LIVRE 2005 - page rieuse - Free

note] le manque d’hygiène et de sécurité,
l’absence d’activités pour un grand
nombre de prisonniers, le sentiment
d’épuisement et de frustration du personnel
pénitentiaire ainsi que l’absence
de politique efficace de prévention des
suicides. [... Ces] problèmes [ne sont]
pas uniquement, voire pas essentiellement,
dus au manque d’infrastructures,
mais [... résultent] d’une politique pénale
plus répressive et [ils ne pourront évidemment]
pas être réglés par [...] de
nouvelles prisons. » [10]
C'est ce que note le « CPT [qui] est une
émanation du Conseil de l’Europe chargée
de faire respecter les règles en
vigueur sur la prévention des traitements
inhumains et dégradants. Et les
rapports de visites de prisons servent de
base à la Cour européenne des droits de
l’homme, qui a déjà condamné la
France pour des cas de détention provisoire
trop longue ou de mise à l’isolement
abusive [...].
Dès juillet [2003], le Comité a formulé
des “observations communiquées sur le
champ” au gouvernement français,
réclamant un désencombrement immédiat
de deux maisons d’arrêt [Loos et
Toulon], dont le taux avoisinait les
240 %. » [11] « Le garde des Sceaux
[d’alors], Dominique Perben connaît
bien la question : à Lyon, la ville qu’il
convoite pour 2007, le taux de remplissage
du quartier hommes atteint 240 %
et celui des femmes affiche complet à
260 % » [8].
« [... En novembre 2003], le CPT se
plaint de voir ses observations peu suivies
d’effet [...] La France, à la différence
[... de] la Turquie [12], fait tout pour
retarder la publication des rapports du
CPT. Le gouvernement s’abstient systématiquement
de divulguer les “observations”
préliminaires, communiquées à
chaud, puis le rapport lui-même, rendu
six mois après. Il attend encore le délai
officiel de trois mois pour donner ses
réponses [...] et ne publie le rapport au
mieux qu’un an après la visite du CPT, si
possible au creux de l’été… » [11]
On dut alors faire - discrètement - un
effort pour améliorer les comptes.
Conséquence : « Taux moyen de surpopulation
dans les maisons d’arrêt françaises
: 140 % [...]. Au 1 er décembre
2005, il y avait plus de 59 241 détenus
(dont 35 % de prévenus) dans les prisons
françaises, pour 51 129 places ; la
surpopulation carcérale atteint des
niveaux alarmants, surtout dans les maisons
d'arrêt (3-4 personnes vivent sur
9 m 2). Certains de ces établissements
affichent une densité supérieure à
200 % (200 détenus pour 100
places) [13]. On présente mieux un mois
plus tard. « 58.344 personnes incarcérées
en France au 1 er janvier 2006, soit
une densité carcérale de 113,8 %, selon
le ministère de la Justice » [14].
Et, de nouveau, douche froide publique
en février 2006, qui éclabousse maintenant
tout le système répressif.
« Sentiment d'impunité de la police, surcharge
des tribunaux, surpopulation carcérale
dans des conditions déplorables,
conditions de rétention des étrangers
clandestins... Le commissaire aux droits
de l'Homme du Conseil de l'Europe
[Alvaro Gil-Robles] dresse un réquisitoire
sévère de la situation française [...]. Pour
la police, [... il] dénonce un "esprit de
corps" qui nuit à la recherche de la vérité
concernant les cas de brutalités et violences
policières, ainsi qu'un "sentiment
d'impunité" et "l'état lamentable" des cellules
de garde à vue des commissariats.
[... Pour] la justice, "le manque de financement
est visible à l’œil nu". M. Gil-
Robles constate une prolifération législa-
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