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compte-rendu du livre de Frances Stonor Saunders, « Who paid the Piper ? », 2002, trad. fr. « Qui mène la danse ? Culture, guerre froide et CIA », Denoel Impacts, 2003) [2] : (Pierre Bourdieu, « Le mythe de la "mondialisation" et l’Etat social européen », reprod. in « Contre-feux », Liber Raisons d’agir, 3/1998, p. 35) [3] : (Denis Boneau, « Enquête sur les réseaux d'influence états-uniens. Quand la CIA finançait les intellectuels européens », Voltaire, n° 10, 27/11/2003, http://www.voltairenet.org/article11249.html) [4] : (Michel Surya, « Portrait de l’intellectuel en animal de compagnie. De la domination, 3 », Farrago, 4/2000, p. 24) [5] : (Pierre Desproges, « Vous-même », reprod. in http://www.dialogus2.org/DES/vousmeme.html) [6] : (Vincent Laurent, « Les architectes du social-libéralisme », Le Monde diplomatique, 9/1998, pp. 1, 26-27, http://www.monde-diplomatique.fr/1998/09/LAU- RENT/10967) [7] : (Cf. Thierry Meyssan, « La Fondation états-unienne pour la démocratie. La NED, nébuleuse de l’ingérence "démocratique" », voltaire.net, 22/1/2004, http://www.voltairenet.org/article12196.html) L'influence culturelle atlantiste sur les syndicats français n'a pas attendu la CFDT de 1995. « Dès le début de la Guerre froide, les États-Unis se sont appliqués à neutraliser l'influence soviétique dans le mouvement syndical européen. S'appuyant sur l'AFL-CIO, une organisation qui tient plus de la corporation de branche que du syndicat de classe, la CIA a fait exploser la CGT française et a financé la dissidence de Force ouvrière. Puis, l'Agence a regroupé les centrales atlantistes européennes au sein d'une Confédération A l’Ouest rien... 578 des syndicats libres. Le système a été ultérieurement étendu à l'Afrique et à l'Asie. L'opération a été dirigée par Irving Brown [Voir « Foccart t’a joué », p. 129], responsable du réseau stay-behind en Europe [Voir « Un réseau secret », p. 38]. [...] Irving Brown devient un membre important de l'AFL [...]. Son premier fait d'armes concerne la France [..., alors qu'elle] connaît d'importantes turbulences sociales une fois l'état de grâce de la Libération disparu. Les grèves de Renault d'avril-mai 1947 font éclater l'accord de gouvernement entre le Parti communiste français, la SFIO et le MRP. Paul Ramadier révoque les ministres communistes, et plonge la vie politique dans une instabilité menaçante. [...] Washington profite de l'occasion : la CIA aborde le secrétaire général de la CGT, Léon Jouhaux, à l'occasion de son voyage à l'ONU. Jouhaux accepte de provoquer la scission qui donnera naissance à Force ouvrière, en 1948, et affaiblira durablement le syndicalisme français. » [1] « En même temps que la [CIA] paye les équipes de truands pour casser les grèves et décharger ses navires pleins de surplus américains que le plan Marshall destine à l'Europe, ses agents aident [en effet] à la scission entre communistes et socialistes au sein de la [CGT]. » [2] « Un groupe de militants anti-soviétiques joue un rôle central dans la scission : il s'agit de [certains] trotskistes récupérés par le stay-behind [Voir « Jospin dans la gueule », p. 224]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, après la rupture du Pacte germano-soviétique, ils avaient fait le choix, autour d'Henri Molinier, de lutte contre Staline en adhérant à l'ultracollaborationniste Mouvement social révolutionnaire (MASR) d'Eugène Delon-
cle et Eugène Schueller » [1] [Voir « Cagoule. L'Art », p. 32]. « Sous l'impulsion d'Irwing Brown, ils constituent en 1953 un nouveau parti, le MPPT, autour de Pierre Boussel- Lambert. Ces militants obtiennent bientôt des emplois dans des Caisses d'assurance-maladie et se consacrent à l'encadrement de FO. À la même époque, "la SFIO marseillaise a elle aussi profité des dollars de la CIA qui, par exemple, renflouent le journal Le Populaire, le quotidien socialiste à l'échelle nationale" [3]. Les activités d'Irving Brown sont en effet particulièrement visibles dans la région marseillaise, alors au cœur de la French connection qui gère à l'époque l'essentiel du trafic mondial d'héroïne [Voir « Delouette, je te plumerai », p. 153]. Ses financements viennent en général directement de la CIA » [1]. Des liens se sont noués durablement. Et on peut maintenant traiter autrement les espoirs syndicalistes. A la mi-avril 2002 [Voir « Entre deux », p. 322], « Marc Blondel [...] refusait de donner toute consigne de vote, "conformément à la tradition de FO". Avant d’indiquer que son syndicat ne participerait pas à la manifestation unitaire du 1 er Mai. [... Pourtant,] en 1969, [... par exemple,] FO avait appelé à voter "non" au référendum dont le résultat avait conduit de Gaulle à abandonner la politique. [...] André Bergeron, [prédécesseur de Blondel, avait durablement siégé] au conseil d’administration de l'Institut d’histoire sociale, une officine crée par d’anciens collabos ou d’anciens socialistes passés à Vichy. [... En 2002, on a aussi] découvert parmi les journalistes de l’organe maison "FO Hebdo", un collaborateur qui a eu Le Pen pour témoin de mariage et un autre, Nicolas Tandler, candidat aux législatives dans les Yvelines sous la banière du Front national. Sans parler de la création d’une section syndicale FO à l’hebdo d’extrême droite "Minute". » [4] Par ailleurs, la tricherie des dirigeants des syndicats centralisés pouvait encore étonner en 1999 : Georges Séguy, « exsecrétaire de la CGT [...,] reçoit de la CRIP [Caisse de retraite interprofessionnelle, sans y avoir cotisé,] une pension trimestrielle complémentaire de plus de 18 000 F [2 700 euros], contre 2 500 F [375 euros] en moyenne pour les autres retraités de cette caisse. » [5] Reste que le spectre de la grève générale hante les craintes. « Le "service minimum" dans les transports [... refait souvent] surface en période pré-électorale pour réchauffer le cœur de cette "France qui bosse dur", [...] brisée par "une poignée de professionnels de la grève" [6] [... L’ex-PDG] d’Air France Christian Blanc, [...] député UDF, [a déposé en 2004 un projet de] loi visant à garantir un flux tendu à cette ardeur [...] : "Instaurer un service minimum dans les services publics est une [...] réforme [...] évidemment populaire." [7] [...] Gilles de Robien, le ministre des Transports, s’est [... auparavant, fin 2003,] offert un tour d’Europe, accompagné par des syndicalistes serviables, [... pour voir comment] démonter le droit de grève. Le "modèle italien" a [... alors] enthousiasmé [...] la quasi-totalité des journaux télévisés : six heures de service normal les jours de grève grâce aux réquisitions, cent quarante jours par an interdits de grève, des préavis déposés au minimum vingt jours à l’avance, des grèves limitées dans le temps et la durée... Le tout chapeauté par une commission de "garantie" (sic) du droit de grève [dotée] du pouvoir d’interdire un grève au der- 579 A l’Ouest rien...
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cle et Eugène Schueller » [1] [Voir<br />
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le MPPT, autour de Pierre Boussel-<br />
Lambert. Ces militants obtiennent bientôt<br />
des emplois dans des Caisses d'assurance-maladie<br />
et se consacrent à l'encadrement<br />
de FO.<br />
À la même époque, "la SFIO marseillaise<br />
a elle aussi profité des dollars de la CIA<br />
qui, par exemple, renflouent le journal<br />
Le Populaire, le quotidien socialiste à<br />
l'échelle nationale" [3]. Les activités<br />
d'Irving Brown sont en effet particulièrement<br />
visibles dans la région marseillaise,<br />
alors au cœur de la French connection<br />
qui gère à l'époque l'essentiel du trafic<br />
mondial d'héroïne [Voir « Delouette, je<br />
te plumerai », p. 153]. Ses financements<br />
viennent en général directement de la<br />
CIA » [1].<br />
Des liens se sont noués durablement. Et<br />
on peut maintenant traiter autrement les<br />
espoirs syndicalistes. A la mi-avril 2002<br />
[Voir « Entre deux », p. 322], « Marc<br />
Blondel [...] refusait de donner toute<br />
consigne de vote, "conformément à la<br />
tradition de FO". Avant d’indiquer que<br />
son syndicat ne participerait pas à la<br />
manifestation unitaire du 1 er Mai. [...<br />
Pourtant,] en 1969, [... par exemple,] FO<br />
avait appelé à voter "non" au référendum<br />
dont le résultat avait conduit de<br />
Gaulle à abandonner la politique. [...]<br />
André Bergeron, [prédécesseur de<br />
Blondel, avait durablement siégé] au<br />
conseil d’administration de l'Institut<br />
d’histoire sociale, une officine crée par<br />
d’anciens collabos ou d’anciens socialistes<br />
passés à Vichy. [... En 2002, on a<br />
aussi] découvert parmi les journalistes de<br />
l’organe maison "FO Hebdo", un collaborateur<br />
qui a eu Le Pen pour témoin de<br />
mariage et un autre, Nicolas Tandler,<br />
candidat aux législatives dans les<br />
Yvelines sous la banière du Front national.<br />
Sans parler de la création d’une section<br />
syndicale FO à l’hebdo d’extrême<br />
droite "Minute". » [4]<br />
Par ailleurs, la tricherie des dirigeants<br />
des syndicats centralisés pouvait encore<br />
étonner en 1999 : Georges Séguy, « exsecrétaire<br />
de la CGT [...,] reçoit de la<br />
CRIP [Caisse de retraite interprofessionnelle,<br />
sans y avoir cotisé,] une pension<br />
trimestrielle complémentaire de plus de<br />
18 000 F [2 700 euros], contre 2 500 F<br />
[375 euros] en moyenne pour les autres<br />
retraités de cette caisse. » [5]<br />
Reste que le spectre de la grève générale<br />
hante les craintes. « Le "service minimum"<br />
dans les transports [... refait souvent]<br />
surface en période pré-électorale<br />
pour réchauffer le cœur de cette "France<br />
qui bosse dur", [...] brisée par "une poignée<br />
de professionnels de la grève" [6]<br />
[... L’ex-PDG] d’Air France Christian<br />
Blanc, [...] député UDF, [a déposé en<br />
2004 un projet de] loi visant à garantir<br />
un flux tendu à cette ardeur [...] :<br />
"Instaurer un service minimum dans les<br />
services publics est une [...] réforme [...]<br />
évidemment populaire." [7] [...] Gilles de<br />
Robien, le ministre des Transports, s’est<br />
[... auparavant, fin 2003,] offert un tour<br />
d’Europe, accompagné par des syndicalistes<br />
serviables, [... pour voir comment]<br />
démonter le droit de grève.<br />
Le "modèle italien" a [... alors] enthousiasmé<br />
[...] la quasi-totalité des journaux<br />
télévisés : six heures de service normal<br />
les jours de grève grâce aux réquisitions,<br />
cent quarante jours par an interdits de<br />
grève, des préavis déposés au minimum<br />
vingt jours à l’avance, des grèves limitées<br />
dans le temps et la durée... Le tout<br />
chapeauté par une commission de<br />
"garantie" (sic) du droit de grève [dotée]<br />
du pouvoir d’interdire un grève au der-<br />
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