LIVRE 2005 - page rieuse - Free

me, le système espère se maintenir par
un consensus amer autour de Jacques
Chirac ou, à défaut, par la force avec
Jean-Marie Le Pen. » [1]
« Au second tour de l'élection présidentielle
de 2002, les partis de la gauche de
gouvernement, affolés par leur perte de
légitimité, ont appelé à voter pour le
candidat de la droite. Ils ont mobilisé
leur électorat en mettant en scène avec
succès un prétendu péril [immédiat]
d'extrême droite, alors qu'un simple calcul
montrait qu'en cas de vote blanc ou
d'abstention de la gauche, Jacques
Chirac aurait été de toute manière largement
élu. » [4]
Cependant, on pouvait évidemment
aussi, comme Verschave par exemple,
voter pour Chirac afin de diminuer le
crédit affiché en l’extrême droite, même
en connaissant la non représentativité
du vote. L’extrême droite aurait demain
moins de puissance (« on l’avait bien vu
monter… »).
Les législatives qui ont fait suite ont,
comme de bien entendu, donné au
Président plébiscité « les moyens de sa
politique ». Mais d’emblée accaparés en
bonne partie par l’ennemi Intérieur :
Sarkozy [Voir « Le syndrome de
Narkozy », p. 664].
[1] : (Réseau Voltaire, « Analyse des résultats du premier
tour de l'élection présidentielle française. Le 21 avril 2002
n'a pas été marqué par une poussée du FN, mais par un
effondrement des partis de gouvernement », 4/5/2002,
http://www.voltairenet.org/article7597.html)
[2] : (Lionel Jospin, 21/4/2002, cité in « Présidentielles.
Lionel Jospin : "Je me retire de la vie politique" »,
L’Humanité, 22/4/2002, http://www.humanite.presse.fr/j
ournal/2002-04-22/2002-04-22-32656)
[3] : (« Noël Mamère ne sera pas candidat à la présidentielle
de 2007 », Le Monde, 4/12/2005,
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-
717339,0.html)
[4] : (Jean Rousseau, « Jacques Chirac épure son camp »,
Voltaire, 2/4/2004, p. 3, http://www.voltairenet.org/artic
le13167.html)
Les résultats du premier tour de l'élection
présidentielle de 2002 étaient
cinglants. Et, par exemple, François
Bayrou, chef de l’UDF, « de conclure
[alors] que la situation politique est
grave : "A terme, cela va finir très mal, ça
va finir dans la rue." » [1] D’autres, à l’opposé,
ne voient plus dans l’extrême droite
les nervis des possédants ni même
une solution temporaire de rechange
pour capitalisme en crise, mais simplement
une baudruche épouvantail.
Hystérectomisé, « le ventre fécond de la
bête immonde » [2] ? Un débat a agité
des rangs contestataires : était-il bien ou
mal de voter Chirac au second tour ? Et
on y a trouvé motif à utile division
(comme dans d’autres faux-débats lancés
périodiquement : voile, caricatures
de Mahomet en 2006, etc.). Mais pourquoi
morigéner ceux qui votent contre
Le Pen, tandis que l'extrême droite, elle,
va voter, et fait donc de l'antiparlementariste
via le vote en rangs disciplinés.
« Elections, piège à cons ». Pourquoi
alors s’investir dans un vote ? C’est le
vieux débat entre réforme et révolution.
De nombreux associations et individus
combattent le « système », chacun avec
ses manières [Voir « Dans l’ère revue »,
p. 677]. « Si bigarrées soient-elles, ces
figures et pratiques ont en commun la
résistance médiatique. Car ces corsaires,
ces militants, ces provocateurs ont en
commun une même posture face aux
médias : l’action. En marge de la loi ou
en son nom, individuellement ou collectivement.
Ils résistent en s’appro-
323 Sécurisons un peu