LIVRE 2005 - page rieuse - Free

23 000 victimes annuelles des homicides
à main armée aux États-Unis » [2], dont
environ la moitié, soit « 11.000 personnes
meurent par balles (en comparaison
avec l’Allemagne : 381 morts par
balles, la France : 255 , [le] Canada : 165,
[le] Japon : 39) » [4] Encore une fois, les
Etats-Unis nous devancent. Les mœurs y
sont plus gourmandes de viande.
On est au courant depuis 1993 : « Selon
un sondage Louis [Harris] réalisé auprès
de 2 508 collégiens de 10 à 19 ans, les
teen-agers [étasuniens] sont familiers
des armes à feu. 40 % reconnaissent
avoir introduit une arme à l'école et 9 %
avouent avoir déjà tiré sur quelqu'un.
62 % affirment pouvoir se procurer
une arme en moins de 24 heures. Ces
chiffres sont sensiblement les mêmes
dans les villes, les banlieues plus aisées
et les zones rurales. » [5] [Voir « Jouer
aux petits soldats », p. 306]
« L'absence de contrôle du commerce
des armes alimente les conflits, la pauvreté
et les atteintes aux droits humains.
Tous les gouvernements sont responsables
: 80 à 90 % des armes légères en
circulation proviennent à l'origine du
commerce légal. » [3] Mais les coupables
sont évidemment les consommateurs. A
l’instar du commerce d’autres marchandises,
celui des armes est encouragé,
mais l'utilisation de ces armes est normalement
interdite.
Et il n'y a pas besoin de faire beaucoup
de publicité. Dans « une situation stressante,
les gens se fâchent rapidement et
ont de la difficulté à se calmer. Dans la
nature, ce processus permet de réagir
spontanément en situation d’urgence,
pour le combat par exemple, et de garder
cette attitude suffisamment longtemps
pour vaincre l’adversaire menaçant.
Mais dans la vie en société » [6], si
les gens enervés passent à l’acte, ça peut
Lutte finale 644
aussi permettre de vendre des armes.
La cible commerciale par excellence ?
Le lumpenproletariat, le « prolétariat en
haillons ». Car « le crime est essentiellement
le fait des classes sociales les plus
défavorisées, [... celles dont l'environnement
ne] permet pas d'apprendre à parler
facilement. [... Le] geste criminel est
lui-même une parole de la misère le plus
souvent. » [7] [Voir « L’insécurité avance,
l’insécurité recule… », p. 278] Un poète
affirmait donc : « Il n'est pas de méchants,
il n'est que des souffrants » [8].
« Fais souffrir toi-même », incite l'animale
« loi du talion » [9] qui déclare : « Œil
pour œil, dent pour dent ». Aux souffrances,
on avait cependant voulu
rendre justice par l'égalité d'une autre
manière. On « raconte ainsi le différend
qui opposa deux prostituées ayant chacune
mis au monde un enfant, mais
dont l'un était mort étouffé. Elles se disputèrent
alors l'enfant survivant. Pour
régler le litige, Salomon réclama une
épée et ordonna : "Partagez l'enfant
vivant en deux et donnez la moitié à
l'une et la moitié à l'autre". L'une des
femmes accepta, l'autre déclara qu'elle
[préférait] renoncer à l'enfant plutôt que
de le voir sacrifié. En elle, Salomon
reconnut la vraie mère, et il lui fit
remettre le nourrisson. [10] » [11]
L’équivalence affichée (A chacune un
œil, la moitié des dents et du reste) sert
à débusquer la solution.
Mais ce n'est justement pas l'interprétation
dominante. « Le préjugé de la
Vendetta empêchera longtemps le
règne des lois » [12]. Et il peut même y
avoir, pour éviter la punition et le
“déshonneur”, comme pour se venger,
apprentissage puis renforcement de la
cruauté ; comme on le fait avec professionnalisme
dans les « écoles de torture
qui éditent des manuels » [13] [Voir « On