LIVRE 2005 - page rieuse - Free

[3] : (Gary Webb, « Dark Alliance : The Story behind the
Crack Explosion », San Jose Mercury News, 8/1996, puis
« Dark Alliance. The CIA, the Contras and the Crack
Cocaine Explosion », Ed. Paperback, 7/1999)
[4] : (« "Bank of Colombian Cocaine Industry" : l’affaire
BCCI » , Le Matin, 15/8/2002, reprod. in confidentiel.net,
http://www.confidentiel.net/article.php3?id_article=236,
d'après Denis Robert et Ernest Backes, « Révélation$ », Les
Arènes, 2/2001)
[5] : (Le Monde, 12 13/7/1992, p. 6)
[6] : (« Noriega protégé par le Vatican : Jean-Paul II est son
prête-nonce ! », Le Canard enchaîné, n° 3609,
27/12/1989)
Même si on divague parfois en imaginant
« comment la CIA a utilisé la culture
comme arme » [1], interessons
nous comme Bourdieu au « rôle de la
revue Preuves qui, financée par la
CIA, a été patronnée par de grands
intellectuels français, et qui, pendant
20 à 25 ans – pour que quelque
chose de faux devienne évident, cela
prend du temps -, a produit inlassablement,
à contre-courant au début,
des idées qui sont peu à peu devenues
évidentes. » [2]
« Pour contrer l'influence soviétique en
Europe, les États-Unis ont constitué, à la
[... Libération], un réseau d'élites proaméricaines.
La CIA a ainsi financé le
[“]Congrès pour la liberté de la culture[“],
par lequel sont passés de nombreux
intellectuels européens, au premier rang
desquels Raymond Aron et Michel
Crozier. [...] Des intellectuels, écrivains,
journalistes, artistes se réunissent afin de
réaliser un programme diplomatique
A l’Ouest rien... 576
dont l'objectif est la défaite idéologique
du marxisme. Des revues, des séminaires
médiatisés, des programmes de
recherche, la création de bourses universitaires,
le développement de réseaux
de relations [informels,] permettent à
l'organisation d'avoir un impact réel
dans les milieux universitaires, politiques,
artistiques [...].
Avec cette [méthode], qui n'est pas sans
rappeler le mouvement technocratique
des "synarques" dans les années 1930
[Voir « Jouer le jeu vainement ? »,
p. 229], [ce Congrès] se fait le porteparole
d'une vision alternative de l'avenir,
"ni de gauche, ni de droite" selon
l'expression de Raymond » [3] « [Aron,]
érigé au rang de modèle des élégances
politiques » [4]. « "Qu'on soit de gauche
ou de droite, on est hémiplégique" disait
Raymond Aron. Qui était de droite. » [5]
« Les intellectuels français du Congrès
s'expriment [donc] à travers la revue » [3]
« Preuves, publication quasi-officielle du
Congrès pour la liberté de la culture
» [3]. Mais, en « 1967, éclate [...] le
scandale du financement occulte [de
cette institution], rendu public, en pleine
guerre du Vietnam [...]. Au même titre
que le Plan Marshall, [...] et le volet militaire
du stay-behind, [ce Congrès] a
contribué à installer durablement en
Europe, dans le contexte de la Guerre
froide, des agents dépendants des crédits
états-uniens chargés de concrétiser
la diplomatie d'ingérence imaginée à
Washington.
Une collaboration qui se poursuit
aujourd'hui en France par l'intermédiaire
de l'aide apportée par les fondations
états-uniennes [... à certains groupes
d'intellectuels] après l'effondrement de
l'Union soviétique » [3], car « ces réseaux
ont été réactivés par l'administration
Bush. » [3]