LIVRE 2005 - page rieuse - Free

fondu des deux tiers [… en 2002].
Michel Begon, le contrôleur d’Etat grâce
auquel l’affaire de la Française des jeux a
été révélée [pour, en fait, finir en procès
mineur], et qui a payé cher son sens de
l’Etat de droit, confirme les propos d’Eva
Joly : “Pour une affaire qui sort, neuf
sont étouffées.” » [29]
L’important est la quantité d’affaires. Et
l’évolution de ce nombre. « Un savant
spécialiste des statistiques policières a
énoncé une règle, connue sous le nom
de “théorème de Demonque”, selon
lequel “les chiffres de la délinquance
varient en proportion inverse de la popularité
du ministre auprès des services
chargés de collecter les données”. » [30]
On sait en effet inverser la tendance.
« Pour faire baisser les statistiques de la
délinquance, souligne [un sociologue
s’intéressant aux comportements policiers],
il suffit de supprimer les chaises
d’attente dans le commissariat. Rien de
tel pour dissuader les gens de venir porter
plainte.” [... Par contre, ils] “[...] portent
plus facilement plainte dans leur
quartier, où ils savent qu’on va les écouter,
que lorsqu’ils doivent se rendre au
commissariat central”, fait remarquer
Claude Guéant [...,] directeur de cabinet
de [Sarkozy]. Or, des commissariats de
quartier, il s’en est créé plus de 300
[entre 1998 et 2003]. Mauvais pour les
statistiques. » [25]
On peut donc rendre la police moins
abordable. « “Vous n’êtes pas des assistants
sociaux [Voir « Insécurité sociale »,
p. 489]. La meilleure des préventions,
c’est la sanction”, avait martelé, le 3
février [2003], Nicolas Sarkozy à des îlotiers
toulousains. [...] Les syndicats policiers
n’ont pas apprécié cette humiliation,
infligée [...] devant des millions de
téléspectateurs. Cette mise en scène [...]
spectaculaire [...] avait pour but de frapper
fort. Histoire [également] de prépa-
rer le limogeage du patron des polices
toulousaines » [25], « Jean-Pierre
Havrin, ancien rival [dudit] Claude
Guéant » [31].
Il n’y a pas que Sarkozy qui sait faire
varier les chiffres. Villepin, au « ministère
[de l’Intérieur,] a décidé [en 2005]
d’abandonner son indicateur statistique
traditionnel “crimes et délits contre les
personnes”. Motif : il [...] mélangeait [...]
les délits sur la garde de enfants et les
violations de domicile, mais en omettant
les vols avec violence et les violences à
dépositaires de l’autorité. Et surtout, cet
indice fourre-tout est en hausse [...] de
4,76 % [pour 2004] par rapport à
2003 [32] ! Ce que Villepin s’est bien
gardé de préciser.
[... Donc], l’Observatoire national de la
délinquance a été sommé par le ministre
de plancher sur un nouvel “indicateur”
de la violence aux personnes. [... Mais
celui-ci] persiste à être en hausse de
0,7 % par rapport à 2003... Fort opportunément,
la Direction générale de la
police nationale a viré en octobre [2004]
les “menaces et chantages” de ce nouvel
outil statistique, faisant tomber à 29 les
crimes et délits recensés, [... et] l'indicateur
revu et corrigé [...] s'est retrouvé en
baisse de 0,25 % [..., permettant à
Villepin d’obtenir] un “très léger reflux”
[... Le] ministre a prétendu, [début
2005], avoir repris tel quel l'indicateur
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