LIVRE 2005 - page rieuse - Free

tiques avaient bien raison, et notre sauveur
étasunien donnait le même son de
cloche. « De fait, la menace proférée par
George W. Bush aux nations du monde,
"si vous n'êtes pas avec moi, vous êtes
contre moi", s'applique désormais également
aux citoyens "contestataires" [...].
Jugée "antiaméricaine", toute critique de
la "nouvelle guerre" du Pentagone par
des intellectuels ([...] même étudiants)
est considérée comme une trahison [...]
passible de répression. Licenciements
sauvages de journalistes et d'illustrateurs
critiques, publications d'excuses dans les
journaux qui [les] ont publié [...],
menaces et marginalisation de certains
universitaires, et délation contre les "dissidents"
[...] pressentis sont monnaie
courante.
En d'autres termes, dans le miroir déformant
de la nouvelle loi antiterroriste,
USA Patriot, les pacifistes, et tous ceux
qui s'élèvent contre les actions belliqueuses
du Pentagone, sont considérés
comme [...] des terroristes potentiels [...]
d'al Qaeda. [...] "Je vois beaucoup de
parallèles entre ce qui se passe maintenant
et le maccarthysme. Le terme 'terrorisme'
prend les mêmes couleurs que
le terme 'communisme' dans les années
cinquante. Cela paralyse les gens qui
sont [...] trop vite prêts à abandonner
leurs droits et à montrer du doigt
d'autres personnes, à trouver des boucs
émissaires, particulièrement les immigrés
et ceux qui critiquent la guerre",
explique la directrice de l'American Civil
Liberty Union (ACLU) [11], Nadine
Strossen. » [12]
« Encouragés par l'exemple de ces gouvernements
démocratiques, les régimes
les plus répressifs se sont empressés de
prendre en marche le train de l'antiterrorisme.
En Colombie, en Indonésie, en
Chine, en Birmanie, en Ouzbékistan, au
Pakistan, en Turquie, en Egypte, en
Jordanie, en République démocratique
du Congo, les autorités qualifient désormais
les contestataires de “sympathisants
des terroristes” pour étouffer toute
opposition [13]... » [14]
En Europe aussi, la contestation était
clairement assimilable au terrorisme.
Voyez : ils posent des bombes ! Le 9
décembre 2002 à 4 heures du matin, la
« police de Gênes a été la cible d'un
attentat à l'explosif […] qui a soufflé les
vitres d'une partie des bureaux de la préfecture,
[…] deux engins de faible puissance
explosant […] dans un square
situé à une trentaine de mètres des bâtiments
de la police. Le samedi 14
décembre, il était justement [prévu] une
manifestation nationale [à Gênes] en
solidarité avec les récents inculpés dans
le cadre des suites judiciaires du G8, et
pour exiger la vérité sur la mort de Carlo
Giuliani (le carabinier Mario Pacanica,
responsable de l'homicide, a été innocenté
pour “légitime défense” […]).
[… Les] pistes privilégiées […] : forcément
les “anarcho-insurrectionnels” en
tête, suivis des islamistes et de la mafia
albanaise ensuite. […] Le soir, une lettre
de revendication arrivait à la rédaction
du Secolo XIX signée par la mystérieuse
“Brigate 20 luglio” (le 20 juillet fait référence
au jour de la mort de Carlo
Giuliani), la même signature que pour
l'explosion au ministère de l'Intérieur [à]
Rome en février. Le mardi matin, la presse
italienne unanime stigmatisait les
“anarcho-insurrectionalistes”. [… Par
ailleurs,] plusieurs bombes avaient également
précédé l'ouverture du G8 à
Gênes et servi comme prétexte supplémentaire
à la mise en place de l'appareil
répressif. » [15] Les folliculaires aux
ordres, du Figaro et d’ailleurs, savaient
trouver les bons coupables.
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