LIVRE 2005 - page rieuse - Free

Puisque ces idées devaient faire vibrer
le second tour [des présidentielles de
2002], et puisque tous les chefs de
grands partis sont d’accords, les mineurs
sont volontiers accueillis en prison !
« Les premiers centres fermés, au
nombre de quatre, [... ont ouverts début
2003]. Mais dans le même temps, le
gouvernement se prépare à fermer
quelques-uns des centres ouverts.
[... Le] nombre de mineurs confrontés à
la justice, connaît une véritable explosion.
En 2001, 75 000 décisions et
condamnations ont été prononcées par
des tribunaux et juges pour enfants,
contre 35 000 [huit ans plus tôt]. Et
4 000 mineurs ont été incarcérés pour
des durées variables, soit deux fois de
plus qu’en 1990.
Sainte-Eulalie (Gironde), Lusigny (Allier),
Saint-Denis-le-Thiboult (Seine-maritime)
et Puygiron (Drôme) reçoivent donc chacun,
depuis mars [2003], et pour six
mois (éventuellement renouvelable une
fois) entre 8 et 10 pénitentiaires, logés
en chambre individuelle. Chaque groupe
sera encadré par 27 adultes – éducateurs,
psychologues, enseignants (la
rescolarisation est une priorité) – travaillant
à temps complet. Le tout dans
un environnement de choix [...]. Au
bout du compte, le prix de revient par
jour et par mineur dépassera 600 euros.
Un coût cinq fois supérieur à celui d’un
séjour en prison. Ce prix élevé est sans
doute la principale raison de l’extrême
timidité des promoteurs de centres fermés.
Après des mois de campagne sécuritaire,
de discours enflammés dénonçant
le laxisme à l’égard des “sauva-
geons”, Dominique Perben, garde des
Sceaux, et son sous-ministre à la
construction des prisons, Pierre Bédier,
ont accouché d’une souris. » [1]
Notons d’ailleurs que Bédier dut démissionner
peu après, « soupçonné d’avoir
perçu des fonds en espèces de la part du
PDG d’une société de nettoyage, [...]
lorsqu’il était maire de [Mantes-la-Jolie],
entre 1995 et 2002, en échange de son
appui pour l’attribution de marchés. » [2]
« A la fin de l’année [2003], le nombre
de jeunes de treize à seize ans accueillera
en établissements fermés [devaient
atteindre] péniblement… la soixantaine.
[... Des] milliers de mineurs [...], dans les
prochaines années, n’auront pas d’autre
choix que de passer par la case prison.
Car [de début 2003] à la fin 2007, il [fallait]
compter au mieux 400 à 600 places
dans les nouveaux établissements. [...]
Les stratèges du ministère semblent si
honteux de leur indulgence qu’à l’horizon
2006 ils comptent créer des “établisssements
pénitentiaires pour
mineurs” (de vrais prisons, cette fois)
accueillant chacun de 50 à 70
jeunes. [...]
Les éducateurs eux-mêmes, et les responsables
de ces centres fermés-entrouverts
[... boudent]. “Je ne suis pas un flic,
déclare l’un d’eux, et pas un maton non
plus. Ces jeunes, il faut être ferme avec
eux, mais aussi comprendre qu’avant
d’être violents ils ont tous été des victimes.”
Et d’évoquer le parcours d’enfants
battus, violés, abandonnés et refusés
à l’adoption, ou chassés de chez eux
à treize ans, par une mère qui “refait sa
vie”. “On a reçu dans un foyer un gosse
qui, à peine arrivé, s’est mis à tout casser,
raconte un de ses collègues. Quand
on a lu son dossier, on a compris. A
douze ans il avait assisté, impuissant, au
meurtre de sa mère par son père. La
301 Sécurisons un peu