LIVRE 2005 - page rieuse - Free

s’est branchée sur des dispositifs d’alerte
de la police. [...]
De plus en plus de métiers vivent de la
promotion du contrôle technique en
contrôle social, ce qui contribue à en
normaliser l’image auprès des consommateurs
et à inciter les institutions à des
commandes plus massives. Le policier,
par exemple, est sensible à l’argument
selon lequel les techniques de répression
se sont tellement adoucies qu’elles permettent
à son métier de devenir un
simple élément "neutre". » [7]
« Parce qu’elles se présentent sous la
forme de "mesures indolores", les
citoyens ont tendance à accepter les
techniques de "flicage" comme des formalités
inévitables. » [8] Comme le sont
la TVA, impôt indolore.. ou la présence
banalisée des militaires dans le métro
[Voir « "Il leur faudrait une bonne guerre
!" », p. 362].
« Le contrôle comme idéologie se diffuse
rapidement, comme par imitation, par
un recodage "techno-militaire" de la vie
en commun. Par exemple, dans une
grande gare où se croisent patrouilles et
messages appelant à la solidarité vigilante
contre le terrorisme, on peut entrer
dans une officine où cinq pharmaciens
derrière des comptoirs type guichets de
banque attendent un client vidéosurveillé
et enveloppé d’annonces sonores :
"Surveillez votre tension artérielle", "surveillez
votre poids" [... On se demande]
si c’est la police militarisée qui tend –
chantage terroriste aidant – à investir la
vie quotidienne, ou si c’est [...] un modèle
de gestion du "bien-être social" qui est
en train de gagner l’ensemble des liens
humains. [...]
Le "contrôle scientifique" des populations
ne sera donc jamais une sorte
d’adaptation moderne de la démocratie,
comme trop de gens – révoltés [...]
contre l’insécurité contemporaine –
seraient prêts à le croire. Il contient en
lui-même des ferments d’autocratisme
inacceptables [...,] qu’il se présente
comme directive pour le bien-être sanitaire,
comme recherche pour diminuer
les accidents de la route ou comme
moyen pour identifier les terroristes » [7].
Dévoile-toi et rapporte-moi de l'argent,
je te protégerai.
[1] : (Denis Duclos)
[2] : (Véronique Brocard, « Ces puces qui nous espionnent
», Télérama, n° 2883, 14/4/2005, reprod. in
http://groups.google.com/group/guerrelec/browse_thre
ad/thread/f056aa2b92763448)
[3] : (Guy Debord, « La Société du Spectacle », thèse 109,
Buchet-Chastel, 1967, réed. Champ libre, réed. Gérard
Lebovici, pp. 85-86, réed. Gallimard (folio),
http://sami.is.free.fr/Oeuvres/debord_societe_spectacle_1.html)
[4] : (George Orwell, cité in Jean-Claude Michéa, « Orwell
éducateur », Climats, cité in Véronique Brocard, op. cit.)
[5] : (Denis Duclos, « Terroristes ou citoyens, tous sous
contrôle. Ces industries florissantes de la peur permanente
», Le Monde diplomatique, 8/2005, pp. 16-17,
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/08/DUCLOS/12433)
[6] : (Ayse Ceyhan, « Sécurité, frontières et surveillance
aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001 », Cultures
& Conflits, n° 53, 1/2004, pp. 113-145,
http://www.conflits.org/document1001.html)
[7] : (Denis Duclos, « Nouvelles techniques de fichage et
de contrôle. Qui a peur de Big Brother ? », Le Monde
diplomatique, 8/2004, p. 4, http://www.monde-diplomatique.fr/2004/08/DUCLOS/11493)
[8] : (« Biometrie: Washington développe les technos de
reconnaissance faciale », Intelligence Online, n° 515,
13/1/2006, http://www.intelligenceonline.fr/networks/fil
es/515/515.asp?rub=networks)
Le « projet néolibéral fait système et
constitue une véritable entreprise de
démolition sociale » [1], qui produit
l'insécurité sociale [2], si bien recyclée
par l'Ordre sécuritaire.
489 Survie surveillée