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tranchera. » [5] C’est « le trou noir juridique de Guantanamo » [8]. « Depuis le 13 novembre 2001, des prisonniers afghans, jugés par des commissions militaires, se voient [donc nier] le statut de prisonniers de guerre. [Fin 2003,] 660 prisonniers » [9] « de 42 nationalités différentes » [5], « dont des enfants [...] et des vieillards, sont enfermés à Guantanamo dans des cellules d'1,8 mètres sur 2,4, 24 heures sur 24. » [3] « Les prisonniers, dont les cellules restent éclairées toute la nuit, sont soumis à la surveillancepermanente [... On] a enregistré 32 tentatives de suicide » [5] avant 2004. Le « monde entier a pu voir les [...] déportés à genoux, avec leur accoutrement orange, sous la menace des armes de leurs geôliers, entravés, et main- tenus dans un isolement total, sous des cagoules et avec des casques auditifs. » [5] Selon « le Wall Street Journal [...], les "ennemis combattants" "doivent être maintenus en détention jusqu’à la fin de la guerre contre le terrorisme" [10] » [5]. Certains constatent, comme « M. William Rogers, [... ancien secrétaire d’Etat adjoint] sous le président Gerald Ford [...] : "C’est une des périodes les plus noires de notre histoire après le maccarthysme. Aujourd’hui, on a recours aux mêmes méthodes arbitraires et répressives." » [5] Enfin, le « 10 novembre 2003, [la Cour suprême] la plus haute juridiction des Etats-Unis a accepté de déterminer si la justice américaine était compétente "pour arbitrer la légalité de la détention d’étrangers [... à] Guantanamo". [...] Or, les deux cours de degré inférieur avaient jusque-là conforté la position du gouvernement. » [5] Du calme ! « Fin novembre [2003], le Pentagone a annoncé la pro- Rats sur toi ! chaine libération de 100 à 140 détenus – qu’on [pouvait toujours attendre] » [5]. Mais « le 18 décembre [2003], une cour d’appel de San Francisco a estimé que les détenus de Guantanamo avaient droit à des avocats et devaient relever de la justice américaine. [... Le] silence dans lequel s’étaient enfermés les principaux dirigeants démocrates » [5], longtemps assourdissant, put alors s’estomper un peu. Dans « son argumentaire pour la Cour, [...] le gouvernement avait plaidé [...] pour que celle-ci rejette simplement l’examen des recours, car, "en temps de Avez-vous des phobies ? « S’il y a une chose dont j’ai horreur, c’est bien qu’un rat me trotte dessus dans l’obscurité. » [1] Conclusion : « Dans votre cas, dit O’Brien, il se trouve que le pire du monde, ce sont les rats. » [2] Alors, allons-y ! [1] : (George Orwell, « Hommage à la catalogne », 4/1938, trad. Yvonne Davet, Champ Libre, 1982, p. 80) [2] : (George Orwell, « 1984 », trad. Amélie Audiberti, Gallimard, 1950, réed. folio, p. 398) Survie surveillée 518

guerre, la justice a pour habitude de ne pas interférer dans les décisions de l’exécutif…". Sans préjuger de la "sentence" finale, qui [allait être] rendue en juin 2004, la Cour a voulu affirmer qu’elle seule peut "dire la loi", et non l’administration. » [5] A la mi-2004, alors, qu’environ « 600 détenus d’une quarantaine de nationalités sont toujours détenus sans inculpation ni procès à [...] Guantánamo [..., la] Cour suprême a [...] décidé que les détenus de Guantánamo ont le droit de remettre en cause la légalité de leur détention devant les tribunaux des États- Unis. [... Le] 7 juillet [2004], le Pentagone a annoncé la création de tribunaux d’examen du statut du combattant, devant lesquels les détenus de Guantánamo pourront remettre en cause leur soi-disant statut de "combattant ennemi". "Les détenus ne disposeront pas d’un avocat dans cette procédure, qui dans son intégralité, se déroulera dans le cadre militaire", a remarqué Amnesty International. "Tous les éléments à charge pourront être retenus, y compris des témoignages anonymes ou ayant pu être obtenus par la contrainte." » [11] Donc par la torture. Hé ! Hé ! Et puis, on en sort quand même de ces prisons ! « Trois enfants, arrêtés lorsqu'ils étaient âgés de 11 à 13 ans, [ont été libérés] du camp de Guantanamo [fin janvier 2004]. Ils étaient incarcérés, pour deux d'entre eux, depuis [... deux] ans. Le Pentagone [...] précise que ces enfants ne seront ni poursuivis ni jugés. D'après les militaires, ils ne constituent plus une menace pour les États-Unis et leur interrogatoire ne présente plus d'intérêt. » [12] Pendant le temps passé à s’interroger sur l’éventuel bien-fondé juridique de l’absence de cadre juridique pour les prisonniers torturés à Guantanamo, on a pu faire avancer les expériences. Une étude qui a pu être approfondie peu à peu, puisque déjà sept ans plus tôt, c’est dans l’indifférence que bien « peu ont fait état du cri d'alarme lancé, [...] par Amnesty International, contre l'association de médecins à la pratique généralisée de la torture des prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes [13]. Et pourtant ces révélations intervenaient alors même que la Cour suprême d'Israël venait de confirmer la "légalité" du recours aux "pressions physiques modérées" que le Parlement lui-même [hésitait], depuis deux ans, à autoriser formellement. » [14] On a tranquillement pu expérimenter. Et puis maintenant, les James Bond ont de bien beaux gadgets ! « Disposant d'un budget effectif d'environ 30 millions de dollars par an, une Direction des armes non-létales a été créée au département de la Défense. [...] Elle a pris la suite d'une Cellule de coordination de la non-létalité [...] discrètement formée au Pentagone par Paul Wolfowitz à la fin de la présidence de George H. Bush (le père), en 1992 [...] pour poursuivre en secret des recherches sur de nouvelles armes chimiques au moment où les États-Unis approuvaient officiellement la Convention les interdisant. Des documents de l'époque, rendus publics [...] [15] attestent de l'existence d'un programme illégal de recherche sur des gaz [tranquillisants] conduit avec le laboratoire Glaxo (aujourd'hui GlaxoSmith- Kline [16]). Ces efforts n'ont pas été concluants comme on l'a vu avec les gaz [tranquillisants] fournis à la Russie pendant la prise d'otage du théâtre de Moscou : un dosage difficile à apprécier coûta la vie à 129 civils. [...] Certaines inventions sont en cours d'expérimentation par les Marines sur les cobayes humains, notamment au camp d'inter- 519 Survie surveillée

tranchera. » [5] C’est « le trou noir juridique<br />

de Guantanamo » [8].<br />

« Depuis le 13 novembre 2001, des prisonniers<br />

afghans, jugés par des commissions<br />

militaires, se voient [donc nier] le<br />

statut de prisonniers de guerre. [Fin<br />

2003,] 660 prisonniers » [9] « de 42<br />

nationalités différentes » [5], « dont des<br />

enfants [...] et des vieillards, sont enfermés<br />

à Guantanamo dans des cellules<br />

d'1,8 mètres sur<br />

2,4, 24 heures<br />

sur 24. » [3]<br />

« Les prisonniers,<br />

dont les<br />

cellules restent<br />

éclairées toute<br />

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soumis à la surveillancepermanente<br />

[...<br />

On] a enregistré<br />

32 tentatives de<br />

suicide » [5]<br />

avant 2004.<br />

Le « monde<br />

entier a pu voir<br />

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tenus dans un isolement total, sous<br />

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auditifs. » [5]<br />

Selon « le Wall Street Journal [...], les<br />

"ennemis combattants" "doivent être<br />

maintenus en détention jusqu’à la fin de<br />

la guerre contre le terrorisme" [10] » [5].<br />

Certains constatent, comme « M.<br />

William Rogers, [... ancien secrétaire<br />

d’Etat adjoint] sous le président Gerald<br />

Ford [...] : "C’est une des périodes les<br />

plus noires de notre histoire après le<br />

maccarthysme. Aujourd’hui, on a<br />

recours aux mêmes méthodes arbitraires<br />

et répressives." » [5]<br />

Enfin, le « 10 novembre 2003, [la Cour<br />

suprême] la plus haute juridiction des<br />

Etats-Unis a accepté de déterminer si la<br />

justice américaine était compétente<br />

"pour arbitrer la légalité de la détention<br />

d’étrangers [... à]<br />

Guantanamo".<br />

[...] Or, les deux<br />

cours de degré<br />

inférieur avaient<br />

jusque-là conforté<br />

la position<br />

du gouvernement.<br />

» [5]<br />

Du calme !<br />

« Fin novembre<br />

[2003], le Pentagone<br />

a annoncé<br />

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Rats sur toi !<br />

chaine libération<br />

de 100 à 140<br />

détenus – qu’on<br />

[pouvait toujours<br />

attendre] » [5].<br />

Mais « le 18 décembre<br />

[2003],<br />

une cour d’appel<br />

de San Francisco<br />

a estimé que<br />

les détenus de<br />

Guantanamo avaient droit à des avocats<br />

et devaient relever de la justice américaine.<br />

[... Le] silence dans lequel s’étaient<br />

enfermés les principaux dirigeants<br />

démocrates » [5], longtemps assourdissant,<br />

put alors s’estomper un peu.<br />

Dans « son argumentaire pour la Cour,<br />

[...] le gouvernement avait plaidé [...]<br />

pour que celle-ci rejette simplement<br />

l’examen des recours, car, "en temps de<br />

Avez-vous des phobies ? « S’il y a une chose<br />

dont j’ai horreur, c’est bien qu’un rat me trotte<br />

dessus dans l’obscurité. » [1] Conclusion :<br />

« Dans votre cas, dit O’Brien, il se trouve que le<br />

pire du monde, ce sont les rats. » [2] Alors,<br />

allons-y !<br />

[1] : (George Orwell, « Hommage à la catalogne », 4/1938,<br />

trad. Yvonne Davet, Champ Libre, 1982, p. 80)<br />

[2] : (George Orwell, « 1984 », trad. Amélie Audiberti,<br />

Gallimard, 1950, réed. folio, p. 398)<br />

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