LIVRE 2005 - page rieuse - Free

« Il n’y a pas de choix plus difficile à
entreprendre et plus incertain à réussir,
ni plus périlleux à conduire, que
de prendre l’initiative pour introduire
de nouvelles institutions. [... La] nature
des peuples est changeante ; et il
est facile de persuader d’une chose,
mais difficile de les maintenir en cette
persuasion. Aussi faut-il être organisé
de façon telle que lorsqu’ils ne
croient plus, on puisse les faire croire
de force. » [1]
On peut le faire. « La lutte antiterroriste
est le point le plus avancé dans la mise
en place d’un état d’exception généralisé,
ou autrement dit, d’une dictature, au
niveau mondial. [... La] lutte antiterroriste
est le facteur qui donne sens au processus
de transformation du droit pénal,
engagé depuis plusieurs années. » [2]
Déjà, le principe avait été popularisé,
grâce aux bombes de 1969 en Italie
[Voir « 69, l’année est toxique ! », p. 65],
quand fut promu « le recours à des lois
spéciales qui, sous couvert de combattre
efficacement le terrorisme, ont en réalité
faussé la bonne marche des institutions.
Décrire l'arsenal des dispositions policières
et législatives dont s'est doté l'Etat
transalpin au début des années 70 suffit
à souligner la dérive dangereuse subie
par la démocratie et à révéler les intentions
manipulatrices de ses auteurs. » [3]
Les autres attentats terroristes en Europe
après 1968 avaient justifié ailleurs aussi
un accroissement généralisé de la
répression. « Comme Rome, plusieurs
capitales considèrent qu'un redoutable
arsenal législatif constitue la meilleure
arme pour venir à bout du terrorisme,
d'où qu'il vienne. L'étude scrupuleuse
des résultats de ces législations n'en
apporte pourtant pas la preuve.
Reste que la France, de son côté, a suivi
largement l'exemple de l'Italie [...] "La loi
est notre arme", disait l'ex-ministre de la
justice, M. Jacques Toubon [4]. La campagne
d'attentats de 1986 a conduit à
l'adoption d'une loi et de dispositions
successives [5], [avec] un régime procédural
particulier, censé permettre une
meilleure efficacité de la répression :
poursuites centralisées à Paris ; durée
maximale de la garde à vue portée à
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