LIVRE 2005 - page rieuse - Free

priant, ils inventent en détournant, ils
s’expriment en retournant les
médias. » [3]
Aussi ce n'est pas parce qu'on utilise
(aussi) des moyens légaux pour se
défendre qu'on a obligatoirement perdu
la conscience de ce qui se passe. L'action
via les urnes et la parole n’empêche pas
que, peu loin, on utilise d’autres moyens
d'action dits illégaux, même si les deux
types de moyens sont réputés contradictoires.
Et, même en guerre ouverte
contre un « système », on peut tout de
même juger importante l’amélioration
du sort dans ses prisons ; par opposition
à un Netchaïev qui jugerait utile pour la
rébellion toute aggravation dans la vie commune
[Voir « Ta boule à raser ! », p. 29]. Le
« lest » lâché par la bourgeoisie n’anesthésie
pas forcément les consciences. Et
qui vient déjà aider à éviter le pire n’est
pas forcément un « cogestionnaire » qui
vient juste apporter sa caution.
Mais on peut confondre le refus systématique
avec l’indépendance. On nous
dit par exemple que « dans le Nord-Pasde-Calais,
peu après la fermeture de
Metaleurop, arc-boutés à leur opposition
systématique, les conseillers régionaux
LO sont allés jusqu’à voter contre la création
d’un “fonds d’anticipation sociale”
([1,6] millions d’euros [4]) “pour aider les
salariés licenciés en cas de désertion
patronale, en attendant que la justice se
prononce”. » [5]
C’est un vieux problème. George Orwell
écrivait en 1938 sur l'Espagne où il combattit
les fascistes : « Les communistes
soutiennent que l'on peut battre le fascisme
en s'alliant avec des fractions de la
classe capitaliste (cela s'appelle le Front
populaire) ; leurs opposants soutiennent
que cette manœuvre n'aboutit qu'à fournir
au fascisme de nouveaux moyens où
croître. La question avait à être posée ;
Sécurisons un peu 324
car prendre la mauvaise voie peut nous
valoir des siècles de demi-esclavage.
Mais tant qu'en guise d'arguments on
ne saura que crier "Trotsky-fasciste", la
discussion ne peut même pas commencer.
» [6]
D’où nous viennent – entre autres – les
vacances ? « L’éclatement des forces de
droite, provoqué par le départ des plus
extrémistes qui penchent de plus en plus
nettement pour l’usage de la force, et la
mobilisation du vote anarchiste en
faveur du Front populaire conduit à la
victoire des forces de gauche le 16
février 1936. » [7]. Mais pour acquérir les
“impensables” vacances, il fallu encore la
grève générale...
[1] : (« Bayrou dans l'ornière », Le Canard enchaîné,
24/4/2002, p. 2)
[2] : (Bertold Brecht)
[3] : (Patrick Farbiaz, « Comment manipuler les médias,
101 recettes subversives », Denoël, 1999, p. 11)
[4] : (Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, « Motion
adoptée par la commission permanente concernant
Metaleurop », 3/2/2003, http://www.nordpasdecalais.fr/i
nstit/comm-2003/04.htm)
[5] : (Le Canard enchaîné, 10/3/2004, p. 8, d’après Henri
Weber, « Lettre recommandée au facteur », Seuil, 3/2004)
[6] : (George Orwell, « Hommage à la Catalogne »,
Appendice I, 1938, trad. Yvonne Davet, Champ libre,
1981, p. 244)
[7] : (Jean-François Berdah, « Républicains et militants de
gauche durant la République espagnole (1931-1939) »,
M.I.R.E.H.C., Bulletin n° 4, « Militantismes et militants »,
2000, http://www.univ-tlse2.fr/histoire/mirehc/Bulletin20
00/Berdah.htm)