LIVRE 2005 - page rieuse - Free

d'inimitiés internes. Ou apprendre, au
détour d'un appel privé, un détail croustillant
de la vie sentimentale de celui-ci,
une information importante sur l'état de
santé de celui-là, etc. [...]
La fonction qui permet l'espionnage
[d’après l’expertise remise aux juges de
l’affaire] “a été activée [… en juillet-août
1999 et] était toujours active [... en]
décembre 2004”. [... Réunis] en assemblée
générale en mars 2004, les magistrats
de la cour d'appel avaient exigé la
désactivation immédiate de ce système
d'écoutes et pensaient l'avoir obtenu.
[...] Alain Bédouet, délégué régional de
l'Union syndicale des magistrats (USM),
[... note] : “En vingt ans de carrière, je
n'ai jamais senti à ce point le poids de
la hiérarchie. Si des chefs de cour
osent faire ça, c'est qu'ils s'y sentent
autorisés.” » [2]
[1] : (Louis-Marie Horeau, « Les juges étaient bien écoutés…
mais c’était à Caen », Le Canard enchaîné,
10/3/2004, p. 3)
[2] : (Jacqueline Coignard, « La hiérarchie de la cour d'appel
espionnait ses fonctionnaires. » Libération, 30/3/2005,
http://www.liberation.fr/page.php?Article=285992)
Un « débat doit d’abord préciser
pourquoi il se focalise sur telle ou
telle des manifestations de la
délinquance – sur les cages d’escalier
des cités plutôt que sur les couloirs des
hôtels de ville, les vols de cartables et de
portables plutôt que sur les malversations
boursières et les infractions au
code du travail ou des impôts, etc. (En
1996, la fraude fiscale et douanière
pesait 100 milliards de francs, celle aux
cotisations sociales plus de 17 milliards,
les contrefaçons environ 25 milliards de
francs. Par ailleurs, la contre-valeur
monétaire des atteintes volontaires à la
vie était évaluée à 11 milliards de francs,
à 4 milliards de francs pour les vols de
véhicules, et à 250 millions de francs
pour les vols en magasin. [1]). » [2]
On s’interroge jusqu’à chez les magistrats
: « Quel respect peut inspirer un système
qui semble s’acharner sur des usagers
de cannabis, des syndicalistes trop
turbulents, des prostituées ou des mendiants,
alors que prospèrent les paradis
fiscaux et les filières de blanchiment, que
des magistrats en charge d’affaires financières
ont du mal à faire exécuter leurs
commissions rogatoires faute d’officiers
de police disponibles, et que nul ne
songe plus [après les élections de 2002]
à mettre en œuvre les propositions de la
commission parlementaire qui, sous la
précédente législature, avait produit un
abondant travail sur le sujet [3] ?
Voudrait-on discréditer durablement la
police et la justice qu’on ne s’y prendrait
pas autrement. » [4] s’indigne un magistrat.
C’est dire « l’indignité collective
d’une justice à deux vitesses dont
l’exercice produit le pire pour la communauté
: le discrédit du principe de
droit et l’encouragement généralisé à
le mépriser. » [5]
« Assurément, la France n'est pas la
Finlande [...] : une ministre a du y démissionner
parce qu'elle avait réglé avec sa
Carte bleue de fonction un paquet de
couches et une tablette de chocolat.
» [6] Parfois, cependant, on traite de
la racaille préfectorale. « L'incendie dit
de la Paillotte (1998) entraîna l'arrestation
du préfet Bernard Bonnet (1 er préfet
inculpé en France). » [7] « L’ancien pré-
337 Sécurisons un peu