LIVRE 2005 - page rieuse - Free

confirme chaque détail de leur style. » [1]
Des professionnels « tels le fameux
Steffano Delle Chiaie, responsable de
l'attentat de la gare de Bologne » [2] survenu
le 2 août 1980, qui a fait 86 morts
200 blessés, et devait être le pire d'une
atroce série, où plus de 300 personnes
ont trouvé la mort : sur la piazza
Fontana à Milan, dans un train à Brescia,
dans l'express Naples-Milan sous un tunnel
au sud de Bologne. Ces attentats ont
été attribués à l'extrême gauche, dans le
cadre d'une stratégie visant à convaincre
les électeurs que le pays était en proie à
de vives tensions, et qu'ils n'avaient pas
d'autres choix que de voter pour les
démocrates-chrétiens, garants de leur
sécurité.
Au total, jusqu’en « 1988, deux décennies
[s’écouleront], pleines d’assassinats
et d’attentats à la bombe. Les noms
résonnent encore : Goio Tauro (7
morts), Peteano (3 morts), piazza della
Loggia (8 morts), San Benedetto Val di
Sambro (12 morts), Ustica (81 morts),
Bologne (85 morts), à nouveau San
Benedetto val di Sambro (15 morts),
etc. » [3]
La « "brigade rouge" a une autre fonction,
d'un intérêt plus général, qui est de
déconcerter ou de discréditer les prolétaires
qui se dressent réellement contre
l'Etat, et peut-être un jour d'éliminer
quelques uns des plus dangereux. […]
C'est à ce degré [général] de l'analyse
que l'on est fondé à évoquer une politique
"spectaculaire" du terrorisme, et
non, comme le répète vulgairement la
finesse subalterne de tant de journalistes
ou professeurs, parce que des terroristes
sont parfois mus par le désir de faire parler
d'eux. [...]
Etant [...] le pays le plus avancé dans le
glissement vers la révolution prolétarienne,
l’Italie est aussi le laboratoire le plus
moderne de la contre-révolution internationale.
Les autres gouvernements [...]
regardent avec admiration le gouvernement
italien [...]. C’est une leçon qu’ils auront
à appliquer chez eux pendant une longue
période. » [4]
[1] : (Guy Debord, « Préface à la quatrième édition italienne
de la Société du Spectacle », Champ Libre, 1979,
pp. 24-25, 29-30, réed. Gallimard, 9/1992, pp. 102-103,
105-106)
[2] : (Entretien avec Gustavo Sanchez (ancien ministre de
l'intérieur de la Bolivie, auteur de “Comment j'ai piégé
Klaus Barbie”, Ed. Messidor), L'Evénement du Jeudi,
14/5/1987)
[3] : (Jean-François Brozzu-Gentile, « L'Affaire Gladio, les
réseaux secrets américains au cœur du terrorisme en
Europe », Albin Michel, 3/1994, p. 34)
[4] : (Guy Debord, op. cit., 1979, pp. 32, 34-35, réed.
1992, pp. 107-109)
« L'Italie n'a pas été simplement
secouée par le mouvement des étudiants
de 1968 ; des luttes ouvrières
se sont développées de manière autonome
dans le pays au cours des
années 1969/1972 [… dans] un vaste
mouvement de contestation. Le 11
septembre 1969, par exemple, 1 million
d'ouvriers des secteurs de la
métallurgie se mettent en grève, cent
mille bloquent l'entrée de Fiat... Au
même moment, le parti communiste,
critiqué à sa gauche par les comités
de base ouvriers, affirme de plus en
plus son influence ». [1]
Il faut noter qu’alors « le système italien
de l’époque, bloqué par le poids de la
Démocratie chrétienne et la position
hors système du PCI, est très peu perméable
aux demandes des mouvements
sociaux, comme le montrera le blocage
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