LIVRE 2005 - page rieuse - Free

déplorait déjà le manque de contrôles
de l’Inspection du travail, en détention.
Selon ce rapport, “l’administration pénitentiaire
reconnaissait volontiers que certains
des équipements présents dans les
ateliers n’étaient pas aux normes.” » [7]
Mais il faut bien travailler [Voir « Le
Travail libère », p. 496]. A « Clairvaux, [...
on] peut se faire quelques piécettes [par
exemple] en collant des échantillons de
parfums dans le numéro “spécial maigrir”
de Elle [... pour le] groupe
Lagardère » [3] [Voir « Tambour battant
», p. 638]. Un « ex-cadre de la
Lyonnaise des eaux [...] se souvient que
“la prison de Fresnes a mobilisé des ateliers
pour enlever les étiquettes ‘made in
Thailand’ cousues sur des tricots et les
remplacer par des étiquettes ‘made in
France’ !”. » [8] Dura lex sed lex.
Et il faut encore libéraliser la prison ! «
Gavées de discours apocalyptiques sur
l’insécurité, l’Europe et la France se sont
engagées dans le sillon américain de la
privatisation des prisons et se sont lancées
dans une escalade pénale. » [9]
En 1986, lors de la première cohabitation,
le garde des Sceaux est « Albin
Chalandon, tristement connu pour ses
"chalandonnettes", ces petites maisons
préfabriquées vendues à crédit à des
ménages modestes à grand renfort de
publicité, et qui, bien souvent bâclées,
prenaient l’eau de toute part. [... Le "bon
renifleur"] Chalandon revient donc
enthousiaste. Il voit grand : vingt-cinq
mille nouvelles places de prison supplémentaires
et la moitié du pénitentiaire
confiée au privé. Gardiens et directeurs
deviendraient eux aussi des salariés du
privé. Seuls les juges d’application des
peines dépendraient encore directement
de l’Etat dans ces prisons privées. Le
budget sera colossal. Les grands patrons
du BTP (bâtiments et travaux publics), les
sociétés d’études, les conseillers en tous
genres se précipitent sur le créneau.
Certains se voient déjà à la tête de
gigantesques usines carcérales bénéficiant
d’une main-d’œuvre peu coûteuse.
Taïwan à domicile... » [10]
Les années passent (et à l’ombre, elles
passent dix fois plus lentement). « Sous
prétexte de ménager les deniers publics,
la gestion de certaines prisons est désormais
confiée à des groupes privés, qui
assurent la maintenance, la blanchisserie,
la restauration et même la formation
professionnelle d’une partie des détenus.
» [11]
« Les repas sont [donc] confiés à une
entreprise privée, qui gère le plus souvent
les cantines et le travail pour les prisonniers.
En ne leur donnant pas assez à
manger, on les oblige à travailler pour
cette même entreprise pour des salaires
de misère qui ne dépassent généralement
pas 0,50 euro de l’heure, afin de
pouvoir acheter à cette même entreprise
des produits alimentaires vendus à des
prix supérieurs du double à ceux pratiqués
à l’extérieur [12]. [... Le] trou [...]
ignore le code du travail, le RMI et les
minima sociaux [13]. » [3]
« A l’avenir, il est prévu que le privé
finance les bâtiments, l’Etat payant un
loyer. » [11] « Pour absorber le tropplein,
[... on] a entamé la construction
de 13 200 nouvelles cages semi-privées.
[...] Dans la prison toute neuve de
Seysses (Haute-Garonne), les cellules de
10,5 m 2 sont pour la plupart individuelles,
[au départ] dépourvues de
cafards et de rats [...] et équipées d’une
douche avec eau chaude. Mais [...] le
moindre déplacement est vidéo-surveillé,
chaque prisonnier porte une carte
magnétique, le contrôle des empreintes
digitales se fait par “détecteur de biométrie”.
[... Moins d’un an après la] cré-
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