LIVRE 2005 - page rieuse - Free

[un sociologue] reconnu de la police
relève une recette éprouvée pour le faire
progresser : “Appréhender les fumeurs
de shit qui traînent dans la rue ou des
petits receleurs connus, plus ou moins
indics. Là, c’est du 100 % d’élucidation
et ça dope les chiffres.” » [25] On recourt
en effet « à quelques recettes éprouvées
pour doper les chiffres, comme le suggère
lourdement le ministre de l’intérieur
[Sarkozy] depuis son arrivée. Il s’est trouvé
un commissaire [...] pour retranscrire
[...] les consignes ministérielles. [... Le]
ratio de délits élucidés est jugé insuffisant
[..., comme le] nombre moyen de
mise en garde à vue par tête d’officier
[...] “Il convient donc, pour l’ensemble
des procéduriers [...] d’accentuer, et
rapidement, le traitement de leurs dossiers
dans les domaines où les taux d’élucidation
sont faciles à réaliser : CBV
[coups et blessures volontaires] correctionnels,
violences conjugales, non-paiement
de pensions alimentaires, vols à
l’étalage, ILE [infractions à la législations
sur les étrangers], ILS [infractions à la
législation sur les stupéfiants], chèques,
urbanisme, travail illégal, etc.” [... En
général,] des délits qui sont [...] “élucidés”
au moment où ils sont constatés
[...] “Conformément aux instructions
ministérielles reprises par les Directions
centrale et départementale de la
Sécurité publique, la ‘’culture du résultat’’
doit être le leitmotiv judiciaire du service.”
Avant de conclure, menaçant : “Et
seuls ceux en mesure et désireux d’y participer
seront maintenus ou recrutés
dans ce domaine.” [...] En revanche,
cambriolages, affaires financières ou braquages,
qui demandent du temps et des
enquêteurs, sont beaucoup moins rentables
pour les statistiques. » [26]
L’essentiel « des moyens de la police et de
la justice sont [ainsi] consacrés aux crimes
et aux délits les plus "visibles". [Tandis, évi-
Sécurisons un peu 286
demment, que] le personnel et les ressources
manquent pour lutter contre la
délinquance et la criminalité en col blanc,
et démêler les affaires impliquant de
grosses pointures (escroqueries financières,
affaires de corruption, délits douaniers,
trafics en tout genre, [etc.]) ? » [2]
[Voir « Justice (de) classe », p. 337]
Car, combien, par exemple, de femmes
ou de secrétaires de politiciens sont ou
furent rémunérées pour des emplois fictifs
? Dominique Strauss-Kahn, « ancien
ministre de l'Economie était soupçonné
d'avoir fait prendre en charge une partie
des rémunérations de sa secrétaire [...]
par une filiale d'Elf, sans contrepartie
réelle pour le groupe pétrolier français.
» [27] Autre exemple : « Christian
Poncelet, le président du Sénat. [...] Le
licenciement de son assistante parlementaire
Marie-Joséphe Aucouturier [...]
a surtout révélé [qu’elle] avait été payée
pendant trente ans par La Poste puis par
France Telecom… » [28]
Heureusement, « l’Office central de la
répression de la grande délinquance
financière [..., ne] comptait [que] soixante
fonctionnaires lors de sa création [en
1990], et [...] les effectifs [avaient déjà]