LIVRE 2005 - page rieuse - Free

tue encore la frustration et le sentiment
d'exclusion, où les jeunes disent souvent
[...] vivre dans des "ghettos", où leurs
relations avec la police sont généralement
détestables, les représentations
collectives des jeunes se rigidifient à un
point tel qu'elles confinent parfois avec
une théorie du complot [Voir « “Théorie
du complot” », p. 24] : le complot d'une
société injuste et raciste [15] » [3], « qui
les maintient volontairement dans des endroits
de misère et qui protège les grands
délinquants et les puissants
tandis qu'elle s'acharne sur
les petits... » [16]
« Les comportements délinquants
juvéniles trouvent
ici de puissants arguments
déculpabilisateurs. Mais [...
le] sentiment de vivre dans
un ghetto ne légitime pas
la violence contre des personnes
privées comme le
meurtre ou le viol. L'enfermement
dans l'espace
micro-local peut générer
par contre da-vantage de
violences entre jeunes de
villes et de quartiers frontaliers.
» [3]
Cette « révolte des jeunes
des quartiers populaires
était il y a vingt ou trente
ans structurée politiquement.
Il y avait [...] des
acteurs dans les quartiers,
[...] des militants, des syndicalistes,
des éducateurs. [... Toute] cette
structure de représentation des jeunes
des quartiers populaires s'est globalement
effondrée au cours des années 80,
mavec le tournant idéologique de la
gauche, l'arrivée du Front National,
l'échec des mouvements antiracistes qui
venaient de la base, cette vague de
racisme qui s'est aussi révélée dans l'af-
faire du voile islamique en 89... [Voir
« Le syndrome de Narkozy », p. 664]
Tout ce message global a été ressenti
comme un terrible abandon dans les
quartiers, et le fait est que sur le terrain
tous ces militants ont déserté [ces] quartiers
» [16]. Mais d’au-tres secourables initiatives
voient le jour. « L’association
niçoise d’extrême droite Soulidarieta a
décidé de servir aux plus démunis une
soupe avec des morceaux de lard pour
être sûr d’éconduire les SDF juifs et musulmans
» [17].
« La "violence urbaine"
est une expression
[... qui] s'est
ancrée dans les discours
médiatiques,
policiers et parfois
scientifiques [...], à
l'occasion d'une nouvelle
série d'émeutes
urbaines qui commence
à Vaulx-en-
Velin, dans la banlieue
de Lyon, en
octobre 1990, et se
poursuit entre mars
et juillet 1991 dans la
banlieue parisienne
(Sartrouville, Mantesla-Jolie,
Meaux,
Garges-les-Gonesses).
[... Cette expression,
devenue] pratiquement
quotidienne
dans [... les médias]
depuis quelques années [..., associée] à
l'imposition progressives dans le débat
public d'un discours policier [... Celui-ci
présente] un tableau de la situation
sociale indûment catastrophiste [...,
amalgamant] sous l'expression "violence
urbaine" des comportements qui ne relèvent
pas des mêmes logiques [... et accusant]
abusivement les jeunes issus de
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