <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>. <strong>La</strong> police arrivait en grand secret, se faisait<br />

ouvrir <strong>la</strong> maison, descendait vivement tel escalier, enfi<strong>la</strong>it le couloir, poussait <strong>la</strong> porte indiquee sur le p<strong>la</strong>n et<br />

debouchait <strong>dans</strong> un water−closet. <strong>La</strong> “chronique theatrale” du n deg. 39 de <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> raconte une<br />

equipee de ce genre, ainsi que <strong>la</strong> mesaventure des Allemands al<strong>la</strong>nt arreter Andre Vesale dont <strong>la</strong> statue se<br />

dresse sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des Barricades a Bruxelles!<br />

Voici quelques faits qui donneront une idee de l'acharnement avec lequel <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong> est poursuivie.<br />

Un redemptoriste, le R. P. Verriest, a ete condamne a 4.000 marks d'amende pour s'etre occupe de <strong>la</strong> repandre.<br />

Par jugement du tribunal militaire d'Anvers, en date du 18 fevrier 1916, trente−deux personnes ont ete<br />

condamnees a des peines de trois a dix−huit mois de prison pour avoir procede a <strong>la</strong> distribution de journaux<br />

prohibes. Le tribunal militaire de Hasselt a condamne un restaurateur et sa femme a des amendes et a <strong>la</strong><br />

fermeture pendant six semaines de leur cafe In het Vosken pour avoir repandu <strong>La</strong> Libre <strong>Belgique</strong>. Le<br />

bourgmestre interimaire de Bruxelles, M. Lemonnier, a vu bouleverser son habitation particuliere et son<br />

bureau a l'Hotel de Ville: on ne decouvrit rien, naturellement. M. Lemonnier protesta contre ces agissements,<br />

le 27 decembre 1915:<br />

MONSIEUR LE GOUVERNEUR GENERAL,<br />

<strong>La</strong> <strong>Presse</strong> <strong>C<strong>la</strong>ndestine</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>Belgique</strong> <strong>Occupee</strong><br />

<strong>La</strong> police allemande vient de pratiquer des perquisitions <strong>dans</strong> mon cabinet a l'Hotel de Ville et <strong>dans</strong> ma<br />

maison privee.<br />

Comme particulier, je ne songerais pas a me p<strong>la</strong>indre d'etre traite comme tant de mes concitoyens, mais en<br />

qualite de faisant fonctions de bourgmestre, je dois elever une protestation contre cette perquisition qui,<br />

pratiquee <strong>dans</strong> l'Hotel de Ville, porte <strong>la</strong> plus grave atteinte a <strong>la</strong> dignite et a l'autorite du premier magistrat de <strong>la</strong><br />

cite, au moment ou il a besoin de tout le prestige dont sont entourees ses fonctions pour assurer et maintenir<br />

l'ordre et <strong>la</strong> tranquillite publique.<br />

I. CE QUI EST DEFENDU ET CE QUI EST TOLERE 8

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