LIVRE 2005 - page rieuse - Free

Cependant, malgré « des moyens d'investigation
exceptionnels, les travaux de
deux commissions d'enquête parlementaire
et la pression permanente des
familles des victimes, l'énigme demeure
entière.
[… Le] 14 août 1982, des malfaiteurs
cambriolent une épicerie à Maubeuge
[…]. Les ''tueurs fous'' viennent d'entrer
en scène. Ce coup porte déjà leur griffe :
un braquage au butin dérisoire s'achevant
par une fusillade avec la police […]
qui tourne à leur avantage. Au cours des
mois qui suivent, ils multiplient les
attaques et les vols […] et assassinent,
au passage, une dizaine de personnes.
Les […] criminels […, à] l'automne 1985,
s'abattent sur trois grandes surfaces de
la firme Delhaize. Bilan : 16 morts pour
une poignée de francs et quelques kilos
de café [… Trois] hommes masqués qui
tirent sur tout ce qui bouge, adultes et
enfants […] et sèment les policiers qui les
prennent en chasse. » [3]
« Le vendredi soir - c'est ce jour-là que les
tueurs du Brabant wallon ont l'habitude
d'opérer, - les supermarchés sont devenus
quasiment déserts [...]
Conséquence : alors que la Belgique [...]
s'acheminait vers un fédéralisme de plus
en plus poussé, les nécessités de la lutte
contre le banditisme et le terrorisme
impliquent maintenant une nouvelle
concentration des pouvoirs. » [4] « Après
le dernier massacre, celui du 9
novembre 1985 à Alost, ces killers […]
ne donneront plus jamais signe de vie.
Ils laissent derrière eux 28 cadavres, des
survivants marqués à vie, des familles de
victimes traumatisées, une population
sous le choc et un pays en état de siège.
Le gouvernement envoie les paras commandos
dans la rue. » [3]
Un « ''limier'' de la Cellule du Brabant
wallon (CBW) (Cellule d'enquête spécia-
le créée en 1990 […]), [… nota plus tard
que] les riot guns, pistolets-mitrailleurs et
autres revolvers utilisés [...] n'avaient pas
servi avant et ne serviront plus après.
Même invisibilité [des tueurs] au sein du
[...''milieu''.] ''[…] Vu leur connaissance
des armes, ils peuvent [...] provenir de
milieux militaires ou de mercenaires. '' » [3]
« Mais comment savoir à quoi ont pu servir,
au fond, les ''tueurs fous du
Brabant'' ? Il est difficile d’appliquer le
principe Cui prodest ? dans un monde
où tant d’intérêts agissants sont si bien
cachés. » [5] « Aujourd’hui, pas loin de
vingt ans après [… à] peine pouvonsnous
[…] énumérer les différentes hypothèses
[…]. Les tueries s’expliqueraient
alors par une opération de racket
menée, aux Etats-Unis, par la Cosa
Nostra contre une chaîne de grands
magasins belges qui s’y était implantée […].
Ces tueries de masse [pourraient aussi
n’être] que le camouflage de "cadavres
exquis", comme disent les Italiens.
Quelques personnes bien précises
devaient mourir, pour diverses raisons,
et leur assassinat, extrêmement ciblé, a
été noyé dans des massacres incohérents
pour brouiller les pistes […] tel gendarme
enquêtait à titre privé, en dehors
de ses heures de service, sur une grosse
affaire politico-financière ; tel autre individu
se révélait être un banquier failli
dont l’établissement aurait été mêlé à
des financements de trafics d’armes
internationaux, telle autre personne
aurait disposé d’un dossier particulièrement
chaud susceptible de mouiller une
importante personnalité politique.
[… Ou enfin] les tueries s’expliquent par
une volonté de certains, dans une
branche "dissidente" des services secrets
américains, de renforcer un Etat belge
qui leur semblait dangereusement faible
et instable. Elles auraient participé à une
83 Label Europe