LIVRE 2005 - page rieuse - Free

nement de Guantanamo Bay, sur la base
de Kaneohe Bay (Hawaï) et sur celle de
Courtney (Okonawa) qui hébergeraient
également des prisonniers. On teste l'efficacité
de divers gaz, flashs lumineux, et
injections de drogues pour maîtriser des
individus agités. À Bagdad, le V e corps
de l'Army a fait un usage extensif de
matraques électriques et de flashballs
[17]. Des Humvee (blindés légers)
ont été équipés de canons à ondes [18]
dont les vibrations ne toucheraient le
corps qu'en surface, chauffant les molécules
d'eau de la peau, provoquant une
douleur intolérable, mais pas de
séquelles à long terme. C'est [...] ce que
prétendent les prospectus » [19]. Crois
toujours.
Pourquoi s’arrêter là ? « Les États-Unis
recourent désormais couramment à la
torture dans leur guerre au terrorisme.
[…] Le glissement a commencé hypocritement
par la sous-traitance des interrogatoires
de “terroristes présumés” par
des dictatures amies. Ce système de
sous-traitance s'est conclu, en Afghanistan,
par la mort de plusieurs centaines
de prisonniers. Puis l'armée US a ellemême
eu recours à la torture […]. À
Bagram, les Forces spéciales l'ont systématiquement
pratiquée. [... Le]
Washington Post a décrit les centres d'interrogatoire
de la CIA dans lesquels des
"prisonniers d'Al Qaïda" sont torturés. Le
statut juridique particulier de la base de
Guantanamo a ensuite [servi] de laboratoire
pour un usage revendiqué de cette
pratique. […] Si l'utilisation non dissimulée
de la torture a commencé hors du
territoire des États-Unis, elle y revient à
grand pas. Plusieurs milliers de personnes
ont été arrêtées depuis le 11 septembre
2001 et sont gardées au secret,
hors de tout cadre légal. Le département
de la Justice, qui procède [...] au fichage
Survie surveillée 520
nominatif de tous les musulmans pratiquants
aux États-Unis, a entrepris la
construction de 600 camps d'internement
pour un usage indéterminé. » [20]
Mais il reste du chemin à faire, aux Etats-
Unis même, pour rejoindre les « sévices
infligés aux Irakiens, contraints de se
masturber, de se laisser sodomiser, de
pratiquer des fellations à d’autres détenus,
et parfois en présence de femmes
soldats américaines. » [21] Cette dernière
affaire pu rester longtemps secrète,
malgré l’annonce très brève, environ
un an plus tôt, de la découverte, en
Grande-Bretagne, par un ouvrier chargé
du développement photo, de clichés de
tortures rapportés d’Irak par un militaire
britannique. On avait su très rapidement
redevenir discret sur l’évènement. Et les
affaires irakiennes purent continuer.
[1] : (Maurice Reuchlin, « Psychologie », 6 e édition, PUF,
8/1986, p. 410, d'après W Heron, « The pathology of the
boredom », Scientific American, 1957, (196), n° 1, pp. 52-56)
[2] : (Un policier brésilien, entretien, Jornal do Brasil,
2001, cité par Amnesty International, « Il faut mettre fin
aux activités des marchands de douleur »,
http://web.amnesty.org/pages/stoptorture-021203action-fra)
[3] : (Denis Duclos, « Nouvelles techniques de fichage et
de contrôle. Qui a peur de Big Brother ? », Le Monde
diplomatique, 8/2004, p. 4, http://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/DUCLOS/11493)
[4] : (Lire Olivier Audeoud, « Prisonniers sans droits », Le
Monde diplomatique, 4/2002, p. 16, http://www.mondediplomatique.fr/2002/04/AUDEOUD/16304
; et l’étude
de l’Association américaine des avocats du barreau sur le
traitement des « ennemis combattants », http://www.abanet.org/home.cfm)