LIVRE 2005 - page rieuse - Free

Face à une opposition grandissante, la
répression a bien besoin de ces amalgames.
« A la veille d’un arrachage, le 25
juillet [2004], d’une parcelle expérimentale
de maïs génétiquement modifié par
un petit millier de militants, [le garde
des sceaux] Dominique Perben avait
annoncé une “réponse juridique exemplaire”.
[...]
S’opposer de façon un peu spectaculaire
devient une activité à haut risque. Le 19
août [2004], un éducateur et un enseignant
[ont été] jugés pour avoir aidé à
Calais des immigrés clandestins. Alain
Hebert, un syndicaliste, a déjà été
condamné en appel à 6 mois avec sursis
après des incidents survenus lors d’une
manif. Pour sa part, Greenpeace vit sous
la menace d’une [...] décision de justice,
[faisant] saisir 100 000 euros pour [...] la
Cogema. » [16]
A noter, d’ailleurs, que l’« arrêté du 24
juillet 2003 [17] classe [...] la quasi totalité
de ce qui concerne le nucléaire sous
le sceau du secret défense. Le non respect
de ce texte fait encourir à celui qui
le transgresse des peines allant jusqu’à
cinq ans de prison et 75 000 euros
d’amende ! » [18]
« A Paris, en mars [2004], la RATP [Voir
« Va, nigaud », p. 403] et Metrobus, sa
régie publicitaire, ont [...] réclamé pour
près de 1 million d’euros de dommages
et intérêts aux 62 graffiteurs anti-pub
accusés d’avoir gribouillé des affiches
dans le métro. [...]
Cette stratégie [...] n’épargne pas les
syndicats. Ainsi, en janvier 2000, la
société qui gère le tunnel sous la
Manche a réclamé plus de 500 000
euros de dommages et intérêts à FO, à
la CFDT et à la CGT, qui avaient bloqué
le trafic lors d’une grève. [...]
Bien que les magistrats répugnent à
suivre ce genre de plaignants jusqu’au
Sécurisons un peu 358
bout, [... chaque] année, 5 à 10 % des
budgets de la Confédération paysanne
et de Greenpeace sont engloutis dans
ces chicaneries judiciaires. [...]
Certaines entreprises n’hésitent plus à
traîner leurs propres salariés devant les
tribunaux [... pour] un simple tract [...].
Ainsi Abdel Mabrouki, délégué CGT chez
Pizza Hut, a été attaqué en diffamation
pour avoir dénoncé l’insécurité des
conditions de travail, après la mort accidentelle
d’un salarié de la boîte. [... Il fut]
finalement relaxé [...].
Depuis les années 90, une nouvelle
génération de militants [Voir « Dans
l’ère revue », p. 677]– qu’ils soient antinucléaires,
anti-OGM ou défenseurs des
sans-papiers, sans-abri ou chômeurs –
flirte avec la ligne jaune par rapport au
Code pénal : occupations d’Assedic et de
c