Introduction aux Probabilités - Université Rennes 2

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132 Chapitre 3. Variables aléatoires à densité −4 −3 −2 −1 1 2 3 0.40 68% 95% 99,7% Figure 3.8 – Concentration autour de la moyenne d’une loi N(0,1). notant Sn = X1 +···+Xn leurs sommes partielles, on a la convergence en loi suivante : Sn −nE[X1] n Var(X1) L −−−−→ n→+∞ N(0,1), c’est-à-dire que pour tout intervalle (a,b) deÊ, on a : È a ≤ Sn −nE[X1] ≤ b −−−−→ n Var(X1) n→+∞ b a 1 √ 2π e −x2 2 dx. Autrement dit, la somme d’un grand nombre de variables aléatoires i.i.d. se comporte comme une loi normale. Dit grossièrement et quitte à choquer les puristes, on peut considérer que si n est “assez grand”, Sn suit quasiment une loi normale de moyenne nE[X1] et d’écart-type n Var(X1) : Sn ≈ N(nE[X1],n Var(X1)). Universalité. L’aspect remarquable de ce résultat tient bien sûr au fait que la loi commune des Xn peut être n’importe quoi! Celle-ci peut aussi bien être discrète qu’absolument continue, mixte ou singulière. La seule chose requise est l’existence de la variance. Avec la Loi des Grands Nombres, ce résultat peut être considéré comme le plus important en probabilités et statistiques. Exemple. Revenons à l’exercice 2.21. Rappel des épisodes précédents : après 3600 jets d’un dé équilibré, la question était d’évaluer la probabilité p que le nombre S de 1 apparus soit compris entre 480 et 720. L’expression exacte était donnée par la somme de termes binomiaux et une minoration avait été fournie par l’inégalité de Tchebychev : p ≥ 0,965. Or nous sommes dans le cadre typique d’application du théorème central limite, avec n = 3600 et les Xi ayant pour loi commune la distribution de Bernoulli B(1/6). Ainsi : Sn −nE[X1] S −600 = √ ≈ N(0,1). n Var(X1) 500 Arnaud Guyader - Rennes 2 Probabilités 4

3.5. Exercices 133 Et on cherche : −120 S −600 p =È(480 < S < 720) =È √ < √ < 500 500 120 √ 500 = 2Φ(5.36)−1, ce qui donne p ≈ 1−8.10 −8 . Le calcul sur machine de la probabilité p via son expression exacte donne en fait : 719 È(480 < S < 720) = = n) = n=481È(S 719 n=481 3600 n n 3600−n 1 5 ≈ 1−11.10 6 6 −8 . Ceci montre que l’approximation gaussienne donnée par le théorème central limite est excellente. La minoration par l’inégalité de Tchebychev était par contre très pessimiste : il n’y a concrètement à peu près aucune chance que le nombre de 1 ne soit pas compris entre 480 et 720. Remarque. Nous avons ainsi obtenu une approximation de la loi binomiale B(n,p) par une loi normale N(np,np(1−p)) lorsque n est grand. Celle-ci ne fonctionne cependant que si p n’est pas trop petit, plus précisément il ne faut pas que p soit de l’ordre de 1/n. Dans cette situation, comme expliqué en Section 2.5.5, c’est l’approximation par une loi de Poisson P(np) qui est pertinente (cf. exercice 3.26). 3.5 Exercices Exercice 3.1 (Espérance et variance d’une loi uniforme) Soit X une variable aléatoire qui suit une loi uniforme sur le segment [0,1]. 1. Calculer sa moyenne E[X] et sa variance Var(X). 2. De façon générale, calculer E[Xn ], moment d’ordre n de X. 3. Soit a et b deux réels tels que ∈Ê a < b. Comment définiriez-vous la densité d’une variable aléatoire X uniforme sur le segment [a,b]? Donner alors E[X] et Var(X). Exercice 3.2 (Loi de Cauchy) On dit que X suit une loi de Cauchy de paramètre 1 si X admet pour densité f avec : ∀x f(x) = c 1+x 2. 1. Déterminer c pour que f soit bien une densité. 2. Calculer et représenter la fonction de répartition F de X. 3. Montrer que X n’a pas d’espérance. 4. Soit Y une variable aléatoire uniforme sur −π π 2 , 2 . Déterminer la loi de X = tanY (on pourra passer par sa fonction de répartition). Exercice 3.3 (Densités parabolique et circulaire) Soit X une variable aléatoire de densité f(x) = c(1−x 2 ) {−1

132 Chapitre 3. Variables aléatoires à densité<br />

−4 −3 −2 −1<br />

1 2 3<br />

0.40<br />

68%<br />

95%<br />

99,7%<br />

Figure 3.8 – Concentration autour de la moyenne d’une loi N(0,1).<br />

notant Sn = X1 +···+Xn leurs sommes partielles, on a la convergence en loi suivante :<br />

Sn −nE[X1]<br />

n Var(X1)<br />

L<br />

−−−−→<br />

n→+∞ N(0,1),<br />

c’est-à-dire que pour tout intervalle (a,b) deÊ, on a :<br />

È<br />

a ≤ Sn<br />

<br />

−nE[X1]<br />

≤ b −−−−→<br />

n Var(X1) n→+∞<br />

b<br />

a<br />

1<br />

√ 2π e −x2<br />

2 dx.<br />

Autrement dit, la somme d’un grand nombre de variables aléatoires i.i.d. se comporte comme une<br />

loi normale. Dit grossièrement et quitte à choquer les puristes, on peut considérer que si n est “assez<br />

grand”, Sn suit quasiment une loi normale de moyenne nE[X1] et d’écart-type n Var(X1) :<br />

Sn ≈ N(nE[X1],n Var(X1)).<br />

Universalité. L’aspect remarquable de ce résultat tient bien sûr au fait que la loi commune des<br />

Xn peut être n’importe quoi! Celle-ci peut aussi bien être discrète qu’absolument continue, mixte<br />

ou singulière. La seule chose requise est l’existence de la variance. Avec la Loi des Grands Nombres,<br />

ce résultat peut être considéré comme le plus important en probabilités et statistiques.<br />

Exemple. Revenons à l’exercice 2.21. Rappel des épisodes précédents : après 3600 jets d’un dé<br />

équilibré, la question était d’évaluer la probabilité p que le nombre S de 1 apparus soit compris<br />

entre 480 et 720. L’expression exacte était donnée par la somme de termes binomi<strong>aux</strong> et une<br />

minoration avait été fournie par l’inégalité de Tchebychev : p ≥ 0,965. Or nous sommes dans le<br />

cadre typique d’application du théorème central limite, avec n = 3600 et les Xi ayant pour loi<br />

commune la distribution de Bernoulli B(1/6). Ainsi :<br />

Sn −nE[X1] S −600<br />

= √ ≈ N(0,1).<br />

n Var(X1) 500<br />

Arnaud Guyader - <strong>Rennes</strong> 2 <strong>Probabilités</strong><br />

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