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tion." » [3] « En fait, l’infiltration des organisations
prochinoises et l’utilisation de
cette couverture sont l’une des grandes
spécialités d’Aginter. » [4]
La démocratie est apparue en Grèce,
croit-on savoir. De même, selon « une
thèse soutenue par la plupart des
ouvrages publiés en Italie sur les complots
fascistes [5], c’est lors d’un [...] voyage à
Athènes, organisé au mois d’avril 1968,
qu’est en grande partie planifiée la stratégie
de la tension. [...] Stefano Delle Chiaie
et Mario Merlino sont du voyage [Voir :
« 69, l’année est toxique », p. 65] [... Plus]
de la moitié des Italiens invités par le gouvernement
des colonels vont rentrer
d’Athènes subitement convertis à l’anarchisme,
au gauchisme, ou au communisme,
chinois de préférence.
Dès son retour à Rome, Merlino, militant
très actif d’Avanguardia Nazionale, va en
effet opérer une métamorphose aussi
brutale que complète : en moins de
quinze jours, il fonde un groupe politique,
le "XXII marzo", et se revendique
de Cohn-Bendit et des "Enragés" de
Nanterre. Quelques jours plus tard, il
inaugure son militantisme de gauche en
défilant derrière un drapeau noir, suivi
de quelques uns de ses compagnons de
voyage, Delle Chiaie en tête, eux aussi
convertis au gauchisme [...].
Cette vaste opération d’infiltration va de
pair avec la création de groupes fascistes
L’Empire du bien en général 58
camouflés sous des étiquettes protomarxistes.
Leur idéologie consiste à pratiquer
un amalgame entre le gauchisme et
le fascisme présentés comme "des courants
révolutionnaires apparemment
opposés". [... Après quelques échecs à
l’extrême gauche], Merlino décide alors
de se mettre en rapport avec les anarchistes,
moins sectaires, plus naïfs et souvent
peu regardants sur l’origine de leurs
militants. Parallèlement, il donne à croire
qu’il a mis fin à toutes ses amitiés d’extrême
droite et adhère à Rome au cercle
Bakounine dans lequel son entrée provoque
une crise interne. Le cercle scissionne.
Entraînant avec lui une partie
des militants, Merlino forme un groupe
anarchiste auquel il donne à nouveau le
nom de "22 mars" (mais en chiffres
arabes cette fois). Pietro Valpreda, [... et
d’autres] anarchistes authentiques qui
seront bientôt accusés d’être les auteurs
des attentats de Milan, se joignent à lui.
[...] L’enquête sur les attentats du 12
décembre révélera que quelques fascistes,
amis de Merlino, ainsi qu’un policier
[...], faisaient également partie du
groupe. Ce cocktail va faire du "22
mars", privé de [toute protection parlementaire,
même indirecte], isolé au sein
du mouvement gauchiste et sans aucun
lien avec les masses, le groupe le plus
apte à être le bouc émissaire et la couverture
d’une provocation de grande
envergure. » [6]
« Ce plan [...] semblait devoir s’articuler,
d’une part, sur les anarchistes poseurs
de bombes qui constituent la cible idéale
– et c’est effectivement chez eux que
s’infiltreront Merlino et Delle Chiaie – et,
d’autre part, sur les prochinois, ces derniers
permettant d’accréditer la thèse du
complot international. » [7] Un autre de
la bande, Claudio Orsi, dénoncé « par
toute l’extrême gauche comme un